L'île des hommes-poissons n'allait pas tarder à les accueillir, mais ils avaient eu le temps, juste avant de plonger en direction des profondeurs abyssales, de recevoir un brin de lecture par le biais des journaux gouvernementaux. Si le Phoenix avait relégué à plus tard cette dite lecture quelques heures durant, il avait forcément dû s'y plonger une fois la descente puissamment amorcée : il avait certes pu s'occuper durant quelques temps, notamment grâce aux présences des nouvelles recrues qu'il devait apprivoiser et apprendre à connaître, mais il n'en oubliait pas pour autant les responsabilités qui étaient les siennes. Il devait se tenir pleinement au courant des actualités diverses car l'information était une donnée fondamentale, à prendre en compte pour tous les conflits et pour toutes les batailles. C'était grâce aux renseignements qu'une stratégie pertinente pouvait être ébauchée et prendre forme... Et si la presse officielle risquait fort de se montre moins fructueux pour se tenir au courant une fois qu'ils seraient élancés dans le Nouveau Monde, Nakata n'oubliait pas que ses propres actions pouvaient être sévèrement impactées par ce qui se déroulait sur les autres mers. C'était une leçon d'humilité que de considérer que l'univers qui nous entourait, en plus d'être en changement constant, comportait ses vices et ses surprises... Malheureusement, la découverte des articles ne s'était pas avérée aussi plaisante que l'ancien corsaire n'aurait pu l'espérer : très promptement, il s'était rendu compte du fait qu'un événement des plus regrettables avait eu lieu, sur Grand Line, éconduit par une personne qui ne lui était assurément pas étrangère...

Si l'artiste avait, à partir de là, longuement hésité, il n'avait pas tardé à décrocher son escargophone et à composer un numéro qu'il avait appris, par le passé, et dont il se servait probablement pour la dernière fois. Leur précédent appel avait été un fiasco, puisqu'ils étaient tous deux de fortes têtes : une fois de plus, leur discussion risquait fort de n'aboutir à rien de pertinent et de constructif, mais le Fenice n'avait d'autre choix que celui d'appeler, par honnêteté et par droiture. Et tant pis si le hors-la-loi refusait de l'écouter ou jouait à l'innocent : il était des choses qui ne pouvaient ni ne devaient être pardonnées. Ainsi, dès lors que la sonnerie cesserait de retentir, le blondinet prendrait son expression faciale la plus froide et la moins engageante pour amorcer la discussion sans vraiment prendre la peine de se présenter. Il savait pertinemment que, d'instinct, Ren saurait quel était l'être qui avait cherché à le joindre...



Avait-il réellement d'autres mots à lui glisser ? Pas vraiment. L'un comme l'autre des cadors savaient à quoi rimait cet appel et savaient quelle était l'unique conclusion sur laquelle il pouvait aboutir. Dans l'absolue, le Phoenix ne s'était même pas embêté à allumer son escargophone blanc ou à seulement fermer la porte de sa cabine : toutes les oreilles indiscrètes allaient pouvoir entendre la discorde qui risquait de naître, entre eux. Quant au reste, c'était donc à son interlocuteur de se prononcer, s'il avait toutefois la moindre explication ou la moindre provocation à lui destiner...