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Mar 3 Oct - 20:12



« Marley »


Voilà dix jours que Marley errait dans les rues de son enfance, à la recherche de ce qui pourrait briser son ennui. Dans sa petite ville, rares étaient les occasions de s’amuser, car rares étaient les malfrats. Marley, depuis toute petite, avait toujours eu un sens aigu de la justice, et si elle avait été de bonne famille, elle serait certainement devenue juge ou avocat pour plaider la cause des faibles. Mais pour être de bonne famille, encore fallait-il avoir des parents. Elle avait été élevée par un couple de vieillards, qui n’avaient jamais pu avoir d’enfants. Un don du ciel, pour eux. Si son histoire semblait finalement bien démarrer, il ne fallut que quelques années pour que l’âge emporte les vieux. Marley n’avait que 9 ans, quand elle dut rejoindre les sans-le-sou. Elle connut la misère et le froid de l’hiver que lui offrait la rue. Elle découvrit comment ses semblables étaient traités par leurs frères, chassés des avenues trop fleuries pour que leurs corps sales y fussent acceptés. Marley les comprenait, dans le fond. Elle n’aimait pas non plus qu’un cafard vienne se faufiler chez elle – dans son unique couverture. En réalité, elle ne haïssait que les mauvaises gens, celles qui faisaient croire aux villageois que les comme-elle n’étaient pas humains. Tout ce qu’ils demandaient, c’était de vivre.

Ainsi grandit Marley. Dans la faim, parfois le froid, et bien souvent la peur. Ce qu’elle craignait le plus était de ne plus être de ce monde, au réveil. Elle n’avait aucune envie de savoir ce qu’il y avait, une fois qu’on était mort. Alors elle s’était battue, pour elle et les autres enfants de la rue. Elle avait appris à chasser les petites bestioles, et à reconnaître les plantes comestibles. Et combien de fois avait-elle manqué de trépasser ? Mais elle tenait, encore et toujours, soutenue par ses amis, parce qu’ensembles, ils étaient un peu comme une famille. Elle se forgea un corps d’athlète, trop musclé pour une femme, et un caractère d’acier, presque garçon manqué. Elle décida, à ses vingt ans et quelques, qu’elle vouerait sa vie à défendre celle des autres.

Engagez-vous ! Marley10

Marley

Mais dans sa petite ville, sur sa minuscule île, qu’y avait-il à défendre ? Les violences n’étaient que rares, et ceux qu’elle haïssait étaient bien plus fort, de par leurs protections, de par leur argent. Alors elle se laissait crever d’ennui, attendant…

- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

Qu’une gnomette soit en danger. Un chaton poursuivait une toute petite femme, affolée, juste devant une taverne qu’elle ne connaissait que trop bien. Marley n’eut besoin que d’un bond pour rattraper la bête, l’attrapa par la peau du cou, et la balança à la mer. Zylphia, à bout de souffle, s’effondra sur le sol en soupirant. Elle était saine et sauve, entière a priori, et plus que tout ravie d’avoir, offert à son regard, un ventre parfaitement plat, aux plaquettes dessinées par le dieu des muscles, et à la peau suintante d’héroïsme. L’amour était proche. Seulement, lorsqu’elle leva la tête, elle découvrit des pectoraux un peu trop proéminents ; en fait, c’était les pectoraux les plus gonflés qu’elle n’avait jamais vus. Encore une fois, elle haussa les yeux, et vit le visage lumineux de la jeune Marley, décoré du sourire le plus fier qu’on aurait jamais pu voir. L’amour n’était pas proche.

Pourtant, après le sauvetage de la petite fée par Marley, les deux filles ressentirent l’une pour l’autre une profonde amitié. Marley lui avait rendu le plus grand service qu’on ne lui eût jamais rendu. Zylphia lui devait la vie, si bien qu’elle se promit de tout faire pour payer sa dette, quitte à se montrer un tantinet envahissante. Heureusement pour la gnomette, Marley était une jeune femme simple, qui riait gentiment de la naïveté de Zylphia. Une compagnie aussi charmante que celle de la fée n’était pas de refus, ça changeait des poivrots qu’elle se violentait à aider. L’amitié naissante entre les deux s’était soudée en quelques jours seulement, à en croire que, si le coup de foudre amoureux se cachait de Zylphia, l’amical, lui, lui offrait généreusement la vie douce.

Marley et Zylphia se parlaient de tout. Cette dernière avait raconté son parcours et son rêve à Marley. L’histoire avait fait sourire la fille, même si dans le fond, elle devait s’avouer qu’elle était jalouse de ne pas avoir eu un passé aussi calme. Elle qui n’avait jamais connu de parents, de frères, de sœurs, d’oncles ou de tantes, et qui n’avait eu pour famille que les chiens errants et le froid de l’hiver, rêvait un peu d’être Zylphia, quand elle lui narrait comment elle voulait voler jusqu’à la Lune. Mais elle ne voulait pas ennuyer Zylphia avec sa tristesse, et avait omis de lui expliquer comment elle avait survécu. Marley s’était contentée d’expliquer à Zylphia que son unique rêve était de rejoindre la marine. Elle voulait aider les faibles, la tête pleine d’espoirs, et si un jour elle était promue lieutenant, amirale, ou mieux, générale, elle s’interdirait de laisser qui que ce soit dans le besoin. Zylphia approuvait totalement l’idée. A ceci près que le combat ne l’intéressait pas. Mais elle aussi, vivait dans l’optique de rendre le monde un peu plus joyeux, à sa manière.

Un jour que les deux filles rêvassaient encore, Marley soupira :

- Il paraît qu’ils recrutent beaucoup de gens dans la marine, à Seppen Town. J’aimerais tellement y aller. Et rencontrer le vice-amiral Burmeister ! C’est lui qui présente les épreuves pour devenir une nouvelle recrue.

- Ch’connais pas ! répondit la fée en grignotant des baies qu’elle cueillait au pied d'un buisson.

Marley fit la grimace, relevant le menton vers son amie :

- Sérieusement ?! C’est lui qui est aux commandes de tout North Blue ! Et c’est un héros de la marine ! Enfin, je crois.

- Ooooh, aaaaah… Ben on n’a qu’à aller le… miom… le rencontrer. Il y a un bateau pour Seppen Town, demain. Et ch’ai encore quelques berryj, che peux te… gloup ! T’en donner, si tu veux. Je le sais parce que j’ai joué au perroquet sur l’épaule d’un muet, et un monsieur parlait de ça. Qu’il y avait un bateau pour Seppen Town.

Il n’en fallut pas plus à Marley pour sauter de joie. Elle accepta sans scrupule l’argent de Zylphia, car ce n’était pas une poignée de monnaie, que la fée lui offrait : c’était la réalisation de ses rêves, la concrétisation de son but.

Ainsi, Zylphia et Marley se mirent en route, à la découverte de la neige éternelle de Seppen Town.

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Sam 7 Oct - 19:16



« On va où ? »


L’excitation des deux amies montait en flèche, tandis que Seppen Town approchait à grands pas. Marley ne pouvait s’empêcher de sourire et rire niaisement, tant sa joie était immense. La future marine avait toujours été d’un naturel réservé, n’exhibant jamais ni son bonheur, ni son malheur. Qui s’intéressait à ses sentiments ? Mais pour ce jour, le monde entier aurait pu chanter et danser avec elle ; il n’y avait plus de tabous. D’ailleurs, Zylphia, couverte de fourrure d’écureuil et d’un bonnet à queue, tournoyait en chantonnant autour de la femme. L’euphorie de Marley se déteignait sur elle, tant et si bien qu’elle s’était perdue dans son monde féérique, celui de sa tête, roucoulant quelques paroles compréhensibles seulement à son oreille. Marley riait aux éclats d’entendre ces n’importe-quoi, sans même savoir ce qu’elle trouvait drôle. Elle était heureuse de réaliser son rêve, mais savait qu’elle réalisait aussi un peu celui de Zylphia : rendre le monde plus doux pour ses proches.

Il n’y eu aucun désenchantement au moment d’accoster le port. Les deux filles voyaient ce lieu en grand, comme des bambins découvrant le monde extérieur pour la première fois. Pourtant, autour d’elles, tout semblait gris, blanc, fade. L’hiver glaçait les passants jusqu’aux os, qui erraient comme des morts le long de murs gris assortis au ciel. Mais au milieu de toute cette monotonie, la neige fondait sous les pas de nos deux petits soleils.

Cependant, il fallait passer aux choses sérieuses. Du moins fallait-il pouvoir passer aux choses sérieuses. Si les quelques informations de l’ancienne île les avaient menées à Seppen Town, elles n’avaient aucune idée de ce à quoi elles pouvaient s’attendre une fois là. Leur décision fut vite prise, bien que trop intuitive : elles suivirent un mouvement de foule, qui se dirigeait droit vers l’est de la ville. Malheureusement, ces personnes n’étaient pas plus intéressées par les recrutements de la marine que par une taverne dont la gigantesque pancarte prônait fièrement l’excellence des lieux : « MEILLEUR CHOCOLAT CHAUD DU MONDE !!! (explications à l’intérieur) ».

