Feuille de personnage Niveau: (46/75) Expériences: (91/750) Berrys: 70.569.000 B
Mar 7 Nov - 10:47
Changé à jamais.
- AAAAAAH !
Inspiration difficile. Dans un élan de conscience, le Coffe écarquilla les yeux et se cambra contre le sol. Ses muscles tendus comme autant de cordes pour autant d'arcs, il se tourna difficilement sur le côté et laissa un filet de salive s'échapper de ses lèvres. Sa joue droite racla une surface solide et tout à la fois totalement étrangère. Paniqué, il fouilla les environs du regard mais ne trouva rien : rien d'autre qu'un noir opaque, persistant, accompagné d'un silence si ostensible qu'il en devenait presque insupportable. Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Il ne se souvenait que de fragments, de bribes décousues. La table d'opération, l'immonde chirurgien de monstruosités... une douleur intense. Rien que d'y repenser, il se recroquevilla sur lui même, terrorisé à l'idée qu'elle le reprenne à nouveau, qu'elle l'emporte dans une nouvelle spirale de souffrance abjecte.
Il resta là ce qui lui parut une éternité. Il resta roulé en boule, à reprendre conscience de son corps. Son corps qui lui semblait tout à la fois lourd et léger, consistant et inconsistant. Il resta là, diminué, affaibli. Brisé. Dans la mare de souvenirs rapiécés qui restait dans son esprit, l'effroi circulait librement, tel un serpent sous-marin sillonnant les bas fonds de sa conscience en attendant de lui sauter à la gorge. Autour de lui, les ténèbres semblaient immuables. Imperturbables, froides et sans le moindre bruit. Il avait le sentiment néfaste d'être un ridicule grain de poussière dans le néant, un grain de poussière qui avait uniquement vocation à disparaitre. Jamais dans sa vie Heziel n'avait connu de pareil sentiment. Il se sentait si insignifiant... et en arrière plan, dans son crâne, les émotions revenaient avec vigueur. Les émotions, les sensations, et le souvenir d'un souhait morbide : celui de mourir afin de se libérer de la souffrance infligée par le professeur Klaus.
Combien de temps se recroquevilla-t-il ainsi ? Il n'aurait su le dire. Le temps semblait être une donnée difficile à saisir dans cet endroit. Mais où se trouvait-il, exactement ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il devait découvrir ce qui se tramait. Il ne comprenait pas... il ne saisissait pas ! Cela l'effrayait encore plus. Qu'est-ce qui pouvait bien se cacher dans ces ombres qui l'entouraient ? Pourquoi avait-il l'impression d'être... "ailleurs" ? Il entreprit de se relever, lentement mais sûrement. Ses jambes flanchèrent et il se retrouva à genoux. Dans un grognement, il essaya à nouveau, tremblotant comme une feuille morte. Une fois debout, il s'enserra dans ses propres bras, comme si un froid puissant le transperçait jusqu'aux os. Il n'en était rien : Heziel était tout simplement saisi par la peur, une peur si pernicieuse qu'elle s'inscrivait dans son corps jusqu'à ses boyaux. Pourtant, tout à la fois, il ne comprenait pas d'où venait cette terreur grimpante.
- Il... il y a quelqu'un ?
Sa voix résonna aux alentours, comme si il se situait dans une cavité titanesque. La réverbération n'était pas naturelle. Aucune réponse ne lui parvint : rien d'autre que l'écho amenuisé de ses propres paroles, criblées de faiblesse et d'angoisse. Ses yeux furetèrent nerveusement par dessus ses épaules, tout autour de lui : rien. Le néant l'observait toujours aussi passivement, sans émettre la moindre volonté. Il était totalement à la merci des ténèbres insondables qui l'entouraient. Un insecte perdu dans le noir.
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"Are you a man... or a monster ?"
Heziel Coffe
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Mar 7 Nov - 11:26
Changé à jamais.
Depuis combien de temps marchait-il ?
Des heures. Des jours, peut-être ? Il n'en avait pas la moindre idée. Sans fin, il progressait dans la pénombre, incapable de déceler la moindre trace d'une issue. Tout semblait... différent. Même ses pensées ne s'écoulaient pas comme il y était accoutumé. Une certaine léthargie s'était emparée de ses sens critiques et l'empêchait d'apprécier pleinement les tenants et aboutissants de sa situation. Son esprit, bien que rongé par de viles sensations d'insécurité, était comme enveloppé dans du coton. Ses bras et ses jambes, bien qu'ils furent là, ne le tiraillaient plus : il ne sentait même pas ses pas sur le sol, en réalité. C'était comme si il flottait... perdu dans les limbes de sa propre conscience, sans même qu'il en fut informé.
