La Gorge Polaire… Montagne se dressant au milieu des flots tourmentés… Volcan cracheur de neige provoquant régulièrement avalanche et chute de météores blancs… Pour s’en protéger, les habitants de cette île horrifique avaient construits leurs villages dans des cavernes formés par des ponts de pierre recouvrant lesdites villes qui étaient au nombre de trois : Torgoth, Arzula et Vanectodie. Pour accueillir les navires, un système d’écluse avaient été mise en place dans les baies de chacune des cités. La population se nourrissait principalement de Thorulas Aenorada, une plante grise poussant dans la neige et dont les fleurs formaient parfois des champs au milieu de cette mer blanche. Ses pétales permettaient de faire des médicaments et les tiges de faire une soupe au goût âpre et certains plats végétariens, l’immensité neigeuse rendant très compliqué la chasse. C’est donc avec une certaine joie qu’ils commencèrent à cultiver des fruits et légumes suite aux débuts de l’importation.

La dernière fois, Aggaddon était venu ici en quête d’informations sur Argunis, son ancien précepteur, ce qui l’avait conduit à affronter les bandits résidant dans une forteresse protégée des éruptions par un grand pic : Haar De Roc. Il y avait croisé un vieillard qui ne comprenait rien à ce qui se passait : Nils Gratz. Le Médixès était resté sur l’île quelques temps cependant, afin d’étudier la légende de la transformation de l’île de geyser de magma à enfer polaire ainsi que la faune, la flore et la géologie des lieux. Il avait ensuite fui suite à l’arrivée de chasseur de prime, les Kérubiens. C’était une famille ayant construit tout une petite association de chasseurs autour d’eux et qui se moquait des factions des cibles. Ils étaient prêts à amener une tête de gouvernementale à la pègre ou le cadavre d’un pirate à la Marine. Cependant, le mathématicien était parvenu à tuer le jeune fils prometteur de la nouvelle génération. Les Kérubiens avaient été envoyé par South Blood, une organisation criminelle de South Blue qui en avait après Aggaddon et un de ses collaborateurs à cause d’événements survenus quelques années auparavant.

Alors que l’eau descendait dans le bassin, laissant le sloop du Médixès atteindre les quais de Torgoth, le souffle caverneux souleva la chevelure du savant. Vazguardia, la compagne de voyage du mathématicien, quant à elle découvrait cette île étrange par bien des aspects pour la première fois. Aggaddon comptait bien mener à terme son étude cette fois. Un sourire malicieux pointa sur son visage alors que ses yeux se posait sur les quelques hauteurs du volcan qui était visible malgré le plafond-pont de la grotte.

Aggaddon jeta un regard en arrière vers les maisons en planches de sapin dont l’isolation était assurée par des bottes de pailles. De nombreuses maisonnettes était pourvu de cheminée, mais on voyait pourtant peu de feu allumé. Un groupe de vaches vivaient paisiblement à l’ouest de la ville dans un enclot voisin aux cultures alimentaires. Sous cette zone, creusé dans la pierre, se trouvait une grande fonderie servant à apporter de la chaleur à toute la ville, ainsi qu’au végétaux et animaux au-dessus. Un système de canalisations avait été placé dans la roche pour apporter, grâce à un système de turbines et de pompes, l’air chauffé dans les habitations du village. Cela n’avait pas beaucoup changé depuis sa dernière visite. L’air étant apporté à l’intérieur des demeures, les magasins extérieurs servaient à monnayer d’autre moyen de se réchauffer afin de faire vivre l’île.

Le Médixès adorait le froid. Ce natif de North Blue se sentait en parfaite communion avec le caractère polaire de cet océan souvent redouté. Pour sa part, il avait connu les affres de la chaleur à South Blue et avait appris à encore plus profiter du vent glacial roulant sur sa peau pâle. Un sourire le gagna alors qu’il commençait son ascension vers Haar De Roc en surveillant le volcan du coin de l’œil. L’autre fois, il était en éruption pendant son ascension. Cela était encore plutôt récent sans l’être trop, l’éventualité d’une nouvelle fureur éruptive était plutôt minime statistiquement parlant. Il se demanda si l’on avait retrouvé les cadavres des combats menés à l’intérieur. Il avait abattu les deux survivants, préférant éviter de laisser deux personnes impliquées en vie, même s’il s’agissait d’alliés désarmés.

