Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette journée débute de manière bien particulière.
En poste sur une île perdue au fin fond d'East Blue, je m'occupais comme je pouvais à m'entraîner à l'épée double, que ce soit face aux mannequins ou face aux autres Marines, qui réclamaient régulièrement un duel face à moi.
Visiblement, les troupes de cette caserne isolée n'étaient pas coutumiers de recevoir des gradés, à part leur Capitaine, qui restait vautré dans son bureau, s'ennuyant comme un rat mort. J'imagine que je leur sers "d'attraction touristique", qui leur permettent de se changer les idées, sur une île bien semblable à mon île natale, coupée du monde extérieur et sans réel intérêt, occupée par une criminalité locale assez peu présente également.
Après, la différence notable avec cette île et la mienne, c'est bien qu'ils ont une caserne de Marine sur place, plutôt qu'une simple milice, dont je faisais partie à l'époque.
Repensant avec nostalgie au passé, je vois au dernier moment une lame fondre sur moi. Je m'esquive sur le coté, avec le Soru et balaye les jambes du Marine avec le plat de ma lame, le faisant tomber lourdement à terre, avant de le piquer légèrement, du bout de mon épée double, avant de l'aider à se relever, en lui saisissant le poignet:
-C'est fini. Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui.
Pensez à faire des pauses dans vos entraînements également. Il vaut mieux être opérationnel à chaque instant, plutôt que de s'user la santé, en cumulant trop d’entraînement enchainés.Après avoir enchaîné une dizaine de duels, se finissant plus ou moins rapidement, je finissais par accumuler pas mal de fatigue et je préférais éviter d'être trop fatigué, en cas de problème.
Je veux bien admettre que je faisais la même erreur, à savoir trop m'entraîner, sans faire de réelle pause, à mes débuts dans la Marine. Cela m'a joué des tours plus d'une fois, lorsqu'une mission me tombait dessus, alors que j'étais épuisé par trop d'entrainement cumulé, manquant de me faire perdre la vie de trop nombreuses fois, parce que je n'étais pas assez réactif en combat...
Du coup, je tire des leçons de ce genre d'erreurs et je tâche d'en faire bénéficier mes collègues, espérant les voir plus enclins à m'écouter, de par mon grade un peu plus élevé que la normale.
Alors que les Marines se dispersent à gauche à droite, quelques uns s'écharnant à l'entraînement et une certaine majorité allant se reposer un peu dans leurs dortoirs, je vais pour faire un tour au village où est établi la caserne, un village de pêcheurs classique et qui rajoutait à la nostalgie et aux souvenirs de mon île natale... Je devrais penser à revenir chez moi de temps à autre, avec des permissions que je ne m'accorde jamais, histoire de trancher avec mon quotidien de Marine...
Perdu dans mes réflexions, je ne vois pas la porte s'ouvrir à la volée devant moi, percutant violemment mon front, m'expédiant en arrière, me faisant tomber lourdement sur le dos.
Complètement sonné, j'entends la voix résonnante du Capitaine que j'avais croisé dés mon arrivée:
-Ah, Sergent, vous tombez bien!
Cessez de roupiller et rassemblez mes troupes! Il y a une mission qui ne doit pas attendre!Il claque la porte sur ces mots, me laissant me relever tout seul, massant mon front en grimaçant de douleur. J'ai vaincu dix épéistes Marines sans réel efforts, pour me faire mettre à terre par une porte poussée par un Capitaine oisif... Génial...
Je me redresse en époussetant mes vêtements, avant de faire la tâche qui devrait normalement être incombé au Capitaine, à savoir mobiliser
ses troupes, comme il l'a si bien dit à l'instant.
Mais bon, je vais quand même exécuter son ordre, estimant qu'un peu d'action me va tout à fait, pour me changer les idées de la nostalgie dévorante que j'éprouve, à vouloir revenir chez moi, au moins pour quelques jours...
Une fois les troupes mobilisées, le Capitaine daigne sortir de son bureau pour aboyer ses ordres:
-Un bateau pirate a été repéré sur le coté Est de l'île. Les éclaireurs n'ont pas vus grand chose, préférant éviter de se faire repérer et ils ont juste vus les pirates parler avec des Den-Den Mushi, à peine débarqués, tout en transportant un coffre.
