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Mar 30 Mai - 1:52
Stress
Écoutant le vrombissement des moteurs au-dessus de sa tête, l'ingénieur demeurait assis là, au milieu de la petite pièce que composait la nacelle de son zeppelin. Le sol à la fois inconfortable et froid de cette dernière lui permettait de rester concentré sur le moment présent, chose qu'il allait devoir faire pour la totalité des deux jours de trajet à venir. Tripotant la plaie mal refermée sur son avant-bras, l'ingénieur repensa brièvement aux événements des derniers jours. Sa réaction à l'attaque de Whiskey Peak avait probablement été sa première erreur. En effet, l'idée de faire exploser la base de St-Urea n'était au finale qu'une revanche personnelle, ayant pour but la rétrogradation du jeune Wenhamm. Le fait de l'avoir attaqué sans préparation avait probablement été sa seconde erreur, celle-ci ayant eu pour effet de lui offrir une belle cicatrice qu'il porterait le reste de sa vie. Ce contre-amiral lui ayant barré le chemin s'était avéré être plus fort que prévu, preuve qu'il n'était pas encore prêt à affronter sa prochaine adversaire. Ironie du sort, il avait appris peu après que le nom de son adversaire se nommait Syrial en plus d'avoir une chevelure de flamme comme celle qui le pourchassait sans cesse. Finalement, sa pire erreur avait probablement été de foncer tête baissé dans une offensive le privant d'un temps précieux de préparation. Ayant gaspillé près de 48 heures dans une attaque s'avérant inutile, il ne devait guère lui rester plus de cinq jours pour se préparer au combat de sa vie. Cinq jours pour développer un style de combat qui pourrait venir à bout d'une femme bien plus forte que lui... Inutile de dire qu'il s'agissait d'une mission presque impossible.
Posées devant lui étaient quelques bombes de sa création qu'il avait désactivé spécialement pour l'occasion. Jonglant avec celles-ci afin de bien gérer leur poids, il les enfila toutes dans ses poches avant de se lever. Il avait bien une idée quant à la nature du nouveau style qu'il devait adopter, mais réaliser un tel exploit semblait relever de l'impossible vu la complexité de la tâche. Si ses aptitudes physiques n'avaient jamais été bien extraordinaires, sa rencontre avec le docteur Sullivan lui avait fait prendre conscience que cette limite ne l'empêchait pas de vaincre les grands de ce monde. Sa vitesse de réaction, son ingénuité, sa créativité et sa précision étaient tous autant de facteurs pouvant compenser ses autres faiblesses. Cette vis dans son crâne n'était au final qu'un autre outil lui permettant d'abuser de ses propres talents. Alors que les autres utilisaient mille et un artifices pour pousser leur corps à leur limite, lui se contentait de pousser son esprit. En ce sens, il se devait d'abord d'apprendre à exploiter cet outil au maximum de ses capacités. S'il n'arrivait pas à appliquer cette idée alors que son cerveau fonctionnait à 300 à l'heure, il n'arriverait jamais à le faire dans son état normal.
