Kanäe avait rejoint le duo d’amoureux et avait commencé à prendre en charge le rouquin avec l’aide de la belle brune. Elle avait appliqué sur le front de l’endormi une bonne dose de son onguent curatif pour réduire la douleur et éviter que son visage soit marqué par le coup qui s’était avéré plus violent qu’elle ne le pensait. Le manche du projectile avait fait mal, avait plongé sa cible dans les limbes mais avait surtout brisé un os : l’arcade de l’œil gauche du Zoan saignait encore abondamment.

Devant l’étendue, relativement peu importante néanmoins, des dégâts, Harmony avait un peu paniqué et ne savait pas pour où commencer. Elle avait donc arraché un bout du bas de son chemisier pour servir de compresse et ainsi le poser sur le front du blessé. A l’arrivée de Kanäe, et face à ses gestes un peu plus assurés, elle reprit confiance et aida au mieux l’infirmière de fortune tout en passant amoureusement sa main dans les cheveux de celui qu’elle désirait toujours et encore en secret. Alors, quand finalement il rouvrit les yeux et faisant fi de l’interrogatoire mené par Inazuma pour le moment, la jeune femme se pencha sur lui et lui offrit un baiser qu’il rendit sans aucune difficulté. L’un comme l’autre venait d’avouer leurs réels sentiments et savaient maintenant qu’ils ne seraient plus seuls dans les épreuves de la vie.

Tenant un peu la chandelle, la verte avait détourné le regard même si elle trouvait cette situation mignonne ; elle était davantage gênante pour elle. Elle avait donc reporté son attention sur la zone où se jouait une bataille psychologique sans précédent. Bientôt rejoint dans l’étude de la scène par les amoureux qui avaient fini leurs échanges buccaux, chacun observait alors la hargne du chasseur de primes et la détresse apparente du binoclard qui semblait complétement perdu dans ses pensées. La gouvernementale se leva donc à son tour, ayant stabilisé l’état de Don, pour rejoindre ses deux collègues. Passant devant Gaindevie qui semblait en pleine dépression, elle lui posa la main sur l’épaule en signe de courage, l’assurant alors de faire le maximum pour faire la lumière sur tout cela.

Un peu plus loin, le porteur de lunette était confus, agité et en proie à une véritable bataille mentale.



Reütsuna approcha de la Toupex pour lui faire de ses impressions sur la chose qui, pour elle, semblait tout entendue.



Apparemment, la manieuse d’éventail n’en démordait pas. Elle voulait vraiment couper la tête de ce jeune homme. Cependant, elle entretenait une certaine éthique professionnelle qui l’en empêchait : son métier était le plus beau cadeau que lui avait offert sa mentor, elle ne voulait pas le salir en tuant les fous.

Quoiqu’il en soit, elle avait très probablement raison : le bigleux avait perdu la raison, ce qui le plaçait maintenant dans une position confortable vis-à-vis de la justice mondiale. Kanäe savait qu’elle se devait de le faire placer dans une institution spécialisée et pas dans une prison comme Impel Down ; même si la folie y était probablement légion. Face à elle, le présumé fou continuait de marmonner des choses complétements incohérentes et incompréhensibles. Il disait que son griffon allait venir le chercher, que le professeur Wimbledon ne tarderait plus ou encore que les lézards allaient lui venir en aide.

La gouvernementale, la chasseuse de primes et le petit noble étaient tous perdus au milieu de ces explications plus qu’hasardeuse, et si Harmony l’était aussi, tout commençait à devenir un peu plus clair pour Don. Le discret combattant maudit venait de se relever difficilement avec l’aide de sa désormais compagne pour apporter un élément de réponse.



La mouette se tourna vers celui qu’elle considérait comme Inazuma. Pour le coup, elle était prise de court et comptait sur l’expérience du vieux briscard de la chasse à l’homme.

Les évocations de Misuto avait causé chez le dérangé une nouvelle crise de folie. Le binoclard ne se contrôlait plus et se trouvait dans un état déplorable entre détresse et rage. Ses yeux ne se fixaient plus sur personne et passait de cible en cible, sa respiration était lourde et haletante, son cœur s’emballait à l’extrême quand soudain, il fut délivré. Reütsuna, jusqu’alors très calme, venait de replié son éventail et d’asséner un coup d’une puissance plus que remarquable sur le crane de son otage. Si la verte avait de suite compris la raison de ce geste, la chasseuse de primes prit la peine de l’expliquer aux autres personnes présentes.



Se reconcentrant sur celui qu’elle connaissait comme étant Inazuma, la brune donna enfin son avis sur cette histoire de bouquin apparaissant comme réel pour sa récente victime.



Elle attendit alors la réponse de Don à l’ultime question du blondinet ; tout se jouait à cet instant. Enfin, la réponse arriva et sonna le glas de la santé d’esprit du bigleux.



L’amour révélé du roux vint ensuite confirmer la version qui venait d’être développé. Pour chacun, la cause de ce déséquilibre mentale commençait à se vérifier et, petit à petit, cette dernière version s’imposait sur toutes les autres. Mais au final, personne ne put définir d'où venait ce mal, et personne ici n'en avait les compétences.

Le plus peiné de tous fut le petit noble qui voyait alors le fils unique de son ami perdre la raison. Il savait que les parents du jeune homme seraient dévastés par la nouvelle et mettraient tout en œuvre pour le faire revenir à son état normal. Dudloy, le père Pottié, avait des relations de premier ordre ; on disait même qu’il connaissait très bien un dragon céleste. Info ou intox, cela ne faisait que confirmer le fait que le vieux pouvait éviter la prison à son enfant ; il n’éviterait cependant pas l’établissement psychiatrique.