Personnellement, je dirais qu'ils essayent de vendre leur butin à l'arrache, histoire de s'en débarrasser et de passer à autre chose, les marchands de l'île étant prêts à tout pour avoir des marchandises précieuses, ce qui leur changerait du poisson et des coquillages habituels.
Cependant, je refuse que des saletés de pirates commercent tranquillement sur mon île! Alors, vous allez sur place, vous les exterminez et vous revenez! Pas de prisonniers, que des exécutés!
Autre chose, vous êtes sous les ordres du Sergent-chef Karmon pour cette mission! Alors vous l'écoutez sagement, même s'il n'est que de passage!Sur ces mots, il retourne s'enfermer dans son bureau, me laissant en plan avec une vingtaine de Marines et une nouvelle mission, sur une île dont je ne sais rien du tout...
J'inspire profondément, avant de m'adresser aux troupes:
-Bon... On va se mettre en route tout de suite. Cependant, je demande un rapport précis sur l'île, sa topographie et tout ce qui pourrait être utile, en cours de route.
S'il y a vraiment une histoire d'échange de butin, les pirates ne vont pas rester trois jours ici et il serait mal avisé de les laisser partir, s'amusant à donner l'adresse de cette île, pour écouler du butin tranquillement,ce qui ruinerait la tranquillité de cette île.
Sur ce, en route!Nous partons tous en direction de l'Est, alors que j'ai droit à un rapport bien détaillé de l'île.
Cette île est très standard, au niveau de l'environnement de la topographie. Entourée de plages, il y a trois villages à l'Ouest, au Nord (où la caserne est établie et qui est notre point de départ) et au Sud. Il y a une vaste forêt tropicale qui couvre le centre de l'île et l'Est de l'île est un vieux village abandonné, les récifs abondant jonchant la côte ne facilitant pas la pêche, principale source de revenus de l'île et ayant entraîné l'abandon du village.
Un endroit isolé et à priori inaccessible par la mer, ça semble être un bon lieu pour un échange commercial douteux.
Après une marche rapide d'une heure environ, après avoir longé la plage un moment, je choisis de couper par la forêt tropicale et d'arriver par l'entrée Ouest du village abandonné, estimant que les pirates et le marchand doivent traîner près des côtes. Autant privilégier l'effet de surprise et les prendre à revers. S'ils estiment être tranquilles pour leur trafic, je compte bien leur prouver à quel point ils ont torts...
On rejoint les deux éclaireurs Marines, situés à l'entrée du village et qui nous tiennent informés de la position de l'ennemi.
Une vingtaine de pirates et cinq mercenaires, au service du marchand du village, un des plus riches du village et qui vient originellement de Logue Town et qui traîne depuis longtemps une sale réputation. Ils sont tous regroupés à la plage et leur bateau est plus loin en mer, eux ayant débarqués avec des chaloupes, longeant les récifs.
Traversant le village en ruine, je choisis de diviser nos troupes en trois. Je pars avec sept Marines sur le coté Nord du village, sept autres Marines partent sur le coté Sud et les six derniers Marines restent en retrait, commençant à entrer en ville par l'entrée principale, une fois la bataille commencée. Un éclaireur est affecté à chaque équipe du Nord et du Sud, pour orienter au mieux les troupes d'assaut.
La progression se fait lentement mais sûrement, les pirates n'ayant pas postés de sentinelle autour du village. Cependant, une fois sur la plage, on voit un large cercle de pirates et de mercenaires entourer ce qui s'avère être le capitaine pirate et le marchand, s'agitant autour d'un gros coffre ouvert. J'entends quelques bribes de conversation, à travers leurs hurlements:
-Capitaine pirate: (...) vous fichez de moi (...) rareté pareille (...) 200 000 berrys de plus (...)
-Marchand: (...) trop risqué (...) Marine sur place (...) prison directement (...)Pour négocier de pareilles sommes, même si ça semble être un supplément, ce doit être un sacré butin qu'ils cherchent à écouler. Après, je ne saisi pas trop ces histoires de risque et de prisons évoqués par le marchand. L'objet dérobé doit sans doute être important pour quelqu'un... ou alors la vente de cet objet au marché noir est lourdement sanctionné par la loi et je dois bien admettre ne pas faire attention à ce genre de détails, concernant la juridiction...
