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Mauvaises graines ! [PV Reo Ashugari]
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Mar 10 Avr - 22:05


Au parc


Maman, je vais jouer dehors, avec mes copains !

Silence. Je passai le bout de mon nez derrière la porte de sa chambre. Maman ne dormait pas. Elle était seulement assise sur son lit, les yeux dans le vague, la tête lourdement posée dans ses mains. Elle était toute décoiffée, des nœuds plein les cheveux, toujours pas habillée malgré l’heure qui tournait. Elle ne regardait rien, elle ne disait rien, et on devinait aisément qu’elle ne pensait à rien. Elle était juste fatiguée, comme souvent, le matin. Après, ça irait mieux.

Mais avant de sortir, je courus dans la cuisine, sachant parfaitement comment la remettre d’aplomb. Me hissant sur la pointe de mes pieds, je tirai mon bras aussi loin que je le pouvais sur le plan de travail, pour attraper un verre. Je le posai par terre, à côté de moi, avant d’attraper, de mes deux mains, la grosse carafe pleine d’eau. Je versai maladroitement l’eau dans le verre, ne manquant pas d’en mettre plus à côté que dedans. La carafe, je la laissai par terre, aussi. C’était trop lourd pour la remettre sur la table. J’attrapai le verre dans mes deux mains, marchant tout doucement jusqu’à la grande commode du couloir en prenant garde de ne pas renverser de l’eau partout… vainement. A nouveau, je laissai le verre par terre. J’avais besoin de mes deux mains pour ouvrir le tiroir du bas. Il était plein de draps, et j’eus bien du mal à le tirer, même sur quelques centimètres. Mais j’en avais besoin, pour pouvoir ouvrir le dernier tiroir, plus léger, mais trop haut pour que je puisse l’atteindre, même sur la pointe des pieds. Une fois debout sur le premier tiroir, je fouillai l’autre de mes deux mains, pour trouver ce que je voulais : de petites pastilles blanches. J’en sortis une et la plongeai dans le verre, sans prendre le temps de refermer les tiroirs.

Je retournai jusqu’à la chambre de Maman, et, sans vouloir la déranger, déposai le verre au pied de sa porte, glissant mon bras derrière cette dernière pour qu’elle puisse le voir. Puis, je murmurai, pour ne pas lui casser les oreilles :

Je vais jouer, Maman.

Je repartis aussitôt, rassurée d’avoir fait mon devoir d’enfant, libre d’aller jouer, à présent. J’allais pouvoir rejoindre Pustule et Guigui ; d’ailleurs, ils devaient m’attendre depuis un moment. Je n’avais jamais été très ponctuelle. Pustule, c’était une femme-poisson un peu moche, parce qu’elle avait plein de verrues, mais super intelligente. Pas autant que Mamie Miu et Pépé Bunmei, mais quand même, elle savait plein de trucs sur tout ! Par exemple, elle m’avait appris que le jaune qui sortait des gendarmes, quand on les écrasait, c’était pareil que les crottes de nez. Guigui, lui, il avait un corps de serpent et deux têtes. Parfois, il les mélangeait. Il était un peu tête en l’air, mais je ne connaissais personne d’aussi doué pour les cascades. Il savait même faire la roue sur le toboggan du parc, sans tomber ! Et puis, tous les trois, on était heureux. Enfin moi, j’étais sûre que Guigui était un peu amoureux de Pustule, mais elle, tout ce qui l’intéressait, c’était de savoir tout un tas de trucs. Elle disait toujours que les garçons, ils comprenaient rien à l’amour, de toute façon. Quand elle disait ça, moi, je ne comprenais pas grand-chose. Et Guigui, il était trop timide pour dire quelque chose. Et ça le rendait un peu triste que Pustule ne soit pas amoureuse de lui ; mais quand même, on était heureux.

Et, en effet, ce jour-là comme beaucoup d’autres, j’étais arrivée en retard. Je m’excusai en arrivant, et nous pûmes commencer à jouer à trappette. Le plus fort, c’était Guigui, évidemment. Mais on rigolait beaucoup, parce qu’avec Pustule, on réussit à attraper Guigui pour le chatouiller. Il nous suppliait d’arrêter, gigotant dans tous les sens, mais rien n’y faisait. On l’avait attrapé !



Oh, regardez comme elle est mignonne… Les enfants, ça a une imagination débordante !

Brusquement, Pustule et Guigui s’arrêtèrent de rire. Tous les trois, on savait que la dame parlait de moi. Tous les grands, de toute façon, ils disaient toujours pareil, quand on jouait tous les trois : que j’étais mignonne, et que les enfants, ça avait une imagination débordante. Moi, je m’en fichais. Les grands ils disaient que des bêtises. A part Maman, Mamie et Pépé. Mais Guigui et Pustule, eux, ça les vexait beaucoup. Surtout Guigui ; il était déjà timide, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche en lui faisant comprendre qu’il était invisible. Seulement, les grands étaient cruels, et ils disaient toujours la même chose. Alors, pour défendre mes deux amis, je tirai la peau de mes yeux vers le bas, avec deux doigts, soulevai mon nez avec un autre, et tirai la langue à la dame, lui offrant ma plus belle grimace. Elle fit mine d’être choquée et s’en alla bien vite, nous laissant seuls et tranquilles, avec Guigui et Pustule. Bon vent !


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Mer 11 Avr - 10:17



Bol d'air

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.

La journée s’annonçait belle au matin sur la magnifique et plus que bien fréquentée île de Trader. Valdor, vampire de sang pur et gestionnaire d’une petite cour de semblables, s’était levé à une heure bien plus matinale qu’à l’habitude pour pouvoir régler quelques affaires sans être dérangé par les membres de son groupe. D’ailleurs, il n’avait que peu de travail en vue si l’on considérait le reste de la journée qu’il passerait à se détendre en compagnie de toute sa clique et de son épouse totalement dévouée. La seule ombre dans ce tableau parfait n’était finalement que son « erreur », l’habitant du second étage de l’aile Sud, l’enfant qu’il avait eu avec sa femme alors qu’il ne désirait pas. Pas qu’il le voit souvent mais ce sale mioche avait bien compris que son père ne l’aimait pas, que sa mère était prisonnière de ses sentiments et que sa famille maternelle n’était plus là pour s’occuper de lui. Depuis leur fuite du manoir maternelle, suite aux accrochages entre son père et son grand-père, le jeune Ashugari se sentait bien seul. Tous ces éléments mis bout à bout, le vieux Valdor avait bien compris la résolution de son fils : l’emmerder jusqu’à plus soif.

Ce matin-là, les choses semblaient calmes et le vieux prit sa pour une bonne nouvelle. Il s’installa à son bureau avec pour ambition d’en sortir sur les coups de midi, l’heure de levé de la majorité des vampires de l’endroit. Pourtant, sur les coups de huit heures, une certaine agitation se fit entendre dans les couloirs ; en particulier dans les couloirs de l’aile Sud. Si cette agitation ne pouvait être perçue par le maître des lieux, trop éloignée de sa zone de travail, elle lui parvint néanmoins une trentaine de minutes plus tard sous l’apparition affolée d’un serviteur, humain, dans son bureau.

- Maître ! Maître ! Nous avons perdu R… Heu enfin, Reo a disparu.


Problème majeur pour le patriarche, une saloperie d’humain venait de le déranger en plein travail et avait eu l’outrecuidance de ne pas frapper à sa porte. Après s’être levé et avoir tranquillement marché en sa direction, il lui attrapa la face et l’emmena au sol avec rage avant de planter ses crocs dans la nuque de la pauvre victime qui perdit lentement la vie sur le sol carrelé. Se relevant avec lassitude, il appela un des deux gardes qui gardait son espace de travail.

- Retrouvez moi le mioche, bougez-vous.


***



Mauvaises graines ! [PV Reo Ashugari] Enfant10



Pas de chance, Reo n’était pas parti à huit heures mais quatre heures avant et se baladait maintenant dans les petits quartiers de Trader, sifflotant gaiement au milieu d’une foule de saloperie d’humains faibles et idiots qui vaquaient à leurs occupations matinales. Ah quelle joie de venir se balader au milieu de tant d’incompréhension, de tous ces regards interrogatifs se posant sur lui et sur ses yeux rouges qu’il n’avait pas encore appris à cacher. Cette sous-race se rendait-elle compte de l’appartenance vampirique de ce jeune homme ?  Probablement pas, trop ignorants qu’ils étaient.

Enfin, quoiqu’il en soit, le futur Oroshi prenait un bol d’air bien mérité, loin des affres de la vie du manoir et des enseignements de son précepteur qui ne devrait plus tarder à venir le chercher ; enfin dans quelques heures.

Le sang pur avait douze ans, un âge où les gamins étaient cruels certes, mais s’amusaient encore à se courir après et à trainer en groupe dans les rues : quelle drôle d’occupation… Quoiqu’il en soit, et au fil de ses tergiversations, le jeunot vint à se promener dans un quartier beaucoup plus paisible où des voix d’enfants se faisaient entendre et embaumait le cœur de tous les badauds.

- Quelle bande de cons.


Quelle idée de s’extasier devant des petits cris et des franches rigolades de la part de gamin. S’il ne pensait pas encore à les vendre, trop jeune alors pour comprendre les joies et les profits de l’esclavagisme, il ne voyait aucunement l’intérêt de s’extasier devant ces petits êtres inutiles. Ah les gosses…

Il bifurqua alors en direction d’un petit parc et s’apprêta à y entrer, mains dans les poches et sourire aux lèvres, comme d’habitude.  




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Mer 11 Avr - 20:21


Jeux d'enfants



On dirait que c’était la guerre. Et nous, on doit battre le méchant, il s’appelle Quinze. C’est Quinze, parce que je sais pas compter au-dessus. Un, deux, trois, quatre, huit, sept, dix... quinze. Et aussi, c’est un numéro parce que c’est un fils d’un dragon, qui a eu plein plein pleeeiiin d’œufs. Alors ils ont mis des numéros dessus. Ma maman elle fait pareil avec les œufs de poule à la maison. Sauf que Quinze, il peut se transformer en plein de trucs et faire pousser des mitraillettes sur lui, parce qu’il a mangé un fruit du démon !

