Un nouveau lieu à visiter se nommant l’Archipel de Orgao venait de me tendre les bras et plus spécifiquement un lieu que l’on appelait Cirque. La troupe qui vivait de cet art semblait plus que sympathique et j’avais rapidement décidé qu’assister à un de ses spectacles pouvait être du plus grand amusement pour moi. Après tout, je n’avais jamais eu l’occasion d’assister à de tels spectacles et j’en avais beaucoup entendu parler. Je me demandais bien quel genre de choses ils pouvaient offrir.

Je pris place au niveau du cirque pour admirer la troupe sans qu’aucune encombre d’aucun genre ne survienne, pour mon plus grand plaisir. Je pus donc profiter et ce fut avec un grand sourire aux lèvres que je sortais du cirque, heureuse d’avoir pu profiter d’un si beau spectacle et d’une chose aussi inédite. C’était un objectif à faire en moins sur ma liste et ce n’était pas pour me déplaire car cette liste était encore très longue et difficile à réaliser. En sortant du cirque, je partis m’acheter quelque chose à manger rapidement, un petit stand non loin vendait de quoi se mettre sous la dent. Il ne me fallut que quelques minutes pour avaler le tout et, alors que la nuit était déjà bien tombée, je pris la décision de rendre visite à la troupe de cirque et plus précisément aux animaux dont ils devaient s’occuper. Après tout, j’avais bien le droit de me balader un peu, non ? Ce ne fut sûrement pas l’idée la plus brillante que j’eus dans ma vie, mais, cela, je ne m’en doutais pas encore.

Ainsi, me dirigeant derrière le chapiteau, le lieu semblait plutôt endormi. Les artistes devaient déjà être au repos. Après tout, il devait être fatiguant de travailler autant. Mon petit tour des lieux commença au niveau de la cage du lion où une bête semblait paisiblement endormie et ronflait assez bruyamment. J’admirais, autant que l’obscurité me le permettait, la silhouette de cet animal et trouvais que cet emprisonnement n’était pas son état naturel. Les animaux, comme l’homme, n’étaient pas vraiment fait pour ce genre de situation et cela me rappelait les instants où j’étais de l’autre côté de la cage. Haussant les épaules, je ne pouvais pas décemment libérer cet animal sans qu’il ne cause des ravages monstrueux. Et, en plus de cela, le spectacle qu’elle offrait était plutôt merveilleux. De toute façon, elle ne devait pas être si malheureuse, si ?

Cela devait être mon goût pour le danger, mais je ne pus résister à l’envie d’ouvrir la cage pour pouvoir m’approcher un peu plus de l’animal endormi. Discrète comme une ombre, je fis suffisamment de pas vers l’intérieur pour atteindre des doigts la crinière du lion qui grogna doucement. Il ne m’en fallut pas plus pour faire demi-tour.

La suite de mon expédition me mena au niveau des dromadaires, encore bien réveillés, qui me fixèrent d’un œil égaré puis m’ignorèrent royalement. Cela n’avait pas grande importance, du moment que je pouvais m’approcher d’eux sans trop de danger. Je fis quelques pas lents dans leur direction, guettant une réaction qui ne se produisit pas. Tendant doucement la main dans leur direction, celle-ci ne tarda pas à se poser sur les animaux qui n’exprimèrent aucune gêne. Tant mieux pour moi. Mais alors que tout semblait normal, un bruit étrange se fit entendre non lui. Un espèce de grognement mécontent. Baissant les yeux vers mon estomac, ce ne pouvait être ce dernier, je venais tout juste de manger. Je fixai donc les dromadaires l’espace d’un instant avant d’entendre le même bruit, cette fois-ci juste derrière moi. Me retournant doucement, je me rendis compte que j’avais fait une grosse bêtise et que le lion de tout à l’heure s’était réveillé. Comment avait-il fait pour sortir de sa cage ? L’avais-je mal fermé ? J’avais pourtant fait attention ! Me grattant le haut de la tête pour réfléchir à la chose, il m’était impossible de m’en souvenir, mais il fallait ramener l’animal rapidement sans faire trop de bruit, j’allais me faire engueuler sinon. Mais comment faire ?

Alors que j’essayais d’amadouer l’animal par quelques « gentil matou », les dromadaires se mirent à paniquer et à tenter de fuir. Panique qui se propagea rapidement dans les lieux, faisaient hurler divers animaux qui ne ressentaient qu’une envie : la fuite. Et cela eut pour effet d’exciter le lion qui semblait avoir envie de se jeter à ma gorge pour me manger. J’aurais certainement pu le tuer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, mais je ne pouvais pas décemment faire une telle chose ! Un si bel animal ! Ce fut pour cette raison que mon réflexe fut de courir en direction de la cage, avec un peu de chance, il y retournerait tranquillement. La bonne nouvelle était que je semblais être sa seule proie et qu’il n’avait aucun envie de s’en prendre aux autres animaux. Cela réduisait l’ampleur de ma bêtise.

Me poursuivant, la bête risquait de ne pas vouloir me laisser tranquille avant un bon bout de temps. Alors que j’arrivais au niveau de la cage, je changeai de direction au dernier moment en espérant que l’animal entre dans la cage plutôt que de me suivre… Ce qu’elle ne fit pas et me voilà en train de tourner autour de la cage avant de finalement décider d’y rentrer pour m’y enfermer à double tour. Poussant quelques rugissements de mécontentement, l’animal attaqua la cage de ses pattes, tentant visiblement de détruire celle-ci. Ne sachant trop quoi faire, je n’avais plus qu’à espérer que quelqu’un vienne m’aider rapidement.

~Un jour quelqu'un a dit, qu'il y avait un trésor inestimable quelque part sur l'océan.
Que la personne qui le trouverait deviendrait le Seigneur des Pirates.
C'est l'ère de la piraterie, la quête du plus grand trésor, le One Piece!

Un événement unique était proposé sur cet archipel… Pour le cas de Kain, il n'avait jamais mis les pieds dans un cirque. Il en avait entendu parler. C'était un endroit où des amis se retrouvaient pour faire un spectacle. Le capitaine des Dokugan était un enfant dans l'âme, les spectacles, ça lui parlait. L'équipage avait décidé de faire une escale pour quelques jours afin de pouvoir se ravitailler et de profiter également des merveilles locales. Ils n'étaient pas encore très connus. L'équipage ne comptait actuellement que lui-même en tant que capitaine, Heziel pour la cuisine, Loyal pour les emmerdements et enfin le navigateur autoproclamé Nescafé !

