Depuis combien de jours ou de semaines le jeune homme ne s'était-il pas autorisé une bonne nuit complète de sommeil ? Depuis combien de temps était-il livré à lui-même, regardant constamment derrière son épaule ? Depuis son intervention au Colisée, au moins, autant dire presque une éternité pour un homme à la carrière aussi courte que lui. Certains voyaient ces périodes d'indépendance comme le moyen de se ressourcer et de se retrouver d'une certaine façon, faisant face aux problèmes tout seul sans personne pour l'épauler, d'autres ne supportaient pas la solitude et n'avaient qu'une seule hâte : rentrer auprès des leurs.
Dans quel camp se trouvait le jeune homme ? À vrai dire il avait sans doute vogué entre ces deux côtés de la ligne mais, durant les derniers jours, l'envie de retourner auprès des siens s'était faite plus pressante que jamais. Après un combat acharné sur Time End, ajoutant une bonne dose de fatigue à celle qui était déjà présente, le lumineux épéiste put enfin retourner sur l'île qu'il pouvait appeler « maison ». Mais là encore, put-il se reposer ? Non car les préparatifs pour l'intrusion à Impel Down demandaient un effort de chaque instant, sans compter sa nomination au poste de bras-droit de Nakata Fenice.

Qui l'eut cru ? Certainement pas lui, au vu de son regard ahuri lorsque la décision lui fut communiquée. Bien sûr qu'il lui faudrait plusieurs heures voire plusieurs jours pour s'habituer à la nouvelle, n'ayant pas encore pris pleinement conscience de ce que cette nouvelle responsabilité impliquerait pour lui, mais pour l'heure cette fin de réunion signifiait surtout une courte pause bien méritée pour lui. Sa récente blessure à l'épaule le lançait toujours un peu, malgré les bandages appliqués, mais ce qui l'étonnait le plus était sa capacité à se mouvoir convenable malgré la fatigue rendant son corps beaucoup plus lourd que d'habitude.
C'était un peu comme se balader avec des poids de plusieurs centaines de kilos sur ses bras et ses jambes, mais comment aurait-il pu en être autrement ? L'adrénaline était retombée et cette lourdeur était la façon qu'avaient son cerveau et son corps de lui ordonner de se reposer, de lever le pied.

N'importe qui d'autre aurait suivi ces signaux en se contraignant à un repos forcé mais, malheureusement, Kyoshiro était diablement têtu et faisait encore passer son devoir avant sa propre santé. Comment pouvait-il se reposer en pensant à l'opération à venir ? C'était en ce moment qu'il devait être plus prêt que jamais, rester au lit n'était aucunement une option acceptable. Aussi, au sortir de cette entrevue avec son capitaine, l'épéiste se dirigea vers la côte afin de profiter de la vue pour jeter un œil plus expert aux nouvelles lames en sa possession : l'héritage de son prédécesseur.

Alors qu'il s'approchait de sa destination, un fourreau dans chaque main, son attention fut dirigée vers une demoiselle s'exerçant au maniement d'une lame particulièrement belle et pure. Qui était cette personne ? Le jeune homme avait déjà senti sa voix sur l'île depuis son retour, mais n'avait pas eu l'occasion de la rencontrer en personne. Une nouvelle alliée de l'équipage ? Une des personnes participants à l'opération à venir ? Il n'aurait su le faire mais, pour l'heure, Kyoshiro eut surtout à cœur de laisser la demoiselle s'entraîner tranquillement.

S'écartant de la demoiselle d'une ou deux bonnes dizaines de mètres, lui laissant toute l'amplitude nécessaire pour ses petits exercices, le garçon s'assit à même le sol en posant parallèlement ses deux sabres sur ses jambes croisées. En d'autres circonstances il aurait fermé les yeux pour faire la paix dans son esprit, mais ce n'était pas ce qu'il désirait aujourd'hui, il souhaitait garder ses idées là où elles étaient. Ses récentes mésaventures, l'entretien avec Eko Taka, l'entretien avec son capitaine, la dangereuse opération à venir : tout avait son importance ici, il avait besoin de se rappeler de tout cela pour garder son esprit aussi affûté que ses deux nouvelles lames.

Soupirant lourdement en laissant s'échapper ses sombres pensées qui parasitaient encore son esprit, le garçon empoignait la première lame qu'il extirpa de son fourreau d'un coup de poignet expert : la force de l'habitude. Même en la regardant une seconde fois le garçon ne put s'empêcher de trouver cette lame extrêmement belle malgré la teinte sombre de l'acier, il n'oubliait pas que c'était un instrument de mort sur lequel pesait une évidente malédiction mais elle restait belle dans toute son horreur.
Levant la lame pour laisser les rayons du soleil l'éclairer légèrement, révélant davantage sa teint sombre, le garçon reposa ensuite le plat de la lame contre son avant-bras libre pour laisser son regard se perdre sur ce chef-d’œuvre exceptionnel. Combien d'hommes avant lui avaient maniées ces deux lames ? Combien étaient morts, ces armes dans leurs mains ? Trop pour en compter et, même s'il ne cherchait pas volontairement la mort, le maudit ne pouvait ignorer la possibilité que son nom s'ajoute à la liste.

