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Kokuro Elina
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Jeu 29 Jan - 23:36
La famille Giabor.
(Mission d’assassinat)

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Il n’est jamais aisé de comprendre la trame d’une destinée. Elina, quelques années auparavant, n’aurait jamais cru devenir un monstre, maudite par le pouvoir d’un fruit du démon, piégée par un homme qui l’avait dupée, presque noyée à cause de celui-ci. Si on lui avait dit, lorsqu’elle batifolait encore sur West Blue, qu’elle finirait par accepter une commande... très spéciale, elle aurait ri au nez et à la barbe de l’idiot qui l’aurait moquée ! Une bien étrange roue que celle du destin...

Voilà presqu’une année entière qu’Elina avait découvert la teneur de son fruit du démon. Elle avait abandonné le pantin qui lui servait de couverture peu de temps après avoir recueilli cette information et, depuis, n’avait eu de cesse d’explorer et de comprendre ses nouveaux pouvoirs. Cependant, au bout de plusieurs mois d’intenses entrainements et de recherches sur les arachnides, la zoan en était réduite à un triste constat. Ses fonds s’épuisaient, grignotés petit à petit, malgré la parcimonie avec laquelle elle utilisait ses économies. Et les quelques verres ou diners qu’elle réussissait à extorquer à de pauvres âmes romantiques en mal d’amour, avant de les laisser tomber sans l’ombre d’un remord, n’y changeaient rien : elle avait besoin d’argent.

L’araignée se sentait alors prête à tenter de gagner sa vie autrement qu’en usant de ses charmes pour tromper et détrousser de simples quidams. Elle avait, au cours de ces longs mois, endurci ses tripes. Au départ, la simple vue du sang l’avait retournée, laissée aux portes de la nausée et de l’inconscience. Mais à présent, écorcher un lapin sauvage avant de le faire rôtir ne lui arrachait pas même un haussement de sourcil. En bonne Nephila, elle avait appris à tisser sa toile, encore et toujours, afin d’y piéger ses victimes. Son fruit du démon lui conférait de plus en plus un instinct de prédatrice. Pire encore elle se surprenait, s’étonnait même, d’apprécier voir ses proies se débattre et de jouer avec elles... Hier, un pauvre rongeur, aujourd’hui, une famille entière d’êtres humains.

Durant cette longue période de disette et d’errance, Elina n’avait eu d’autre choix que le vol pour survivre. Si manipuler un être un peu benêt, le dérober et se volatiliser en un instant ne lui avait jamais posé de problème, ôter une vie était une toute autre affaire. À force de parcourir les rues sombres des îles de North Blue, elle avait fini par arriver sur le royaume de Luvneel. Tout abord un brin amusée par l’aura rémanente de la famille Norland sur cette île, elle avait peu à peu apprécié le climat pour le moins intéressant des lieux. La marine et la révolution bataillaient sous cape pour tirer la couverture à soi. Or, quoi de mieux qu’un tel terrain pour chasser quelques proies faciles à détrousser ?

Bien vite, elle avait attrapé un poisson un peu trop gros pour elle. Sa victime l’avait retrouvée, escortée de plusieurs gardes du corps. Elina avait bien cru qu’elle allait finir sa vie sous l’eau, attachée à un roc pour la noyer au milieu des poissons... Au lieu de quoi, l’homme l’avait applaudie, puis l’avait invitée à diner. Ce petit être chauve au nez proéminent ne semblait en rien fâché de s’être fait dérober une statuette en or qui devait valoir dans les deux cent mille Berrys. Pire encore, ses yeux porcins fixèrent Elina tout au long du repas, comme s’il décelait quelque chose de plus intéressant en elle que son physique ou sa grâce... Elle avait attendu une occasion de s’échapper, jusqu’à ce qu’il ne prenne la parole, peu avant qu’un serveur n’amène le dessert :


- Ma chère, je veux que vous m’écoutiez attentivement. Je vous offre deux options, et j’aimerais que vous preniez le temps d’y réfléchir. M’écouter et accepter mon offre, ou faire la sourde oreille et servir de diner aux poissons. Que choisissez-vous ?
- Je n’ai guère le choix... railla Elina en croisant les bras.


Son hôte sourit, puis continua :


- Ce restaurant m’appartient. Le personnel, les clients, les gardes du corps... toute être qui respire l’air alentour m’est tout acquis. Tout le monde, excepté vous... pour le moment. Aussi, je parlerai sans me cacher et je m’attends à ce que vous fassiez de même.


Il s’arrêta un instant pour s’assurer que la jeune femme en face de lui l’avait bien compris, puis reprit la parole :


- Vous n’êtes pas sans connaitre la situation actuelle de notre Royaume. La révolution et le gouvernement mondial bataillent ferme pour obtenir la pleine jouissance de ces terres. Dernièrement, un de mes hommes infiltré au sein des lignes ennemies m’a fait part d’une triste nouvelle. Je suis pris pour cible d’une famille d’assassins.
- Pourquoi vous ? ne put s’empêcher de demander Elina.
- Pourquoi ? s’amusa le petit homme. La raison est pourtant évidente. Jean-Mouloud Hawkeye est le bras musclé de la révolution, ici. Pour ma part, je fournis aux révolutionnaires leurs armes et leurs informations, puisqu'ils paient bien et me laisse commercer en paix. La cible à abattre est évidemment ma personne !


Soudain prise d’un frisson d’angoisse, l’araignée fut sur le point de plaider son innocence, lorsqu’elle se rendit compte de sa propre stupidité. Si cet homme l’avait effectivement prise pour son assassin, elle serait morte depuis longtemps. Au contraire, il la charmait presque et... Tout à coup, elle comprit où il voulait en venir. Elle le laissa terminer sa tirade, en connaissant déjà plus ou moins la teneur :


- Vous avez des tripes pour oser me voler, mademoiselle, la flatta-t-il en prenant un verre de vin. Je suis prêt à passer l’éponge. Mieux ! Je vous laisserai emporter le fruit de votre rapine si vous vous occupez d’un petit travail pour moi...
- La famille Giabor, affirma avec aplomb Elina.


Pour le coup, l’homme manqua de renverser le contenu de son verre et planta ses prunelles noires dans celles d’Elina, l’air totalement éberlué. Elle soutint son regard et, par pur instinct, se permit même de sourire en coin avant de répondre d’un ton effronté :


- J’ai beau m’être faite prendre, je n’en suis pas moins prudente, monsieur le trafiquant. J’ai étudié la plupart des cibles intéressantes de cette île avant de me décider à m’introduire dans une demeure un peu plus cossue que la moyenne.
- Nos ennemis communs faisaient donc partie de votre liste, madame ?


