Dwarf Town… Dwarf Town… Cité des nains et des artistes de l’enclume… Aggaddon réfléchissait à une tactique pour faire forger ses armes, ses derniers essais n’ayant pas donné de résultat concluant… Mais si le Médixès se trouvait là à l’origine, ce n’était point pour une raison personnelle, mais bien professionnelle. Il devait rencontrer un client souhaitant faire appel à la pègre pour éliminer un rival. Une mission bien ennuyeuse pour un client des plus lambdas. C’est en levant les yeux au ciel, qu’il posa le masque de L’éternel, son identité secrète d’agent de l’ombre, sur son visage et sauta du toi sur lequel il se trouvait pour toquer à la porte du dit potentiel employeur.

-Ah ! C’est vous L’éternel ? demanda Jasper en ouvrant la porte et en voyant l’étrange tenue de l’arrivant.

Le regard du mathématicien assaillit le pauvre homme au-travers du masque.

-Où est l’argent ? demanda-t-il en entrant dans la maisonnée.

-Hey bien… Ils s’avèrent que depuis que des cris monstrueux émane de la mine dans laquelle je travaille, je n’ai plus beaucoup de rentré d’argent…

-Voyez-vous ça… répondit sèchement L’éternel en sortant sa machette.

-Peut-être que si vous … si vous… si vous débarrassiez la mine du monstre… peut être que je pourrai récupérer mon travail et payer…

Aggaddon soupira et quitta les lieux en refermant violement derrière lui. Il demeura quelques secondes sur place avant de faire marche arrière.

-Quelle mine ?

-Vous la reconnaîtrez au bruit monsieur… déclara Jasper en déglutissant de peur, surpris par l’intrusion rapide.

Une quarantaine de minutes plus tard, trainant ses pieds dans la neige après avoir retiré son costume, Aggaddon prêta attention aux sons provenant des différentes ouvertures dans la pierre. Essayant de capter la moindre parcelle de sonorité, il posa son oreille sur la surface froide. Cette absence de chaleur ne le gênait absolument pas. En vérité, il appréciait plutôt cette condition glaciaire. Il se sentait bien en symbiose avec le froid. La sensation de l’air polaire se frottant sur sa peau délicate et pâle, ses cheveux ondulant à la manière de vagues oniriques, les bourrasques se faisant fendre par son corps… Délicieux. Il rouvrit les yeux alors qu’il commençait à capter un écho puissant et violent qui brisa quelques stalagmites et stalactites. Le Médixès se leva, ses vêtements flottant derrière lui sous le souffle brutal émanant de la mine qu’il avait enfin repéré. Un sourire de satisfaction apparut sur son visage alors qu’il s’approchait de l’une des entrées.

Le mathématicien s’était avancé petit à petit vers l’entrée. Entendant une voix derrière lui, Aggaddon fit volteface en portant sa main au manche de sa rapière. Il haussa un sourcil en voyant la personne devant lui avant de finalement se détendre et écouter les paroles de l’homme qui lui faisait face. Il accepta la main tendue en restant sur ses gardes. Rien ne lui garantissait d’être tombé sur un allié. Le fait de se faire surprendre l’avait en fait déstabilisé. Si en temps normal il aurait accepté la bienveillance de Kyoshiro et aurait conservé ses doutes en arrière pensé pour éviter de se faire poignarder dans le dos en plein milieu de sa quête.

-Bonjour… Je suis le seigneur Aggaddon Séraphin Hyppolyte Apollinaire Médixès. Je suis en effet en chasse de la source de ce capharnaüm produit par je ne sais quelle monstruosité souterraine, déclara-t-il en indiquant la grotte d’un mouvement de la tête.

Il resta silencieux quelques instants, observant l’homme de la tête au pied en attendant qu’il se présente. Il avait l’air d’être un combattant donc son aide serait certainement la bienvenue pour rendre la tâche plus aisée.

-Pourquoi n’irions nous pas ensemble exploré l’intérieur de cette mine ? proposa le nobliau en espérant susciter l’intérêt de ce potentiel équipier.

Un puissant rugissement vint secouer la zone. Plusieurs pans de neiges tombèrent des rochers alors que la pierre vibrait sous les assauts répétés de la tempête sonore déferlant sur les lieux. L’identité de la créature pouvant ainsi se servir de ses cordes vocales était bien mystérieuse, mais Aggaddon n’avait pas envie de s’attarder là-dessus. Il n’était pas d’humeur à procrastiner et à se laisser aller, il avait beaucoup de boulot à abattre avec toutes les missions qu’il recevait ses derniers temps. Lorsque les secousses s’arrêtèrent, le Médixès se retourna de nouveau vers Kyoshiro.

