L’île d’Onderwereld était un endroit sur lequel je m’étais arrêté lors de mes premières navigations afin d’en apprendre un peu plus sur son histoire et ses coutumes. Seulement, étant tout seul et n’ayant pas vraiment pensé à ramener de quoi me nourrir ou quoi que ce soit de vraiment utile pour mon aventure, je n’allais pas faire long feu si je ne faisais rien. C’est pourquoi j’avais décidé, à un moment donné, de prendre mon courage à deux mains et d’attraper un ou deux fruits sur l’étalage d’un commerçant. Je n’avais guère vraiment d’autre choix après tout, car l’argent me manquait également. Par conséquent il m’était littéralement impossible de prendre quelque chose légalement, sans que l’on puisse me reprocher quoi que ce soit. Malheureusement, cette idée que je me faisais à la base – que tout se passerait bien si j’arrivais à me débrouiller correctement – n’était pas réaliste. En effet, à peine j’eus le temps de poser la main sur l’étalage pour attraper une mangue que le vendeur se mit à me hurler dessus en attrapant une batte de baseball se trouvant près de son étalage.

« Eh reviens là petit voleur ! Tu t'en sortiras pas comme ça, crois-moi ! »

« Mais monsieur, je suis désolé, je n’ai pas le choix ! »

En prononçant ces mots, je me mis à courir à toute vitesse pour ne pas me faire taper dessus mais l’homme me suivit sans plus attendre, laissant complètement son petit commerce sans aucune sécurité. Ce n’était pas vraiment la meilleure chose à faire, surtout dans le seul but de tenter de récupérer un unique fruit. En agissant de la sorte, il risquait de perdre bien plus qu’il n’aurait à y gagner mais bon, ce n’était pas mon problème après tout. Enfin si, un peu car j’étais tout de même responsable de cette situation à la base. Dans tous les cas, je ne pouvais à présent rien faire d’autre que tenter de m’échapper et me cacher quelque part pour qu’il me perde de vue. Seulement, en chemin, je fus légèrement interrompu dans ma course par un blond que je ne pus esquiver. De ce fait, je me mis à le bousculer, sans pour autant le faire tomber – ni moi-même d’ailleurs.

« Oh, pardon ! Désolé ! »

Puis, je continuai ma route jusqu’à atteindre une petite ruelle où je pus me cacher l’espace d’un instant. En penchant quelque peu ma tête, je pus voir le commerçant arriver, toujours aussi en colère. Il fallait que je réfléchisse désormais, que je trouve un moyen de disparaître, d’une façon ou d’une autre. C’est alors que j’eus une idée. A côté de moi se trouvait une poubelle dans laquelle avaient été jetés une longue veste et un chapeau abîmés. C’était sans doute là ma chance, je ne pouvais pas la laisser passer. Alors, les attrapant aussi rapidement que possible, je les enfilais avant de grossir mon corps de façon à prendre la corpulence d’un homme adulte. Et, baissant suffisamment la tête pour me faire discret, je sortis à nouveau de la ruelle, le laissant passer comme si de rien n’était.

« Pfiou, j’ai eu chaud… »

Ce faisant, je fis en sorte de rejoindre une taverne où je pourrais peut-être trouver de quoi me désaltérer un peu gratuitement. Il me suffisait de regarder s’il restait quelques verres encore à plus ou moins pleins sur les tables. Passant donc la porte au bout de plusieurs minutes de marche, je regardai à gauche puis à droite avant de reprendre mon apparence normale en laissant tomber ces accoutrements ridicules sur le sol. J’étais bien mieux comme ça !

A peine rentré dans cette taverne, je pus remarquer la présence de quelques individus, sans pour autant que le bâtiment ne soit plein. Loin de là, même. Pour ainsi dire, je pouvais aisément les compter sur mes mains, ce qui était relativement rare dans ce genre d’établissement. En effet, la plupart du temps, beaucoup d’ivrognes s’y retrouvaient pour parler de leur triste vie et passer leur temps à se plaindre en criant comme des demeurés. D’ailleurs, il semblait bien en avoir un dans celui-ci. Un blondinet qui s’était mis à lancer des pièces un peu partout autour de lui, avant de se faire enguirlander par le gérant. Me retenant presque de rire en entendant ça, je fus ensuite surpris de l’apparition d’hommes habillés entièrement en blanc. Ceux-ci venaient tout juste d’entrer dans la taverne, plongeant tout le monde dans un calme des plus absolus. Qui étaient-ils ? Représentaient-ils une autorité que personne ne souhaitait contester ici ? C’était bizarre quand même. Ne comprenant donc pas grand-chose à la situation, je me permis de prendre la parole en leur adressant un regard interrogatif.

« Mmh.. Comment ça se fait que vous soyez tous habillés pareil ? C’est votre costume d’Halloween ? Il fait pas très peur ! »

Je venais peut-être de me mettre dans de beaux draps en leur parlant comme ça, mais je ne m’en rendais de toute façon même pas compte. A vrai dire, je me fichais un peu de tout ce qu’il pouvait arriver. Tout ce qui comptait à mes yeux à ce moment-là, c’était d’en apprendre un peu plus sur ce groupe et la raison de ce silence général. Toutefois, afin d’être pris un peu plus au sérieux et inspirer un peu plus de crainte, je fis en sorte d’utiliser ma malédiction pour prendre la carrure d’un homme d’environ un mètre quatre-vingt-dix et plutôt musclé.


Mes paroles étaient du bluff pur et dur. Je n’avais strictement aucune idée des compétences dont ils pouvaient disposer, ni même de leur niveau de combat. Pour le coup, il s’avérait possible qu’ils soient capables de m’envoyer valser d’une simple pichenette, comme si je ne représentais qu’un vulgaire insecte. Mais j’aimais penser le contraire. Après tout, sous cette forme, ma forme était déjà un peu plus importante qu’en temps normal, et ça pouvait m’offrir quelques avantages.