Elina nota l’emploi du « nous », classique et évidente tentative de manipulation. La situation rejoignait peu à peu son domaine d’expertise, au fur et à mesure qu’elle sentait le couteau de la révolution s’éloigner de sa gorge. Mieux encore ! Sa chance insolente l’émerveilla. Elle n’en était qu’aux balbutiements de ses machinations visant à la propulser au sommet du monde de l’ombre, mais elle savait qu’un battement de papillon pouvait causer des ravages s’il survenait au bon moment. Ainsi, voler n’était pas la seule raison de sa venue sur Luvneel. Elle connaissait de réputation le climat tendu du royaume, terre d’affrontements entre la marine et la révolution. Plus longtemps elle garderait la marine occupée sur North Blue et plus elle pourrait édifier, pierre après pierre, les fondations de son empire.


- La famille Giabor est un groupe d’assassins au service du gouvernement mondial. C’était pure folie que de s’attaquer à eux.
- Alors que s’introduire dans l'antre du fournisseur de la révolution locale... ?
- Restait bien plus intéressant, termina la jeune femme. J’étais loin de me douter que vous vous embarrasseriez d’une simple voleuse...
- Une voleuse talentueuse. Mes sentinelles, qui sont pourtant de vrais chiens de gardes croyez-moi, ne vous ont même pas remarquée.
- Alors comment m’avez-vous retrouvée ? tenta Elina.
- Ne poussez pas votre chance, jeune fille, la rappela-t-il à l’ordre d’un ton sec. Restez à votre place, faites le sale boulot et disparaissez de Luvneel. Estimez-vous heureuse qu’aucun de mes hommes ne soit taillé pour pareille mission, sinon je vous aurais rayée de la surface du globe. Ils sont d'excellents gardiens, mais leur niveau de discrétion fait peine à voir... Quant à la révolution, ils n'ont pas d'hommes à me prêter de leur propre aveu. Supprimez-moi cette famille de chiens vendus et que je ne vous revois plus.
- Bien, lâcha-t-elle d’un ton froid. Quand dois-je commencer ?
- Vous êtes déjà en retard, si vous voulez tout savoir, lâcha-t-il d’un air dédaigneux avant de la congédier d’un geste.


Avant qu’Elina n’atteigne la porte du restaurant, l'homme reprit la parole d’un ton nonchalant :


- Oh ! Et si, par le plus grand des hasards, vous espériez pouvoir vous échapper, le seul port menant vers d’autres îles est sous l'étroite surveillance de la révolution. Tant que vous ne vous serez pas acquittée de votre dette ou que je ne vous aurai pas tuée, vous resterez ici.
- Vous avez pensé à tout ! badina Elina, avant de s’éclipser sur une gracieuse révérence.


Une bien étrange roue que celle du destin... vraiment.






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Mar 7 Avr - 15:35
La famille Giabor.
(Mission d’assassinat)

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Le manoir de la famille Giabor était réellement impressionnant. Aussi faste et luxueux que pouvait l’être une preuve vivante du mauvais gout du gouvernement mondial. Le bâtiment, dans son entièreté, n’était qu’un étalage de richesse superfétatoire, telle une cage dorée pour des chiens tenus en laisses. Pathétique. Elina soupira en silence, cachée en forme araignée dans un arbre, à l’écoute du moindre bruit suspect. Ces assassins étaient aussi outranciers qu’imprudents, ou alors était-ce de l’arrogance ? La zoan n’avait compté que trois gardes pour toute la superficie du jardin, par ailleurs immense et, ici encore, par bien des côtés trop tape à l’œil. Ces trois sentinelles n’avaient pas eu le temps de la voir venir, avant que ses griffes arachnéennes ne leur déchirent la gorge en silence. À présent, elle surveillait les fenêtres de la bâtisse, afin d’être certaine de ne s’être pas faite repérée. Comme aucune alarme ne sonna, elle reprit une forme hybride et fonça sur la bâtisse à toute vitesse, avant de se métamorphoser à nouveau en Nephila. Elle escalada la façade et s’infiltra sans aucun souci dans une cheminée qui donnait dans un grand salon.

« Tout se déroule selon le plan pour le moment », pensa la jeune femme.

L’araignée descendit le long d’un fil de soie jusque dans la grande salle où aucun feu ne crépitait. Elle avait été très prudente, pour cette première mission d’assassinat. Outre ses recherches préalables qui l’avaient menée à choisir la demeure du trafiquant de la révolution, avec le brio que l'on connaissait, elle avait passé trois jours à décortiquer les habitudes de cette famille si particulière. Elle avait fini par noter certaines habitudes chez une partie des résidents, des instants privilégiés où elle pourrait sans doute les trouver seul et sans défense, ou alors lorsque leur garde serait relâchée. Son fruit du démon lui avait été d’une aide inestimable ! Elle avait passé ces trois jours aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du manoir à espionner ces assassins. Outre leurs vilaines petites habitudes, elle avait fini par les classer par ordre de puissance. L’oncle était sans conteste le plus fort alors que les deux fils de son frère, les plus faibles. Elle allait donc commencer par ces derniers.

Toujours sous forme d’araignée, elle sauta sur le tapis en évitant de renverser quoi que ce soit puis, dans la pénombre ambiante, remonta le long des murs et progressa sur le plafond. La chambre des deux garçons se situait au premier étage, juste en face de ce fameux salon par lequel elle avait pénétrée dans la maison. Cependant, au lieu d’en franchir la porte subrepticement, l’araignée se dirigea sans bruit devant une petite salle à quelques mètres, et attendit patiemment. Au bout de longs instants, la porte des deux jumeaux s’ouvrit doucement. Les deux jeunes hommes devaient avoir à peine quatorze ans et semblaient extrêmement proches. Ils ne se séparaient jamais. Presque jamais, pour être tout à fait exacte. En permanence collés l’un à l’autre, sauf juste avant de se coucher. L’un d’entre eux se dénotait par une petite manie : il se levait toujours pour aller aux petits coins à ce moment là de la nuit. Elina se tint prête et, lorsqu’il ouvrit la porte des toilettes, elle s’engouffra à sa suite.

« Pile à l’heure, comme d’habitude. », se dit l’araignée.

Sa proie laissa échapper un bâillement tandis qu’elle commençait à se soulager. La jeune femme descendit silencieusement le long de fils de soie tissés et, lorsqu’elle se retrouva derrière le gamin, se transforma en hybride instantanément. Avant qu’il ne puisse réagir, le garçon sentit une main se refermer sur sa tempe et une autre sur son menton. L’instant d’après, il gisait au sol, les cervicales brisées. Elina avait bien pris soin de ne pas faire le moindre bruit en le déposant sur le carrelage blanc immaculé. La minute suivante, elle se déplaçait sur le plafond de la chambre des jumeaux, juste au dessus du lit du deuxième petit moucheron. De la même manière, sans que le petit dormeur ne se rende compte de rien, elle lui arracha son dernier souffle sans le moindre bruit.

C’est alors qu’un imprévu pointa le bout de son nez. Alertée par des pas dans le couloir, Elina se précipita au dessus de la porte et commença à tisser en toute vitesse des fils de soies entremêlés. Le cœur battant, elle entendit la porte s’entrouvrir en grinçant légèrement. Une tête blonde se glissa silencieusement à l’intérieur et Elina reconnut alors la mère des deux garçons. Cette dernière était à peine plus douée que ses deux enfants, mais semblait néanmoins plus réactive. Elle savait devoir réagir au quart de tour, sans quoi la mère se rendrait compte qu’elle avait tué ses deux petits et, bien entendu, hurlerait à la mort... ce qui alerterait la quasi-totalité des assassins, pour le moment gentiment répartis dans leur demeure. Elle ne pouvait se le permettre !