-Alors, on plonge dans les ténèbres minérales de l’industrie de la pierre ?

Il se nommait donc Kyoshiro. Il n’avait pas hésité une seconde pour répondre à la proposition de mener cette mission ensemble. Le Médixès acquiesça lorsque son camarade du jour lui proposa de prendre la tête du binôme en se dirigeant vers l’entrée de la mine. Cela permettait à Aggaddon de garder un œil sur son compagnon d’aventure sans éveiller les soupçons de ce dernier. Le côté amical qu’il présentait n’était peut-être qu’une façade après tout. La lumière de la torche de Kyoshiro éclairait une partie de la paroi ainsi que du sol. Les yeux du mathématicien se posèrent sur les blessures de la caverne laissés par les coups de pioche de mineurs avides de minerais. Le nobliau se demanda si certains volaient discrètement quelques gemmes afin d’avoir plus que leur simple paye. Ce n’était pas ses affaires après tout et il n’avait pas envie de s’embêter avec se genre de chose. La question de son compagnon lui permit de se concentrer sur autre chose que sur le décor minéral.

-J’avais imaginé qu’une créature c’était réfugié en pleine nuit dans la mine. Il y aurait dans ce cas quelques possibilités de créatures ayant de puissantes cordes vocales. La question serait alors : Pourquoi la bête ne remonte-t-elle pas ? Peut-être est elle prise au piège. Sinon il est aussi possible qu’il s’agisse d’une espèce de bestiole souterraine arrivant à creuser la pierre et faisant des tunnels pour se déplacer, ce qui permettrait aussi d’expliquer son apparition soudaine. Peut être une taupe ayant évolué ou un ver de roche plus grande que la normal. Enfin même ces hypothèses me paraissent moyennement plausible. Et vous ? Avez-vous quelques idées sur la nature de cette créature ?

Aggaddon observerait de nouveau la zone éclairé pendant que son collaborateur répondrait à sa question. Il eut alors un mauvais pressentiment. Fronçant les sourcils, il observa les ténèbres environnantes. Rien ne lui sauta dessus. Ce fut plutôt un nouvel assaut qui déferla sur eux. Les trois secondes du cri furent suffisantes pour faire reculer le Médixès de deux pas. Est-ce que le son était moins fort que lorsqu’ils étaient à l’extérieur ? C’était comparable, mais il avait cette étrange impression. Il se dit finalement qu’il se faisait certainement des idées. La lumière de la torche rendit tangible l’une des peurs du mathématicien. Il y avait trois passages. Une installation minière était bien souvent un dédale de galerie afin d’optimiser les recherches de minerais, celle-ci ne faisait pas exception.

-Au petit bonheur la chance j’imagine... Vous choisiriez quelle galerie ? lança-t-il à l’attention de son compagnon.

L’idée de Kyoshiro sur la possible situation inextricable d’une bête avait certes une probabilité non nulle, mais le Médixès refusait de croire que cela serait si facile. Il décida donc de ne pas revenir sur le sujet qui était ouvert à bien trop de spéculation se fondant sur seulement un cri et une apparition subite. De toute manière, Aggaddon n’avait pas envie de se poser de question. Ayant enchaîner les missions, il avait envie de se reposer et se moquait bien de la nature de la créature les attendant dans les bas-fonds. Il s’en débarrasserait un point c’est tout.

Lorsque l’homme au regard ardent déclara sa décision quant à la route à suivre, le mathématicien n’objecta aucunement. Il aurait également choisi la route du milieu, question d’instinct. La caverne devenait peu à peu étroite entre les deux parois qui semblait converger. Le plafond également apparaissait comme plus bas. Le Médixès n’était pas foncièrement embêté par cela. Toujours derrière Kyoshiro qui avait l’air de vouloir mener le binôme, Aggaddon passa dans la position du pont. De là, vis-à-vis du ressentit corporelle, il avançait les mains et reculait ses pieds pour avancer sans être aucunement gêné par l’espace restreint. Son agilité et sa souplesse étaient largement suffisante pour s’adapter à bien des situations de ce genre. Son collaborateur quant à lui fut contraint de baisser la tête afin de passer. Il n’y avait que peu de doute sur le fait qu’à la fin de son intervention, l’épéiste se retournerait et apercevrait le savant dans cette posture peu naturel. Ce dernier continuerait d’avancer tranquillement en répondant à cet allié malgré sa posture.