Guigui et moi ouvrions deux grands yeux ronds, alors que Pustule racontait l’histoire dans laquelle nous allions nous projeter. Encore quelques minutes, le temps d’affiner les derniers détails de ce monde imaginaire, et nous serions des soldats de l’armée de la paix, les trois héros de ce monde, appelés au secours par les plus grands dirigeants pour les sauver de la menace Quinze.

Guigui le Brave serait un courageux serpent volant chevalier, possédant l’épée à double tranchants la plus puissante de ce monde : Lygon, l’épée des rois. Elle était capable de prendre feu par la simple volonté de son possesseur. D’après Guigui le Brave, cette épée appartenait à la famille royale de son pays natal. Et lui, il était le dernier prince de son peuple, tous les autres étaient morts.

Pustule l’Evadée était une sorcière en qui personne n’avait confiance. Rebue de ce monde et ermite, on racontait qu’elle mangeait les enfants. Pourtant, dans le passé, cette vieille femme qu’elle était avait servi le monde en guérissant Guigui le Brave de la terrible maladie qui avait décimé son peuple. Mais elle avait été enfermée dans la plus grande prison de la Terre après avoir inventé l’arme qui causerait peut-être la fin du monde : le fruit du démon qu’avait mangé Quinze. Elle avait réussi à s’en échapper, c’était de là que venait son nom, mais personne ne savait comment elle avait fait. Et on ne l’avait jamais revue nulle part, on la pensait morte, jusqu’à ce jour, où elle promettait d’arrêter Quinze pour se repentir.

Et moi, j’étais Etsu, juste Etsu. Mais comme Pépé et Mamie, j’étais chimiste ! Et j’avais inventé plein de trucs pour battre Quinze. Je ne connaissais pas encore Guigui le Brave et Pustule l’Evadée, mais nous avions tous trois été appelés pour travailler ensemble et vaincre le terrible Quinze.

Le plan était simple : arrêter Quinze par tous les moyens. Mais le chemin était long, car son armée de mille gargouilles assoiffées de sang nous empêcherait de passer, même au prix de leurs vies ! Seulement, nous trois, nous étions des héros, nous ne craignions rien. Pustule l’Evadée et moi grimpâmes sur le dos du serpent volant, qui bondit dans les airs pour s’envoler vers l’antre de Quinze.

YAAAH ! YAAAH ! Guigui le Brave donnait des coups d’épée dans les gargouilles qui nous attaquait, les brûlant vives, pendant que Pustule l’Evadée leur lançait des sorts pétrifiants. Moi, je leur lançais des bombes que j’avais fabriqué. Poum ! Zioup ! Argh ! Attention, Guigui ! Nous courions dans tous les sens, nous battant sans relâche contre les terribles gargouilles, qui nous entouraient à présent. Mais Pustule leur lança un nouveau sort pour les éloigner. Plus vite, Guigui, plus vite !

Mais soudain, alors que nous allions atteindre la fameuse cachette de Quinze, je me pris la face en plein dans un bonhomme, avant de tomber sur les fesses.
 
Ouille !

J’avais très envie de pleurer, parce que j’avais eu peur. Mais je pus retenir mes larmes en remarquant que je n’avais pas de bobo aux genoux. Pas de bobos, pas de pleurs ! Je me relevai en même temps que mes yeux vers la personne contre qui je m’étais cognée.
 
Q… Quinze ?!


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Mer 11 Avr - 21:14



Ah tiens, une semelle

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.

Le vampire continuait sa petite promenade et entra donc dans le parc pour finalement trouver l’origine des cris d’enfants, qui n’étaient finalement qu’une seule et unique enfant, une belle petite fille aux cheveux roses qui arracha un sourcil arqué à Reo et une remarque bien sentie.

- Pourquoi elle court partout en gueulant cette conne...


De toute évidence, la petite vivait une aventure épique en compagnie d’amis qui, de toute évidence, n’existaient que dans son esprit. Si beaucoup semblaient amusés par la situation au sein de ce parc, ils ne restèrent pas bien longtemps à observer la gosse et tous repartirent vaquer à leurs occupations. De cette façon, aucun autre « adulte » que le sang pur ne vit la pauvre petite choupinette trop mignonne, selon la dernière dame qui était sortie du parc avec son chien, se prendre un tiers à l’histoire imaginaire qui se jouait dans son esprit. En principe, un tel choc se serait soldé par une excuse de l’enfant et un sourire amusé de l’adulte qui serait parti sans plus de cérémonie. Une situation d’une banalité folle qui exaspérait légèrement des personnes terre à terre comme le nocturne au plus profond de son âme : ces humains étaient tellement prévisibles. Il aurait aimé voir la petite s’énerver et mettre un énorme coup de boule dans les parties viriles de son obstacle ou encore le grand mettre une bonne tarte à la gosse, histoire de rigoler quoi.

Pourtant, son sourcil s’arqua une fois de plus lorsque le bonhomme décolla la gamine du sol avant de lui emmancher une méga-tarte dans la tronche et de la projeter au sol, action qui attira toute la sympathie du sang pur. Pourtant, le non-humain sentait quelque chose au fond de son petit cœur noir. De l’empathie ? Quelle idée ! De l’amour ? Evidemment pas. Un sentiment chevaleresque ? Une banalité aussi humaine, surement pas. Non, il devait avouer qu’il n’aimait seulement pas trop voir une saloperie de décharge immonde ne pouvant absolument rien faire de sa vie se faire plaisir sur un être qui pouvait éventuellement devenir quelque chose d’utile. Cette petite rose là, qui sait, peut-être que dans quelques années elle deviendrait une tueuse à gage, une marchande d’esclave, une chimiste renommée ou une pute : un truc intéressant quoi.

Aussi, lorsque le vieux s’avança pour continuer à distribuer des coups sur le petit corps de la gamine, il fut interrompu par une ombre provenant de sa gauche, se tournant dans cette direction, il ne vit qu’une chose.

- que… .


Ne pouvant aller plus loin dans la phrase, il dégusta copieusement un très bon morceau de caoutchouc, une semelle fine directement envoyé à l’intérieur de sa bouche et lui emmenant quelques dents au passage.

- Ah tiens, t’as bouffé ma semelle connard de déchet. Va falloir que je me rachète des pompes.


Si l’homme s’était étalé au sol comme une grosse merde, le jeune vampire se dit qu’il serait pêché de s’arrêter là. En enfant qu’il était, et en éternel enfant qu’il resterait, il regarde la gosse, sans trop savoir si elle était encore consciente ou pas, et entra dans son jeu. Il en avait entendu quelques bribes et avait donc eu l’essentiel des informations.

- Eh petite, je suis un chevalier vampire venu vous aider à défoncer la tronche de quinze.


Oui, même dans le jeu et dans l’imaginatif, un vampire de sang pur ne reniait pas la nature de son engeance. Il incarnerait donc un nouveau personnage, le quatrième membre de l’escouade envoyé par – bon il ne savait pas par qui – pour péter la gueule au démon – ou à tout autre chose que pouvait être ce quinze. Sans attendre, et fier de devenir le héros vampire de quelqu’un dans l’imaginaire de la gamine, passablement heureux également de défoncer la mâchoire du déchet toujours au sol, il ramassa la gamine pour la remettre sur ses pieds. Et si elle tenait debout, il lui indiquerait la marche à suivre pour magnifier la mise à mort d’un être comme Quinze. Le tout en mettant son pied sur la tempe de la victime, histoire de l’empêcher de trop bouger et de se relever.

- Bon, petite. Pour tuer quinze, le meilleur moyen c’est de taper fort dans son ventre. Alors, ce que tu fais, c’est que tu lui donnes des mégas coups de latte dans l’estomac jusqu’à ce qu’il vomisse du s… Heu tout le mal qu’il veut mettre sur le monde.


Comme pour illustrer la consigne, Reo donnerait alors un peu d’élan à sa jambe libre pour l’envoyer bien sèchement au niveau du foie de sa cible, entrainant alors un cri de douleur – ou un râle d’agonie du démon/dragon/seigneur des ténèbres/ou autre saloperie que pouvait imaginer la petite.

Si sadique… à douze ans seulement : quelle belle âme ce vampire.




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Mer 11 Avr - 22:25


A mort !


Hé… Héééé ! A l’aide ! Pustule, Guigui !

Mes pieds se décollèrent du sol sans que je ne puisse rien y faire. Quinze m’avait attrapée. Là, il s’était transformé en gigantesque homme, mais aucun doute, ses yeux ardents le trahissaient : c’était Quinze qui se cachait derrière cette peau flasque. J’essayai d’échapper à son emprise, remuant les pieds dans le vide pour fuir, en vain. Il m’avait eue… et il aurait raison de moi. Etsu Ando, la plus grandiose chimiste de ce monde, allait mourir. J’aurais sacrifié ma vie pour ce monde, sans pouvoir le sauver. Pauvre de moi !

Je vis la main du dragon s’élever haut dans les airs. Ses ongles étaient devenus des épines, prêts à me transpercer le cœur, et à m’ôter la vie. Je fermai les yeux, refusant de voir la mort m’emporter. Et, si je m’attendais à sentir ses griffes me fendre la chair, seule sa main arriva à plat contre ma joue. Ce qui suffit amplement. Du haut de mes quatre ans, je ne comprenais pas encore les plaisirs de la souffrance, et cette gifle, sacrément douloureuse, m’avait arraché de chaudes larmes.

OOOOOUUUUUUUUUUIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNN !

Quinze m’avait relâchée directement après, alors que je m’égosillais, roulant sur le sol sans pouvoir arrêter mes sanglots. Je le vis s’approcher pour continuer, mais moi, je ne voulais pas. C’était pas drôle, ça faisait trop mal, et j’avais drôlement peur. Il faisait peut-être trois fois ma taille, Quinze, et il était bien plus fort. Pustule et Guigui avaient beau essayer de l’attaquer, rien n’y faisait. Il continuait d’avancer vers moi, le regard plein de haine, plein de rage, prêt à m’en recoller une, quand le miracle arriva. Un garçon, sortit de nulle part, mis au sol le terrible Quinze d’un seul coup de pied. Hoquetant, je séchais mes larmes, le regardant faire avec deux grands yeux ronds, surpris, alors qu’il se présentait. Un chevalier vampire ? Je tournai la tête vers Pustule et Guigui, qui haussèrent les épaules. Puis, je remuai la tête : que j’étais bête !

T'es LE chevalier vampire ?! Et même que t'as battu tout seul toute l’armée de Quinze il y a cent ans ?

Mes yeux se mirent à briller. Le chevalier vampire, c’était une légende ! Encore plus effrayant que la sorcière Pustule, plus fort et courageux que Guigui. Mais pas meilleur chimiste que moi. En tout cas, il était venu me sauver. Je me relevai doucement, la joue encore rouge et endolorie par la gifle que j’avais reçue, écoutant attentivement les conseils de ce héros du passé. J’étais émerveillée ; quelle chance j’avais, de le rencontrer ! Ce n’était pas donné à tout le monde. Et moi, j’avais beau être l’une des trois héros du monde, jamais je n’aurais imaginé pouvoir rencontrer un homme aussi puissant.

J’acquiesçai d’un signe de tête, en le regardant faire, retenant automatiquement le genre de coup qu’il fallait porter à l’homme. J’attrapai des cailloux par terre, les secouant dans mes mains pour faire une réaction chimique, et les transformer en bombes. Pépé et Mamie disaient qu’on pouvait tout transformer ! Pustule lança des sorts sur Quinze, et Guigui l’attaqua avec son épée de feu, pendant que je lançai aussi fort que je le pouvais mes bombes sur son visage. Comme ça, il deviendrait aveugle, et il pourrait plus nous attaquer.

Tiens, tiens ! Prends ça !

Je lui tirai la langue, avant de bondir sur son ventre avec mes super chaussures-marteau, une autre de mes inventions. Je sautai, encore et encore, enfonçant mes pieds toujours plus fort dans son ventre sans me soucier de ses cris. De toute façon, c’était mérité ! Quinze, le grand méchant dragon, devait mourir !

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Jeu 12 Avr - 10:44



Quinze ... dents

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.

Finalement, et après de longs moments de réflexion et un certain pincement au cœur, le vampire dut se rendre à l’évidence : cette petite était quand même sympa. Loin de dire qu’il l’appréciait, il ne fallait quand même pas déconner, il la trouvait particulièrement douée et impliquée dans ses idées. Sans s’en rendre compte, elle torturait un homme avec la plus grande des joies et le plus grand des entrains. Plus encore, Reo devait lui reconnaitre un certain style dans la réalisation de ces petits bonds : réguliers, en plein équilibre, bien centrés sur les organes comme l’estomac ou le foie ; la petite était réellement faite pour la torture humaine. De plus en plus, une certitude prit place dans le cœur du vampire, si cette enfant conservait ses idéaux et ce style si spécial, elle finirait par devenir une personne intéressante. Tortionnaire à Impel Down, voilà un métier qui pourrait bien lui aller si elle prenait goût à la séance actuelle infligée à ce parfait inconnu.

D’ailleurs, l’inconnu en question était un dénommé Jack Kagu. Quadragénaire célibataire et sans enfants, il était un orphelin de la première heure. Fils de deux chimistes avec très peu de talent, il avait perdu le couple parental dans une explosion d’un laboratoire de drogues exploité par un groupe quelconque de hors-la-loi. Confié à un orphelinat de basse exaction, il a vécu une enfance solitaire et violente où il était souvent pris à part par la plèbe orpheline. Par la suite, il avait épousé une… carrière très souvent apprécié par les habitants de toute société : percepteur de l’impôt. Finalement, avec l’âge, la grisaille de l’âme et le sentiment de toute puissance apporté par sa profession, Jack avait développé une irascibilité rare chez l’humain. Il n’aimait pas les enfants, pas les adultes, pas les vieux, pas les animaux, les plantes l’ennuyaient et les relations humaines lui semblaient passablement inutiles. Seul son métier et sa petite vie étriquée et rangée lui offrait un simili sentiment de satisfaction, d’ailleurs au bureau, il était détesté mais tout le monde devait avouer qu’il rapportait énormément d’argent. Pas de délais de paiement,  pas d’exceptions aux contrôle, pas de pots de vin : il était irréprochable et impitoyable.

Alors, quand une saloperie de gosse braillard lui avait foncé dedans, sans s’excuser, en lui faisant renverser son café sur sa sublime cravate aussi grise que son âme, il ne pouvait se retenir et ça partait. Même lorsque le père se trouvait à côté, il lui suffisait de dévoiler son identité et sa profession et aucun parent n’osait alors réagir. Pourtant, cet argument de défense, s’il n’avait d’ailleurs pas eu le temps de lui opposer, ne servirait jamais contre une personne comme le sang-pur.

Quoiqu’il en soit, maintenant le pauvre homme, assez riche en réalité, commençait à cracher une quantité de sang non-négligeable sous un concert de complaintes étouffées par ses propres bulles de sang. Se trouvant dans un coin du parc à une heure trop matinal, les badauds n’étaient pas légion. Les propriétaires de chien étaient déjà rentrés après avoir fait uriner leur compagnon et les vieux se rendant au marché s’y trouvaient d’ores et déjà ; de telle manière qu’il ne restait plus grand monde. Et si la petite semblait s’amuser à mettre à mort ce démon millénaire que pouvait être Quinze, l’autre démon, bien réel cette fois, commençait à trouver ça lassant, donc, lui aussi, passa à l’action.

Prenant un peu de recul, il s’avança avec violence et envoya un coup de pied dantesque dans la mâchoire du percepteur d’impôt qui en perdit plusieurs dents. Etonnamment, Reo ne quitta pas des yeux les  perles jaunâtres qui tombaient de sa bouche et réitéra quelques fois pour finalement se stopper net après quelques coups.

- Voilà ! Il a perdu ses quinze dents de pouvoir, maintenant, on va le finir. Alors ce que tu vas faire, c’est que toi et les deux héros qui t’accompagnes, vous allez tuer le reste de son armée lezard en poste un peu plus loin. Moi, je vais me servir de mes pouvoir de chevalier vampire pour faire disparaitre Quinze pour toujours. Ok ?  


La zone de poste de l’armée se trouvait être une sorte de boule trouée où les enfants pouvaient s’amuser à entrer et ressortir au sein de l’espace de jeu. Si elle acceptait de suivre cette nouvelle directive de la part du guerrier de légende, ce dernier pourrait terminer cette affaire. Il comptait le tuer, ni plus ni moins.

Malgré son jeune âge, Reo n’avait absolument aucune considération pour la vie humaine et avait vu son père mettre à mort des dizaines et des dizaines de serviteur. Le jeune homme en avait lui-même tué quelques-uns, soit sur les ordres de son précepteur, soit pour son plaisir personnel et l’utilité qu’il pouvait en tirer. Alors, tuer une sale merde comme ce « Quinze » ne représentait finalement que très peu de souci. Autant éviter que les forces de l’ordre ne le retrouvent vivant et récupèrent des informations préjudiciables à la vie de chacun. S’il mourrait, on pourrait croire à tout sauf à un meurtre perpétré par deux enfants, surtout aux vues de l’étendue des blessures. Finalement, ses cours d’art martial étaient utiles au vampire qui remercia presque son père ; presque.

- Bon aller, va vite tuer les démons lézards pendant que j’emmène Quinze dans… heu… le puit de l’oubli !


Sans trop attendre, Reo attrapa l’homme quasi-inconscient par le col et le traina dans un coin végétal du parc, là où les gens ne pouvaient s’aventurer et le cala entre deux buissons avant de se pencher vers lui.

- Ah déchet… Je ne sais rien de toi et j’aime bien ton style mais bon. Tu ne vaux rien, bien moins qu’une seule goutte de mon sang alors je devais choisir entre toi et une éventuelle future tueuse en série ; qui commence bien dans la vie soit dit en passant. Je ne suis qu’un enfant après tout, j’aime les jeux et je ne mise pas sur toi. Tant pis.  


Il se saisit alors prestement de la nuque de sa victime et la fit tourner d’un coup sec, un bruit ô combien connu et significatif se laissa alors entendre ; apparaissant comme le glas de la vie triste et morne d’un personnage détestable. Enfin, le bon point restait qu’il n’allait manquer à personne.

L’ashugari récupéra son portefeuille et l’argent s’y trouvant, dans le but évident de se racheter des chaussures mais fut surpris par la quantité impressionnante de berrys qui pouvaient se trouver là. Il les glissa dans sa poche et retourna dans la zone piétonne du parc pour voir où en étaient les guerriers légendaires.



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Jeu 12 Avr - 23:04


Retour à la paix


Wouah ! Le légendaire chevalier vampire était surpuissant. Son coup de pied avait retiré les pouvoirs de Quinze. Pustule, Guigui et moi sautions de joie, dansant autour du dragon qui ne serait bientôt plus de ce monde. La victoire était déjà toute tracée. Passant à côté de sa tête en chantant « Qui a peur du grand méchant Quinze ? », je ramassai quelques-unes de ses dents dans mes mains. En les remuant, je les fis claquer entre elle, pour imiter de manière plus ou moins réussie le bruit des maracas.

Pourtant, le grand vampire me rappela à l’ordre : la guerre n’était pas encore gagnée. Il restait une armée entière à vaincre. D’ailleurs, il s’était trompé. Le lézard, c’était, au pire, Guigui. Même si c’était un chevalier serpent volant. Alors je le corrigeai :

L’armée de gargoouuuilleuh !