Il s'acharnait, en vain, à tenter de recoller les morceaux de sa psyché qui refusaient obstinément de faire sens. Pourquoi était-il ici, déjà ? Il avait l'impression de perdre des parties de lui même alors qu'il progressait dans le vide. Ses camarades... ses camarades ? Qu'est-ce qu'ils faisaient, déjà ? Qu'est-ce qu'il faisait lui, avant de se retrouver ici ? Oui... oui, c'est vrai. L'île de Sober. Le port de Londo, les bêtes et... et... que faisait-il, déjà ? Enserrant son crâne de ses mains, il abandonnait tantôt ses souvenirs avant de les retrouver, complètement perdu dans cet endroit qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Comme une passoire, son cerveau laissait passer les informations les plus importantes, au sein d'un circuit bouclé qui faisait tantôt disparaitre ses souvenirs, tantôt réapparaitre cette mémoire qui lui manquait cruellement. C'était à en devenir fou... d'ailleurs, le risque que ça arrive commençait doucement à se renforcer.
- Qu'est-ce que... je fais là...?
Une nouvelle question fébrile lancée au nez et à la barbe du noir uni qui se riait de sa progression dans le néant. Dans un premier temps, il ne trouva pas plus de réponse que depuis le début de son périple. Pourtant, au fond de lui, quelque chose changea drastiquement en l'espace de quelques instants : son rythme cardiaque s'accéléra, ses intestins se tordirent et une goutte de sueur perla sur son front. Il n'aurait su l'expliquer. Il n'aurait sans doute jamais trouvé les mots pour décrire cette sensation... mais il le savait : il n'était désormais plus seul dans les ténèbres. Quelque chose était là, quelque chose l'observait. Se figeant sur place, les lèvres tremblantes, le second de l'équipage des Dokugan fit-volte face et fixa la vaste plaine d'ébène dans son dos. Tel un enfant qui s'apprêtait à l'attaque du Croque-Mitaine, il se tassa sur lui même et fit instinctivement un pas en arrière. Il n'avait aucune idée de ce qui se tapissait là, dans le noir. Pourtant, il en était déjà totalement terrifié.
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Mar 7 Nov - 14:40
Changé à jamais.
Ses jambes défaillirent un instant. Son souffle se fit plus court. Dans la pénombre, un lointain bruit lui parvenait. Quelque chose de gros frappait le sol de façon régulière. Quelque chose qui approchait. Il déglutit et recula d'un nouveau pas, la peau humidifiée de sueur, les pupilles dilatées. Ses doigts tremblaient subrepticement. Pour une raison qu'il n'aurait su expliquer, il se sentait tout simplement incapable d'affronter ce qui allait dans sa direction : il n'avait d'ordinaire pas peur des créatures que ce monde avait à lui offrir, loin de là. Il était même le premier à braver les mâchoires terribles d'une bête titanesque. Il s'était entraîné toute sa vie pour pouvoir se mesurer à des adversaires que d'autres auraient fui sans hésiter. Mais pas cette fois : cette fois, il se sentait de plus en plus poussé à la fuite alors que les pas dans les ténèbres commençaient à transmettre des vibrations dans ses mollets.
- Non... non...
Un nouveau pas en arrière. La panique, grimpante comme une plante vénéneuse et vorace. Une chute, puis il se débattit pour se relever. Il devait partir d'ici, sans plus attendre ! Et alors qu'il se retournait pour prendre la fuite, un grognement rauque et grave survint tout autour de lui. Par tous les dieux, quelle était la chose qui produisait un bruit pareil... ? Il n'avait pas le temps de chercher une réponse. Il ne voulait même pas trouver la réponse. Tout ce qu'il voulait, c'était sortir vivant de ce dédale. C'était échapper à la chose qui se trouvait dans son dos. Mais était-elle vraiment dans son dos ? Il perdait ses repères. Sa respiration se raccourcit encore d'un cran, et bientôt il sentit une douleur poindre dans ses poumons. Trempé de transpiration, Heziel courrait à toute jambe dans une direction totalement inconnue. Un rugissement, dans son dos, lui indiqua qu'il était désormais bel et bien chassé.
- Non, non, non !
