Sardegna, 234.000.000 berrys.

Le lieutenant d’Hadès avait repris du poil de la bête et c’était peu de le dire. Contrarié d’avoir perdu une éventuelle recrue pour son supérieur, il avait redoublé d’effort pour ne pas rentrer les mains vides et se retrouvait aujourd’hui dans un coin plutôt isolé. Seuls une douzaine d’hommes étaient présents et tentaient actuellement de mettre à mal l’homme-bête. Une divergence d’opinion sans doute. Ce n’était pas pour déplaire au lieutenant du Yonkou qui avait maintenant de quoi passer ses nerfs. Esquivant sans mal divers coups et plusieurs balles, il venait simplement de mettre à terre deux des hommes présents d’une seule main.

Sans reculer, il se redressa pour sortir de sa veste un escargophone. Absolument imperturbable il décrocha tout en explosant le crâne d’un troisième individu qui semblait sûr de lui.

- Qu’est-ce que c’est ?

La voix était plutôt neutre, ne trahissant pas ce qu’il pouvait se passer autour de lui. Peut être une pointe d’agacement pour être dérangé pendant sa castagne mais sans plus : après tout, il n’avait pas besoin de toutes ses forces.

Sardegna, 234.000.000 berrys.

Sérieusement ? Ils espéraient sérieusement profiter du fait que l'homme bête était en communication pour lui asséner un coup tordu ? Les pauvres n'avaient décidément pas compris avec qui ils se battaient. Attendant la dernière seconde, il recouvrit ses dents de haki pour broyer une tête de ravisseur, un met plutôt immonde qu'il cracha sans plus attendre.

Son interlocuteur avait annoncé son nom. Grand bien lui fasse mais Sardegna ne savait tout bonnement pas à qui il s'adressait même si vaguement, le nom lui disait quelque chose. Remarque, s'il appelait c'est qu'il avait une raison ! Alors qu'il s’apprêtait à répondre, une lame vint se fracasser sur son épaule gauche, le rendant alors un peu plus ronchon que ce qu'il avait prévu à la base.

- Ouai et qu'est-ce que tu veux ?

Il n'allait évidemment pas se dévoiler de cette façon. Le lieutenant d'Hades se devait de rester un minimum discret des fois qu'il ne soit localisé par quelques personnages embêtants.

Sardegna, 234.000.000 berrys.

L'homme-bête peinait à joindre les deux bouts. Il ne restait plus que quatre hommes au total quand ce dernier réalisa enfin qui était au bout du fil. Il n'en revenait tout simplement pas : son opposant d'il y a quelques temps avait pris pour argent comptant la ruse de l'homme-bête, comment était-ce vraiment possible ? Était-il crédule à ce point ?

Explosant littéralement de rire au combiné, il en venait presque à se rouler par terre. Le numéro avait été envoyé dans l'unique but de créer une ruse, une diversion pour mieux le frapper ce jour là. Evidemment, il n'avait pas pu écrire un faux numéro et il s'agissait bien du siens. Sur un simple bout de papier dans l'optique de rester le plus discret possible mais en aucun cas il ne pensait qu'il appellerait.

Manquant de se faire entailler, il répondit toujours en se ressaisissant quelque peu. Pour le coup, c'était innatendu, il éclata trois des individus restant, n'en laissant qu'un qui allait sans doute fuir d'une seconde à l'autre.

- Tu n'es vraiment pas prêt pour le nouveau monde gamin.

C'était un constat. Un simple constat que pouvait faire l'homme bête. Cet homme était responsable d'une perte d'une potentielle recrue et espérait véritablement obtenir de l'aide d'un Yonkou par la suite ? Ah les jeunes et leur crédulité !

- Grandis un peu ou le méchant loup risque de te manger tout cru...

Cette phrase était aussi bien pour son interlocuteur que pour le dernier représentant du groupe qu'il affrontait. Sortant les crocs, avec un sourire carnassier, le lieutenant d'Hadès avait un regard meurtrier, une voix un peu plus grave et ironique. Ça ne présageait vraiment rien de bon pour le dernier survivant.

Sardegna, 234.000.000 berrys.

Quoi qu'il pouvait en dire, l'homme bête n'avait pas eu de victoire écrasante face à son adversaire de la dernière fois. Certes, Sardegna était bien plus expérimenté et avait un appui indéniable. Nul doute qu'il était persuadé de sa victoire dans le combat étant donné que son ennemi avait fui tel un lâche, mais il avait néanmoins subit un cuisant échec pour la réalisation de sa mission, et ça : il ne le digérait pas.

Terminant son affaire d'un coup de griffe bien sentie sur le dernier survivant, il se redressa avant de reprendre sa conversation comme si de rien était. Il riait toujours devant le côté sérieux de son interlocuteur mais il ne put s'empêcher de répondre.

- Parce que tu penses que j'ai du temps à gaspiller pour écrire des faux numéros ?

Simple question rhétorique, en vérité, il n'attendait pas de réponse et c'est ainsi qu'il continua dans sa lancée. Il n'avait pas spécialement voulu l'attaquer par surprise : quand un chasseur chasse sa proie, il pose des pièges. Les petits animaux tombent dedans et Sardegna pensait clairement faire parti des sommets de la chaine alimentaire. Son interlocuteur n'était donc désormais plus qu'une proie qu'il mangerait bientôt.

- Allez ! Souris ! J'reviens bientôt : j'ai particulièrement faim de toi et de ton ami...

Le son de la voix avait été le même que précédemment pour l'homme qui gisait maintenant à ses pieds. Un seul détail était différent : il ne parlait plus à son ennemi du jour mais ciblait directement son interlocuteur.

Après s'être assuré qu'il avait bien compris, le lieutenant d’Hadès raccrocha sans même une formule de politesse : sûr de lui, sa dernière phrase expliquait clairement le ressentiment qu'il tenait à l'égard du capuchonné.