Mais on heure n'était pas encore venue, il avait encore tellement de choses à accomplir qu'il ne pouvait s'autoriser à mourir.

 « Allez, il est temps. »

Sur ces belles parole le jeune homme coinça ses deux fourreaux dans sa ceinture et se leva en serrant les dents devant l'effort demandé. En serrant Sandai Kitetsu dans sa main il pouvait presque sentir les pulsions meurtrières et la malédiction suinter à travers le métal de la lame. Avait-il peur ? Pas vraiment, il avait été aveugle pendant trop longtemps pour savoir ce qu'était la peur, mais il savait reconnaître un danger quand il en avait un sous le nez..ou dans la main, dans le cas présent. Laissant Nidai Kitetsu dans son fourreau pour le moment, ne souhaitant pas brûler les étapes, le garçon effectua quelques moulinets rapides puis, sans crier garde, son bras se tendit et frappa l'air.
Créer une lame d'énergie n'était pas compliqué pour un épéiste accompli, ce qu'était Kyoshiro indubitablement, mais l'intensité de la lame qu'il créa était sans commune mesure avec ce qu'il créait habituellement...ou du moins en avait-il l'impression.

Après tout la lame n'était-elle pas une extension du bras de l'épéiste ? Alors que sa lame avala les distances avant d'aller caresser les flots jusqu'à s'y perdre, le garçon écarquilla les yeux de surprise devant l'intensité d'une attaque aussi simple. Était-ce lui ou bien la lame, responsable de cette puissance ? Était-il devenu puissant sans même s'en rendre compte, ou était Sandai Kitetsu qui était à féliciter ? La modestie habituelle du jeune homme le força à lâcher un :

 « Alors c'est ça une lame de renom. Impressionnant. »

Le jeune homme avait répété les mêmes enchaînements de coups, les mêmes parades et contre-attaques tellement de fois qu'elles finissaient par devenir naturelle, qu'elles finissaient par sortir par instinct et c'est à partir de ce jour qu'il avait pu commencer à se créer son propre style de combat. Répétés les mêmes leçons ne permettait de battre des adversaires que jusqu'à un certain niveau, au-dessus d'un certain palier il fallait commencer à penser différemment et à innover pour pouvoir sortir du lot. Pour être un bon épéiste il fallait donc une bonne dose de discipline et de rigueur mais également une aussi grosse dose de créativité et d'ingéniosité pour créer de nouveaux mouvements et pour savoir les sortir au bon moment.
Mais c'était seulement à partir d'un certain niveau qu'un épéiste était capable de matérialiser son esprit combatif et de l'extirper par la pointe de son esprit, c'était en puisant dans sa volonté de combattre qu'il était capable de créer des attaques d'énergie pure comme cette lame qui disparaissait déjà à l'horizon. Mais, en sachant cela, le jeune bras-droit du phénix se posa une question simple : comment faire pour devenir plus fort ? Fallait-il gagner en expérience ? Fallait-il avoir quelque chose à perdre ? Les avis divergeaient là-dessus mais, en lançant cette attaque sans vraiment y penser, le garçon se rendit compte qu'elle était autrement plus puissante que les autres.

Il posa donc un regard presque ahuri sur la lame en se demandant si elle était la cause de ce gain de puissance ou si, sans s'en rendre compte, il avait atteint un tout autre niveau de pouvoir au fil de ses récents combats. Tentant de se convaincre à voix haute que tout le mérite en revenait à cette lame maudite, le garçon ne se rendit même pas compte que son attaque venait d'attirer l'attention de la demoiselle à côté de lui.
La soudaineté de cette réponse comme le compliment qui y était glissé ne manquèrent pas de prendre ce jeune homme de court. Tentant de ne pas rougir face à un compliment qu'il ne pensait pas mériter, Kyoshiro tenta de balbutier une réponse :

 « Euh...je...merci. Mais vous me donnez bien trop de crédit, je ne pense pas être très doué. Je suis juste persistant. »

La continuité de l'effort était la base de tout entraînement et, depuis qu'il avait empoigné un sabre pour la première fois, pas un jour ne s'était écoulé sans que Kyoshiro ne manie ses lames ne serait-ce que pour se maintenir en forme.
Mais dans un coin de sa tête, en jetant un autre coup d’œil à la lame lovée dans le creux de sa main,Kyoshiro réalisa quelque chose. Bras-droit ou pas bras-droit, Nakata n'aurait pas donné ces deux lames à n'importe qui. Il devait donc reconnaître un minimum la force et la valeur de l'épéiste lumineux, plus que ce dernier n'en était conscient en tout cas. Oui, il arrivait à peu près à reconnaître la dangerosité et la force d'un individu, mais était tout bonnement incapable de jauger la sienne.

Sa modestie naturelle chassant ces idées de sa tête, le garçon pencha la tête en avant en signe de salutations respectueuses, avant d'enchaîner par :

 « Kyoshiro, enchanté. »

Effectivement le jeune homme ne connaissait pas la demoiselle mais il faisait pleinement confiance à Erwin et, si ce dernier avait décidé d'amener cette personne pour participer à l'opération, c'était suffisant pour l'ancien candide.
Revenant au moment présent, n'oubliant pas qu'il avait dérangé la demoiselle pendant son entraînement, le garçon afficha un discret sourire confus tout en ajoutant :

 « Navré de vous avoir dérangée pendant votre entraînement. Je peux vous laisser, si vous le souhaitez. Avec ce qui arrive, j'imagine que chacun a besoin de se préparer à sa façon.»

