Feuille de personnage Niveau: (45/75) Expériences: (207/500) Berrys: 82.110.500 B
Dim 25 Déc 2016, 7:59 pm
Un jour mon Marine viendra, un jour on s'entretuera.
Ne prenant plus la peine d’y réfléchir, je me voyais tuer, déchiqueter, sans aucune pitié, sans compassion. J’y prenais un plaisir intense, et l’adrénaline qui coulait dans mes veines m’appelait à continuer, avec plus de force que la seconde précédente. Mes coups, précis, violents, faisaient crouler d’innombrables corps sous mes pieds. J’entendais des soupirs de douleur, des cris d’agonie, des pleurs d’impuissance. Mes yeux ne voyaient plus rien, ils ne voulaient plus rien admirer à cet instant. Guidée par une force bestiale, seuls les coups de ma lame importaient. Et soudainement, plus rien. Plus un bruit. Il n’y avait plus un souffle de vie, le travail était terminé et ma vue revenait peu à peu.
Interdite, je revenais à moi-même, jetant des coups d’œil furtifs aux alentours. Je reconnaissais bien ces lieux. Amazon Lily. Je reconnaissais bien ces corps. Toutes ces femmes, ces amies, cette famille. Toute mortes, assassinées de mes propres mains.
- Qu’est-ce que… ?
Me laissant tomber à genoux, je relâchais mes armes, laissant le son de leur chute sur le sol retentir dans un fracas qui me semblait assourdissant et violent. Secouant ma tête frénétiquement, je me refusais d’y croire et les larmes ne tardèrent pas à couler.
- Ce n’est pas moi, c’est n’est pas moi. Ce n’est pas de ma faute, je n’ai jamais voulu ça, je n’en veux pas.
Soudainement, un bruit se fit entendre. Quelqu’un était vivant. Une lueur d’espoir. Regardant autour de moi, je cherchai l’origine de ce bruit.
- Non, ce n’est pas toi, ou du moins, pas totalement.
Que faisait-il là ? Ce vieux monsieur qui me traitait comme sa petite chose, comme sa propriété et qui s’amusait à expérimenter des tas de choses sur moi. Il s’amusait de cette situation, cela le réjouissait, à n’en pas douter. Il affichait un large sourire, comme s’il avait déjà gagné. Il avait remporté la victoire, je l’avais compris au moment où il avait pris la parole.
- Si seulement tu étais revenue auprès de moi plus tôt, nous aurions pu éviter tout ça, j’aurais éradiqué le mal à la source. Tu serais devenue docile, gentille, incapable de faire le moindre mal. J’aurais pu te sauver de toi-même, mais tu n’as pas voulu. Quel dommage !
Il mentait. De toute façon, rien n’allait changer, les choses resteraient telles qu’elles étaient. J’étais condamnée, une damnée qui ne pouvait plus fuir son destin. Que me restait-il ? Qui voudrait de moi ? Une folle qui n’est même plus capable de se contrôler. Personne, décidément personne.
- Il n’est jamais trop tard, très chère. Jamais. Viens avec moi. Viens, tu oublieras tout ceci, tu ne te souviendras de rien et je t’offrirais la vie tranquille dont tu as toujours rêvé. Tu seras enfin heureuse et tranquille. N’est-ce pas agréable ?
Mensonges, mensonges. Il ne pouvait que mentir, il ne voulait pas faire de moi ce qu’il prétendait, il avait d’autres desseins, bien plus mauvais. D’un autre côté, les choses pouvaient-elles réellement empirer ? Camper sur ses positions avait-il encore un sens ? Relevant mon regard vers l’individu, il avait l’air avenant, chaleureux. Comme si ma seule chance de rédemption se trouvait en lui, comme s’il était la seule option, ou plutôt la meilleure. Il m’accorda un sourire, accueillant.
- Ne suis-je pas ta seule issue ? Qui pourrait encore vouloir de toi maintenant ? Personne. Ils vont tous t’abandonner, les uns après les autres. Amour et amitié ne sont pas stables. Je serai toujours là, moi. Je te connais mieux que quiconque et je sais comment t’aider mieux que quiconque.
Me tendant une main, elle avait l’air salvatrice, étrangement attirante. Une issue, un autre chemin. Un moyen de tout changer, enfin. Prenant une grande bouffée d’air, ma main commença à se lever, hésitante dans un premier instant, puis, plus sûre d’elle pour finalement s’agripper à celle de l’autre individu. Je me sentis tirée vers l’avant.
Un sursaut et j’ouvris soudainement grand les yeux, haletante, couverte de sueur. Où étais-je ? Il faisait noir, complètement noir. Que s’était-il passé, descendant du lit avec rapidité, je cherchais le moyen de trouver un quelconque indice.
