Le regard vide, je la vis sauter devant moi à une vitesse ahurissante. Je ne pris pas la peine de bouger. L’expression sur mon visage resta al même lorsqu’elle me saisit par les cheveux pour m’assigner un violent cou au visage, ayant pour effet de projeter ma tête en arrière de manière assez théâtrale. Un fin filet de sang coula le long de mon menton. Ce léger goût métallique dans ma bouche, si fruité et pourtant quand ont en manque, signe de mort. Hmm, que sommes-nous censé faire quand tout semble nous échapper ? Serrant lentement les dents, j’allais prendre le contrôle sur ce statuts météorologique qui nous gèle et nous émeut. Que de bruit pour bien peu de lumière, je ne peux rien contre l’immensité de la foudre. Que la pluie, elle, laisse place à ce qui est miens. Cela est possible. Lentement, la pluie devint neige. Ma tête revient face à celle de cette fille devant moi, qui parle de celle que j’aimais comme étant une traitresse. Pourquoi parler de traitrise quand notre être est habité par la hantise de voir quelque chose d’irrationnelle est plus grand que l’envie de compréhension de la chose ? Lentement, le terrain se reforme et se recouvre d’un voile blanchâtre toujours sous les coups de tonnerres haletant. Ma main se pose sur mon front et d’un coup sec, je dégage sa main de mon visage. Des larmes, de tristesse, de dégoût. Les rôles allaient s’inverser. Tapant un coup sec le pied sur le sol, pendant son léger mouvement de recul dû à mon précédent geste, je m’avançais vers elle, l’attrapant par le bras pour la mettre au sol, passant à cheval sur elle, en lui bloquant les mains au dessus du visage. Mes larmes coulaient sans retenu pour venir mourir sur le visage de cette ancienne collègue, pourtant ma respiration et mon rythme cardiaque restaient les mêmes, mon visage gardait la même expression et moi, je ne savais plus quoi faire, à défaut de geste la parole est maître :
« Qui parle de traitre… ? Tu n’as même pas le courage de finir ton travail… »Je me mordis la lèvre inférieur, cette fois-ci mon visage venait de changer, juste de la peine et du dégoût. Elle me l’avait confirmé par ces dires, mon amie était morte et de ces mains. Je relâchais alors ces mains, toujours à cheval sur elle, les yeux grands ouverts. Mon teint était plus pâle que quelques seconds auparavant, et des cristaux de glace commençaient à se former dans nos deux chevelures. Fait simple de la précédente pluie et du vent glaciale que je venais d’emmener. Mes vêtements étaient trempés, eux aussi commençaient à geler. Mon kimono blanc était maintenant couvert de neige. Nous restions un long moment dans cette position, regard l’un dans l’autre sans parler pour que finalement, je brise le silence de part un geste qui pouvaient sembler déplacé mais qui était parfaitement réfléchit. Mon visage se pose à quelques centimètres du sien. Mes larmes coulaient toujours sur son visage, tombant sur ces joues, quelque fois sur ces lèvres ; avant que finalement je n’y dépose les miennes. Je les détachais quelque secondes plus tard dans un long soupir de mal être.
« Tu as pris sa vie… Tu prendras ce que je lui dois… Elle avait des rêves ! Quels sont les tiens ?! Quels sont tes putains DE RÊVES !!!! »Le tonnerre tomba violemment sur un arbre juste derrière moi, dans un fracas sans précédent, laissant le tronc carbonisé tomber lentement dans la neige froide dans un bruit sourd…
Sers-toi dans mon cœur, dans mon âme. Tu m’as privé de mes rêves. Tout se paie.