Observant encore un temps la topographie des lieux, la disposition des forces ennemies, je choisis de me montre, pointant mon arme en direction de l'ennemi:
-Ça suffit! Écartez-vous de ce coffre les mains en l'air! La vente de marchandises volées est interdite! Posez vos armes à terre et on vous laissera peut-être partir en vie... chaînes aux pieds et aux mains, en direction de la prison!Je me fichais de l’ordre du Capitaine, à savoir aucun survivant. C'est ma mission et je compte bien la mener comme je veux. Si ces pirates étaient accusés de meurtre, je n'aurais pas hésité à les abattre sur le champ, mais pour du trafic illégal de marchandises, le massacre de masse me semble un peu trop "extrême" et je préfère leur laisser le choix de la vie ou de la mort... même si la réaction me semblait toute trouvée...
-On est repérés! MASSACREZ-LES!Le marchand, de son coté, est rapidement effrayé et prend la fuite, traversant le cercle ennemi et s'engouffrant dans le village, escorté par ses mercenaires, tandis que les pirates se positionnent face à nous, sortant les armes, avec des cris de guerre... pour se faire abattre dans le dos par des tirs de pistolet à silex, n'ayant pas vus arriver l'équipe Sud. Quatre pirates tombent à terre, abattus dans le dos, alors que les pirates, surpris par l'assaut, se dispersent dans tous les sens, une moitié sur nous et l'autre sur l'équipe Sud.
Le choc est brutal, les pirates semblant bien motivés par leur capitaine, qui beuglait ses ordres à gauche à droite, restant près du coffre, qu'il avait refermé et essayait de tirer tout seule vers une barque... Je rêve ou il essaye de sauver sa peau et son coffre, au lieu d'aider ses hommes?!?
Embrochant un premier pirate, je me fraie un chemin à travers les pirates, me projetant avec le Soru sur le capitaine, lui bloquant le passage, arme en avant:
-Déposes ce coffre, tout de suite!Grimaçant, le capitaine pirate se content de sortit deux épées de ses fourreaux, en beuglant:
-Tu rêves, saleté de Marine! J'ai perdu sept homme pour ce butin! VOUS NE L'AUREZ PAS SI FACILEMENT!!!Dans un cri de guerre, il se jette sur moi, abattant lourdement ses deux lames sur moi. Saisissant mes épée double à deux mains, je bloque rapidement les armes ennemies, accusant le coup. La vache, il tape vite et dur le bougre!
Voyant son attaque échouer, il change rapidement de coté et tournoie rapidement sur lui-même, m'assénant une rafale de coups d'épées. Je pare le tout avec difficulté, ressentant chaque coup faire vibrer mon arme et mes bras. Bon sang, les duels de ce genre, j'en ai pas des masses en ce moment, ça me change!
Dans un fracas continu de métal qui s'entrechoque, d'étincelles qui fusent à gauche à droite, je reste en position défensive, tous mes sens en éveil, tâchant de lire au mieux les attaques de mon adversaire, afin de répondre au mieux à ses assauts furieux et rapides. Après, ses attaques me semblent un tantinet "désordonnées" et manquent d'expérience. Je sentais bien la puissance, mais j'ai l'impression que cette puissance est juste de la rage concentrée que de l'expérience du combat... Ce type défend juste son butin bec et ongles... et dans un sens, ça fait bien de lui le plus dangereux ennemi à abattre, parce que je sens bien que, tant qu'il pourrait tenir une arme, il sera un danger public.
Lorsqu'une de ses lames passe à travers sa garde et passe sur mon torse, que j'ai à peine le temps de reculer, m’occasionnant une belle balafre, je considère ça comme étant le signal de "passer à l'attaque et laisser tomber la défense.
Trop furieux de voir son butin à deux doigts de lui échapper, le capitaine pirate agit de manière trop linéaire et ses attaques sont facilement lisibles et il ne semble pas se préoccuper de changer de tactique, pour espérer me surprendre et m'abattre.