Lorsqu'ils trouvèrent leur place dans le chapiteau, Kain avait une quantité de nourriture astronomique et s'était évidemment mis au premier rang, avec les enfants. Malheureusement pour ceux de derrière, ils avaient du mal à voir. Les enfants prirent peur et laissèrent un bon mètre de sécurité autour de lui. Imaginez un petit bonhomme qui ne dépassait pas encore le mètre demander au colosse qui portait une ancre sans sourciller de bien vouloir se décaler. Loyal se plaça également au premier rang et eut d'ailleurs des discussions plus qu'amicales avec les enfants. Ces derniers étaient plus petits que lui et étaient donc digne de reconnaissance et d'intérêt. Il fut d'ailleurs l'attraction principale avant le début du spectacle. Heziel était probablement le seul à s'être mis un peu à l'écart dans une place que l'on considère comme… Normale. Il gardait malgré tout un œil sur les deux hurluberlus, ainsi, au moment où les ennuis arriveraient (il y en a toujours), il aurait été en mesure d'agir en conséquence.  

Le spectacle débuta avec le monsieur loyal qui se présenta. Un grand homme maquillait et à la moustache lissée. Un haut-de-forme reposait sur sa tête tandis qu'il portait le costume traditionnel de rouge et d'or que requerrait sa position de chef de troupe. Il présenta alors les artistes qui défilaient un à un au centre de cette arène circulaire de fortune. Tous avaient des costumes bariolés. Le capitaine en resta bouche bée. Il présenta également l'orchestre du cirque qui était placé au-dessus de l'entrée des artistes. Tous eurent droit à un tonnerre d'applaudissements avant le début des festivités. Lorsqu'ils quittèrent l'arène, monsieur loyal en fit de même avant de lancer à l'assemblée que le spectacle pouvait enfin débuter.

Il débuta sur les sifflements et applaudissements de l'assemblée. Les hurlements du borgne passant par-dessus la plupart des voix. Ils eurent droit à un enchaînement de numéros hors du commun. Que cela soit des simples danseurs, aux acrobates, en passant par les fameux dresseurs d'animaux. Kain fut retenu par Nescafé. En effet, lorsqu'il vit le dresseur mettre sa tête dans la bouche du lion, il n'avait qu'une seule crainte… Que le lion referme sa gueule. Lorsqu'il apprit qu'il le faisait exprès, il en eut des étoiles aux yeux et de la bave sur les babines. Pour le numéro des clowns, tous étaient en train de se tordre de rire face à ses sketchs. Lorsqu'il faisait l'équilibriste ou quand il faisait des farces au monsieur loyal qui était son complice. Un événement incongru survenu à la fin de son numéro où une casserole tomba de nulles parts et vint assommer le pauvre homme. Tous éclatèrent de rire sauf trois protagonistes. Cette farce ultime n'était as l’œuvre du clown, mais du nain qui se trouvait de l'autre côté du chapiteau. Il eut droit à trois regards noirs qui lui donnèrent la chair de poule.

La fin du spectacle se déroula sans réel encombre. Lorsque le capitaine sortit, il s'acheta un t-shirt avec le logo du cirque. Il prit la plus grande taille disponible, mais il était malgré tout trop court. On pouvait voir le nombril du capitaine et c'était à peine si les manches du vêtement arrivaient à recouvrir les épaules de ce dernier. Il confia alors sa veste à ses nakamas. Lui et Nescafé avaient encore envie de s'amuser dans les alentours. Les autres étaient fatigués et décidèrent de rentrer au navire. Heziel hésita longuement à laisser son ami d'enfance partir, mais il avait besoin de faire d'autres courses. Il pria une quelconque entité porte bonheur qui leur faisait jusqu'alors un gros doigt si on s'attardait aux mésaventures qui leur arrivaient depuis le début de leurs péripéties. Peut-être que cette divinité aurait été plus clémente pour une fois.

La fin de l'après-midi se passa sans encombre. Il ne vit même pas la nuit tomber. Il était actuellement trop concentré sur sa pèche aux canards, il était atrocement nul. Le forban n'en revenait pas de voir les gamins s'en sortirent beaucoup plus facilement que lui. Cela nécessitait une main hors pair qu'il n'avait pas. Alors qu'il était expulsé de force par la bonne dame qui tenait le jeu pour enfant, Nescafé entendit quelque chose au loin. Il huma l'air quelques instants avant de murmurer à son maître, il était sûr de lui…

Nescafé: Une jeune femelle en détresse… Faut y aller Kain !

Le borgne se retourna et évita les gestes brusques pour ne pas faire craquer son t-shirt et partit dans la direction indiquée par le hamster. Lorsqu'il arriva sur les lieux, le duo remarqua un étrange spectacle. On pouvait voir le lion du spectacle s'attaquer à sa propre cage ! Ni une ni deux, Nescafé sauta et se retourna vers son nakama en lui faisant un pouce.

Nescafé: Laisse-moi faire !

Kain: Tu es sûr?

Nescafé: N'agit qu'à mon signal !

Le hamster atterrit alors sur le museau du lion. Les bras croisés il prit la parole.

Nescafé: Halte-là le Lion, pourquoi t'attaques-tu à cette demoiselle en détresse ?

Lion: Déjà moi c'est Slimbas !

Nescafé: Excuse-moi Slimbas !

Slimbas: Cette espèce de grosse vient me déranger alors que je pieutais tranquille. Je lui fais comprendre par un p'tit « grrr » qu'elle doit s'barrer d'ma baraque tu vois c'que j'veux dire ? Puis tranquille et tout elle commence à faire iech mes voisines là-bas t'as vu ?

Nescafé se tourna alors vers les dromadaires qui hochèrent de la tête. Le roi des animaux reprit alors son monologue.

Slimbas : Alors moi j'vois que ma cage était ouverte t'as vu, parce que cette bécasse bah en plus d'venir chercher les noises, elle referme même pas la porte quand elle s'barre t'as vu ! Alors moi j'sors de ma cage, normal, et j'vais la voir pour lui demander de bien VOULOIR LAISSER MES COPINES TRANQUILLES !

Nescafé: Oui, c'est tout à fait naturel de ta part.

Slimbas: Je lui fous alors la pression pour qu'elle se barre bien loin d'mon domaine quoi, genre, tac tac !

Il sautille à droite à gauche pour tenter de recréer la scène.

Slimbas: Mais cette saleté d'humaine s'est jetée dans ma piole ?! J'dois réagir comment moi ? En plus genre j'sais pas si t'as vu, mais avec ses fesses elle a complètement saccagé mon pieu. Moi j'suis vert de rage j'en ai ma claque. Alors j'veux lui en coller une à celle-là ! Elle s'prend pour qui ?! Sont fous ces humains.

Nescafé: Ils le sont… T'en fais pas, si elle sort sans faire d'histoires et que tu rentres dans ta maison et tout ça peut le faire ?