Bientôt, il se retrouva face à deux murs, disposés de façon parallèle. Sans réfléchir au fait que c'était la première pièce d'architecture différente du reste du décor, il s'engouffra dans le chemin formé par les deux parois et continua sa course à en perdre haleine. Dans son dos, des craquements violents retentirent alors qu'un autre cri retentissait, lui glaçant le sang et les os. L'effroi le plus total s'était emparé du pugiliste, qui détalait comme un animal traqué par son plus féroce prédateur. Son instinct lui hurlait de ne surtout pas s'arrêter. Il lui hurlait de continuer à fuir, jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement. De nouveaux bruits inquiétants surgirent d'un peu partout à la fois, et bientôt, le chemin se sépara en deux branches. Il tourna quelques instants sur lui même, complètement paumé. Il était à deux doigts de céder face à la panique, ses yeux s'embuant déjà de larmes naissantes. Jamais de toute son existence il n'avait ressenti pareille épouvante.
- Oh, putain ! NON !
Il se jeta sur le côté dans un élan réflexe, alors qu'une masse colossale s'abattait là où il se trouvait précédemment. Il se redressa en glissant sur le sol, et même si il désirait simplement partir, il ne put s'empêcher de rester les yeux rivés dans ceux de la chose inconnue qui le suivait. Deux iris vertes le transpercèrent de part en part. Deux orbes brûlants qui le fixaient sans ciller, deux sphères brûlantes et carnassières. Il resta un instant tétanisé. Les yeux bougèrent dans l'ombre, se dressant à une hauteur qui était loin d'être celle d'un homme. N'écoutant que son effroi, le Coffe tâtonna le sol avec hâte alors qu'il se relevait pour reprendre sa débandade. Derrière lui, un souffle glacial marqua le mouvement d'un membre énorme. Des doigts qui s'étaient presque saisi de lui.
- C'est un cauchemar... c'est un cauchemar... c'est un cauchemar...
Il répétait sans cesse cette phrase, sans pour autant se convaincre le moins du monde de sa véracité. Accélérant comme un damné, il doutait d'avoir un jour utilisé ses jambes avec autant d'efficacité. D'autant plus que maintenant, dans la terreur, ses pensées lui revenaient dans un chaos monumental : les Dokugan, l'île de Sober, la traque, la capture, le pacte avec le scientifique, l'injection... tout. Tout était en train de se reconstruire, mais l'épouvante restait suprême. Si il voulait revoir ses amis, il devait absolument échapper à cette créature. Le dédale devenait de plus en plus compliqué. Il n'avait pas le loisir de choisir sa destination, alors il prenait au hasard, sans réflexion préalable. Puis les choses se gâtèrent : les bruits dans son dos cessèrent, et ils reprirent dans d'autres direction. Parfois sur le côté, dans un embranchement. Parfois, en face de lui, le forçant à rebrousser chemin, se perdant un peu plus alors que la peur le dévorait petit à petit. Partout, la chose était sur lui, prête à se saisir de lui. Il maintint le rythme pendant ce qui lui parut une éternité de fuite, le cœur battant à tout rompre, la gorge sèche et les yeux embués.
Au détour d'un virage, le Coffe se figea de stupeur. Devant lui, un cul-de-sac. Le mur semblait remonter jusque dans les ténèbres, ne montrant aucune hauteur définie. Maintenant qu'il y réfléchissait, il lui sembla que les parois étaient plus proches qu'auparavant. Sa poitrine commença à le faire souffrir alors que sa respiration, jusque là compliquée, s'étouffait peu à peu. Il se retourna, une main sur la poitrine, tentant d'enserrer son cœur comme si ça pouvait le soulager, et effectua quelques pas de retrait. Au bout du couloir, les deux yeux verts le fixaient, s'approchant dans un grondement titanesque. Soudain, il fut percuté violemment et s'envola jusqu'à la muraille qui bloquait sa retraite. Son échine percuta violemment la surface et il retomba au sol, le souffle coupé. Sa vision se brouilla alors que deux lentilles verdâtres s'avançaient en direction de sa pauvre carcasse.
- Non.. reculez...
La forme le surplombait comme si il n'était qu'une miniature. Maintenant qu'il était si proche, il pouvait voir la silhouette humanoïde qui le toisait. Qui était-ce ? Ou plutôt, qu'est-ce que c'était ? Heziel n'eut guère le temps de s'arrêter sur des détails... mais pendant un instant, il resta stupéfait de penser que ce qui se tenait en face de lui avait l'air d'être familier. La bête leva l'une de ses mains en grognant. Toutes les issues étaient bloquées. C'était terminé pour lui. Ce qui lui restait de courage vola en éclats.
- Pas ça... pas ça ! NON !
La créature abattit son poing avec une virulence sans pareille, en laissant un rugissement quitter sa gorge puissante. Le pugiliste n'eut même pas le loisir de constater les dégâts de l'impact, car il ne parvint même pas à s'en prémunir. Pour de bon, le Coffe sombra dans le néant.