- Il y a un petit vent frais.

Caché sous sa capuche, Erwin regardait la mer devant lui. Il était venu à Water Seven pour diverses raisons, principalement pour prévoir une attaque d'ici quelques mois dans l'espoir de conquérir l'île et de couper les liens de cette future Atlantide avec le Gouvernement. Sur le trajet du train des mers, il allait s'avérer être un véritable atout. Il fallait simplement trouver un moyen de la garder hors de la mer... Ce qui ne promettait pas de s'avérer facile. Un long soupir lui échappa tandis qu'il se retournait, accompagné dans sa course de deux personnes : Katia L. Ray, sa sœur, portait elle aussi une cape qui lui couvrait le visage. Arborant un large sourire, Hope Stanley profitait quant à lui du temps sec de Water Seven. Si l'humidité était souvent présente, le temps du jour se montait clément et un léger vent rendait le tout agréable à vivre.

Ainsi, les deux encapuchonnés et leur ami se mirent en route à travers les ruelles de la ville, s'engouffrant en ce lieu calme. La matinée offrait quelques avantages de saison : les pêcheurs n'étaient pas encore rentrés de leur labeur et les enfants dormaient dans leurs lits douillets. Seules quelques femmes et quelques hommes, travailleurs du petit matin, sortaient pour remplir leurs réserves d'eau ou de nourriture avant d'aller au travail.

Un sourire amusé semblait percer sur le visage de Katia, sous sa capuche, tandis qu'elle marchait. Le pavé de cette ville était particulier, il devait après tout résister aux différents défis que la mer représentait plus lui. S'il était trop lourd, il entraînerait progressivement la mer avec lui, s'il était trop frêle, il céderait sous le coup incessant des vagues. Le niveau de la mer montait bien sûr chaque jour, mais c'était un moindre mal comparer aux tempêtes politiques qui s'approchaient doucement.

Au pouvoir sur cette île, un seul homme depuis plusieurs années : le directeur de la Galley-La Company : Huckable Finch. Son rôle de charpentier s'était effilé année après année pour laisser place à sa qualité de maire. Aimé par les citoyens, il possédait quelques atouts non négligeables comme son charisme ou encore ses propriétés d'homme d'affaire. C'était avec lui et son entreprise que les habitants de Water Seven cherchaient un moyen d'arrêter la progressive mort de l'île.

- Nous devons d'abord localiser Huckable. Ensuite nous...

A peine Katia eut-elle dit cela qu'un détachement de marines passa près d'eux. Il devait y avoir à tout casser une douzaine d'hommes et de femmes en uniformes, qui arpentaient les rues sûrement en tant que gardes passagers – la ville était après tout liée à une milice privée en temps normal. Surprise générale pour les trois voyageurs et les habitants qui se réveillaient à peine : Huckable Finch se promenait, canne à la main, le regard profond et doux posé sur les citoyens. Qui aurait pu rêver mieux pour une première rencontre que celle-ci ?

Ainsi, arborant sa capuche dans un premier temps, le jeune homme n'hésita pas à dévoiler son visage primé à 250.000.000 de berrys. Son regard croisa celui du maire de la ville qui, conscient que la situation pouvait s'envenimer, décida d'utiliser son appel d'urgence immédiatement. Pourtant, les premières paroles du garçon furent pacifistes au possible :

- Je veux juste discuter. Mes objectifs ne sont pas néfastes.

Hope acquiesça derrière le rouquin. La discussion pourrait avoir lieu ici, au milieu des marines et des civils dont l'inquiétude se lisait sur le visage. À présent, il allait falloir faire preuve de doigter pour arriver à ses fins... Surtout que parmi les marines, certains pouvaient se montrer assez réticents à laisser une conversation entre deux géants de l'ère actuelle – chacun à leur niveau – s'engager.

Huckable Finch
Le directeur de la Galley-La regardait avec un amusement non dissimulé le jeune homme qui lui faisait face et dont la présence semblait terrifier la moitié des marines de la petite troupe qui l'accompagnait. En revanche, pour lui c'était presque un rituel ce type de rencontre. Beaucoup de « grands » avaient posé les pieds sur son île avant de partir sur Shabaody et le Nouveau Monde. Sa lignée avait même l'insigne honneur de pouvoir se vanter de quelques créations hors du commun. Feu son père avait à une certaine époque côtoyer quelques égéries de la piraterie, selon certaines rumeurs. Un sourire aux lèvres, il se contenta donc d'entamer une réplique avant d'être interrompu par une jeune femme dont les formes ne le laissèrent pas indifférents.

- Que... quoi ? Marine ? Ah...

Il se souvenait enfin de la raison de son déplacement en ville, ainsi que des personnes qui se trouvaient autour de lui. Fronçant les sourcils, il s'imagina mille subterfuges pour s'écarter et pouvoir s'entretenir en privé avec le Dog. Cependant, peu importe ce qu'il entamerait, tout paraîtrait suspect. Il n'avait pas gagner la confiance du Gouvernement Mondial pour la céder au premier pecnot sorti de sa campagne. Il devrait simplement cracher et marcher sur les avantages financiers que pourraient représenter le jeune homme.