- Allumez la lumière, vite !
Je n’eus pas besoin de me faire prier que la lumière arriva, me laissant apercevoir Akimitsu, tout aussi surpris que moi.
- Où sommes-nous ? Que s’est-il passé ?
Fronçant les sourcils, il ne semblait pas avoir compris ce qui était en train de se passer. La surprise dans ses yeux se transforma rapidement en panique. Il ne tarda pas à répondre, balbutiant une réponse inquiète :
- Amazon Lily. Tu y es devenu Impératrice. Tu t’en souviens, n’est-ce pas ?
Hochant la tête affirmativement, si j’étais encore sur l’île, c’est que ce cauchemar n’était pas réel. Je n’avais rien fait, je l’avais seulement imaginé. Poussant un long soupir de soulagement, je me sentais déchargée d’un immense poids.
- Ce n’était qu’un rêve. Un rêve…
S’approchant doucement de moi, Akimitsu avait l’air quelque peu moins inquiet. Me rappelant que les hommes n’étaient pas autorisés dans les environs, je me mis à paniquer qu’on nous surprenne ainsi.
- Tu devrais… - Ce n’est pas important.
Il avait posé une de ses mains sur mon épaule et avait glissé l’autre dans mon dos, m’empêchant de me défaire de son emprise. Son regard était planté dans le mien, j’avais l’impression qu’il était en train de me sonder, de fouiller dans les moindres recoins de mon esprit et je n’arrivais plus à détourner mon regard. Il était proche, très proche. Si proche que je sentais son souffle contre mon visage. Trop surprise pour réagir, je le laissais me guider sans montrer aucune résistance.
- Tout va bien ?
Je lui fis un grand sourire avant de répondre le plus simplement du monde.
- Bien sûr !
Me rendant mon sourire, il resserra son étreinte, réduisant encore plus la distance qui nous séparait. Sa main sur mon épaule glissa lentement le long de mon cou avant de se saisir de mon menton délicatement.
- Ce n’est pas bien de mentir. Je vois bien que quelque chose ne va pas. - Juste un mauvais rêve !
Il n’avait pas l’air convaincu par ma réponse, pourtant, il n’avait pas non plus l’air de vouloir me relâcher. On avait presque l’impression qu’il allait… Non, bien sûr que non. Ce n’était pas des choses qu’il faisait, ce genre de futilité. Il me fixait toujours avec un regard intense, assez difficile à cerner. Il fallait espérer que personne n’entre dans cette pièce. Il reprit alors la parole, d’une voix mielleuse.
- J’ai envie de faire quelque chose de totalement fou. Mais j’ai besoin de ton autorisation.
Je sentis le rouge me monter aux joues, me faisant d’innombrables films dans l’esprit. J’arrivai à articuler une réponse plus ou moins cohérente.
- Tout dépend de ce dont il s’agit.
Il m’accorda un large sourire et approcha lentement son visage du mien. Instinctivement, je fermai les yeux, m’apprêtant à le repousser s’il allait trop loin. Je sentis alors sa voix murmure quelques mots au creux de mon oreille :
- J’ai très envie… De me dégourdir les jambes.
Il me relâcha alors soudainement, avant de se mettre à rire, comme un idiot. Interdite, je le fixais d’un air perdu. Pourquoi avait-il fait ça ? Je me sentais soudainement très bête et j’avais comme envie de me cacher dans un trou.
- Il fallait voir ta tête ! Comme si je pourrais vouloir t’embrasser !
Croisant les bras, en faisant la moue, il n’était pas très gentil. Visiblement, les longs moments qu’il avait passé sous forme de katana l’avaient rendu bien plus taquin qu’à son habitude. Il avait bien changé depuis notre première rencontre.
- Je ne suis pas assez jolie pour être embrassée, c’est ça ?
S’arrêtant soudainement de rire, il me fixa d’un air sérieux, cherchant à déterminer si je blaguais ou si j’étais réellement en colère.
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, je suis certain que des milliers d’hommes rêveraient de t’embrasser !
Mais qu’était-il en train de raconter ? Remarquant mon visage exaspéré, il recommença à rire. Attrapant son visage entre mes mains, je proférai quelques menaces :
- Tu ferais mieux de redevenir un katana avant que quelqu’un t’entende ou entre dans cette pièce.
Pourtant, ma remarque n’avait pas l’air de le convaincre et il donnait simplement l’impression de retenir un nouvel éclat de rire. C’était terriblement imprudent. Soudainement, sa main bougea pour attraper la mienne et, d’un geste brusque, il m’envoya valdinguer à l’autre bout de la pièce avant de se diriger vers la porte de sortie. Il ne me fallut qu’une demi-seconde pour réagir et traverser l’espace de la pièce en tout aussi peu de temps pour le saisir au niveau de l’épaule et le retenir.