- Quitte à être là, autant en profiter, hein ? proposa Marley à sa complice.

Les deux entrèrent dans une taverne immense, où la vie semblait reprendre son cours. Si certains sirotaient du vin chaud et autres breuvages alcoolisés en riant grassement, les quelques autres qui s’étaient laissés tenter par le chocolat chaud hurlaient à l’arnaque. Derrière la huée des mécontents, on entendait les serveurs s’expliquer maladroitement. Eux n’étaient en rien à l’origine des promesses du patron, et à vrai dire, ne savaient pas comment rendre meilleur leur chocolat chaud qu’avec du chocolat et du lait. Mais les consommateurs ne semblaient pas vouloir ni pouvoir être calmés, et exigeaient remboursement aux serveurs anéantis. Insatisfaits des « explications à l’intérieur », et fâchés de la mauvaise blague qu’on leur faisait, la taverne se vida des furieux en quelques minutes, qui manquèrent d’écraser Zylphia en passant. La petite, heureusement, eut l’instinct de s’accrocher au pantalon de Marley, en serrant fesses et dents. Quant à la plus grande, elle regarda les autres partir en fronçant les sourcils. Décidemment, les gens ne s’en prenaient jamais aux bons coupables.

Elle s’assit avec Zylphia à une table, non loin des comptoirs, pour pouvoir demander au personnel où se trouvait le recrutement. Mais avant :

- Deux chocolats chauds !

Un serveur, tout mince et intimidé, s’approcha en tremblant :

- V-v-vou-vous êtes sûres ? Vous n’allez pas vous fâcher, hein ?

- C’est… un chocolat chaud… Comment on pourrait ne pas aimer ?
s’interrogea Marley.

- Bon, bon, je vous ap-p-porte ça tout de suite !

Marley lui envoya un sourire radieux en guise de remerciement, qui fit rougir le petit serveur. Elle se surprit même en découvrant qu’elle pouvait plaire, mais effaça bien vite cette pensée, pensant qu’elle se faisait des idées. Pourtant, Zylphia alla dans son sens, en un murmure :

- Il a l’air de bien t’aimer, le serveur. Tu peux te marier avec, si tu veux. C’est pas l’Homme de mes rêves, alors c’est pas grave.

Marley ria, rejetant l’offre, cachant au fond d’elle que ça ne lui déplaisait pas, qu’on apprécie son visage.

Quelques minutes passèrent, toujours dans la bonne humeur, quand vinrent enfin les cacaos, depuis les bras tremblants du serveur. De vue, ils n’avaient rien d’anormaux. Et au goût, non plus. En réalité, ils n’étaient pas les meilleurs du monde, mais ils étaient bon, et rien ne pouvait dire qu’ils étaient mauvais. Les deux filles, à l’unisson, levèrent leur pouce pour dire qu’elles appréciaient. Sans compter que la chaleur du breuvage étaient la bienvenue, sur l’île. Le serveur répondit par un sourire gêné, et retourna bien vite à son travail. « Trop bizarre, ce type », pensa Marley. Et alors qu’elles buvaient, cette dernière questionna Zylphia :

- Tu es déjà venue sur cette île, toi ? Tu as plus voyagé que moi !

- Non, non, je suis pas allée dans beaucoup d’endroits, tu sais. Je veux bien t’accompagner jusqu’à là-bas. Et on se reverra, hein, promis ?

- Ahah, oui, promis ! sourit Marley, accompagnant la promesse d’un clin d’œil. Mais avant, on doit trouver où se font les recrutements ! J’ai…

- BWARHAHAHAHA ! Des filles qui veulent jouer aux petits soldats ? brailla une voix derrière elles.

Marley et Zylphia se retournèrent, et découvrirent un groupe de trois garçons, l’air gaillard et fier, riant d’entendre que de pauvres petites femmes puissent espérer avoir une place dans la marine. Zylphia pencha le visage vers son amie, sans se retourner vers elle, et chuchota :

- Il y a des garçons, dans la marine ? Parce qu’on dit « la »… alors…


Mais Marley n’écoutait pas. Le sang lui monta à la tête, elle se leva brusquement, et ses poings cognèrent la table, renversant sa boisson. Le mouvement avait quelques peu ouvert sa veste, laissant sa musculature prodigieuse se découvrir. Le chef de la bande, qui avait parlé, recula le visage, surpris par la réaction de la jeune femme.

- Dis-nous juste où sont ces putains de recrutements.

Elle se contenait. Elle le savait, tabasser ce type pour son arrogance aurait fait mauvaise impression. Elle venait d’arriver ici, il était hors de question qu’un gamin prétentieux la fasse repartir aussitôt. Plutôt que de l’insulter, elle répéta :

- Dis-nous où aller !

- A l’est, à l’est de la ville ! s’empressèrent de répondre les trois types.

Zylphia, imitant son amie, fronçait les sourcils en contractant ses pauvres petits bras, pour effrayer l’ennemi. Les deux filles partirent en oubliant de payer, sans voir que sur la note, chacun des « meilleurs chocolats du monde » était facturé à 300 berries. Marley comptait bien montrer de quoi elle était capable à ces poltrons. Zylphia, quant à elle, semblait plus perplexe. Une fois à l’extérieur, en marche vers la caserne, la petite fée interrogea son amie :

- Dis, ça veut dire quoi « putain » ?

Marley ria nerveusement :

- Oh, ahah, ah, c’est comme… comme pour dire « incroyable ». Ahahah… Enfin… ça dépend des cas, je crois. Mais tu sais, c’est pas très joli comme mot.


- Si, si, je trouve ça très joli, moi !

Mais dans le fond, elle ne put s’empêcher de répéter la phrase de Marley, pour en tester le sens : « où sont ces incroyables recrutements. Ça n’a aucun sens… c’est putain. »

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Jeu 12 Oct - 11:18



« Le paradis aux hommes »


Quelques minutes de marche passées, et quelques autres à se perdre entre deux avenues, les deux compagnes de route réussirent à trouver la réserve. En chemin, elle demandèrent plusieurs fois la bonne direction, avant que Zylphia ne pensât qu’elle pouvait prendre de la hauteur, pour avoir une vue plus large sur la ville. En effet, l’idée s’avéra efficace : depuis le ciel, elle repéra un attroupement immense de personnes, dont certaines revêtaient l’uniforme de la marine, devant un grand bloc de pierres qui devait être la réserve. Et il ne leur fallut pas plus d’une minute pour atteindre la file d’attente. Des dizaines, si ce n’étaient des centaines de jeunes gens attendaient patiemment leur tour, pour faire partie de la grande famille du gouvernement. Parmi eux, une écrasante majorité d’hommes. Ce qui n’était pas pour déplaire à la petite fée.

- Je n’avais pas vu qu’ils étaient si nombreux, sourit-elle.

- Qui, « ils » ?

Marley se moquait bien de savoir si les nouvelles recrues étaient des hommes, des femmes, ou n’importe quoi d’autre. Si bien qu’elle pensa que la gnomette parlait de tout le monde, en général, sans se douter que la petite bouillonnait de plaisir, à l’intérieur. Mais lorsque Marley tourna le visage vers elle, n’obtenant pas de réponse immédiate, elle découvrit un visage rayonnant, le sourire jusqu’aux oreilles, le corps vibrant, prêt à décoller. Zylphia était aux anges. Ses yeux se promenaient de part et d’autres de la foule, à l’affût du moindre détail, celui qui indiquerait lequel de ces hommes était le bon. Marley comprit lorsque la gnomette fondit parmi eux en hurlant :

- LES HOOOOMMES !


Elle se glissait entre leurs jambes, les regardaient d’en bas, un par un, pour les analyser dans tous les recoins, ne ratant pas une miette de leurs défauts. Son Homme à elle, il était parfait, unique. Il ne ressemblait à aucun autre. Lorsqu’elle en éliminait un, elle s’excusait et expliquait son choix sans filtre. Mais elle passait si vite de l’un à l’autre que l’on n’entendait qu’un murmure qui filait entre les futures recrues, en continu : « Désolée, trop brun ! Désolée, tu pues de la bouche ! Désolée, trop gros ! Désolée, tu n’es pas un homme ! Désolée, trop… bizarre. Désolée, trop petit ! ». Le jeu dura bien une quinzaine de minutes, pendant lesquelles Marley s’inquiétait du devenir de son amie, alors que la file avançait à son allure. Si quelques types pensèrent que la fée essayait de doubler pour avoir une meilleure place, la plupart d’entre eux ne la remarquèrent même pas.