Devant l’insoluble, ce fut la verte qui rompit le silence.



La Toupex ne souhaitait pas que Don et Harmony puissent être inquiétés par la suite, ils avaient leur histoire à vivre et s’étaient laissé embarquer dans tout cela uniquement du fait de la folie de celui qu’il considérait comme un ami. Pour finir, elle se rapprocha de Misuto pour lui parler spécifiquement.



Il restait enfin à décider du sort du maudit de type paramecia. Kanäe ne pouvait l’emmener dans une base, elle avait d’autres chats à fouetter.

Après l’arrivée et la révélation du poteau rose par le véritable Inazuma, les réactions furent diverses et variées. Si, effectivement, Don, Harmony et Richard étaient choqués et présentaient maintenant des visages bouche-bée ; Kanäe et Reütsuna quant à elles avaient réagi différemment.

La chasseuse de primes, si morne depuis qu’elle avait compris qu’elle ne pourrait pas décapiter le gamin, venait de retrouver sa jovialité et riait aux éclats sur le corps inanimé de celui qu’elle venait d’envoyer dans les vappes. Cette situation l’amusait énormément et cela pour une raison bien simple qu’elle expliqua sans tarder à tout ce beau petit groupe.



Elle disait ça avec un naturel tout à fait remarquable, probablement sans se rendre compte de l’atrocité des choses qu’elle racontait.

Kanäe ne releva pas, étant donné qu’elle commençait à connaitre la brune et se mit en tête de répondre celui qui venait de faire apparence. Elle aussi était amusée de la situation et comprenait enfin pourquoi le blondinet semblait relativement peu expérimenté.



Comme Kanäe donc, la manieuse d’éventail se mit en charge de répondre également à la question de celui qui était son véritable collègue. La question tournait autour du rapatriement du binoclard jusqu’à la base marine la plus proche.



Enfin, la verte repartit en direction du blondinet qui semblait un peu gênée. Tout cela était effectivement compréhensible vu la situation. Pourtant, la verte comprenait le besoin d’un homme de s’échapper du joug de son mentor pour s’accomplir lui-même. Elle-même, dans sa jeunesse, avait joué de la position de son propre formateur pour accomplir des missions, obtenir des privilèges ou se sortir de situation épineuse. Ce fut donc avec une grande légèreté que la belle en vint à poser une question primordiale.

Lorsqu’il s’était présenté et expliqué sur les raisons de la supercherie, la verte retrouva encore le sourire qu’elle avait affiché quelques instants plus tôt. Le dénommé Misuto n’était pas un mauvais bougre, très loin de là. Il avait voulu faire ses preuves et prendre de l’expérience dans un métier où ses éléments apparaissaient souvent comme déterminants au moment d’un affrontement disputé.

Quoiqu’il en soit, si elle lui avait répondu qu’elle était également enchantée de le connaitre sous son vrai nom, elle dut également lui dire au revoir quelques instants plus tard, son mentor semblant particulièrement impatient de repartir. Elle avait déjà noté ce trait de caractère chez les chasseurs de primes. Ils étaient sous très pressés et couraient après la richesse qu’ils pouvaient obtenir sur le compte des têtes primées. Ici, la tête de Jarry n’était pas primée et si Reütsuna sera probablement payé pour ses services par l’établissement où elle déposerait le bonhomme, elle ne toucherait pas grand-chose. S’agissant plus précisément de la manieuse d’éventail, l’argent elle s’en moquait bien. Il fallait savoir que la belle était immensément riche depuis la mort de sa mentor qui lui avait tout légué depuis la tombe ; le patrimoine de toute une vie de chasse acharnée.

Pour la brune, ce métier de chasseur de primes était plus véritablement une passion qu’une réelle nécessité ; elle arrivait très bien à vivre sans prendre de criminel dans ses filets. Raison pour laquelle d’ailleurs elle ne se privait pas pour tuer ses cibles et ne rapporter, très souvent, que des demi-primes. Derrière Misuto, elle tira également sa révérence après avoir laissé Richard, Harmony et Don dirent au revoir à l’homme encore dans les vapes. Il leur avait fait du tort mais il était important à leurs yeux. Don et Harmony avaient prévu de passer quelques jours sur l’île pour se découvrir plus encore en tant qu’amoureux et plus en tant qu’ami. Ils s’étaient également engagés à aider le petit noble à reconstruire sa maisonnette de campagne, ne serait-ce que pour s’excuser du comportement qu’ils avaient pu avoir.

Enfin, Kanäe, quant à elle, était également sur le chemin du retour vers le port. Sa prochaine destination était Grand Line et plus particulièrement l’île d’Alabasta où l’attendait probablement la baleine-île dont elle souhaitait faire l’acquisition. Elle pensait pouvoir prendre un peu de repos entre temps, c’était mal connaitre la vie de la mouette. Pour l’heure, elle était relativement fière d’elle et de la troupe bien étrange qu’elle avait formé et en partie dirigé.

Initialement composée de professionnels, elle avait fini avec deux civils, un petit noble, un apprenti chasseur de prime, une chasseuse complétement dérangée et elle-même : une verte bien trop souvent désabusée par les retournements de situation. L’ennemi qu’elle avait eu à affronter avait lui-même été un sketch. Elle espérait néanmoins que ce fou pourrait trouver un jour la quiétude. En attendant, elle n’allait pas encore le quitter car, arrivant au port, elles se rendirent compte, avec Reütsuna, qu’elles allaient devoir partagé un transport jusqu’à la prochaine île.