-Pourtant la configuration des lieux si prête bien. Les coups de pioches donné dans la partie avec plus d’espace était à leur taille. Ici on peut voir à quelques endroits des éclats de gemmes et que la roche à été attaquer par leur acier.

Se concentrant alors sur les murs et ses reliefs intriguant, le Médixès ne ferait pas attention si jamais un trou se présentait pas loin devant lui. Il était bien trop occupé à se demander comment les mineurs faisaient en cas de coups de Grisou.

Les paroles de Kyoshiro ramenèrent Aggaddon à le situation présente. Le Médixès s’arrêta donc pour observer le nouveau croisement. Les mines étaient souvent un ensemble de galeries reliés les unes aux autres formant un ensemble allant dans à peu près tout les sens pour couvrir le maximum de volume. L’acrobate envoya ses jambes au-dessus de sa tête pour les amener contre les murs afin de marcher dessus en passant d’une main à l’autre sur le sol pour avancer. Le hurlement le contraignit cependant à passer en position du lotus pour faire face à la déflagration sonore. Quelques petits cailloux du tas bouchant l’un des passages tombèrent au sol à cause de ce nouveau cri, bien évidement rien de suffisant pour dégager le passage. Son camarade prit la parole et Aggaddon fronça les sourcils. « Je peux dégager la voie » ou « nous faisons le tour » ? L’homme aux yeux de braise comptait-il réellement laisser le mathématicien passif dans toute cette histoire ? Qu’à cela ne tienne, il ne participerait pas à cette action

-Alors je vous en prie, déblayez le passage, déclara-t-il en essayant de ne pas faire transparaitre sa frustration tout en étant curieux de voir l’homme de débrouiller seul pour faire cela. Je vous laisse plus de marge de mouvement pour voir ce que vous allez faire.

Le Médixès décroisa ses jambes pour poser ses pieds devant le gouffre et se mettre accroupi afin de sauter au-dessus du petit gouffre en effectuant deux roulades en l’air et atterrir en glissant sur le sol vers l’avant après avoir déplier ses jambes et fait vriller son corps, usant ainsi de mouvement de l’escrime acrobatique. De là, il ramena ses deux membres inférieurs pour passer en grand écart facial entre les deux parois et observer Kyoshiro. Dans cette position, son corps empêchait la lumière de la torche que tenait l’autre membre du binôme d’éclairer un peu plus la voie dans laquelle il s’était engouffré pour laisser plus de manœuvres possibles à son collègue épéiste.

Aggaddon resta sur ses positions pour observer son camarade agir. Décryptant ses mouvements, le nobliau comprit bien vite que son acolyte du jour était expert dans le maniement de l’épée. Il fronça les sourcils en voyant l’homme aux yeux de flammes préparer son coup. Le Médixès en profita pour jauger les murs avec ses pieds avant de se mettre en position du lotus, poser son coude sur le sol et continuer d’observer cet individu. L’attaque fut fulgurante, réduisant en poussière l’amas rocheux. Le mathématicien se prépara en hâte à avoir un mouvement de recul au cas où les pierres chuteraient. Cependant, ce fut un nouveau cri puissant qui traversa l’espace et résonna dans les os du savant qui s’attendait au pire au sujet de cette créature. Par chance, cela ne fut pas suffisant pour affaiblir la structure du tunnel. Kyoshiro s’avança pour tester la solidité du plafond de la voie dégagé. Voyant que cela semblait sûr, quelques secondes avant que l’épéiste au regard brûlant donne son avis sur la stabilité rocheuse, le Médixès planta sa lame dans le sol devant lui et s’en servit comme appui pour traverser le petit gouffre en faisant une roulade en l’air. L’atterrissage de se passa sans dommage.

Le compagnon d’Aggaddon semblait bien se débrouiller alors pourquoi s’embêter à prendre des initiatives. Pour une fois qu’il pouvait potentiellement se débarrasser d’une mission sans avoir à se fatiguer. Les secondes et les minutes défilèrent au gré de la roche et de la pierre. Dans le silence, une certaine tension semblait tapisser la paroi que le mathématicien longeait en demeurant accroupi. Soudainement, un tremblement la secoua, comme si une menace s’approchait dans les profondeurs sous leurs pieds. À quelle profondeur étaient-ils arrivés ? C’était difficile à juger. Trente mètres ? Soixante ? Cent ? Était ce un ver des cavernes qui fonçait sur eux ? Peut-être même un dévoreur de montagne. Le savant dégaina sa rapière et se mit en position de combat quelques instants avant que Kyoshiro ne donne ses indications.