Et la petite Zylphia finit par se lasser de courir après l’amour, épuisée d’avoir tant courut. Elle revint vers Marley, essoufflée, les joues rosées par la froideur de l’air. Déçue de n’avoir rien trouvé, une moue boudeuse s’installa sur son visage. Elle s’emportait trop souvent, se jetait trop rapidement sur l’occasion, et n’avait pas la patience d’attendre que l’amour vienne. Quelque part, au fond d’elle, elle le savait. Une voix sage lui répétait, à chaque échec, qu’il suffisait parfois d’attendre, et que la patience saurait faire son travail. Mais Zylphia avait un cœur à la place de la tête, si bien qu’elle se moquait de la sagesse. Elle n’avait pas une vie éternelle, ni l’envie d’espérer, un jour, trouver l’amour. Elle n’espérait pas, elle désirait, de tout son cœur, de toute son âme. Ce n’était pas au temps de trouver l’Homme qu’elle aimait, c’était sa vie à elle, son travail, son but. Se rappelant sa propre promesse, celle de ne plus jamais pleurer, Zylphia se revigora rapidement. Même si elle n’avait plus vraiment envie de sourire, et même si sa joie s’était un peu dissipée, la moue fit place à un regard plein de hargne, de rage d’y arriver, de dégoter, parmi tous les hommes de la Terre, celui qui serait sien.

Marley, qui n’était pas encore tout à fait habituée aux sautes d’humeur de la gnomette, interrogea cette dernière, pour se rassurer :

- Euuuuh… ça va ? Tu as l’air… bizarre… ?

Plus déterminée que jamais, Zylphia acquiesça :

- Je vais m’inscrire aussi ! Il y a plein d’hommes ici, c’est sûr qu’il y en a un pour moi. A l’intérieur, il y en a plein d’autres. J’en suis sûre, si je viens dans la marine, je pourrai trouver mon Homme !

Marley elle-même aurait pu s’attendre à encourager Zylphia à atteindre ses objectifs. Mais devenir marine, c’était un labeur sérieux et difficile. Zylphia avait l’air de le prendre trop à la légère, et de ne pas comprendre les conséquences que cela impliquait. La jeune femme ne voulait pas froisser la petite, mais la laisser s’inscrire avec elle, c’était lui arracher sa naïveté. Qui savait, si Zylphia devait se retrouver sur un champ de bataille, ce qu’elle verrait, ce qu’elle subirait ? Pire, rien ne disait qu’elle survivrait. Zylphia n’avait pas le caractère belliqueux de Marley, elle ne pouvait pas devenir soldat. La jeune femme articula :

- Tu sais, c’est pas sans risque, d’entrer dans la marine… tu vas devoir te battre, et peut-être que tu verras des gens blessés, ou même pire. Et des hommes, il y en a partout ailleurs, tu en trouveras…

- Non ! coupa Zylphia. Je veux épouser un soldat. Et puis, je me battrai pas, je ferai semblant, et je me cacherai les yeux quand j’aurai peur. Et puis, si on est ensemble, on pourra veiller l’une sur l’autre !

- Et si on ne l’est pas ?

- Tu sais, je suis grande, je peux aussi me protéger toute seule !

A cette dernière réponse, Marley soupira. Elle n’avait plus qu’à espérer être dans la même faction que la gnomette, pour pouvoir s’assurer de sa bonne santé.


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Ven 13 Oct - 22:01



« Donatien »


Le pas tremblant, le cœur palpitant, Marley avança vers le bureau d’inscriptions, signant un au revoir de la main à son amie. Elles avaient beau s’inscrire toutes deux, ni l’une, ni l’autre n’aurait su dire si elles allaient se revoir, derrière ces portes. Aucune ne savait ce qu’il se passerait, ensuite. Mais n’étant pas préparées à un adieu, elles se contentèrent de ce signe.

En réalité, à peine eurent-elles eu le temps de sortir, une fois tout l’administratif accompli, qu’elles sautèrent de joie en se revoyant, s’enlaçant dans une douce étreinte, amicale. Elles découvrirent timidement, autour d’elles, tous ceux qui s’étaient inscrits aussi. Certains étaient en groupe, d’autres seuls, mais les mélanges n’avaient pas l’air de se faire. Des groupes se formaient parfois, mais ne se défaisait pas encore. Un brouhaha sourd et grave résonnait dans le grand hall, où quelques rires pointus se démarquaient du reste du groupe. Zylphia et Marley, quant à elles, se contentaient du bonheur d’être là, ensemble, prêtes à se suivre jusqu’au bout de la Terre. Silencieuses, et épuisées par le voyage, les deux observaient le monde tourner bien trop vite pour elles, tandis que l’attente leur semblait infinie. Quand allaient-elles savoir où elles devaient aller ? Quand est-ce qu’elles connaîtraient leurs équipes ? Quand commençaient les entraînements ?

Leur impatience fut interrompue par l’écroulement d’un petit homme, à leurs pieds. Le gamin s’était étalé par terre, à leurs pieds, lâchant un râle douloureux, tandis que derrière, quelques autres types riaient grassement de sa chute. Marley ne put s’empêcher de sourire, et dû s’avouer qu’elle avait envie eu envie de rire, en voyant la tête du type. Mais elle se contint, et décida de porter son aide au garçon. Ce dernier accepta et prit la main de Marley qui le souleva sans peine, avant que ses chevilles ne soient balayées par le pied d’un des agresseurs. A nouveau, sa tête cogna le sol, amplifiant l’hilarité des types, et manquant d’emporter Marley avec lui. Celui qui était au sol sourit maladroitement, en tendant sa main à Marley, pour qu’elle l’aide à nouveau, s’excusant en un murmure d’être aussi maladroit. Mais la jeune femme ignora le type, et fit un pas au-dessus de lui, pour faire face aux emmanchés qui persécutaient le pauvre garçon.

- Ça vous fait marrer ? grogna-t-elle en croisant ses bras sous sa poitrine.

Les types explosèrent de rire, à nouveau, tandis que l’un d’entre eux prenait la parole :

- Ouais, plutôt ouais. Et tu vas en faire quoi ?

Le dernier du groupe, par contre, ne riait pas du tout. Il murmura à celui qui avait parlé quelques mots, regardant avec effroi la demoiselle qui les menaçait.

- BWARHAHAH ! Une nénette qui vous a fait flipper ? Vous êtes quel genre de tapettes ?

A peine sa question fut-elle terminée qu’il tomba lourdement sur le dos, sonné, le nez ensanglanté. Marley, les biceps gonflés, le regarda quelques secondes, avant de ne lui accorder que son silence. Elle en avait assez, qu’on la prenne pour une petite femmelette. Que, parce que c’était une femme, elle ne savait rien faire de ses mains, si ce n’était la cuisine et le ménage. Finalement, si elle était ici, c’était peut-être autant pour protéger ses proches que pour prouver aux autres sa valeur. Malheureusement, elle avait fauté. Elle ne voulait pas se faire remarquer, ou déclencher une bagarre, mais c’était raté. Ce n’était pas l’image qu’elle voulait donner d’elle. Mais la fatigue, l’attente interminable et le stress qu’elle engendrait, l’arrogance du type, faisaient une soupe qu’elle avait bien du mal à digérer. Et son poing était parti tout seul, cogner le nez de ce gars, qu’elle ne voulait même plus voir, à présent. De toute façon, ses amis l’emmenèrent plus loin, n’insistant pas en réalisant la puissance du coup.

Lorsqu’elle se retourna pour aider le pauvre garçon à se relever, il était déjà debout. Zylphia l’observait de haut en bas, de bas en haut, sous les aisselles et les narines, le scrutait en tout point, avant de donner son verdict : « Désolée, trop laid. ». La gnomette n’avait pas totalement tort. Le garçon n’était pas bien grand, bien qu’adulte. Une barbe de quelques jours s’hérissait sur ses joues, sans style, sans rien ; ce n’étaient que des poils posés là en vitesse. Son visage était fatigué, et de larges cernes soulignaient ses yeux noirs et vides. Enfin, il n’avait pas l’air de savoir se tenir droit. Son dos était courbé, comme si sa tête était trop lourde pour son corps, tout fin, rêche et osseux. Tout avait l’air abîmé en lui. C’était le parfait mélange entre un vieillard et un adolescent ; un vieux-jeune, somme toute.

Marley n’en tint pas compte. Elle lui proposa de rester avec elles, si ça lui disait, pour éviter de se faire ennuyer à nouveau par ceux qui avaient fui. Il accepta d’un unique mouvement de la tête. S’ensuivi un silence long et angoissant, que Zylphia finit par éteindre :

- Comment tu t’appelles ?


- Donatien, répondit-il simplement.

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Donatien


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Sam 14 Oct - 21:42



« Garde à vous ! »


- GARDE A VOUS !

La voix dérailla du haut d’un escalier, où deux hommes se tenaient. Le premier, dont l’apparence bâclée, les cheveux en bataille, la chemise débraillée, révélait son caractère chaotique, était celui qui avait crié. A côté de lui se tenait un grand homme, élégant, droit et silencieux. Dans la salle, les nouvelles recrues se bousculèrent sans trop savoir répondre à l’ordre donné. Pour la plupart, c’était la première fois que l’on le leur demandait. Quelques longues minutes passèrent, avant que le calme ne s’installe totalement, et que chacun, à sa manière, ne se redresse neutrement vers les deux supérieurs. Pour le colonel Bordail et le vice-amiral Burmeister, c’était un premier tri. Ils savaient que les premiers au garde à vous étaient ceux qui y étaient habitués, d’une manière ou d’une autre. Peut-être venaient-ils de familles déjà patriotes, peut-être leurs parents étaient-ils eux-mêmes soldats du Gouvernement Mondial. Ou encore, peut-être que certains parmi eux avaient ça dans le sang, tout simplement. Ceux-là faisaient partie de la première moitié. Certainement les meilleurs, dans le classement final. Ils partaient avec un temps d’avance. Mais globalement, le résultat était médiocre. Les rangs n’étaient pas réguliers, et tous n’avaient pas adopté la bonne position. Si les jugements du vice-amiral avaient été plus sévères, les trois quarts de l’arrivage serait repartis. Seulement, c’était un homme plus sage que sévère, et il avait décidé que chacun pouvait avoir sa chance, conscient que la première journée ne pouvait être parfaite.