« La garce ! C’était bien le soir pour venir voir si ses enfants dormaient bien ! », grinça Elina dans sa tête.

En un battement de cil, elle se retrouva en forme hybride juste au dessus de la femme et lui passa son fil autour du cou, accrochée au plafond par ses pieds. Elle tenta de la soulever du sol grâce à la force que lui conférait son fruit, et la femme commença à étouffer en secouant les pieds. C’est alors que le fil cassa. La mère de famille s’écoula au sol et pirouetta pour se retrouver loin de l’ire d’Elina. Cette dernière sentit ses entrailles se roidirent et réagit en une fraction de seconde. Elle envoya une boule de toile au fond de la gorge de la femme qui, déjà, ouvrait grand la bouche pour brailler. Alors que cette dernière commençait à s’étouffer, l’hybride lui coupa la respiration d’un grand coup dans le plexus. La chienne du gouvernement tomba à genoux et, tandis qu’elle levait des yeux emplis de rage vers Elina, cette dernière lui trancha la gorge d’un coup sec. La victime s’écroula soudainement, tandis qu’une auréole carmin commençait à s’étendre sous elle.

Elina recula de quelques pas et s’adossa au mur, le souffle court. Transformée en humaine elle se prit la tête entre les mains et attendit que sa respiration se calme, les nerfs à vifs. Son sang lui battait les tempes et son cœur continuait de s’emballer. Elle resta assise ainsi quelques instants, une boule au creux du ventre, mais dut se rendre à l’évidence : elle n’était toujours pas découverte. Après deux grandes inspirations, Elina partit silencieusement nettoyer les quelques traces de sang qui l’avaient aspergées. Ces hommes et ces femmes devaient être capables de sentir la fragrance du sang si jamais elle n’y prêtait pas attention. Elle devait être prudente, surtout lorsqu’elle considérait le niveau des assassins restant. Une fois calmée, elle retourna à sa sombre mission : il lui restait encore trois cibles à supprimer.






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Lun 27 Avr - 14:54
La famille Giabor.
(Mission d’assassinat)

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Elina parcourait les couloirs, ou plutôt les plafonds, les sens aux aguets, prête à réagir au moindre bruit ou au moindre changement d’atmosphère. L’assassin néophyte pestait intérieurement, maudissant le coup du sort qui l’avait envoyée perpétrer pareille besogne. Son côté humain ne cessait de présager le pire, imaginant un membre de la famille Giabor derrière chaque porte, prêt à lui sauter dessus. Elle se jura de faire payer au trafiquant de l’avoir ainsi envoyée se salir les mains, comme un vulgaire pion dont il pouvait disposer ! D’un autre côté, son instinct arachnéen conféré par son fruit se délectait de cette situation. La zoan sentait encore la peur qu’elle avait ressentie lors du dernier combat, mais ce sentiment se transformait peu à peu en excitation. Pire encore, un brûlant désir de trouver et de lacérer ses proies montait dangereusement en elle. Oh, bien sûr, elle s’était déjà adonnée à la chasse et avait certainement apprécié ce jeu macabre. Mais il s’agissait là d’êtres humains, et non de vulgaires lapins ou oiseaux un peu trop bêtes et aventureux. Elle n’avait jamais trop apprécié ce côté monstrueux de ses pouvoirs, et maintenant moins encore… Ou tout du moins était-ce ce qu’elle se répétait inlassablement. La vérité était bien moins reluisante…

« Assez. », coupa court Elina en son for intérieur. « J’ai à faire pour le moment. »

En effet, elle arrivait enfin devant la chambre de la nièce du chef de la famille, un des trois meilleurs éléments qu’elle devait occire. La tache serait plus malaisée qu’avec ses frères, elle en était convaincue. Sa jeune proie s’entraînait sérieusement, et ce depuis son plus jeune âge, à la méditation, au lancer de couteaux et aux arts martiaux. Tant et si bien qu’Elina avait bien failli se faire repérer plus d’une fois, lors des études préliminaires. Même lors de son sommeil, l’assassin se réveillait la dague à la main lorsqu’Elina s’approchait un peu trop, durant ces trois derniers jours. Elle n’avait pu noter aucune manie ou petite habitude qui lui permettrait de passer sous la garde quasi hermétique de cette cible-ci… jusqu’à hier soir.

La veille, alors qu’elle désespérait de trouver une faille, ce fut la propre mère de la jeune femme qui la tira de cette situation inextricable. La soirée précédente avait été particulièrement humide et, étrangement, sa jeune proie avait présenté un faciès plus fermé que d’habitude. Si Elina ne l’avait pas cru hors du commun, elle aurait juré qu’elle souffrait… Ce que la mère confirma d’entrée de jeu en voyant sa fille. « Ta hanche te fait encore souffrir ? », lui avait-elle demandé. L’intéressée avait, par réflexe, posé sa main sur sa hanche droite avant d’acquiescer en silence. C’était une aubaine inespérée ! Un rhumatisme d’enfance ? Une mission qui avait mal tourné ? Peu lui importait, le résultat était le même : elle avait trouvé la brèche dans l’armure de la jeune fille.

Silencieusement, Elina entra dans la chambre sous la forme d’une Nephila. Petit à petit, avec mille précautions, elle s’approcha via le plafond du lit de la jeune fille assoupie. Arrivée juste au dessus d’elle, l’araignée s’arrêta un instant, juste assez pour s’assurer que sa proie était endormie. Elle tissa un fil de toile et descendit lentement en direction de la table de chevet. Le souffle court, elle accrocha son fil à la lampe puis remonta tout doucement au plafond, le long de son fil fixé à la verticale. Elina se calma, prit deux grandes inspirations et se lança. Elle savait n’avoir qu’une seule chance et comptait bien la saisir ! Elle pinça le fil, mais trop faiblement pour qu’il se mette en branle. Les yeux toujours rivés sur l’adolescente, elle pinça plus franchement et, cette fois-ci, la lampe vibra sous l’effet de la poussée. Instantanément, la fille se réveilla, sauta au bas du lit et se retrouva en position accroupie, une dague à la main. De ses yeux bleu pale elle parcourut toute la salle à la recherche d’un intrus. Comme les fois précédentes, Elina eut l’impression que la demoiselle savait que quelqu’un était dans la pièce sans pour autant réussir à la localiser. Cette idée lui donna froid dans le dos, mais ne l’empêcha pas de continuer à mettre en place son plan.