Mais bon, ce n’était qu’un détail ; il fallait quand même tous les éliminer. En laisser un seul en vie, c’était laisser un peu de Quinze en vie. Toutes ces gargouilles, Guigui, Pustule et moi, on allait en faire de la bouillie ! J’adressai un salut militaire au vampire, bombant le torse, avant de courir vers mes ennemis. Puis, d’un coup, je bondis dans les airs. Des super ailes venaient de me pousser dans le dos. C’était parce que j’avais inventé une boisson énergisante, encore plus que le jus d’orange, et tellement qu’elle était énergisante, elle faisait pousser des ailes !

Je jetais un coup d’œil derrière moi, apercevant le chevalier vampire traîner le seigneur du mal avec lui pour le jeter dans le puit de l’oubli. Quand ce serait fait, enfin, la vie reprendrait son cours normal, dans un monde en paix. Mais je ne devais pas m’en occuper tout de suite. Si je me laissais déconcentrer, je risquais gros.

Mais soudain, je me souvins que j’avais en ma possession les quinze dents du pouvoir. La tentation était forte, trop forte. Pustule et Guigui le remarquèrent, et me crièrent de ne pas faire ce qu’ils pensaient. Même si ça pouvait permettre de vaincre l’armée à coup sûr, c’était trop dangereux. Je les regardai, eux, mes amis. Serait-ce de la traitrise, si c’était pour sauver le monde ? Peu importait, j’étais prête à tous les sacrifices. Sans hésiter, je lançai les dents du pouvoir dans ma bouche.

Amh… ARF ! Eurf, eurf !

Je les recrachai aussitôt, manquant de m’étouffer avec. En plus, c’était dégoûtant. Elles avaient un goût de moisi, et elles étaient trop dures pour mes petites quenottes. Tant pis, on ferait sans les dents du pouvoir ; ce qui rassura Pustule et Guigui, d’ailleurs. Mais quand même, elles nous permettraient de battre l’armée, ces dents.

Regardez, on a les dents du pouvoir ! Quinze va mourir ! Vous avez perdu ! Ahahahah !

Et ça avait marché. Déstabilisés par la nouvelle, les gargouilles perdirent la volonté de se battre. Leur chef était condamné, à quoi bon continuer ? Ils n’avaient plus qu’à mourir, eux aussi, maintenant. Et nous, les trois héros, aidés par le chevalier vampire, nous jubilions de cette victoire. Pustule envoya ses sorts les plus puissants pour venir à bout des gargouilles, pendant que Guigui les tranchait en cube avec son épée de feu. Et moi, je leur lançai des bombes, encore… il y avait beaucoup de cailloux, dans le parc.

En tout cas, le retour du seigneur vampire annonça la fin de la guerre. Parce que dès qu’il nous rejoint, sa puissante aura écrasa toutes les gargouilles qui restaient. Même s’il en restait pas beaucoup, puisque quand même, avec les copains, on était forts. Je volai dans sa direction, lâchant par terre mes dernières bombes, pour nous féliciter de cette victoire :

Quinze a perdu ! Et les gargouilles aussi ! Et on a gagné ! Merci, Chevalier Vampire ! T’es trop fort !

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Ven 13 Avr - 0:35



Toujours plus loin, vive le jeu de rôle

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.



Le vampire revint au centre du parc avec les poches pleines de tunes fraichement volées sur un cadavre encore chaud. Mais après tout, quoi de plus normal pour un seigneur vampire destructeur et sauveur de l’humanité que d’obtenir une bourse pleine de pièces d’or de la part d’une bande de villageois en adoration, heureux de pouvoir vivre dans pérennité pendant les années à venir. Il n’était pas le héros d’une génération mais bel et bien de multiples générations à travers les âges nan ?

Il s’approcha donc de ses collègues de bataille et se mit à prendre le jeu de rôle instauré pour le pousser plus loin, beaucoup plus loin. Pour les humaines adultes, une gamine qui jouaient avec des amis imaginaires dans un parc, c’était mignon. Mais une gamine innocente jouant avec un gamin étrange d’une douzaine d’année, lui aussi entrant dans le jeu des deux copains inexistants pour faire chier son monde, c’était beaucoup emmerdant. Or, emmerder l’humanité semblait être un rôle que gérait particulièrement bien le jeune vampire, rien que l’exemple de son père au quotidien était probant. Il en revint donc aux trois héros de légende et tendit quelques berrys à la petite rose, à peine un trentième de la somme qu’il avait pu récolter, fallait quand même pas déconner.

- Bon jeune héroïne, je viens de trouver les villageois sur le chemin, ils m’ont donné la récompense pour avoir sauvé le monde. Tiens, c’est votre part à toi et à tes amis. Alors, tu me les présentes ?


L’Ashugari entrerait alors pleinement dans le jeu de la petite et viendrait à serrer la main imaginaire du paladin serpent à deux têtes et à faire la révérence la plus élégante possible devant la sorcière pustule. Puis enfin, quand tout le monde se serait présenté au grand tueur de monstre, au grand seigneur vampire.

- Je vais vous étonner mais j’ai un prénom, je ne m’appelle pas « Seigneur vampire légendaire », ça c’est mon nom de famille. Non, je m’appelle Reo en fait ; Reo Seigneur vampire légendaire.


Puis, après sa propre présentation, il porta la main à sa poche et tâta le portefeuille bien plein et se dit qu’il ferait aussi bien de le dépenser, ses parents et précepteurs opéreraient probablement un prélèvement à la source. Parfait, cela irait encore plus loin dans son projet de faire chier le monde. Les petits héros, et surtout la seule existante réellement, semblait apprécié grandement le petit monde qu’elle s’était créée. Elle venait quand même de mettre un homme aux portes de l’inconscience en croyant punir un démon éternel, alors qu’elles étaient réellement ses limites ? Reo, toujours heureux de voir les limites de l’âme humaine, explorait pour la première fois de sa vie les recoins beaucoup moins étriqués du cerveau et de la candeur d’un enfant, et quel plaisir. Ces petits êtres n’avaient donc aucune gêne, aucun tabou et aucune limite ? Parfait, lui non plus.

La violence, c’était fait et c’était passé avec une facilité plus que déconcertante, la petite semblait d’ailleurs y avoir pris un certain plaisir. Mais alors, quelle suite pour une telle épopée ? Que pouvait bien faire une héroïne des temps passés pour gagner en réputation ou pour sauver le monde, une fois de plus ? Reo allait-il encore ôter la vie d’un homme ? Possible, ça serait d’ailleurs particulièrement sympa.

Quoiqu’il en soit, en regardant la gosse et en se plaçant dans ce monde primaire, fantastique et médiéval, un éclair de génie illumina le ciel nuageux qu’était l’esprit du vampire.




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Sam 26 Mai - 21:24


Bonbons ou vieux ?



 
Oooooh, merci, Chevalier Vampire !

Mes yeux brillèrent quand ils découvrirent la petite somme que venait de nous offrir le seigneur vampire. Avec ça, on pourrait s’acheter au moins… cinq bonbons ! Du coup, ça en faisait deux pour moi, et… je savais pas trop compter, alors Pustule et Guigui se débrouilleraient avec ce qu’il resterait.
 
Elle c’est Pustule, c’est une super sorcière trop forte qui lance des sorts, et lui c’est Guigui, un chevalier serpent avec une épée en feu ! Et moi, c’est Etsu.

Pustule me bouscula un peu l’épaule, amicalement, pour me faire comprendre de ne pas faire ma modeste. Après tout, même si j’étais un peu nouvelle, moi aussi j’étais importante dans l’équipe. Je savais plein de trucs en chimie, alors c’était important de le faire savoir au vampire.
 
Je suis chimiste ! avouai-je en rougissant. Et même que quand je serai grande, je serai la plus forte chimiste du monde ! Comme Pépé Bunmei et Mamie Miu !

Au moins, tout était dit. Je retenais mon souffle, par peur que le Chevalier Vampire ne me reproche de me vanter, mais il n’en fit rien. Au lieu de ça, il se présenta à son tour, très sobrement, expliquant qu’il s’appelait Reo Seigneur Vampire Légendaire.
 
C’est un peu long, comme nom, lui fis-je remarquer.

Mais qu’importait, c’était lui le plus respectable et le plus ancien des guerriers, je n’avais aucun reproche à lui faire. Mais puisqu’il nous dévoilait son prénom, j’imaginais qu’il serait plus simple de l’appeler Reo que « Seigneur Vampire Légendaire », qui, à la longue, devenait fatigant. D’ailleurs, plongée dans un débat avec moi-même sur le thème « Seigneur Vampire Légendaire est-il un nom prononçable ? », je m’élançai dans un test pragmatique :
 
Seigneur Vampire Légendaire, Seigneur Vampire Légendaire, Seignor Vampi Légendar, Seign Vampi Légenda, S… Ouais, Reo c’est plus facile !

Enfin, il fallait revenir aux choses sérieuses. Quinze était vaincu, alors, que nous restait-il à faire, à présent ? Quinze mort signifiait, à quelques choses près, que le jeu était terminé. Nous devions trouver une autre occupation pour la matinée. Deux idées me vinrent naturellement à l’esprit, que je proposais de partager avec Reo, s’il souhaitait toujours nous suivre :
 
Maintenant, si tu veux, on peut aller chez Pépé Bunmei et Mamie Miu, ou on peut aller acheter des bonbons !

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Lun 28 Mai - 10:57



Festoyons !

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.


Alors que Reo allait proposer de se rendre à la taverne pour boire de l’hydromel en guise de fête de victoire et dans le réel but de saouler une enfant de quatre ou cinq ans, il reçut une présentation en bonne et due forme des deux autres membres de ce trio de guerrier suprême. Il acquiesça donc à chacune des personnalités qui lui étaient présentées avant de tendre la main vers les figures imaginaires pour conforter la petite rose dans son délire imaginaire. S’en suivit alors plusieurs pérégrinations sans réelles importance, des remarques d’une gamine de quatre ans qui n’était pas si inintéressante que ça et même plutôt distrayante. Finalement, son projet de beuverie fut avorté définitivement lorsque l’enfant lui proposa deux alternatives plus adéquates pour un être humain de son âge.