La mer blanche de neige caressait ses jambes de sa froideur douce et agréable qui permit à Aggaddon de profiter un peu du moment. Le mathématicien de réviser mentalement un peu d’algèbre topologique en attendant d’atteindre le sommet. Ce qui permettait d’atteindre le théorème de Seifert et Van Kampen ! C’était un sujet fort intéressant. Il commença par les produits libres et sommes amalgamées de groupes, en notant au passage la propriété universelle des groupes libres et du produit libre, avant d’arriver au dit théorème : soit X un espace topologique muni d’un recouvrement formé de deux ouvert U et V tels que U, V et leur intersection soit connexes par arc, on considère les injections canoniques i_U de l’intersection entre U et V dans U, i_V de la même intersection dans V, j_U et U dans X et j_V de V dans X, elles induisent un diagramme commutatif dans lequel les groupes fondamentaux sont pointé en x_0 dans l’intersection de U et V et où l’homomorphisme f est une conséquence de la propriété universelle de la somme amalgamée de groupes et la précision donné par ce théorème est que f est un isomorphisme de groupe. Il repassa dans sa tête les trois ou quatre pages de démonstrations de la preuve en continuant son ascension.

Le mathématicien avançait en fixant son premier objectif, Haar De Roc. Il souhaitait avant tout voir si des gens avaient déblayé les cadavres datant du massacre engendré par quelques manipulations et l’affrontement contre un des hommes au service d’Argunis, l’ancien précepteur du Médixès que ce dernier souhaitait retrouver et éliminer. Il avait préféré ne pas demander en ville si certaines personnes avaient des nouvelles des brigands. Même s’il serait aisément parvenu à dissimuler son implication dans leur extermination, cela aurait pu amener les villageois à monter une expédition pour aller inspecter la forteresse d’obsidienne construite avec la pierre volcanique d’éruption datant de l’âge où cette montagne ne crachait pas de la neige, mais bien de la lave.

Les yeux d’Aggaddon se posèrent alors sur des taches noires différente de la structure sombre alpine. Pour un habitué des montagnes tel que lui, discerner des éléments se détachant du blanc immaculé de la neige était plutôt aisé. Il ne restait plus qu’à savoir s’il s’agissait d’animaux ou de personnes, les arbres ne poussant pas sur ce volcan, les avalanches des éruptions les arrachant aisément en plein milieu de leur croissance. Il décida d’accélérer le pas pour se rapprocher.

Au bout d’un moment, la neige tombant des cieux ne couvrait plus suffisamment rapidement les traces de pas du groupe révolutionnaire qui le précédait. Le Médixès se pressa davantage pour finalement apercevoir clairement les silhouettes des hommes devant lui entre les flocons virevoltant dans l’espace les séparant. Il fronça les sourcils, se demandant ce qu’ils venaient faire là. Au bout d’un moment, il était suffisamment proche pour les interpeller.

-Holà ! Bien le bonjour à vous messieurs. Qu’est ce que des gens tel que vous viennent faire en ces lieux dangereux exposés au déluge pouvant surgir à chaque instant de la Gorge Polaire ? Je me présente : seigneur Aggaddon Séraphin Hyppolyte Apollinaire Médixès. Personnellement, je cherche à mener une étude sur la géologie particulière de cette île.

Se préparant à toute sort d’éventualité, il garda sa main non loin du manche de sa rapière si ces personnes venaient à l’attaquer.

