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Lun 31 Oct - 22:08
Besoin d'air
Kanäe Toupex, jeune femme née sur l’île végétale de Noréa, île attaquée et population décimée par un pirate cinq ans auparavant, avait rejoint la marine quelques mois après son départ de l’île, il y avait environ trois ans de cela. Après quelques tests d’évaluation et la visite de quelques casernes où la belle s’était illustrée par sa violence à l’encontre de la gente masculine, la petite verte avait enfin terminé dans la grande cité de Marijoa, au sein d’une caserne de gardes urbains commandé par un grand homme chauve et puissant. L’homme en question avait fondé sa propre famille et aimait incroyablement sa femme et sa fille, le jour où il avait rencontré la verte, il lui trouva un surnom qu’elle garderait très longtemps pour lui et l’accueillit dans sa famille comme une seconde fille. Le temps avait passé et ainsi trois ans s’étaient écoulés, trois années loin de toute relation sociale après les séparations déchirantes avec celui qu’elle considérait comme un petit frère. Les seules personnes auprès desquelles Kanäe trouvaient du réconfort était ses parents d’adoption et sa sœur d’adoption tout en restant très parcellaire sur sa vie passé et sur ses sentiments. S’être ouverte au petit Erwin lui avait permis de retrouver le sens social mais la perte du petit roux lui avait laissé une blessure profonde, sa carapace s’était alors retrouvée doublée par l’indifférence et la peur.
Trois années durant lesquelles la solitude prenait le pas sur tout autre sentiment malgré les multiples encouragements de son mentor pour se faire des amis, la verte se sentait mieux seule et mettait toujours des barrières devant toutes les autres personnes. Vint enfin ce mardi funeste où après une énième morale du chauve sur l’importance des liens sociaux, la jeune femme ne put se contenir et explosa littéralement en employant des mots durs et terriblement tranchés. Le soir même ; elle décidait de prendre la mer pour prendre l’air et vivre en-dehors de cette caserne pour quelques temps au moins. Elle avait donc tout quitté, avait pris ses congés et avait pris le premier bateau en partance, qui en l’occurrence voguait vers l’Archipel des Geckos sur East Blue. Kanäe eu à peine le temps de se renseigner sur l’île en question, une île calme et sous gouvernance paisible : une île où elle pourrait tranquillement se reposer en reprenant un peu plus ses activités botaniques.
Le voyage fut paisible et la jeune femme arriva rapidement sur l’île le cœur lourd de la mauvaise ambiance qui avait pu se dérouler avec son bienfaiteur, quoiqu’il en soit, le mal était fait et autant profité de ses belles vacances. L’arrivée sur l’île était telle qu’espérée, calme, sans aucune personne pour l’attendre et pleine de promesse forestière. La mouette prit son paquetage et se dirigea en forêt pour y planter sa tente et passer sa première nuit sur cette île inconnue. Elle se tint assise devant cette pièce de tissu qui allait la protéger des caprices du ciel durant ce périple.
Enfin…
Ce premier et seul mot était lourd de sens ; enfin seule, enfin loin de tout cela, enfin près des arbres… Elle retrouvait ici un peu de sa vie passée mais sans famille, sans ami, seule avec la nature. Les heures qui allaient suivre ne seraient pas celles dont elle attendait.
L’odeur de la mort, ça collait à la peau. Pire que celle du sang. Le sang, frapper, me battre, c’était pas nouveau, pour moi. J’aimais tout ça, je le savais déjà. Tuer, par contre, c’était tout neuf. Sur le coup, ça avait été génial, comme une symphonie de sensations qui s’entremêlaient les unes aux autres, pour créer des harmonies toujours plus parfaites. J’imagine que ça peut en traumatiser certains, ou en faire culpabiliser d’autres de tuer. Moi, je faisais partie de ceux qui y avaient pris goût. Je n’avais pas commis beaucoup de meurtres, mais assez pour ancrer en moi le souvenir d’un plaisir intense. Comment oublier le moment, l’instant précis où un être perd l’entité à laquelle il est le plus attaché ; sa vie ? Ce bonheur, il était resté en moi longtemps, jusqu’à ce que je ne puisse plus l’effacer totalement. Seulement, il s’était atténué avec lenteur, jusqu’à ne laisser plus qu’une trace de plaisir, insuffisante pour subvenir à un véritable bonheur. Comme une piqûre de moustique qu’on ne peut pas gratter, tuer, ça me démangeait. J’avais besoin de recommencer, autant de fois qu’il faudrait pour atteindre l’ataraxie.
Le problème, c’était je n’avais personne à agresser. Enfin… Si, ça aurait pu tomber sur n’importe qui, en fait. Mais la marine rôdait toujours. A côté d’elle, j’avais l’impression d’être une proie, pas un prédateur. Ou un animal en cage, plutôt, dont la marine constituait les barreaux. Je n’avais pas directement peur de la marine, mais je pensais trop aux conséquences. Là, j’aurais pu sauter sur ce garçonnet aux boucles dorées pour lui déchirer la peau, mais après ? Le sort qui m’aurait été promis n’aurait pas été bien plus enviable que celui du garçon. Alors, si je ne pouvais pas tuer physiquement, il m’arrivait souvent de me perdre dans mon esprit. Je m’imaginais bondissant à la gorge de ce passant, mordant cet autre jusqu’au sang, je me rêvais assez puissante pour arracher les membres de celui-ci. Mais ce n’était que du placebo, ça marchait tant qu’on y croyait, puis ça repartait dès qu’on revenait à la réalité. C’était toujours insuffisant.
Puis, à côté de ce manque qui me rongeait, ma vie était vraiment… pas palpitante. Je faisais bien quelques rencontres par-ci, par-là, mais je n’avais aucun ami. En même temps, s’attacher à des personnes, ça me paraissait trop épuisant. C’était avant que je connaisse Charlotte. Et du reste, c’était pas mieux. Je ne savais absolument pas que faire pour gagner mon pain, je m’ennuyais, je n’avais plus de chez moi, plus rien. Ca faisait chier. Me vint alors l’idée de reprendre l’affaire de George. Mais je l’abandonnai vite, consciente que je n’avais aucune grande qualité de marchande. Pourtant, l’idée persistait dans un coin de mon esprit. Je pensais que, dans le fond, c’était mieux que de ne rien faire. C’était avant que je fasse couler son commerce.
Mais attendant de découvrir que je m’élèverais à la tête de la petite entreprise, j’errais d’île en île pour tuer le temps, étant donné qu’il s’agissait de la seule chose que j’étais en mesure d’assassiner. Ce fut dans cette errance que j’accostai l’archipel de Gekkos, dominé par un richissime manoir. Ce dernier exclu, l’île n’avait rien d’extraordinaire. Des prairies s’étalaient à perte de vue, et en quelques points des villages y poussaient. De la verdure, des paysans, c’était un endroit bien gentil. L’ambiance m’était lourde et je n’étais pas à l’aise. Mais ça faisait partie de mes voyages ; de toute façon, c’était toujours mieux que de m’ennuyer. Alors j’avançai au hasard, attendant de découvrir si mon impression en posant un premier pied sur cette île était juste ou non.
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Mar 1 Nov - 12:24
Début des problèmes
La jeunesse, douce candeur où les jeunes gens pensent pouvoir vivre leurs rêves en ne pensant à rien d’autre sur leurs petits plaisirs et oubliant par moment les joies de la vie quotidienne de chaque être vivant, et par la même occasion, les lois et système qui régissaient ce monde de vivant. Tout ça pour dire que la jeune Kanäe avait bien évidemment suivi son envie en quittant quelques temps son environnement habituel, mais n’avait absolument pas pensé à certaines choses pourtant essentielles. Ce fut donc au fond de sa tente, et préparant sa journée du lendemain, que la jeune femme avait pensé se rendre en ville et plus particulièrement au marché, dans le but d’acquérir de la nourriture. Fouillant alors dans son baluchon, un triste constat lui sauta aux yeux : elle n’avait pas pris assez d’argent et tout était déjà parti dans les frais de voyage aller et prévision du retour. Plus assez donc pour pouvoir se nourrir selon les règles de la société commune : en achetant ses denrées. Qu’à cela ne tienne, la belle décida alors de renouer avec les souvenirs de sa jeunesse et de chasser sa nourriture dans la forêt. La nuit s’était passée tranquillement, au milieu de cette petite forêt calme et tranquille et des bruits si apaisant de la végétation.
L’aube levée, la Toupex se mit en route vers la forêt, les dagues en main, prête à envoyer de petits animaux dans les limbes de la mort dans le but de satisfaire ses envies de nourriture. Les minutes passaient et la piste d’un lapin se dessinait tranquillement dans les fourrés jusqu’à ce que la chasseresse tombe sur un homme avec un chapeau étrange. La personne en question lui affirma plutôt méchamment que la chasse était réglementée sur l’île et qu’en l’occurrence, elle était interdite durant cette période de l’année. Après avoir été rabrouée avec virulence, la verte ne put que sortir de la zone de chasse et réfléchir davantage à son avenir. Il semblait presque évident que la plus sage des décisions restait encore de rentrer sur Marijoa, là où la nourriture était gratuite et le confort de vie acceptable. Mais suivre la voie de la raison causait une certaine peine chez l’apprentie mouette, elle avait voulu affirmer son caractère et revenait rapidement, la queue entre les jambes, simplement pour glaner quelques victuailles. Non, tout cela lui était impossible et, refusant de voler, il ne lui restait plus qu’à négocier.
Kanäe rejoignit donc le centre-ville et la place du marché en demandant à plusieurs marchands s’ils auraient la gentillesse de la dépanner de quelques aliments contre éventuellement un service de livraison ou pour porter quelques caisses. Chacun la renvoyait d’où elle venait avec plus ou moins de tact, jusqu’à ce qu’elle arrive devant un gros balourd poissonnier qui écouta la demande et répondit de la façon la plus méchante qui soit. Il la qualifia de voleuse, de pauvre fille, de canaille, jusqu’à aller à la traiter de pirate… La pire insulte possible pour la gouvernementale à cette époque.
Ah oui une pirate !? Et qui est le pire de nous deux ? Celle qui demande simplement de la nourriture à la place de voler jusqu’à même proposer de rendre un service. Vous êtes un charlatan !
Sur ces mots, l’homme se mit à rougir et sortit de ses gonds, il leva le bras prêt à l’abattre sur le corps de la demanderesse devant lui, elle n’avait qu’à peine eu le temps de voir venir et ne put simplement que mettre ses bras en opposition pour amortir. La brute était puissante et envoya voler la petite sur quelques mètres, il se rapprocha alors d’elle pour lui parler d’un éventuel service qu’elle pourrait lui rendre, un service de nature « intime ». Elle n’accepterait jamais une telle chose et se trouvait dans une position compliquée, il ne semblait le genre d’homme à accepter un simple « non ». Le choc l’avait sonné et la pauvre Kanäe ne parviendrait pas à retrouver ses esprits pour venir à l’affrontement contre un tel énergumène.