En d'autres circonstances le garçon aurait redoublé d'efforts pour se maintenir prêt mais les très récents combats y avaient déjà veillé, son corps et son esprit n'avaient plus vraiment besoin d'être remis dans le bain en prévision de ce qui arriverait. Il était prêt mais, avant de replonger dans les flammes de la bataille, il avait besoin de familiariser avec les deux nouvelles extensions de son corps. Sandai Kitetsu et Nidai Kitetsu.

Bien sur que le jeune homme était stressé à l'idée d'imaginer ce qu'il allait affronter d'ici peu, il était inutile de le nier car l'acceptation du danger faisait partie du processus, mais la peur n'avait pas d'emprise pour lui. Il avait été bercé d’illusions pendant trop longtemps pour avoir jamais ressenti la peur au plus profond de son corps et, si certains considéraient cela comme une chance, plus longtemps il resterait aussi ignorant et plus rude serait la chute. Mais la question que posa la demoiselle, à voix haute, méritait d'être posée : comment se préparer à une situation aussi périlleuse ?
Certains pourraient dire qu'il fallait être serein et accepter l'éventualité de mourir, ce qui semblait nécessaire pour ne pas devenir fou, mais Kyoshiro savait que dans la pratique c'était beaucoup moins simple d'atteindre une telle sérénité. Il était impossible de savoir si les événements se dérouleraient comme prévus mais, dans le doute, il lui semblait nécessaire de se préparer à participer un âpre combat dont il ne reviendrait peut-être pas. Loin de lui l'envie de mourir glorieusement, il n'avait encore rien accompli et ne désirait pas déjà rejoindre le néant, mais accepter la réalité des choses était nécessaire pour grandir. Il ne pouvait pas rester indéfiniment un grand enfant certain que les belles paroles pouvaient le sortir de toutes les situations.

 « Cela revient à se préparer à l'inattendu, se préparer à tout. »

Le conversation suivit son cours et, si la demoiselle ne semblait pas gênée par l'intervention du lumineux maudit, ce dernier tint à montrer que l'inverse était également vrai. Essayant de sourire pour alléger la situation, posant un regard sur sa lame toujours à la main, il rajouta :

 « Je n'étais pas vraiment venu m'entraîner, juste faire connaissance avec ces deux lames avant d'en avoir vraiment besoin. »

La demoiselle pourrait croire que le garçon évoquait cette rencontre comme s'il s'agissait de personnes à part entière et, sans aller jusque là, un samouraï considérer des sabres comme bien plus que de simples instruments de morts. Ces froids objectifs n'avaient pas de personnalité au sens propre du terme mais, comme ces armes étaient amenés à devenir l'extension de ses bras, il se devait de se familiariser avec leur maniement et leur poids avant le moment fatidique. Réalisant que ses propos pouvaient paraître présomptueux, il tenta de se corriger en balbutiant :

 « M...mais cela ne veut pas pour autant dire que je n'ai pas besoin d'entraînement. Disons que dernièrement j'ai eu ma dose de combats, mon esprit est prêt et mon corps...il suivra le rythme, au moment venu.

Puis vint la proposition de la demoiselle qui parvint aux oreilles de l'épéiste. Bien sûr qu'il était fatigué et qu'il n'oubliait pas son épaule gauche, immobilisée par une attelle depuis sa blessure sur Time End, mais il n'était tout simplement pas habitué à refuser quelque chose. Si la demoiselle désirait échanger quelques passes d'armes pour le jauger et se familiariser avec son style, alors oui, il ferait fi de la fatigue et de la douleur pour lui faire plaisir. Hochant la tête, il communiqua enfin sa réponse.

 « Pourquoi pas, oui. J'apprécie l'idée.»

Rengainant temporairement sa lame dans son fourreau avant de libérer sa main droite, c'est avec une infinie précaution que le garçon défit l'attelle immobilisant son bras gauche, la posant sur un rocher juste à côté de lui. Durant les secondes qui suivirent le garçon tint à vérifier la réactivité de son épaule gauche en lui faisant faire de lents mouvements circulaires. Certes l'entaille le lançait encore un peu mais cela restait tout à fait acceptable...de toute façon avec l'opération qui arrivait à grand pas, il n'aurait pas plus de temps pour se reposer.
Posant son regard de bras sur sa main gauche qu'il serrait et ouvrait à intervalles réguliers, plusieurs secondes durant, le garçon conclut son intervention par :

 « Je pense que je suis prêt»

Comme à son habitude le jeune homme ne ferait pas le premier pas, cela ne lui ressemblait tout simplement pas, mais il dégainerait sa lame avec suffisamment de vivacité pour accueillir les premiers assauts de la demoiselle. Bien, il allait pouvoir vérifier si son corps était toujours opérationnel. Un dernier test avant le grand saut.