Marley avait mis un certain temps à comprendre pourquoi l’homme braillait. Elle avait fini par se mettre en place, pas très à l’aise, jetant quelques regards à droite et à gauche pour imiter ses camarades. Donatien fit de même, même s’il se moquait pas mal de savoir si sa tenue était bonne ou non. Elle ne l’était pas ; dos courbé, tête enfoncée dans les épaules, sa posture se rapprochait plus de celle du vautour que de celle du bon marine. Quant à Zylphia, elle manqua de se faire écraser, comme bien souvent, mais survécut en se posant sur l’épaule de Marley. Les trois compagnons ne faisaient pas partie de la première moitié. Et rien n’échappait aux yeux des deux gradés, qui avaient pour rôle de renvoyer chez eux ceux qui ne sauraient pas s’intégrer dans la marine.

Le silence était total. Le moindre murmure aurait pu être entendu, et, en réalité, chaque souffle, chaque petite respiration était audible. Marley, elle, retenait son souffle. S’il s’agissait déjà de sa première expérience dans la marine, elle avait en face d’elle le vice-amiral Burmeister, dont elle avait tant entendu parler. Enfin, il était là, si proche, si impressionnant. C’était irréel, impossible. Elle ferma les yeux durant quelques secondes, avant de les rouvrir, comme si elle allait se réveiller d’un rêve trop beau pour être vrai. Mais non, rien n’était faux. Il était juste en face d’elle, et il ne la remarquait sûrement même pas. Elle aurait tant aimé qu’il la voit, et qu’il s’approche pour lui dire combien elle était grandiose, et combien son avenir l’était aussi. Aucune de ses espérances n’arriva. Au lieu de ça, la voix dérapante du colonel Bordail retentit à nouveau :

- Je suis le colonel BORDAIL ! Je serai votre responsable et REFERENCE lors des examens de recrutement. C’est moi-même qui m’occupe de vous noTER, et qui choisis si OUI OU NON, vous êtes aptes à rentrer dans la marine. Mais AVANT de parler des modalités de contrôle, voici le vice-amiral BURMEISTER ! Il va vous PRésenter les EPREUVES.

A ce moment-là, quelques murmures se firent entendre, avant qu’un brouhaha ne s’élève parmi les recrues. Marley en profita pour s’adresser à son amie :

- C’est lui, c’est lui le vice-amiral Burmeister ! Qu’est-ce qu’il est beauuu !

Zylphia le regarda, l’épia comme elle l’avait fait avec tous les autres garçons de la salle, et dut se rendre à l’évidence : cet homme dégageait un charme réel.

- C’est vrai, souffla-t-elle amoureusement.

- En plus, il paraît que c’est un héros ! Et qu’à lui seul, il a arrêté plus d’un tiers des bandits de North Blue !

- Woaaah, soupira la gnomette avec passion.

- Et c’est un homme froid… je trouve ça tellement… ça lui va trop bien, se pâma Marley.

Zylphia, qui était alors à un doigt de tomber amoureuse, sursauta :

- Froid ?! Il fait déjà assez froid ici, je n’ai pas envie d’épouser un glaçon. Tu peux le garder pour toi.

- Sans soucis !

- SILEEEEEEEEEEEEEEEENCE !
hurla Bordail.

Les murmures se turent soudainement. Burmeister n’avait pas l’air d’être aussi irrité par les voix résonnantes que son collègue, mais il observait, toujours. Tout comptait. Savoir qui suivait le mouvement de foule, qui restait calme, c’était encore du tri. Encore et toujours, c’était important, de savoir à qui on avait affaire. Il avança d’un pas silencieux, les mains croisées dans le dos, posant son regard sur chaque nouvelle recrue. Ses yeux glacials semblaient transpercer chaque être pour en tirer l’âme, la décomposer et l’analyser. Mais qui savait ce qui se cachait derrière son silence et ses actes ?

- Merci, finit-il par dire, d’une voix neutre. Nous allons étudier votre comportement, à chacun, lors d’examens. Plus précisément, vous en passerez deux. Le premier sera une épreuve physique, pour savoir si vous êtes aptes ou non à nous rejoindre. Ceux qui s’essoufflent après deux minutes de marche peuvent déjà s’en aller.

Zylphia retint son souffle, cherchant du regard un soutien.

- La deuxième épreuve sera une simulation de champ de bataille. Nous formerons deux groupes, sous la tutelle de deux soldats plus expérimentés, qui seront vos supérieurs. Nous testerons votre capacité à répondre à des ordres, entre autres.

Il tendit la main machinalement au centre de la pièce, comme pour la fendre en deux grands morceaux. Certains nouveaux se retournèrent, pensant qu’il désignait quelqu’un du doigt. Mais le suspens ne dura pas :

- Tous ceux qui sont à ma droite, vous êtes le groupe 1. Les autres, le 2. Vos tuteurs ne vont pas tarder à venir vous chercher. Aucun changement de groupe n’est envisageable. Et croyez-moi, nous nous souvenons de votre groupe. Les examens commencent demain.

Au centre de la salle se creusa un trou, où plus aucun élève n’était. Zylphia se rendit compte rapidement qu’il se formait juste entre Marley et elle. Elle voulut tenter de se faufiler du côté de son amie, mais le vice-amiral l’en avait dissuadée. Elle grimaça en partant sur la gauche, avec Donatien, triste de ne pas pouvoir poursuivre l’aventure avec son amie. Sans compter qu’elles ne purent se dire un seul mot, par peur de réprimandes. Marley lui fit juste un petit signe confiant, un au revoir, mais pas un adieu. C’était promis.

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Dim 15 Oct - 15:06



« Première épreuve »


- DEBOUT ! hurla une voix à peine connue, alors que le jour pointait à peine le bout de son nez.

Dans le groupe de Zylphia, tout le monde s’agita soudainement, réveillé en sursaut, sans comprendre ce que l’on leur infligeait. Certains, pourtant, ne réussirent à ouvrir les yeux. C’était le cas de Donatien, qui s’était contenté de se tourner sur le ventre, ronflant bruyamment en guise de protestation. Le tuteur du groupe, un certain Drangorg, s’approcha du seul qui refusait l’ordre. Du seul qui n’avait pas encore admis qu’en ces lieux, la seule loi qui existait était celle du Gouvernement. Rien ni personne ne pouvait la contester. Drangorg croisa les bras dans son dos, regardant de haut, froidement, le dormeur. Il plaqua son pied contre le sommier, le haut du corps fixe, et d’une grande démonstration de force, envoya Donatien et son matelas valser contre les autres lits. Le jeune homme gémit en sentant une planche s’enfoncer dans son ventre, manquant de lui briser les côtes. Par peur du tuteur, personne ne vint l’aider, sauf Zylphia qui avait un peu sympathisé avec le garçon, le soir passé. Après s’être assurée qu’il allait bien, elle se tourna vers Drangorg, se pinçant les lèvres. Comme elle aurait aimé lui dire qu’elle désapprouvait ses manières ! Mais qui savait ce qu’il lui aurait fait subir ? Zylphia avait bien vite compris qu’elle perdait un peu de sa liberté, et peut-être de son bonheur, dans la marine. Pourtant, la gnomette était prête à traverser toutes les épreuves, pour trouver le grand amour. La marine, à côté d’une vie en solitaire, c’était de la rigolade.

Drangorg, lui, traversa la pièce en expliquant que ce n’était pas à lui de réveiller tout le monde, et qu’à partir du moment où il entrait dans la pièce, il souhaitait voir tous les lits faits, toutes les recrues prêtes à aller s’entraîner. Il répéta plusieurs fois que c’était inadmissible, de voir autant de loques, et que de son temps, tout le monde savait ça avant même de se faire recruter. Remarquant que personne ne bougeait à la fin de son discours, il hurla, le sang lui montant à la tête :

- PUTAIN, BOUGEZ VOS CULS ! ON EST DEJA EN RETARD POUR L’ENTRAINEMENT ! FAITES VOS LITS, HABILLEZ-VOUS ! VOUS AVEZ 5 MINUTES !