Ainsi, fixant les hublots dans la nacelle d'un regard songeur, l'ingénieur se décida finalement à tourner l'énorme vis lui traversant le crâne avant de sortir quelques unes de ses bombes désamorcées. Comme toujours l'accélération de ses capacités cérébrales créait ce drôle d'effet de ralentissement du temps autour de lui. Tout était devenu plus serein, le vrombissement des moteurs au-dessus de sa tête s'était transformé en long grondement constant et les vagues visibles en contrebat semblaient avoir tout bonnement été figées dans le temps. Toutefois, cette sensation désagréable d'être soi-même figé sur place était revenue en même temps. Lever ses bras aussi vite que possible lui donnait l'impression de bouger à la vitesse d'une limace. C'était à la fois rageant et satisfaisant. La précision qu'il tirait d'un mouvement aussi lent serait la pierre angulaire de son nouveau style de combat. Retourner aux bases. C'était ce qu'il lui manquait depuis le début de cette entreprise. Ses explosifs lui avaient autrefois permis de se sortir de sa condition misérable de simple mineur sur une île perdue de West Blue. C'était grâce à eux qu'il avait pu faire exploser le mur de la médiocrité et c'est grâce à eux qu'il arriverait à se sortir marais dans lequel il s'était enlisé. Retourner aux bases... Il avait eu la bonne idée lors de son passage initial sur Little Garden. Ce n'était plus son artillerie qu'il devait fortifier, mais bien ses propres capacités. Il pouvait sortir autant d'armes qu'il le voulait de ses poches, mais s'il n'arrivait pas à s'en servir correctement il n'avancerait jamais. Il avait choisi ce qu'il voulait devenir, le genre de personne qu'il souhaitait être et le projet qu'il souhaitait réaliser... Il n'avait plus qu'à y investir le temps et croiser les doigts.
Commençant à jongler avec ses bombes, le Lundren en lança faiblement une devant lui avant d'en balancer une deuxième de toutes ses forces. Son objectif était de frapper la première sphère à l'aide de la seconde bien plus rapide, un objectif plutôt simple qui fut atteint du premier coup par l'ingénieur. En tant que tel, cette étape était la plus facile de son nouveau système, toutefois la prochaine semblait limite impossible aux yeux du hors-la-loi. Posant son regard sur le hublot à sa gauche, il continua de jongler avec ses bombes en désignant sa nouvelle cible. Le prochain niveau consistait à frapper une bombe en plein air pour la dévier dans une direction spécifique, un tour de passe demandant une précision hors du commun et qu'il devrait en prime exécuter à de multiples reprises... Successivement. Devant l'ampleur de la tâche, l'ingénieur ne pouvait qu'être découragé. En supposant qu'il y arrive même une fois, le niveau de concentration qu'il devrait maintenir en combat pour réussir régulièrement un tel exploit semblait impossible à atteindre. En prime, l'idée de devoir rester concentré sur la trajectoire des ses bombes alors qu'il affrontait l'autre rousse psychopathe lui donnait des frissons dans le dos... Enfin il était là pour ça, apprendre en quelques jours à faire ce qui aurait du lui prendre des années à accomplir. L'avantage d'avoir le cerveau roulant à 300 à l'heure était au moins qu'il pourrait apprendre de ses erreurs bien plus rapidement. Tentant finalement la manœuvre qu'il avait dû visualiser une dizaine de fois dans la dernière seconde, l'ingénieur balança ses bombes, ratant lamentablement sa cible par le fait même. Sans grande surprise, les minutes qui suivirent furent marquées par une série d'échecs successifs, l'ingénieur arrivant toujours à frapper sa bombe au vol, mais passant toujours loin d'envoyer celle-ci sur sa cible.
Sentant la pression s'accumuler à la base de son crâne l'ingénieur porta son regard un long moment sur le hublot. C'était une bête cible d'une douzaine de pouces tout au plus, il aurait dû réussir à la toucher depuis longtemps, mais la bombe une fois dévié frappait toujours plusieurs centimètres à côté. Et comme pour le narguer, un nuage affichant ce qui ressemblait à un sourire moqueur s'était positionné juste en face de la fenêtre. En prime comme le temps lui semblait toujours aussi figé, cette saleté de gaz souriant ne risquait pas de bouger de si tôt. Fixant ses deux dernières bombes inertes, l'ingénieur les étudia en détail. Les deux sphères composées d'un alliage frêle et froid au toucher affichaient toutes deux la marque d'un crâne explosant. Ces deux petites merveilles avaient été produites avec bien d'autres exemplaires en quelques heures. Il en connaissait le fonctionnement, la texture, la portée et même le poids. Pas seulement en terme de statistiques non, ces informations il les avait assimilées un peu à la façon des combattants au corps à corps. En effet, elles étaient entrées en quelque sorte dans sa « mémoire musculaire », au même titre qu'un épéiste connaissant dans les moindres détails l'un de ses sabres et ce qu'il savait en faire. C'était ça le truc... Ces explosifs étaient ses armes. Il avait beau les remplacer à chaque fois qu'il faisait sauter l'une de ses bombes, il n'empêche qu'il en était toujours l'artisan et que chacune d'entre elle était identique à la précédente et ce, au gramme prêt. La réalisation lui venant tranquillement était celle-ci : si une personne comme Tenshi pouvait connaître sa lame et ses capacités au point de produire une attaque prodigieuse capable de trancher un bâtiment... Il devait en toute logique être capable de visualiser la trajectoire de ses projectiles.
