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| Lun 27 Nov - 18:39 Prologue
Quelque part sur North Blue
- J'ai cru comprendre que tu avais des informations, soupira Erwin, assis sur son bureau dans un des navires de l'Inquisition.
Il était prêt à mener une petite partie de son armada contre les abrutis qui tentaient de prendre le pouvoir dans le Royaume d'Oprhée. Il fallait qu'il montre son soutien à la princesse Anastasia et à ses différents conseillers, or ceux-ci n'étaient plus bien nombreux. Un coup d'état, rien de plus banal. Un grand chagrin pour la demoiselle qui se tenait aux côtés du rouquin, assise dans un fauteuil, les épaules baissées et les bras ballants. Elle n'aimait pas la situation dans laquelle elle se trouvait, et c'était compréhensible : faire preuve de force pour reprendre les terres sur lesquelles elle était née, des mains de personnes dont les revendications étaient arriérées et égoïstes. L'humanité n'avait plus de cœur, à ce moment-là.
Son petit-ami aurait aimé venir avec elle, mais il était en charge d'une opération très importante sur Shivering Island. On aurait pu croire qu'il aimait son métier plus que cette femme avec qui il menait une relation suivie depuis un peu moins d'un an... Et pourtant, c'était sur ses sages conseils qu'il était resté dans son hôpital froid auprès de personnes qui ne méritaient pas sa compassion.
- Un chasseur de prime ?
La jeune femme fut tirée de ses pensées. Elle observa Erwin comme s'il était entré dans la pièce par surprise, avant de se souvenir qu'ils partageaient cet endroit pour éviter qu'elle ne tombe dans la déprime. Avec ce bourreau du travail, c'était peine perdue. Enfin, bourreau du travail... Il émiettait les forces de ses adversaires comme des gâteaux friables, appelant à quelques stratégies militaires que sa sœur lui avait apprises. Avec un soupir prononcé, il acquiesça une dernière fois avant de mettre un terme à son appel. Le regard interrogateur de la princesse le poussa à répondre à sa question muette.
- C'était Maow, mon informateur sur Grand Line. Il m'a indiqué qu'un Chasseur de Prime qui fuyait la marine s'était retrouvé sur Himitsu Shima. Il a les informations qui nous permettront de prendre l'avantage sur l'Alliance... - Tu vas y aller maintenant ?
Une sorte d'inquiétude perçait dans sa voix. Il secoua la tête de droite à gauche et la boule dans l'estomac d'Anastasia disparut. Ils étaient à quelques heures à peine de son Royaume, et même si elle ne doutait pas des capacités du rouquin à faire vite, aller sur les terres du seigneur de la pègre était une chose risquée. Il serait là et participerait à la libération de son Royaume. Une fois cela fait, la Reine, sa mère, accepterait sûrement de reconnaître l'Inquisition et, de fait, sa protection. À cause de sa localisation géographique, Orphée était un peu isolé, et ne craignait ni les pirates, ni les gouvernementaux. Les trois navires qui se dirigeaient vers lui, dont celui de Paul Titanos, étaient armés et pouvaient faire le siège. Cependant les consignes étaient claires : il n'y aurait aucun mort dans cette « prise » de pouvoir.
L'arrivée des forces du Titanos et de ses deux-cent hommes avait été une véritable bénédiction pour North Blue qui, unie plus que jamais, promettait un avenir radieux à la Révolution. Chaque personne que la marine voudrait envoyer se retrouverait face à la puissance de plusieurs centaines d'hommes dont le combat était clair : protéger les terres de cette mer de la tyrannie des Dragons Célestes.
Et les heures passèrent alors que le bruit de la plume du rouquin résonnait dans la pièce. Parfois, un de ses hommes rentrait pour apporter le rapport de l'éclaireur. Aucune incartade de la marine : leur position était bien trop protégée. Sur ce navire, le Dog commandait les opérations. Sur celui d'à côté, le Titanos était maître à bord, avec à ses côtés Sophia, sa fille, la seconde de l'équipage. Enfin Blue avait commencé à assumer pleinement son rôle sur North Blue et était l'un des principaux leaders de cette mer, bien qu'encore presque inconnu pour les forces de l'ordre gouvernemental.
Le clairon retentit au beau milieu de la nuit, agressant les tympans de la petite flotte. Une centaine de révolutionnaire endormis se mit en activité, et quelques dizaines de minutes plus tard, les côtes se dessinaient à l'horizon. Les canons étaient pointés de manière hostile, et le drapeau de l'Inquisition était érigé au même titre que celui de la nation qu'ils cherchaient à récupérer. Un acte militaire effrayant pour certains, nécessaire pour d'autres.