Pourtant, il fut encore plus rapide à réagir et, alors que je m’apprêtais à l’attraper, il changea de forme, revenant à une simple forme de katana et me laissant perdre l’équilibre et m’écrouler par terre, provoquant par là un boucan infernal. Ronchonnant quelques secondes, je finis par me lever.
- J’ai du pain sur la planche moi !
Il ne m’écoutait certainement déjà plus. Peu importe. Je n’allais pas me laisser déstabiliser pour si peu. L’avantage de tout ceci était que j’en avais presque oublié mon mauvais rêve. Néanmoins, j’avais encore bien des choses à faire en cette nouvelle journée. Mes plans étaient assez simples. Il fallait se préparer à une attaque imminente et, en tant que nouvelle chef de ce peuple, je me devais de connaitre avec précision toutes les capacités, qualités et défauts de chacune de ces femmes. Je devais parvenir à toutes les saisir à la perfection. Néanmoins, le temps manquait et je me devais d’être prête à temps, en ne sachant pas quand ce temps arrivera.
Rien ne semblait avoir préparé ma réussite. Personne n’aurait d’ailleurs pu imaginer, il y a quelques temps de cela, que je serais celle qui prendrait la succession à la tête d’Amazon Lily. C’était une responsabilité à laquelle je ne m’étais jamais préparée et que j’étais pourtant prête à porter sur mes épaules. J’avais pris ce peuple en affection assez rapidement. Il m’avait accueilli et m’avait offert un foyer. J’y avais trouvé une famille que je n’avais jamais eu l’occasion de connaitre. Les choses avaient alors pris une tournure bien différente. Désormais, je me devais de les protéger autant que je les chérissais. Voilà bien où résidait le fond du problème. Les choses n’étaient pas aussi simples qu’il n’y paraissait.
Certes, me voilà désormais à la tête de ce peuple de guerrières, mais je devais continuer inlassablement à faire mes preuves. Convaincre toutes les indécises car ma victoire n’avait pas été écrasante, loin de là. Beaucoup de femmes ne me pensaient pas digne de mon rang. Avaient-elles tort ? Je n’aurais su le dire. J’avais donc petit à petit commencé à m’affirmer en tant que leader. Les premiers jours avaient été plus que difficiles, d’autant qu’il fallait rapidement réfléchir à la suite des événements, à ce que j’avais l’intention de faire.
Je m’étais enfin habituée à mon nouvel environnement que me voilà déjà en train de dormir dans un palais. N’importe quel être humain, sensé, en s’éveillant dans un endroit luxueux, riche, ne pourrait que croire à un rêve. C’était dans ce même palais que nous avions eu à affronter des membres de la Marine. Leurs corps avaient été rapidement débarrassés et, tout aussi efficacement, toute trace du combat avait été effacée des lieux. Ainsi, la salle du palais semblait plus que paisible, il y régnait un silence certain, quelque peu pesant pour moi.
Restant un long moment seule dans cette salle, je me passai la main sur le visage, comme pour m’assurer que cette sensation était bien réelle. Traversant la salle du palais, j’enjambai alors celle-ci pour m’avancer vers la porte donnant sur l’extérieur, l’ouvrant d’une traite. Le soleil me fit plisser les yeux avant de me laisser voir le paysage qui m’entourait. C’était la fin d’une époque et le début d’une nouvelle vie. Le passé n’avait plus aucune importance dans ces lieux, seul le futur importait et je le voulais radieux. Je le voulais meilleur que les réminiscences qui hantaient mon esprit. J’avais acquis un nouveau pouvoir et j’en voulais soudainement plus, beaucoup plus car je me savais encore trop faible pour pouvoir changer quoi que ce soit. Mes alliés se comptaient encore sur les doigts d’une main, mais ils pouvaient tout sacrifier pour moi. La réciproque était tout aussi véritable. Mais désormais, j’avais, en plus de cela, tout un peuple sous mes ordres. L’objectif des prochains temps serait donc de s’assurer une fidélité de celui-ci. Puis d’aller récolter de nouveaux alliés pour se frayer un chemin parmi les puissants, pour faire peser sa voix sur les mers. Quelques mois auparavant, je n’aurais jamais rêvé d’une telle prise de pouvoir, j’avais toujours eu cette irrémédiable envie de demeurer dans l’effacement, dans la discrétion. Mais tout ceci était fini, la gentille Tenshi avait décidé de changer de visage, ou plutôt y avait été forcé par une force qu’elle ne savait plus contrôler, qu’elle ne pouvait plus contrôler. Personne n’allait l’arrêter, qui l’oserait ? Il suffisait de garder ce visage souriant et cet air paisible sur le visage pour tromper le monde. À n’en pas douter, les choses allaient en s’améliorant pour le moment.