Loin de retourner au lit, l’adolescente s’approcha de la lampe pour allumer la lumière. Au même moment, Elina tira sur un second fil qu’elle venait de finir de tisser et ouvrit le bal. Un tableau bougea très légèrement mais ce fut suffisant pour les sens développés de sa proie. Elle jeta sa dague dans la direction du bruit et s’avança pour attraper celle sur sa table de nuit. C’est alors qu’elle se rendit compte de la supercherie, lorsqu’Elina marqua un tout petit peu trop son appui au plafond. Transformée en hybride, la zoan avait fondu sur sa cible, griffe en avant. Sa proie eut le bon réflexe de se déporter sur le coté gauche, manquant ainsi de se faire embrocher un rein. Néanmoins, l’araignée avait imaginé pareil scénario et s’était tenue prête. Au lieu de se fendre en direction des lombes, elle changea la courbe de son attaque et mutila la jeune fille au niveau de la hanche gauche. Sa victime hurla alors de douleur, fracassant le silence précaire qui avait baigné la maison jusque là. D’instinct, l’estropiée plongea sur le lit et lui envoya un coussin en pleine tête avant d’hurler à nouveau.

« La garce ! », s’exclama en pensée Elina, un nœud dans les entrailles.

D’un bond elle se déporta entre la fenêtre et sa cible pour esquiver l’édredon, et se retrouva appuyée sur le mur, prête à foncer sur elle pour la prendre de court. Elle la darda de ses prunelles rouge sang un bref instant et écarquilla les yeux. L’hybride esquiva d’un cheveu la dague que la jeune fille avait réussi à saisir dans le feu de l’action. Même dans ces conditions, elle continuait à se battre de toutes ses forces ! La jeune fille cria de nouveau, appelant à l’aide son père qui, Elina le savait, dormait dans une chambre à une dizaine de mètres ! Elle fonça sur la jeune fille derechef. Cette dernière tentait de gagner du temps et plongea difficilement sur le côté, mais Elina se transforma en Nephila pour esquiver la dague qui ne manquerait pas d’arriver. Un sifflement passa juste au dessus de sa tête, comme elle le craignait, avant de terminer sa course dans le sol devant elle. La jeune fille, toujours dans la pénombre, laissa échapper un hoquet de surprise. Sans doute venait-elle de voir une ombre inquiétante se volatiliser ! Avant qu’elle ne retrouve ses esprits, l’araignée se transforma en hybride, ramassa la dague au plancher et la lui renvoya d’un mouvement sec.


- Qu’est-ce que… ?! s’étonna-t-elle avant de reprendre constance.


Elle attrapa la dague sans difficulté, se remit en garde… et ne vit pas le coup de genou venir. Et quand bien même, handicapée comme elle l’était à présent, les deux jambes branlantes et douloureuses, elle n’aurait pu esquiver le coup foudroyant de la zoan. Celui-ci l’envoya voltiger contre un mur, tandis que les cris du père résonnaient dans le couloir, au gram dam de l’araignée. La jeune proie eut le souffle coupé par un coup de poing en plein plexus et, avant qu’elle ne puisse réagir, Elina lui trancha la gorge de ses griffes acérées. Les yeux de sa proie perdirent de leur éclat en un instant et elle retomba au sol, à présent molle comme un amas de chiffons sans vie.

L’esprit de la zoan était en ébullition. Ses pensées fusaient, virevoltaient en tous sens et les pulsions animales de son fruit se déchaînèrent en entendant le père de la jeune fille arriver en trombe devant la porte. Elle se cacha dans l’ombre avant qu’il ne défonce à moitié la porte et y attendit, un sourire carnassier plaqué sur le visage.







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La scène sembla surnaturelle pendant un instant. La fille était étendue dos au mur, comme si elle s’était assoupie, le père la regardait en battant des paupières et ne comprenait pas ce qui se déroulait devant ses yeux hagards. Elina, toujours cachée dans les ombres, luttait pour garder son calme et rester parfaitement immobile. L’araignée qui était en elle trépignait et battait du pied, ne souhaitant qu’une chose : jouer au chat et à la souris avec le nouveau venu. Puis tout bascula. Le père finit par comprendre la situation, blêmit et se précipita auprès de sa fille, les yeux humides. Alors qu’il hurlait sa rage, la zoan n’y tint plus et se propulsa de toutes ses forces pour intercepter l’assassin qui accourait semblait-il la garde baissée. Cependant l’homme n’était pas aussi inexpérimenté et, malgré cette vision d’horreur et son chagrin, il réussit à sentir qu’on l’attaquait et esquiver de justesse la griffe censée lui sectionner la jugulaire.

Le quarantenaire foudroya Elina du regard et malgré les larmes qui coulaient le long de ses joues, montra toute sa détermination en se mettant en garde, la mâchoire serrée. Il semblait résolu à venger la mort de sa fille lui-même, car il ne tenta même pas d’appeler à l’aide. Ou alors pensait-il que le geste resterait vain ? L’homme brun aux yeux bleu semblait vif d’esprit et possédait un physique forgé à force d’épreuves et d’entraînements, cela crevait les yeux. Ses mains craquèrent lorsqu’il referma ses poings dans un geste véhément mais, plutôt que de se jeter à l’assaut en proie à ses émotions, il prit le temps d’observer son adversaire. Elina ne pouvait s’empêcher de sourire en un rictus infâme. Son instinct arachnéen l’avait submergé, en même temps que ses émotions s’emballaient lors du combat précédent. Il lui était tout à fait impossible de réfléchir logiquement à ce moment précis. Tout ce qui comptait, pour elle, était de jouer avec l’homme, de le voir se débattre et tenter de s’extirper de cette situation atroce, puis de voir ses espoirs s’éteindre. À plus d’un titre, ce combat risquait d’être dangereux mais l’araignée ne prêta pas la moindre attention à ce signal d’alarme. Au contraire, elle enfonça le clou d’entrée de jeu :


- Je serai venue vous voir malgré tout, vous savez ?
- Silence, monstre ! répliqua son adversaire en se rapprochant d’un petit bond.


Tentant de réduire la distance entre eux en un instant, le père de famille attaqua à la tête, avant de subitement tenter de faucher les jambes de la zoan. Elina lut la manœuvre et esquiva en bondissant dans l’autre sens, tête en bas, afin de se retrouver à quelques centimètres de la tête de son adversaire. Elle en profita pour lui sourire de plus belle, incapable de refreiner son humeur joueuse malgré la situation critique. Si jamais le frère de son ennemi arrivait, c’en était finit d’elle. Pourtant elle ressentait un sentiment étrange, une euphorie et une plénitude qui la comblaient. Jamais elle ne s’était sentie aussi vivante. On aurait dit qu’elle revenait des années en arrières, sur attraction town, et qu’elle voulait se jouer d’un bellâtre. Or dans le cas présent, l’échec signifiait la mort… Mais l’araignée n’en avait cure, pire encore, elle se prit à jouer avec le fil du rasoir. Elle s’estimait légèrement supérieur à son adversaire, d’autant plus vu son état psychique. Aussi, elle s’employa à pousser son avantage en l’harcelant de piques mesquines :


- Peut être devriez vous appeler à l’aide ? Qui sait…
- Je t’ai dit de te taire ! Saloperie d’assassin !