Mes yeux se perdirent dans les siens une fois de plus. Ce que je voyais maintenant dans sa main. La flute de mon amie décédée. Dans l’incapacité de lui répondre, je me sentais exploser de l’intérieur. Un long cri perça l’air, laissant la foudre s’abattre une fois de plus sur ces terres meurtries. Ce soir, Drum pleurait. Je tombais à genoux devant elle, mes mains serrant mes cheveux. J’avais cessé de pleurer. Je m’étais perdu une fois de plus. Je me frottais désormais les yeux avec violence, abimant ces derniers en laissant pour simple couleurs, le rouge des vaisseaux sanguins maintenant affecté par ces frottements accompagnés de la couleur braise de mes iris. Je me relevai mécaniquement et la pointa du doigt en avançant vers elle pour poser ma main sur son épaules avant de serrer cette dernières violemment. Déchirant à moitié son haut dans un brusque mouvement de retrait, je posais mes mains sur la garde de mon Katana et dégaina rapidement ce dernier, venant lui coller sous la gorge. Dans un fracas sans précédent, mon poing tomba sur son visage en même temps que la foudre sur la roche derrière nous, laissant une pluie de gravât nous retomber dessus. Une onde de choc après un coup dans les côtes et le trou noir. Que c’était-il passé ? Ma tête semblait exploser. Ais-je rêvé ? J’avais eu l’impression de voir le visage de cette fille dans le ciel. Comment est-ce possible ? Est-ce qu’elle est encore là, pour moi, pour nous ? Si tout ceci est un coup de notre destinée, cruelle et sombre, je ne trouve pas cela amusant. Les dieux ont trouvés des jouets et ne veulent apparemment plus les lâcher. Jouer avec eux jusqu’à les briser. Je vous en prie, laissez-moi m’émanciper… Je me sentis partir violemment en arrière. Tout semblait être passé si vite. Mes côtés me faisaient souffrir mais je n’y prêtais pas attention de suite. Je me sortis péniblement des gravats en portant un regard insistant sur la femme devant moi, ces cheveux étaient devenus noires ébène. Elle n’était plus elle désormais. Je m’avançais doucement vers elle, le poing serré. Mon cœur semblait saigner. Je n’avais pas ressentis sa depuis bien longtemps. Le pas léger et comme glissant, sans mouvement de jambes, je m’approchais d’elle. Une fois à son niveau, mon regard plongé dans le siens, elle semblait comme paralysé par quelque chose de bien plus puissant qu’elle. Un sourire se dessina sur mon visage et ma main se porta sur sa joue pour la caresser doucement.
Elle sentit la chaleur des mains mes mains se répandre dans sa chair, une clarté dorée qui la combla d'un bien-être à nul autre pareil. Il ressemblait à un phénix descendu du ciel, un ange vengeur aux ailes dorées. Elle voulut pousser un cri d'extase en sentant chacune des fibres de son organisme se gonfler d'une vie nouvelle, chaque cellule en dégénérescence, chaque portion de son être s'épanouir, imprégnée d'une puissance dont elle n'aurait jamais rêvé. Son corps renaissait à la vie, sous l'influence d'un fragment de la puissance et du savoir d’un individu singulier entre toutes. Elle était prise au piège dans l'obscurité. Elle essaya de se réveiller, mais il n'y avait que ces ténèbres dans toutes les directions, ininterrompues, impénétrables. Elle ne pouvait pas penser en termes de direction car l'espace qui l'environnait semblait dépourvu de dimensions. Elle ne parvenait pas à savoir où se situait le haut et où était le bas, et elle n'avait aucune notion du passage du temps. Était-elle là depuis longtemps ? Elle n'en savait rien. Elle ne se rappelait pas de grand-chose. Ses souvenirs étaient embrumés. Il y avait eu un temps où elle avait eu la liberté d'aller ou bon lui semblait, elle se souvenait au moins de cela, un temps où elle pouvait se nourrir, engendrer, éteindre les vies à sa guise, mais à présent...A présent, il ne lui restait plus que les ténèbres éternelles de la mort. Non, pas la mort, mais alors le sommeil ? Ou peut être un emprisonnement ? Comment savoir ? Tout ce dont elle avait conscience, c'était que si ce n'était pas la mort, cela aurait tout aussi bien pu l'être, pour ce qui lui restait de pouvoir. S'agissait-il de souvenirs ou d'hallucinations ? Elle se percevait elle-même comme un être féminin, mais même cela ne signifiait rien. Quelle pouvait être la signification d'un genre ou d'un autre pour un être fait d'énergie et de matière pures ? Son esprit vagabondait dans les ténèbres. Rien n'existait, ici, à part les ténèbres. Mes dents vinrent alors se planter dans son cou, et je me rassasie de son être, la laissant partir en paix.