Tout n'est que poussière...
Combien ces mots me paraissent prophétiques à présent. Ils furent dits par un homme sage d'il y a longtemps, ou ses paroles ressemblaient en tout cas à cela. Je me demande s'il possédait le même don que moi. Je parle d'un don, mais j'en viens à chaque jour qui passe à considérer mes pouvoirs comme une malédiction. Je contemple les cellules, de mes yeux ambre, un paysage fait de démence et de tempêtes humaines, et je me souviens de ces mots lus dans un livre aux pages effritées. J'ai lu au fil de ma vie chacun des textes de ces âges passés qui emplissaient ma bibliothèque dans mon appartement de fonction, mais il me semble que je ne les avais pas réellement compris jusqu'à ce jour. Je le sens approcher à chaque souffle, à chaque battement de cœur. Que je puisse encore vivre et respirer tient du miracle après ce qu'il est advenu. Il vient pour me tuer, bien sûr. Je sens sa colère, son orgueil froissé et sa grande déception. Il a recherché cette puissance qui est à présent la sienne, aussi peu naturelle que lui-même, l'a peu désirée. Le pouvoir est une chose éphémère, ont affirmé certains ; mais pas ce genre de pouvoir. Une fois acquis, il ne peut pas être abdiqué. Ses facultés ne ressemblent à rien de ce dont les hommes ont pu faire usage. Il lui serait facile de me tuer depuis l'autre bout du monde. Mais il ne le fera pas. Il lui faut me regarder droit dans les yeux quand il me détruira. Son défaut, l'un d'entre eux du moins, est d'être animé par un Dieu. Il se comporte envers les autres comme il s'attend à être traité et c'est ce qui causera sa perte. Je l'entends marcher dans l’allée qui mène à ma position. J'ai causé la perte de mon équipe : cette équipe que j'aimais tant, cette équipe qui m'a sauvé. Lorsqu'il me tuera, c'est à raison qu'il le fera...
La chaleur me réveilla. J’ouvris lentement les yeux, la clarté brûlante du soleil qui dominait impel down emplissant mon de garde de lumière jaune et de sa chaleur oppressante. Je léchai alors mes lèvres sèches, la bouche aride comme si je n'avais pas bu depuis des jours. Je dormais contre un mur, un katana toujours serré dans ma main. Je soulevais alors ma tête en grognant, pris de vertige, désorienté par l'intensité du feu de cet étage de flammes et par la surprise de ce réveil. Graduellement, ma mémoire se remit en ordre, me faisant me rappeler faiblement des évènements précédents, de mes rêves et de leurs fins brutales. Ma migraine était devenue une douleur sourde, comme une ecchymose mentale, qui me laissait à moitié inerte. Je tendis la main et se versai un peu d'eau d'un récipient. La poussière dans ses lieux l'avait quelque peu rendue granuleuse, mais je l’aidais à ce défaire de la sensation pâteuse dans ma bouche. Quelques gouttes d'eaux tombèrent sur mes habits, et je découvris avec effroi qu'ils étaient couverts de sang. Je me relevai dans un mouvement hésitant, les membres toujours faibles après leur calvaire de la nuit de la semaine passée, et m’éloignai du lit de fortune qu’était le mur. Mes blessures étaient assez graves mais j’avais connu pire. Mon regard se porta sur les alentours mais je visualisais simplement des prisons vides. Cette nuit encore il n'était pas venu. Chaque jour depuis la défaite de mon groupe, Je m’attendais à voir le géant rouge sur le palier de ma porte pour m’emmener et me faire gouter les pires tourments qu'un Dieu avait à m’offrir. Mais personne n'était venu et au lieu de prendre la fuite, je restais assis sur le sol à observer le millier de craquelures de mon plafond.
Aujourd'hui était un jour semblable à n'importe quel autre. Le soleil des flammes infernales cognait, la brume de la chaleur et l'aridité de l'air demeuraient aussi accablantes qu'elles l'avaient toujours été. Un vent chaud soufflait depuis l'ouest, faisant claquer les dizaines de portes ouvertes de prisons abandonnées dans cet étage. J’ouvris alors ma porte et monta les quelques marche qui menaient à l’étage supérieur. Je marchais quelques minutes puis m'arrêta pour écouter, mais un silence de mort régnait sur la prison. Je savais qu'il y avait encore des gardiens, des prisonniers. Mais eux aussi craignaient le retour de l'ange rouge qui avait détruit en un jour. Peu importe...tout n'est que poussière. Résumons la chose, que tout me revienne clairement, j’avais tenté de mater une émeute, et avais lamentablement échoué, deux options s’offraient à moi, la mort par la main de mon supérieur, qui dû régler le problème de par lui-même, où la désertion, un semblant de goût de liberté. Mais comment était le monde extérieur ? Allais pouvoir me nourrir ? A l’aube de mes quinze ans, je quittais le nid et décida de me faire hors la loi, au service de qui le voudrait bien, c’est donc ainsi que j’obtenu le titre de tueur à gages. La seule promesse que je me donnais à moi-même, était de ne jamais finir de l’autre côté du miroir, enfermé ici, avec comme bourreau mon père et mes anciens amis.