Plusieurs heures après le lever du soleil, sans qu'aucune goutte de sang n'ait été versée, le Royaume et ses dirigeants temporaires avaient ployé le genou devant leur reine, la mère d'Anastasia. Le banquet qui s'en suivit permit de festoyer à la grandeur des membres de l'Inquisition. On fit un tableau pour figer ce moment, dans lequel Erwin était assis à la gauche de la Reine et Anastasia à sa droite, et où quelques dizaines de révolutionnaires s'amusaient avec les gardes de l'île. Un véritable petit bout de paradis. | | | | |
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| Lun 27 Nov - 18:41 Un véritable petit bout de Paradis
Himitsu Shima
L'alcool coulait à flot. Les hommes s'étaient réunis à la taverne, parlant « donzelles » et exactions. Ils semblaient prêts à monter un casse à Marijoa autour d'une grosse pinte de bière. Enfin, de plusieurs pintes, car ici la religion c'était la boisson. On vouait un culte à ses intermédiaires qui avaient parfois la bonté sans pression d'offrir une bonne tournée générale. Filkrik était assis sur une chaise, muet comme une carpe. Il semblait attendre quelqu'un qui ne venait pas.
- Eh toi. C'est toi qui a dit à ma femme que je la trompais ?! Salopard ! Maintenant elle s'est barrée avec mon fric !
L'un des brigands de cette île avait haussé le ton jusqu'à supplanter de loin le bruit ambiant. C'était devenu monnaie courante ces derniers jours, depuis que l'ancien chasseur de prime avait mis les pieds en ces lieux. On lui savait une grande dextérité dans le maniement de l'arme à feu, et il n'était sûrement pas dupe : il s'agissait de la raison pour laquelle on le laissait relativement tranquille pour l'instant. Et ce genre d'événements ne faisait que rappeler sa suprématie sur les ploucs de l'île. À peine l'homme se fut-il avancé vers le chasseur de prime, tonitruant, qu'un coup de feu vint lui exploser le genou. Un hurlement retentit au moment où trois silhouettes encapuchonnées entrèrent dans les lieux. Personne ne fit attention à elles, car tout le monde avait quelque chose à cacher. Tant qu'on ne faisait pas de grabuge... On pouvait rester tranquille.
Un temps court fut suffisant pour permettre aux personnes alentours de réagir. Elles se levèrent à tour de rôle avant de finalement reculer devant l'imposant personnage. Il était effrayant dans les faits, et ce qu'on voyait de lui n'était pas très plaisant. Les hurlements de douleur commençaient à s'amplifier tandis que la dure réalité semblait rattraper le blessé : il avait dépassé les limites, et personne ne viendrait l'aider. L'arme se pointa à nouveau vers lui, et il ferma les yeux, quand soudain une silhouette traversa la salle d'une seule enjambée.
Les cheveux rouges, des bandages autour des jambes et des bras, et une tête bien connue. C'était sûrement la seule fille du bar, et pourtant elle avait plus de présence que la majorité des hommes de la pièce, Filkrik y compris. Sirilla était une criminelle qui aimait s'impliquer dans les affaires de Konan, et elle était connue pour lui vouer une certaine admiration. Cependant, ces derniers temps elle n'avait pas quitté Himitsu Shima. Quelque chose semblait l'ancrer ici, la retenir. Quand elle vint rabaisser l'arme du dominant dans cet affrontement, ce dernier lui jeta un regard boudeur avant de se résigner : il aurait tort, quoiqu'il arrive.
- Que t'ais-je dit ? S'impatienta la jeune femme en regardant les encapuchonnés s'installer au fond du bar, à l'abri de tous les voyeurs. Nous sommes ici sur le territoire de Konan. Seul lui choisit qui vit ou qui meurt. - C'est ton point de vue, femme, lança avec dégoût le barman en essuyant un verre. - Ne m'oblige pas à me donner tort, répliqua-t-elle avec une telle froideur et une telle présence que cela suffit à piéger l'homme dans une sorte de peur bleu.
Le visage du barman se décomposa, tout comme celui de la majorité des personnes en ces lieux. Seul Filkrik resta sur sa mine boudeuse en rangeant son arme. Elle avait du pouvoir sur cette île, c'était certainement du à son fort caractère et à ses liens avec la Pègre. « Intéressant », marmonna l'une des encapuchonnés avant de sursauter quand la jeune femme le fixa subitement. L'aurait-elle entendu ?
- Bon, je dégage, on va régler nos affaires ailleurs, siffla le chasseur de prime en se levant. - Oui, oui. Allez, on dégage.