Commençant à me promener dans l’île, je ne savais pas trop quoi faire pour le moment. Je me contentai de croiser les femmes, de m’assurer que ces dernières allaient bien. Les choses n’avaient pas vraiment changé, mis à part que certaines personnes avaient soudainement bien plus de respect à mon égard. Ce n’était pas vraiment ce que je souhaitais, je ne voulais pas être vénérée, je voulais être considérée comme une amie, une sœur. Je voulais qu’elles m’offrent leur confiance et qu’elles me confient leur vie. Rien que ça. La matinée se passa ainsi sans encombre, j’avais visité de nombreuses femmes, presque comme j’avais toujours eu l’habitude de le faire, toutefois, il allait falloir rapidement se mettre au travail et je devais réfléchir au futur.
Au début, je m’étais donc contentée de me plonger dans une profonde réflexion, tout en me promenant sur l’île pour y prendre des nouvelles. J’avais, depuis quelques temps, intensifié mes entrainements, les rendant plus ardus de jour en jour, étant plus que déterminée à me battre avec toute la force qu’il me restait. Mes coups étaient devenus plus puissants et ma vitesse avait considérablement augmenté. J’avais également réalisé une rapide évaluation des capacités offensives de chacune des femmes de l’île, observant avec attention ces dernières lorsqu’elles avaient l’occasion de combattre. Je ne voulais qu’aucune d’entre elles n’ait à se mettre en danger, pourtant, je les envoyais vers le danger de façon certaine et c’était ce que la plupart souhaitait. Elles étaient des guerrières avec des idéaux très souvent assez différents et il fallait s’adapter à chacune. Ce n’était pas une tâche facile.
Elles étaient toutes prêtes à se sacrifier pour leur maison, c’était certain. Elles avaient toutes consciences du danger, même les plus jeunes. Certaines jeunes filles semblaient même vouloir prendre part au combat. Mais je ne pouvais pas vraiment accepter qu’une enfant de douze ans prenne les armes pour se battre, si ? Toutes mes histoires et mes aventures semblaient avoir motivé les tous jeunes et elles se mettaient à rêver d’une vie tout aussi trépidante. Cela m’amusait et m’inquiétait tout autant. Ici, l’éducation des femmes était bien différente. Là où, dans le monde extérieur, elles étaient parfois exploitées, voire dénigrées, qu’on les encourageait à ne pas prendre les armes, ici, c’était tout le contraire. La femme guerrière était admirée, était belle et puissante. Elle imposait son hégémonie sur tout autre genre d’individu. Elles combattaient, elles étaient des pirates et elles savaient ce qu’elles avaient à défendre. J’admirais toutes ces femmes. Ainsi, après quelques jours, j’avais une idée assez claire de mes intentions.
J’avais ainsi décidé de convoquer Mabilla, Trish et Tia pour leur soumettre mon idée et m’assurer de leur soutien dont j’aurais besoin plus que jamais. J’avais également prié l’ancienne Impératrice de se joindre à la réunion pour m’assurer son soutien. Elle était toujours assez faible, mais le repos semblait l’avoir beaucoup aidé.
Attendant que tout le monde arrive, cela ne semblait pas avoir réjoui tout le monde. Si Trish faisait, depuis quelques temps déjà, preuve de bonne volonté à mon égard et que Mabilla avait assuré qu’elle me soutiendrait si je remportais la victoire, Tia avait l’air moins emballé par ma victoire. Elle devait d’ailleurs préféré gérer son équipage seule et ne pas recevoir d’ordres de plus haut. Il allait s’agir de la personne la plus difficile à convaincre. Prenant alors la parole, j’exposais rapidement la situation :
- Je vais être rapide, car le temps nous est compté. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes menacés par une attaque imminente de la Marine. J’ai décidé de les attirer à nous délibérément, pour pouvoir se préparer correctement à l’offensive et y répondre de manière efficace. Nous allons ainsi pouvoir nous prémunir de nouvelles attaques pour quelques temps. Je ne saurais dire combien de temps cette paix durera, mais elle sera bienvenue.
Marquant un temps de pause, je tentai de capter dans leur regard une quelconque information, mais elles restaient impassibles.