Même si d'apparence il n'avait pas forcément la gueule de l'emploi, il ne fallait pas oublier que le jeune homme avait été éduqué dans le respect de la voie du bushido et des valeurs qui y étaient associées. Droiture, courage, bienveillance, politesse, sincérité, honneur et loyauté étaient autant de piliers auxquels il devait s'accrocher chaque jour pour honorer les enseignements de son maître. Si le jeune épéiste arrivait assez bien à suivre un tel train de vie chaque jour, il s'était permis de rajouter la modestie à toutes ces valeurs, ce qui convenait bien mieux à sa personnalité. Bon nombre de samouraïs étaient plus que conscients de leur talent dans le maniement du sabre, juste résultat d'une vie entière de dévotion à la maîtrise de cet instrument, ils étaient facilement tentés de glisser du côté de l'arrogance et de l'orgueil en prenant conscience de leur propre talent. Comment les en blâmer ? Chacun jouait avec les cartes qui lui étaient données, il n'y avait pas de mal à être fier de ce que l'on était.

Mais au beau milieu de tout cela le jeune épéiste faisait un peu office d'ovni. Même ceux qui le connaissaient avaient du mal à savoir s'il était totalement inconscient de sa propre puissance ou s'il couvrait cette prise de conscience sous le voile de la modestie qui le caractérisait si bien. Faisait-il semblant ou non ? En vérité, comme tout chez le jeune homme, ce point était un peu plus compliqué que cela. Au fil des récents combats il avait fini par accepter qu'il n'était peut-être pas totalement incompétent et, si son capitaine venait de le nommer bras-droit, cela voulait probablement dire qu'il était assez fort pour maîtriser cette position. Aurait-il survécu aussi longtemps face à de si dangereux adversaires s'il avait été un épéiste de seconde zone ? Aurait-il attiré l'attention du grand Eko Taka s'il n'avait su qu'à peine tenir son sabre correctement ? Non, cela lui faisait mal de l'admettre mais tous ces combats mis bout-à-bout avaient fini par le transformer en un combattant respectable. La route était encore longue mais les récents événements lui prouvèrent au moins une chose : il était sur la bonne voie.

Aujourd'hui la demoiselle face à lui était désireuse d'échanger quelques passes d'armes avec le jeune homme et, si ce dernier ne se sentait pas l'âme d'un professeur, il ne pouvait pas rejeter la proposition de la demoiselle. Laissant ses hakis de côté pour le moment, ne souhaitant pas faire appel à eux ou à sa malédiction, Kyoshiro laissa sa main droite se refermer sur le manche de Sandai Kitetsu en voyant la demoiselle approcher. Certes elle possédait une magnifique lame, aucun doute là-dessus, mais qu'en était-il de son maniement ? Avait-elles d'autres cartes cachées ? Le garçon n'eut pas le temps de répondre car il vit une queue épaisse balayer l'air en direction de sa tête.
Un zoan ? Vraiment ? L'émerveillement du maudit prit le dessus pendant une seconde mais fut aussitôt chassé, ramenant ses pensées dans l'instant présent. Faisant un pas en arrière, le garçon leva sa lame et se tourna sur le côté, laissa la queue glisser tout contre sa lame avant d'être déviée vers la droite. Puis vint la danse des sabres, les deux superbes lames s'entrechoquèrent en créant une pluie d'étincelles qui s'évaporèrent presque aussitôt.
Puisant dans les muscles de ses bras, le garçon fit un pas en avant et poussa la demoiselle afin de la rejeter en arrière, brisant le contact pendant un court instant. Bientôt son bras se lèverait et, contrairement à tout à l'heure, ce ne serait pas une lame mais une colonne d'énergie qui jaillirent de la pointe de Sandai Kitetsu.

Il ne s'agissait pas ici de mettre pied au plancher dés le premier échange, cette attaque simple et rapide ne faisait office que de signe de bienvenue de sa part. Bientôt il accélérerait la vitesse de son jeu de jambe et pourrait passer au niveau supérieur. Chaque chose en son temps.

Spoiler:

De par sa personnalité le jeune homme n'était pas de ceux qui entamaient les hostilités en s'armant d'un style agressif afin de se créer eux-même les ouvertures nécessaires à la victoire qu'ils désiraient si ardemment. Peut-être était-ce un défaut de sa part mais le jeune homme avait toujours eu un style de combat beaucoup plus calme et réfléchi, préférant toujours rester sur la défensive dans un premier temps afin d'étudier le style de l'autre et s'adapter en conséquence. Si l'autre était trop agressif alors il le laissait s'épuiser, si son adversaire avait recours à des attaques aussi lourdes que amples alors il en profitait pour pénétrer sa garde en s'engouffrant dans sa défense au bon moment. Selon lui tout était une question de calme et d'observation, rares étaient les fois où les flammes du combat avaient été en mesure d’embrumer son esprit, encore plus rares étaient les fois où il avait totalement perdu l'esprit.
Mais aujourd'hui le jeune homme était tombé sur une fille qui avait un peu plus de cervelle que les autres. Pourquoi ? Parce que lorsque le jeune homme l'avait repoussée en arrière elle n'était pas bêtement revenue à la charge, il avait pris du recul en laissant son adversaire venir à elle. Malin, non ? Kyoshiro n'avait pas encore assez échangé de coups avec elle pour connaître son style et deviner ce qu'elle pouvait bien préparer de son côté. S'il n'avait pas été autant concentré dans ce qu'il faisait, le jeune maudit se serait certainement permis de sourire.