-Je suis capable de le sentir aussi, lâcha-t-il en camouflant l’exaspération d’être sous-estimé par son allié.

Aggaddon ferma ses yeux et son âme, tentant de se concentrer uniquement sur les tremblements, l’approche de la créature. La vitesse de déplacement qu’il tentait de calculer en ressentant les ondes et vibrations émise par son avancée fulgurante permirent au Médixès de supposer qu’il s’agissait bien d’un ver des cavernes certainement adulte. La majorité de la population de cette espèce était jeune et mourraient facilement. Pour compenser, les adultes mettaient au monde des petits par paquets de centaines voir plus. Un sourire en coin apparut sur le visage du mathématicien, il avait envie de voir si son compagnon réagirait à cet assaut amené avec un angle improbable.

Ce ne fut visiblement pas le cas. Aggaddon décida de ne plus considérer son acolyte comme une menace potentielle. Alors que Kyoshiro se retrouvait embarqué par la créature, l’acrobate sauta de mur en mur, se servant de ces derniers pour gagner de la vitesse par la propulsion. Avant que l’homme aux yeux ardents ne repousse la bestiole, le savant lacéra le dos du ver en passant à proximité avant d’atterrir sur la paroi et bondir sur la créature dans l’espoir de l’empaler. C’est alors que d’un mouvement puissant, l’épéiste repoussa l’assaillant qui emporta alors le Médixès dans le trou créé. Le poids du ver se déversa sur Aggaddon. Il plongea sa lame dans la créature en faisant une rotation du poignet, ce qui lui permit de se dégager et se relever en faisant une roulade arrière. La bête bondit sur lui, laissant à peine le temps au nobliau d’attraper l’un de ses pistolets à silex. Malgré l’obscurité, il sentait les déplacements de l’air de l’adversaire pour le repérer. Profitant du mouvement de cette monstruosité de la nature, le savant plongea sa main dans la gueule aux multiples dents avant d’appuyer sur la gâchette. La balle traversa tout le corps du ver qui se mit à gesticuler dans tout les sens après être tombé à la renverse. Aggaddon soupira et sortit des ténèbres en avançant à quatre pattes alors que son acolyte du jour faire de l’ironie. Le Médixès leva discrètement les yeux au ciel avant de répondre en tentant d’être sympathique en rajoutant une touche d’humour.

-Je crois que ce sont les nains qui leurs ont communiqué leur hospitalité. Bien, si vous pouvez avancer, allons-y. Juste une seconde.

Il ne rengaina pas sa rapière et tourna sur lui-même autour d’un axe horizontal pour venir abattre sa lame sur le ver qui tentait de se rapprocher, le décapitant ainsi de façon net et précise.

-C’est le meilleur moyen pour éliminer ces bestioles, expliqua le mathématicien. Enfin d’après mes connaissances en biologie. Je passe devant cette fois.

Le Médixès s’engouffra dans la suite du chemin éclairé par la torche de Kyoshiro que ce denrier avait certainement fait tombé en se faisant attaquer et qu’il récupérerait facilement. Si l’homme aux yeux de feu le suivaient, après quelques minutes, le nobliau froncerait les sourcils. Un genre de grande salle caverneuse se trouvait devant eux. Grâce à la lumière de la torche, il pouvait juger que cela faisait globalement vingt mètres de long pour cinq de large, voir six par endroit, en ne comptant pas la zone surélevait qui faisait elle trois mètres de large à vue de nez. La hauteur de quatre mètres de haut serait largement suffisante pour que Kyoshiro puisse détendre un peu son dos et adopter une posture plus naturelle, marquant ainsi une petite pause durant cette descente. Certaines des installations minières en bois n’avait pas survécu aux rugissements, notamment un pont qui reliait une zone surélevée à un autre corridor de roche. Aggaddon ne parvenait pas à juger combien, il y avait de galeries qui débouchaient là.

-J’ai l’impression de voir de la lumière provenant des hauteurs là-bas, là où va le pont détruit, déclara le savant surpris.

Voyant Kyoshiro se diriger vers l’endroit qu’il indiquait, passant par la zone surélevée pour sauter par-dessus ce qu’il restait du pont, Aggaddon haussa un sourcil. Il pensait que son acolyte aimerait faire une pause pour reposer son dos. L’acrobate savait que tout le monde était loin d’avoir sa souplesse. Peut-être que ce compagnon voulait tout simplement finir cette mission au plus vite. Le Médixès s’approcha par le bas sauta d’une poutre à l’autre grimpant ainsi jusque là où avançait déjà son allié.