- J’ai considéré que la meilleure solution était encore de faire d’une autre île notre champ de bataille, car nous avons le pouvoir de choisir notre terrain. Une étude approfondie du terrain sera alors nécessaire pour nous assurer la victoire. Cela nous permettra d’y coincer des pièges et d’obliger les ennemis à subir leur défaite, tout en préservant la partie de la population qui n’est pas capable de combattre. Néanmoins, je me dois de m’assurer que chacune d’entre vous me soutiendra pour ce combat, j’ai besoin de toutes les guerrières de cette île, mais j’ai avant tout besoin de femmes pour les diriger car je ne pourrais pas être sur tous les postes à la fois.
Fixant chacune des femmes présentes, j’attendais leur réponse. Trish fut la première à répondre.
- Tu peux compter sur moi.
Hochant la tête en lui adressant un sourire, son soutien me fit plaisir, mais ce n’était pas la personne dont je doutais le plus. Mabila ne tarda pas non plus à me confirmer qu’elle combattrait à mes côtés, une bonne chose à savoir. Tia fut plus réticente, néanmoins, je la savais résolue à vouloir protéger ces lieux et ce fut certainement ce qui la convainquit, même si je ne pouvais assurer qu’elle obéirait à mes injonctions s’il le fallait.
- Je ne sais pas quelle sera l’envergure de l’attaque, ni le nombre d’adversaire, ni leur force. Nous plongeons donc dans l’inconnu. Ils ont probablement des informations sur notre nombre et nos forces respectives. S’ils souhaitent une victoire, ils seront donc plus nombreux que nécessaire. Cette première attaque n’était qu’une petite mise en garde, qu’un aperçu. Il va falloir se montrer efficace et renforcer plus que tout le travail en équipe. Mais je ne doute pas de notre victoire si nous restons unies.
Congédiant alors les femmes, j’avais réussi à me montrer suffisamment convaincante, néanmoins, en mon fort intérieur, j’avais conscience que la victoire ne serait acquise que par des sacrifices. Difficile d’accepter une telle décision, mais j’y étais presque forcée, je n’avais pas le choix. Je ne pouvais qu’essayer de réduire ces sacrifices comme je le pouvais et tenter d’endiguer l’attaque. Désormais, il fallait s’assurer que chaque guerrière allait se battre avec courage pour ses sœurs.
Pour cela, il fallait déjà s’assurer que mon idée allait être suivie et réalisable. L’idée d’une futur combat plaisait à plus d’une, restait à savoir si le reste allait aussi leur plaire. Il y allait avoir des combats frontaux, mais j’avais dans l’intention de nous assurer le plus de chance de réussite et de réduire de façon effective le nombre d’ennemis dès le début. L’ennemi ne connaissait pas la position de l’île, mais il avait le moyen d’atteindre une des femmes qui s’y trouvait. L’idée était donc de le prendre par surprise de le conduire dans un piège, en espérant qu’il ne se doute de rien et qu’il y plonge tête baissée. J’avais visité de nombreuses îles aux alentours d’Amazon Lily, assez proches de celle-ci, afin de pouvoir s’y rendre en très peu de temps si nécessaire. J’en avais trouvé une particulièrement intéressante. Je l’avais visité, entourée de quelques guerrières, dans l’idée d’en faire un champ de bataille.
L’île était assez volumineuse pour y habiter un peuple tel que le notre, mais était bien plus hostile qu’Amazon Lily, étant encore totalement sauvage. Nous arrivâmes par le sud de l’île, sur une plage de sable fin paradisiaque, au long de laquelle se trouvait de nombreux cocotiers. Un endroit qui semblait plutôt paisible. Une large forêt s’étendait vers l’Est, tandis que l’Ouest était recouvert de montagnes rocheuses. J’avais, pour commencer, entrepris des recherches vers ces montagnes. Une partie du groupe fut donc envoyé vers la forêt et ses dangers, tandis qu’une autre partie se dirigeait vers la montagne. Rapidement, il nous fallut commencer à grimper, ce fut ainsi que nous pûmes atteindre le haut de la montagne, un endroit idéal pour faire le guet et surveiller ce qui venait en mer. On pouvait voir assez loin et cela fut satisfaisant. De plus, on pouvait voir tout ce qui se passait sur l’île d’ici. Ainsi, le Nord, toujours aussi sauvage, était lui aussi recouvert par d’innombrables arbres, mais ils étaient bien plus grands que des arbres ordinaires et donc certainement bien plus âgés. L’endroit semblait plus qu’idéal.
Je passais donc les journées qui suivirent à découvrir les moindres lieux, à explorer chaque recoin et à relever tous les dangers qui pouvaient roder. De nombreuses bêtes y rodaient, certaines plus dangereuses que d’autres. La faune et la flore semblaient pourtant coexister d’une façon inexplicable et étonnante. Je m’en voulais quelque peu de rompre cet équilibre.
