Feuille de personnage Niveau: (46/75) Expériences: (91/750) Berrys: 70.569.000 B
Mer 14 Fév - 18:27
Farewell.
Lentement, Heziel reposa la plume qu'il tenait entre les mains dans son encrier, avant de s'affaisser sur sa chaise. Son regard vide fixait désormais le plafond de ce navire qui l'avait vu grandir durant cette année longue, périlleuse et pleine de joies comme de peine. Il grava dans sa mémoire le grincement paresseux du Youthful Demon, le bruit des vagues se brisant sur la coque, le sifflement léger des voiles qui, aux dehors, luttaient pour amener l'équipage vers une nouvelle destination. Ses yeux manquèrent de s'embuer de larmes à l'idée de ce qu'il s'apprêtait à faire, mais tout était prêt. Il ne pouvait plus reculer, plus maintenant. C'était pour le bien de ses amis qu'il prenait cette décision... une décision qu'on lui reprocherait peut-être. Une décision que Kain ne comprendrait pas. Une décision que Emilia aurait du mal à supporter. Mais c'était aussi pour elle qu'il faisait cela : des années qu'il ne l'avait pas vue, et il la retrouvait dans un lit de l'infirmerie, inerte... inerte par sa faute.
Il avait failli tous les tuer. À dire vrai, cela le mettait encore plus en colère.
Ses sentiments partaient à veau-l'eau. Son calme, autrefois rassérénant et tranquille, n'était plus qu'un miroir brisé en autant de fragments. Sa force paisible s'était changée en un volcan constamment en ébullition, qu'il se devait constamment de maintenir derrière une barrière invisible pour éviter de le changer en incendie total. Il aimait ses amis autant qu'il se détestait d'en être arrivé là, mais au fond de lui, il était décidé. Il ne mettrait pas en danger plus de ses êtres chers. Pas si il avait le moyen de faire autrement. Il avait réfléchi longuement à cette question, durant ces quelques jours où son mental avait montré des défaillances nettes : il avait tour à tour réussi à s'agacer, s'énerver et même blesser ses camarades, encore plus qu'il ne l'avait fait physiquement à son insu. À la longue, cela ne pouvait que détruire cette troupe... détruire cette famille pourtant si soudée. Il ne savait pas ce qui grondait au fond de lui. Il en avait peur. Il en était terrifié même, comme un enfant du dessous de son lit noir et sans fond. Il devait apprendre... il devait comprendre. Il devait faire la seule chose qu'il pouvait faire pour protéger ceux qu'il tenait en haute place dans son cœur.
Il devait le faire pour sa sœur...
Il avait pris sa décision. Il avait rédigé la lettre.
Mes chers amis,
Je suis désolé de ce que je suis en train de faire. Je n'ai pas le choix. Je suis désolé de ne pas avoir le courage d'affronter cette épreuve avec vous. J'écris ces mots en sachant pertinemment que quand vous les lirez, je ne serai plus là. Je ne vous laisse même pas une chance de me retenir, de me rattraper... quel piètre second je fais.
Quel piètre homme, à vrai dire.
Je ne peux pas continuer comme ça. Pas en voyant la tristesse sur vos visages quand je m'emporte. Pas en voyant les bandages sur votre corps qui témoignent de ce qu'il s'est passé. Pas en voyant l'état de Emilia qui ne s'est toujours pas réveillée... tout cela est ma faute. Quoi qu'on en dise. Je ne peux pas le reprocher à quelqu'un d'autre : les poings qui ont tenté de prendre vos vies sont bien les miens... ceux qui ont mis ma sœur dans cet état aussi.
Vous êtes la plus belle chose qui me soit jamais arrivée. Je n'aurai jamais pensé qu'être pirate pouvait prendre autant de sens. Ce navire, cette maison, cette nouvelle famille... vous m'avez tous apporté quelque chose au travers de vous sourires, de vos confidences, de vos peurs et de vos doutes. Chaque moment passé ensemble m'a rendu plus riche et je ne vous remercierai jamais assez pour cela. Vous avez donné à ma vie simplette une dimension que beaucoup ne pourront jamais se targuer d'avoir, j'en suis persuadé. Vous êtes uniques et vous méritez de vivre une belle vie, une vie pleine, une vie qui vous comble.