-Vous ne voudriez pas profitez pour faire une pause et vous reposer ? Cela doit faire mal de conserver ce genre de position lorsque l’on est pas habitué.

Autant se montrer sympathique. C’était la conclusion d’Aggaddon suite à ses observations méfiantes.

-De plus, il faudrait attendre le prochain cri pour savoir dans quelle direction aller.

La lumière que le savant avait vu provenait apparemment de l’autre bout de ce couloir transformé en gruyère par les créatures caverneuses.

-Mince… Cela doit faire un moment que cette partie de la mine n’a pas été exploré. Si une colonie entière de vers réside dans les environs, nous pourrions être mis en difficulté. Il faut prier que votre force et mon agilité suffiront à nous sauver la mise si nous rencontrons le gros de la horde.

Le nobliau tenta de compter le nombre de trous mentalement. Au bout de quelques instants seulement il se mit à recharger son pistolet.

-C’est bien ce que je craignais, nous pourrions faire face à plus d’une centaine d’entre eux. Restons sur nos gardes et informons-nous l’un l’autre au moindre signe suspect.

C’est alors qu’une voix émergea de l’autre côté du tunnel.

Falkrob

-Kékia ? Kizètes-vous ? demanda un nain bourru ayant certainement la trentaine qui s’approchait du duo en tendant une lanterne. Koman zètevouzarivé là ? Moi m’et’e perdu danzégrotes. Zafé cinq zans quezetrouve p’uzettezortie. Moi Falkrob. Vous kizéte ?

Le pauvre avait visiblement des problèmes pour parler. Le Médixès avait néanmoins approximativement compris que cela faisait cinq ans qu’il se trouvait là. Durant autant de temps, il y avait de quoi perdre la tête. Des poils sortant de sa bouche pouvaient également expliquer plus ou moins son problème de prononciation. Falkrob avait les cheveux courts, mais mal coupé. Comme s’il se les rasait avec une arme. Le genre d’armure improvisé qu’il portait était en réalité un assemblage de pierre que le nain avait grossièrement taillé. Mais pourquoi était-il descendu si profondément dans les galeries ? Pourquoi ne trouvait-il pas le chemin de la liberté ?

-Zatention zovaire ! hurla tout à coup le mineur perdu en tendant le doigt vers l'un des trous se trouvant déjà derrière le duo.

Aggaddon vite volteface et braqua le ver avec son pistolet. La balle jaillit et s'enfonça dans le corps de la bête qui se retrouva décapité par la rapière quelques instants plus tard. Neutraliser ces créatures n'étaient pas trop compliqué quand elles se trouvaient isolés et à une certaine distance. Néanmoins, l'écho du coup de feu se propagea et sembla énerver ou effrayer la créature des profondeurs qui se mit à hurler de nouveau.

-Il n’y a pas besoin d’utiliser mon nom complet. Même si je suis coutumier d’une certaine étiquette, cela ne me dérange pas que l’on m’appelle seulement Aggaddon, déclara le Médixès ayant tout juste fini d’achever la créature devant lui.

Il balaya les tunnels du regard. La quiétude n’allait pas tarder à prendre fin. La masse grouillante de ces vers était en marche pour venir voir quels êtres c’étaient aventuré en leurs terres.

-Il va falloir se dépêcher, pesta le nobliau avant de retourner auprès de son compagnon du jour en restant accroupi, prêt à bondir au moindre signe d’attaque.

De son côté, Falkrob regarda sombrement Kyoshiro avec une certaine véhémence.

-Blézé amabousse ? Mékézekeza peux faire ! Zevouamène à la beztiole et vous me ramenez là-haut ! Sinon je vous lèze avec zé vers !

Il semblait que lorsqu’il s’emportait et était à la limite de crier, ses paroles pouvaient être plus compréhensible. Le nain agita sa lanterne pour indiquer aux deux messieurs de le suivre vite s’ils acceptaient de lui montrer comment sortir. Cette partie de la mine était plus ou moins à l’abandon depuis plusieurs années car les filons semblaient épuisés. C’est pour cela que personne n’avait découvert qu’un mineur était resté là et Falkrob avait été déclaré mort aux membres de sa famille.

-Vers pazaimé feu ! lança-t-il avant d’arriver dans une pièce assez petit que le nain avait aménagé en campement.