Les regards étaient mitigés : la présence d'un des chasseur de primes du Gouvernement semblait tendre considérablement la population, mais en quelques jours il avait réussi à être toléré parmi les locaux. Sortant de la pièce, ils laissèrent derrière eux un monde froid pour rejoindre celui plus palpitant de la contrebande. S'il voulait impressionner Konan et entrer à son service, il fallait bien qu'il apprenne les ficelles du métier un jour. | | | | |
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| Mar 28 Nov - 22:05 Les ficelles du métier
L'entrepôt souterrain dans lequel se trouvaient les deux criminels était traversé par un fleuve qui transperçait l'île de droite à gauche. Il passait loin des appartements de Konan, et était donc sans danger pour le chef des lieux qui, s'il n'avait plus rien à prouver en terme de défense, possédait sûrement un tempérament un peu trop violent pour accepter être mis en danger par une telle faille dans la sécurité. Sirilla arborait un air sévère et directif, donnant quelques ordres aux personnes dans l'entrepôt. Dans un coin, un chat au pelage noir chassait les souris avec une certaine habileté.
Une silhouette se dégagea non loin du félin, encapuchonnée, mais la contrebandière fit mine de ne pas y faire attention. Filkrik tiqua, lui. Il se mordilla la lèvre et marmonna : « On a été suivi. ». Son Haki lui avait permis d'identifier l'intrus en très peu de temps. C'était une personne d'environ un mètre soixante, le pas svelte et farouche, qui semblait déterminé à les suivre. Il s'agissait d'une personne qui, par sa grâce, n'avait rien de naturel.
Quand il se tourna vers la cheffe des lieux, celle-ci s'était déjà emparée de l'affaire. Elle n'allait pas se laisser être espionnée plus longtemps. Saisissant un stylo posé sur une caisse à côté d'elle, elle envoya celui-ci sur la personne qui les observait. La vitesse du projectile fut telle que la mort aurait du être imminente, mais soudain un coup de pistolet retentit dans l'entrepôt et vint détruire le stylo en plein vol. Le regard du chasseur de prime n'eut pas besoin de chercher la source de cette attaque : il l'avait sentie un quart d'instant plus tôt et en avait frémi.
Sirilla tourna la tête à son tour. Elle aperçut la personne qui avait tiré. C'était un homme d'une quarantaine d'années, les cheveux blonds, salis par le temps, de la couleur de la paille séchée. Il semblait assez déterminé dans son regard, et son bras venait juste de perdre la couleur de l'armement. C'était un tireur d'élite, fait très visible à son allure. Qui était-il et que venait-il faire dans cette situation ? La jeune femme ne dit rien, elle se contenta de se cacher derrière une caisse pour esquiver un potentiel tir à vue. Il fallait brouiller les pistes dans un premier temps. Et alors qu'elle s'apprêtait à sortir, Kilkrik avait déjà dégainé pour tirer sur son adversaire.
- Eheh, dégage, salopard ! - Kilkrik, marmonna sa camarade et tutrice en faisant blanchir ses phalanges pour se retenir de s'élancer sur lui et de l'arrêter.
Une minute, une seconde, elle aurait souhaité que l'action ne dure pas aussi longtemps. Elle entendit une balle s'enfoncer dans le sol derrière le chasseur de prime et se dit que « C'était gagné », mais l'explosion fut si forte derrière lui qu'elle l'envoya voler en avant. Il atterrit, deux mains, au sol et perdit le contrôle de son arme qui disparut derrière une caisse en bois. Pestant, le tireur hors-la-loi roula sur le côté pour esquiver un second coup. Un cri retentit alors : « Ne le tue pas ! ». Une voix féminine qui venait de l'autre côté des caisses : c'était l'encapuchonnée de tout à l'heure. S'il arrivait à la capturer... Oui, il pourrait traiter cette femme comme une marchandise de contrebande. Pas besoin de se défendre, elle devait être assez précieuse pour qu'il prenne soin de la protéger.
- Je te couvre, fit-il à Sirilla, planquée non loin. Va chercher la nana, et prend-la en otage.
Elle acquiesça discrètement, et quand Kilkrik débarqua hors de sa cachette, elle s'élança sur une lancée vive. Elle avait l'intention de la capturer, et non de la tuer. C'était là sa chance, la chance de prendre l'ascendant sur son ennemi. Sa seule et unique chance, elle s'en doutait bien. Et elle la saisit avec brio : ses gestes fins parvinrent rapidement saisir par derrière la jeune femme qui laissa tomber sa capuche et dévoila une chevelure rougeâtre, similaire à la sienne. Elle la maintint en lui faisant une clef de bras pour que ne pas qu'elle s'échappe, et réalisa à quel point elle était faible quand elle parvint à la faire ployer en un rien de temps.