C'est pour cela que je dois partir. Je ne peux pas me permettre de vous faire plus de mal. je ne peux pas me permettre de vous plonger dans plus de tourments. Je dois comprendre ce qui m'arrive et trouver un moyen de me maîtriser. Je dois réussir à me pardonner ce que j'ai fait. Je dois, d'une façon ou d'une autre, retenir cette chose en moi... et il est hors de question que vous soyez impliqués une minute de plus. J'ai le pressentiment que ces sautes d'humeur ne sont qu'un début. Chaque minute qui passe, j'ai l'impression que quelque chose gonfle dans ma poitrine. Quelque chose de mauvais. Quelque chose que je voudrais voir disparaître.
Je tiens cependant à vous laisser quelque chose, à tous... que vous le gardiez ou non. C'est votre choix et il ne concerne que vous.
Pumori, prend bien soin de mon sucrier, s'il te plait. Je sais que tu aimes y mettre des friandises. Je tiens à ce que tu le gardes, vraiment.
Tony, mon Reject Gauntlet est tout à toi. Un forgeron tel que toi n'aura aucun mal à l'adapter en termes de taille, pas vrai ? Et puis, de toute façon, il ne me va plus non plus, depuis ce qui s'est passé... tu en feras bon usage, j'en suis certain.
Kraehe, mes couteaux de la collection Maria di Cotella ne sont certes pas aussi légers que tes scalpels, mais ils trancheraient dans le titane si il le fallait. Tes mains habiles y trouveront leur compte.
Jaymi, je n'ai jamais apprécié ta musique. Ou peut-être un peu... mais ne laisse pas ça te monter à la tête. Je ne savais pas quoi te léguer, alors j'ai décidé de te laisser ma louche. Fais-y attention et... ouai, fais attention.
Nathan, cette lunette est celle que j'utilisais pour vérifier la propreté de ma vaisselle. Elle trouverait une aspérité sur le derrière d'un enfant. Considérant tes besoins de navigation, je suis certain qu'elle te sera utile.
Giuletta et Goldie, ce set de thé sublimera à merveille vos moments de détente sous le soleil de notre belle Grand Line. Porcelaine de Micqueot, un chef d'oeuvre digne de ces dames.
Kain... tu te souviens de cette fourchette ? Elle remonte à si longtemps... on était encore gosses. Tu l'avais cassée et tu t'es senti mal quand j'ai vu qu'elle était inutilisable. Mais je l'ai toujours gardée près de moi. Je te la rends désormais : prends en grand soin, grand idiot.
Je vous lègue ma vaisselle et la majorité de mes effets personnels. Là où je vais, je n'en aurai pas besoin... c'est avec tristesse que je dois m'en séparer, mais je suis résolu à le faire. Je sais que vous ferez ce qu'il y a de mieux. Le monde ne compte pas de boucaniers aussi dignes et louables que vous. Nakata m'avait donné ce numéro : il s'agit de celui de certains amis à lui. En cas de besoin appelez les et dîtes leur qu'il vous a donné ces coordonnées. Ils vous aideront.
Prenez soin de Emilia. Elle ne pourra pas comprendre.
N'essayez pas de me suivre, ni de me retrouver. Si les choses me le permettent, nous nous croiserons à nouveau bien assez tôt. Prenez soin de vous et soyez prudents... je ne serai plus là pour vous le rabâcher, mais ça n'en reste pas moins d'actualité, d'accord ?
Kain, je sais que tu parviendras à les protéger. Tu deviendras le seigneur des pirates. N'en doute jamais... car moi je n'en doute pas.
Avec toute mon affection,
Heziel.