Slimbas:… Que ce soit la dernière fois !

Il grogna une énième fois en direction de la jeune fille qui se trouvait dans la cage. Nescafé expliqua rapidement l'affaire à Kain qui ne parlait que le hamster. Il acquiesça et ouvrit alors la porte de la cage. Malgré tout, avant que le lion ne puisse pénétrer à l'intérieur, le pirate eut comme une sorte de spasme. Il attrapa la gueule du lion et plaça sa tête à l'intérieur pour faire comme au spectacle. Il caressa alors la tête du lion. Une veine sur la tempe de l'animal, il referma sa gueule. La tête de Kain se mit à saigner. Il attrapa alors les dents du bestiau et le força à ouvrir sa bouche avant de lui coller une mandale monumentale qui l'envoya voler directement au fond de sa cage qui fit un « bong » sonore.

Kain: TEME!

Le rongeur se frappa la tête de la paume de sa patte.

Nescafé: Pourquoi t'as fait ça...

Kain: Parce que j'avais envie.

Ils se chamaillèrent quelque temps avant de se rendre compte que la jeune fille n'avait pas disparu. Le regard des deux protagonistes se tourna alors vers elle et une seule question sortit alors à l'unisson de leurs lèvres.

Kain & Nescafé: T'es qui toi ?

Le vent soufflait alors que le monde se rapprochait en courant, ils avaient été alarmés par le bruit provoqué par le coup du capitaine.

Alors que j’étais coincée au fond de ma cage, je songeais déjà presque à y passer la nuit. Les lieux n’étaient pas si inconfortables qu’ils en avaient là et le lion n’avait pas l’air d’avoir envie de partir. Alors que tout espoir semblait perdu, deux nouveaux personnages arrivèrent sur les lieux. Un humain accoutré d’une drôle de manière, peut-être une nouvelle mode, accompagné d’un hamster qui se jeta sur le museau du fauve. Je me demandais s’il avait l’intention d’essayer de l’attaquer. Si tel était le cas, c’était peine perdu. Un hamster ne pouvait rien contre un animal armé de griffes et de dents bien plus dangereuses que celles d’un simple rongeur. Néanmoins, rien de tel ne se déroula, et ce fut comme si les deux animaux s’étaient engagés dans une discussion intense dont je ne compris pas le sens.

La suite des événements fut encore plus étrange. L’humain semblait être en train de discuter tranquillement avec son hamster puis vint ouvrir la cage avant de se jeter dans la gueule du lion. Pourquoi ? Je n’aurais su dire, en tout cas, l’animal n’apprécia pas vraiment et je sortis rapidement de la prison tandis que l’inconnu envoyait le fauve dans celle-ci avec une violence surprenante. S’engagea alors une dispute insensée. Cet homme était plutôt intéressant et je l’observais se disputer avec la boule de poil d’un air curieux et surpris, tentant d’en comprendre le sens. Est-ce que ces deux étaient réellement capables de se comprendre ? Cela ne serait que très peu surprenant. Après tout, on rencontrait toutes sortes d’individus dans ce monde.

Mais, alors que je ne faisais de mal à personne et que je continuais à observer les deux individus, je fus surprise et ne pus retenir un sursaut lorsque la question sur mon identité fusa. Que devais-je répondre ? Je n’étais personne en particulier, j’étais juste venu ici faire un tour, sans gêner personne. Il me fallut donc quelques secondes avant de reprendre mes esprit et de répondre le plus simplement du monde :

- Je… Je m’appelle Tenshi Taya, merci de m’avoir aidé, vous m’avez l’air d’être une personne très sympathique même si…

Le détaillant de haut en bas, son accoutrement était vraiment ridicule et je retins tant que mal un rire. Je ne devais pas manquer de respect envers la personne qui m’avait aidé, cela ne serait pas poli ! Reprenant mon souffle, je finis ma phrase :

- Vous avez une façon étrange de vous habillez.

Il n’avait certainement pas trouvé d’habits à sa taille. C’était plutôt compréhensible au vu de sa taille, je devais avoir l’air d’une fourmi à côté. Alors que je finissais ma phrase, une foule commença à arriver sur les lieux, probablement attirée par le bruit. Il fallait dire que mettre sa tête dans la mâchoire d’un fauve pour ensuite le repousser dans un grand bruit n’était pas une idée des plus brillantes, mais je ne pouvais pas trop critiquer mon sauveur. Il n’était peut-être pas très intelligent, mais il avait l’air d’avoir bon cœur, c’était déjà ça. C’était déjà mieux qu’un mauvais intelligent et manipulateur.

Quoi qu’il en soit, le problème était réglé et la foule curieuse c’était attroupé autour de nous en ne comprenant pas bien ce qu’il s’était passé. La blessure de l’inconnu, la présence d’armes accroché au niveau de ma taille et voilà déjà une foule en train de faire de fausses spéculations sur ce qui venait de se passer, commençant à considérer que j’avais tenté de tuer l’homme blessé. Rapidement, deux camps se formèrent dans la foule. L’un deux soutenait que j’étais une dangereuse psychopathe qui avait attaqué un pauvre individu au hasard, l’autre soutenait qu’au contraire, je n’avais fait qu’agir pour me défendre contre cet homme qui avait commencé par me causer des soucis. Aucun des deux camps n’avait raison et je ne voyais pas bien comment les convaincre. Il valait peut-être mieux les ignorer. Haussant les épaules, je repris la parole :

- Et vous qui êtes-vous ?

Lui accordant un petit sourire, je jetai un coup d’œil vers le hamster avant de demander :

- Il est à vous ce hamster ? Il est mignon… Il s’appelle comment ?

Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais attrapé ce hamster pour lui faire des câlins, mais je n’étais pas certaine qu’il apprécié, ce fut pourquoi je me tins à ma place, espérant que la foule disparaisse d’elle-même.

~Un jour quelqu'un a dit, qu'il y avait un trésor inestimable quelque part sur l'océan.
Que la personne qui le trouverait deviendrait le Seigneur des Pirates.
C'est l'ère de la piraterie, la quête du plus grand trésor, le One Piece!

La jeune fille sembla hésitante, mais daigna finalement donner son identité au capitaine. Elle agissait bizarrement, comme si quelque chose sur le borgne dérangeait. Kain haussa les épaules, il s’en moquait. Il n’eut pas le temps de répondre qu’une flopée d’individus vinrent encercler les deux jeunes gens. Les guerres verbales étaient en train de mener à bout les nerfs du pirate. Sa tête penchait régulièrement à droite à gauche, subissant les différentes piques. Il se retenait tant bien que mal de leur donner quelques salutations à coup de poings bien mérités ! Tenshi fut la sauveuse de ces quelques hères, elle reprit la parole et demanda l’identité du gorille. Ce dernier sourit puis pointe son torse de son pouce.