Il attrapa un morceau de poutre qui brulait dans les flammes, l’ancien mineur se servant des restes des structures pour vivre en mangeant vers et autres bestioles des profondeurs. Il balança le bois brûlant sur un groupe quatre créatures qui s’approchaient. La lumière ne les gênait pas, mais le contact du brasier leurs fit lâcher un genre d’hennissement aigue. Les vers se tortillèrent dans tout les sens pour éteindre le feu qui les rongeait et fuirent en quatrième vitesse.

-Prozméte émoi demamenéze alasurf asse éjevouzamène voar Gudule, lança Falkrob.

-Oui nous vous ramènerons là-haut, déclara le Médixès en restant attentif à ce qu’il se passait autour d’eux.

Les vers demeuraient toujours une menace. Si le nain avait prit l’habitude de cette menace, l’escrimeur acrobate et l’épéiste aux yeux ardents n’étaient pas à l’abri de se faire surprendre durant cette ultime trajet avant la découverte de l’origine de ces cris, que Falkrob avait apparemment appelé Gudule.

-De ce que j’ai compris, il veut qu’on le ramène là-haut en échange de nous amener voir la bestiole. J’imagine qu’il parle de l’origine de ces hurlements. Pour le reste, je n’ai pas bien saisi ce qu’il souhaitait dire. Désolé, déclara le Médixès suite à la demande de traduction de Kyoshiro.

Aggaddon recula doucement afin de couvrir son compagnon et le nain et avertir une attaque éventuelle. Cependant, le geste de l’ancien mineur suffit à repousser les vers qui les avaient rejoints une fois qu’ils eurent atteint un des campements temporaires de Falkrob. Ce que le savant pouvait observer lui permit d’émettre quelques conjectures et hypothèses. Il pensait notamment que les vers n’avaient pas peur du feu et qu’ils ne battaient en retraite que s’ils entraient en contact direct avec une tel source de chaleur qui pourrait les carboniser petit à petit… Comme s’ils se moquaient du danger et agissaient sans aucun instinct. Les vers des cavernes étaient des créatures assez peu connues et étudiées. Il serait peut-être intéressant d’en capturer quelques spécimens pour les ramener à des collègues biologistes. Enfin, il n’était pas là dans un but scientifique. La mission actuelle prévalait sur les recherches et il pourrait éventuellement proposer ultérieurement de monter une expédition dans ces mines dans une telle optique. Entre savants, ils réfléchissaient à leurs diverses théories mentalement avant de les exposés aux collègues alors partir dans une longue discussion où tout est dit plutôt que pensé. Il fallait cependant pour cela que la discussion soit engagée pour favoriser la communication dans un but d’évolution des recherches et ne pas se restreindre à des réflexions en introspections. Bien évidemment, les deux personnes avec qui il se trouvait l’ignoraient et on ne pouvait leur reprocher de ne pas avoir fait s’exprimer Aggaddon sur ces détails qui seraient finalement peu intéressant pour des néophytes et à l’intérêt relatif pour les combats… quoi que…

Falkrob entendit la question de l’homme aux yeux ardents et s’empressa de répondre avec agacements.

-Maize puize’ke jvous dikezelle zapel Gudule ! Elle zetrouv’par là.

-Je crois qu’il appelle l’origine de ces cris Gudule, déclara le Médixès en conjecturant que Kyoshiro avait encore besoin de traduction. J’imagine que nous y seront bientôt.

Ils avancèrent pendant encore plusieurs minutes, rencontrant deux ou trois vers que les deux manieurs de lame auraient vite fait d’éliminer en s’attendant à la menace, avant d’atteindre une salle assez étroite où de nombreux éboulements s’étaient amassés.

Le nain leva le doigt en direction de l’autre bout de la salle alors qu'un nouveau hurlement déferlait et que des crevasses jaillissaient un flot continue de vers des cavernes. Il y avait là une légion entière !

-Gudule là-bas ! lança Falkrob avant de sortir une hache improvisé, dont le tranchant semblait peu coupant, tout en se préparant à jeter sa lanterne pour embrasé cette mer de monstres des profondeurs.

Voyant la nué grouillante d’invertébrés jaillir des roches ébréchées, Aggaddon se prépara à l’assaut. Il jeta un coup d’œil vers le nain qui semblait indiquer que Gudule se trouvait de l’autre côté de la salle perdu dans cet océan organique dans un recoin le cachant du regard de la troupe d’infortune. La remarque faite par Kyoshiro était pertinente. Si Falkrob avait beau être habitué à affronter quelques vers pour survivre dans ce dédale abyssal, il n’avait apparemment jamais affronté cette mer larvaire et ne pensais pas au fait que sa flammèche ne pourait brûler autant de vers. Cependant une idée émergea dans la psyché déviante.