Les tirs cessèrent alors que la vie de la demoiselle était en danger. Laissant échapper un juron de sa voix fluette, la capturée tourna un regard sauvage vers Kilkrik et Sirilla. Elle était apparemment déterminée à se soulever, mais la force qui la retenait était trop poussée. Finalement, elle abandonna sa quête de liberté et observa un silence religieux pendant que les deux hors-la-lois se réunissaient.
- Des marines ? Tu penses ? - On n'a qu'à demander à la charmante demoiselle qui est ici... Alors ?
Elle se taisait. Apparemment, prendre la parole n'était pas parmi ses prérogatives. Quand Sirilla se rendit compte qu'il allait falloir insister, elle resserra sa poigne et obtint un petit cri de crispation. A ce moment-là, le tireur se retira dans l'obscurité, en hauteur de l'entrepôt souterrain. Il avait évidemment abandonné. Finalement la demoiselle se décida à répondre :
- Je ne suis pas une marine... Je suis Sera Tempest... - Et c'est qui ? Une prostituée ? Une esclave ?! Lança avec amusement Sirilla qui était très friande de ce genre de situations. - Va te faire voir, cracha la jeune femme en fronçant les sourcils. - Une esclave. En tout cas ce sera le cas à présent. Ton joli minois nous vaudra quelques milliers de berrys, au moins ! Tu vois, c'est comme ça qu'on fait de la contrebande. On vend ses ennemis.
Acquiesçant silencieusement, Kilkrik se retint une remarque. Il n'était pas fan de l'esclavagisme, seul l'argent l'intéressait. Vendre un être humain... Bah, s'il fallait en arriver là pour plaire à Konan, pas de soucis, il le ferait. Il ne devait pas se sentir coupable. Il ne pouvait pas montrer cette marque de faiblesse. | | | | |
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| Mar 28 Nov - 23:10 Cette marque de faiblesse
Le salon de vente d'esclaves était mis en place à Himitsu Shima non pas pour les acheteurs principaux – qui ne mettraient jamais le pied sur cette île – mais bien pour les sous-traitants qui, amenés par leurs obligations, semblaient acclimatés à l'ambiance de débauche qui régnait en ces lieux. La drogue coulait à flot et on vendait des armes sous le manteau. Quelques informations étaient pareillement diffusées, ce qui en disait long sur les activités des hors-la-lois qui utilisaient ces lieux de rencontres comme les nobles devaient se réunir dans des salons pour discuter. Pour certains, il s'agissait d'un lieu où les conversations allaient bon train. D'autres restaient cloîtrés dans le silence le plus parfait en attendant que les marchandises n'arrivent sur scène, et refusaient bien évidemment tous les cachetons qui pourraient embrumer leurs pensées.
Entrant dans la pièce, une jeune fille aux cheveux noirs comme l'ébène était habillée d'une belle robe de soirée adaptée à sa taille et à son âge. Elle souriait avec un certain charme. Elle était suivie par un garçon qu'elle tenait pas la laisse, et qui marchait à quatre pattes au sol. Ses cheveux blonds, longs, délavés, et ses yeux bleus étaient assez significatifs d'une ancienne appartenance à un monde dépravé. Elle était totalement inconnue au bataillon, cependant Kilkrik se tourna vers elle en fronçant les sourcils. Cette fois-ci, il n'était pas sûr, mais il croyait avoir déjà senti sa voix quelque part. Il secoua la tête : il lui arrivait d'utiliser son Haki de l'Observation en se baladant.
Arrivant près de son carré réservé, elle s'y assit avec une certaine finesse. Elle n'était pas venue seule, un garde du corps avait fait le déplacement. Il s'agissait d'un homme aux cheveux châtains et aux yeux verts. Il possédait une certaine fluidité dans ses gestes, mais se mains avaient été abîmées et forgées par des années passées derrière les fourneaux. Certains ne manquèrent pas de noter ce dernier détail avant de se tourner vers la scène où les faisceaux lumineux avaient commencé à rendre les lieux plus lumineuse encore qu'auparavant. Ils sourirent en voyant entrer Sirilla, la dirigeante de cette petite conférence. Kilkrik l'observait dans un coin, bien content de ne pas être sous le feu des projecteurs. Avec toutes ses implications dans la contrebande, cette femme était un important atout pour le commerce de Himitsu Shima, à n'en pas douter.
- Mesdames et Messieurs, je suis ravie de vous accueillir dans cette antre aux milles et uns trésors ! Vous avez déjà pu être abordés par plusieurs de mes revendeurs ! Sachez que chaque achat d'esclave vous apportera des réductions sur vos prochaines transactions... Mais je m'écarte, car voici déjà arriver notre premier lot.