Kain: Ore wa Kain!

Elle renchérit alors et pointa du doigt Nescafé avant de lui demander plus de détail sur ce dernier. Le pirate s’apprêta à répondre, mais il fut interrompu par la chorégraphie de son rongeur. Il venait de se faire épaissir les sourcils et terminait sa mise en beauté avant de s’agiter devant la dame. Il se présenta alors en « squikant » mélodieusement. Malgré la complexité des mots qu’il employait, le capitaine faisait de son mieux afin de retranscrire au mieux les paroles du rongeur.

Kain: Il dit qu’il s’appelle Nescafé et qu’il est ravi de faire votre connaissance et qu’il vous trouve tout à fait euh… T’as dit quoi Nes’?

Nescafé: La crème de la crème, une jeune fille de toute beauté au joli minois qui sent actuellement la fleur avec…

Kain: fleur!

Nescafé: Teme, je crois que t’as zappé une partie de mon argumentaire! Baka !

Kain: Baka… Ah, mais c’est moi que t’es en train d’insulter là Teme?!

Les deux comparses étaient front contre front, dents serrées. Ils remarquèrent que la foule était toujours en plein débat sur les relations qui unissaient les deux humains à la tignasse blanche. Une nouvelle théorie était venue apporter son grain de sel, étaient-ils frère et sœur ? Les deux compagnons avaient consommé leur séparation. Le borgne tendit alors le rongeur à la jeune fille.

Kain: Est-ce que tu veux bien le garder un petit moment s’il-te-plaît ? Il m’énerve et arrête pas de raconter des trucs.

Puis le forban jeta un coup d’oeil autour de lui. Cette population l’énervait, il avait comme qui dirait besoin d’un petit peu de calme. Il gonfla alors ses poumons, arquant ces bras en arrière, il pencha légèrement la tête. Curieuse, la foule détourna son attention vers le colosse. Ce dernier se contracta alors brusquement avant de hurler.

Kain: DÉGAGEZ!

L’effet fut immédiat et toute la foule se dispersa en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. S’assurant qu’il n’y avait eut aucun rebelle dans les parages, il scruta attentivement les environs. Il repéra le petit chat qui essayait de passer discrètement, un simple haussement de sourcil avait suffit à le faire fuir. Le pirate lâcha alors un souffle de soulagement. Son visage pivota alors vers la jeune fille qu’il avait sauvé tantôt avant de lui faire un pouce.

Kain: Allons faire un tour, Tayo !

Il ne se rendit même pas compte qu’il venait d’écorcher le nom de la demoiselle. Il ne lui avait même pas laissé le temps de répondre qu’il avait déjà tourné les talons. Il avait besoin de faire quelque chose. La réponse au « quoi » ou au « comment » n’était pas prête de pointer le bout de son nez. Le pirate allait peut-être créer un lien intéressant avec la jeune fille, mais avant de penser à une quelconque amitié, le gargouillis de l’estomac sans fond faisait rugir son gong.

L’individu à l’accoutrement ridicule et surprenant se présenta alors, me donnant son prénom : Kain. Ce fut ensuite au tour du hamster de parler une langue que je ne comprenais pas, mais que l’individu qui se nommait Kain semblait savoir interpréter. Il me donna donc la traduction. Il s’appelait donc Nescafé et semblait heureux de faire ma connaissance, mais, rapidement, la traduction devint illogique et incompréhensible et, visiblement, l’humain ne retranscrivait pas correctement les paroles du rongeur et les deux comparses entrèrent en conflit. Une scène qu’on ne voyait pas tous les jours. Décidément, on faisait tous les jours de rencontres surprenantes et hautes en couleur ! Cela faisait plaisir, même si la dispute battait son plein et que je n’aimais pas trop ça.

Les rumeurs continuaient à circuler à notre égard, une nouvelle théorie prenant naissance. Que nous étions frères et sœurs. Il pouvait y avoir une légère ressemblance, toutefois, j’étais bien plus petite que ce bonhomme et ce n’était certainement pas pour rien : nous n’avions aucun lien de parenté, tout simplement.

Me donnant le petit hamster, l’individu m’indiqua que ce dernier l’agaçait et ne racontait que des bêtises. Cela ne me gênait pas vraiment, après tout, cette petite boule de poil était assez mignonne pour que je veuille la garder pour moi toute seule. Prenant donc le petit animal dans la paume de mes mains, je le fixais avec un grand sourire, ne prêtant plus trop attention à ce que faisait Kain. Je dis alors :

- Nescafé, c’est très jolie comme nom ! Cela te va très bien en tout cas !

Entendant la voix du grand humain, celui-ci me proposa d’aller faire un tour alors que les gens des alentours avaient totalement disparu. Je n’avais pas très bien compris ce qui s’était passé, mais cela importait peu. L’homme avait déjà tourné les talons et s’en allait. Décidément, j’avais intérêt à suivre le mouvement si je ne voulais pas le perdre de vue. Posant alors le rongeur sur mon épaule pour me libérer les mains, je rattrapai en quelques enjambées le retard prit sur l’individu avant de lui dire :

- C’est Taya, pas Tayo !

Il valait mieux le corriger tout de suite, n’est-ce pas ? Même si je doutais qu’il ne retienne. Après tout, il n’avait pas réussi la première fois, rien ne garantissait que ce soit le cas pour la seconde fois. Entendant les gargouillements dans le ventre de Kain, il ne me fallut qu’une seconde pour comprendre que la faim lui tenaillait l’estomac.

- Si vous voulez, je peux vous offrir à manger pour vous remercier de m’avoir sauvé contre ce lion !

C’était la moindre des choses, n’est-ce pas ? J’étais persuadée que ce bonhomme allait manger une montagne de nourriture, toutefois, cela ne me gênait pas outre mesure, j’avais certainement de quoi payer. La vie de hors-la-loi n’était pas si mauvaise que cela sur ce point-là et me concernant. Continuant la conversation d’un air joyeux, je dis alors :

- Au fait, que faites-vous dans les parages ? Vous êtes aussi venu voir le cirque j’ai l’impression, n’est-ce pas ? J’ai trouvé ça super !

Une discussion assez banale semblait s’être engagée et je ne savais pas si l’individu serait réceptif. Il n’avait pas l’air trop timide ou renfermé en tout cas. C’était une bonne chose. Je n’avais pas envie de m’ennuyer ou de me forcer à faire la conversation ce soir. Après tout, je n’étais pas vraiment une personne à l’aise avec ce genre de choses. Les relations humaines, ce n’était, à vrai dire, pas vraiment mon truc.