Ainsi, nous avions plusieurs terrains de jeu. Tout d’abord, une grande plage au sud, assez longue pour y faire débarquer des navires. Ce serait donc ici que je souhaiterai accueillir nos invités dans un premier lieu pour les disperser sur l’île. La plage était le lieu propice pour y dissimuler quelques explosifs. J’imaginais déjà le spectacle de nombreuses explosions faisant voler en éclat bien des ambitions. C’était le seul endroit où il était possible de débarquer, le reste de l’île étant entouré de rochers ou étant trop élevé par rapport au niveau de la mer.
La montagne serait le deuxième terrain de jeu. Surélevée, surplombant l’ensemble de l’île, elle était tout particulièrement intéressante pour les combattantes à longue distance, mais également pour avoir une vue d’ensemble de l’île. Ainsi, un bon endroit pour y mettre un poste de surveillance. Les montagnes étaient habitées par quelques animaux.
La forêt de l’est serait le troisième terrain de jeu. Elle était truffée de pièges en tout genre. En pénétrant dans cette belle forêt, on se retrouvait immédiatement plongé dans une certaine obscurité, qui ne permettait pas de voir parfaitement l’endroit où on posait les pieds. On pouvait percevoir quelques bruits étranges, rien de bien inquiétant en soi. Puis, plus on s’enfonçait, plus cet atmosphère devenait oppressante. Nul besoin de préciser que je mettais enfoncée dans ces lieux avec beaucoup d’attentions. Les feuilles bruissaient et semblaient bouger de façon inexplicable. L’idée me prit alors d’illuminer les lieux pour me rendre mieux compte de ce qui s’y passait.
Une intense lumière illumina l’espace autour de moi. Cela ne dura que très peu de temps. Une dizaine d’animaux se jetèrent sur cette soudaine luminosité, comme attirée par elle. Des sortes de chats sauvages, un peu plus gros que la normale, semblait avoir décidé de suivre cette lumière. Ou plutôt de la détruire.
La suite du chemin nous mena vers un marais et des marécages. Ceux-ci étaient emplis de reptiles qui n’attendaient qu’une chose : bondir pour attraper sa proie et la dévorer. Il valait mieux rester à une certaine distance de ces animaux. Contournant le marais, les bêtes nous fixèrent d’un œil envieux, mais nous étions trop éloignés pour qu’elles puissent nous atteindre.
Encore quelques pas, et nous voilà dans un nouvel environnement. Une large clairière qui semblait plus que paisible et qui donnait sur la forêt aux grands arbres. Un lieu bien plus éclairé que le précédent, mais pas pour autant moins dangereux, bien au contraire. Ces lieux grouillaient d’insectes en tout genre, de serpents et d’oiseaux volumineux.
Après quelques jours, j’avais donc établi une idée précise de ce que je voulais faire de chacun de ces lieux. Chaque femme de l’île allait pouvoir participer à sa manière, chacun pourrait mettre la main à la pâte et chacun allait le faire. Après tout, qui ne voudrait pas défendre sa famille et sa paix ? Ainsi, nous avions commencé les préparatifs. Chacune s’entrainant avec toujours plus d’ardeur que sa voisine.
J’avais commencé par demander à Yone, la femme mécanicienne de l’île, capable de construire des pièges élaborés du moment qu’elle les avait déjà aperçu, de produire des mines souterraines que l’on pourrait apposer au niveau de la plage, là où j’espérais que l’ennemi débarque. S’il se jetait tête baissé sur la plage, il en subirait rapidement de gros dégâts. Néanmoins, nous n’aurions pas le temps d’en produire beaucoup car le temps était compté et, qu’une fois installées, il ne serait plus possible de circuler sur la plage. Il nous fallut, par conséquent, trouver un autre moyen de débarquer sur les lieux. Celui-ci fut rapidement trouvé. En effet, en faisant le tour de l’île par la mer, j’y découvris une petite grotte, assez en hauteur. Il fallait grimper pour l’atteindre, mais cette montée était assez aisée une fois dedans, il ne suffisait plus que de quelques pas pour arriver sur le sol de l’île. C’était bon à savoir et dissimuler cette petite ouverture sera chose aisée.
Les préparatifs commencèrent assez rapidement. Nous allions attendre ici l’ennemi et lui offrir le plus spectacle qu’il n’avait jamais vu. Et certainement le dernier. Explosifs et autres surprises en tout genre lui étaient finement préparés. Cela serait-il suffisant ? Non, les combats allaient avoir lieu, envers et contre tout. Je ne pouvais pas les empêcher. Elles n’allaient pas toutes survivre. Néanmoins, elles étaient toutes prêtes à ce sacrifice, du moins, c’était ce que je voulais croire.