Elle s'éloigna un petit peu. Certains mirent un escarméra pour diffuser la vente d'esclaves, d'autres se contentèrent de la commenter, parfois dans des langages codés qui firent sourire la demoiselle assise sur le dos de esclave. Les habits de ce dernier étaient un peu abîmés. Elle n'en avait que faire. Se contentant d'observer le premier lot arriver, elle continua à observer la scène tandis que son larbin sembla se recroqueviller un peu. Alors qu'un silence de plomb semblait régner, les sanglots d'un des esclaves vinrent gâcher le début de la séance. Un vent froid et dédaigneux s'installa sur l'estrade tandis que plusieurs autres vendus tentèrent de calmer ses sanglots. Sirilla s'avança sans une once de bonté, et le prit par le cou.
- Ne pleure pas devant nos clients, saleté. Tu ne mérites pas de vivre, tu le sais ça ?! - Première mise à prix pour 400.000 Berrys ! Lança avec enthousiasme la personne qui s'occupait des enchères.
Sirilla se retourna et défigura Kilkrik. Ce dernier venait de lever une pancarte avec son numéro inscrit dessus. Il avait fait quatre gestes : les mises étaient ainsi choisies. Un geste pour 100.000 Berrys qui était la mise minimale. Qu'avait cet homme en tête ? Alors qu'il semblait si bien parti... Bah, on ne pouvait pas lui en vouloir de souhaiter des larbins. Un ancien chasseur de prime aurait besoin de personnel s'il voulait traiter dans la contrebande, et Sirilla n'était pas du genre prêteuse. Ainsi elle se remit au travail sans soulever. Avec le pleurnichard, personne n'allait vouloir de ces esclaves. La vente s'arrêta un court instant, et finalement une nouvelle mise à prix fut lancée. Elle sourit : « Ah, enfin ! ». 500.000, 800.000, 1.200.000... Cela ne monta pas plus haut. C'était déjà une belle somme pour des ratés. Et ils allaient directement dans les poches de Kilkrik qui venait de se faire nouveau subordonnés.
Quand les montants commencèrent à défiler, et sur les trois prochaines mises, le chasseur de prime en gagna deux et la demoiselle en robe une. Ils étaient allés jusqu'à 12.300.000 berrys pour un semi-géant avec un bras en moins. Certains avaient critiqué la vente d'un estropié, mais c'était mieux que de se retrouver sans aucune particularité. Alors arriva la jeune fille aux cheveux rouges sur la scène. Elle semblait plutôt calme, et son regard scruta la salle avant de s'arrêter un court instant sur la demoiselle qui était assise sur son esclave. Elle sembla l'implorer du regard, mais finalement ce fut Sirilla qui décida de commencer la vente par une prestation particulière :
- Danse, maintenant, femme.
Elle obtempéra malgré la réticence qu'on pouvait lire dans ses yeux, et tout à coup tous les regards furent captivés sur elle. La musique s'éleva alors pour accompagner les pas de la future esclave. Ce fut à ce moment-là qu'un large sourire traversa le visage de la jeune fille qui se leva, gardant son regard appuyé sur la danseuse. La fameuse Sera et sa danse de si bonne qualité. La fameuse Sera et sa danse aux allures de flamme qui emportait derrière elle l'unanimité des esprits. Chacun comprit qu'il ne pouvait pas en être autrement : cette femme si captivante devait être leur. Et lorsque la danse fut terminée, les pancartes se levèrent immédiatement, mais plus celle de Kilkrik. Il avait disparu, et une question résida dans l'esprit de Sirilla : comment avait-il pu échapper à cette danse si captivante ? Bah, elle l'avait remarqué aujourd'hui : les esclaves restaient une marque de faiblesse pour lui, et il aurait du mal à les vendre. Pourtant, c'était un commerce rentable... Et un très bon moyen de faire plaisir à la Pègre.
Lorsqu'il fut tiré par derrière, le chasseur de prime ne comprit pas ce qui lui arrivait. Son Haki de l'Observation, il l'avait oublié à peine quelques instants, ainsi il n'avait pas remarqué qu'il était vulnérable. Il sentit qu'il était dans la panade lorsqu'il vit l'esclave aux cheveux blonds retirer sa perruque. Il blêmit : les lentilles tombèrent à leur tour. C'était lui. L'un des chefs révolutionnaires dont les primes étaient sur les tableaux de chasse de ses compères. Erwin Dog.