~Un jour quelqu'un a dit, qu'il y avait un trésor inestimable quelque part sur l'océan.
Que la personne qui le trouverait deviendrait le Seigneur des Pirates.
C'est l'ère de la piraterie, la quête du plus grand trésor, le One Piece!

L’invitation pour un repas ne tomba dans les oreilles d’un sourd. Kain se mit droit comme un piquet et s’immobilisa quelques instants. De la salive était déjà en train de dégouliner de ses babines. Le capitaine fit alors volte-face avant de saluer respectueusement la jeune fille qu’il considérait actuellement comme une déesse.

Kain: ARIGATO GOZAIMASU!

Lorsqu’il se redressa, la jeune fille renchérit en posant un tas de questions au pirate. Le questionnaire avait été si fourni qu’il fallut quelques secondes de mures réflexions au forban pour les comprendre. Il hocha de la tête puis lui répondit.

Kain: Oui, c’était vraiment cool ! Je voulais leur proposer de rejoindre mon équipage, mais Heziel m’a menacé… Si jamais je les amène avec nous, je serai privé de repas pendant un jour et demi. Ce qui est vraiment pas possible !

Il s’approcha alors de la jeune fille, les larmes à son unique œil avant de se mettre à genou devant elle. Il attrapa alors ses vêtements avant de la secouer un petit peu.

Kain: Je suis en pleine croissance tu comprends ?! Que se passerait-il si je ne pouvais plus manger de viande?!

Il l’a relâcha et continua son mélodrame. Tournant sur lui-même, son caprice prit rapidement fin. Un doux fumet s’évadait d’une étable en haut d’une colline. Les cuisines étaient allumées et les cheminées de l’établi relâchaient une fumée aromatisée. L’odorat du capitaine était plus qu’impressionnant pour repérer de la bonne nourriture. Il passa sa main contre sa bouche avant de faire signe à la jeune fille de le suivre.

Quelques minutes plus tard, la porte du restaurant s’ouvrit et laissa pénétrer les trois individus. Un jeune serveur vint se présenter au couple de hors-la-loi avant de les convier à une table. En tenant compte de la taille gargantuesque du pirate, ils eurent droit à une grande table ronde qui était normalement réservée pour quatre personnes. Le borgne put s’asseoir avec sa délicatesse habituelle. Son t-shirt attirait toujours autant l’attention. Lorsque le serveur vint prendre la commande, le capitaine remercia une dernière fois la jeune fille.

Kain: Apportez-nous un festin!

Les deux protagonistes eurent en même temps une étrange lueur dans leurs yeux. Le serveur reprit alors les cartes qu’il avait distribué tantôt avant de disparaître dans la cuisine. Deux minutes plus tard, les clients entendirent un étrange rire qui provenait de la cuisine. Une petite femme grassouillette en sortit alors, elle portait une charlotte, un tablier taché et avait à sa ceinture un véritable arsenal de cuillères en bois. Elle s’approcha alors de la table où se trouvait l’étonnant trio. Elle avait les mains posées sur sa taille, souriante elle proposa un défi à la table.

Chef: Bonsoir mes mignons, alors c’est vous qui avez demandé un festin ?

Le capitaine hocha de la tête très rapidement, il était très excité à l’idée de commencer à manger.

Chef: Je vous propose un petit défi. Si vous arrivez à manger à vous deux une centaine de mes plats, alors je vous l’offre !

Les yeux de Kain brillèrent, même s’il avait été invité à manger, l’idée de manger gratuitement lui plaisait encore plus. Un défi à sa hauteur ! Même si secrètement, il avait la fâcheuse tendance à quitter les restaurants sans payer l’addition.

Chef : Par contre, si vous échouez, alors vous devrez payer… le triple de la somme de tous les plats !

Elle montra ses doigts pour accentuer la gravité du pari Kain se voyait déjà gagnant, mais alors qu’il était perdu dans ses pensées, un des clients ne put s’empêcher d’éclater de rire. Au même moment, le serveur de tantôt ressortait des cuisines. Il était en train de pousser un chariot avec un plat généreux pour un humain normalement constitué. Le client hilare pointa alors le trio avec sa fourchette avant de prendre la parole.

Client: Vous n’y arriverez jamais ! L’chef est reconnu pour rassasier chacun de ses clients avec un seul de ses plats ! Alors n’imaginez même pas en finir une centaine, il faudrait un véritable régiment !

Chef: Hey, n’essaie pas de…

Kain: Je relève le défi!

Chef: C’est l’esprit mon garçon… C’est parti, un festin, un! Essaye de pas être rassasié trop vite ![/color]

La chef retroussa ses manches avant de disparaître en cuisine. Le serveur qui venait de terminer de débarrasser les tables la suivi. Il s’épongea le front, la soirée ne faisait que commencer. Kain était déjà en train de frapper ses couverts les uns contre les autres, en rythme et impatient d’avoir le premier plat. Nescafé était debout sur la table, les bras croisés. Il ferma les yeux et remonta légèrement son menton vers le plafond avant d’ouvrir fièrement les hostilités.

Nescafé: Eux ont une armada de plat à nous faire manger, mais nous… Nous avons Kain.

Lui proposant de lui offrir à manger, l’individu accepta avec beaucoup d’entrain. Cela me fit légèrement sourire. Au moins, il allait égayer ma journée et la rendre un plus vivante. Ne répondant pas immédiatement à mes questions, il avait l’air de réfléchir, j’attendis donc quelques instants avant d’entendre la réponse. Il avait visiblement beaucoup apprécié le numéro de cirque et avait même voulu que les artistes intègrent son équipage. Drôle de personnage. Visiblement, il avait rapidement été dissuadé par la personne qui le nourrissait et l’avait menacé de ne plus lui donner à manger. C’était assez original comme relation en tout cas.

Se mettant alors à genou, j’eus peur qu’il me demande soudainement en mariage. Quelle idée de se mettre dans une telle position ! Mais il n’en fut rien, il se mit simplement à pleurer, se plaignant des risques qu’il courrait s’il ne mangeait pas. Puis il reprit le chemin, comme si de rien était, visiblement attiré par l’odeur de nourriture. Il est vrai que cela sentait très bon, mais je n’avais, pour ma part, pas très faim. Il ne fallut que quelques minutes pour atteindre le fameux restaurant dans lequel nous entrâmes. Nous installant à une grande table, l’individu me remercia avant de commander un festin. Cela n’était pas vraiment sur la carte, pourtant, le serveur accepta la commande et s’en alla vers les cuisines. Fronçant les sourcils, je n’étais pas certaine d’avoir bien compris mais peu importe, tant que l’homme pouvait manger à sa faim.