Si son caractère vampirique lui faisait pensé que « acheter des bonbons » ou « rendre visites à des vieux » étaient des activités bien trop humaines pour être appréciables, mais la volonté de faire enrager son père fut plus forte que tout. Jamais son immortel de père n’aurait l’idée d’aller faire chercher sa saloperie de progéniture dans une échoppe de gourmandises sucrées ou dans la maison d’un couple de personnes âgées. Enfin, sauf si Reo avait eu une petite faim et qu’il avait décidé d’aller bouffer de la chair peu fraiche. Quoiqu’il en soit, toujours charmé par l’hypothèse d’emmerder son précepteur et son patriarche, il décida de suivre la petite et de poursuivre le jeu. Comment ça le jeu était fini ? Le jeu n’est jamais fini.

- Nous devons célébrer la victoire, allons acheter de la nourriture de qualité ! On doit aussi passé chez l’armurier, Quinze a bouffé une de mes chaussures. Tu pourras m’y conduire après ?  


D’apparence, le jeune suceur de sang avait décidé de se calmer et, éventuellement, de ne plus prendre la vie de qui que ce soit. Malgré tout, toute personne connaissant un peu l’énergumène, même à cet âge peu avancé, savait qu’il n’était pas l’homme, ou le vampire, le plus honorable. Au contraire, l’Ashugari appréciait le désordre, le chaos et tout autre état global qui pouvait mettre les humains dans un état de stress avancé. Il réfléchissait donc à la possibilité de retourner les événements à venir pour qu’ils soient plus intéressants, plus enrichissants et bien plus sympathiques d’un point de vue vampirique. Finalement, si l’alcoolisme d’un enfant avait dû être abandonné, une seconde idée de génie parvint à l’esprit du jeune adolescent aux crocs acérés.

- Tu sais, on raconte des histoires sur le marchand de bonbon. En fait, on dit que ça serait l’héritier d’un dieu qui cache les bonbons de puissance quelque part. L’humain qui mange ces bonbons devient le guerrier le plus fort de l’univers pour toujours, on devrait peut-être les voler pour que tu puisses les manger. Malheureusement, le vendeur est trop fort, il a le pouvoir de la lumière des dieux, c’est le seul pouvoir qui peut me tuer. Alors j’ai une idée à te proposer.  


Le meurtre et la violence étaient des choses appréciables, bien autant que le vol d’une certaine manière. Qu’il pouvait être doux et agréable de délester un pauvre marchand de ses biens sans rien lui verser en retour. Alors, un sourire carnassier sur le visage, l’air plus qu’enjoué d’un charisme de Seigneur Vampire Légendaire, Reo offrit sa proposition à la petite.

- Je te propose de lui voler les bonbons de puissance. Je m’occuperai de le distraire pendant que Pustule, Guigui et toi vous vous emparez des reliques.


En réalité, pour faire diversion, il suffirait au non-humain d’assommer le vendeur de bonbon ou de se jouer de lui en prétextant une commande d’importance ou autre dépense d’argent exceptionnelle qui ne pourrait que totalement attirer l’attention du marchand. Il ne savait pas ce que pourrait trouver la petite rose en guise des « bonbons de puissance » si elle acceptait sa mission mais elle faisait suffisamment confiance à l’imagination de la petite pour lui rapporter quelque chose d’incroyable et d’inattendu. Au pire, la gosse se goinfrerait de bonbon dans le dos de l’innocent commerçant et ça serait toujours quelque chose de pris sur le chemin de la perversion.

Pervertir l’âme innocente d’un enfant, quelle belle et noble activité.




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Mar 29 Mai - 23:34


A l'attaque !



 
Pas de soucis !

Sans prendre le soin de vérifier l’état de ses chaussures, j’avais accepté de rendre ce service à Reo. Je ne connaissais pas d’armurier dans le coin, et n’étais pas sûre de savoir ce que signifiait « armurier ». Néanmoins, à quelque chose près, « l’armurier » ressemblait à s’y méprendre à « la Murielle ». Et la Murielle, c’était la dame du quartier d’à côté, une cinquantenaire solitaire un peu bizarre, que ma mère m’avait formellement interdit de voir. Mais là, c’était le Seigneur Vampire qui le demandait, et après l’aide précieuse qu’il nous avait fournie, je ne pouvais pas refuser. La Murielle, Mumu pour les intimes, pour personne d’un aspect psychique, et pour tout le monde à la fois, car la Murielle, malformée de naissance, avait les tétons qui lui poussaient comme des champignons, partout sur le corps. Et les tétons, c’était quand même un peu intime. Les petits seins qui lui poussaient sur le front, les bras, les jambes, le ventre, le dos, partout, étaient connus pour leurs montées de lait incessantes. Ainsi, très vite, elle avait trouvé le moyen d’en tirer parti, et s’était mise à vendre son lait sous toutes les formes : lait, fromage, yaourt, et savons pour peaux sensibles. Tout y passait ! Enfin, de toute façon, on n’y était pas encore, chez la Mumu.

Avant que je ne puisse l’y conduire, le Seigneur Vampire me proposa une autre quête. Le marchand de bonbons que j’aimais tant, si proche ami de ma petite famille, s’avérait être un dieu, ou quelque chose du genre, qui détenait des bonbons de puissance. Avec ceux-là, c’était certain, Pustule, Guigui et moi, nous n’aurions plus jamais à craindre les attaques d’un Quinze. Nous devions à tout prix mettre la main dessus, avant que des êtres malavisés ne s’en emparent.

Je fronçai les sourcils, me mettant au garde à vous devant Reo. Pour cette nouvelle mission, il pouvait avoir confiance en nous trois. Le marchand de bonbons avait bien caché son jeu, jusqu’à présent. Mais grâce au Chevalier Vampire, il était démasqué. Nous pourrions dérober les bonbons de puissance et sauver à nouveau le monde ! Le plan était simple. Du moins, jusqu’au mot « relique ». Pressée d’agir, je ne lui demandai pas de quoi il s’agissait ; on verrait les détails plus tard.

Sans attendre, mes deux compagnons et moi-même nous étions mis en route pour la confiserie, au pas de course. Nous étions prêts à nous battre, jusqu’au sang, s’il le fallait. Persuadés que le vampire nous suivait, nous ne prîmes pas la peine de nous retourner pour vérifier sa présence. Après tout, il était l’élément clé de cet assaut. Pendant que nous nous emparerions des bonbons de puissance, il s’occuperait de combattre le marchand. Sa présence était donc obligatoire.

En quelques minutes, nous atteignîmes la confiserie en question, plus déterminés que jamais. Je poussai la porte de mes deux petites mains, et dus m’y reprendre à deux fois à cause de sa masse, trop importante pour une gamine de mon âge. D’ailleurs, la deuxième fois, le marchand était poliment venu me la tirer, m’ayant repérée depuis derrière la vitre. Donc il nous espionnait… Je ne savais pas comment, mais il devait déjà être au courant de nos plans. Sans hésitation, Guigui, Pustule et moi sautâmes derrière le comptoir, sous les yeux du confiseur. S’il le fallait pour retrouver les bonbons de puissance, nous dévaliserions toute la boutique.

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Désolée à toutes les Mumu
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Mer 30 Mai - 11:48



Vol oui, mais avec violence !

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.

La chose sympa avec les enfants humains, et probablement les petits êtres de toute autre race vivante et doué d’un minimum de sens cognitif, était le fait qu’il n’avait pas de limites. Une jeune âme était même capable de mettre sa vie en jeu si on lui promettait quelque chose qui en vaut le coup ; une chose sucrée très souvent. Finalement, cet état des choses amusait plus que de raison le jeune vampire qui, bien qu’étant encore un enfant lui-même, n’avait jamais été aussi idiot. Voler une pauvre épicerie pour seulement quelques bonbons prétendus magiques, quelle idiote cette gamine. Elle était candide, comme tout gosse de son âge, elle était simplette, comme tout gosse de son âge, elle était têtue et obstinée, comme tout gosse de son âge ; mais Reo voyait en elle le moyen de briser sa monotonie quotidienne dans laquelle le plongeait le manoir familial. La suivant d’un pas mesuré - un vampire ne courait pas pour si peu – l’Ashugari ne pouvait s’empêcher de détourner le regard de sa tignasse rose.

Etait-il amoureux de cette petite fille ? Jamais une blague ne l’aurait fait tant rire s’il l’avait entendu. Non, il ne ressentait aucun sentiment d’amour, d’amitié ou d’attachement mais considérait cette petite comme son jouet, éventuellement comme son animal de compagnie au mieux. Cette petite rose était le chien qu’il n’avait jamais eu et qui était prêt à mordre à la première occasion sur l’ordre de son maître. Il suffisait seulement de tourner l’ordre d’une façon à ce qu’il paraisse plausible pour l’enfant : pas bien compliqué donc. Si le futur Oroshi ne pouvait s’empêcher de penser à l’urgence du remplacement de ses chaussures, portant toujours la trace de dent de l’autre con, cette visite chez le confiseur le mettait en joie. Peut-être pourrait-il le frapper ou le séquestrer ? Mais dans un premier temps, Reo avait prévu de jouer le rôle d’un passant lambda venu pour acheter des sucreries, histoire d’améliorer son jeu d’acteur face aux humains.

Enfin, lorsque la petite se fit ouvrir la porte après avoir échoué lamentablement à plusieurs reprises devant l’œil exaspéré de dégoût du suceur de sang, ce fut au tour de Reo de profiter de l’ouverture pour se glisser à l’intérieur de l’échoppe sous le regard bienveillant et le sourire commerçant du vendeur. L’homme en question semblait connaitre la gamine étant donné qu’il ne lui dit rien en la voyant courir vers un coin du magasin, par contre, devant l’inconnu aux yeux carmin, le confiseur engagea son discours commercial. Proposant toutes sortes de friandises aux goûts divers et exotiques, il alla même jusqu’à proposer au sanglant de faire une dégustation de ses produits préférés, chose à laquelle le jeune adolescent répondit d’un simple :

- Pfff...