-En effet, la flamme d’une lanterne seule ne suffira pas. Alors pour gagner du temps, essayons de transformer cela en brasier.

L’attaque de Kyoshiro étant passé, le mathématicien attrapa les quelques petites sac de poudre à sa ceinture dont il se servait pour recharger ses pistolets. Les utilisant au final assez rarement, ils étaient encore bien remplis et malgré la faible quantité, en la rependant sur la marée organique cela devrait recouvrir suffisement de zone pour faire s’embraser la première vague de ces créatures à la monstruosité dérangeante par leur aspect plutôt répugnant qui n’affectait que peu les deux épéistes et le protagoniste nain baignant dans cet enfer caverneux depuis de longues années. Le savant lança donc les petites bourses en les ayant au préalable ouvert. Leur contenu se déversa comme prévu, même si avec le mouvement du lancé ce n’était absolument pas uniforme et qu’une partie se perdit là où il n’y avait pas de bestioles. L’ancien mineur réagit immédiatement et envoya sa lanterne sur l’une des créatures qui prit feu dans une explosion. La réaction en chaîne qui s’en suivit répandit un incendie sur les premiers de ces ennemis et les projections explosives touchèrent certains vers se trouvant derrière. Les corps calcinés de certaines des bestioles, éventré par la puissance de déflagration de la poudre qui même en étant mineur comparé à des bombes ne pouvait faire que de gros dégâts au contact direct. Aggaddon espérait que cela soit suffisant à l’homme aux yeux de braises pour s’immiscer dans le territoire ennemi et découvrir Gudule. Dans le doute, il se mit en position de combat, prêt à déclencher un ballet aérien pour offrir plus de temps à son compagnon.

Kyoshiro disparut au milieu de l’immensité cryptique assez rapidement. Il fallait tenir jusqu’à son retour même si cela prenait qu’une minute ou deux. Les explosions provoquées par la poudre ne permettaient pas de maintenir du feu de manière continue. Les premières lignes en avaient été victime, mais mise à part quelques flammèche dispersé par ci par là autour de leurs dépouilles éventrées par les petites déflagrations rien n’empêchait le reste de la horde d’enjambé les corps de leurs frères pour se diriger vers le binôme. Il fallait les maintenir à une certaine distance pour éviter qu’ils submergent leur porte de sortie. Falkrob s’élança en premier pour planter sa hache improvisée dans le ver le plus proche de lui. Il n’eut pas le temps de porter un second coup que les autres créatures l’entourant tentaient déjà de le manger, contraignant l’ancien mineur à se replier directement. De son côté le Médixès brassa l’air en décrivant un arc de cercle avec sa rapière afin de blesser les différents montres visqueux de la nouvelle première ligne tout en reculant pour ne pas se faire surprendre par une attaque. Cela lui permettait tout au plus de gagner quelques instants par coup qui pourraient être salvateur pour la réussite de leur mission qui reposait sur les épaules de l’épéiste au regard de feu. Lorsqu’un nouveau cri déferla, celui permettant à Kyoshiro de localiser la bête nommé Gudule par Falkrob, les vers se montrèrent encore moins hospitalier et augmentèrent leur vitesse de déplacement. Le nain commença à courir à toute jambe en direction du mathématicien afin de se sauver du déferlement d’invertébrés en s’alliant à l’un de ses partenaires de sorties. Le Médixès tira vainement une balle dans l’amas grouillant se présentant devant lui.

Soudain, il s’arrêta de reculer. Les vers tentaient tellement de se diriger vers eux pour se nourrir qu’ils empiétaient leurs avancés en se bousculant, imitant une cohue humaine tentant de s’élancer dans une boutique au moment des soldes, chacun espérant être le premier arrivé. Ainsi, la vitesse d’avancé de la marée se réduisait à mesure que la quantité de vers arrivant en première ligne croissait. Les tas se transformèrent en véritable monticules desquelles tombaient de temps à autre un des invertébrés tentants d’avancé avant de faire happer par les bousculades entre ses frères. Aggaddon et Falkrob se lancèrent un regard pour lever les épaules en simultanés. C’est alors que Kyoshiro débarqua avec Gudule dans ses bras de l’autre côté des amas gluants en étant poursuivi par d’autres de ces vers qui ne voulaient pas lâcher l’affaire. Se demandant ce que ce genre de lapin fichait dans les bras de son compagnon du jour, le savant pria pour que leur mission soit terminée. Il fallait cependant sauver l’autre épéiste pour savoir le fin mot de l’histoire et s’assurer de la réussite de leur quête. Le nobliau réalisa alors une attaque horizontale vive et précise avec sa rapière dans l’un des monticules grouillants afin qu’il se désassemble violement et offre un passage providentiel à Kyoshiro. Suivant les instructions proposés par son acolyte du jour, il se retourna pour courir en direction du tunnel par lequel ils étaient arrivés.