Je passe donc à l'assaut, faisant tournoyer rapidement mon épée double, une lame lacérant sa hanche droite, dans une giclée de sang. Mais l'adversaire ne semble même pas s'en rendre compte et continue à abattre ses lames furieusement sur moi.
Plus le combat s'éternise, plus la fatigue et les blessures s'accumulent. Sous le flot d'adrénaline, je sens à peine les lames ennemies lacérer mon bras gauche, manquer de transpercer mon estomac, lacérer ma jambe droite.
De son coté, l'ennemi récupère également de nombreuses blessures, mais semble s'en soucier comme de son premier pistolet, continuant ses assauts furieux sans discontinuer, comme s'il était en mode automatique.
Finalement, l'ennemi abat ses deux lames sur mon épaule, que je parviens à esquiver in extremis, m'offrant une large ouverture, où je parviens à enfoncer brutalement ma lame en pleine dans son estomac, la faisant ressortir dans son dos.
Le capitaine pirate crache du sang... avant de retourner une de ses lames et de l'enfoncer dans mon dos, me faisant hurler de douleur.
Tournant ma lame dans ses entrailles, je finis par la faire sortir brutalement sur son flanc gauche, le repoussant du pied, pour le faire s'effondrer à terre, dans une mare de sang, un trou dans l'estomac.
M'affalant sur le coffre, je retire, dans un nouveau cri de douleur, la lame enfoncée dans mon dos, crachotant un peu de sang sur le coffre.
J'entends des clameurs dans mon dos troué et, en tournant la tête, je peux constater que la bataille est terminée et que la Marine l'a emportée, laissant les pirates à terre, teignant la plage en rouge.
Un Marine s'approche, m'aidant à me tenir debout:
-C'était génial comme duel, Sergent-chef! On n'avait jamais vu ça! Pendant huit minutes, aucun de vous n'a semblé diminuer le rythme et vous avez toujours assénés les coups avec la même force et rapidité époustouflante!Huit minutes?!? Sérieusement?!? J'ai combattu tout ce temps, alors que je pensais avoir fais la chose en une minute à peine?!? Oh bon sang...
Les autres Marines applaudissent, m’envoyant divers compliments que j'écoute que d'une oreille, alors que mon regard se pose sur le coffre... Qu'est-ce qui peut avoir tant motivé ce pirate, pour se battre aussi violemment... Et les sommes dont ils parlaient... C'est vraiment si précieux, ce qu'il y a dans ce coffre?
Piqué par la curiosité, j'ouvre le coffre, pour tomber sur des dizaines de pièces d'argenterie, de bibelots divers... et un petit coffret en plein milieu du butin.
Me dégageant de mon collègue Marine, je saisis doucement le coffret et l'ouvre... pour trouver un étrange fruit parcouru de symboles tout aussi étranges.
Le fruit ressemble à une poire grise foncée, parcourue de multiples rainures noires et avec une tige d'une forme particulière... On dirait... des ciseaux?
Abasourdi par ma découverte, je mets du temps à trouver mes mots:
-... Un... Un fruit... Un Fruit du Démon?!?Aussi surpris que moi par la découverte, les Marines se pressent autour de moi, pour observer le fruit.
Comme eux, c'est bien la première fois que je vois un objet de ce genre, après en avoir entendu tant parler pourtant. La description que j'avais entendue de temps à autre me permettait de deviner à coup sûr que cet objet entre mes mains était bien un Fruit du Démon...
-Je comprends mieux pourquoi l'ennemi se battait avec tant d'acharnement...
200 000 Berrys... Au fait, ce genre d'objets coûtent tellement plus, sur le marché noir...
Attendez... Et le marchand, il est passé où?!?Détournant la tête, je vois l'équipe du centre du village qui était un peu plus loin, surveillant le marchand, menotté dans un coin. Ouf, au moins, le plan a marché correctement...
De ce que je peux constater, les blessures alliées sont peu nombreuses et pas gravissimes. De mon coté, je me fais bander le torse, avec des compresses de fortune, pour éviter que je me vide de mon sang sur la route du retour.
Je reporte de nouveau mon attention sur le Fruit du Démon, le sortant du coffret pour l'observer sous toutes ses coutures... avant de le replacer dans le coffret, le refermer et le placer avec le reste du butin, dans le grand coffre, dont je referme le couvercle.