J’avais scindé les guerrières en deux groupes. L’un combattrait au niveau de la montagne et l’autre allait plutôt se concentrer sur la forêt. J’avais décidé d’envoyer Tia, Mabila et leurs guerrières vers la forêt tandis que Trish et moi-même demeurerons auprès des montagnes. C’est ici, également, que j’avais décidé d’installer les combattantes à distance. La prise de hauteur allait permettre de prendre l’ennemi par surprise avant qu’il ne puisse atteindre quiconque sur cette montagne. Des pièges avaient été déposé, par-ci, par-là, de quoi ralentir leur avancée. Il en était de même dans la forêt. Il suffisait de les attirer dans la bonne direction.
Les choses furent rapidement organisées et il fallut s’adapter à ce nouveau mode de vie. Néanmoins, les choses n’allaient pas tarder à revenir à la normale. L’attaque était imminente, je le savais. Et, si elle ne l’était pas, elle risquait de ne jamais avoir lieu. Après tout, pourquoi attendre aussi longtemps ? Ils devaient se douter que nous allions nous préparer à nous défendre. Néanmoins, il ne savait certainement pas que nous étions au courant pour cette Vivre Card. Allaient-ils deviner qu’ils ne débarqueraient pas sur Amazon Lily ? Cela ne faisait pas vraiment de différence.
J’avais effectué un retour rapide sur Amazon Lily pour m’assurer que tout s’y passait bien. J’y avais laissé quelques guerrières, capables de protéger la population au besoin, de m’avertir d’un quelconque danger. Il valait mieux prendre le plus de précaution possible, qui sait ce qu’ils avaient encore en réserve comme surprise ?
Les choses avaient l’air de se passer pour le mieux. Les femmes continuaient à vivre leur vie, même si celle-ci était moins excitante que lorsque toutes les guerrières vivaient sur l’île. Après tout, elles n’étaient qu’une minorité à avoir décidé de ne pas prendre les armes, d’avoir opté pour une vie pacifique et tranquille.
Me rendant vers le palais, j’avais quelques affaires à y récupérer avant de retourner sur le champ de bataille. Quelques bricoles et les choses seraient réglées. Pourtant, ce n’était pas ce qu’avait décidé un certain sabre. Je fus à peine à l’abri des regards extérieurs que je le vis prendre humaine, affichant son air sévère qu’il prenait toujours pour me faire la morale. Il n’avait plus fait ce faciès depuis bien longtemps. Qu’avais-je bien pu faire ?
- Pourquoi fais-tu tout ceci ? Cela ne te ressemble pas du tout.
Fronçant les sourcils, je me contentai de le contourner pour continuer ma route, tout en lui répondant, d’une voix agacée :
- De quoi parles-tu ? J’agis comme bon me semble.
Il n’allait certainement pas en rester là, je le savais bien. Et j’eus rapidement confirmation de cette affirmation.
- Non, tu m’avais promis de ne pas changer et regarde-toi maintenant. Tu cherches du pouvoir pour une raison qui me reste inconnue, tu n’as pas l’air de te soucier plus que ça des conséquences de tes actes. As-tu seulement conscience de ce qui est en train de se passer ? De ce que tu es en train de faire ?
Levant les yeux au ciel, il commençait à devenir agaçant et un peu trop bavard à mon goût. Me retournant pour lui faire face, je le fixais durant de longues secondes avant de répondre dans un murmure :
- Je sais exactement ce que je fais, je n’ai pas besoin de recevoir le moindre conseil. Et, de toute façon, il est bien trop tard pour revenir en arrière, il fallait y penser avant.
Me faire la morale ne servait plus à rien désormais, je n’avais plus le droit d’abandonner. Reprenant alors la parole, il reprit ses remontrances :
- Tu n’es qu’une enfant, et ceci n’est qu’un autre de tes nombreux caprices. - Et pourquoi ne pas m’avoir arrêté plus tôt dans ce cas ?
Il semblait que j’avais touché un point sensible car il garda le silence durant de longues et pensantes secondes avant de laisser un son sortir de sa bouche :
- J’avais l’impression que cet endroit te plaisait parce que tu t’y sentais un peu chez toi. Je ne voulais pas te retirer cela. Mais, maintenant, ça va trop loin. Il n’est même plus question d’un endroit où vivre, mais plutôt d’un moyen d’attaquer le plus possible. Je ne suis pas certain que tu fasses seulement cela pour défendre ton île. Ce combat pourrait être évité et tu t’y jettes à corps perdu, comme si tu y prenais plaisir. Je ne peux pas rester les bras croisés à te regarder sans tenter de te raisonner.