Une femme sortit des cuisines, il devait s’agir du chef du restaurant. S’approchant de notre table, elle nous demanda si nous avions commandé un festin. Elle avait l’air heureuse de cette annonce, sûrement que cela ferait le chiffre de la soirée, voire de la semaine. Elle proposa alors un défi : si nous parvenions à tout manger, le repas sera offert, sinon, il coûtera trois fois plus cher. Hésitant à répondre à l’affirmative à une telle proposition, je n’eus pas le temps de m’imposer car mon nouvel ami avait déjà commencé à accepter le défi. Pourtant, un client l’avait mis en garde contre cette option. Dire que j’allais devoir payer toute cette nourriture… À moins que cet individu soit un énorme mangeur, mon porte-monnaie risquait de prendre un coup.

Le chef retourna dans les cuisines, tandis que Kain faisait résonner ses couverts les uns contre les autres, manifestant très clairement sa présence à tout le monde. Souriant doucement, il avait l’air d’un enfant. Il était plutôt rare de croiser de tels personnages sur les mers et cela me fit, en quelque sorte, chaud au cœur. Le fixant donc un grand sourire aux lèvres, j’avais oublié le prix du repas et me contentai de reprendre la conversation :

- J’espère que tu as faim, je ne suis pas une très grosse mangeuse pour ma part, sauf quand il s’agit de pâtisserie ! J’avoue avoir un certain faible pour ces merveilleuses sucreries.

Fermant les yeux un instant, le fait d’y penser me donna envie d’en déguster une. Avec un peu de chance, il y en aurait dans ce festin. Après tout, que serait un festin sans dessert ?

- Alors comme ça, tu as un équipage ? Serais-tu le genre d’individu à pratiquer la piraterie ? Tu ne ressembles pas vraiment aux clichés qu’on nous renvoie à propos de ces hommes, tu as même l’air d’être tout le contraire !

Marquant un temps de pause, la porte des cuisines s’ouvrit à la volée, faisant apporter et venir les premiers plats sur la table. Celle-ci fut rapidement pleine de plats en tout genre. Il y en avait pour tous les goûts et j’allais certainement trouver quelque chose qui me plaisait là-dedans… Du moins si Kain ne mangeait pas tout avant. Néanmoins, il ne s’agissait probablement que de la première tournée. J’espérais que c’était aussi bon que ça en avait l’air.

- Tu n’aurais pas quelques histoires trépidantes à me raconter ? J’aime bien écouter ce genre de récit !

Après avoir prononcé ces paroles, j’utilisais une fourchette pour piquer dans ce qui ressemblait à une boulette de viande avant de la manger, attendant une réponse de mon interlocuteur.

~Un jour quelqu'un a dit, qu'il y avait un trésor inestimable quelque part sur l'océan.
Que la personne qui le trouverait deviendrait le Seigneur des Pirates.
C'est l'ère de la piraterie, la quête du plus grand trésor, le One Piece!

Le festin n’avait pas encore commencé. Tenshi avait décidé de prendre la parole, s’intéressant davantage à l’énergumène qui lui faisait face. Il écouta plus ou moins attentivement ses phrases ainsi que ses questions, en effet, l’appel de la nourriture était puissant. Il prit malgré tout le temps de réfléchir à une réponse plus ou moins construite qu’il lança simplement.

Kain: Oui, j’ai un équipage ! Le meilleur qui soit, on n'est pas nombreux pour le moment, mais je suis sûr que je vais trouver des nakamas dignes de confiance !Il me faudrait maintenant un musicien, quelqu’un pour réparer mon navire, un navigateur, un médecin… Plein de gens géniaux ! Et je ne comprends pas ce que tu veux dire… Pratiquer la piraterie ?

Il n’avait pas compris que la jeune femme parlait probablement de pillages et de tueries qui parsemaient les actes de la plupart des pirates de ce monde. Kain n’avait pas le temps de faire le lien, quelque chose de bien plus important était en train de passer les portes de la cuisine… Le début du repas. Les serveurs s’attelaient à amener des plats en tous genre tous plus copieux les uns que les autres. Ils étaient tous différents, pourtant, un fait était incontestable, ces mets étaient très probablement tout délicieux. Il n’attendit pas le signal de son hamster avant de planter sa fourchette dans le premier morceau de viande qui passait à sa portée. Il attrapa un sandwich de sa main libre, il entama son marathon en englobant la nourriture avec des bouchées monstrueuses. La jeune fille qui lui faisait face lui demanda s’il n’avait pas des histoires à raconter. Il prit le temps de cligner de l’œil avant d’avaler ce qu’il avait dans la bouche. Le capitaine se gratta alors le menton avant de reprendre de la nourriture, pas le temps de niaiser après tout...

La nourriture présente sur la table baissait à vue d’œil avec ce glouton. Les serveurs furent étonnés en voyant à quelle vitesse il était en train de descendre tous ces plats. Généralement, un tel menu était réservé pour une grande tablée de personnes. À lui tout seul, il surpassait allègrement la vitesse de gavage de ces fameuses tablées. L’un d’eux se précipita d’ailleurs dans la cuisine vers la chef qui était déjà attelée à préparer les prochains plats.

Serveur: Patronne, patronne ! Cette fois c’est du sérieux, il se pourrait bien que le grand dadais aux cheveux blancs soit capable de remporter le défi !

Chef: Voilà qui est intéressant… Je suis encore loin d’avoir tout donné ! Au boulot, débarrassez les assiettes vides !

Le serveur s’exécuta et alla informer les autres employés des directives de la patronne. De l’autre côté, Kain, Tenshi et Nescafé étaient toujours en train de profiter du repas. Le borgne avait effectivement de nombreuses histoires à raconter, toutes plus loufoques les unes que les autres. Le pirate avait un débit de parole important, cela aurait pu être très agréable à écouter s’il ne mangeait pas en même temps. Il fallait faire preuve d’un certain effort de traduction, mais aussi être assez agile pour éviter les postillons et les morceaux de nourriture que le borgne libérait lorsqu’il était en train de déblatérer. En bref, le repas était, on ne peut plus, animé.

L’individu ne manquait pas de joie de vivre, c’était le moins qu’on puisse dire ! Il avait l’air d’être à la recherche d’encore bien des membres dans son équipage, à croire qu’il était encore seul dans ce dernier. Je me demandai ce qui pouvait bien motiver des hommes à partir ainsi à l’aventure, à tout quitter. Une vocation peut-être. Cela n’avait jamais été la mienne, mais il faut bien vivre, non ? Et pour cela, un certain nombre de sacrifice s’imposait. D’un côté, j’admirais ce genre d’individus, prêt à tout abandonner pour partir à l’aventure et vivre au jour le jour, ne sachant pas ce que réservaient les mauvaises surprises du lendemain.