Le non-humain se moquait éperdument de ces saloperies de bonbon et ne faisait que garder un oeil sur la gosse qui semblait s’évertuer à trouver des bonbons différents des autres : les bonbons de puissance. Mais suivant le regard de son invité, le vendeur se tourna alors en direction du groupe de héros légendaire pour vérifier ce qu’ils pouvaient bien faire. Enfin, surtout Etsu étant donné qu’elle était la seule personne qui existait réellement.

Dans tous les cas, Reo commencerait par laisser faire, mais si le vendeur se mettait à hausser la voie ou à défendre sa marchandise en proie à être volée, il viendrait à lui attraper la tête pour l’éclater dans un des bocaux de présentation. Un bon coup à l’ancienne que son père utilisait de temps à autre et mettant en scène la tête d’un esclave humain et certaines des pièces en porcelaine de la maison. Si le vendeur ne disait rien, Reo lui éclaterait quand même la tronche, son petit jeu d’acteur commençait à le gaver, d’autant que son interlocuteur utilisait un ton mielleux et particulièrement rebutant. Une fois l’homme dans les vapes, des morceaux de verre dans la peau, le Seigneur Vampire Légendaire offrirait à ses trois subordonnés un banquet à volonté. Guigui, Pustule et Etsu pourraient dévorer autant qu’ils le désiraient avant de partir rejoindre un vendeur de pompes, le tout, à l’œil.

Au final, si le vol était une activité sympathique et ludique, le vol avec violence en était une nettement supérieure.



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Jeu 7 Juin - 23:39


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Tranquillement, derrière le comptoir qui nous surpassait d’une vingtaine de centimètres, mes deux compagnons d’armes et moi-même entamâmes les recherches. De quoi pouvaient bien avoir l’air ces bonbons du pouvoir ? Arc-en-ciel et camaïeu de friandises se mêlaient ; leurs couleurs tonnaient avec le jaune des meubles, et chaque gourmandise avait son éclat pour attirer un peu mieux l’œil vers elle. Je ne savais plus où donner de la tête, et je commençais à saliver. De couleurs, il y en avait autant que de formes et de goûts. Je le savais déjà, il n’était pas rare que le marchand m’offre un nouveau bonbon à goûter, quand on venait avec Maman. Ma tête oscilla, pour chasser cette pensée : tout ça, ça n’avait jamais été que pour m’amadouer. Et pour amadouer Maman, aussi, parce que si elle avait su qui il était vraiment, elle lui aurait cassé la figure. Ca, c’était sûr. Maman, elle aimait pas les méchants.

Mais à cette heure, Maman n’était pas avec nous pour combattre le mal. Heureusement, le Seigneur Vampire était là pour jouer ce rôle. En fond, le marchand et lui discuter de toutes les bonnes choses à acheter ici. Enfin, c’était surtout le vendeur qui parlait. J’eus peur, l’espace d’un instant, que Reo se laisse attendrir par les douceurs du marchand. A quoi pensais-je ? Le grand chevalier vampire, se faire avoir par un vulgaire serviteur du mal ? Aucune chance. Je devais me concentrer sur les bonbons, plutôt. Pustule et Guigui avaient déjà commencé à fouiller les bocaux. Je m’activais à mon tour, profitant de toute cette mise en scène pour chiper quelques poignées de sucre. A ce moment-là, le marchand jeta un coup d’oeil vers moi, me faisant les gros yeux.
 
Dis-donc, toi ! Depuis quand est-ce que tu voles ?! Ta mère ne serait pas fière de toi.

Je fronçai les sourcils, les joues gonflées par ma gourmandise, immobile face à lui. Tout en avalant mes réserves, je plongeai la main dans un nouveau pot, sans lâcher du regard l’homme, et remplis à nouveau ma bouche autant que je le pouvais.
 
Hé, petite pes… !

Je vis Reo lui bondir dessus et en profitai pour retourner vaquer à mes occupations, dos à la scène. Le vampire n’avait pas besoin de l’aide des copains et moi, pour vaincre celui-là. Il avait déjà vu bien pire avec Quinze. Alors, Pustule, Guigui et moi nous étions concentrés sur les bonbons du pouvoir, comme prévu. Faute de réussir à les trouver de vue, nous les goûtions tous, pour savoir si certains faisaient la différence. Soudain, j’eus l’idée de fouiller dans la caisse du marchand. Je n’y trouvai que quelques pièces, rien d’intéressant, mais les pris avec moi au cas-où. L’idée était de prendre tout ce qui nous passait sous les doigts, et de montrer notre butin à Reo. Lui, il saurait sûrement ce que ce serait, les bonbons du pouvoir.

Ainsi, après quelques longues minutes passées à vider tous les bocaux dans de petits sacs, nous retournâmes vers le héros de guerre. Après avoir sauté au-dessus du corps inerte du marchand, sans trop y prêter attention, je lui tendis les miens, trois grosses poches remplies à ras bord de friandises, plus une pleine de monnaie et billets de la caisse. Attendant le verdict, j’observai la réaction du vampire, les yeux grands et ronds, ayant bien du mal à cacher mon excitation. Avec tout ce qu’on avait pris, j’étais persuadée de la réussite de la mission !


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Je mettrai une image plus tard !
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Lun 11 Juin - 11:57



Du verre, du sucre et des pompes !

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.
Eh bah voilà… Finalement cet abruti de marchand avait fait un mauvais choix en débutant la pire des choses pour un enfant : une leçon de morale. Techniquement, il n’avait pu la poursuivre bien longtemps étant donné que sa tête avait été attrapée bien vite après le début de sa tirade pour venir s’éclater dans un bocal rempli de bonbons ronds et colorés. Si le contenu n’avait pas attendu bien longtemps avant de s’étendre sur le sol, et si les morceaux du contenant s’étaient en partie plantés dans le visage de la victime, ce dernier avait eu la résistance suffisante pour rester debout. Le chevalier vampire incarné par le véritable vampire de la scène, s’il était doté d’une force supérieure issue de sa race, se faisait maintenant rattrapé par la « faiblesse » de sa jeunesse. Seulement âgé de douze ans, il n’avait pas la possibilité de déglinguer un adulte aussi simplement si ce dernier avait une constitution solide, même si c’était une saloperie d’humain.

Pourtant, ce constat de semi-faiblesse ne perturba pas le principal intéressé qui se mit à sourire devant son nouveau jouet chancelant devant lui : contrairement à sa première victime de la journée, il allait pouvoir s’amuser un peu avec celui-ci. Il évita donc en se baissant la simili attaque désorientée et maladroite du marchand pour ensuite venir lui coller un coup de pied au niveau de la rotule gauche. Titubant vers les étagères sans tomber, le vendeur de confiserie se rattrapa tant bien que mal à l’une de ses étagères de bonbon pour rester debout, le tout en cherchant à reprendre ses esprits. Le regard flou, il ne vit qu’une masse aux contours peu précis s’approcher de lui avec vivacité avec quelque chose dans la main. L’instant d’après, un second bocal de bonbon, moins rempli que le premier, venait lui éclater en pleine face et entrainait finalement sa chute au sol. Pour finir le travail en bonne et due forme, l’Ashugari envoya un coup de chaussure mâchonnée dans la tempe de sa victime pour le plonger dans les limbes de l’inconscience. Le pauvre homme se réveillerait quelques heures plus tard, des bouts de verre partout dans la tronche, ne se rappelant plus vraiment ce qu’il s’était passé et ayant notamment totalement oublié la présence de la petite Etsu. Pour lui, un jeune homme aux allures sombres était entré dans son magasin et lui avait cassé la gueule sans trop de raison.

Quoiqu’il en soit, fier de son succès et de l’état du marchand, Reo put enfin reconcentrer son attention sur la petite rose qui venait de terminer son casse. Elle lui présentait friandises et argent sans trop faire de distinction probablement. Le seigneur vampire légendaire inspecta les trouvailles et notamment la somme d’argent que la petite avait pu subtiliser toute seule comme une grande. Il jeta un regard distrait vers les bonbons et en remarqua un qui n’était pas similaire aux autres, une sorte de boule nacrée.

- Ah voilà c’est celui-là.


S’il mimait un tant soit peu d’excitation pour faire entrer la gosse dans son jeu de rôle, le futur Oroshi avait choisi ce bonbon en particulier par pur dépit vu qu’il se foutait complétement du fond de l’affaire. Il avait manipulé une jeune enfant pour lui faire commettre un larcin et c’était finalement la chose la plus importante. Puis, s’il ne faisait donc que peu de doute qu’Etsu allait dévorer le bonbon de puissance, son interlocuteur attrapa l’argent et commença à compter. Il n’y avait pas grand-chose dans la caisse du marchand, bien moins que dans les poches de « Quinze ». Il tendit donc le fruit du larcin à la voleuse en chef et fit preuve d’une grande bonté d’âme : c’était un héros légendaire après tout !

- Garde cette récompense, nous avons encore sauvé le monde, les villageois ont dû placer cet argent là pour te remercier en vue du sauvetage que tu allais faire avec tes amis. Vous êtes de grands héros, et avec ça tu pourras t’acheter… du saucisson.


Plaçant ses mains sur ses hanches et prenant une pause héroïque destinée à faire briller les yeux de son acolyte, le sang-pur contempla le résultat de son coup de sang avec une certaine joie : la destruction et le chaos avaient quelque chose de particulièrement apaisant après tout. Son tour d’horizon de la zone lui fit se rappeler que la journée n’était pas finie et qu’il fallait maintenant poursuivre leur épopée vers le vendeur de chaussure. Ne se rappelant plus qu’il avait qualifié cela « D’armurerie », il se contenta de partir sur des choses plus basiques.

- Bon, on va chercher mes pompes maintenant ? Je te suis !


Des pompes ? Quel rapport avec la Murielle ? Plus qu’à espérer que le cerveau candide et enfantin de la petite fasse un lien sinon ils n’étaient pas près de partir de la boutique ! Si elle faisait un lien ou trouvait une destination précise, Reo retournerait la pancarte en sortant de chez le confiseur pour indiquer simplement que la boutique était « fermée ».