La pièce devint une vraie fourmilière. Chacun y mettait du sien, se dépêchant de faire son propre lit, et de revêtir quelques habits plus ou moins propres, de quoi se parer pour l’examen physique. Sauf Donatien, qui, à une allure de zombie, tirait le matelas jusqu’à son lit, pour tout remonter. Zylphia, qui avait déjà fini, se débrouilla pour lui faire enfiler des vêtements, pendant qu’il finissait de plier sa couverture. Elle voletait autour de lui, arrangeant ses vêtements, lui attachant les cheveux en une queue de cheval, et faisant glisser des chaussures sous ses pieds lorsqu’il les soulevait. Finalement, ils purent terminer une seconde avant la fin, évitant les blâmes de Drangorg. La matinée commençait déjà à un rythme insoutenable, et si elle devait assister sans arrêt Donatien durant son séjour, Zylphia savait qu’elle ne tiendrait pas.

Et elle savait aussi que la motivation de Donatien égalait le zéro. Ce dernier n’était pas vraiment ici par choix. En réalité, il s’était plutôt destiné à un avenir plus paisible, selon lui. Il souhaitait devenir médecin de village, pour soigner tranquillement ceux qui en avaient besoin, et n’avaient pas nécessairement les moyens d’acheter de grands docteurs. Il était totalement désintéressé, et en réalité, s’intéressait à la médecine plus pour la science que pour l’aide qu’elle apportait aux gens. Il se disait que, quitte à aimer cela, il pouvait bien s’en servir en bien pour le soutien plutôt que le profit, mais ni l’un ni l’autre de ces objectifs n’étaient le sien. Lui, tout ce qu’il voulait, c’était comprendre comment le corps fonctionnait. C’était un bon cerveau, et il savait énormément de choses sur le corps humain, même s’il voulait en savoir toujours plus. Malheureusement, les études intellectuelles auxquelles s’adonnait le jeune homme ne plaisaient pas à ses parents, ouvriers depuis des générations. Pour eux, tout ce qui était important, c’était ce qui était réel, c’était la matière. Façonner la matière, oui, ça, c’était bien. Mais apprendre des tas de mots compliqués, savoir résoudre des problèmes qu’on ne voyait pas, à quoi bon ? Pas besoin de médecins, on savait guérir les petites maladies avec quelques plantes. Pour ses parents, Donatien était comme un fou qui cherchait à sauver le monde de la mort. Ce qui en faisait un charlatan, un fainéant, qui, finalement, évitait les travaux manuels en prétextant être à deux doigts de comprendre comment telle partie du cerveau commandait telle partie du corps. Il se couchait tard, se levait tard, mais ne travaillait pas le bois comme ses parents savaient si bien le faire. De ce fait, puisqu’il ne voulait pas travailler avec eux, ils décidèrent de l’envoyer dans la marine. « Ça lui fera les pieds », pensèrent-ils. Ils ne savaient pas qu’ils feraient ceux de Zylphia, avec.

Le groupe entier suivit Drangorg jusqu’à un grand terrain vague, où se trouvait, çà et là, une infinité de dispositifs destinés aux entraînements. Le tuteur expliqua qu’ils ne pouvaient être notés sur chaque épreuve, et que le Gouvernement Mondial était assez clément pour les laisser choisir trois domaines dans lesquels ils se débrouillaient le mieux, pour faire leurs preuves. Il ajouta que de son temps, ce n’était pas aussi facile. Mais au moins, la liberté de ce choix avait rassuré Zylphia, qui n’excellait pas en matière de force brute. Elle observa un instant la grande cour, avant de faire son choix. Elle n’était pas très endurante, mais elle était née gnome. Sa vitesse était impressionnante, tant et si bien qu’elle paraissait presque invisible, lorsqu’elle s’y mettait vraiment. L’épreuve du sprint serait pour elle. Elle était sûre d’y arriver. Ensuite, ses petites ailes lui permettaient de s’envoler, et bien qu’elle ne maitrisât pas le pouvoir de son fruit aussi bien qu’elle le désirait, elle se débrouillait assez bien pour prouver ses capacités au saut en hauteur. Quant au dernier sport, elle ne sut faire de choix, et décida finalement de tester le tir à l’arc. Après tout Elle avait une bonne vision de loin, et surtout une petite idée derrière la tête, pour gagner en précision.


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Dim 29 Oct - 20:16



« Elle court, elle court, la Zyzy d'amour»


Sur la ligne de départ, trois jeunes recrues allaient s’affronter. Zylphia, parmi elles, avait une confiance toute relative en ses capacités. Pour ce qui était du sport, elle n’avait jamais battu de records, ni même tenté d’en battre. En fait, elle n’avait pas le moindre souvenir d’avoir fait un tel effort, un jour. Courir et forcer, à quoi bon quand on pouvait danser et voler ? Quoi qu’il en fût, cette fois, elle y était. Son premier cours de gym, sans cours. Pour l’échauffement, elle avait vaguement imité les gestes de ses camarades. S’étirer un peu les jambes, les bras – « les bras servent à courir ? » - et sautiller sur place. Mais lorsqu’ils s’étaient mis à courir, là, la petite gnome s’était contenté de ne rien faire.

Mais quelques minutes suffirent à la placer sur le départ, alignée aux deux autres. Elle ne se souvenait plus exactement de quelle drôle de stratégie elle avait eu, en choisissant cette épreuve. Les gnomes étaient réputés pour courir vite, mais elle ? Les rares fois où ses gambettes lui avaient servi, c’était une question de survie, de fuite. Est-ce qu’elle allait au moins arriver à démarrer ? De plus, les deux grands hommes à côté d’elle, qui, par ailleurs, n’étaient pas laids à regarder, même si l’un zozotait, et l’autre avait une barbe trop jeune pour être appréciable… je me perds. Ces deux grands hommes, bien plus hauts sur leurs jambes que la fée, plus musclés, plus imposants, n’avaient aucun doute sur leurs chances. Peut-être ne connaissaient-ils pas les gnomes. Mais à la voir, du haut de ses quinze centimètres, elle allait passer le mois à finir ce parcours.

Cependant, pour la petite, ce n’était pas ces deux grands hommes, le plus incertain. C’était elle. Pourtant, il fallait qu’elle en soit capable. Son Homme à elle, il était dans la marine, c’était certain. Alors dès qu’un coup de feu retentit, elle sursauta, tandis que les deux autres démarraient, mais ne tarda pas à les rattrapait. Elle courait, son cœur avec elle, comme si des milliers de chatons la poursuivaient. Elle courait pour sa vie, et pour son Homme. Ses pieds touchaient à peine le sol qu’elle repartait de plus belle, manquant de s’envoler sous les impulsions. Elle étirait ses jambes loin en avant, fendant l’air, l’espace, si ce n’était le temps. Elle allait si vite qu’autour d’elle, tout semblait immobile, ou au moins ralenti. Elle aurait pu faire dix tours du terrain, à cette allure, et finir la course première, quoi qu’épuisée.

En réalité, en à peine quelques secondes, la course de la petite Zylphia fut terminée. Du moins, elle atteignit en premier la ligne d’arrivée. Si à ce moment-là, Zylphia voulut arrêter ses jambes, son petit corps refusa de cesser sa course avec elle, si bien qu’elle fut projetée en avant, roulant sur elle-même comme une petite balle. D’ailleurs, non loin des épreuves de courses, des soldats plus âgés qui maintenaient leur forme avec une petite partie de golf relancèrent la course folle de la gnome d’un coup de club bien placé, l’envoyant croiser les étoiles, du côté des épreuves de saut en hauteur. La fée manqua d’embrasser une recrue qui sautait, ce qui l’aurait certainement écrasée comme un moustique. Mais grâce au ciel, elle déploya ses ailes, esquivant de peu son camarade, sans pour autant maîtriser son vol. Tourbillonnant dans le ciel, elle fusait comme un missile droit vers les cibles de tir. Une flèche tirée avant même que son envoyeur n’aperçoive Zylphia se dirigeait droit vers elle. Ceux qui suivaient encore le voyage de la petite serrèrent le derrière, attendant que la flèche atteigne fatalement le corps de la petite, le perçant au beau milieu de l’estomac, et la clouant à la cible. Mais c’était mal connaître Zylphia que de penser qu’elle pouvait mourir ainsi. La flèche agrippa sa robe, à un doigt de lui fendre la chair, traversa le tissu, entraînant la fée jusqu’à la cible, où elle se planta, au beau milieu des cercles. Zylphia, blême, s’évanouit.

- Home run !
cria Donatien, plus occupé à surveiller la petite qu’à rater ses épreuves.

Si certains suivirent son mouvement, chantant que la petite avait la grandeur d’un un héros de guerre, d’autres, plus sceptiques, hurlaient au dopage.

La première épreuve était passée.

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Lun 30 Oct - 21:31



« Deuxième épreuve I»


La soirée était passée vite. Grâce à Zylphia, Donatien avait fait montre de ses connaissances en médecine, ce qui avait rattrapé les épreuves physiques, qui avaient été un désastre. Ainsi, il avait pu poursuivre les examens, même si pour lui, cette faveur relevait de la tare plus que de la chance. Au réveil de la gnomette, le jeune médecin avait raconté tous se exploits à la petite, qui ria de bon cœur en entendant l’histoire de son ami.

- J’aurais aimé me voir ! Il faudrait inventer une machine pour qu’on puisse revoir en boucle tout ce qu’on fait, ce serait trop bien !