Pesant les deux bombes dans ses mains avec anticipation, l'ingénieur sentit la pression dans sa nuque devenir de plus en plus oppressante. Les crânes peints rapidement sur les deux sphères métalliques avaient commencés à bondir sur place et les tuiles de fer recouvrant le sol de la nacelle semblaient maintenant flotter à quelques centimètres du sol. Portant son regard sur le nuage le narguant par le hublot, l'ingénieur constata que cet enculé lui tirait maintenant le la langue, secouant la tête de part et d'autres comme s'il cherchait absolument à l'énerver... Les hallucinations étaient de retour, signe qu'il avait déjà abusé de son clockwork system au point de surcharger son cerveau et de fausser sa perception de la réalité. Si le l'aspect visuel était plutôt cool, il devait bien admettre que ce n'était pas un état dans lequel il aimait rester trop longtemps. Pousser son cerveau trop longtemps, c'était pour ainsi dire, un coup à perdre l'esprit. Le plus effrayant dans cette histoire c'était ces moments dans lesquels il se prenait à croire aux hallucinations, à simplement se dire que celles-ci faisaient parties de son univers et qu'il pouvait interagir avec. Plus de temps à perdre donc, il devait franchir ce cap et prendre une pause sans quoi il n'atteindrait jamais Whiskey Peak. Pesant une dernière fois ses bombes, l'ingénieur se décida finalement à balancer la première droit devant lui, entamant par le fait même son lancé de la main droite. Alors que son bras se tendait pour lancer son prochain projectile, il pouvait visualiser la trajectoire de sa première bombe. Non seulement savait-il parfaitement où elle allait se trouver dans une fraction de seconde, mais en plus il savait précisément combien de tours celle-ci allait faire sur elle-même d'ici là. Sentant les hallucinations prendre lentement le dessus sur sa perception de la réalité, l'ingénieur tenta d'ignorer tant bien que mal l'aileron de requin qui avait poussé dans le plancher de fer, se concentrant plutôt sur son lancer. Cette bombe fut finalement la bonne, son dernier projectile en main fendant l'air sans problème pour frapper le côté peint de l'autre explosif avant de le propulser contre le hublot. Une étape de franchie, désactivant le système dans son crâne aussi vite que possible, l'ingénieur s'effondra au sol, restant assis un instant afin de se réhabituer à la soudaine accélération du monde autour de lui.
Fixant l'horloge accroché au mur de la nacelle, l'ingénieur constata qu'il avait réussi cet exploit en un peu plus d'une dizaine de minutes. Il avait bien l'impression de s'entraîner depuis plus d'une heure, mais c'était là l'avantage de s'exercer au travers son clockwork system. Il avait fait des progrès considérables, mais l'objectif final était d'atteindre un niveau bien plus complexe que celui-là. Non seulement devait-il arriver à faire bondir ses projectiles les uns contre les autres, mais en prime il devait également arriver à le faire en combat et sans avoir à utiliser l'engin qu'il avait dans le crâne... Perdu dans ses pensés, l'ingénieur revint à lui lorsque la sonnerie de son den den mushi raisonna dans l’habitacle. Décrochant avec entrain, il reconnu rapidement la voix de Mad' qui était resté à Whiskey Peak pour superviser les opérations de reconstruction.