Bientôt son attaque fut déviée par la lame d'air de la demoiselle sans grande difficulté, preuve qu'il en gardait encore sous la pédale. Que faire à présent ? Foncer dans le tas ? Ce n'était guère son style mais il savait que c'était à son tour d'ouvrir cette seconde danse, même s'il se savait en désavantage pour le moment. Mais l'était-il vraiment ? S'il se refusait d'user de son fruit il lui restait tout de même son second sabre et, bien entendu, ses deux hakis. Allait-il utiliser de son observation aussi tôt dans le combat ? Il était bien sûr tenté de le faire pour se préparer à tout mais, curieux de voir ce que la demoiselle lu réservait, il décida de le laisser de côté encore un peu plus longtemps.
Resserrant sa poigne sur le manche de son nouveau sabre, expirant pour faire sortir de son corps les dernières bribes de tension encore présentes dans son esprit, le sabreur se rua à pleine vitesse vers la demoiselle, ses yeux de braise braqués sur elle.

Une fois à quelques mètres de la demoiselle il abaissa son sabre et, dans un mouvement circulaire d'arrière en avant, frappa le sol pour éjecter vers la demoiselle une brouette de cailloux de différentes tailles. Bien sûr ces projectiles n'étaient là que pour occuper son champ de vision l'espace d'une seconde mais, durant cet court instant, le garçon se laisserait glisser sur ses genoux. Profitant de ce mouvement, il utiliserait un mouvement de tranche horizontale au niveau des jambes de la demoiselle pour l'obliger à parer ou esquiver. Et ensuite ? Il se servirait de sa main valide pour se redresser et utiliserait sa jambe gauche pour frapper le flanc de la demoiselle.

Ainsi soit-il.

Lorsque sa vie était en danger le jeune homme n'hésitait jamais à mettre les bouchées doubles et ne rien garder sous la pédale, c'était le minimum qu'il pouvait faire lorsque la Grande Faucheuse portait son regard sur lui, mais pouvait-il lui en vouloir de ne pas en faire de même lors d'entraînements comme celui-ci ? Dans ces situations il ne savait jamais vraiment comment agir, certaines personnes pourraient se vexer de voir qu'il gardait une partie de ses forces en retrait tandis que d'autres pourraient lui demander d'aller plus doucement. Après tout lors d'un entraînement le sang n'était pas censé couler, c'était un moment où chacun éprouvait ses techniques et ses limites pour s'en sortir grandis. Non ? C'est en gardant cette retenue en tête que le jeune homme glissa vers la demoiselle sans vraiment se soucier du nuage dans lequel il venait de passer. Était-ce un fumigène assez mal utilisé, ou bien autre chose ? Impossible de le savoir pour le moment, mais cela n'avait pas d'importance.
C'est en glissant vers la demoiselle que le jeune homme réalisa que, pour cette fois, sa retenue allait sans doute lui jouer des tours. Que s'attendait-il à réaliser avec une attaque aussi prévisible ? Il n'avait pourtant pas oublié les capacités de la demoiselle, mais il était probablement trop préoccupé par le fait de garder ses forces pour plus tard. Après tout, entraînement ou non, son corps était à peine en train d'évacuer la fatigue accumulée ces dernières semaines. De plus, avec l'opération à venir, ce n'était pas vraiment le moment de se donner à fond au risque de ne plus être opérationnel plus tard.

Lorsque sa lame fut bloquée très aisément et que son pied ne rencontra que le bras de la demoiselle, le jeune réalisa dans quelle situation inconfortable il venait de se mettre. Levant instinctivement son bras gauche pour parer la queue qui viendrait bientôt le labourer, une fine couche couleur ébène vint recouvrir son bras tandis que le coup l'éjecta à plusieurs mètres de là. Raclant le sol sur son flanc, déçu de son manque de précaution, le garçon se releva et épousseta ses vêtements couverts de terre et de d'herbe. Alors qu'il redressait la tête pour repartir à la charge, réfléchissant à la façon dont il allait s'y prendre, son regard de braise s'attarda sur plusieurs formes éparpillées à même le sol.

Si au début il eut du mal à distinguer ce qu'elles étaient, il écarquilla les yeux en réalisa qu'il s'agissait d'une poignée de corps immobiles. Non, pas des corps anonymes mais ceux de ses compagnons. Nakata, Erwin, Damon, Tenshi et plusieurs membres de l'équipage : ils étaient tous allongés là en portant les marques évidentes de terribles batailles ayant finalement eu raison d'eux.
Pouvait-il faire le rapprochement avec le nuage dans lequel il avait glissé, quelques instants plus tôt ? Pas pour le moment en tout cas mais, instinctivement, il fit quelques pas hésitants en avant, tendant la main vers son capitaine. Celui-ci tentait de lever péniblement un bras décharné et tremblotant vers son second, balbutiant des mots qui se perdirent aussitôt dans le vent.
Qui ? Quoi ? Comment ? Autant de questions qui ne trouvèrent aucune réponse dans la tête du jeune homme. Devant lui se jouait la scène qu'il avait redoutée le plus pendant tout ce temps, devant lui se tenait tous ses compagnons morts sans qu'il ne puisse rien faire mais, étrangement, cela ne lui sembla pas aussi mortellement douloureux qu'il l'aurait pensé. Il s'était imaginé que voir son capitaine mourir briserait tout ce qui faisait son moi profond, il s'était imaginé ne pas pouvoir supporter une telle vue et que la douleur et la chagrin finiraient par l'emporter : mais il n'en était rien.