- Ca deviendrait vite malsain, murmura Donatien.

Et sur ces mots, les deux se tournèrent dans leurs lits respectifs, avant de rejoindre le reste de leur groupe au pays des rêves.

Le lendemain, rebelote, Drangorg hurla, manqua de briser les côtes de Donatien, hurla à nouveau, et amena son groupe jusqu’au grand terrain en temps et en heure. Heure à laquelle, d’ailleurs, furent apportées aux recrues de nouvelles informations sur cette seconde épreuve. La simulation de champ de bataille n’était ni plus ni moins qu’un affrontement entre les deux groupes qui avaient été créés. « L’une contre l’autre ? » pensèrent Marley et Zylphia en cœur. Les deux jeunes filles, qui se faisaient face, croisèrent le regard, les yeux ronds comme deux petits chats affolés. Pour Marley, se battre n’était pas un problème. Du moins, elle savait que ce n’était qu’une sorte d’exercice, qu’il fallait juste suivre les ordres de leurs chefs respectifs, et qu’en obéissant, tout se passerait bien. Mais contre Zylphia ? La question sonnait faux. C’était légal, au moins, cette histoire ? Et comment Zylphia allait-elle vivre ce premier combat ? Marley tentait tant bien que mal de s’excuser, d’avoir embarqué la petite là-dedans. Cette dernière le ressentit et répondit d’un sourire malade à Marley. Elle voulait voir des hommes, choisir le sien dans le tas. Elle n’avait pas signé pour se battre. Enfin, si, c’était ce qu’elle avait fait. Encore aurait-il fallu savoir lire, avant de signer. Elle sentait son cœur s’emballer, son corps se ramollir. En face des grands hommes, que pouvait-elle faire ?

Elle ne connaissait que trop bien cet art martial, celui que ses semblables avaient inventé pour faire face aux humains. Elle le connaissait, mais n’en avait jamais pratiqué le moindre mouvement. Elle se maudissait d’avoir toujours haï ce sport idiot, car ce jour-là, il lui aurait bien servi. Il allait falloir faire sans, et sans savoir comment vaincre sans violence ses adversaires. Beaucoup de sans ; avec quoi allait-elle réussir ? Le mieux, se disait-elle, était encore de rester cachée le temps que tout se passe. Comme elle l’avait dit à Marley, elle n’aurait qu’à fermer les yeux. Dans son esprit, tout était à son goût, et bien meilleur.

Ce n’était qu’un test, de toute façon. Marley se le répétait, à mi-voix : ce n’était qu’un test. Il fallait suivre les ordres, c’était simple. Il suffisait qu’elle ne croise pas Zylphia. Durant les quelques secondes où elles avaient pu se faire face, Marley avait pu comprendre que Zylphia et Donatien s’étaient rapprochés. Elle aurait tant voulu lui dire, à ce type, qu’il avait intérêt à protéger la petite. Cet avertissement passa à travers un regard, que le jeune garçon ne sut interpréter : il plaisait ? Un clin d’œil et un sourire relativement charmeur répondirent à Marley, qui grimaça avant de rougir.

Rapidement, les deux groupes se séparèrent, après que quelques règles eurent été rappelées. Et commença la bataille. Marley tremblait de peur de devoir combattre son amie, mais réussit bien vite à se déporter loin d’elle. Prouvant sa force et sa bonne volonté à de multiples reprises, en assommant peut-être quelques garçons un peu trop fort, elle répondait aux ordres sans le moindre souci ; c’était encore plus simple que ce qu’elle imaginait. Donatien, quant à lui, recevait plus de coups qu’il n’en donnait, à son grand malheur. Il tentait tant bien que mal de se faufiler entre ses assaillants, vainement. Pourtant, il n’abandonnait rien. Sous les ordres d’un Drangorg plus tactique qu’agressif, il rampait jusqu’à ses amis blessés, pour les soigner. Ça n’avait rien d’une vraie bataille, il y avait quelques bleus, quelques égratignures, et au pire, un bras cassé. Mais pas de morts ou de blessés graves. C’était simple.

Quant à Zylphia, la petite s’était bien vite réfugiée dans le premier casque tombé. Elle avait fermé ses yeux, bouché ses oreilles de ses petites mains, et pensait à son repas du lendemain. La nourriture n’était pas excellente, mais parfois, la dame de la cantine leur réservait de bonnes surprises. Et c’était le cas, pour ce lendemain ; elle avait entendu dire qu’au dessert, pour une fois, il n’y aurait pas de « fruits (a)variés ». Il ne restait plus qu’à espérer que ce serait bon. Comme une mousse au chocolat, ou un framboisier. La bataille était finie ?

Zylphia rouvrit les yeux, en sortant la tête du casque. Un coup de vent vint balayer sa chevelure, alors qu’une image terrible s’offrait à elle. En fond de cette terrible scène, ses camarades se battaient, se frappaient dessus alors qu’ils n’étaient que des inconnus, ou pire, des amis. Ce n’était qu’un test ? En vue de quoi ? Allaient-ils devenir des machines à tuer ? En étaient-ils déjà ? La violence était gravée en eux, dans ce « juste un test ». Mais tout ça n’était rien, à côté de ce que Zylphia venait de voir. Elle aurait préféré être aveugle, que d’un jour assister à cela : une fourche, sur l’un de ses cheveux. Le matin même, alors qu’elle s’était peignée, elle n’avait rien vu. Ses magnifiques cheveux blonds, dont elle prenait toujours soin, abimés à cause de l’air sec et froid de cette maudite île. C’était impossible, insoutenable, si bien que la gnomette défaillit.

Tou ces événements s’étaient suivis à une vitesse folle, en se marchant les uns sur les autres. Quelques minutes suffirent à Zylphia à se reprendre, mais aussi à changer tout le paysage autour d’elle. Alors que seuls quelques hommes étaient éliminés, comptés comme morts ou blessés, des dizaines d’autres avaient succombé. C’était une hécatombe de perdants. Parmi eux, Donatien, qui avait l’air sérieusement blessé. Pas comme les autres, comme ceux qui s’étaient juste pris un coup de poing, ou de bâton, et qui n’avaient plus le droit de bouger. Donatien, lui, avait trébuché contre une pierre et s’était, par malchance, ouvert le coude. Il avait bien du mal à se soigner seul, et lorsqu’il vit Zylphia se lever, il l’appela pour qu’elle vienne l’aider, lui tendant une petite boule de bandages. La fée se pressa jusqu’à lui, trébucha quelques fois avant de trouver l’équilibre. Une fois à portée de Donatien, elle attrapa le ruban, lui lançant un sourire confiant.

- Merc…

Zylphia enroula un morceau du bandage autour de son cheveu blessé, avant de le fendre en le déchirant.

- C’est un peu lourd, ton truc, mais ça fera l’affaire !

- Mais…

La petite s’en alla bien vite vers son casque, à nouveau, pour se cacher. Il fallait aussi qu’elle s’assure de n’avoir qu’une fourche.

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Mar 31 Oct - 17:52



« Deuxième épreuve II»


Lui, il s’était retrouvé là par tradition. L’armée, c’était dans leur sang depuis des générations. Les Drangorg et la marine, c’était une grande histoire ; pas d’amour, pas dramatique, juste une grande histoire. Comme tous ses aïeuls, notre intéressé était un grand patriote. Il luttait contre l’anarchie, persuadé que seul le Gouvernement Mondial était capable de gérer le monde. Aucun ordre n’était envisageable, si ce n’était celui du Gouvernement. Les pirates et autres hors-la-loi pouvaient courir tant qu’ils le voulaient ; la Marine était là pour les arrêter. Un jour, ils se lasseraient de voir leurs amis tomber, condamnés à mort, et admettraient enfin que seule la soumission au système en place les garderait sains et saufs. Finalement, le Gouvernement, c’était la paix.

Et pourtant, pour obtenir celle-là, il fallait se faire violence, et se battre encore et toujours contre le crime. Jusqu’à ce qu’un jour, il cesse pour de bon, et que la marine n’ait plus besoin d’exister. Mais alors, que deviendrait-il ? Dans le fond, il aimait les pirates, d’une certaine manière : grâce à eux, il avait un métier, un but. Il remua la tête pour effacer cette idée de ses pensées. Les pirates étaient des vermines à exterminer. Et à ce jour, s’il n’était pas capitaine de sa flotte, ni général ou colonel, c’était parce qu’il devait encore faire ses preuves. Pourtant, il allait bientôt atteindre ses quarante printemps. Qu’est-ce qu’ils attendaient, pour le promouvoir ? Il en avait assez chié, à tester, insulter, maltraiter encore et toujours ces gosses. Au début, c’était amusant, ça lui donnait une impression de pouvoir, mais il s’en était lassé. Il voulait de l’aventure, voguer à travers les mers avec ses compagnons d’arme, percer le ventre d’une tête trop envahissante.