-Hééé, je me suis dis que je te passerais un coup de fil histoire de voir si t'étais encore en vie. Après tout si tu crève j'aurais plus d'employeur hein ?
-...Mouais... Je serais de retour dans quelques jours tout au plus, ça va de ton côté ? La reconstruction a eu le temps de commencer ?
-Pas trop mal, mais bon c'est un peu la pagaille avec la destruction. On a réquisitionné les maisons environnantes pour servir de clinique et de logis pour les victimes, mais on commence à peine à redresser les murs pour le coup. T'es certain qu'on aura les moyens de tout reconstruire au moins ?
-On en a plus qu'il en faut ça ira. Enfin je te filerais mes instructions en personne, je devrai repartir immédiatement après mon retour donc si jamais je ne revient pas, je préférerais que l'organisation se dissolve sans faire trop de vague. D'ici mon retour continue de bien bosser. À plus.
Raccrochant le combiné comme pour abréger cette conversation, l'ingénieur se releva avec difficulté avant de se diriger vers sa table de travail. Sur celle-ci avaient été laissés de nombreux outils ainsi que des pièces et le produit de son travail. En effet, au centre de la table avait été posé une fine bande de cuivre dans laquelle étaient incrustés quatre boutons en fer. Il s'agissait là de la dernière création de l'ingénieur, un quadruple détonateur flexible pouvant aisément être dissimulé dans la fabrique d'un vêtement ou, dans ce cas-ci, dans son index. En effet, ayant créé une mince poche à la base de son doigt, l'ingénieur s'empressa d'y glisser le détonateur, celui-ci ne laissant pratiquement aucune trace visible de l'extérieur. Ayant transformé son doigt en détonateur, l'ingénieur ramassa ses bombes traînant au sol avant de se repositionner au centre de la pièce. Pas le temps pour une pause. Chaque seconde restante devait être investie dans son entraînement, sans quoi des secondes il n'en aurait plus jamais à dépenser. Ainsi, le reste de cette journée il la passa à développer de nouvelles techniques. Il devait perfectionner son contrôle de ses bombes, arriver à les faire rebondir l'une contre l'autre ou contre les murs et jongler avec pas seulement deux bombes, mais trois, voir quatre. Plus difficile encore, il devait jongler avec des explosifs aux effets différents, gérer chacun d'entre eux et gérer leurs effets. Et finalement le clou final de cette technique il le développa tard dans la nuit. Non-seulement devait-il arriver à jongler avec quatre explosifs différents, mais en plus il devait arriver à gérer le détonateur dans son doigt pour faire exploser celles-ci aux bons moments. Voilà ce qu'il avait réussi à accomplir en une journée. À force d'abuser de son clockwork system, il avait réussi à pousser son style de combat bien plus loin qu'il ne l'aurait cru possible. Son cerveau avait beau être en compote, il avait franchit le cap. Après des heures d'entraînement dans un environnement ressemblant au purgatoire, il avait réussi à se dépasser physiquement et mentalement. Et alors qu'il s'écroulait au sol, la seule chose à laquelle il pouvait penser était le fait que cet effort surhumain qu'il venait de faire ne le sauverait peut-être même pas face à Syrilia. En prime, dès les premiers rayon de soleil du lendemain, il devrait répéter à nouveau cet entraînement... Sans utiliser sa vis dans le crâne cette fois. Et il aurait moins de 24 heures pour y arriver à nouveau comme si ça ne suffisait pas.
-Hm......
Sombrant dans les bras de Morphée sans se rendre compte que la blessure sur son bras s'était rouverte, l'ingénieur tenta d'oublier ses problèmes pendant les heures qui suivirent sans grand succès. Il voulait juste en finir avec cette histoire, qu'importe l'issue du combat.