Dans le dos du Coffe, certaines de ses affaires étaient rangées de façon méticuleuses. Les autres se trouvaient dans la cuisine, sans doute. Il n'avait pas pris le temps de tout entasser de façon méthodique... de toute manière, il n'en aurait pas eu le cœur. Lentement, il se leva et quitta la pièce dans laquelle il se trouvait, abandonnant sa lettre à la vue de celui qui la découvrirait en premier. Le silence régnait sur le Youthful Demon : éreintés, les Dokugan se reposaient beaucoup ces derniers jours. Nathan se trouvait sans doute à la barre, mais il ne devait pas être très frais non plus. S'arrêtant devant une glace, le pugiliste se détailla une dernière fois avant peut-être un bon moment : sur sa tête, un bandage cachait toujours son œil droit. Il n'en avait pas perdu l'utilité... mais ce qu'il y voyait le dérangeait hautement et il avait voulu le cacher.
Le brun s'extirpa des profondeurs du navire tout en laissant ses mains glisser sur ce vieux bois qu'il avait tant côtoyé. Reverrait-il cet endroit un jour ? Il n'en savait rien. Il savait que le pas qu'il s'apprêtait à prendre serait l'un des plus grands de sa vie, si ce n'était le plus grand. Un pas qu'il regrettait profondément d'avoir à franchir, mais qu'il franchirait malgré tout. Il écouta pieusement les ronflements de son ami d'enfance alors que son sommeil réparateur le soustrayait à ce qui était en train de se produire. Il parcourut la cuisine sans réveiller le mousse qui dormait à poings fermés dans son oreiller. Son regard se posa sur l'armoire dans laquelle il rangeait sa vaisselle et la tristesse sabra son visage : il devait dire adieu à tout cela. Le cœur en miettes, il sortit sur le pont tout en faisant le moins de bruit possible.
L'air était frais, glacé même. Ou était-ce seulement Heziel qui frissonnait ? Il n'aurait su le dire. Trouver la bravoure de quitter tous ses compagnons avait demandé de lui un effort colossal... maintenant, il flanchait presque. Il avait envie de repartir, de retourner dormir, d'espérer que tout s'arrangerait. Mais il savait pertinemment que cette fois, les choses ne s'arrangeraient pas d'elles même. Il devait le faire... c'était pour leur bien. Il s'en convainquait. Peut-être qu'en réalité, il était au final trop lâche pour faire confiance à ceux qui ne l'avaient jamais déçu jusque là, craignant trop pour leur propre sécurité. Perdu dans ses pensées, il s'était avancé jusqu'à la ligne de vue de Nathan. S'en rendant compte, il se cacha prestement alors que le nain fatigué se frottait les yeux. Avait-il rêvé ? Une bouteille de sotch à ses côtés, qu'il buvait avec parcimonie, il tentait de lutter contre le froid de la nuit et l'engourdissement de ses membres épuisés.
Un sourire triste apparut sur le visage du brun. Ce petit homme attachant n'était que l'une des perles qu'il s'apprêtait à abandonner. Ils allaient tous lui manquer, horriblement... non, il ne pouvait pas penser à ça. Pas maintenant. Pas alors qu'il tenait sa détermination entre ses mains et qu'il se sentait prêt à faire ce qui devait être fait. Il jeta un regard circulaire autour de lui, imprimant cette vision nocturne dans sa rétine, laissant derrière lui le passé dans un douloureux aurevoir.
- Merci, tout le monde.
Un souffle d'air vint chatouiller les narines du navigateur, qui sentit que quelque chose clochait. Il regarda sur le pont, d'où provenait le souffle inopportun, mais ne parvint pas à trouver le moindre indice. Décidément, cette fatigue finirait par avoir raison de lui... et tandis qu'il considérait l'idée d'arrêter de picoler pour conserver ses idées claires, une ombre disparaissait au loin dans la nuit, pour ne plus revenir.
Heziel part. =( Il vous laisse une lettre et des objets.
Les objets légués sont :
- Reject Gauntlet ---> Tony - Sa louche ---> Jaymi - Son sucrier favoris ---> Pumori - Une fourchette tordue et usée, symbole de son enfance avec Kain ---> Kain - Des couteaux très efficaces ---> Kraehe - Un verre avec effet loupe ---> Nathan - Un set de thé en parfait état ---> Giuletta et Goldie - Le numéro de l'équipage de Kernoza, PNJ de Nakata Fenice ---> tout le monde