Et soudain, le pire qui puisse arriver se produisit pour Kilkrik. Pour la seconde fois, le pire se produisait. | | | | |
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| Mer 29 Nov - 21:17 Le pire qui puisse arriver
Il était encore jeune lorsqu'il commença à chasser. Kilkrik ne connaissait pas réellement les tenants et aboutissants de cet art auquel son père l'avait initié avec son frère : ils n'étaient que deux petits garçons sans expérience de la vie, et quand on leur offrit la sagesse, la patience, liés à ce qu'ils considéraient comme une discipline à part entière, ils se décidèrent à s'entraîner jusqu'à plus soif de savoir et d'aventures. C'est ainsi que sur une petite île isolée du Nouveau Monde naquit la légende du duo de chasseurs : les inséparables Chasseurs de la Lune. Ils aimaient leur statut improvisé, et bientôt ils parcoururent les mers sur le navire d'une femme-pirate très autoritaire mais aussi très proche du jeune homme qui serait plus tard chasseur de prime. À cette époque, il se fichait de toutes les tâches qu'on pouvait lui donner. Il les considérait comme un entraînement.
Il découvrit son rapport aux femmes à fort caractère à cette époque, et ne put s'en détacher même jusqu'à présent. Ainsi, une fois qu'il arriva sur Paradise où son entraînement devait se poursuivre, il fut capturé avec son frère. Eux deux furent les cibles des mêmes personnes qu'il pensait être ses alliés : des pirates. Il se débattit des jours durant et finit par abdiquer. Ainsi, à la première vente aux enchères, quand son frère fut vendu et pas lui, il sombra dans une peine monstrueuse. Il aurait aimé partir avec lui, au lieu de devenir le prisonnier de son nouvel ami : la solitude. Tout ça parce qu'il était « moins baraqué », n'avait « pas de compétences particulières » et était « plus utile avec un pistolet entre les mains ce qui pouvait s'avérer dangereux. ». Il haïssait sa condition, et se jura qu'il s'en tirerait d'une manière ou d'une autre... Ce qu'il fit alors que quelques personnes lancèrent un assaut sur une salle de vente et qu'il réussit à s'en échapper.
Dans un premier temps, il voulut racheter son frère, sans savoir réellement qui le lui avait pris. Pour cela, il lui fallait de l'argent : il alla d'abord le chercher dans les primes des pirates et des hors-la-lois. Quand il réalisa que ce ne serait pas suffisant, il chercha ailleurs, cependant son seul talent étant la chasse, il ne pouvait qu'étendre ses proies. Les révolutionnaires et les hors-la-lois cherchaient à capturer des marines ? Il les y aiderait ! Il lui fallait alors se montrer discret, plus discret que jamais. C'est à cette époque qu'il rencontra son ami Hojo Liao, ou du moins c'était comme cela qu'il le considérait.
Après quelques années, son cumul de prime fut assez étonnant, mais il avait du mal à garder son argent. Kilkrik était quelqu'un de très dépensier, malgré son envie de retrouver son frère. Il s'était de toutes les manières rendu compte que c'était inutile : tout cet argent ne lui rendrait pas la personne qu'il avait aimé le plus au monde. Il ne faisait que combler un vide, depuis bien trop longtemps. Les Dragons Célestes ne cédaient par ailleurs pas leurs esclaves, et il était presque certain que cet homme se trouvait à Marijoa.
Et alors que passaient les années sous la triste idée que sa vie se terminerait sans qu'il ne sache jamais ce que son frère était devenu, des informations lui parvinrent. Des informations sur des puissants combattants qui avaient rejoint la marine, des héros ! Ghetis Archer, Taito Nowaki, et à côté de ces têtes d'affiches, un homme, un seul, un Contre-Amiral qui brillait de mile feux. Il le reconnut au premier coup d’œil. Il sut qui il était à la seconde où il posa son regard sur son visage concentré, pris sur le vif par un hors-la-loi mécontent. Son frère.