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Mar 26 Juin - 16:31


La boutique de Mumu


Mes yeux étincelaient devant le bonbon de puissance. Alors que le vampire le tenait dans ses mains, je tournais autour, louchant dessus, émerveillée comme s'il s'agissait d'une pierre précieuse. D'ailleurs, c'était pour ça que je la regardais sous tous ses angles : Pépé Bunmei, il faisait pareil, quand il analysait des pierres. Peut-être qu'il y voyait des secrets, dedans. Moi, je devais m'avouer ne rien voir d'autre qu'un bonbon tout ce qu'il y avait de plus normal, même s'il était plutôt beau, dans sa robe blanche. Mais même s'il n'avait rien d'extraordinaire, je m'extasiai de la puissance qu'il représentait, d'après Reo. Et lorsqu'il me le tendit, je le fourrai en vitesse dans ma poche. Hors de question qu'un être malavisé ne tombe dessus à nouveau ; je devais en prendre grand soin. Et puis, je n'avais aucune envie d'avoir d'aussi grands pouvoirs. Je comptais bien tester le bonbon et lui faire subir de multiples expériences, pour tout comprendre de lui. Tout comme Mamie Miu et Pépé Bunmei l'auraient fait. J'avais l'intention de le tremper dans du bicarbonate de soude et du vinaigre. C'était l'une des seules expériences que je savais faire. Le mélange des deux créait une sorte d'émulsion qui ne semblait jamais s'arrêter. C'était drôle, parce que ça dépassait toujours du peau, quand je versais le vinaigre. Je savais pas doser. En tout cas, le bonbon finirait à un moment ou un autre dans un tel mélange.

Et si l'argent offert par Reo ne m'intéressait pas plus que ça, étant donné que j'en avais assez pour quelques friandises, l'idée d'acheter du saucisson m'enchanta beaucoup plus. J'en salivais déjà.

 
Merci Seigneur Vampire !m'écriai-je en admirant la bonté et la grandeur du personnage.

Quant aux pompes, je n'étais pas sûre que la Mumu vende les siennes. Elle en avait besoin pour tirer le lait de ses bêtes ; on ne m'avait pas dit qu'il s'agissait de son propre lait, sûrement pour éviter de me choquer. Je savais juste que je n'avais pas le droit de la voir parce qu'elle était folle. Quoi qu'il en fut, nous n'avions qu'à essayer. De toute manière, l'autre fromager habitait trop loin pour que je prenne le risque d'y aller sans Maman. Ainsi, je prenais la route pour chez Mumu. Elle n'habitait pas loin de chez moi. Il fallait repasser d'ailleurs devant ma maison, pour accéder à la rue de derrière, où habitait Murielle.

Si le vampire m'avait suivie, cinq minutes suffirent à nous mener à la boutique de Murielle. L'endroit ne payait pas de mine, c'était un commerce comme tous les autres, à ceci près que seul le néant l'habitait. Pas un chat devant la vitrine, ni même derrière. A croire que la nature elle-même évitait la créature, qui, plus que du cauchemar, relevait de l'impossible tant sa constitution n'avait rien d'euclidien. Revenons-en à la boutique – la Mumu n'était pas encore visible. Un bois clair ornait coquettement le verre de la vitrine, derrière laquelle on présentait diverses bouteilles de lait, de tailles variables, des yaourts, et quelques fromages secs ou crémeux, avec de petits crottins, comme ceux que l'on faisait avec le lait de chèvre. Seulement, cet endroit, à la différence de toutes les autres fromageries, ne vantait ni le lait de chèvre, ni celui de vache ou de brebis, ni de quelconque animal de bétail, mais bel et bien le lait d'humain. Je ne savais pas encore lire, mais j'eus l'occasion de repasser bien des fois devant cette petite entreprise, plus tard, et d'y déchiffrer le grand écriteau peint sur la vitre : «  Au bon lait de Mumu ». Derrière cette présentation, tout à fait banale, en apparence seulement, un rideau bleu pastel masquait l'intérieur du magasin. Mais même sans jamais y avoir mis les pieds, je devinais sans peine que derrière le tissu, l'intérieur devait ressembler en toute part à la vitrine : du fromage et autres produits laitiers partout, en vente dans tout le magasin.

Sans moins de difficultés que dans la boutique de bonbons, je poussai la porte d'entrée, qui, cognant une clochette, la fit sonner, et par de petits pas timides, je pénétrai les lieux. Contrairement à mes préconceptions, il n'y avait pas que de la vente, à l'intérieur. Un amas de tuyaux, certains en métal, d'autres en verre ou toute autre matière translucide, se croisaient, tourbillonnaient, traversaient la pièce de part et d'autres plusieurs fois, fusionnaient parfois pour se séparer plus loin, passaient par des fours ou quelques cellules chauffantes, d'autres tièdes, d'autres froides ; et finalement, tous ces canaux se regroupaient en un seul imposant qui se dirigeait vers l'arrière-boutique, d'où on pouvait entendre, derrière les cliquetis d'une machine automatique, un ronflement continu, comme si on aspirait, toutes les cinq ou six secondes, la même quantité de fluide, sans s'en lasser.

Pffsch... Pffsch... Pffsch... Pffsch...


Je jetais un coup d'oeil à Pustule, Guigui, pas très à l'aise dans une telle industrie, puis vérifiai la présence du Seigneur Vampire à nos côtés. Après tout, c'était lui qui voulait venir, et tant qu'il était avec nous, rien ne pouvait nous arriver. Ne manquait plus qu'à trouver la Mumu. Même si je me doutais de sa présence dans l'arrière boutique, la timidité et la peur m'empêchèrent d'appeler. Là, je comptais vraiment sur Reo.

***

Je m'éveillai, une migraine terrible me retenant durant de longues minutes au lit. Bordel. De l'eau, me fallait de l'eau. J'avais aucune idée de l'heure, mais à en juger l'éclat de la lumière qui perçait mes volets, il devait être midi. Merde, la gosse. Ma petite princesse. Elle avait pris l'habitude de se nourrir seule, le matin, lorsque j'étais pas capable d'assurer le petit-déjeuner. Ca craignait un peu, je gérais pas. Ca me faisait mal, de me dire que ma gamine pouvait même pas commencer la journée avec sa mère ; et c'était de ma faute. C'était la faute de la gueule de bois, même. J'étais une meilleure mère avec un peu de vinasse dans le sang. L'alcool, il y avait que ça de vrai. D'ailleurs, dès que la volonté de me lever vint enfin, je me dirigeai en vitesse vers la cuisine. Du moins, je trébuchai d'abord sur un verre d'eau, pestant une injure, avant de remarquer la petite pastille qui se trouvait à côté. Un bonbon à la menthe. Je ne pus m'empêcher de sourire, en voyant comme mon petit bijou prenait soin de moi, même avec toute la maladresse qui l'animait. J'étais certainement pas la meilleure des mères, comme toutes ces cruches qui sortaient fièrement leurs gosses en montrant comme ils étaient de bons petits singes, à faire tout ce qu'on leur disait. Mais quand je voyais comme mes gosses étaient bien, je me disais que j'étais loin d'être la pire. Et le plus important de tout, ces petites attentions me prouvaient qu'ils m'aimaient. Et ça, c'était de loin le plus beau cadeau, pour une mère.

Quoi qu'il en fut, une fois à la cuisine, bien hydratée par un grand verre d'eau, suivi d'un verre de rouge, je reprenais un peu de punch. Il me semblait me souvenir qu'Etsu était allée jouer dehors, ou quelque chose du genre. Je ne me faisais pas de soucis. Même si on vivait sur Trader, notre quartier était loin d'être de ceux qui craignaient. J'allais lui préparer un bon repas avant d'aller la chercher. Du moins, c'était l'intention que j'avais, avant de la voir par la fenêtre passer devant la maison, accompagnée d'un gamin d'environ dix ans son aîné. Ca m'aurait pas plus dérangée que ça, s'il avait pas eu une gueule qui me revenait pas.

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Dans la deuxième partie, c'est Gaya (la maman d'Etsu) qui parle. Je mettrai une image pour que ce soit plus clair !
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Mar 26 Juin - 18:41



Horreur sur Trader

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.
Après le petit épisode plus que sympathique de la confiserie, Reo ne put que suivre religieusement la petite Etsu vers ce qu’il pensait réellement et sincèrement être un magasin de chaussures. Malheureusement, l’esprit candide et probablement un peu fantasque de cette enfant l’avait poussé vers une autre extrémité qu’était à boutique devant laquelle se trouvait maintenant le vampire. En regardant la devanture, l’Ashugari ne comprit pas vraiment ce qu’il en était. « Au bon lait de Mumu », quel était le rapport entre ça et un magasin de pompes ? Et puis, tous les fromages et divers produits laitiers en présentation lui faisait encore plus douter de la réelle destination de leur future aventure. Pourquoi diable la gamine l’avait emmené dans un endroit où l’on vantait les mérites du lait d’hum…

Reo emboita immédiatement le pas de la petite Etsu lorsque celle-ci ouvrit la porte et découvrit donc, en même temps qu’elle, l’appareillage total qui se trouvait un peu partout dans la salle et qui trouvait sa source dans l’arrière-boutique. L’espace d’un instant, il eut un doute : une femme faisait-elle des produits alimentaires avec sa propre production ? La chose amusait, intéressait mais aussi rebutait le sang-pur à un point qu’il était plus que difficilement possible d’imaginer. Lui- même, capable de chose peut admissible par l’esprit humain n’avait jamais pu penser qu’un tel être et qu’une telle activité abjecte pouvait exister. Il se posta donc devant le groupe de chevalier et se pencha pour finalement arriver au niveau de la petite rose.

- Ouah tu as trouvé l’antre de la …. Laitière. Tu devrais sortir, on dit qu’elle peut pétrifier n’importe qui d’un seul regard, moi c’est pas pareil, je suis un vampire, je suis immunisé.  