Le Soleil était déjà haut dans le ciel quand je fus réveillée par les aboiements d’un marchand un peu trop colérique. Je pouvais dormir dans les ordures, à côté d’un marché, malgré les odeurs et les cris appelant à venir acheter. Ça me dérangeait pas plus que ça. Mais entendre un enfoiré gueuler parce qu’on lui a volé trois pauvres arêtes, ça me réveillait de mauvaise humeur. Ce connard, j’allais lui apprendre la politesse, et bien comme il faut. Je me réveillai en grommelant quelques jurons, me relevant de mon matelas de déchets en chancelant. Je grimaçai et sautai sur un pied, sentant quelque chose dans ma botte. Je la retirai, la secouai vers le bas, pour en voir un rat crevé en tomber. Putain, je savais même pas comment il s’était foutu là, celui-là. Beurk, c’était vraiment dégueulasse. Espérant qu’il n’avait pas foutu la peste dans ma botte, je la renfilai en me forçant à ne pas dégobiller.
Je ne perdais pas de vue mon objectif : buter le salaud qui m’avait réveillée. Je déboulais dans la rue principale, celle où était installé le marché, empestant les ordures, la robe, le corps et les cheveux tâchés de tout ce qu’on pouvait trouver dans une poubelle. Si quelques belles dames s’écartaient de moi juste à l’odeur, en gémissant comme elles savaient si bien le faire, je traçais ma route vers l’enfoiré qui continuait de beugler. Là, je le vis en train d’agresser une fille ; ça, qu’importe, c’était pas mon affaire. Mais putain, qu’il la ferme, c’était tout ce que je voulais ! Alors qu’il frappait la jeune femme, je lançai à son attention :
- Hé ! Gros lard, tu veux pas te calmer, un peu ? Tu fais chier, j’veux dormir !
Et comme si je n’existais pas, comme si ma voix ne portait pas assez, il m’ignora sans aucun scrupule, sans même comprendre que j’étais à côté de lui, en train de lui demander gentiment s’il pouvait être un peu plus silencieux. Putain, ça fait chier d’être une fille. J’aurais dû être un mec, avec une bonne paire et une voix qui porte, pour calmer les connards dans son genre sans avoir besoin de taper. Là, clairement, son indifférence à mon égard me titillait et me chuchotait « déglingue-moi, s’il te plaît ». Sans problème, ma belle, j’allais lui refaire la dentition.
Dépitée, je le regardai s’avancer vers la demoiselle, et lui susurrer quelques postillons. Elle déclina l’invitation de manière audible, mais le vieux ne semblait pas décidé à lâcher l’affaire si facilement. Putain, j’aimais pas aider les gens, mais je me rassurais en me disant que, dans le fond, c’était pour moi que j’allais lui foutre une raclée. Je m’armais d’un poisson encore entier mais défraichi dans ma main droite, avant de bondir sur le dos du marchand, à cheval sur lui, en hurlant :
- TA GUEULE, TA PUTAIN DE GUEULE, AVEC TA FACE EN FORME DE RAIE MANTA ! TU M’EMPECHES DE DORMIR SALE CONNARD ! RETOURNE VENDRE TES POISSONS, ET VEND-TOI AVEC, TANT QUE T’Y ES ! MEME TES VIEUX POISSONS TOUS POURRIS DONNENT PLUS FAIM QUE TOI, T’ETONNES PAS QU’ELLE DISE NON !
Tout en vociférant, je martelais cet enfoiré avec le poisson, sur la tête, avant de me mettre à le mordre dans le gras du dos. Alors qu’il grognait pour se plaindre, ce cochon m’éjecta à quelques mètres d’un coup de coude dans la face, sans trop de difficultés. Je roulai en couinant ; j’avais bien senti passer le coup. Je plaçai mes mains sur mon visage, tant la douleur fut intense durant quelques secondes. Puis d’un coup, tout disparu – je ne savais pas encore qu’il s’agissait d’un pouvoir du Yami Yami. Je me relevais le nez tout sanguinolent ; un peu plus et il me tuait, cet enfoiré. Putain, il me foutait les nerfs.
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Mar 1 Nov - 13:50
Interventions
La Toupex était au sol, à la merci complète de cet homme qui hésitait entre la battre ou la violer, ou peut-être même les deux. La mouette n’était pas sans ressource, pas du style à se laisser faire mais le choc du coup précédent l’avait placé dans un état lamentable. De plus, elle avait beau être rapide et agile, elle ne serait jamais assez forte pour combattre ce balourd seule. Elle se pensait perdue, prête à demander la clémence de l’homme et à essuyer quelques coups de pied supplémentaires lorsqu’une intervention eu lieu.
Une agression poissonnière venait de sauver la verte des mains et des poings du gros débile, la jeune femme qui le chevauchait maintenant était une véritable furie, assez vulgaire, et même de loin on pouvait sentir une odeur « spéciale » émanée d’elle. La première frappée fut bientôt rejoint par la nouvelle arrivante qui avait été projeté au sol, un coup de coude assassin lui avait largement refait le portrait et maintenant le gros marchand semblait comblé, il riait grassement au milieu des deux belles étendues.
Ben dis donc, deux poulettes pour moi ce soir. J’aime ça. En plus toi, la nouvelle, tu sens le vieux poisson et c’est pas pour me déplaire. Les filles, je vais vous faire passer la nuit de votre vie.
Confiant de sa puissance, et ignorant le pouvoir caché de la nouvelle venue, l’homme se retourna vers elle pour profiter de l’état de cette dernière : il la pensait sonner. Il n’en serait alors que plus simple de la maitriser et de la bâillonner avant de s’occuper de la petite verte. Le sourire présent sur le visage de l’agresseur était une véritable sanction pour Kanäe qui ne rêvait que d’une chose : lui planter deux dagues dans le dos. Elle passa tant bien que mal ses mains à sa ceinture pour se rendre compte que ses dagues ne s’y trouvaient plus. En revenant de la forêt elle avait pris la décision de les laisser au campement dans le but de paraitre moins menaçante en ville. L’homme approchait de sa sauveuse, toujours en riant, elle ne savait pas si cette dernière pourrait se défendre, ou à tout le moins, se défendre seule.
La chasseresse se releva alors d’un coup avant de se mettre en mouvement, sa course était relativement peu assurée mais elle allait droit et tenait bon. En arrivant à un mètre du balourd, dans son dos, elle prit une impulsion avec le pied droit, sauta et envoya son pied gauche dans la tempe de l’abruti dans le but de le déséquilibrer. Le but fut atteint lorsque le gros chancela vers la gauche ouvrant ainsi une brèche à une autre offensive. Elle lança alors immédiatement à sa nouvelle partenaire de combat :
Fais le tomber !
Elle espérait seulement que celle-ci était encore suffisamment en forme pour bouger et profiter du déséquilibre pour le faire tomber. Une fois au sol, elles pourraient lui rendre la monnaie de sa pièce et lui refaire le portrait à coup de poisson si la nouvelle désirait continuer avec son arme improviser. Elle ne la connaissait pas, n’aimait pas spécialement faire équipe avec d’autres mais sans elle, nul ne savait où en serait Kanäe.
Il s’approchait de moi, la peau poisseuse de sueur, ses yeux globuleux tremblant tant il ne savait plus où donner de la tête. Deux femmes pour lui, ça devait être Noël. Je le regardai s’avancer avec une lenteur perverse vers moi, pas sûre d’avoir assez repris mes esprits pour pouvoir lui mettre la branlée espérée. Je soufflais comme un bœuf, tiquant d’agacement quand il fit remarquer mon odeur de poisson. Putain… je pouvais même pas l’insulter, il était fier de puer, lui !
Quoi qu’il en était, je m’apprêtais à poursuivre le combat, sans me préoccuper de l’état dans lequel j’étais. J’avais dit que j’allais le buter, j’allais le faire. Manquant encore un peu d’équilibre, je brandis mon poisson devant moi, comme une épée, pour le défier au combat ! Mais avant que lui ou moi ne puissions faire quoi que ce soit, la première victime du marchand envoya avec puissance, et pourtant pleine de grâce, son pied droit vers la tempe du pervers. Wow, si sa tête avait été une balle, je crois qu’on aurait assisté à un magnifique home run. Mais alors que je m’extasiais devant le coup, la jeune femme me ramena à la réalité pour que je le fasse tomber. Elle était drôle, j’avais qu’un poisson et… et c’était largement suffisant pour lui faire bouffer le sol. Je m’élançai vers l’homme, donnant un élan au poisson pour l’envoyer, avec toute la haine que j’avais pour lui, en plein dans ses parties.
- STRIKE ! Ahah !
Le poisson se courba juste assez pour que ses dents touchent ce porc au bon endroit. C’était pas le bout de tissu qui lui servait de pantalon qui allait le protéger, de toute manière. Le gars, comme il fallait s’y attendre, entre le coup de pied qui l’avait sonné et le plus bas, s’écroula en nous insultant de tous les noms. Moi, j’avais perdu l’équilibre avec la force de mon coup, et je m’étais effondrée sur le poissonnier, qui, il faut le dire, sentait en fait moins mauvais que moi. Putain, quelle poisse.
Mais sans tarder, je me relevai au-dessus de lui, enfonçant un genou dans son gras du bide pour m’assurer qu’il resterait calme encore quelques secondes. J’élevai alors mon regard vers la demoiselle, pour l’inviter à finir ce vieux dégueulasse :
- Ce serait bête de gaspiller un beau morceau comme lui. On le termine à deux, hein ?
Le gars se mit à bouger la main, légèrement, comme pour relancer l’assaut. Brusquement, je plaçai tout mon poids sur mon genou, comme si j’essayais de le transpercer avec mes os. Il cracha en s’étouffant, et je m’entendis rire affreusement, comme si mon corps était là, mais mon esprit loin. Je n’avais pas envie de m’arrêter à quelques coups. Je voulais aller jusqu’au bout, le faire souffrir longtemps, l’entendre s’excuser, se débattre, se mettre en colère. Le voir réaliser qu’il n’avait aucune chance d’en ressortir vivant, mais que pourtant, son chemin vers la mort serait encore long. Puis le sentir se vider de tout espoir, et enfin, crever. Je savais qu’à voir, je devais pas être belle. Je devais ressembler à une bête affreuse, à un monstre qui s’acharnait sur un gars, qui malgré ses vices, était sans histoire. Juste un poissonnier sympathique, quoi qu’un peu sale, avare, voleur, et pervers au point de forcer de jeunes femmes à l’accompagner au lit. Mais je me foutais de ce à quoi je ressemblais. Tout ce qui importait, à ce moment-là, c’était de sentir comment on amenait la mort, et quelle sorte d’art elle représentait. Tout ce que je souhaitais, égoïstement, c’était mon plaisir. En espérant que la demoiselle en pensait autant.
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Mar 1 Nov - 15:58
De l'excitation à la frustration
Le duo féminin avait fait mouche et si le premier coup avait été franc, direct et « honnête », le second coup, celui de la logia, était clairement moins fair-play et bien plus vicieux. En attendant, le coup avait fait son effet et le gros s’était écroulé sur le coup, un coup si bas était d’ailleurs annihilateur contre les hommes. Il était au sol et avait été suivit par le survolté arrivante qui ne semblait pas du tout souffrir de sa blessure au nez. Elle n’avait pas tiqué lorsque le coup l’avait touché, elle n’avait pas moufté lorsqu’elle avait repris ses efforts pour continuer à fustiger le poissonnier, elle ne grimaçait toujours pas, fière comme Artaban. La proposition alors faite à la verte lui parut alors totalement justifiée et l’idée de prendre une petite revanche sur ce salaud de marchand lui faisait un plaisir immense. Elle vivait dans la rigueur militaire depuis plusieurs années, à toujours suivre le rythme établit, à respecter l’ordre et la hiérarchie sans jamais pouvoir posé un pied de travers. Ici, maintenant, elle avait la possibilité de renier tout cela, de prendre un repos, de se faire plaisir et de faire payer tous ses hommes qui s’amusaient à toujours à lui faire des remarques sur son physique et sur les choses qu’ils pourraient lui faire. Son regard s’emplit donc d’une joie presque bestiale avant de lui donner une réponse très claire.