Ce à quoi Elina ne put s’empêcher d’éclater de rire :


- Voyez-vous ça ! Et en quoi sommes-nous si différents, cher « collègue » ? demanda-t-elle en insistant bien sur le dernier mot.


L’homme vit rouge et chargea. Du moins ce fut ce qu’Elina pensa. Alors qu’elle s’apprêtait à le narguer une nouvelle fois, profitant du fait qu’il s’était laissé emporté, l’homme la surprit en feintant une nouvelle fois une attaque. Il se déporta rapidement sur sa droite avant de lancer son pied pour cueillir la zoan au vol. Le choc fut violet, bien qu’amorti par l’exosquelette de l’araignée, elle fut pourtant projetée contre le mur et ne dut son salut qu’à ses réflexes surhumains en forme hybride. Elle plongea alors que l’homme s’apprêtait à la poinçonner sur le mur avec une dague sortie de nulle part ! Cet adversaire ci avait plus d’un tour dans son sac. Il avait feint une perte de contrôle pour mieux la piéger en retournant sa propre stratégie contre elle…

« Je n’en ai qu’encore plus envie de le briser ! », s’excita la jeune assassin en pensée.

La langue de vipère d’Elina s’activa encore et encore. Malgré tous ses efforts pour le cacher, elle sentait que l’homme perdait patience. Ses attaques devenaient de plus en plus brutales et, en quelques instants, ils mirent la pièce sens dessus dessous ! Néanmoins, malgré tout le plaisir qu’elle éprouvait à ainsi le torturer, elle sentait qu’il était encore loin de perdre le contrôle. La part humaine qui était en elle admirait cette force de caractère, malgré l’immense perte qu’il venait de subir il gardait la tête froide et repartait à l’assaut. Il cherchait sans relâche à prendre de vitesse la zoan qui, malgré tout le péril dans lequel elle se trouvait, s’amusait de plus en plus. Ce jusqu’à ce qu’elle manque de prudence.

À force de perfidie, l’homme en eu assez et lança une volée de dagues sur Elina avant de balayer l’air devant lui d’un coup de pied puissant. Ne comprenant pas tout de suite la manœuvre, l’araignée esquiva en se baissant et écarquilla les yeux. Une véritable lame d’air fonça vers elle depuis le coup de pied de son ennemi. Elle n’eut pas même le temps de penser à esquiver que l’attaque la touchait déjà, portée par le kiai retentissant de son ennemi :


- Rankyaku !


Tandis qu’elle encaissait l’attaque du mieux qu’elle pouvait, les deux bras croisés devant elle, l’homme se projeta à toute vitesse vers elle et le poing armé. À peine fut-elle réceptionnée par le mur que l’homme était sur elle. Néanmoins, le choc finit par lui remettre les idées en place et elle prit une décision en extrême urgence. Elle encaissa le coup au mieux et contre-attaqua au même instant en plongeant ses appendices d’araignée dans le corps de son adversaire lancé à pleine vitesse. L’homme s’embrocha lui-même et, malgré la douleur provoquée par le choc, Elina put lire la surprise sur son visage. L’araignée l’envoya au loin d’un grand coup de poing dans le menton et retira ses membres surnuméraires du corps de sa victime par la même occasion.

Alors qu’elle le croyait vaincu, l’homme se releva tant bien que mal. Il crachait du sang et compte tenu de ses blessures, la jeune femme s’étonnait même qu’il puisse encore respirer. D’ailleurs, le souffle haletant ponctué de sifflements à chaque inspiration lui donnait raison. Malgré tout, l’homme coriace tenta de repartir à l’assaut. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était que l’accès d’imprudence de la zoan était passé, de même que ses chances de l’emporter à présent. Le combat coupa court et, en quelques échanges, Elina finit par se ménager une ouverture et frappa de toutes ses forces la cage thoracique de l’homme. Ce dernier recula de quelques pas, fut prit d’une quinte de toux, puis s’effondra, inerte.

Elina resta une minute sans bouger, debout dans cette pièce ravagée, à tenter de regagner pleinement ses moyens. En repensant à l’idiotie dont elle venait de faire preuve, l’assassin frémit d’horreur. Elle aurait pu se faire tuer, à jouer ainsi avec sa vie ! Toute euphorie s’était évanouie à présent, laissant libre court à ses pensées et à son autocritique ; le constat était atterrant : elle ne devait sa survie qu’à la chance ! Si l’homme n’avait pas baissé sa garde au moment de l’achever, il aurait pu esquiver ses appendices et l’aurait occis… Tout ça parce qu’elle avait voulu jouer avec lui ?! C’était d’un ridicule ! Jamais elle n’aurait pris pareille décision en temps normal ! Le revers de ce fruit du démon était certes sordide, mais si jouer les prédatrices lui plaisait… risquer sa vie de la sorte pour un vulgaire jeu lui liquéfiait les entrailles ! Elle prit le temps de se calmer et de tendre l’oreille.

« Malgré tout ce remue-ménage, le frère de ce bougre là n’a rien entendu ? », s’étonna Elina.

Certes, la chambre du chef de famille se situait à l’autre bout du manoir… mais tout même ! Elle pivota sur elle-même pour se rendre dans le couloir… et alors seulement elle réalisa la douleur lancinante qui lui lacérait les avant-bras. Elle se figea à la vue de son exosquelette entaillé en une ligne vermillon. Les blessures, malgré leur faible profondeur, laissaient tout de même échapper du sang en un mince filet et, à présent qu’elle s’en était rendue compte, la douleur ne la lâchait pas. Elle jura et tout en restant sur ses gardes se confectionna un bandage de fortune, en déchirant les draps en deux bandes qu’elle s’enroula autour des avant-bras. Une fois ainsi pansée, elle se retourna et, de nouveau, marqua un temps d’arrêt :


- « Rankyaku », hein ? Voilà une technique forte intéressante ! s’exclama-t-elle à haute voix sans y prendre garde.


Devant elle, en plein milieu du mur, trônait à présent une balafre de deux mètres de long sur quelques centimètres de large, coupée en son centre par une zone du mur intact. Sans doute s’était-elle positionnée là pour réceptionner cette lame d’air ? En tous les cas, elle devrait se renseigner à propos de cette façon de combattre. Elle ne doutait pas que l’effet serait encore plus impressionnant si un Zoan l’utilisait. Mais, pour l’heure, elle devait rester concentrée : son hôte l’attendait toujours, et elle avait horreur d’être en retard.







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La Zoan s’avançait prudemment dans les couloirs sombres de la demeure devenue champ de bataille. Transformée en Nephila, elle progressait sur le plafond, les sens en éveil et à présent en pleine possession de ses moyens, après le saut d’humeur qui avait bien faillit lui couter la vie ! Cependant, si elle avait maudit son « commanditaire » de l’avoir envoyée ici pour faire son sale boulot, elle l’aurait presque remercié à présent qu’elle découvrait une façon de se battre tout à fait étonnante. La technique ne quittait pas son esprit et elle tentait de se rappeler les moindres mouvements de l’assassin lorsqu’il avait utilisé ce « Rankyaku ». Néanmoins, comme elle ne s’était pas du tout attendu à une pareille efficacité, alors qu’elle croyait à un simple coup raté, ses souvenirs restaient flous.