Pourquoi ? Parce qu'il n'avait jamais vu son capitaine incapable de se remettre d'une quelconque blessure et surtout, parce qu'il avait croisé nombre de ces visages quelques instants plus tôt, en parfaite santé. Était-ce son esprit qui tentait de lui jouer des tours ? Non, c'était trop soudain, cela devait venir de ce nuage. Quoi d'autre ? Il n'était pas médecin mais savait qu'il n'avait rien fait durant ces derniers jours qui pourrait altérer sa santé mentale.
Se redressant tout en secouant sa tête, écartant son regard des formes humaines toujours présentes non loin de lui, il braqua son regard de braise vers la demoiselle. Ces deux prunelles venaient de perdre toute trace d'amusement ou de légèreté qu'elles pouvaient avoir avant et, bientôt, le lumineux épéiste lâcha :

 « Vous ne devriez pas jouer avec mon esprit.»

Si d'habitude les paroles du jeune homme irradiaient de chaleur et de jovialité, celles-ci ne pourraient être plus à l'opposé de son ton habituel. Qu'un ennemi essaye de retourner son esprit contre lui-même était une chose à laquelle il était préparé, mais une soi-disant alliée ? La fourberie ne faisait pas partie de la voie du samouraï et de telles bassesses ne faisaient que peser sur son cœur et l'attrister. Il s'était attendu à un combat au sabre dans les règles de l'art mais, de toute évidence, son adversaire ne semblait pas désireuse de se battre à la loyale.
Très bien, ainsi soit-il.

En un clin d’œil Nidai Kitetsu fut éjectée en dehors de son fourreau, venant rejoindre sa jumelle dans la main opposée, leurs deux lueurs sinistres assombrissant davantage le visage désormais fermé du jeune homme. Oh non il n'était pas question pour lui de recouvrir ses lames de l'armement ou d'utiliser son logia , c'était hors de question, mais il allait laisser désormais son observation se réveiller. Ses deux lames à la main, le regard braqué sur son adversaire, le garçon se rua vers sa cible et, une fois à bonne distance, trancha l'air de ses deux lames. Deux lames d'énergie remplirent soudain le champ de vision de la demoiselle qui, une fois débarrassée de ces projectiles, verrait Kyoshiro s'abattre sur elle après un bond majestueux. Si elle ne bougeait pas alors il abattrait ses deux lames en usant de tout son poids et de sa force mais, si son haki indiquait que la demoiselle avait l'intention de s'écarter, alors il tomberait à côté d'elle et l'emporterait dans une tornade d'énergie.

Lui montrer la mort de ses compagnons avait probablement été la plus majestueuse erreur faite par cette demoiselle. Même le plus sage et gentil des hommes avait ses limites.

Spoiler:

Le jeune homme comprenait la nécessité de se maintenir en forme, il comprenait également le désir que certains pouvaient avoir de repousser leurs limites chaque jour un peu plus comme il savait très bien le faire, mais il y avait tout de même des limites à ce qui était toléré lors d'un combat d'entraînement. Il ne s'agissait pas de se faire mal ou d'écraser l'autre en déployant toute sa puissance mais bien de simplement confronter ses styles respectifs afin de s'adapter et être prêt à toute éventualité. N'était-ce pas le but d'un entraînement que d'observer et apprendre ? C'était la raison pour laquelle le jeune homme ne se donnait jamais à 100% lors de tels événements, la raison pour laquelle il en gardait sous le coude pour des moments où sa vie serait vraiment en danger. Il ne fallait pas être un observateur de talent pour comprendre que la demoiselle voulait voir ce que l'épéiste avait vraiment dans le ventre, déployant tous ses artifices pour forcer l'ancien candide à dévoiler toutes ses cartes et surtout la plus destructrice : sa malédiction.
Le maudit s'en rendait-il seulement compte ? Avait-il lu dans le jeu de la demoiselle ? Pas pour le moment. Oh il se doutait bien que cette femme cherchait à le pousser jusque dans ses derniers retranchements pour voir quel genre d'homme il était vraiment, mais il n'avait aucune idée qu'elle cherchait spécifiquement à réveiller la puissance pour laquelle il était le plus connu. Car on ne le connaissait pas comme Kyoshiro l'épéiste mais bien comme le logia de la lumière, le lumineux épéiste.

Mais malheureusement le jeune bras droit de Nakata ne pouvait s'autoriser à user de son fruit lors d'un simple entraînement, car une telle puissance n'était pas jouet à brandir pour amuser la galerie ou satisfaire la curiosité d'une inconnue. Cette puissance pouvait tuer, raser un village ou détruire une île. Cette puissance il la craignait autant qu'il la respectait et c'était cette prise de conscience qui le poussait à garder en retrait cette puissance, ne la sortant que lorsque cela en valait vraiment la peine...lorsque sa vie et celles de ses compagnons étaient vraiment en danger.
Ce n'était pas un hasard si, jusqu'à maintenant, il n'avait jamais vraiment usé de son fruit lors d'un combat d'entraînement. Ce n'était pas prés d'arriver.