-Allez, on rentre à la maison. Relayez-vous pour porter le coffre et surveillez bien le prisonnier.
Pour le bateau pirate, coupez ses amarres et laissez-le s'écraser contre les récifs. Cela m'étonnerait qu'ils aient d'avantage de butin à bord. Si le capitaine pirate voulait tant écouler son butin, il aurait tout ramené sur la plage, pour convaincre d'avantage le marchand retors.Une fois le bateau pirate à la dérive, on s'en va vers la caserne, moi qui ouvrait la marche avec quelques Marines, armes à la main, en cas d'embuscade quelconque.
Après une marche assez éprouvante, on revient à la caserne, où le Capitaine attendait impatiemment devant, son pied gauche battant une cadence frénétique:
-Eh ben, vous en avec mis le temps, Sergent-chef!
Alors, au vu du coffre derrière vous, la mission a l'air d'avoir été un franc succès, hein?Le temps, le temps... Oh, je préfère ne rien dire sur ce coup-là, ayant juste envie de me coucher deux trois heures dans un hamac...
-Oui, l'ennemi est vaincu et le marchand douteux est capturé. Les pirates avaient ramenés un sacré butin, mais vous pouvez en juger vous-même...... Cela te fera bouger le cul un peu, pensais-je intérieurement...
Le laissant ouvrir le coffre, je le vois fouiner dedans... sans trouver le coffret?!? Attends, il est passé où?!? J'étais sûr de l'avoir déposé dedans!
Tournant la tête de gauche à droite, je vois deux trois Marines fuir mon regard, notamment celui qui m'avait soutenu, après mon duel face au capitaine pirate.
-Oui, effectivement, ça fait beaucoup de choses... Il y en a bien pour 70, voire 80 000 Berrys de butin dans tout ce bazar.
Bon boulot, les gars! Allez, prenez le reste de la journée pour vous! Et bien joué à vous Sergent-chef! Pensez bien que je glisserais un mot gentil pour vous aux supérieurs, pour votre efficacité!Tu disais pas que j'avais traîné la patte à l'instant? Tu me complimente parce que je ramène du butin, j'ai l'impression... Oh et puis zut, j'ai pas envie de me prendre la tête...
Une fois le capitaine parti avec son... enfin le butin, je vais au dortoir, suivi par quelques Marines, qui me suivent silencieusement... Une fois au dortoir, je tourne la tête vers les Marines, les fusillant du regard, en tendant la main gauche:
-Finie la plaisanterie les gars. On peut pas subtiliser du matériel volé comme ça, comme de vulgaires pirates.
Rendez-le moi maintenant et je ne dirais rien au Capitaine.Les Marines restent silencieux un moment, avant que celui qui m'avait soutenu s'approche de moi, sortant le coffre de derrière son dos et me le tend:
-Prenez-le... et gardez-le pour vous, Sergent-chef.Sa réponse s'enfonce dans mon crâne à coups de burin:
-Par... Pardon?!? De quoi tu parles?!? Si le Capitaine l'apprend, vous...-S'il apprend quoi? Qu'un objet qui n'était pas dans le coffre, lors de son inspection personnelle, apparaît de nulle part?
Croyez-moi, il est trop occupé à compter ses sous, pour penser à ça!
Et puis, s'il trouvait ce Fruit du Démon, je suis certain qu'il le boufferait sans hésiter et je n'ai aucune envie de le voir avec un pouvoir de maudit quelconque!
Par contre, vous, Sergent-chef, je sais que vous saurez profiter de ce pouvoir pour faire plus de choses pour le Gouvernement Mondial que nous tous réunis!
On l'a bien vu, lors de votre duel de folie, tout-à-l'heure! Votre détermination et votre volonté sans faille! On veut aider cette force à grandir, ça nous changerait tellement de devoir bosser pour un gros tas comme le Capitaine, qu'on a aidé un vrai Marine à devenir plus puissant!Je reste bouche bée, face aux déclarations du Marine, alors qu'il pousse le coffret contre mon torse:
-Je... Attendez les gars, ça me fait plaisir ce que vous me dites là, mais je... Le marine secoue vivement la tête, gardant le coffret contre moi, du bout des bras:
-Non, Sergent-chef, c'est pas négociable! On en a largement discutés avec les gars et on est tous unanimes: c'est vous qui devez l'avoir! Faites-en ce que vous voulez, mais on ne veut pas le voir traîner dans les parages, avec l'autre gros tas dans les environs!