Mais non, il était là, en face de son éternel rival, le Moustachu, à établir toujours de nouvelles stratégies pour le battre. Mais il n’y arrivait jamais. Le Moustachu, c’était un collègue, avant tout. Ils étaient entré dans l’armée à peu près en même temps. Et depuis ce jour, il avait toujours eu un pas de retard, par rapport à lui. Drangorg donnait corps et âme pour devenir un tacticien hors-pair, même si son seul combat tournait en rond. Ses soldats changeaient, mais jamais son adversaire. Le Moustachu, un fin stratège, gagnait toujours. S’il n’avait jamais été promu, c’était à cause de vieilles histoires. Personne n’avait confiance en lui, car selon certaines rumeurs, dont personne ne connaissait l’origine, il avait déjà trahi l’armée, lors d’une bataille. Ou quelque chose du genre. Quelle bataille, quand, avec qui, on ne savait pas. Tout ce qu’on savait, c’était qu’il était bloqué là, certainement à vie. Comme lui, aussi. Ils étaient condamnés à se battre à vie, avec ce qu’ils avaient sous la main – de nouvelles recrues. C’était à celui qui obtenait les meilleurs résultats.

Et c’était mal parti. Comme d’habitude, le Moustachu avait eu des coups d’avance, et avait sans difficulté envoyé toute l’équipe de Drangorg sur la touche. Du moins, c’était ce qu’ils pensaient, jusqu’à ce qu’une minuscule chose blonde court vers le grand dadais. Le Moustachu avait encore une cible : ce serait simple. Pas besoin de stratégie, à dix contre une chose aussi petite, c’était du tout cuit. Mais pas pour Drangorg. Il lui restait un soldat, tout n’était pas perdu. Et aussi minuscule était-elle, elle avait su se faire remarquer. Il pouvait avoir confiance.

- ZYLPHIA ! Tu dois les combattre ! SORS DE CE CASQUE !

- M-m-m-mais ils sont plus ! Et plus grands ! Je…

- A L’ASSAUT ! hurla le Moustachu.

- HIIIIIIIIIIII !

Dans l’autre groupe, trois grands types, musclés comme des gorilles, se jetèrent en direction de la toute petite chose, dans son casque, manquant de l’écraser sous leur masse. Quatre autres, armés d’arcs en bois, tentaient de suivre les mouvements de la fée en fuite pour l’assaillir sous leurs jets de flèches. Deux types, plutôt rapides, essayaient de la suivre pour l’attraper, mais elle allait trop vite. Quant à la dernière, Marley, elle s’était immobilisée ? Comme paralysée, elle n’avait pas bougé d’un doigt, terrifiée. C’était juste un exercice… mais c’était Zylphia. Elle était si petite, si fragile ; ils allaient la tuer, à cette allure. Drangorg lui-même s’était mêlé à l’assaut pour tenter, tant bien que mal, de protéger son dernier soldat. Ca devenait dangereux. C’était juste un test, mais ils allaient la réduire en bouillie, en s’attaquant à elle ainsi.

- Je vous ai donné un ordre, mademoiselle… murmura une voix dans son dos.

Elle se tourna pour découvrir le Moustachu, son tuteur depuis la formation des deux groupes. Il souriait, les mains croisées dans le dos. Elle remua silencieusement la tête, en signe de désapprobation.

- Je ne vous laisse pas le choix.

- T’es complètement malade.

Le poing de Marley vint cogner le nez du type, sans qu’elle ne regrette rien, cette fois. Tous les autres, ceux qui se battaient encore, étaient bien trop occupés pour l’avoir remarqué. Le Moustachu s’écroula sur les fesses, le nez en sang, alors que Marley se jetait sur ce qui lui avait servi d’alliés. Elle attrapa les deux qui couraient par les cheveux, cognant leurs têtes l’une contre l’autre. S’en débarrassant en les jetant, elle envoya son pied dans le dos d’un des archers, qui, par un effet de domino, renversa les autres.

- ARRETEZ-LA, PUTAIN ! cracha le Moustachu.

Drangorg avait compris l’acte de la jeune, et même s’il était persuadé qu’elle ne deviendrait jamais marine à cause de cette rébellion, il approuvait totalement. Cette gamine ne serait jamais un bon soldat, mais au moins, elle n’était pas conne. C’était peut-être mieux. Et peut-être qu’il aurait dû en faire autant. C’était un peu tard, à présent. Alors autant s’amuser avec eux. L’un des grands costauds avait attrapé le bras de Marley, menaçant de le broyer à tout instant. Drangorg s’empara d’un gros morceau de bois qui gisait sur le sol pour l’envoyer dans le bide du type, qui lâcha aussitôt Marley. Elle s’en prit au deuxième, qui ne fut pas bien réceptif aux premiers coups, mais finit par accepter la défaite. Quant au dernier… contre toute attente, Zylphia avait fini par obéir à l’ordre de Drangorg. « Tu dois les combattre ». Si ce n’était pas tant par obéissance que pour sa survie, la fée avait bondi sur le crâne du bonhomme, tirant ses cheveux dans tous les sens, le forçant à suivre ses mouvements. Le type avait beau essayer d’attraper la fée sur sa tête, à chaque bout de chair qui approchait d’elle, elle répondait d’un coup de canines violent, perçant de petits trous dans les doigts du gars. Lorsqu’enfin, il hurla « C’EST BON, STOP ! JE ME RENDS ! », en s’accroupissant, elle s’arrêta, alors que Marley venait la cueillir.

- Tu… tu sais te battre ? l’interrogea Marley, bouche bée.

- Hein, quoi ? répondit Zylphia, tremblant à faire claquer ses dents. Non, non, mais j’avais super peur de tomber de sa tête, je sais pas comment je me suis retrouvée là-haut !


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Mer 1 Nov - 16:31



« Les résultats »


Les recrues se pressaient les unes les autres contre le tableau des résultats. Chacun voulait savoir où son nom était marqué. Si les plus doués espéraient être en haut de la liste, les autres priaient pour seulement voir leurs noms inscrits sur la liste des validés. Depuis le crâne de Donatien, Zylphia essayait de voir les résultats. Ce premier, peu préoccupé par son acceptation, se contentait d’être mollement pressé entre les recrues, résistant par quelques grognements mécontents.

Marley n’était pas avec eux. Après l’incident, elle avait été convoquée chez Bordail, et éliminée d’office. Ses rêves étaient brisés, et Zylphia s’en voulait plus que tout de n’avoir pas su se défendre seule. Marley n’avait pas seulement mal répondu à un ordre, ou désobéi. Elle avait trahi son équipe, et n’était pas digne de confiance. Mais ce n’était pas de sa faute. Zylphia avait besoin d’être protégée. C’était idiot, quand même. Sans vraiment s’en rendre compte, Zylphia commençait à comprendre qu’elle ne pourrait pas survivre longtemps dans l’armée sans savoir se défendre seule. Là, ce n’était qu’un entraînement, et elle avait failli y passer. Mais après ? Sur le terrain, contre des pirates. Est-ce qu’elle pourrait longtemps se cacher ? Rien n’était moins sûr. Si de simples civils comme Marley savaient mieux se battre qu’elle, qu’en était-il des criminels ? Pourtant, la fée refusait la violence. Elle n’était même pas capable d’envoyer un coup un tant soit peu douloureux, de toute manière. Elle y pensait sans y penser : il fallait trouver une manière de se battre qui n’utilisait pas la force. Ni même le moindre mouvement fatigant.

Elle remua la tête, se rappelant qu’elle était là pour trouver le nom de Donatien et le sien, et que pendant qu’elle se promenait dans ses pensées, lui, il se faisait écraser. Et elle remua à nouveau la tête, se rappelant qu’elle ne savait pas lire.

- Hum… je… tu vois ton nom ?


Le jeune homme pencha lentement le visage vers le grand tableau, cherchant son nom parmi tous les autres « D… D… Do… … ». Son nom n’y était pas : soudainement, le Donatien toujours endormi, mollasson, je-m’en-foutiste, s’éveilla en écarquillant les yeux. Un sourire traversa ses joues jusqu’à ses oreilles, et il poussa brusquement tous ceux qui se trouvaient autour de lui, quitte à les faire tomber.

- YEAHEAH ! Je suis libre ! Je vais me tirer, à plus l’armée, à plus la famille, JE-ME-CAAAAAAASSE !

Zylphia manqua de tomber de sa tête, s’agrippant à sa petite queue de cheval de ses deux mains. Elle n’avait pas pu voir son propre résultat, et bondit sur la tête d’un garçon à côté de Donatien, avant de rappeler ce dernier :

- Hé ! Attends ! Et moi ?!

Donatien s’étala sur les recrues devant lui, collant son nez au tableau, un sourire béat aux lèvres. « Z… Zylphia ! »

- Tu es prise ! En plus, t’es plutôt bien classée, félicitations !


Zylphia hocha la tête en guise de remerciement, accompagnant le mouvement d’un sourire léger, qui s’effaça bien vite. Elle voulait aller voir Marley, essayer de la faire recruter, peut-être, elle qui rêvait depuis toujours de devenir marine. Elle le fit savoir à Donatien, qui acquiesça.