« Espérons que son frère sache également utiliser cette technique. », positiva Elina. « La maîtriser s’avérerait très certainement profitable pour les futures confrontations qui ne manqueront pas de jucher mon parcours. »

Tout en réfléchissant de la sorte, Elina ne pouvait s’empêcher de ressentir un grand malaise. L’affrontement avec sa dernière victime avait causé un sacré remue-ménage, elle était sûre et certaine que le seul membre de la famille encore en vie avait entendu le fracas des meubles brisés et des murs entaillés... Alors pourquoi ne sentait-elle aucunement sa présence ?

« Il aurait fui ?! », pensa soudain l’araignée avant de se stopper net dans le couloir qui menait à sa chambre.

Une angoisse glacée lui parcourut l’échine, tandis que la certitude que sa proie l’attendait de pied ferme l’envahissait. Un sentiment d’alerte la fit tressaillir et elle inspecta le sol avec plus de précaution. Un rayon de lune lui permit d’apercevoir un fil tendu sur le sol. Elle le suivit du regard et dénicha le piège tendu par l’assassin : une volée de dagues l’auraient cueillie au passage si elle avait avancé au sol sans prendre garde. Le piège était classique et, surtout, grossier... Mais pire encore elle le devinait très récent. Plutôt que d’aider son propre frère, il avait préféré tenter de piéger son assaillant et l’attendre de pied ferme pour l’achever ensuite ? Cet homme là lui plaisait, dans un certain sens, mais Elina savait qu’il serait malaisé d’user de ses tours habituels contre un adversaire aussi froid et pragmatique. Elle allait devoir s’adonner à quelque chose qu’elle détestait : prendre des risques.

Ces derniers jours, elle avait frémit en observant ce maitre de famille. Grand, musclé et souple tel un chat, l’homme à la crinière presque blanche attachée en catogan n’avait laissé qu’une désagréable impression de puissance à Elina. Il ne parlait que peu, s’entrainait sans relâche et ne laissait aucune ouverture. Il semblait presque taillé dans le métal tant il était froid et dur. Elle respira un grand coup et continua d’avancer, toujours au plafond. Elle arriva à la porte, qu’elle savait fermée à clé pour avoir vu son ennemi se retrancher jour après jour dans son antre. Elle se glissa sous la porte, usant de son corps minuscule et des capacités des araignées à se faufiler quasiment n’importe où. La chambre était plongée dans la pénombre mais elle savait qu’il était présent. La Nephila remonta silencieusement au plafond et commença à inspecter les lieux. C’est alors qu’elle le vit.

« Le fumier ! », cracha-t-elle en pensée.

En effet, l’assassin s’était perché sur les poutres avec une arbalète et, à la minute où une personne normale aurait ouvert la porte, il aurait tiré sur une cible parfaitement découpée dans la lumière du couloir ! Mais, en y réfléchissant deux minutes, Elina sut qu’elle pourrait peut être tirer avantage de la situation. Les deux mains ainsi prises par une arme encombrante et difficile à recharger, l’homme lui donnerait une fraction de seconde supplémentaire pour porter un coup fatal, lorsqu’il chercherait à viser pour porter une attaque. Elle retourna donc tisser subrepticement un fil sur la poignée de la porte, puis se positionna au dessus de lui en silence. Elle se transforma avec milles précautions en hybride et, d’une main tendu, tira sur son fil. La poignée de la porte vibra comme si quelqu’un tentait de l’ouvrir. Instantanément, l’homme visa et se concentra sur l’entrée. Au même moment, Elina fonça sur lui et tenta de le perforer d’une griffe tendu.

Le temps sembla soudain ralentir et une angoisse brutale lui vrilla les entrailles. Ses sens arachnéens s’affolèrent et elle ne dut son salut qu’à ce signal d’alarme et à son action désespérée. Elle retrouva sa forme d’araignée minuscule dans la seconde et vit avec horreur l’homme se retourner vers elle et tirer. Le carreau d’arbalète la frôla et vint se ficher avec fracas dans le plafond. Après un très bref instant de surprise, l’homme retrouva contenance et jeta son arme à terre avant de rejoindre lui aussi le sol, sachant pertinemment que tenter de la recharger ne ferait que fournir à son adversaire une ouverture.


- Un Zoan, donc, lâcha-t-il plein de flegme, comme si la nouvelle ne l’atteignait ni ne l’ennuyait nullement.


Elina frissonna mais ne répondit pas. Malgré son précédent échec, elle voulu tenter à nouveau de le prendre par surprise. Elle le contourna doucement, afin de se retrouver dans un angle mort de sa vision.


- Tes fils sont extrêmement fins, mais ne sont pas invisibles pour autant, reprit-il, sûr de lui. Approche, petite araignée.


Elle serra les dents mais ne pipa mot. L’homme était décidemment d’une autre trempe que ses prédécesseurs. Elle ne doutait pas qu’il usait seulement de logique et de suppositions pour tenter de la déstabiliser avec des paroles acides. En lui montrant qu’il avait deviné si vite son pouvoir il voulait infliger des dommages psychologiques à son agresseur. Mais il ne pouvait pas savoir que telle était la technique de prédilection de cette « petite araignée ». Par ailleurs, il venait de lui apprendre comment il avait réussi à contrer son attaque précédente. Elle ne ferait pas deux fois la même erreur.

Elina sauta, un fil accroché à son bulbe afin de retenir sa chute. Lorsqu’elle arriva proche de l’homme, elle se transforma en hybride et contracta ses glandes séricigènes. L’homme s’attendait à une attaque frontale et frappa à l’endroit exact où le crane de l’araignée allait se retrouver. Il masqua avec peine sa surprise lorsqu’il n’atteint que le vide, mais ce bref instant suffit à la Zoan pour contre attaquer. Elle rompit son fil qui l’avait retenue au dernier moment, et lança un coup de pied tranchant. L’homme para et elle pivota en prenant appui sur son avant bras pour se retrouver la tête en bas. Elle enchaina avec une autre attaque du plat du pied, avant de se rétracter au dernier moment et de tenter de l’atteindre avec ses griffes au niveau de l’abdomen. L’homme lut la manœuvre et recula d’un petit bond avant de retourner à l’assaut en fouettant l’air de son pied. L’araignée ne perdit pas une goutte de la technique et se jeta les quatre pattes au sol afin d’esquiver la lame d’air. Elle plongea pour retourner dans les ombres et retrouva sa forme de Nephila, le cœur battant.


- Je comprends à présent comment tu as réussi à les supprimer, reprit l’homme sans la moindre trace d’émotion dans sa voix.
« Et ce sera bientôt ton tour ! », répliqua mentalement l’araignée, une froide résolution l’envahissant.