Vous l'avez amplement mérité, avec votre superbe duel et la motivation que vous nous avez rendue à tous! Disons que c'est notre façon de vous remercier!J'hésite encore un peu... avant de voir dans leurs yeux une lueur inquiétante pour moi... C'était typiquement le genre de sentiment de détermination, dans une prise de décision que je sais sans détour et sans chance de faire changer que je pouvais voir dans ce regard...
Et puis, après avoir vu le gros... hum, le Capitaine à "l'œuvre", je me dis que peut-être... garder ce pouvoir près de lui... ça pourrait bien sauver le monde...
Soupirant, en saisissant le coffret, je lève la tête vers les Marines, un léger sourire en coin:
-Avec votre lueur malsaine dans le regard, je me doute bien que vous me pourrirez la vie jusqu'à ce que je l'accepte...
Allez, c'est bon les gars, j'accepte votre cadeau... avec une certaine curiosité, je l'admets.Les Marines sautent de joie en applaudissant et je préfère tempérer rapidement leur joie, pour éviter de se faire entendre par le Capitaine.
J'ouvre le coffret, observant de nouveau le Fruit du Démon... avant de redresser la tête vers les Marines, qui avaient encore un drôle de regard insistant:
-... Un problème?-Je... Vous... Vous allez le manger, Sergent-chef?Hein?!? Oh, tu m'en demandes beaucoup là, mon gars!
Cependant, en posant mon regard sur le fruit, je ne peux m’empêcher d'être assailli par une foules de penses disparates...
Je sais que si je mange ce Fruit, je ferais partie de ces fameux "maudits des océans", perdant la faculté de nager...
Ce n'est clairement pas le genre de choix à prendre à la légère. J'ignore quel sera le pouvoir procuré par ce fruit, en me basant sur les rares connaissances que j'ai sur ces étranges objets... Voyons... Il y a les Paramécia (facultés surhumaines ou modifiant le corps, les Zoan (transformation en animal) et les Logia (obtention de pouvoirs liés à un élément chimique, élémentaire, avec modification du corps)... Tellement de possibilités... Je pourrais devenir plus fort en un instant, vraiment?
Reportant mon regard sur les Marines, je les vois avec la même expression d'impatience sur le visage...
Bon... Quand faut y aller...
J'inspire profondément, avant de prendre une première bouchée du fruit, réprimant de suite un haut-le-cœur, en sentant de suite un goût immonde envelopper ma bouche, comme si je croquais dans un carton trouvé au fond d'une poubelle. Argh! J'avais entendu parler de cette histoire de goût immonde, mais je pensais pas à ce point!
Prenant sur moi, j'avale le reste du fruit, me tenant l'estomac à deux mains, grimaçant de dégoût:
-Beurk! C'est ignoble ce truc!-Euh... Et donc... vous sentez quelque chose de... différent?Restant silencieux, je commence à ausculter mon corps, cherchant un quelconque changement... J'essaye de me concentrer sur une partie du corps, commençant par la main gauche... qui se transforme en deux lames d'acier!
Les Marines font un bond en arrière, alors que j’observe, médusé, ce qui était une main il y a pas deux secondes:
-Qu'est ce que... C'est quoi ce bazar?!?
Comment ça... Ouah!Perdant l'équilibre d'un coup, je baisse les yeux... pour me rendre compte que mes jambes se sont également changées en ces étranges lames d'acier, perturbant grandement mon équilibre.
M'agitant dans tous les sens, pour essayer de conserver mon équilibre, je vois les lames d'acier s'écarter frénétiquement, puis se rapprocher brusquement, restant fixés sur un nerf central, avec un bruit entrechoquement métallique particulier... Finalement, je comprends que les parties de mon corps se sont changés en ciseaux géants!