- J'arrive avec vous... Si vous voulez bien m'excuser, Monsieur Dog.

Il regarda le rouquin en le saluant d'un signe de la tête mais à peine se fut-il mis en marche que les pas de son interlocuteur accompagnèrent le son de sa canne sur les pavés. Ainsi donc, cette personne avait décidé de faire un bout de chemin avec lui. C'était bien étrange pour une tête d'affiche dans son genre. Soit, il savait quel avantage lui, Huckable Finch, et la Galley-La Company représentait dans les affrontements qui opposaient la Révolution et la Marine. Il n'en était après tout pas à sa première collaboration avec la Section Scientifique sur les nouveaux types de bateaux à coque en Granit Marin. Il espérait, un jour, avoir l'occasion de prouver son génie en créant le bâtiment le plus rapide du monde.

Pourtant, il fut bien vite déranger par le silence du rouquin qui ne faisait que jeter des coups d'oeils aux alentours, se promenant en pleine ville comme si de rien n'était. Les marines, sur leurs gardes, semblaient hésiter à pointer leurs canons vers ce garçon. Cela arracha un sourire à l'homme en question qui sembla remarquer la crainte qu'on avait de lui. Le pouvoir, c'était donc ça...

- Savez-vous ce qu'est le pouvoir, Monsieur Finch ?

La questions semblait sortie de nul part, et pourtant elle était le résultat d'un cheminement de pensée presque identique au sien. Sauf que lui n'avait plus cette question à se poser depuis des années : malgré son apparence plus juvénile que ses comparses et son look excentrique, Huckable allait bien sur ses trente-trois ans.

- Bien sûr, c'est... Être puissant c'est...

Il n'avait jamais tenté de l'expliquer. C'était là que ça coinçait : dans son métier, les gars préféraient qu'on leur donne des ordres pour construire des bateaux de qualité supérieure, pas qu'on leur explique des concepts philosophiques comme celui-ci. Il finit par abdiquer, continuant sa route dans un silence réflexif. L'hôtel de ville était encore à une quinzaine de minutes de marche à pied d'ici : ils avaient le temps de discuter et de revenir sur ça.

Katia avait pris place aux côtés de la jeune femme qui était venue en renfort pour accompagner Mr Flinch jusqu'à sa destination. Elle la détailla du haut de ses onze ans, sans pour autant porter de jugement sur elle. Une épée, un bandana, une tenue très peu traditionnelle... C'était à n'en pas douter une marine hors du commun. Elle n'avait presque rien de ces fils à papa engagés de force, portant fièrement une tenue dont ils ne comprenaient pas le sens. C'est ainsi que la jeune fille lui décida que cette personne, même si elle faisait partie du camp de l'ennemi, lui serait sympathique.

- Dis-moi, tes supérieurs, ils s'appellent comment ?

Quitte à lui parler, elle souhaitait au moins commencer par prendre quelques renseignements. Si elle affichait des noms trop dangereux pour leur survie, ils changeraient certainement d'attitude : un kidnapping ? Loin d'une résolution pacifique, mais ils avaient tout de même quelques demandes à livrer à cet homme. Ils pouvaient toujours revenir un autre jour, cependant le risque n'en valait pas la chandelle. Et puis de toutes les manières, leur agenda était bien rempli. Quand auraient-ils seulement le temps de se reposer déjà ?

- La raison de notre venue...

Katia regarda avec un air énigmatique Huckable Finch, le gérant de la Galley-La. La raison de leur venue était juste devant eux. Un sourire amusé s'inscrivit sur son visage tandis qu'elle concentra son attention sur la jeune femme à qui elle avait commencé à parler. Elle ne pourrait pas tirer quoique ce soit des personnes autour d'elle, et en plus elle ne pouvait pas ne serait-ce qu'obtenir une information aussi faible qu'un nom... Un long soupir lui échappa tandis qu'elle se mit à lui répondre sans être réellement désireuse de cacher leurs intentions :

- Nous souhaitions parler à Mr Finch de quelques affaires. Il pourrait être enclin à nous écouter mais... Soit, nous verrons bien.

Cette marine ne devait pas savoir qui ils étaient pour leur parler comme ça. Si la tête de la jeune sœur d'Erwin n'était pas encore sur une quelconque affiche, elle était en tout cas certaine de quelque chose : celle du révolutionnaire avait fait le tour du monde en un rien de temps. Ni les Empereurs, ni les marines de haut rangs ne devaient ignorer l'existence d'un tel jeune homme. Plus encore quand son pouvoir était un atout capital dans la création du nouveau mouvement révolutionnaire qui risquait d'émerger.

Soupirant, elle ne se laissa cependant pas départir de son sérieux en continuant la route toute tracée pour le petit groupe. L'hôtel de ville n'était pas le lieu de vie principal de la politique de cette île : la plupart des événements se déroulaient dans le secret des docks de la Galley-La. Il n'y avait pas un homme d'affaire, pas un homme du peuple qui ne soit passer par le salon de Huckable Finch. Il aurait été par ailleurs plus ingénieux d'investir ce salon pour lui parler, mais ce n'était pas nécessaire actuellement. La première approche pouvait être plus tranquille.