Plusieurs échanges similaires opposèrent les deux assassins. Tour à tour chasseur et proie, ils jouaient avec les ombres et tentaient de trouver une brèche dans la défense de leur adversaire. Néanmoins, plus le combat avançait, et plus Elina se rendait à une conclusion qui la faisait frémir : il était plus fort qu’elle. Peut être qu’elle aurait eu le dessus, ou tout du moins fait jeu égal si elle avait commencé par lui, mais la fatigue, les blessures et le stress causés par les précédents combats l’avaient affaiblie. Un calme morbide s’abattit soudain dans la chambre, tandis que l’homme restait au milieu de la pièce et qu’Elina tentait de trouver une ouverture. Elle avait beau user de tous les stratagèmes qu’elle avait pu observer en examinant de réelles araignées, ou les mauvais tours qu’elle avait pu imaginer, l’homme restait intact. Une goute de sueur perla de son front tandis qu’elle reprenait son souffle, tapie dans les ombres.

Soudain, l’homme attaqua sa position avec un nouveau rankyaku. Elle esquiva et, au moment où elle regardait à l’endroit où il s’était trouvé, elle ne contempla que le vide.


- Soru ! entendit-elle après un très bref claquement.


Une douleur aigue s’éveilla dans son bras gauche et elle plongea lorsqu’elle vit du coin de l’œil son adversaire utiliser un rankyaku. À peine réceptionnée, elle plongea derechef et ne se releva qu’alors. Son instinct lui avait été de bon conseil, car l’homme retirait à présent son doigt du mur, un trou impeccable dans le bois se dessinait à l’endroit qu’il avait frappé. L’araignée comprima sa plaie avec sa main libre et tarit le saignement avec de la toile avant de se remettre en garde.


- Impressionnant, lâcha-t-il sans avoir l’air d’en penser un mot.


Sans répondre, l’araignée se concentra de nouveau et se mit à tourner autour de sa proie à pas lents. L’homme ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits et, de nouveau, sembla disparaitre l’espace d’un instant. Cette fois-ci Elina réussit à le suivre un peu mieux de l’œil, mais son corps refusa de bouger assez vite pour lui permettre d’esquiver. Le doigt tendu de l’assassin perfora l’abdomen de la Zoan avant que celle-ci ne tente de contre-attaquer, mais l’homme était déjà reparti d’où il venait avec la même vélocité. Elina pansa sa plaie en silence et tenta d’analyser la situation en reprenant ses distances. Le chef de famille ne lui en laissa pas le temps et repartit à l’assaut.

Ce jeu macabre continua plusieurs minutes. Elina s’adaptait peu à peu à la vitesse de son adversaire, mais son corps endolori et de plus en plus meurtri répondait de moins en moins bien. Ses esquives devenaient de plus en plus gauches et lentes, laissant fleurir de nouvelles fleurs écarlates sur l’exosquelette de l’araignée. La douleur parcourait son corps à chaque mouvement à présent, et lui arracha son premier son depuis le début du combat : une plainte sourde lorsqu’elle cracha du sang. Soudain, l’assassin, au lieu de perforer la zoan la frappa au plexus et l’envoya s’écraser contre un mur avant de l’achever avec un Rankyaku en forme de croix. Lorsque l’homme s’approcha, il fronça soudain les sourcils : il ne vit aucun corps lacéré. Il s’éloigna des ombres et se remit en garde, les sens aux aguets.

Elina fit bouger un meuble avec un fil, mais l’assassin ne s’y laissa pas prendre. Il suivit des yeux l’origine du fil et lança un rankyaku dans la direction d’où il semblait provenir. C’est alors qu’il tressaillit en sentant un appendice d’araignée lui perforer l’épaule droite. Il hurla et s’éloigna d’un bond avant de se remettre en garde. Il grogna et marmonna quelques imprécations lorsqu’il sembla comprendre comment la Zoan s’était jouée de lui. Bien consciente qu’il pouvait suivre ses fils des yeux, elle avait utilisé cette information à son encontre. Elle avait tissé un fil tout en utilisant une poutre comme poulie, et avait ainsi pu le tirer non pas en ligne droite, mais en étant au dessus de lui. Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche, l’araignée repassa à l’attaque, mais l’homme la cueillie au passage d’un coup de pied fulgurant qui l’envoya au sol. Il se précipita sur elle mais perdit soudain l’équilibre et faillit tomber à plat ventre.


- Qu’est ce que ?! eut-il le temps de s’écrier avant de pâlir devant la situation.


L’araignée avait réussi à bloquer un de ses pieds avec une boule de fils gluants qui fixaient à présent sa jambe droite au sol. Avant qu’il ne puisse réagir, Elina bondit et attrapa un fil extrêmement fin fixé au plafond et le sectionna. Instantanément, d’innombrables boules de fils gluants s’abattirent sur toute la pièce, finissant d’entraver sa proie.

Elina retomba au sol et vacilla, le corps affaibli par toutes les attaques perforantes de l’homme. Elle dut mettre un genou au sol afin de reprendre son souffle et laisser un vertige s’estomper peu à peu. L’homme ricana, bien que ses jambes soient complètement empêtrées de fils, et la nargua d’un sourire triomphant. Il savait la Zoan à présent trop faible pour s’approcher de lui et tenter de l’occire sans s’exposer à une contre attaque fulgurante de sa part. L’aube se levait enfin, laissant Elina jouir de la chaleur du soleil sur sa peau.

- Et bien, il semblerait que nous soyons dans une impasse ! lâcha l’assassin, railleur. Tu ne peux pas m’achever sans risquer de perdre la vie, et je n’arriverai sans doute pas à retirer ces fils sans te laisser une ouverture.


Elina s’essuya un peu de sang au coin de la bouche avant de sourire. Au lieu d’y voir une impasse, elle se réjouissait de la situation présente. Mieux, elle l’avait désirée. L’araignée le fixa de ses yeux rouge sang avant de répliquer d’une voix glaciale :


- Rankyaku.


L’homme pâlit mais, malgré tous ses efforts désespérés, ne put esquiver la lame d’air qui lui entailla profondément les deux jambes. Il tombait à peine au sol qu’Elina était sur lui et lui trancha la gorge avec hargne. Elle s’éloigna de quelques pas et tomba au sol, complètement lessivée mais fière d’elle-même. Elle avait usé de toute sa persévérance pour tisser ce fameux piège tout au long du combat, mais avait bien cru sa dernière heure arriver tant elle croyait impossible de fixer sa proie à un endroit dans un premier temps. La cerise sur le gâteau était sans conteste d’avoir pu observer suffisamment le rankyaku pour en assimiler les bases, bien que le sien ne soit qu’une pale copie de celui des assassins de la famille Giabor.

Coupant court à ses réflexions et à ses réjouissances, elle se força à se relever et sortit en clopinant de la maison de la famille Giabor en forme hybride. Complètement recouverte de sang, elle trouva un bassin et plongea dedans rapidement afin de se débarrasser du plus gros du liquide carmin, presque séché. Bien vite, elle s’éloigna de la demeure à pas pressés mais peu assurés. Sa morbide commande à présent remplie, elle devait encore réussir à sortir de l’ile vivante. Aussi, elle préféra trouver une planque à l’abri des éventuelles recherches du petit homme chauve. Elle ne lui faisait aucunement confiance et préférait recouvrer ses forces quelques jours avant de le confronter de nouveau.






