Cela faisait à peine quelques jours que j'avais quitté mon village natal, pour rejoindre la Marine... et j'étais déjà empli d'un sentiment qui est un mélange entre une certaine nostalgie et, surtout, une grande envie de me dégourdir les jambes sur la terre ferme!
Effectivement, pour moi qui ai passé ma vie à arpenter les quatre coins de mon île natale, des années durant, c'est un immense changement que de me retrouver du jour au lendemain sur un bateau, après avoir tout quitté du jours au lendemain...
J'admets le fait que j'ai pris cette décision de partir sur un coup de tête, après une situation très tendue. C'est vrai aussi que je laisse beaucoup derrière moi... mais je me suis aussi rendu compte que je devais faire les choses autrement pour mon île.
Le fait est qu'une "simple" attaque de pirates a eu raison de la milice que j'avais rejointe et que c'est la Marine qui nous a sauvé la vie. De ce fait, je me suis bien rendu compte que les quelques bandits sur notre île et les pirates de l'extérieur était d'un tout autre niveau, tout comme la Marine.
Ce serait sans doute bénéfique pour moi que de partir m'entraîner sur les mers, avant de revenir m'installer chez moi, auprès de ma famille, afin de leur apporter une toute nouvelle protection. Je pourrais aussi trouver un moyen de stopper les attaques de pirates dans la région, auprès de la Marine, pour protéger indirectement mon île.
Tellement de possibilités qui s'offrent à moi, c'est compliqué de me fixer sur une idée précise...

Une escale sur une île, pour faire le plein de provisions et une révision du bateau, est l'occasion pour moi de faire une pause dans mes réflexions,
mais également de me dégourdir les jambes.
Mine de rien, c'est la première île sur laquelle je mets les pieds, depuis mon départ,
et c'est, du coup, la deuxième île que je visite de toute ma vie. Tout me semble à la fois si proche et si lointain de chez moi...

De prime abord, ce village semble aussi paisible que chez moi, mais il est aussi assez différent, que ce soit en terme de paysage ou d'architecture.
Après une dizaine de minutes de marche, je peux également constater le nombre assez important de dojos. C'est assez nouveau pour moi, qui n'ai connu que le dojo de ma mère, où j'ai quasiment été élevé, dans le maniement des armes... enfin surtout du bô.

Soupirant légèrement, je retire mon bô en métal de mon fourreau dorsal, l'observant un temps.
C'est bien la seule chose importante que j'ai ramené de mon île... Bien sûr que je n'allais pas laisser l'arme offerte par ma mère prendre la poussière au dojo. Et puis,
sur le coup, ce serait quand même plus simple que je ramène avec moi une arme que je sais manier, plutôt que de prendre le risque de me faire tuer, au cours d'un abordage,
parce que je ne saurais pas manier correctement une épée ou un pistolet!

Après avoir contemplé mon bô quelque temps, je finis par le ranger dans son fourreau,
poursuivant ma visite, me concentrant néanmoins sur les dojos environnants.
Hum... les dojos semblent tous se concentrer sur le kendo et, d'après les noms et symboles sur chaque dojo, il ne semble pas y avoir une école semblable ou qui ait plusieurs dojos... Des écoles en perpétuelle compétition?
Je m'arrête un temps devant le dojo "Isshin", qui semble être le plus "important" de l'île... et dont le nom me rappelle vaguement quelque chose... Oui, ma mère m'en a parlé deux trois fois, en précisant que c'était un grand nom , concernant le maniement du sabre!

Plongé dans mes pensées, mêlant nostalgie et réflexion, je reste un moment devant le dojo, avant de me décider à visiter les autres dojos, intrigué par le principe de dojos multiples, en perpétuelle compétition. Ce dernier point peut peut-être "motiver" les élèves de chaque dojo à donner le meilleur de lui-même, afin de faire honneur à son école et à son maître...
Pour ma part, je ne me posais pas ce genre de question, chez moi, sachant que ma mère dirigeait le seul dojo de l'île, donc avec une concurrence quasi nulle.