Oh oui, ça serait dommage de le laisser à terre le pauvre, aidons le à…
Kanäe avait pensé à continuer à rouer de coup le marchand encore quelques instants pour lui faire retenir la leçon mais il ressortait clairement de la suite que l’autre femme avait d’autres ambitions que de faire largement souffrir l’homme au sol. La prise sur l’homme en question qu’elle opérait se présentait comme extrêmement douloureuse et il semblait qu’elle n’allait pas en rester là et voulait vraiment infliger de lourdes souffrances au vendeur de poissons pourris. La Toupex réfléchit alors, certes elle voulait prendre un peu de liberté par rapport à ses obligations de gouvernemental et faire payer cet homme mais elle ne pouvait se résoudre à lui ôter la vie. Elle avait déjà pris la vie d’un homme, et ce à plusieurs reprises et même si la première expérience avait été déplaisante, presque traumatisante, elle ne souciait aujourd’hui plus de ce genre de détail. Elle tuait pour des raisons sérieuses comme la liberté, la préservation d’intérêts supérieurs ou sa propre préservation, mais absolument jamais pour le plaisir, exception faite du jour où elle retrouverait l’assassin de ses parents.
Quoiqu’il en soit, cet homme était une personne détestable, un malotru et un marchand peu regardant sur la provenance et l’état de ses produits, mais il ne méritait pas la mort pour autant, sauf s’il faisait du viol son activité principale. Kanäe décida de joindre l’utile à l’agréable en se vengeant « a minima » de cet homme tout en stoppant la tueuse en puissance, elle passa donc du côté de sa tête en souriant.
Salopard.
Pour accompagner cette petite douceur verbale, la verte prit un peu d’élan et vint frapper violemment l’homme en pleine face à l’aide d’un coup de pied assassin ; elle voulait l’envoyer dans les pommes pour calmer l’autre tortionnaire. Malheureusement, le coup n’entraina qu’un simple cri de plus, un léger tournis accompagné d’un bon mal de crâne. Les choses semblaient irréversibles et déjà toutes tracées : cet homme allait mourir si Maud ne se calmait pas, et si Kanäe n’intervenait pas. Pourtant celle-ci était perplexe, ne sachant pas réellement quoi faire et ne sachant qu’encore moins si elle devait se mettre en travers de la route de la tueuse.
Alors que tout semblait lui échapper, un groupe de gardiens de la paix ou autre force en présence se dirigea en courant vers la scène tout en criant aux deux femmes de lâcher l’homme au sol. Un éclair de vie reprit enfin dans les yeux de la verte, elle savait qu’elle avait enfin une occasion en or. Elle attrapa alors l’autre femme par le bras en essayant de la tirer et en espérant qu’elle allait la suivre.
Viens, ils sont trop nombreux et on va finir en taule si on bouge pas, personnellement je préfère éviter.
Se faire prendre était synonyme de radiation de la marine pour la mouette, une hypothèse non acceptable pour elle. Elle partirait, seule ou accompagnée.
Tandis que la femme aux cheveux verts s’approchait pour s’occuper du crâne du poissonnier, je relevais le buste pour la laisser passer. Un sourire apaisé se dessinait timidement sur mes lèvres, et il m’était impossible de décrocher le regard de la face endolorie du type. Après un nouveau coup de pied dans la face du gars, ce dernier hurla en maugréant, tandis qu’une petite humidité aux yeux venait se mêler à la sueur de son visage. J’enfonçai avec violence le poisson dans sa bouche, pour le faire taire. Puis à mon tour, je m’avançai vers son visage, glissant mes genoux sur ses bras pour l’empêcher de se protéger. J’abattis mes poings avec toute la force qui m’avait été octroyée sur sa face, sans relâche, sans ennui. Je n’avais pas des muscles proéminents, mais je n’arrêtai jamais. Il me semblait être infatigable, dans ses moments. Je frappais, encore et encore, inlassablement, sentant presque le crâne du gars s’amollir sous mes mains. Entre les coups et les grimaces, il n’était plus reconnaissable. Enfin, il avait ce qu’il méritait, et je ne manquai pas de lui faire remarquer :
- T’es long à la détente, mon gros. Fallait réfléchir avant de jouer au con.
Et alors que je relevai le poing pour lui enfoncer le nez dans le crâne, je sentis la main de la jeune femme me retenir et même me tirer. Si au début, j’avais tenté d’y échapper en ramenant mon bras vers moi, encore plongée dans les fantasmes les plus noirs de mon esprit, elle m’avait tout de même ramenée à la réalité. J’avais tourné le visage vers elle en lui grognant de me lâcher ; elle me dérangeait alors que j’allais finir. Seulement, autour de nous, je vis la rue noire de monde, qui nous entourait sans oser intervenir. Encore heureux, si l’un d’eux avait tenté quoi que ce soit, il aurait eu le droit au même sort. Mais ces gens, certains apeurés, d’autres amusés, qui nous regardaient comme des bêtes de foires, ça m’était insupportable. Ils ne comprenaient pas. Ils n’avaient jamais tué, ils ne savaient pas ce que ça procurait. Et je ne pouvais pas leur expliquer, soit parce que j’étais trop égoïste, soit parce que c’était impossible. Alors ils regardaient, abrutis par la scène, s’en délectant comme si on leur racontait une bonne histoire, rien de bien vrai. Ils ne se rendaient pas compte qu’il n’y avait rien de plus réel que la mort.
Puis quand mon attention revint à ma camarade, je compris pourquoi elle me tirait. Ils étaient trop nombreux, ces connards, ouais. Ils avaient de la chance de l’être. Sans attendre, j’emboitai le pas, laissant quasi-inerte le corps du marchand. Je ne pus m’empêcher de signer le crime d’un crachat, histoire qu’il s’en souvienne.
Déçue, insatisfaite, je regardai encore un peu derrière moi : quelques personnes, qui entouraient le marchand, vérifiaient qu’il respire encore un peu. Et je suivais la fille à travers les rues, sans même savoir si elle savait où elle allait. Les marines à nos trousses, j’espérais qu’elle était assez maline pour leur échapper, parce que moi… j’avais jamais été douée pour la discrétion, encore moins pour les plans improvisés. Pour les plans tout court, en fait.
Puis, je prenais conscience que je suivais une parfaite inconnue. Rien ne m’assurait que je devais la suivre, et pourtant je le faisais. Et jugeant que notre agression nous liait en faisant de nous des complices, je pris la parole entre deux souffles, pour en savoir un peu plus sur elle :
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Mar 1 Nov - 19:16
Repli stratégique
Après avoir un peu hésité et ne voulant pas partir, l’inconnue décida enfin de suivre devant l’insistance de la mouette, elle comprenait probablement qu’un combat contre ses personnes en approche allait causer beaucoup plus de soucis que d’éventuels bénéfices. Elle finit par suivre la meneuse dans la fuite, car Kanäe avait effectivement pris les devants et menait la fuite du duo. Elle avait ainsi commencé ce que l’on appelait traditionnellement « une manœuvre de repli stratégique » qui consistait ni plus ni moins à fuir devant un effectif soit plus important, soit plus puissant, soit les deux. Bref, Kanäe s’aguillait dans la ville en passant de ruelles en place en périphérie jusqu’à ce qu’enfin sa suivante lui pose la question la plus logique de l’univers, elle voulait savoir qui elle suivait. Elle entreprit de lui répondre dans plus de délai pour que tout doute soit dissipé, elle avait opté néanmoins pour un petit oubli d’information et notamment, son appartenance à la marine. Elle pourrait lui dévoiler cette information mais plus tard, une fois qu’elle en aurait appris plus sur la personne.
Je m’appelle Kanäe, et toi alors ? Et sinon, on va en forêt, j’ai un petit campement là-bas et on devrait y être tranquille. On pourra se reposer et parler de tout ça. Garde ton souffle va.
Il semblait que l’autre femme n’avait pas autant l’habitude que Kanäe concernant les activités physiques, elle l’entendait beaucoup souffler durant l’effort, témoin donc de son manque d’exercice. A l’inverse, la Toupex imposait un rythme très soutenu à sa partenaire de combat, marque de son excellent état physique, travaillé chaque jour au sein du camp d’entrainement et depuis sa plus tendre enfance.
Enfin le duo quitta la ville pour s’engouffrer dans la forêt où la verte ralentit l’allure, elle savait que se mouvoir en forêt était compliqué pour des personnes qui n’en avaient pas l’habitude. De plus, l’empressement pouvait être l’ennemi du bien en laissant ainsi plus de trace de passage, ce qui était la moins bonne des choses à faire. La verte progressait bien et estimait qu’elle était toujours suivie par la seconde, elle la voyait mal s’arrêter sans la prévenir. Quoiqu’il en soit, elles approchaient de la zone de bivouac de la chasseresse où sa tente l’attendait toujours, parfaitement dressée. Elle voulut inviter celle qui l’avait probablement suivit à entrer dans l’abri avant de se rappeler de l’odeur de celle-ci. La recrue s’appuya donc contre un tronc d’arbre pour gentiment reprendre son souffle en attendant que l’autre commence à parler, elle lui laissait l’initiative pour plus facilement la cerner. Elle ne savait rien d’elle et préférait ne pas trop s’avancer. La discussion semblait inévitable, elles avaient agressé un homme, ou s’étaient plutôt défendu face à un agresseur, le passage à tabac les avait inévitablement rapproché et avait créé quelque chose. A voir quel constat il fallait en tirer.
Putain, elle me laissait pas une seconde de répit, la Kanäe. J’avais pas l’habitude de la course à pied, moi. C’est drôle, autant, pour me battre, il me semblait être assez tenace… mais courir, c’était pas mon dada. J’avais l’impression que plus on avançait, plus la distance entre elle et moi se creusait. J’essayais de suivre, tant bien que mal, cherchant à remplir mes poumons d’air sans y arriver de façon satisfaisante. J’espérais que sa forêt n’était pas loin, j’aurais pas tenu une demi-heure à tenter de garder le rythme. Ce qui me motivait, en fait, c’était de savoir que derrière nous, les marines nous poursuivaient. Eux aussi, ils avaient l’air pas mal en endurance. Mais je ne sais comment, ma camarade réussit à nous les faire semer. Pourtant, elle ne s’arrêta pas de courir, indiquant que nous nous dirigions vers un petit campement à elle. Il y a vraiment de gens bizarres. Ils ont un petit village tranquille, mais non, il faut qu’ils aillent vivre en ermite, dans la solitude de coins reculés et peut-être même dangereux.
Il me fallut un moment avant que je trouve la force de lui donner seulement mon nom, dans un souffle harassé : « Maud ». Putain, rien que de dire ça, ça m’avait claquée. Pourtant, je ne fumais pas, et je ne buvais pas non plus, à l’époque. Bon je faisais quelques excès sur les pâtisseries, mais personne n’est parfait – certainement pas moi ! Le truc, surtout, c’était qu’on ne m’avait tout simplement pas appris à fuir. Dans mon apprentissage, je ne m’étais jamais attaquée qu’à plus faible que moi, si bien que l’option ne la fuite n’existait même pas pour moi. Je n’avais jamais eu affaire à des situations réelles, comme celle-ci. Relâchée dans la nature, je passais d’un milieu où je dominais à un univers dans lequel je n’étais qu’un grain de poussière parmi tant d’autres. C’était un peu pour ça que j’évitais de me battre en plein public. Je savais que j’étais incapable de fuir. Seulement, parfois, on ne peut plus se retenir. Je m’étais battue aux côtés de Kanäe, j’avais même voulu tuer, et maintenant il fallait assumer cette erreur… en courant. Heureusement, Kanäe me guidait en m’imposant son rythme, et j’étais bien obligée de suivre pour ne pas finir charcutée par la marine.