Ce fut le début d'une longue route vers le Nouveau Monde, où il tenterait de prendre contact avec lui. Et il réussirait. Le dédain s'afficherait sur les traits de ce frère qu'il avait tant aimé, et qui à présent le considérait comme un paria du fait des rumeurs qui circulaient à son sujet. Quand il en avait entendu parler pour la première fois, c'était pour la disparition d'un de ses collègues, et depuis le frère disparu des années auparavant vouait une haine sans bornes à celui qui l'avait laissé pour compte à cette vente aux esclaves. Cette situation était la pire chose qui pouvait lui arriver. Incapable de supporter ce regard, il organisa l'assassinat de son frère et de son équipage... Avec un plan qui consistait à tous les attraper puis à tuer uniquement celui qu'il avait aimé. Et la suite, tout le monde la connaît... | | | | |
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| Jeu 30 Nov - 15:25 Le plan qui consistait à tous les attraper
Il n'avait qu'une seule cible. Lorsque Maow Rockal l'avait appelé, Erwin avait déclenché l'opération « Chasser le Chasseur », un nom plus qu'original qui allait rejoindre les « Opération Voie Verte » et « Marchander avec les marchands » qu'il avait lui-même trouvé. Suite à cela, Katia s'était promis de ne plus jamais le laisser choisir les noms des missions : à en démoraliser les troupes ! Et alors qu'un contingent de l'Inquisition s'était rendu sur l'île, l'infiltration avait pu commencer. Dans un premier temps, il avait fallu questionner des personnes qui connaissaient Kilkrik de visu : cela n'avait pas été diffcile à trouver puisqu'il était l'un des plus en vus en ce moment sur Himitsu Shima. Il attirait tous les regards, et c'était bien là le problème. Avec un peu de temps de recherche supplémentaire, ils découvrirent l'existence de Sirilla et de son commerce, qui allait jouer en leur faveur.
Katia élabora alors un plan. Un plan risqué, mais un plan tout de même. Ils allaient investir une vente d'esclave, en profiter pour libérer quelques personnes et capturer Kilkrik en lui faisant porter le chapeau de la libération des esclaves. Ils acquiescèrent à ce plan sans savoir par où commencer, mais la stratège de l'Inquisition avait déjà une idée...
Il fallait se faire voir, il fallait se faire sentir. Ils se dirigeraient vers une taverne où Kilkrik était, en portant des capuches qui attireraient l'attention sur eux sans soulever d'interrogations particulières. Ils n'avaient pas prévu les sens de Sirilla développés qui permirent à celle-ci d'entendre les paroles de Katia tandis qu'elle marmonnerait de sa voix fluette quelques paroles étonnées. Et tandis qu'ils partiraient, ils les retrouveraient dans l'entrepôt qu'Erwin aurait localisé pour eux grâce à sa portée de Haki experte. Sera ferait alors l'appât, son rôle dans le plan étant essentiel. Et pour autant, Katia resterait tout le temps auprès d'elle : sous la forme d'un chat noir auquel personne ne ferait attention. Les rats étaient légions et il n'était pas rare d'observer les félins chasser leurs proies. Il fallait juste la protéger, ce que fit aussi Cid du haut de son perchoir.
Puis, quand Sera serait capturée, elle rejoindrait les autres esclaves pour la vente, et dévoilerait en privé ses talents spéciaux à Sirilla. « Quitte à être vendue, je préfère avoir quelqu'un qui prendra soin de moi. » avait-elle avancé comme argument. Si elle ne paraissait pas suspecte, c'était parce la contrebandière penserait avoir touché le gros lot. Et elle n'était pas si loin du compte. Alors que Maow s'infiltrerait parmi le personnel de la vente, Katia, Erwin et Hope entreraient déguisés dans l'endroit auquel serait dédié la vente. Ils avaient pu au préalable interroger un homme qui leur avait fourni une invitation dédiée à une personne absente ce soir là. Enfin, ils prirent le temps de poser une simple question : « À quoi ressemblent les coulisses ? ».
Encore une fois, un événement qu'ils n'avaient pas prévu jouerait en leur faveur : Kilkrik participerait à la vente, achetant des esclaves sans montrer d'air revêche. Quand la musique viendrait couvrir les bruits et que tous les regards seraient portés sur Sera, Erwin kidnapperait finalement le chasseur de prime tandis que Maow libérerait les esclaves après avoir mis hors service les escaméras. Il obtiendrait l'aide bienveillante du joli papillon qu'était Fay. Le plan n'était pas parfait, car il faudrait encore sortir. C'était là que l'ingéniosité de Katia faisait peur. Elle allait faire exploser une grenade dans la salle de vente. Kaboum ! Avec un timing précis et la ruée vers la sortie, personne ne ferait attention à elle et à son « garde du corps ». Ils pourraient tranquillement partir, tandis que Sirilla tenterait de reprendre le contrôle de la situation.