Mais pour l'heure ces pensées n'avaient pas leur place ici, le jeune homme savait qu'il n'userait pas de son fruit mais devait concentrer son esprit sur le combat en cours, prendre un combat à la légère reviendrait à se moquer de son opposant. Si la demoiselle esquiva les deux lames qui lui furent envoyées, le jeune homme put enfin réaliser de quel animal elle tenait réellement. Un scorpion, hein ? Cela expliquait la queue de tout à l'heure.
Ne stoppant pas son assaut pour autant, le jeune homme plongea sur la demoiselle et fut bloqué respectivement par une lame et une queue. Comprenant quelle était l'intention de la maudite avec son haki de l'observation, le jeune homme se résigna à utiliser son autre capacité nouvellement maîtrisée. Sur sa lame de gauche put être écartée de son adversaire sans grande difficulté, il en fut tout autrement pour Sandai Kitetsu qui restait bloquée par cette massive queue et cette solide carapace.
N'importe quel combattant se serait trouvé dans la panade et aurait peut-être accepté de lâcher son sabre pour éviter le dard qui arriverait bientôt, mais pas Kyoshiro. Certes il ne voulait pas lâcher ces précieuses armes, cela lui était impensable, mais il avait surtout un moyen de se sortir de cette situation.
Laissant échapper un discret soupir, le garçon se concentra et sa lame bloquée fut bientôt recouverte d'une plaque couleur d'ébène. Acceptant enfin d'éveiller son armement, le jeune homme bondit en arrière tout en tirant son bras vers lui, tranchant toute arme ou tout morceau de queue en contact avec la lame comme s'il ne s'agissait que de la chair humaine.

Faisant un pas puis deux pas en arrière, il éveilla également l'armement dans sa seconde lame avant de brandir ses sabres devant lui. En l'espace d'un souffle il bondit en avant avec l'intention de trancher la carapace de la demoiselle pour mettre à l'épreuve sa résistance ou, à défaut, de lui montrer que ceci n'avait rien d'un jeu.

Spoiler:

Sans être habitué à une arme le jeune épéiste savait bien qu'un meitou ne portait pas son nom par hasard, il s'agissait de lames renommées au tranchant incomparable et à la solidité inégalité, des lames à manier avec une extrême précaution pour parler plus clairement. Était-ce prudent de les utiliser pendant un simple entraînement ? Pour un épéiste de second rang le risque aurait été évident mais cela ne concernait heureusement pas le lumineux épéiste.
Si le jeune homme était ici ce n'était pour s'entraîner car il avait largement eu sa dose dernièrement, il ne faisait que répondre favorablement à une proposition qui, de prime abord, ne lui semblait pas plus dangereuse que cela. Après tout la demoiselle semblait capable de se débrouiller avec une lame et, en plus de cette belle lame, Erwin n'amènerait pas sur cette île quelqu'un qui ne saurait pas se débrouiller dans une bataille. C'est avec cette idée en tête que le garçon prit les choses au niveau supérieur en laissant ses deux hakis être libérés au grand jour.

Le jeune homme s'écarta de son adversaire du moment ayant décidé de reprendre sa forme humaine pour éviter de se faire trancher et, ne rebondissant pas sur la réplique de la demoiselle, bondit en avant avec l'intention de trancher la carapace ou au moins tester sa résistance. Fort heureusement la demoiselle ne semblait pas désireuse d'encaisser les dégâts et, telle que l'observation de Kyoshiro le montrait, elle semblait même vouloir encaisser les dégâts sans se défendre. Sérieusement ? Que cherchait-elle à prouver en faisant cela ?
Écarquillant de surprise, le jeune homme serra les dents afin de retenir ses bras autant que possible. Une fois un mouvement lancé il était pratiquement impossible de le stopper sans mettre son corps à rude épreuve, ce dont il se serait bien passé, mais il pouvait au moins ralentir le mouvement. Soudain, avant que l'attaque ne fut portée, le jeune homme s'évanouit dans l'air comme un fantôme avant de réapparaître au-dessus de la demoiselle, passant au-dessus de sa tête avant de laisser enfin le mouvement suivre son corps. Ne tranchant rien d'autre que de l'air, l'épéiste pivota en l'air et se réceptionna quelques mètres de plus.

Sentant ses jambes et ses bras trembler sous l'intense effort nécessaire à ce déplacement rapide en urgence, inquiet que cela ne ruine ses chances de participer à l'opération, il se tourna vers la demoiselle et lui hurla :

 «  Croyez vous qu'il s'agisse d'un jeu ??? J'aurai pu vous tuer !!! Et tout ça pour quoi ???»