Puis nous arrivâmes enfin dans la forêt, et la jeune femme me permit un peu de relâche en ralentissant. Je soupirai longuement, pour reprendre une respiration un peu moins anarchique. Je la suivais doucement, mais je ne pouvais empêcher mes yeux d’épier çà et là le moindre petit mouvement. Je détestais la forêt, et pas pour une raison moindre : c’était bourré de bestioles en tout genre, ça grouillait partout, et on ne pouvait pas poser un pied sans sentir ou imaginer qu’un insecte vous épie, là-haut, posé sur sa branche, prêt à vous bondir dessus, vous bourdonner dans les oreilles, se déposer sur votre main innocemment et VOUS PONDRE DES ŒUFS SOUS LA PEAU ! BERK !
Kanäe. s’arrêta et déposa sa main sur un tronc. Elle avait l’air plus qu’à l’aise, dans la forêt. Tant et si bien qu’on aurait dit que dans le fond, ça faisait partie d’elle. Elle aurait pu se fondre dans l’arbre, comme si tous les deux avaient un caractère paisible et calme comme alliance. ET IL Y AVAIT CE PUTAIN D’INSECTE QUI S’APPROCHAIT DE SA MAIN ! Bordel, je le voyais déjà de prêt, avec ses petites pinces qui claquaient, un rire macabre, prêt à dévorer la main de Kanäe. Puis il allait se reproduire dans son corps, et c’était toute une armée de bêtes qui allait venir me bouffer jusqu’aux os. Avant que ce malheur n’arrive, je bondis en hurlant vers le tronc :
- CREEEEEEEEEEVE !
J’écrasai mon poing sur la bestiole avec violence, tandis que son âme rejoignit le paradis des insectes. Ou l’enfer.
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Mer 2 Nov - 13:05
Atypique
Dans le monde et partout sur la planète, on pouvait trouver une multitude de type de personnes mais toutes avaient pour point commun d’appartenir à la grande famille humaine, ou semi-humaine à tout le moins. Selon cela, il faut bien évidemment mettre à part les animaux, mais peu importe. Parmi la grande famille de l’humanité, on trouvait donc tout type de personne, toutes différentes mais semblables à la fois. Parfois, et même souvent, on en rencontrait certain difficile à cerner ou difficile à qualifier, et alors les autres ont pour habitude de les ranger dans le groupe des atypiques. Il ne faisait nul doute que Maud faisait partie de ce groupe. Un petit bout de femme, toute menue, toute mignonne avec un tempérament incroyablement sombre à tendance sadique. Tout cela, la Toupex l’avait remarqué au même titre que le poissonnier, les spectateurs du combat et autres personnes qui avaient vu à l’œuvre l’essoufflée. En plus de son coup d’éclat sur la place du marché, elle semblait encore entretenir une névrose à l’encontre des petits habitants de la forêt, ainsi un phasme qui s’approchait lentement de la main de la botaniste subit la peine capitale après avoir fait peur à une Maud qui avait complétement éludé la question de Kanäe, probablement trop prise par sa phobie insecticide.
Malgré tout, cette jeune femme atypique amusait et terrifiait en même temps la verte, l’alliance de ses sentiments contraire poussait la belle à en savoir plus, la curiosité prenait le pas sur l’instinct de préservation et, en réalité, cette inconnue l’intéressait. Quelle était sa vie ? Son métier ? Son parcours ? Ou en d’autres termes, comment en était-elle arriver à devenir cette Maud.
Ne pouvant pas réellement se permettre d’entrer directement dans le vif du sujet, la mouette sourit à sa partenaire et lui prit délicatement la main qu’elle venait d’encastrer dans le tronc en ajoutant quelques mots.
Calme toi Maud, ce n’était qu’un phasme. Il n’y a pas de bêtes dangereuses ici, malheureusement… Même pas de quoi me divertir dans la chasse.
La chasseuse ressentait un plaisir au moins similaire si ce n’est supérieur à chasser que Maud à tuer, elle aimait l’excitation de la traque, la crainte de la proie, la mise en confiance qu’il fallait lui insuffler pour enfin en terminer. En fin de compte, elle aussi était un peu sadique sans doute.
Elle finit par relever la tête et dévisager la jeune tueuse d’insecte, et plus particulièrement son nez maculé de sang à peine sec. Elle ne semblait toujours pas en souffrir mais elle était blessée, il fallait donc la soigner avant d’envisager de laver les traces de sang, l’eau pouvant éventuellement rouvrir la blessure. Elle fit donc digne à sa future patiente d’attendre et lui indiquant un tronc où elle pouvait s’asseoir en toute quiétude, précisant avant de partir qu’elle pouvait s’y asseoir sans risque, le tronc étant totalement sec et donc inhospitalier pour les bestioles. Un aller-retour dans la tente plus tard, et un sac en main, l’herboriste s’approcha à nouveau, en retenant au maximum sa respiration pour éviter les odeurs de la seconde.
Me permets-tu de te soigner ? Tu es blessée au nez apparemment.
Les choses avançaient et alors qu’elle attendait l’accord et préparait son matériel, elle lui adressa une nouvelle question.
Wow. Elle m’avait pris la main, toute calme, et m’avait demandé de ne pas m’inquiéter. De sa voix découlait quelque chose de presque maternelle, une chaleur que je n’avais pas ressentie depuis… je ne saurais même pas le dire. Directement, tout en moi s’était apaisé. La haine, la violence, la peur. Même physiquement, ça se manifestait : mes battements de cœur ralentissaient avec ma respiration. Pendant cet instant, j’avais l’impression de connaître un nouveau bonheur. Elle avait arraché quelque chose en moi. Non, plutôt, elle m’avait apporté quelque chose. J’étais plus que Maud, plus que la hors-la-loi avide de sang, de violence, de chaos. J’avais l’impression d’être sensible, presque à en avoir mal au cœur. Je la regardai comme un nouveau-né qui découvre pour la première fois sa mère, en la dévisageant comme une inconnue à laquelle, pourtant, je me savais attachée.
Ce fut à ce moment, que tout se déchira. J’y vis ma mère, celle qui avait été ma première amie, qui m’avait enseigné tant de choses. Mais aussi celle qui m’avait trahie, abandonnée, et qui l’avait payé de sa vie. De toute façon, je n’avais jamais tenu d’elle. J’avais mal au cœur, cette fois, pour de bon. Brusquement, comme un réflexe, ma main recula, pour se tirer de celle de Kanäe. Un peu honteuse de me montrer presque craintive envers elle, je dirigeais mon regard vers un autre point.
Pendant ce temps, Kanaë m’expliquait qu’il ne s’agissait que d’un insecte, et qu’il n’y avait rien de dangereux dans les environs. Je balbutiai :
- Ahah, oui, qu… qu’un "fa-zme" !
Même si je n’en dis rien, je relevai qu’elle me révélait que chasse des animaux plus dangereux, ça lui plaisait vraiment. Comme quoi, elle était un peu moins innocente qu’elle ne voulait le faire paraître. Même en ville, elle avait commencé à m’accompagner, pour frapper l’homme. Ça me fit sourire. Dans le fond, on avait beau se cacher sous n’importe quelle apparence, il me semblait que tout le monde faire souffrir, d’une manière ou d’une autre. Même Kanäe.
D’ailleurs, cette dernière me fit installer sur un tronc couché, me rassurant en m’expliquant qu’il était si sec que les insectes ne s’y intéressaient pas. Parfait ! Je m’assis en tailleur sur celui-ci, évitant de toucher le sol où pouvaient circuler les bestioles. Puis elle se faufila dans sa tente, ressortant aussitôt avec quelques babioles dans ses mains.
Ensuite, la jeune femme proposa de me soigner le nez. Je l’avais presque oublié, lui. C’était bizarre, ça aussi. Avec le coup que j’avais pris, j’aurais dû avoir mal un moment. Et pourtant, je ne sentais plus rien, si ce n’était un peu de sang qui coulait encore. Bof, je ne m’en souciais pas plus que ça, et même si je savais que j’avais mangé un fruit du démon, je ne faisais pas encore le rapprochement. Quoi qu’il en soit, voyant les efforts de Kanäe pour ne pas respirer, je répondis, riant malgré la gêne :
- Avec plaisir, il doit vraiment pas être beau à voir ! Mais si tu veux, je peux me laver un peu, avant !
Puis elle me demanda ce que je faisais ici. Je n’avais pas envie de lui mentir, étrangement, mais je n’avais aucun intérêt à tout lui dévoiler. Après tout, elle restait une inconnue, pour moi.
- Je voyage juste un peu… pour découvrir le monde.
Finalement, dans le fond, ce n’était pas tout à fait faux. Je n’étais pas faite pour apprendre sur les bancs de l’école. J’avais besoin d’être sur le terrain, de vivre les faits, pour connaître le monde.
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Mer 2 Nov - 19:06
Premiers soins
Tu te laveras après si ça te va, j’ai peur que l’eau ne se contente que d’ouvrir de nouveau ta blessure, donc coulées de sang encore et retour au lavage.
Kanäe sortit alors de son sac une multitude de chose avant de n’en sélectionner que quelques-unes, son habituel onguent cicatriciel ne serait pas réellement utile et surtout très douloureux, elle devait éviter de le poser sur une chair à vif ou sur des muqueuses. Elle préféra donc éviter l’intérieur du nez et se rabattit sur quelque chose de moins fort qui ferait moins de miracle mais qui empêcherait toute infection ou autre. Elle en badigeonna un coton qu’elle enroula enfin autour d’un petit ustensile en verra pour pouvoir nettoyer les bords du nez de son acolyte sans lui coller les doigts dans le nez. En y réfléchissant, pour être inoubliable dans l’esprit d’une personne, lui mettre les doigts dans le nez après vingt minutes de connaissance semblait être une très bonne initiative. Si certain en était capable, la verte n’en faisait pas partie et s’en tint donc aux objets stériles, plus ou moins, qu’elle avait sous la main. Elle finit quand même par s’inquiéter du confort de la blessée.
Ça va ? Je ne te fais pas mal ?
Cette question changeait clairement de celle de la brute qu’elle avait rencontré plus tôt et qui se vantait plus que de raison qu’il comptait bien leur faire mal, mais aucun rapport avec l’organe nasal : ah la poésie chez les marchands de poisson. Elle continua encore quelques instants à manipuler le nez de la convalescente en lui laissant assez de répit pour pouvoir répondre et éventuellement parler de ce dont elle désirait. Elle lui avait dit qu’elle voyageait à travers le monde simplement pour le découvrir, réponse étrange dans tous les cas mais encore plus lorsque l’on pouvait voir la noirceur qui habitait les yeux de la jeune femme, elle aimait la violence et probablement la mort. En tous les cas, les ténèbres ne l’effrayait pas ; elle ne s’imaginait pas à quel point, et surtout pas qu’elle était elle-même les ténèbres…
Les soins se terminèrent enfin et Kanäe se laissa tomber sur le sol pour se reposer à son tour, en soufflant largement de fatigue. Le duo avait fait une belle course et un peu de repos leur ferait le plus grand bien. Prendre quelques secondes de break avant le reste des réjouissances semblait être un intermède bienvenu. Elle releva donc la tête vers Maud en souriant et lui adressa quelques mots.
