Feuille de personnage Niveau: (32/75) Expériences: (150/220) Berrys: 37.964.000 B
Sam 31 Oct - 20:03
Inutile de dire que je vais regrouper ici tous (ou presque) mes écrits un peu farfelus qui n'ont rien à voir avec OP (pour l'instant).
Ben voilà, on est le 31 octobre, j'avais pas envie de travailler ce matin et j'ai eu une petite inspiration zombiesque... Pas de gore, promis ! Hommage (ou pas) à tous les survivants des mondes post-apocalyptiques peuplés de zombies !
Master of Disaster
The Wolf - Foxworth Hall
Ils avancent face à moi dans un concert de grognements. Les mâchoires claquent dans le vide, les bras s’agitent, tentant d’attraper quelque chose d’invisible, les pieds traînent. Ils sont là. Ils n’attendent que moi. Que je quitte mon abri temporaire, que je quitte la frêle sécurité des planches qui me séparent d’eux. Ils m’ont sentie. Et ils me veulent. Je recule, mon dos heurte le grillage. Le son se répercute, un bref instant j’en oublie les grognements réguliers. Je suis coincée. Acculée entre un grillage et une palissade, tenant des deux mains un pied de biche ensanglanté. Je suis seule. Pete est parti. Sarah aussi. Mon frère a disparu. Même le chien que nous avions récupéré n’a pas réussi à survivre. Ils sont morts. Tous les quatre. Pas de cris, pas de pleurs, seulement des pas précipités et un pied de biche. Pas d’enterrement, pas de musique, juste de la viande et des coups de feu. Le premier arrive. Il se cogne d’abord contre les planches, un bruit sourd, bientôt rejoint par d’autres. Ils essayent de passer leurs mains par les interstices, l’un d’eux réussit même à passer un doigt. Ils sont là, tout près. Ils sentent la pourriture, la mort et le sang. Ils ne sont que des cadavres ambulants, à la peau arrachée, aux organes dévorés et à l’esprit envolé. Ils ne sont plus humains, ils ne sont pas animaux non plus, ils sont des choses dont je n’aurais jamais pu me douter de l’existence. A moitié mort et pourtant l’air vivant, ils cherchent à m’attraper, moi, simple poupée faite de chair et de sang, si semblable à eux et si différente en même temps. La palissade commence à se balancer sous leur poids. Ils sont trop nombreux, beaucoup trop pour être contenus par quelques planches. Rien ne les arrêtera dans leur chasse à l’homme hormis l’homme. Hélas il n’y a plus personne, et quand bien même certains humains se terrent dans leur coin, je ne peux plus les appeler de la sorte.
L’humain est un être doté d’un intellect et d’une âme, il sait juger ses actions et celles des autres, est capable d’avoir des sentiments. J’étais humaine, moi aussi. Avant. Avant tout ça, avant ce jour fatidique. Pourquoi je ne le suis plus, me direz-vous ? Plus personne ne l’est dans ce monde. Il n’y a plus aucune place pour l’humanité. Ici, c’est survivre ou mourir, et encore. Mourir n’a même plus de sens, pas plus que vivre. Il n’y a plus de frontière entre ces deux mots, la preuve en est devant moi. On peut être vivant et mort, ou mort et vivant. Une antithèse, un paradoxe total et pourtant si réel.
Je me retourne. Il n’y a absolument aucune issue. Personne ne viendra. A part eux, mais que sont-ils exactement ? De la chair animée, sans aucun souffle, sans pulsation cardiaque, seulement des os, des muscles et des organes, s’ils leur en restent. Ils ne sont rien. Et pourtant ils sont tout. La nouvelle loi qui régit ce monde, celui-là même où vous avez grandi et que vous ne reconnaissez même plus. Ils sont une horde, une légion, une armée, ils ont envahi la terre entière. Ce n’est pas la peine de fuir. Il y en a trop, partout, chaque jour passe et aucun ne disparaît. Ils sont l’erreur humaine.
L’humain est un personnage assoiffé de connaissance, il veut surpasser tous les autres dans tous les domaines. Il a joué avec le feu, il a joué à un jeu dangereux. Et aujourd’hui seul le peu de survivants qu’il subsiste peut s’en mordre les doigts et encore, les morts s’en chargent pour vous. Nous voulons toujours tout, apprivoiser des choses qui ne peuvent l’être, dominer la nature parce que cela nous chante, faire semblant d’être un dieu omnipotent. Nous n’aurions pas dû. Le meilleur ami de l’homme reste le chien. Mais son pire ennemi s’avère être lui-même. Seul l’homme peut détruire l’homme, engrangeant bêtise sur bêtise, enchaînant les catastrophes sans pour autant s’arrêter. L’humain est un être indomptable et capricieux, et si seul lui-même peut l’arrêter, c’est inévitablement sa bêtise qui l’achèvera et le tuera. C’est ce qu’elle fait en ce moment-même. Et là encore, le verbe tuer a perdu tout son sens.