Il ne savait pas à quoi cette demoiselle jouait et n'était pas certain de vouloir le savoir de toute façon, il fallait être stupide ou juste inconscient pour baisser sa garde avec l'intention de se faire volontairement toucher. Rangeant ses sabres non sans difficulté, tentant de contrôler les tremblements de ses sabres, il jeta un dernier regard vers son adversaire du moment pour conclure par :

 «  L'entraînement est fini en ce qui me concerne. »

Peut-être était-il prompt à juger une action qu'il ne comprenait pas, certainement même, mais il n'y avait qu'un inconscient ou masochiste pour demander à se faire volontairement trancher. Peut-être la demoiselle tenterait-elle de lui expliqe les choses mais ce n'était guère importait, il avait fini par s'habituer à ses meitous et c'était tout ce qui comptait.

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Dire que le lumineux épéiste était doté d'une patience infinie n'aurait pas vraiment été loin de la vérité mais, comme tous les hommes, il n'était pas parfait et avait lui aussi ses limites. Bien que ses pertes de contrôle pouvaient se compter sur les doigts d'une seule main, tout calme et discipliné qu'il était, il lui arrivait de temps en temps d'être submergé par ses émotions au point que celles-ci prennent la parole à la place de son cerveau. Mais honnêtement, qui pouvait se vanter de ne jamais avoir été dans cette situation ?
De prime abord on pourrait croire que le maudit était en colère face à l'attitude autodestructrice de cette demoiselle mais, à bien y réfléchir, c'était plus de l'indignation et de la surprise que vraiment de la colère. Après tout, lui qui pourrait tout donner pour sauver la vie d'un autre ne pouvait concevoir que quelqu'un ait aussi peu d'estime pour la sienne. Elle qui lui avait demandé de l'aider à se préparer à la bataille à venir, celle-là même qui avait baissé sa garde au tout dernier moment, possédait-elle une confiance aveugle en ce jeune homme ou était-elle simplement folle ? Le bras-droit du Phénix ne daigna pas poser la question, préférant crier haut et fort son indignation avant de faire demi-tour.
Il avait assez perdu de temps comme cela. Il était venu pour se reposer mais aussi pour se familiariser avec ses deux Kitetsu et, si la seconde étape avait été un franc succès, force était de constater que la première demeurait un échec. Alors que la blessure à son épaule le lançait encore un petit peu, il avait demandé davantage d'efforts à ses bras et ses jambes, résultat une fatigue qui s'en trouverait accrue une fois que l'adrénaline serait partie. Cela ne saurait tarder, l'affaire de quelques minutes tout au plus.
Mais avant que le jeune homme ne put prendre la route en direction de ses quartiers, il fut arrêté par quelques explications de la demoiselle, aussi inattendues que superflues. Elle le pensait plein de ressources ? Ce compliment ne reçut pour écho qu'une seule réponse sèche :

 «  Gardez vos flatteries pour d'autres. »

En règle générale c'était la modestie naturelle du jeune homme qui le poussait à ne jamais accepter gratuitement un compliment, il essayait toujours de nuancer ses propos afin de ne pas voir son égo enfler. Mais aujourd'hui c'était l'agacement plus que la modestie qui le poussa à refuser en bloc cette première phrase.
Puis vinrent les explications de la demoiselle qui ne décrochèrent aucun sourire au jeune homme. Elle avait voulu pousser le jeune homme à bout pour voir si son calme avait ses limites, mais également pour qu'il dévoile au grand jour l'étudie de ses capacités et surtout de sa malédiction. N'en croyant pas ses oreilles, se demandant comment Erwin pouvait amener une telle tête brûlée inconsciente dans une opération d'une telle envergure, le garçon ne tarda pas à répondre

 «  Et vous avez préféré mettre votre vie en jeu pour rien ? Vous avez préféré prendre le risque d'être tuée plutôt que de simplement me demander de vous montrer ce que vous vouliez voir ? »

Si le début de sa phrase souligna très clairement le fait qu'il n'avait ni perdu son calme ni dévoila sa malédiction, insistant sur le fait que la demoiselle avait fait un pari risqué pour rien, il enchaîna avec une révélation des plus simples. Il n'était pas un homme de secrets ou de fourberies, il essayait de vivre sa vie le plus honnêtement possible et aurait dévoilé un soupçon de ses pouvoirs de logia s'il en avait reçu la demande. Mais non, la demoiselle avait préféré tenter le tout pour le tout plutôt que de simplement parler et demander. Pourquoi donc les gens devaient-ils être aussi compliqués ?
Rebondissement sur la réplique de la demoiselle quant à leur similarité, Kyoshiro tint à être clair :

 «  Dans ce cas, non. Nous ne sommes pas du tout semblables. Je ne traite pas ma vie et celle des autres aussi légèrement. »

Ne rebondissant pas sur l'explication du pouvoir de Satan, sachant très bien qu'il devrait garder son calme tout au long de l'opération, le jeune homme tourna les talons et se dirigea cette fois vers la large bâtisse un peu plus long. Il ne lui revenait pas de remettre en question les décisions de son camarade et son capitaine, mais force était de constater qu'il doutait du bien-fondé de la présence de cette femme pendant l'opération. Pas en terme de puissance mais bien d'attitude. À eux trois – Erwin, Nakata et Kyoshiro – ils étaient bien assez téméraire pour ne pas avoir besoin d'une quatrième dans le même genre.

Sur ces belles paroles il allait donner à son corps ce qu'il réclamait : du repos.

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