Dis-moi, tu sembles te savoir te défendre. Je ne t’ai pas remercié pour ce que tu as fait, donc merci. Sans toi je serais probablement attachée je ne sais où. Joli coup de poisson d’ailleurs.
La mouette avait vu une tigresse sur le champ de bataille et préférait éviter de s’opposer à cette puissante jeune femme.
Trêve de plaisanterie, Kanäe sortit aussitôt de quoi soigner mon nez. Si elle avait présenté plusieurs ustensiles, elle choisit avec soin le remède le plus approprié à la situation. Elle avait l’air de s’y connaître, en médecine. C’était impressionnant, d’avoir en face de moi une personne qui savait à la fois se battre et guérir. Ca paraissait un improbable, voire illogique, et pourtant, elle en était capable. J’observai son visage. Outre son expression sérieuse, ses yeux experts prouvaient ce que je pensais. Précautionneusement, elle nettoya la blessure avec ses doigts précis. Il semblait que le moindre pore de ma peau blessé n’échappait pas à son regard. Malgré tout, je me disais que, peut-être que dans son domaine, elle était moyenne, peut-être même nulle. Il existait même sûrement de grands médecins meilleurs qu’elle. Mais malgré tout, couplé à sa douceur, son travail devenait excellent. Si ce n’était que mon point de vue, il me semblait qu’il y avait une part de réalité, là-dedans. Personne ne pouvait nier qu’elle savait s’y prendre.
Lorsqu’elle se soucia de savoir si je n’avais pas mal, je ne répondis que d’un petit « non » de la tête, silencieuse. Ca picotait un peu, sans plus. De toute façon, mon esprit ne pensait pas au nez, il était hypnotisé par mon infirmière. Elle n’avait pas conscience d’à quel point elle était parfaite. Si je n’avais pas été aussi têtue, peut-être que j’aurais changé à cause d’elle. Qui sait ce que ça aurait donné, une Maud aimable, polie, attentionnée… gentille ? M’enfin, à mon goût, ça aurait tout de même était ennuyant. Dans le fond, je ne faisais que m’amuser, à ma manière, en me fichant du bien et du mal. Il n’y avait que comme ça que je savais vivre pleinement.
Une fois mon nez soignée, la jeune femme s’effondra sur son derrière, en soufflant. Je ne pus retenir un petit rire, en la voyant faire. Je ne savais pas pourquoi, mais je trouvais ça drôle. Elle venait d’échapper à de probables tortures, à la marine, elle m’avait soignée, et pour seul repos, elle s’autorisait seulement à s’asseoir.
Puis elle me remercia pour mon aide. Un peu déçue qu’elle ne comprenne pas que mon geste n’avait rien d’une aide, mais seulement d’un besoin brutal à assouvir, je ne lui répondis que par un soupire. Ca m’emmerdait, qu’elle me dise merci. Elle aurait pu dire n’importe quoi, comme « c’était marrant », ou « pas trop crevée ? »… Mais « merci », ça sonnait toujours mal. Merci, ça voulait dire que j’avais fait quelque chose pour elle, et que je devais aussi la remercier, en retour, pour ce qu’elle faisait pour moi. « Merci », c’était un pacte. Et je n’en voulais pas ; les pactes, les alliances, c’était bon pour finir détruit. Alors « merci », non merci. Plutôt que de le lui expliquer, je m’attaquai à un autre sujet :
- Et toi, sinon, tu fais quoi ici ? Tu vis depuis combien de temps dans ce campement ?
Et tant que j’y pensais, j’en profitai pour me lever, et me diriger vers ce qui semblait être une source d’eau calme, pas trop contaminée par les bestioles. Ou en tout cas, je ne les voyais pas, c’était suffisant. Je retirai d’abord mes bottes, pour glisser un pied dans l’eau, et goûter à la température de celle-ci. C’était glacé, à tel point qu’un frisson me parcourut de bas en haut, jusqu’à hérisser mes cheveux sur mon crâne, mais de toute façon, c’était mieux que rien. Finalement, je laissais ma robe, même pas reconnaissable tant elle était sale et puante, tomber sur le sol, suivie de mes sous-vêtements. Dos à Kanäe, je rentrai avec plus ou moins de pudeur dans la source, lentement, prenant le temps de m’habituer à la température de l’eau. Je détachais aussi mes cheveux, laissant les boucles nouées tomber sur ma nuque. Ma robe attendrait son tour, j’avais peur de bien trop polluer l’eau avec. Puis, brusquement, je me retournai vers Kanäe :
- Viens, t’as dû transpirer, tu dois pas sentir la rose non plus ! Peut-être que t’as supporté mon odeur, mais j’en ferai pas autant pour toi.
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Mer 2 Nov - 22:00
Baignade et exhibition
La période de soin ne fut que le prélude à une conversation plus profonde et intéressée, enfin surtout à un échange de simples banalités entre deux femmes peut-être trop éloignée l’une de l’autre pour réellement s’entendre. Elle, une tueuse au sang chaud très clairement attirée par la mort et Kanäe, une grande chasseresse peut-être trop respectueuse de la vie humaine, ou à tout le moins de la vie humaine qui méritait le don de vivre. Tout cela tournait dans la tête de la Toupex qui fut donc interpellée à son tour sur les raisons de sa présence ici, en forêt, à l’abri de tout regard. En réalité, elle pouvait dire la vérité, dire qu’elle faisait partie de la marine et qu’être prise sur le fait par une troupe pouvait détruire sa carrière future. Elle aurait pu aussi lui dire que la vie de recrue était difficile et qu’elle avait voulu prendre l’air loin de toute cette vie militaire…
Mais dans le fond, pourquoi tout lui dire, elle était restée largement parcellaire sur les raisons de sa présence, n’était pas revenue sur les remerciements de la verte et ne semblait tout simplement pas encline à se livrer davantage, pour le moment en tout cas. Alors pourquoi la verte devait s’en donner la peine. Il s’agissait ici du problème majeur des personnes comme Kanäe et peut-être aussi comme Maud, elle ne cherchait pas à accorder la moindre confiance et attendait toujours davantage des personnes auxquelles elles avaient affaire. Elle décida donc de répondre avec parcimonie mais fut coupée dans son élan par un excès de réalité qui avait emplit l’esprit de Maud : elle allait enfin se laver dans le petit point d’eau près du campement. Elle se dénuda donc pour finir dans le simple appareil pendant que Kanäe lui répondait en la regardant souriante, presque moqueuse.
Je suis ici pour prendre l’air. J’ai une vie… trépignante et j’aime prendre du recul en forêt. Tu as sans doute compris que j’aimais la nature et c’est là que je me sens le mieux.
Elle finissait au moment où l’autre entrait dans l’eau froide entrainant alors un rire chez la seconde femme du duo qui s’approcha du point d’eau alors que sa camarade lui proposait de la rejoindre. La mouette se pencha au-dessus de l’eau en souriant et en tendant une pièce de tissu large, une sorte de serviette, à Maud.
Je ne te remercie pas, tu viens de ruiner mon point d’eau pour boire. Sinon il y a une source chauffée naturellement à quelques dizaines de mètres à peine, enveloppe toi la dedans, on va y aller. Peut-être que ma source de boisson va se purifier, et eau froide, très peu pour moi.
L’herboriste déposa la serviette sur le bord du bassin laissant à la Butterfield le loisir de la ramasser et de suivre gentiment la guide vers un point beaucoup plus agréable pour se reposer et se laver. Car Maud n’y avait pas pensé, mais l’eau froide, pour retirer les saletés, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. La guide en question attrapa d’ailleurs une seconde pièce de tissu pour elle-même. Elle débuta ensuite le court chemin qui séparait les femmes du point tant attendu. Un petit parcours de santé avant le réconfort entre guillemets.
Le chemin fut donc court, comme annoncé, et silencieux du côté de la verte qui ne savait plus réellement où mettre les pieds avec cette nouvelle. Arrivée devant le bain, elle imita sa collègue et se mit rapidement entièrement nue, peu importe que Maud la voit, après tout elle avait des corps relativement similaires. Ici, la pudeur n’avait pas de raison d’être et ensemble, elles allaient pouvoir profiter de la chaleur de l’eau, enfin si elle avait suivi.
Pendant que j’entrais dans la source, Kanäe répondit à ma question. Sans compter que l’eau, plus que froide, avait gelé mon cerveau, il me fallut un temps pour penser à ses mots… jusqu’à ce qu’elle me coupe dans mon élan, en explosant de rire. Je retournai le visage vers elle, les yeux pleins d’interrogations, sans trop comprendre ce qui l’amusait. Si c’était pour se moquer de moi, elle allait vite rejoindre le poissonnier !
Mais au lieu de faire une remarque sur mes petits seins, elle me tendit une serviette, toujours souriante, en m’expliquant que cette source n’était pas faite pour se baigner, et qu’il y avait des coins plus chauds pas bien loin. Je bondis hors de l’eau, m’enveloppant dans la serviette, avant de chercher quelques excuses poisseuses en hurlant :
- AAAH ! Maiiis, euuuh… ! Je le savais ! Mais l’eau froide, ça tend la peau, ça revigore, c’est pour ça ! Enfin… je savais pas que tu buvais là-dedans ! Fallait le dire plus tôt, j’ai failli pisser dedans !
Puis, courant d’abord sur place pour me réchauffer – en vain, je détalai un peu plus loin dans la forêt, vers la source chaude, honteuse de passer pour une débile. Ce qui, au fond… n’était pas du tout le cas. Je suis pas débile ! Mais quand on vit pas dans la forêt, on peut pas savoir, ce genre de trucs ! Moi, on peut me mettre n’importe où, sauf dans un endroit où ça grouille autant d’insectes. La forêt, c’était clairement pas pour moi. C’était bien trop compliqué de vivre là-dedans, loin de toute civilisation et des facilités qu’elle offrait. Franchement, chasser un lapin, le dépecer, le vider et tout le bazar, c’était bien compliqué pour pas grand-chose ! Autant le piquer sur le marché... ou à un chasseur.
Mais alors qu’à quelques mètres de Kanäe, je réalisais qu’il n’y avait à cet endroit aucun point d’eau, je retournai toute penaude vers la fille de la forêt, vaincue, en murmurant que je ne savais en faire pas où se trouvaient ces sources-là, aussi proches fussent-elles. Puis je la suivis, toute humiliée et calme, vers les vraies sources. Là, Kanäe se déshabilla à son tour, dévoilant son corps de jeune femme, qui, s’il dessinait des courbes semblables aux miennes, divulguait une vie nettement plus saine et athlétique en affichant des muscles fins mais robustes. Puis, elle se glissa dans l’eau, d’où se dégageait une brume envoûtante, aussi bien de par sa chaleur que par sa danse lente et tournoyante au-dessus de la source. A mon tour, je rejoignis Kanäe dans l’eau, soupirant de plaisir tant sa chaleur était délassante. Je profitai encore un instant de bonheur tout simple, apaisant, avant de passer un regard vers Kanäe.
- Une vie trépignante… pourquoi tu ne restes pas vivre dans la forêt, si tu préfères ça ?