Je laisse tomber mon pied de biche qui heurte le bitume avec violence, emplissant l’air d’un bruit sourd et ferreux. Mes mains se posent d’elles-mêmes contre le grillage et tentent de le pousser. Rien. Pas un fléchissement, pas une petite faille sur les deux mètres de haut de fils de fer entremêlés. Je décide d’agripper la partie la plus haute du grillage, passant les doigts à travers pour une meilleure prise, puis je me hisse, prenant appui avec les pieds, tirant sur mes bras tandis que la palissade souffrait sous leurs multiples assauts. Je réussis à atteindre mon objectif et une fois en haut, me laisse basculer de l’autre côté. Plus tôt, je me serais résolu à laisser tomber, mais dorénavant, dans ce nouveau monde, j’avais choisi de survivre. J’avais changé.
L’humain est voué à changer, à se transformer. Il subit une évolution constante et la sélection naturelle. Les individus forts choisissent de survivre, les autres sont réduits à observer leur propre perte. Maintenant, l’être humain n’a plus de remord s’il veut survivre. Il devient égoïste. Il se transforme en chasseur, préfère être le prédateur plutôt que la proie. Il tue sans hésiter, massacre des corps ambulants sans se soucier de qui ils sont. Ce sont eux ou nous. Il n’est pas question seulement de force. Il faut de l’intelligence, du charisme. Un homme charismatique pourra se constituer un groupe qui l’aidera à survivre. Ceux qui ne sont pas assez égoïstes se retrouvent à se sacrifier pour les autres. Ils protégeront le leader, coûte que coûte. Mais si encore il n’y avait que ça. L’homme se retrouve à changer radicalement face aux autres. Il devient méfiant, cherche à avoir la meilleure position de force possible. Il se transforme en un personnage avare au gré de la rareté des choses. L’eau. L’eau est devenue une chose précieuse, au même titre que la nourriture, surtout la viande. La viande ne se conserve pas, il faut la manger tout de suite sans quoi ce sont plusieurs repas qui finissent à la poubelle. Si certains l’ont bien compris, d’autres ont modifié leur chaîne alimentaire. Les humains se traquent entre eux. Les humains deviennent cannibales, et leurs proies n’ont d’autre choix que de leur servir de repas. Tout est bien pensé dans leurs gestes, tout est là pour endormir votre méfiance. Avec les temps qui courent, les êtres humains ont oublié qu’ils étaient eux-mêmes des prédateurs. La faim est un supplice pour tous. Le gibier est en voie d’extinction. Il ne reste que les morts et nous. Que de la pourriture et de la viande fraîche. Le choix est fait. L’humain perd de son humanité, il n’écoute même plus ses sentiments. On peut tuer de la famille sans aucune hésitation pour notre propre survie. On ne veut pas mourir. On ne veut pas devenir comme eux. On fait tout pour éviter ça, et pourtant nous en ressortons plus animal qu’avant. La pitié n’existe plus, de même que la joie ou la tristesse. Nous n’avons plus le temps de pleurer et les rires sont loin derrière. Seule subsiste la peur. La peur de mourir, la peur de survivre dans un monde comme celui-là, une terreur qui plane sur toutes les têtes sans pour autant être clairement définie. La peur est le moteur de choses insensées. La peur vous pousse à faire des choses que vous n’auriez jamais pu faire. Vous n’avez plus aucun état d’âme à planter un pied de biche dans une tête, à fracasser un crâne de quelques coups de pied. Vous perdez tout ce qui fait ce que vous étiez, vous changez, irrémédiablement. Il n’est plus possible de créer des liens sans penser à la mort de l’autre. Sans penser que nous devrons le tuer un jour ou l’autre, avant qu’il ne soit trop tard. Tout ça par la bêtise de l’homme.
Mes pieds touchent le sol puis ma tête et mon dos suivent le même chemin. Je me relève péniblement, faisant fi de la poussière et du sang mêlés à la sueur, aux cheveux collés au front. Je transpire de peur. La peur amène la volonté. Mais la peur paralyse. Je ne tente même pas de ramasser le pied de biche se trouvant de l’autre côté. La palissade s’effondre soudainement avec un craquement. Les corps passent, un flot de cadavres tentant de se précipiter à travers le trou béant, se bousculant, tombant, tendant les bras avant d’être de nouveau retenus par le grillage. Tout ce qu’ils veulent est derrière. Moi. Ma chair, mon sang, tout ce qui compose mon être. Le danger est encore présent, les fils de fer ne vont pas tenir très longtemps. Et pourtant, je reste, fascinée par le spectacle. Des humains réduits à la mort, qui n’ont que l’instinct de manger et qui ne souhaitent que me dévorer. Je ne peux pas bouger. Voilà où tout nous a mené. L’homme va détruire l’homme.
J’ignore ce qu’il adviendra de la race humaine. Personne ne le sait mais tout le monde a bien une petite idée. Depuis le premier jour où tout s’est écroulé, où le cauchemar est devenu réalité, plus rien n’est normal, plus rien ne le sera.
Un jour comme celui-là, je ne pourrais que m’en souvenir. Le jour où les morts se sont levés et se sont mis à marcher.
Le jour où les morts sont revenus.
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Il est temps d'accorder sa confiance aux autres.
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Ven 11 Déc - 2:25
J'adore le style. Surtout avec le choix de musique !
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Ven 11 Déc - 15:44
Ravie que cela te plaise ! ^^ En fait c'est la musique qui m'a inspirée ce texte (va savoir pourquoi).
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