Professeur Alan Diedrick

Alan Diedrick était le géologue qui dirigeait l’expédition à laquelle Kardorn avait été rattaché. Aggaddon le connaissait un peu car il avait fait un colloque de mathématiques dans l’université dans laquelle le professeur exerçait. Le Diedrick avait fait preuve d’un certain intérêt pour certaine question de géométrie que le Médixès lui expliqua par la suite avant de lui demander en quoi cela allait aider la compréhension de phénomènes géologiques. Cette conversation avait été intéressante et enrichissante pour les deux partis, tant et si bien que le nobliau se souvint d’Alan lorsque celui-se représenta au savant. Le Diedrick se souvenait en effet bien de ce camarade de recherche puisque les rencontres avec des experts scientifiques et universitaires extérieures étaient rare, permettant ainsi de passé au-delà des possibles hostilités de Kardorn envers le nouvel arrivant. Aggaddon accompagna le groupe jusqu’aux hauteurs de Haar De Roc tout en racontant la légende qu’il avait lui-même découvert dans ce lieu et qui était aussi connu de la population. Un volcan de magma et une entité de neige, certainement une femme aux pouvoirs de logia et peut-être plus, luttant l’un contre l’autre jusqu’à ce que la pseudo déité transforme la nature même de la montagne pour en faire la Gorge Polaire, un étrange et mystérieux volcan de neige crachant météores blancs, javelots de glace et avalanches. Les chevaliers s’étant installé dans la forteresse de montagne avaient défendu les lieux des décennies durant, mais ils avaient fini par disparaître avec la vérité sur ces événements. Les mythes courant sur la Gorge Polaire étaient divers et cette explication allait dans le sens d’une des hypothèses du Diedrick. Un pouvoir de fruit du démon assez puissant pour affecter l’environnement et ainsi transformer quelque chose de banale en une monstruosité surnaturelle fascinante. Il était loin de tout connaître sur les fruits du démon, encore moins sur la question d’éveil et encore encore moins sur l’éveil des logias, mais cela lui paraissait possible vu la dimension extraordinaire de ces artefacts végétaux mystiques.

Après une conversation approfondie autour de ces thématiques au sein d’un salon d’Haar De Roc, le mathématicien remercia Alan et salua tous les membres de l’expédition, dont Kardorn, avant de partir un peu plus loin dans la montagne, en des lieux beaucoup moins explorés où il pourrait trouver peut-être d’autres ruines en moins bonne état que la forteresse protégée par un pic. Cela lui en apprendrait plus sur l’histoire du froid volcan occulte du Grand Nord. C’est ainsi en errant au milieu des neiges qu’il découvrit une série de grottes qu’il explora tranquillement toute l’après-midi durant, ayant promis à Alan de revenir pour le soir même. L’homme ne trouva que peu d’indice, mais emporta avec lui quelques stalactites et stalagmites à faire étudier pour le géologue qui s’installait au château. C’est en pénétrant dans une énième grotte, se débarrassant du voile de neige cachant l’entrée, qu’il remarqua une étrange complainte, un grommèlement plutôt puissant. Dévalant la petite pente laissé par les avalanchés cumulés des diverses éruptions, le Médixès découvrit une queue qui sortait d’un autre monticule qui, lui, semblait fait manuellement. Etait-ce la raison pour laquelle cette caverne était scellé par un voile de flocons et non un rideau de gel ? Assurément. En s’approchant, Aggaddpn découvrit une queue blanche qui sortait du monticule et ondulait de manière régulièreme alors que les grommèlements se poursuivaient.

Alors qu’Aggaddon titillait l’appendice, le dragon nain des neiges jaillit de la neige en grognant. Il s’éloigna ensuite tout en jetant des regards inquiets en direction du mathématicien. La créature s’était éloignée du pôle où elle vivait et avait trouvé cet abri temporaire bercé par le froid et à l’écart des humains. L’animal comptait bien demeurer ici en attendant que sa famille le retrouve, mais cela faisait désormais un an qu’il s’était perdu. Intéressé par la bête, Aggaddon tenta de l’approcher, en vain. Il rentra donc à Haar De Roc où il exposa la situation à Alan. Ensemble ils grimpèrent jusqu’à la grotte du dragon et tentèrent de l’attirer. Après quatre heures de patience, le dragon s’avança et laissa les deux universitaires poser leur main sur son museau. C’est ainsi que les jours s’enchainèrent alors que les deux hommes apprivoisaient peu à peu la bête, qu’ils avaient nommés Nasir, qui devait malgré tout parvenir à rentrer chez elle. Après une semaine et demi, le Médixès proposa à son confrère de le ramener au pole nord en volant et donc en lui apprenant à voler en transportant quelqu’un, voir deux. Chose aussi dite, aussi tôt faite. Quatre jours furent nécessaires pour parvenir à le chevaucher pour voler, sachant qu’il ne pouvait faire que de courts trajets lorsqu’il portait deux personnes. C’est ainsi que, s’étant organiser un point de rendez-vous avec Vazguardia, sa compagne de voyage en charge du sloop, le mathématicien s’envola au dos de Nasir en direction du nord en saluant Alan. Le Médixès, à l’abri des regards, laissa son visage s’illuminer d’un sourire machiavélique. Il avait trouvé un gardien très intéressant pour Baphomet.