Il était sadique, il lui manquait des cases même à son âge et il n’avait pas vraiment de limites mais là, il ne pouvait pas, c’était au-dessus de toutes ses forces. S’il savait que sa propre curiosité le pousserait à pousser la porte de la salle de traite, il ne pouvait se résigner à présenter un spectacle d’une telle horreur à une enfant. Certes ce tableau pourrait la traumatiser à vie, certes elle pourrait tomber dans la dépression et l’alcoolisme à seulement quatre ans, ce qui serait louable et intéressant, mais ça… c’était probablement trop.

- Attendez-moi dehors, je reviens, je vais parler avec elle pour qu’elle ne nous dévore pas.


Quel nombre de conneries avait-il pu raconter depuis le début de la journée avec ces histoires de jeu de rôle. Alors, sans trop regarder si l’alchimiste de bataille l’écoutait, Reo avança dans la pièce et finit par pousser la porte pour découvrir la dénommée Mumu. Et à peine se tournait-elle vers lui que le sang-pur ne put retenir l’écœurement qui était le sien. Cette femme était horrible, abjecte, une erreur de la nature tant et si bien que le suceur de sang pensa immédiatement à mettre le feu à la boutique avec sa propriétaire à l’intérieur. Il ne put mettre en place ce plan que déjà un haut le cœur le frappa et le fit vomir à l’entrer même de la salle cachée. Refermant immédiatement la porte sans demander davantage son reste, il courut en-dehors de l’échoppe où il espérait retrouver la petite Etsu. Alors, il lui confierait une mission, un ordre éternel qu’elle devait toujours suivre.

- Rentre jamais là-dedans, jamais rien vu d’aussi dégueu. Pourquoi on est venu ? Elle vend des chaussures elle ? Quinze m’a abimé ma paire de chaussure, je voulais juste en acheter des nouvelles.  


Peut-être aurait-il dû le dire aussi clairement dès la première fois ?

***


Dans le parc où Quinze avait trouvé la mort quelques instants plus tôt, un homme avait flairé l’odeur du sang et venait de trouver le cadavre de la bête démoniaque, enfin un homme ; un vampire plutôt. Apparemment, il s’approchait de la proie, la piste était encore passablement fraiche. Le fils du maître n’était pas loin, il devait le retrouver.





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Le précepteur de Reo est sur ses traces !
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Mar 26 Juin - 20:39


Quand les adultes s'en mêlent


Je vidai ma bouteille d'une traite, histoire d'avoir les idées claires. Ma petite s'éloignait avec ce gosse, qui avait en tout point l'air d'un junkie. Putain, il avait pas intérêt d'avoir entraîné Etsu dans de sales histoires. A quatre ans ! Quel genre de personne pouvait faire ça ? Rien n'était sûr, mais d'habitude, Etsu allait jouer au parc, et n'en bougeait pas tellement. Là, les deux petits se dirigeaient vers un quartier qu'elle n'avait pas l'habitude de fréquenter. Je n'aimais pas l'idée d'interdire à ma fille d'avoir ses copains, mais un truc clochait clairement. Si mes soupçons se confirmaient, il allait falloir faire comprendre à ce type qu'il n'avait pas intérêt d'approcher ma fille à nouveau.

Alors que les deux enfants prenaient déjà une autre rue, j'enfilai en vitesse ma robe de chambre, encore en pyjama. Et comme à chaque fois qu'on est pressé, impossible de retrouver mes chaussures. J'en avais pas cinquante paires, et j'avais pas vraiment le réflexe de tout ranger bien à sa place, à chaque fois. Du moins, il m'arrivait de me coucher à des heures tardives, et à ces moments-là, j'avais pas vraiment la tête à ranger correctement mes petites chaussures dans leur petite boîte. Parce que ça me faisait chier. Mais là, ça me faisait encore plus chier. Et merde, pourquoi je prenais le temps de les chercher ? Comme si c'était urgent. Je dévalai le petit escalier de notre pas-de-porte, manquant d'y glisser et de m'y cogner la tête. C'était pour ça, les chaussures : courir en chaussons, ça n'avait jamais été une tâche aisée. Tant pis. Eux, ils ne couraient pas ; tant que je les gardai en vue, tout allait bien.

Ce ne fut que lorsque je les vis s'approcher dangereusement de la boutique de cette cinglée de Murielle que l'inquiétude monta d'un cran. Il allait vraiment la faire rentrer là-dedans ? Ce petit con ne payait rien pour attendre. Si ma fille, mon enfant, mon petit bébé ne mettait qu'un seul pied dans cette boutique, il le regretterait.

Dès que je pus enfin atteindre la porte de cet enfer et y entrer, un frisson de malaise me parcourut. Rien que de penser que la Mumu se cachait quelque part par-là, ça me faisait froid dans le dos. J'osais à peine imaginer que ma fille ait pu la voir, cette pensée était bien trop malsaine. En tout cas, alors que je venais d'entrer, Etsu était en train de parler au gamin, la voix tremblante et, je le devinais, les yeux embrumés :

Mais tu m'as dit que tu voulais des pompes ! Je veux partir, je veux partir ! Maman veut pas que j'aille ici !

Je découvrais ma fille terrorisée, mais elle n'avait certainement pas vu la Mumu – sa réaction aurait été bien pire. Je devais d'ailleurs empêcher que ça n'arrive.

Etsu ! Qu'est-ce que tu fais ici ?!

Ma petite bondit vers moi, et je l'attrapai sans peine dans mes bras, la serrant tout contre moi. Mon pauvre bébé, traîné dans les boutiques sombres de Trader par cet enfoiré de gosse. Je ne manquais pas de lui envoyer un regard noir, blottissant ma toute petite dans mes bras pour la rassurer.

Maman, Maman ! répétait-t-elle en hoquetant.


Qui t'es, toi ? Et pourquoi tu amènes ma fille dans un endroit pareil ?

Je retenais ma colère, car ma mission première était de consoler Etsu. Je ne cessais d'ailleurs pas de la cajoler, la berçant pour lui faire comprendre qu'à présent tout allait bien. Ca ne m'empêcha pas de poursuivre, sans laisser le temps au gamin de répondre :

Ne l'approche plus jamais. Allez Etsu, on rentre, j'ai pas envie de croiser l'autre... déglinguée.

Il avait de la chance que je tienne Etsu, car j'avais foutu des roustes à d'autres gamins pour bien moins que ça. Prenant la route pour rentrée, je sentis ma petite s'agiter dans mes bras. Elle avait plus ou moins séché ses larmes, mais, toute silencieuse, avait remué la main pour dire au revoir au gamin. Je tournai le visage vers elle. Elle lui souriait.

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C'est Gaiya (la maman d'Etsu) qui parle.
Et j'ai pris la tête de Gaiya vieille pour les dialogues, mais évidemment elle est plus jeune à cette époque !
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Mar 10 Juil - 10:05



Aventure épique

Je ne le fais pas par plaisir, enfin pas uniquement.
Alors qu’il sortait de l’une des expériences les plus traumatisantes de sa vie, le jeune vampire dut maintenant faire face à l’incompréhension. Entre la gamine qui pleurait alors qu’elle l’avait elle-même emmené ici et ce qui était apparemment la mère de la gosse qui gueulait parce que sa fille était entrée dans la boutique. En d’autres termes, le sang-pur se trouvait aux anges, prit entre deux feux nourris qu’il ne pouvait peu ou pas combattre et qu’il n’avait pas spécialement envie d’affronter. Il regarda donc la mère d’Etsu d’un œil sadique, le mine froide.

- Pas besoin de s’énerver, je voulais juste acheter des chaussures, Etsu a mal compris ma demande et nous a emmené ici.


Pourtant, même s’il s’expliquait calmement, Reo avait une envie dingue qui montait en lui, quelque chose qu’il ressentait de plus en plus depuis ces derniers mois et qui le poursuivrait réellement toute sa vie : l’appel de la mort et du sang. Cette pouffe avait osé hausser la voix sur lui, une simple humaine simplement bonne à dormir si tard qu’elle en oubliait sa fille. Son regard se durcit, ses yeux rouges brillèrent d’une lueur maligne et bientôt ses canines se firent voir de l’humaine. « Ne plus approcher sa fille » hein ? Elle serait bientôt orpheline et aurait besoin de l’Ashugari pour survivre. Il allait lui montrer à cette femme ce qu’était la puissance et la noblesse du sang vampirique. Il s’apprêtait à bondir sur elle, au-dessus de la petite rose dans ses bras, directement à la nuque pour la vider de son sang d’une traite et lui faire payer son insolence, il allait s’élancer lorsque soudain.

- Ah Reo, tu es là...


Une voix qui entraina une perte totale de sourire et une légère glaciation du sang du principal intéressé. Apparemment, si Gaiya avait été sur la trace de sa fille, le précepteur vampirique avait été lancé sur celle de son élève. Ce dernier n’appréciait pas plus les humains mais ne voyait pas l’intérêt de les massacrer à tour de bras au milieu même de leurs quartiers. Il se tourna donc vers la matriarche, comprenant que Reo s’apprêtait à faire une bêtise.

- Chère Madame, croyez bien que je m’excuse pour le comportement de mon jeune élève. Il est assez indiscipliné et ne respecte personne d’autre que lui... Je m’en vais le ramener à la demeure familiale si cela ne vous dérange pas.


Alors, le chien au service du père de Reo inviterait ce dernier à la suivre en direction du manoir familial, un si bel endroit, si plaisant. En passant devant la mère et la fille, Reo adresserait un dernier sourire malin à Etsu, en souvenir de cette aventure épique qu’il venait de vivre. Elle avait permis le passage à tabac d’un homme, avait participé à la mort d’un autre… une enfant prometteuse.

- Garde ton courage, guerrière légendaire.


Il suivit alors son précepteur et disparut au détour d’un ruelle, une fois à la maison il serait simplement enfermé dans sa chambre et rabroué par celui qui était venu le chercher.




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