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Un chaleureux applaudissement l’accueillit, alors qu’elle franchissait le seuil du restaurant. Cependant, derrière la façade ravie du trafiquant d’armes, elle sut lire de la surprise plutôt que de la reconnaissance. Ce petit porc s’attendait à ce qu’elle échoue ! Elle avait bien fait d’attendre trois jours que ses plaies commencent à cicatriser avant de revenir le voir. Ce dernier cru d’ailleurs bon d’entamer la discussion de la sorte :


- Vous avez donc fini de lécher vos plaies ?
- Nullement, mentit sans ciller Elina. J’ai simplement jugé préférable d’attendre quelques jours avant de revenir. Mesure de prudence pour qu’on ne nous associe pas à cet... incident.
- « Incident » ? reprit l’homme porcin en ricanant. Toute la ville basse ne parle que des recherches de la marine pour trouver l’assassin qui s’est payé toute la famille Giabor en une nuit ! Les ports sont fermés jusqu’à nouvel ordre et la garde du seigneur a été renforcée par tout un régiment de la marine.
- Vous semblez heureux malgré tout, remarqua la jeune femme.
- Et comment ! Les révolutionnaires auront d’autant plus besoin d’armes à présent. Une pierre deux coups, comme on dit !


Tout d’abord d’humeur grinçante à la vue des réjouissances de cet être qu’elle méprisait, Elina se composa une expression amène avant de répondre :


- Je suis forte aise de vous voir comblé. J’aimerais à présent quitter l’ile sans trop tarder. Comment suis-je censée passer le blocus ? demanda-t-elle en redoutant le pire.
- Mais bien sûr, je comprends. Je vais vous dire, je vais même vous faire une fleur ! Le blocus peut être... « relâché » en appuyant au bon endroit. Je peux fournir à un navire marchand une fenêtre pour s’échapper. Je vous offre la possibilité de vous enfuir sans affronter la marine et son blocus. À vrai dire j’estime que c’est la moindre des choses devant la qualité du travail ! Un de mes hommes va vous accompagner et, comme promis, vous pouvez garder le fruit de votre rapine.


Il marqua une bref pause avant de changer de ton et de contenance, devenu à présent bien plus froid et austère :


- Mais que je ne vous revois plus sur mon ile ! Maintenant, partez.
- Je vous en remercie. Sur ce, adieu, déclara froidement Elina avant de faire demi-tour.


Elle ne doutait pas que l’homme prévoyait un mauvais coup, mais n’avait d’autre choix que de monter à bord du navire de contrebandiers, car elle se doutait que « marchands » était une appellation bien trop honorable pour les canailles qu’elle allait côtoyer durant les prochains jours. L’homme de ce trafiquant, un escogriffe au faciès fermé, l’accompagna sans mot dire jusqu’à une maison jouxtant le port. Elle y entra les nerfs à vifs, certaine de se faire attaquer dès le seuil franchi, mais tomba sur une poignée de jeunes femmes et de jeunes hommes qui la saluèrent d’un œil morne.


- Attendez ici, on viendra vous chercher, déclara simplement le sous-fifre avant de ressortir.


Elina s’adossa à un mur et attendit calmement, laissant les autres jeunes gens discuter tout leur saoul. Peu après la tombée de la nuit, deux hommes armés vinrent les chercher dans la bâtisse et les emmenèrent sur les docks. Dans le plus grand calme, et étrangement sans croiser la moindre patrouille de la marine, ils gagnèrent une embarcation vétuste. Ils s’éloignèrent de l’ile sans un bruit, les lanternes éteintes et, comme promis, purent franchir le blocus sans le moindre incident. Elina s’allongea sur une paillasse, dans le dortoir commun aménagé à la va-vite dans la calle du navire. Tout cela ne lui plaisait pas mais, encore une fois, elle n’avait gère le choix. Elle préféra s’endormir d’un sommeil léger, prête à réagir au moindre changement d’atmosphère, dans l’attente de la prochaine ile où elle pourrait fausser compagnie à ses nouveaux camarades.


Quelque part, sur North Blue, un homme gras et bardé de plus de bagues et de bracelets qu’une bijouterie n’avait à offrir entendit son DenDen Mushi sonner. Il décrocha le combiné de ses doigts boudinés et, après avoir éructé de manière prononcée, se fendit d’un simple :


- Quoi ?
- C’est Gaimo, j’ai une bonne nouvelle pour toi.
- Ah ! Mon bon Doburo Gaimo, comment vas-tu mon ami ?
- Bien, bien ! J’ai récemment fait la connaissance d’une jeune femme qui m’a ôté une douloureuse épine du pied.
- J’aurais pu te dépêcher une fille pour ça, tu sais, elle l’aurait fait gratuitement d’ailleurs. Entre amis, on peut se rendre service, ricana la bijouterie ambulante.
- Je retiens ton offre, Matsuda, mais apprécie la mienne pour l’instant. Cette jeune femme a occis les Giabor en échange d’un sauf conduit.


Le dénommé Matsuda marqua une pause pour bâfrer un petit gâteau. Il reprit ensuite d’une voix étonnée :


- Les Giabor... la famille d’assassins ?
- Tout juste ! J’avais très envie de m’en débarrasser après qu’elle m’ait rendu un pareil service, mais je me suis dit que te l’envoyer serait bien plus profitable !
- Tu sais que je n’accepte que les belles fleurs. Elle doit ressembler à un monstre ou une montagne de muscles pour réussir à...
- C’est là la meilleure partie, Matsuda ! Elle te plaira sans aucun doute : un corps athlétique mais gracieux, un jolis minois, des yeux d’un noir profond et de longs cheveux noir de jais.
- Hmmm... sembla réfléchir l’homme obèse avant de se resservir une friandise. Je verrai bien quand elle arrivera. Tu me l’as livrée avec les autres ?
- Comme d’habitude, elle sera là dans trois jours. Et n’oublie pas ma commission !
- Ça dépendra de ce qu’elle rapporte chez moi, mais je n’oublie pas mes amis, mon cher Gaimo.
- À la bonne heure ! Sur ce, je te laisse, les révolutionnaires ne vont pas s’armer tous seuls.


Le dénommé Matsuda raccrocha son combiné et se tourna vers un homme à la stature altière avec un sabre passé dans sa ceinture, avant de reprendre la parole :


- Nous avons une marchandise qui arrive qui pourrait se débattre, prépare toi à lui enseigner les bonnes manières dès son arrivée, Yoshimura.
- Bien, patron, répondit diligemment l’épéiste en s’inclinant légèrement.
- Va me chercher une fille, j’ai besoin d’un massage. La nouvelle, tiens, la petite aux cheveux blancs.
- Tout de suite, patron, obéit l’homme en disparaissant derrière un rideau de soie pourpre.






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