Kyoshiro détalait comme un lapin au milieu de la grotte alors que les hennissements stridents des vers se faisaient de moins en moins entendre. Falkrob chuta en pleine course, trébuchant sur une pierre. Le regard du Médixès se posa alors sur ce nain qui le précédait, ayant put commencer à battre en retraite à l’approche de l’homme aux yeux de braises. Aggaddon devait-il secourir cet ancien mineur ? Il pouvait le laisser périr après tout. Cela attirerait cependant certainement l’intention de Kyoshiro une fois revenu à la surface. Maintenant son corps baissé malgré la course, le mathématicien saisit la main de Falkrob au passage pour l’aider à se relever. Les minutes défilèrent tout comme les couloirs qu’ils avaient traversés pour descendre. Aggaddon aidait comme il pouvait le nain qui avec ses petites jambes ne parvenait pas à courir à la même vitesse que les adultes qui étaient sa providence. Gagnant en adrénaline, voulant sortir définitivement de ce dédale qui avait englouti plusieurs années de sa vie, l’ancien mineur plaça toutes ses forces dans cette course pendant que la lumière diffusée par la torche, toujours tenue par Kyoshiro depuis le début de l’aventure, s’éloignait petit à petit de lui. Comment l’épéiste pouvait-il garder ce rythme de course continuellement avec sa taille dans ces galeries. En plus, ils avaient déjà semé la mer de vers qui ne pouvaient se déplacer qu'en rampant et en rongeant sla paroi.

Au bout de ce qui pouvait paraître une éternité, le groupe sorti de la mine complétement essoufflé par cette course à travers les cavernes. Aggaddon tomba à genoux vers l’avant, arrivant à quatre pattes. Il haleta pendant un bon moment. Du côté de Falkrob, des larmes coulaient sur ses joues. Il revoyait enfin le ciel. Se retrouver là avec une absence de plafond lui procurait une grande joie, mais aussi un certain stress. Avec les années, il s’était habitué à vivre avec la présence quasi protectrice d’une paroi au-dessus de sa tête. Se retrouver là sans cette sécurité était un grand bouleversement qui installait en lui cette tension non naturelle d’une perspective pourtant aussi banale que la croissance des arbres. Sans délivrer aucune explication quant à la bête qu’il transportait, Kyoshiro se leva et lança amicalement un au revoir avant de quitter les lieux.

-Au revoir à vous et bon voyage ! répondit Aggaddon en levant un sourcil avant de tourner la tête vers l’ancien mineur. C’est Gudule cette petite créature ?

Le nain répondit par l’affirmative en secouant la tête de bas en haut.

-Dites-moi… Pourquoi parlez-vous aussi bizarrement ?[/] demanda le savant maintenant qu’ils étaient tiré d’affaire.

[b]-Enzirion deuzans apèzemètre pardu danzète mine, dezabarbe a commenzé à pouzer danze mabousse.

-De la barbe… A pousser dans… votre bouche ? C’est ça ?

Le Médixès réfléchit pendant quelques instants en observant les poils qui débordaient de la bouche ouverte de Falkrob.

-Vous devriez aller voir un médecin… Je pense qu’il peut s’agir une maladie que vous avez contracter dans les profondeurs. Vivre en permanence dans un tel environnement sans sortir à l’extérieur a put vous permettre de couver un virus rare et peu connu.

-Merzi du conzeil ! Je rechouvrèze ma famisse aprèze za. Un grond merzi por touche !

C’est sur ces quelques paroles que le nain se leva et se dirigea vers la ville en quête d’un docteur spécialisé en maladie minière. Aggaddon, pour sa part, devait retourner voir son client pour accepter sa mission. Il se releva mollement quelques minutes après ses deux camarades d’aventure pour se diriger à son tour vers les bâtiments habités pour retourner à la monotonie des assassinats. Il avait intérêt de se faire bien pailler pour cette exploration de la mine ! Cela l’avait encore plus démoralisé d’enchaîner ainsi les missions.