Néanmoins, je fus rapidement interrompue dans mes pensées par l’arrivée des premiers plats. Je me contentai de picorer discrètement dans ces derniers, laissant le gros morceau à mon nouvel ami. Il ne se gênait d’ailleurs pas pour manger avec rapidité. À croire que c’était une pratique à laquelle il était habitué. Son cuisinier devait avoir un sacré talent pour pouvoir suivre le rythme seul. La vitesse à laquelle la nourriture baissait semblait affoler les cuisiner et serveurs qui ne pouvaient simplement pas en croire leurs yeux. Néanmoins, il n’était pas question d’abandonner et les prochains plats étaient déjà en préparation. Qui allait flancher en premier ?

Tout en avalant sa nourriture, le pirate commença à parler. Des mots et de la nourriture sortaient de sa bouche. Les premiers étaient incompréhensibles, je ne parvenais qu’à saisir quelques morceaux de phrase qui, remises ensembles, n’avaient pas le moindre sens. J’avais donc rapidement renoncé à comprendre quelque chose des récits du mangeur. De toute façon, il avait l’air bien plus préoccupé par ce qu’il était en train de déguster que par faire la discussion.

Rapidement les plats vide furent repris et de nouveaux arrivèrent sur la table. À croire que le flux de nourriture ne devait jamais cesser. De quoi remplir le ventre d’une dizaine, d’une vingtaine d’hommes normalement constitués. Je ne lui étais certainement pas d’une grande aide dans ce combat, mais je commençais à avoir quelque peu faim. Jetant un coup d’œil au petit hamster, je me demandais bien ce qui avait pu conduire ces deux individus à se rencontrer. Et puis, un hamster, ça ne vivait pas très longtemps, si ? À moins que celui-ci soit spécial, il risquait de mourir de vieillesse assez rapidement. Enfin, il valait mieux ne pas poser ce genre de sujet sur le tapis, ce n’était généralement pas le genre de choses qu’on aimait entendre. Tentant tant bien que mal de tenir une discussion malgré les propos incompréhensibles de l’individu, je pris la parole :

- Je suis certaine que tu as encore plein de belles choses à vivre dans le futur et que tu trouveras rapidement les compagnons dont tu as besoin pour tes aventures ! Vous devez bien vous amuser en tout cas !

Il était certain que je n’avais jamais eu l’occasion de partager de tels liens avec d’autres personnes. Après tout, je gardai explicitement mes distances avec les autres, considérant cela comme un danger, autant pour moi que pour eux. Toutefois, vivre des aventures à plusieurs, partager de bons moments me manquaient, ou plutôt, me donnaient envie. Qui sait, peut-être que bientôt, la chance allait me sourire et me sortir de cette vie monotone.

- En tout cas, si j’ai besoin d’un peu d’animation, je saurais où aller chercher !

Je disais presque cela pour moi, ne me souciant pas vraiment de la réponse de l’ogre. Les plats continuaient à défiler et je ne pouvais pas vraiment suivre le rythme. L’homme avait certainement englouti cent fois plus de nourriture que moi en dix fois moins de temps. Il n’y avait pas moyen de rivaliser contre ça.

~Un jour quelqu'un a dit, qu'il y avait un trésor inestimable quelque part sur l'océan.
Que la personne qui le trouverait deviendrait le Seigneur des Pirates.
C'est l'ère de la piraterie, la quête du plus grand trésor, le One Piece!

Manger tous ces plats demandait une concentration hors normes pour le borgne. En effet, il n’avait pas l’habitude de manger autant depuis qu’il avait pris la mer avec ses compagnons. Le manque de berrys était flagrant et il n’était pas possible pour le Coffe de préparer une telle quantité de nourriture tous les jours. Mais le capitaine ne laissait pas ce genre d’adversaire l’intimider. Il avait déjà vécu un nombre incalculables de banquets par le passé. Un simple repas ne pouvait pas le vaincre aussi facilement !

C’était avec une volonté renouvelée que le borgne s’attaqua à la dernière partie des plats que la chef de l’établissement lui proposait. Dans les cuisines, elle était en train de suer, c’était un véritable challenge pour elle aussi. La fin des plats chauds marqua l’arrivée des desserts en pagaille. Que ce soit les pâtisseries ou les fruits bouillis, tous passés par le ventre sans fond du capitaine dont le ventre était déjà bien gonflé. Les serveurs étaient estomaqués par une telle prestation, mais ne pouvaient pas se reposer sur leurs lauriers.

Le débit à la fin du repas avait ralenti, c’était à ce moment-là que Kain en profita pour renchérir sur ce qu’avait dit son interlocutrice. La bouche à moitié pleine, il postillonna quelques morceaux de gâteaux en même temps.

Kain: Bah chi tu veux, tu peux voyacher quelques temps avec nous ! T’es bich’arre et cool!

Kain avait ses propres critères pour inviter les gens à voyager avec sa bande de fous furieux sur son navire. Il fallait que les gens soient, selon lui, bizarres et cool. Pour une raison particulière, il appréciait cette jeune fille qui lui tenait compagnie et cette invitation prenait ainsi tout son sens.

Le borgne n’attendit pas la réponse de la jeune femme et se concentrait finalement sur la fin du repas. Il lui laissait après tout le temps à la réflexion. Nescafé, lui, était semblait-il, ravi de la proposition de son maître. Après tout, c’était l’occasion de sympathiser avec l’incarnation même de la douceur et de la féminité. Plutôt que de se pavaner continuellement avec un cuistot raide dingue de sa vaisselle, d’un farceur du dimanche et du gros plat de soupe qui lui servait de boss.

Le repas toucha finalement à sa fin, l’ultime plat fut apporté à Kain qui n’en pouvait finalement plus. Son ventre était gonflé à bloc et sa langue dépassait de ses lèvres. Il semblait ailleurs, comme s’il était rentré dans un état second. Le dernier gâteau fut apporté sur la table. Le borgne le scruta quelques instants avant de plonger son doigt à l’intérieur de la pâtisserie. Une fois enduit de crème, il le porta à ses lèvres avant de sucer goulûment le sucre sur son index. Entièrement satisfait du goût, il attaqua le plat avec les dernières parcelles de voracité qu’il lui restait.

La chef sortit alors de le la cuisine et regarda le capitaine des Dokugans avec une certaine admiration. Force était de constater que cet homme avait été capable d’aller au-delà de toutes ses attentes. Elle qui avait fait fortune en plumant les personnes qui se prétendaient aimer manger depuis des lustres. Elle était finalement tombé sur quelqu’un qui avait un appétit digne de ce nom. La bouche bée, elle regardait sans dire mot le borgne en train de lécher l’ultime assiette. Ce dernier la reposa avant de se tapoter le ventre.

Kain: Oouuuuh, j’suis plein!