Quant à Sera, celle-ci aurait depuis longtemps regagné sa cage après avoir été achetée par une personne qui ne sortirait jamais son portefeuille. Et Kilkrik, pendant ce temps, serait tombé dans les mailles du filet. Il ne parlerait sûrement pas, mais il n'avait pas besoin de parler. Ils avaient tout le temps du monde pour l'interroger, patiemment. Pour chaque parole qu'il énoncerait, son esprit dévoilerait les souvenirs de sa vie de chasseur de prime. Ce qu'il savait, Erwin le saurait aussi. C'est pour cela que l'opération avait été renommée par Katia. Ce n'était plus « Chasser le chasseur » mais « Il nous le faut vivant » car c'était là le véritable objectif de toute cette mascarade. Il le leur fallait vivant. | | | | |
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Race : Humain
| Jeu 30 Nov - 15:52 Il nous le faut vivant
Il était cuit. C'était la fin des haricots et aucun dieu ne viendrait le sauver. Son teint blêmit à vue d’œil tandis qu'il se rappelait de la vie qu'il aurait aimé mener, en se remémorant de son enfance, en voyant au final sa vie défiler devant ses yeux. Allait-il devoir en finir ? Non, il n'était pas assez lâche ou courageux pour cela. Il n'avait pas l'objectif de mettre fin à ses jours, et s'il y avait une chance qu'on le libère d'ici quelques temps... Mais il pouvait d'abord tenter de s'enfuir. Sur un malentendu, ça pouvait passer, se dit-il. Il tourna le dos à Erwin, mais ce dernier avait déjà changé de position et s'était retrouvé derrière lui. Cette fois-ci, son teint devint translucide.
- Personne ne viendra t'aider, lâcha comme une sentence le rouquin. - Je... je ne veux pas. Pourquoi ?! Pourquoi moi... - Tu es le seul chasseur de prime susceptible de nous apporter les informations dont nous avons besoin, soupira le jeune homme au regard franc. Tu es juste tombé au mauvais moment, au mauvais endroit.
Un juron échappa à Kilkrik. Il sortit son arme mais elle avait déjà disparu de sa main. Il se retourna pour retourner dans la salle, et au moment où il cria le nom de sa collègue une ovation mit fin au spectacle de Sera. Ses jours étaient terminés. Une main l'attrapa et soudain, ce fut les ténèbres qui vinrent l'engloutir. Même s'il avait vu le coup venir, il n'avait pas pu le contrer. C'était là ses limites : il n'avait jamais pu contrer les coups que la vie lui avait envoyé. Il s'était toujours senti impuissant... Et à présent, il craignait que la chance qui lui avait permis de s'en sortir se soit épuisée.
La salle de vente était en émoi et les prix montaient à une vitesse folle pour Sera. La jeune fille était devenue la coqueluche du public en quelques minutes seulement, et finalement ce fut le « Vicomte » qui obtint les services de la belle. Son intermédiaire, un homme masqué d'une cinquantaine d'années au minimum, fit cependant une demande fort surprenante : il demanda à ce qu'elle vienne dans sa loge pour pouvoir déjà profiter de sa présence.
Le teint de Katia blêmit tandis que Hope fronça les sourcils. Il fit blanchir ses phalanges au moment où la jeune femme fut contrainte de quitter la scène. À n'en pas douter, elle allait subir un certain nombre de sévices s'ils mettaient trop de temps à la sortir d'ici. Les violences faites aux femmes étaient différentes en majorité de celles que les hommes s'infligeaient entre eux. Un abus sexuel était si vite arrivé... Elle hésita alors. Si elle se transformait ici, tout le monde la verrait et leur couverture serait foutue. Il lui fallait faire quelque chose. Elle déclencha alors son escargophone et lâcha d'une voix discrète : « Lancez-la maintenant ». Quand elle raccrocha, le regard de Sirilla était porté sur elle, mais de toute évidence son air interrogatif prouvait qu'elle n'avait pas tout entendu. Elles étaient trop éloignées l'une de l'autre. Lui adressant un sourire, Katia mima un air surpris quand une explosion vint faire s'effondrer le toit de la scène sur la contrebandière.
Elle se leva alors en criant, et tout le monde suivit le mouvement de terreur qui fut amené par cet événement. Les fauteuils furent bousculés, parfois bloquant le chemin des visiteurs. Celui qui venait d'acheter Sera laissa sa mallette sur le sol avec maladresse, abandonnant aussitôt son achat du jour pour garder la vie. La jeune femme profita de cette occasion pour fendre la foule et revêtir la capuche que Katia lui donna au passage. Quand ils furent sortis les membres de l'Inquisition s'occupèrent des chaînes qui bloquaient la jeune femme.
Ils quittèrent les locaux au même moment où le navire qui transportait les esclaves disparaissait dans les ténèbres de la nuit, et où Kilkrik serait porté disparu. Ce ne serait que quelques heures plus tard que Maow répandrait la rumeur disant que Kilkrik était responsable de ce tragique événement, et qu'il avait approché Sirilla dans ce simple et unique but. Un chasseur de prime pouvait avoir fomenté un tel événement, après tout... | | | | |
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