Les deux n’eurent pas de mal à trouver le bureau de Bordail : on leur avait dit de suivre les pancartes qui n’étaient pas accrochées. Les pancartes devaient servir à repérer les bureaux, et c’était à Bordail qu’on avait confié la mission de les suspendre. Seulement, il s’était lassé rapidement de ce travail, et avait laissé les planchettes traîner un peu partout dans les couloirs. Ainsi, Donatien et Zylphia avaient pu retrouver le bureau. Derrière la porte, Zylphia essaya d’écouter ce qu’il se passait à l’intérieur, mais n’entendit rien. Donatien toqua à la porte, et Bordail les invita à entrer, depuis l’intérieur.

Là, les deux amis découvrir Marley discutant avec Bordail, au milieu d’un chaos d’objets et de papiers en tout genre. Des cartes étaient affichées sur les murs, peintes de divers coups de crayons, recouvertes d’autres cartes, de notes « ne pas oublier de… » et autres. Le bureau était recouvert d’autres papiers, d’objets peu identifiables, si bien que de l’humus avait commencé à se former, à certains endroits de la pièce. D’ailleurs, un ver de terre tira sa tête hors d’une boîte de tabac, gigotant sous la lumière de la pièce.

- Oh, salut Jacky ! le salua Bordail, à qui le ver semblait familier.

Donatien remarqua, sur une table d’appoint, deux feuilles où il était inscrit, sur l’une, « Zalphi, accepté », et sur l’autre « Zylphia, refusée ». Il ne dit rien, s’empressant de relever la tête vers les autres.

- Qu’est-ce que vous voulez, les enfants ?


Zylphia, toute intimidée, pris son courage à deux mains et éleva la voix :

- Il faut que vous preniez Marley ! Parce qu’elle est très forte. Et elle… elle fera le meilleur soldat que vous avez jamais vu ! Et puis, et puis c’est de ma faute, et…

Alors que les larmes lui montaient aux yeux, aussi bien à cause du trac que de sa culpabilité, Marley se leva, et vint cueillir la gnomette au creux de ses mains :

- Hé, hé, Zylphia… On en parlait avec le colonel, justement. J’ai plus envie de faire partie de la marine.

- Mais… mais tu avais dit…


- Oui, je sais ce que j’ai dit : je veux aider les gens qui en ont besoin. Et je ne pense pas y arriver dans la marine, en tout cas pas pour l’instant. Je ne suis pas assez obéissante pour le Gouvernement, alors je ne resterai pas ici. C’est mieux pour tout le monde.

Marley pesait ses mots. Elle avait envie de le dire, qu’elle n’était pas un chien du Gouvernement, qu’elle préférait la justice à l’obéissance, et qu’elle s’en voulait d’avoir embarqué Zylphia là-dedans. Mais c’était impossible, avec le colonel à côté d’elle. Sans compter que les marines la traitaient presque comme une criminelle. Elle était toujours suivie, et ne pourrait jamais dire à Zylphia de ne pas rester là.

Zylphia, elle, baissa la tête. Elle vit d’ailleurs un gros tissu tomber lourdement sur le sol, depuis le bureau de Bordail. En effet, ce dernier, fou amoureux des raviolis en boîte froids, tentait d'en ouvrir une sans ouvre-boîte. Ce fichu ouvre-boîte, il le perdait tout le temps, à croire qu'il avait des jambes. Machinalement, Zylphia bondit des mains de Marley et s’approcha de ce qu’elle pensait être un mouchoir. Elle l’attrapa sans réussir à le soulever, et tendit un bout du tissu vers Bordail :

- Vous avez fait tomber ça, Monsieur Bordail.


Le colonel la regarda en riant, et dit :

- Oh oh, mais non, ce sont des bonbons. Mais tu es bien brave, pour la peine, je te les offre !

Marley et Donatien s’échangèrent un regard, sans oser dire que la chose ressemblait plus à une bourse remplie de berries plutôt que de bonbons. Alors qu’elle remerciait Bordail, Zylphia fut à nouveau cueillie par Donatien, avec la bourse, et s’adressa à Marley :

- L’important, c’est que tu sois heureuse, sourit-elle. Mais tu me promets de revenir me voir, hein !

- Promis !


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Mer 1 Nov - 19:51



«Le Compost»


Une journée s’était passée, depuis la parution des résultats. Marley était partie, et Donatien aussi. Tous deux, dans le fonds, semblaient bien s’aimer, sans se connaître plus que ça. C’était peut-être une nouvelle histoire d’amour, mêlée d’aventures, qui attendaient les deux jeunes adultes. Zylphia en était plutôt contente. Même si, quelque part, son cœur se pinçait, quand elle pensait que les autres trouvaient l’amour et pas elle, elle était heureuse de savoir qu’elle avait participé à leur donner un peu de bonheur. Et puis, elle avait encore bien des années devant elle, pour trouver l’amour. Elle n’était pas patiente, mais il fallait l’être. Dans la marine, elle trouverait. Elle en était persuadée.

Jusqu’à ce qu’elle soit appelée au bureau de Bordail. C’était bizarre. On avait attribué à tous les autres un équipage, un navire à rejoindre. Elle faisait partie des derniers, et voilà qu’on l’appelait sans raison dans le bureau du colonel. Elle n’était pourtant à l’origine d’aucune effraction, aussi infime soit-elle. Elle était toute sage, toute seule, intimidée par les grands groupes d’amis qui s’étaient formés autour d’elle.

- Zylphia, nous avons un problème. Hum… Et c’est de ma faute.

La petite ne comprenait pas. Qu’avait-elle à voir avec les problèmes de Bordail ? Il avait toujours des problèmes, de toute façon, et c’était toujours de sa faute. Il n’avait qu’à être un peu plus organisé. Depuis la dernière fois qu’elle était venue dans son bureau, ce dernier était à peine reconnaissable. Les papiers s’accumulaient sur le mur, se déchiraient, et les objets avaient tous été déplacés, volontairement ou pas, s’empilaient sur des tables aux pieds tremblants sous la masse de bazar qu’elles devaient supporter… On aurait pu croire que des guerres se déroulaient dans ce bureau.

- J’ai malencontreusement mélangé les résultats aux tests, et il s’avère que j’ai mis ton nom à la place d’un certain…

Bordail regarda sa table, pour retrouver le nom sur le papier d’admission. Mais le papier n’était plus là, englouti par une vague de déchets et paperasse en tout genre.

- Hum… un certain autre monsieur. Et tu n’as pas été acceptée… Voilà, je ne pouvais pas le cacher, ni à toi, ni à mes collègues, tu comprends ?

Je n’ai pas été acceptée.

Le monde s’écroulait autour de Zylphia. Adieu ses espoirs, adieu l’amour, adieu son Homme. Elle n’était plus bonne à rien. Ses promesses, celles de ne plus pleurer, elle pouvait bien s’en moquer, à présent. Elle n’avait plus aucun but. Rendre les autres heureux, à quoi bon, si elle n’était pas capable de se rendre elle-même heureuse ? Découvrir le monde, pour quoi faire, si elle n’avait personne à qui en parler ?

La petite fée se tourna, sans même réussir à sortir une larme, finalement. Son visage n’exprimait rien, si ce n’était le vide qui régnait dans son esprit. Toutes les pensées se bousculaient, et pourtant, s’effaçaient instantanément. Ses petites ailes s’étirèrent dans son dos, soulevant son corps incapable de bouger, mollement paralysé par la déception.

Bordail tiqua. Il ne reconnut que trop bien les effets d’un fruit du démon. Et ce genre de pouvoir n’était pas de refus. La petite Zylphia n’était pas un soldat, c’était certain. Mais ce qu’elle avait entre les mains, dans le corps, c’était une arme, en quelques sortes. Etre soldat, ça ne s’inventait pas. On le devenait. Certes, elle en était loin, et le chemin serait long pour faire de Zylphia une marine efficace. Il fallait espérer. Et puis, dans le fond, il l’aimait bien, cette petite. « Je vais m’attirer des ennuis », pensa Bordail. Il soupira, avant de retenir la gnomette :

- Attends, attends… Tu sais, le garçon qui aurait dû être à ta place est sûrement déjà bien loin… Et même s’il revenait, ça ne voudrait pas dire que tu devrais partir. Enfin, j’ai peut-être une solution, mais tu ne devras jamais dire à personne que tu n’as pas été officiellement prise. Je m’occuperai d’arranger les résultats, au pire. Disons que les juges ont fait une erreur sur la notation… Hum… Enfin, je connais un équipage dans lequel tu pourras apprendre à être un soldat, et où ta présence ne s’ébruitera pas trop, dans la Marine.

La fée se retourna, volant jusqu’en face du colonel, gonflant son buste d’espoir, sans un mot. Sa curiosité dévorait Bordail, comme son regard impatient.

- Tu vas rejoindre le Compost. Je m’occuperai de dire au capitaine que tu es envoyée là pour… pour faire tes preuves, en quelques sortes.


A peine eut-il fini de parler que la gnomette déposa un baiser sur sa joue, comme remerciement. Et dans les quelques heures qui suivirent, Zylphia embarqua sur un navire, pour rejoindre le fameux Compost.



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