Je ne comprenais pas ces personnes qui ne faisaient pas tout simplement ce qu’elles avaient envie de faire. Se contraindre, ça n’avait aucun intérêt. Pourtant, je savais moi-même que, agir comme on le souhaitait, ce n’était pas toujours possible. Parfois, on ne se contraignait pas soi-même ; les faits, la vie, le faisaient pour nous. Mais Kanäe, dans la forêt, me semblait si indépendante, si libre, loin de tous les problèmes du monde, que je ne comprenais pas. Ce n’était pas un rat des villes, j’avais bien cru le comprendre lors de notre passage au marché. Quelque part, je sentais qu’ici, c’était chez elle mieux que n’importe quel ailleurs. Alors j’avais envie de savoir quelle raison l’empêchait de se contenter d’être heureuse. Trop altruiste ? Prisonnière de ce besoin de vivre entourée ? Ou… je ne savais pas, comment aurais-je pu le deviner ? Demander, même si c’était peut-être indiscret, restait le meilleur moyen d’en apprendre plus sur la position de la jeune femme, et ainsi de satisfaire ma curiosité.
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Jeu 3 Nov - 15:48
Introspection dans l'eau chaude
La chaleur de l’eau avait quelque chose de magnifique, on s’y sentait bien, tous les muscles du corps se relâchaient tranquillement et les douleurs musculaires se laissaient oublier, pour quelques temps du moins. La verte profitait pleinement de cette baignade revigorante en compagnie de Maud, qu’elle ne connaissait qu’à peine, toutes deux en tenue d’Eve dans un bassin peu large : le rêve de beaucoup d’homme. La campeuse remerciait d’ailleurs le ciel que son acolyte ne se soit pas soulager dans son point d’eau de ravitaillement et espérait clairement qu’elle n’allait pas profiter de la chaleur de la baignade pour faire passer inaperçue, une légère décontraction urinaire.
Quoiqu’il en soit, c’était dans cette atmosphère propice à la détente que Kanäe s’abandonna clairement aux joies de la vie et au repos simple que lui offrait la nature. Le parfum naturel qui imprégnait la peau de la Toupex, héritage de son île natale, mêlant arôme de rose et de lilas, semblait s’intensifier et se mêler aux vapeurs légères qui émanaient de l’eau. L’agréable et entêtante odeur emplissait l’air et se dispensait tout autour des deux jeunes femmes rendant ce moment encore un peu plus agréable, pour la botaniste en tous les cas. Cette légèreté, ce calme, cette quiétude fut bientôt mise à mal par l’autre membre du duo qui en vint à se poser une question parfaitement légitime : Si Kanäe était si bien dans la forêt, pourquoi n’y restait-elle pas ?
Cette question, on lui avait déjà posé mais pas sous cette forme, elle était souvent formulée comme le but final de la vie de la mouette. Le but de sa vie, la raison pour laquelle elle ne restait pas au fond de sa forêt, celle pour laquelle elle avait rejoint la marine initialement : tout cela se résumait en une chose : protéger les autres et surtout, se venger elle-même. Pour autant, elle répondit avec une retenue bien dissimulée pour ne pas en dire trop à son interlocutrice, elle ne cacha rien cependant de son envie de vengeance.
Certaines choses font que la vie ne nous laisse pas réellement le choix… Enfin si, elle nous laisse le choix, le choix de se voiler la face et de baisser la tête, ou celui de se relever et d’avancer. Je me suis relevée et je suis sortie de ma forêt. J’ai quelque chose à accomplir, une situation à réparer, un homme à tuer. La vie est cruelle, j’espère pouvoir la rendre un peu moins cruelle pour certains et la rendre bien pire pour d’autres.
Kanäe Toupex, dix-sept ans, parlait alors en sage, traitant de la vie dans sa globalité et sans retenu. Bon, ce n’était pas le plus beau discours jamais prononcé, mais pour quelqu’un de son âge, ça n’en restait pas moins remarquable. Il ne faisait peu de doute que la sombre Maud allait rester fixée sur la mort d’un homme, celui que la belle n’avait pas nommé. Elle n’approfondit pas pour autant le sujet, la laissant poser les questions qu’elle désirait mais en lui posant, à elle aussi, quelques questions.
Et toi, qu’est ce qui t’empêcherais de te couper du monde ? Tu n’as pas l’air d’être une vraie fan des conventions sociales et des humains en général.
Si j’avais pensé que Kanäe était une jeune femme pacifique, bien que chasseuse, je m’étais trompée. Sa réponse était révélatrice : elle avait beau cacher sa violence sous l’apparence de la justice, de la vengeance, ou je ne savais quoi, un crime restait un crime. La jeune femme prétendait que ses actes et ses volontés avaient comme motivation une réparation, et la protection d’innocents. Je ne pensais pas de la même manière. J’allais à l’essentiel, et je ne retenais de ses paroles que le fait qu’elle tuait, faisait souffrir, et qu’elle aimait ça, qu’elle le souhaitait. Kanäe, derrière son calme et sa douceur, n’était finalement pas si différente que moi. C’était ce que j’aimais, en rencontrant de nouvelles personnes : découvrir qu’eux aussi, ils avaient une part de chaos en eux, assumée ou non. Qu’ils avaient beau me regarder avec leurs grands yeux surpris, ils n’avaient rien à me reprocher.
Mais alors qu’après un instant de silence, j’allais lui faire remarquer ce point d’elle-même, la jeune femme prit à son tour la parole. Pourquoi moi, je ne vivais pas seule, loin de tout, abandonnée ? Elle avait raison, je ne m’entendais pas beaucoup avec les autres, et la réciproque était vraie. En fait, je ne m’étais jamais posé la question. C’était vrai, j’aurais pu vivre tranquillement, décrochée de ce monde qui n’avait pas besoin d’un parasite de mon genre. Loin des regards pleins de jugements, des réflexions méprisantes, de tous ces gens que je haïssais. Mais je sentais que quelque chose en moi, je ne savais pas quoi, me poussais à rester. Ce n’était pas que je me fichais de l’attitude des autres à mon égard. Au contraire, je ne les supportais pas. Seulement, j’avais besoin de voler, de blesser, de tuer… Sans ça, je n’étais pas Maud. Et seule, arrachée à ce monde, je n’aurais jamais pu être Maud. Ça aurait été une torture bien moins supportable que de vivre avec les autres. Je ne pouvais jamais être totalement heureuse – si ce n’était en semant une part des mes ténèbres. Mais sans les autres, ça aurait été pire. Et je m’en voulais de leur être dépendante.
Cette raison ne me satisfaisait pas, mais je n’en trouvais pas d’autre. Je plongeais la tête sous l’eau, y restais un instant en apnée, comme si l’eau allait m’aider à mieux réfléchir. En fait, je n’avais peut-être pas de raison, de rester. Je le faisais quand même, c’était tout. De toute façon, je n’agissais que rarement sous la raison. Mes actes étaient régis par mes envies. De petites bulles sortaient de mon nez, avant que je ne sorte totalement le visage de l’eau, en reprenant ma respiration. Puis je répondis à Kanäe :
- Je sais pas, c’est dur comme question. J’y avais jamais pensé. Je me vois mal me débrouiller toute seule. Enfin… ça me manquerait, de ne pas avoir un poissonnier sur lequel me défouler, ahah !
Mais je sentis que cette dernière remarque était de trop. Alors que je venais seulement d’apprendre que Kanäe était quelqu’un de juste, à sa manière, je dévoilais que moi, non. Je pissais sur la justice, sur le bien et le mal. Seuls mes désirs comptaient. Je ne comprenais pas cet acharnement sur la volonté de faire ce qui était bien. Je ne comprenais même pas ce qui était bien. Je savais à peu près ce que les autres jugeaient de bon ou de mauvais, mais je n’arrivais jamais à saisir totalement le sens de ces mots. A ce moment, seulement, il me semblait que Kanäe ne trouverait rien de bon en moi, si elle avait encore une lueur d’espoir à mon sujet. Alors cette fois, avant d’entendre ou de sentir quelque gêne désobligeante à mon égard, je posai ma question :
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Sam 5 Nov - 12:44
Isolées dans un monde si grand
En fin de compte, et selon les réponses de la deuxième baigneuse, il semblait bien que ces deux-là étaient aussi gauche l’une que l’autre avec les autres humains : les relations sociales n’étaient pas le point fort des celles-ci. Même si ce qu’elles laissaient transparaitre d’elles-mêmes représentaient des visions et des actions bien différentes, des façons de faire aux antipodes l’une de l’autre mais tout au fond d’elles, une rage peut-être incomblable. Maud semblait calmer cette faim en tuant et en blessant les autres au quotidien alors que Kanäe l’avait refoulé au plus profond d’elle et la laisserait exploser un jour où l’autre, le jour où elle reverrait ce tueur sans foi ni loi.
La Butterfield lui posa alors la question fatidique sur l’identité de son plus grand ennemi, elle ne s’était alors pas rendu compte d’une chose affolante : Gadomasou, le tueur de sa famille, aurait pu être cette jeune femme. Enfin, non, il ne s’agissait clairement pas d’elle mais peut-être ces deux individus avaient les mêmes caractères et peut-être Maud pourrait-elle détruire une île et distribuer la mort sans aucune considération pour ses victimes ? Probablement, mais devant cette jeune femme, nue qui plus est, dans cette atmosphère de calme et de sérénité, elle ne voyait pas sa dangerosité et se refusa de la qualifier comme telle. Il ne fallait pas juger un livre à sa couverture, sauf pour les pirates qui méritaient tous la mort. Telle était la façon de voir les choses de la jeune Kanäe à dix-sept ans, et les choses ne changeraient que bien plus tard. Elle souffla un coup et reporta son attention sur Maud, lâchant ainsi l’eau du regard.
Un assassin, celui qui a tué mes parents. Une vieille histoire pas forcement sympathique ni intéressante.
Les choses n’étaient pas si simples et Kanäe avait raconté cette histoire, selon elle digne d’intérêt, des dizaines de fois. Pourtant devant la tueuse, elle n’avait pas envie de se relancer dans ce récit, elle savait que Maud serait probablement d’un avis différent du sien et n’avait clairement pas la motivation de se lancer dans un débat sur l’importance des liens familiaux et de l’honneur du clan. D’ailleurs, au fond d’elle, malgré tout l’amour qu’elle avait pu porter et portait encore à ses parents, elle ne faisait plus réellement cela en respect de la mémoire du clan mais bien du fait de sa haine personnelle. En ôtant la vie de ce monstre, elle s’imaginait ressentir une joie fantastique et inégalable pour toute l’attente qu’elle avait dû endurer depuis tant d’année, pour la solitude que cela lui avait apporter et pour lui faire payer les difficultés de sa vie actuelle. L’honneur du clan et le respect des ancêtres passaient alors à un niveau bien lointain de celui du plaisir de la vengeance. En cela, Maud et Kanäe était les mêmes : La verte prendrait un malin plaisir à le tuer. Elle continua donc en rebondissant sur la remarque concernant le poissonnier.
En un certain sens, je te comprends. Tu ne peux même pas imaginer l’envie que j’ai de planter mes lames dans le corps de cet homme et de le torturer pendant des jours avec mes poisons.