Serveur: Diantre, quel impolitesse !

Chef: Maaa, ce n’est rien Baurice… Ce jeune homme a été...

Tout à coup, le visage du borgne se métamorphosa, laissant alors apparaître une immonde grimace sur son visage. Nescafé sur le qui-vive, se leva immédiatement avant de demander à Kain si tout allait bien.

Kain: Je sens que je vais…AAAAAH!

Nescafé: KAIN !

Le pirate fit ce qui devait arriver, un rot monumentale, d’une rare beauté. Le rot gras, parmi les rots gras. La puissance de ce rot obligea d’ailleurs le rongeur à s’accrocher au verre de table qui était posé devant lui. Ce gaz naturel sembla d’ailleurs s’éterniser, certains se demandaient même s’il n’allait pas régurgiter son repas, mais Kain n’en fit rien. Une fois son affaire terminée, il prit alors la serviette avant de s’essuyer délicatement les lèvres, comme si rien ne s’était passé.

Kain: Ouuuh… ça fait du bien, ça fait depuis la moitié du repas que j’avais envie de roter, mais ça s’était accumulé, du coup, j’étais un petit peu ballotté pendant le repas Gnihihi…

Le personnel du restaurant à l’unisson: NANIIIII ?!

L’incarnation même de l’élégance qu’on vous dit… La chef de cuisine en fut tétanisé, elle n’avait jamais pensé pouvoir faire la rencontre d’un personnage aussi excentrique. Elle tomba d’ailleurs à genoux, non pas à cause de l’odeur du rot, mais à cause d’un puissant sentiment de défaite qui lui rongeait l’esprit. C’était avec la larme à l’oeil qu’elle lâcha ces quelques mots…

Chef: J’ai perdu sur toute la ligne...

Le repas continua ainsi durant de longues minutes ou heures, je n’aurais su dire. J’admirais l’individu avaler une quantité de nourriture bien plus importante que ce qu’un être humain aurait pu faire. Moi-même, j’avais déjà assez mangé. Je me contentais donc d’attendre la fin du repas, espérant que l’individu ne me ferait pas payer cette quantité de nourriture énorme en laissant une bouchée. Toutefois, il semblait que je puisse lui faire confiance.

Alors que le repas s’approchait de la fin, l’individu s’adressa à moi, la bouche pleine de nourriture. Sa mère ne lui avait probablement pas appris qu’il ne fallait pas parler la bouche pleine. Haussant les épaules pour moi-même, je l’écoutai me proposer de voyager avec lui. L’idée était fortement tentante. Toutefois, je ne pouvais me le permettre. Si j’en avais grandement envie, Akimitsu, lui, ne tarderait pas à s’opposer sévèrement à l’idée et je devais reconnaitre qu’il aurait raison. Il n’était pas raisonnable, pour le moment, de s’attacher à quiconque sur cette terre. Voyager avec des pirates, qui plus est, risquait de ne m’apporter que plus de problèmes. Baissant mon regard vers la table, je demeurai plongée dans mes pensées, attendant la fin du repas pour offrir ma réponse au Capitaine.

Il avait commencé à s’attaquer au dernier gâteau à l’aide de ses doigts, avec autant de délicatesse qu’un buffle. Cela m’arracha un petit sourire. Cet homme n’avait aucune retenu et cela fut démontré une nouvelle fois lorsqu’il laissa s’échapper un rot de sa bouche. Décidément, je ne faisais que rencontrer des individus aussi étranges que surprenants. Je devais certainement les attirer à moi sans le vouloir. Au moins, cela mettait du piment dans ma vie. C’était toujours plus amusant que de tourner en rond et ne rien faire. Son comportement avait d’ailleurs l’air de surprendre l’ensemble du restaurant.

La chef du restaurant, au bord de la crise de nerf visiblement, se laissa tomber à genoux, acceptant sa défaite à contrecœur. Jamais elle n’avait été préparée à une telle concurrence. Au moins, ce repas serait gratuit. De toute façon, je n’aurais jamais eu les moyens de payer une telle somme d’argent et nous aurions du, d’une manière ou d’une autre, trouver un stratagème pour éviter de payer. Payer ma dette en restant travailler dans ce restaurant ne me tentait pas vraiment.

Ne me préoccupant plus du reste du restaurant, j’adressai enfin ma réponse au Capitaine et à son animal de compagnie. Réponse qui risquait de ne pas trop leur plaire.

- Merci de ta proposition, mais je suis dans l’obligation de refuser. Vous avez l’air d’être une bande de joyeux lurons, toutefois, je ne peux pas me permettre de m’attacher à quiconque, pour le moment en tout cas. J’espère que tu ne m’en voudras pas trop.

J’adressai un grand sourire aux deux individus avant de reprendre la parole :

- En tout cas, si j’ai besoin de compagnie, je saurais où chercher à l’avenir. Et aussi si j’ai besoin d’un repas gratuit et gigantesque. Je suis certaine qu’on se reverra un jour ! Ce sera l’occasion de faire la connaissance de l’ensemble de ton équipage.

Je ne prêtais plus aucune oreille aux gens autour de nous. Une rumeur se propageait dans la foule, un murmure duquel semblait ressortir un nom en particulier : celui de Kain. Tous étaient impressionnés et certains commençaient à dénoncer une tricherie de sa part. La taille de son ventre avait anormalement augmenté, n’y aurait pas là la marque d’un quelconque subterfuge ? Un homme ne pouvait avaler une telle quantité de nourriture. Moi, je ne pouvais pas penser que l’homme avait réussi à tricher. On ne jouait pas avec la nourriture. Et, quel aurait pu être l’intérêt ? Se faire offrir à manger pour ne rien manger ? La chef, elle-même, avait l’air agacé par ces murmures. Elle qui était spécialiste de la nourriture, elle n’aurait pas manqué de remarqué si l’homme avait usé de quelques illusions ou sortilèges. Elle était vaincue et acceptait la défaite.

- Nous ferions mieux de partir.

L’atmosphère devenait quelque peu pesante, les soupçons planant sur le grand homme et son petit animal. Soupirant, je doutais que l'individu n'allait pa se décider à quitter les lieux en faisant profil bas de si tôt. Me levant de la table pour la quitter et laisser ici mon nouvel ami, je lui fis un geste de remerciement.

- Je te remercie pour le repas et... pour tout le reste ! Je suis certaine que nous serons conduits à nous revoir à nouveau !

Lui adressant des adieux, je quittai le restaurant d'un pas tranquille. Il allait certainement pouvoir se débrouiller pour la nourriture. Après tout, il avait gagné son pari. Je ne m'inquiétais pas pour lui. Je repartis donc, paisiblement et le ventre plein, vers de nouvelles aventures.