- Je ne pense pas que les chose puissent aller bien avec ce gars ici, marmonna un soldat en accélérant le pas vers les deux hommes.
- Ce « gars » ne veut pas de mal à qui que ce soit, rétorqua Katia, le regard porté vers celui qui venait de parler.

Il pesta contre la jeune fille avant de se décaler. Hope, qui fermait la marche, observait le groupe depuis le début de leur marche. Les rues pavées de Water Seven avaient rarement accueilli tel cortège. Les deux hommes en tête marchaient en silence, comme si le monde avait cessé de fonctionner. Ceux en retrait, des soldats de la marine dépêchés plus tôt, formaient deux rangées prêtes à se disperser à n'importe quel moment. Katia et la jeune femme de la marine étaient un peu à l'écart par rapport au groupe, et Hope fermait la marche.

- Tu pourrais me kidnapper...
- Ce serait mauvais pour les affaires, s'amusa Erwin en continuant à regarder devant lui.
- Et as-tu pensé que je pourrais aller rencontrer quelqu'un de plus puissant que toi ?
- Je le vaincrai ou je disparaîtrai. Les deux options m'accordent une issue favorable.

Huckbale Finch acquiesça. Il avait conscience qu'un tel jeune homme n'était pas le dernier quand il s'agissait de combattre, et même s'il pouvait avoir du répondant, il se doutait que cela ferait bien pâle effet devant le garçon. De toutes les manières le combat n'était pas une option. Il doutait de pouvoir le battre même en réunissant sa milice...

- Je ne vous ferai pas de mal, lâcha le rouquin.

Le charpentier acquiesça avant de tourner le regard vers la marine qui lui avait adressé la parole plus tôt. Le rouge lui monta aux joues avant qu'il ne te tente de reprendre sa contenance. Il faisait chaud tout d'un coup.

La discussion allait bon train. Le Dog et le Finch échangeaient avec une certaine aisance sur des sujets tantôt compliqués, tantôt passablement aisés à discuter. Il était question de quelques échanges sans réel contrat : de plier à sa volonté cet homme s'ils venaient à conquérir les lieux. En s'éloignant un peu en avant, les deux hommes s'étaient faits plus discrets, moins audibles de leurs accompagnateurs. Katia était restée en arrière, observant les alentours avec l'attention que son Zoan et son Haki lui octroyaient. Elle était vive. Pour une jeune fille de dix ans, on aurait même pu dire que cela était un peu trop important. Ainsi, lorsqu'elle se mit en position de défense, ni Hope, ni Erwin ne réfléchirent au fait de continuer ou non cette balade : il était nécessaire de se détacher du groupe dès à présent.

- Nous nous reverrons, Monsieur Finch, lança le rouquin avec un sourire narquois.

Celui-ci acquiesça par politesse, n'ayant cure de ce qui allait arriver au révolutionnaire. Il n'était intéressé que par la pérennité de ses actions. Chose intéressante : la Galley-La avait une confiance qui pouvait être variable. Avec les quelques secondes de combat qui se produisirent devant lui, Huckable eut cependant le temps de comprendre qu'il n'avait pas affaire à n'importe qui. Deux Colonels de la marine s'en étaient pris aux accompagnateurs du révolutionnaire, les emmenant dans la fumée. Leurs visages leur resteraient inconnus, car ils furent aussitôt éjectés à des mètres de distance, l'un lacéré au niveau du torse et l'autre transpercé au niveau de l'épaule. Ils avaient foncé dans le tas sur ordre du Contre-Amiral qui ne mit pas dix secondes avant de se rendre visible : celui-ci avait déjà pris l'apparence d'un pachyderme pour écraser Erwin. Vif, le rouquin esquiva avec aisance son opposant. Il dirigea vers lui une de ses armes et tira d'un coup sec et précis. La glace qui recouvrit le monstre fut suffisante pour le maintenir au sol le temps nécessaire à Katia et Hope pour ressortir de la fumée. Leur victoire était la fuite. Ils disparurent, emportés dans le vide.

- Vous allez bien, Monsieur Finch ? Firent les Colonels en se relevant, l'un d'entre eux cicatrisant sa plaie avec un briquet.
- Pour qui me prenez-vous ? Je suis un homme de discours. J'apportais ce rouquin à l'hôtel de ville pour que vous le capturiez.

Il tentait de ne pas être malhonnête, cependant il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait à cet instant-là. Discuter avec ce gamin avait été intéressant, et lui avait permis d'en apprendre plus sur ses ambitions. Il pourrait en tirer profit le moment venu, et écraser les compagnies navales qui s'opposaient à lui dans les autres milieux : la Galley-La deviendrait la seule compagnie sur le marché.

- Bien, à présent dîtes-moi ce dont vous avez besoin.
- Oh... Oui, M'sieur ! S'exécuta le Contre-Amiral en se dirigeant à ses côtés, tel un animal de compagnie qui retrouve son maître. [/b]Vous vous souvenez de ce bateau ? L'Argon. J'aimerais que vous...[/b]