A peine son intervention terminée, elle se sentit étrange, elle n’avait jamais dit ses mots à voix haute et allait souvent jusqu’à refuser de même les penser. Aujourd’hui, devant cette femme sans tabou au niveau des meurtres, la jeune Toupex, jusqu’alors passablement rongée par ce sentiment de vengeance réussit, pour la première fois, à le mettre de côté. Elle avait clarifié ses idées et se sentait plus légère. Aujourd’hui et à l’avenir, elle n’y repenserait plus, parlerait du meurtre de ses parents tout à fait stoïquement et vivrait sa vie jusqu’au jour où son chemin croiserait celui de l’assassin. Alors, le monde connaitra une Kanäe qui se rapprocherait très sensiblement de Maud, allant peut-être même plus loin que la ténébreuse n’oserait le faire.
La mouette reprit le sourire et laissa même un petit rire discret s’échapper, elle se sentait légère.
Bon c’est pas le tout, mais se mettre dans l’eau ne suffit pas à enlever l’odeur de poubelle et de poisson que tu as sur toi, tiens. C’est moi qui les fait.
Sur ces mots, l’herboriste lui lança un savon liquide aux arômes de fleur qu’elle fabriquait donc elle-même, l’herboriste ne se contentait pas des poisons. Une fois les deux combattantes propres, il serait temps de penser à s’occuper des habits de la future trafiquante : le feu semblait une bonne idée.
Alors qu’elle m’invitait à dégager les odeurs plus putrides les unes que les autres qui émanaient de mon corps, Kanäe me passa un petit cube savonneux de sa propre fabrication. Vraiment, cette fille, elle savait tout faire. Elle aurait pu se contenter d’elle-même, si elle n’avait pas eu la tête remplie d’idées aussi folles. La colère, la haine, la rage, ça bousille une vie, quand même. Enfin… quand on aspire à une vie paisible dans un monde tel que le nôtre. Et puis, en fait, je ne savais même pas si elle désirait vraiment vivre tranquillement. J’essayais de me mettre à sa place, mais je n’excellais pas dans ce domaine. Pas à cet instant, en tout cas.
Non, d’ailleurs, son discours et le rire presque satisfait n’en disaient que le contraire. Elle voulait plus que tout, non pas le tuer, ou pas uniquement, mais le faire souffrir sur la durée, avant d’en finir réellement avec lui. Elle voulait découvrir le plaisir de retirer lentement la vie d’un homme. Ou, qu’en sais-je, sentir ce plaisir à nouveau ? Je me rendais compte que Kanäe n’était pas si facile à comprendre que ça. Elle n’était pas tout à fait double, et pourtant, derrière la douce et la juste se tenaient prêts à surgir ses pires démons.
Je louchais sur le savon, qui, d’apparence avait tout de banal. Mais après tout ce qu’elle venait de me dire, je ne pus m’empêcher de lui dire, sur le ton de la plaisanterie :
- J’espère que t’as pas empoisonné le savon pour me faire fondre la peau !
Pourtant, j’étais persuadée que si elle l’avait voulu, elle aurait pu. Enfin, j’imaginais qu’elle n’avait pas prévu de me tuer et qu’elle n’avait rien contre moi, alors je passai tout de même le savon sur ma peau. A peine le contact fut-il fait qu’une odeur florale s’en dégagea. Je n’aurais pas su dire exactement tout ce qu’elle avait mis dedans, ni même un seul des ingrédients de son savon, mais je me contentais d’aimer cette senteur. Je me savonnais tandis qu’une petite couche de mousse se formait à la surface de l’eau, autour de Kanäe et moi. Je passais alors le savon à la demoiselle, avant d’attraper un peu de mousse dans mes mains pour l’étaler sur mes joues et m’en faire une barbe.
J’avais beau jouer l’enfant dans le bain, mon esprit ne se détachait pas des dires de ma compagne de bain. Elle désirait plus que tout venger ses parents, et pourtant n’en montrait rien, du moins à première vue. Elle ne faisait paraître d’elle qu’une femme pure, un peu une sainte combattant le mal. Un désir vicieux s’installa alors en moi : je voulais savoir jusqu’à quel point elle pouvait se contenir. A quel moment elle allait pleurer, ou s’énerver, ou je ne savais quoi. J’avais envie de voir où était sa faille. Je tournai le regard vers elle, comme pour essayer de comprendre ce qu’il y avait dans sa tête. Alors, innocemment, je testais une question au hasard, juste pour voir :
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Dim 6 Nov - 15:24
Questions sans réponses
Comme pour toutes ablutions, la personne se baignant finissait par retirer la crasse qu’il ou elle avait accumulé les heurs, jours semaines, mois ou années précédentes, en fonction des personnes. Alors après une blague d’un goût douteux, Maud suivit l’exemple de la convention sociale précédemment évoquée en commençant à se laver tranquillement à l’aide du matériel mis à sa disposition par sa partenaire de bain. Bien évidemment le savon n’allait pas lui dissoudre la peau et était principalement composé de pétales de rose, de fleur de jasmin, d’essence de violette avec quelques petits ingrédients secrets.
Puis alors que les deux femmes semblaient prendre plaisir à la baignade, la deuxième revint sur les faits précédemment évoqués par la verte, à savoir le meurtre de ses parents. Maud voulait creuser l’histoire et en savoir plus sur la situation. Devant un tel comportement, Kanäe ne fut pas spécialement choquée et, peut-être encore plus qu’à l’habitude, adopta sa position parfaitement froide et stoïque. En effet, à titre habituel elle racontait cette histoire sans y laisser transparaitre la moindre émotion ou le moindre sentiment, à quoi bon se mettre à pleurer presque dix ans après un tel drame. Les choses avaient été ce qu’elles étaient et la vie devait suivre son cours, au moins pour prendre une vengeance, un jour. Elle répondit donc à sa comparse sur un ton assuré, arborant une mine parfaitement neutre.
Il y a des questions qui resteront toujours sans réponses. Ta question, j’aurais une réponse lorsque je retrouverai le tueur, pour le moment, je n’en ai pas. Je sais seulement qu’il est arrivé, qu’il a décimé mon clan, et qu’il est reparti. Je n’étais pas là à ce moment-là, d’où ma survie et le fait que je puisse avoir cette discussion avec toi aujourd’hui.
En fin de compte, elle n’avait pas avancé d’un pouce dans cette enquête depuis qu’elle avait rejoint la marine, elle avait pris son mal en patience en constatant que les dossiers auxquels elle avait accès ne pouvaient satisfaire sa soif de question. Malgré tout, et même avec leur ignorance, la marine restait un moyen efficace et rapide de parvenir à ses fins tout en réalisant des objectifs annexes. Ce monde était incroyablement sombre et tenté d’y apporter un peu de lumière ne pouvait réellement pas faire de mal. La Toupex finit enfin par retourner son attention vers son interlocutrice pour terminer l’histoire de ce jour funeste.
De l’attaque, il n’y a eu qu’un survivant en dehors de moi, le sage du village. Il n’a entendu qu’un nom, celui du chef apparemment mais je n’en sais pas plus.
La conteuse finit enfin par récupérer le savon et à elle-même se le passer dans la nuque, elle aimait sentir le parfum des fleurs toujours près d’elle et son propre parfum naturelle passait presque inaperçu pour elle, tant elle y était habituée. La puissance de ces créations cosmétiques lui offrait cette senteur qu’elle appréciait tant. Elle continua donc à se savonner à son tour en laissant un peu de répit à celle qui ne sentait plus le poisson pour assimiler ces informations. La verte se laissa alors glisser pour s’immerger totalement et profiter de la chaleur de l’eau sur son visage et en en profitant pour se masser le crane sous l’eau. Ce simple bain était une sorte de luxe pour elle, car si la caserne était pourvue de baignoire dans des quartiers réservés aux femmes, elles n’avaient pas vraiment le temps de se la couler douce dans l’eau pendant des heures. Ici, elle avait tout son temps entraînant ainsi une remarque d’une véracité inébranlable.
Ça fait quand même tellement de bien de ne rien faire…
Tellement de simplicité qui apportait pourtant tellement de bonheur, le moment serait court mais très agréable. Pour en revenir un peu plus à la réalité, Kanäe reposa sa tête contre le rebord en roche couverte de mousse pour questionner sa partenaire sur son avenir.
Et toi ? A quoi aspires-tu ? Où vas-tu te diriger après ce bain ?
Si elle avait répondu sur un ton « je-m’en-foutiste », je sentis chez Kanäe une certaine froideur. Dans le fond, rien que le fait de penser à ses parents, à cette histoire, ça la faisait chier. C’était ce qu’il me semblait, en tout cas. Ma question, elle s’en foutait : de toute façon elle n’avait pas la réponse. Ça ne l’avait pas énervée, ni vexée, ni choquée, ni rien. Mais il y avait quelque chose, dans son comportement, qui témoignait pour moi d’une rancœur profondément ancrée en elle. Je ne savais pas si elle s’en cachait. Enfin… ce que je pensais d’elle, ça n’avait peut-être rien de juste. Je me contentais de cette sensation fantasmagorique, celle qui me faisait imaginer que Kanäe allait mal. Certaines personnes aiment les sensations que leur procurent la musique, la peinture, ou je ne sais quoi. Moi, ce que j’adorais, c’était plutôt de sentir qu’autour de moi, rien n’allait.
Ce qui me conforta dans cette idée que ma compagne de baignade renfermait, quelque part en elle, un malaise certain concernant le sujet de notre discussion, ce fut son changement de conversation soudain.
- Ça fait quand même tellement de bien de ne rien faire…
Bon, ok, peut-être qu’elle n’était pas aussi mal que ce que je pensais. N’empêche qu’à ces mots, je ne pouvais qu’acquiescer. D’habitude, ne rien faire, ça me saoulait jusqu’à l’ennui. Mais toutes les émotions que nous avions eu, c’était vrai que, quelque part, ça faisait du bien. Je m’étalais dans notre bain naturel jusqu’à ne laisser dépasser que le bout de mon nez. Je louchais sur les bulles qui s’écartaient chaotiquement sous mon souffle, tandis que Kanäe semblait finir de se frotter. Puis, à son tour, elle se laissa porter par l’eau, dans laquelle on pouvait se sentir si légères. La relaxation était telle que je manquais de m’endormir. Et alors que ma tête basculait en avant, assez d’eau et de savon m’entrèrent dans le nez pour me réveiller d’un coup, de sorte à ce que je redresse mon crâne d’un coup sec.
Puis, à son tour, Kanaë décida de s’intéresser à moi, à ma vie, à ce qu’elle était. Je n’y avais pas vraiment réfléchi, mais toute cette discussion avec Kanäe m’aida à prendre une décision. J’avais fui mon royaume natal par peur d’être découverte et arrêtée, mais le moyen le plus simple, avantageux et amusant de ne pas me faire prendre, c’était peut-être, justement, de revenir avec de beaux discours, et de reprendre l’affaire Bingley. Le devoir d’une fille n’était-il pas de faire honneur à ses parents ? Sous cette apparence, il me semblait que je ne craignais rien. Je crois surtout qu’à cet âge, je ne réalisais pas encore que les Bingley, personne en avait rien à foutre. A cet instant, jamais je n’aurais pensé me faire chier plusieurs années durant à faire vivre un commerce dans le plus grand des ennuis, en vain. Non, à l’époque, j’étais encore trop optimiste. Non, non, pas trop optimiste. L’optimisme, on en a besoin ! J’étais juste conne. Franchement, comment j’avais pu penser être capable de faire tourner un commerce comme celui de George ? Quoi qu’il en soit, j’avais pris ma décision : je ne devais pas fuir, encore moins continuer de m’ennuyer. J’allais reprendre ce putain de commerce, jusqu’à son effondrement.