Haussant les épaules, je n’avais même pas pris le temps de réfléchir à ses paroles.
- Voilà chose faite, maintenant, si tu veux bien m’excuser, j’ai d’autres choses plus urgentes à faire.
Mais c’était sans compter sur la témérité et la ténacité de mon arme, qui avait l’intention de passer à l’étape supérieure. Il fit alors quelque chose à quoi je ne m’attendais pas le moins du monde, ce qui lui permit d’ailleurs d’accomplir un tel exploit. Alors que je m’apprêtais déjà à partir, il me fit basculer en arrière pour me faire tomber tout en attrapant au passage deux de mes sabres accrochés à ma taille. Il me les pointait sous la gorge d’un air menaçant.
- Tu m’avais demandé de te tuer, tu te souviens, non ? Ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée en y réfléchissant…
Etait-il vraiment sérieux ? Non, il voulait seulement me faire peur. Du moins, c’était ce que j’avais envie de croire. Néanmoins, la lueur dans son regard semblait montrer le contraire.
- Tu ne peux pas me tuer, je suis la seule chose que tu as. Où iras-tu ? Tu n’as nulle part où aller. Ne suis-je pas la plus apte à prendre soin de toi et inversement ? Franchement… Laisse-moi faire ce que je veux, d’accord ? Quelqu’un s’occupera de me tuer bien avant toi de toute façon, je suis certaine que pleins de gens voudront bientôt ma peau, alors, pourquoi te fatiguer ?
Il gardait son regard fixé sur moi, me scrutant, ne changeant pas de position. Il n’avait pas le droit de faire cela. Je n’avais pas le droit de mourir comme ça, c’était bien trop idiot. Mais il n’allait pas le faire, je devais au moins espérer qu’il n’était pas assez imbécile pour le faire.
- Pourquoi as-tu voulu que les choses changent ? Pourquoi as-tu voulu retrouver tes souvenirs à n’importe quel prix ? Tu vois, tu n’en fais qu’à ta tête, et voilà à quoi ça nous mène. Tu ne fais que des bêtises et tu fonces, sans réfléchir, dans les plus grands dangers. Qui sait ce que tu feras ensuite ! Lancer une bombe sur tout un pays, exterminer un peuple, ou, qui sait, assassiner même tes plus proches amis.
Secouant la tête négativement, il m’imaginait donc capable de faire toutes sortes de choses.
- Non, je ne ferais pas ça…
Fronçant les sourcils, il n’avait pas l’air convaincu.
- Crois-tu que la Tenshi en face de toi aurait un quelconque intérêt à faire une telle chose ? Non. Alors, laisse-moi faire comme bon me semble. Pour le moment, il ne s’agit pas d’exterminer des innocents, mais des personnes qui en ont après moi, après nous et qui demeurent nos ennemis. J’en ai assez de rester inactive, de regarder les autres faire le boulot et de me contenter de demeurer dans l’ombre. Laisse-moi vivre un peu !
Cette fois-ci, il eut une réaction plutôt inattendue, se mettant à rire. Je ne voyais pas bien ce que j’avais dit de drôle.
- C’est quoi ? Une crise d’adolescence ?
Haussant les épaules, il valait mieux le laisser croire ce qu’il voulait. De toute façon, il n’avait pas le courage de me tuer de cette façon, c’était simplement sa façon à lui de me faire un peu peur. Posant ma main sur son bras tenant l’arme, je repris la parole :
- Oublie cette idée idiote et restons soudés, d’accord ? On va en avoir besoin !
Poussant un long soupir, il relâcha la pression et se releva, me libérant enfin de son emprise. Je me levai à mon tour et tendit la main pour récupérer mes armes et les remettre à leur place. Il soupira en fermant les yeux.
- Je m’inquiète pour toi.
Secouant la tête, je lui indiquais par ce simple mouvement qu’il ne devait pas s’inquiéter pour ma personne.
- Tu disais être mon ami. En tant que tel, je comprenne que tu me fasses la morale, mais je t’assure que je vais bien. Je veux simplement que les choses changent.
Il m’adressa un sourire, visiblement convaincue. Il reprit la forme d’une arme avant qu’une femme de l’île nous surprenne. Le remettant à sa place, je laissai un sourire se glisser sur mes lèvres, narquois et délicieusement malicieux. J’allais me faire un malin plaisir de retourner tout ce qu’avait bâti l’ancienne Tenshi, mais il fallait garder Akimitsu sous le coude. Il ne pourrait pas la laisser tomber, il n’oserait pas le faire. Un allié de poids, un compagnon nécessaire. Que ce futur combat soit victorieux ! Qu’il soit sanglant !
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>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<