Lacérant le sol avec mes "jambes-ciseaux", je finis par ne plus pouvoir tenir debout et tombe à la renverse, sur le dos, découpant le sol en pierre vers les Marines, qui se jettent sur les cotés... lorsqu'une bande de pierre émerge brutalement du sol et s'écrase lourdement à terre!
Le silence se fait soudain, alors que les Marines m'observent, abasourdis, alors que j'observe mon bras gauche et mes jambes...
Tâchant de me contrôler un minimum, je commence à bouger mes articulations nouvelles, parvenant à contrôler les mouvements des lames de ciseaux.
Me concentrant comme je peux, je parviens à faire reprendre leur forme initiale à mes jambes, mais je conserve ma main gauche en forme de ciseaux, me redressant finalement, malgré mes jambes tremblantes, la douleur dans mon dos me relaçant brièvement, suite à ma chute.
Je m'approche de la bande de pierre, constatant que tout semblait venir de mon "découpage" paniqué d'auparavant...
J'approche mon "ciseaux gauche" de la bande de pierre, la glissant dessous, pour essayer de la remettre en place, estimant que ça ferait désordre... lorsque la bande de pierre se replie avec une facilité aussi déconcertante qu'avant! C'est dingue que de la pierre soit aussi souple que ça! J'ai l'impression de manipuler du caoutchouc ou... du papier?
Intrigué par cette découverte, j'ouvre mon ciseaux gauche et... "coupe" littéralement un morceau de roche qui tombe à terre avec fracas. La bande de roche reste parfaitement souple entre mes ciseaux et, à force de manipulation, je parviens à la replier au sol et à tout remettre en place, malgré le bout de roche explosé à terre, dont je récupère à la hâte les morceaux et les place dans le trou, faisant un puzzle ridicule.
Épongeant mon front dégoulinant de sueur, je tourne la tête vers les autres, regardant le ciseaux remplaçant mon bras gauche avec une expression qui était un mélange d'horreur, de stupeur, d'admiration ou de je ne sais quoi d'autre...
Pour ma part, je reste complètement bouche-bée, suite à mon enchainement de découvertes... C'est... vraiment perturbant... mais, j'imagine que maintenant, je devrais faire avec ça...
Déjà, de ce que je peux voir, avec ce rapide "test sous panique", c'est que je peux manipuler l'environnement avec une certaine facilité et que je peux changer mon corps partiellement en ciseaux. Les ciseaux ont l'air plutôt solides et pourraient peut-être me servir en combat, s'ils s'avèrent être aussi solides que des épées... Il y a beaucoup de choses que je devrais tester, mais j'ai aussi un trop-plein d'idées qui embrouillent mon cerveau, me filant une migraine pas possible...
Après avoir changé de nouveau ma main gauche, j'observe les Marines, esquissant un léger sourire gêné:
-Bon... J'imagine que je vais avoir fort à faire tout ça. Vous m'avez fait un sacré cadeau les gars, donc j'imagine que la moindre des choses serait d'exploiter ce talent au maximum.Mes collègues restent silencieux un temps, avant que le "porte-parole" fait un pas vers moi:
-Je... Eh bien... Au moins, on peut dire que c'est un Fruit du Démon qui déménage... J'espère que nous vous aurons aidés, pour la suite de votre carrière...Après ces mots, il tourne la tête vers un mur de la pièce, pensif... Il regarde le mur, mais j'ai l'impression qu'il regarde au-delà... vers le bureau du Capitaine...
Les mains sur les hanches, je lève les yeux au ciel:
-Je... Je tâcherais de parler de la situation que vous vivez à mes supérieurs... Je dirais que c'est moi qui ait fait ses constatations et que vous n'y êtes pour rien... Si le Capitaine veut découdre avec quelqu'un, ce sera avec moi.
Après tout, si vous m'aidez pour ma carrière, ce serait normal que vous montiez aussi avec moi, pas vrai?Les Marines me regardent, avec des étoiles dans les yeux, semblant retrouver un peu d'espoir. J'imagine que glisser un mot sur la situation de cette île ne me couterait rien, surtout au vu de ce que j'ai pu obtenir ici. J'espère juste que tout cet enchainement d’événements et de décisions n'amènera à aucune catastrophe... mais j'imagine que pour ça, seul le temps me le dira.