- Je pense que je vais rentrer chez moi. Je devrais pas tarder ! J’ai déjà pris assez de vacances, et j’ai beaucoup de retard sur mon travail !
Sur ces mots, je passais un regard vers Kanäe, tout sourire, en me hissant hors de l’eau. Tandis que l’eau glissait sur ma peau en catastrophe jusqu’à l’étang, je tendais ma main vers le tas de tissu qui m’avaient servi jusqu’ici de vêtements. Brusquement, comme un signal, l’odeur putride qui s’en dégageait arrêta mon bras sèchement. Je sentis mon visage se décomposer de lui-même, témoignant de ma peine et de ma solitude à cet instant-là. Moi qui étais si pressée de retourner chez moi, pleine d’idées pour l’entreprise Bingley… j’étais coincée dans cette putain de forêt à faire des lessives. Putain, me laver, et laver, c’était vraiment une perte de temps.
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Mar 22 Nov - 22:39
Chez soi
Appelé un lieu « chez soi », reflétait une vérité propre à chaque personne, un véritable sentiment d’appartenance à un lieu, à un peuple, à des souvenirs, à une famille ou à un amour… Ainsi, même si elle semblait très solitaire, Maud venait de lui confier qu’elle avait, elle aussi, un chez-soi. Elle avait du travail, immédiatement la gouvernementale se demanda si ce « travail » était un job honnête ou s’il s’agissait de quelque chose de plus dissimulé, de plus répréhensible. Quoiqu’il en soit, Kanäe quant à elle ne pouvait dire la même chose, elle ne ressentait pas ce sentiment d’appartenance si particulier, peut-être avait-elle une famille en les personnes de son mentor, de sa femme et de sa fille. Mais pourquoi avait-elle ressenti le besoin de partir, de s’enfuir ?
Elle le savait parfaitement au fond, rien n’était de la faute de grand et patient homme mais bien de la jeunesse et de la fougue de la jeune femme qui ne supportait plus les ordres des supérieurs de ce groupe hiérarchique qui se cessait de l’invectiver sur telle ou telle manœuvre de combat mal effectuée, ou même bien effectuée. Les choses étaient bien différentes pour la verte que pour la majorité des personnes de ce monde, entrer si jeune dans la marine, et au fond plus par dépit que par conviction. En fin de compte, l’endroit où elle se sentirait le mieux n’était pas tant un lieu mais plutôt aux côtés d’une personne qu’elle aimait vraiment. Parmi tous les êtres de ce monde, il n’y en avait qu’un qu’elle regrettait d’avoir quitté, un seul qu’elle aimerait retrouver, qu’elle ne quitterait plus. Elle ne l’avait pas vu depuis plusieurs années et ne savait pas où le trouver, un jour prochain elle savait qu’elle le recroiserait.
En attendant, elle contemplait alors ce que beaucoup d’homme rêverait d’observer, la belle Butterfield sortait du bassin avant de bloquer devant sa pile de fringue sales. Cette vision presque gênante fit la Toupex qui imaginait bien la propre remettre ses haillons dégueulasses en grimaçant. Une fois de plus, la clémente herboriste décida d’être la sauveuse de la situation et, depuis le bassin, interpella sa camarade pour traiter d’un sujet épineux : la destruction de ses atours.
Tu sais, vu ce niveau de puanteur, je pense qu’il n’y a qu’une solution, brûle les. Tu rendras service à l’humanité.
Sa remarque l’avait clairement amusé, et ce fut en riant qu’à son tour elle s’extirpa de l’eau avant de s’emmitoufler dans sa serviette. Elle approcha alors de l’autre jeune femme et lui posa les mains sur les épaules, les hanches et enfin, la poitrine, sans même lui demander son avis au préalable ; entre femme on se comprend. Il n’y avait là rien de pervers et les contacts n’avaient été que très brefs, il s’agissait ici seulement d’un simple test de taille. Le constat arriva rapidement et une proposition fur offerte à la maîtresse des ténèbres.
On a l’air de faire la même taille, j’ai plus de poitrine que toi donc tu entreras facilement dans mes habits. J’ai un ou deux kimonos en plus dans ma tente, mais je te préviens, ils sont tous à motifs floraux. Ça te dit ou tu veux remettre tes habits puants ?
Elle avait un autre choix vestimentaire qu’elle préférait garder sous silence, à savoir son uniforme de recrue de la marine. Elle voyait effectivement très mal la tueuse dans un vêtement du gouvernement mondial, d’ailleurs celle-ci ne savait toujours rien de l’appartenance de l’amoureuse de la nature à la grande fratrie des mouettes. Quoiqu’il en soit, elle se rappela simplement du fait qu’elle devrait bientôt retrouver ce fameux groupuscule : casser les bras des recrues hommes lui manquait énormément.
Enfin de compte, à défaut d’autre chose, c’était peut-être ça chez elle : là où elle pouvait martyriser des salopards.
- Tu sais, vu ce niveau de puanteur, je pense qu’il n’y a qu’une solution, brûle les. Tu rendras service à l’humanité.
Elle avait peut-être pas tort. Devenus des haillons, et puant à en réveiller les morts, mes vêtements ne valaient plus rien. Si ça se trouve, elle était tellement sale qu'elle pouvait brûler ma peau, ou une connerie du genre. Ça me faisait chier, je l’aimais bien, cette robe. Elle tenait bien au niveau du buste, mais s’évasait vers les hanches et devenait assez large pour me permettre de bouger comme j’en avais envie. Pendant un instant, mon regard jonglait entre Kanäe et la robe. Vers Kanäe, mes yeux suppliaient de ne pas brûler mes habits, et pourtant savaient que la demoiselle proposait la meilleure décision à prendre. Et si je pleurais à l’idée de brûler ma robe, en l’observant, et surtout en la reniflant, je sentais en moi un certain dédain s’installer en moi, à son égard. Pauvre robe. Il fallut bien quelques minutes avant que je prenne ma décision :
- Ok, elle pue vraiment, on peut la brûler.
Moi, je ne me posais pas la question de ce que je pourrais mettre ensuite. Je me serais retrouvée nue et pas bien maline, si Kanäe ne m’avait pas proposé l’un de ses kimonos. En même temps, quelle idée de s’habiller. Ce serait bien plus simple de vivre tous nus. Et puants, tant qu’à y être. Comme ça, plus de problèmes de linges, d’odeur, de propreté. La belle vie, quoi !
D’ailleurs, Kanäe sortit de la source, nue comme dans mes idéaux. Bon, elle ne tarda pas à s’enrouler dans une serviette, sûrement par pudeur. C’était du moins ce que je pensais, jusqu’à ce qu’elle se mette à me tapoter les épaules, les hanches, et les seins. Surprise sur le coup, et ne sachant pas trop comment réagir à ses avances, je sentis seulement comme réponse naturelle à de tels gestes mes joues virer au rouge, puis ma tête entière. Sans vraiment comprendre pourquoi, j’étais gênée, extrêmement. Ses actes passèrent tout de même très rapidement, et Kanäe s’expliqua de suite après. C’était juste pour trouver ma taille de vêtements.
Enfin, elle aurait quand même pu se passer de préciser que ses seins étaient plus gros que les miens. J’étais même pas sûre que c’était vrai ! Et puis… de toute façon, on s’en foutait, que j’avais de petits ou de gros seins, hein ? Franchement, c’était pas la peine de s’attarder là-dessus. Ma poitrine, elle était très bien ! Pas trop grosse, et surtout pas trop petite, juste comme il fallait. Trop petite ? Non, non, je ne connaissais pas. MES NICHONS ETAIENT TRES BIEN !
Alors qu’aux paroles de Kanäe, mon visage avait dû se crisper de sorte à exprimer une certaine rancœur, je soufflais doucement pour me détendre. Après tout, c’était déjà pas mal qu’elle veuille bien me passer des habits propres. A motif floraux, certes, mais des habits quand même. De toute façon, une fois rentrée à la maison, je n’aurais eu qu’à les changer. C’était un peu la honte de traverser les mers avec de fleurs comme vêtements, mais je m’en contentais.
- Hum… c’est…
Gentil ? Berk.
Comment ce mot avait-il pu ne serait-ce que me venir à l’esprit ? Gentil, sympathique, mignon, tout ce genre de choses répugnantes, ça n’existait pas. Pas dans un monde comme le nôtre. J’avais banni de tels mots de mon vocabulaire depuis un moment déjà. Je ne croyais plus que les choses pouvaient être bonnes ou mauvaises, de toute façon. Il n’y avait rien de ça.
Je finis par revenir sur mes dires, pour rectifier ma réponse, en haussant les épaules :
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Mar 6 Déc - 13:11
Au final…
Ainsi donc, après avoir hésité pendant quelques minutes, avoir légèrement boudé suite à une remarque anatomique et avoir un peu maté la verte, Maud décida finalement d’accepter le kimono proposer par Kanäe. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que le ténébreuse n’appréciait pas spécialement les motifs floraux, ce qui arracha un large sourire ainsi qu’un ricanement légèrement moqueur à l’habilleuse qui lui déposa le paquet de vêtement sur une souche.
Tu peux te changer dans ma tente si tu le désires.
Kanäe quant à elle avait vécu dans un quartier réservée aux femmes dans une base de la marine, elle était allé régulièrement aux grands bains avec deux amies à elle, Sayara et Lily et avait donc abandonné tout sens pudique, enfin uniquement devant les autres femmes. Ce fut donc sans plus de cérémonie qu’elle laissa tomber la serviette qui l’habillait jusque-là pour passer ses vêtements, des propres. SI les odeurs et la saleté ne dérangeaient pas Maud, ils répugnaient la verte. Elle n’en était pas au point de se laver obligatoirement en pleine mission d’infiltration mais aimait se sentir propre lorsque les circonstances le lui permettaient, ce qui était le cas en l’espèce. Elle ne faisait absolument pas attention à sa camarade, ne vérifiait pas si elle était épiée ou non, et dans le fond, s’en moquait pas mal. Elle avait proposé sa tente dans la simple idée que beaucoup de personnes étaient beaucoup plus pudiques qu’elle. Elle repensait à ce titre à une jeune recrue de la marine, une certaine Kolina, qui attendait que tout le monde soit au lit pour aller faire ses ablutions. Enfin bref.
Il ne faisait aucun doute que la rencontre entre ces deux jeunes femmes que tout opposait n’allait pas tarder à toucher à sa fin, et à cette pensée, la verte se rendit compte que sa vie de recrue commençait déjà à lui manquer. Elle se rendait encore compte de certaines choses : en partant elle n’avait vu que son mentor et sa famille comme proches mais elle en oubliait ces deux-là… Sayara et Lily, deux jeunes femmes avec qui elle passait beaucoup de temps, peut-être étaient-elle ses amies en fin de compte et pas seulement de vulgaire connaissance. Peut-être même que la chasseresse leur manquait. Elle n’en aurait le cœur net que l’en retournant à Marijoa, auprès de son mentor et de ses deux présumés amies. Réfléchissant à cela, elle attendrait que Maud ait fini de se changer avant de tranquillement commencer à ranger et à remballer ses affaires. Le temps de rentrer était venu.
Ce fut donc sur cette décision finale qui s’occuperait de tout rassembler, ne manquant pas de complimenter cette nouvelle rencontre sur la tenue magnifique qu’elle portait maintenant, le motif fleural lui allait comme un gant. Une fois tout remballé Kanäe finirait par lui proposer de rentrer au port en sa compagnie.