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[Flashback] Changement de cap pour une aventure rocambolesque [PV - Tokushi Akis]
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Lun 30 Juil - 18:59


Nathaniel Black

& Tokushi Akis


Difficile à croire que l’alcool avait eu raison de Nathaniel, lui qui trainait dans les bars depuis l’âge de douze ans – et même bien avant quand il faisait les poches. Une fois à l’étage, il n’avait pas mis bien longtemps pour sombrer dans un long et profond sommeil. Sans même prendre le temps de se remémorer cette journée riche en information. La rencontre qui l’avait conduit à cette beuverie était pour le moins étonnante. Un journaliste du Global Seken, Tokushi Akis, faisait un article sur l’île de Micqueot. Très proche du Gouvernement Mondial, ce dernier ne manquait pas d’aprioris et de clichés sur les pirates. Nate s’efforça tant bien que mal de se défendre, expliquant à sa manière, ce qui représente la vie de forban pour lui. L’alcool, l’ambiance ou peut-être même le sourire du garçon, en tous cas, le reporter céda et accepta que sur les mers, un pirate n’était peut-être pas ce qu’il y a de pire. Pas celui-ci en tous cas, mais ce n’est peut-être pas le meilleur exemple. Comme Akis, n’est pas le meilleur exemple du fidèle représentant du Gouvernement. En témoigne sa discussion avec un criminel – certes pas recherché, mais criminel tout de même.
Entre révélation, anecdote et histoires croustillantes, un lien naquit de cette entrevue. Inattendu, cela le rendait d’autant plus unique. Pirate et journaliste se retrouvait à rire et festoyer, au rythme de l’alcool qui ne cessait de couler. Finalement plus semblables qu’ils l’auraient pu l’espérer aux prémices de leur rencontre. C’est en se donnant rendez-vous le lendemain, qu’ils se quittèrent. Non pas pour remettre ça – tous deux avaient eu leur compte avec le vin si réputé de Micqueot. Plutôt pour poursuivre leur discussion et peut-être même, profiter des autres opportunités de l’île. Un rendez-vous qui n’avait rien d’officiel et heureusement, car le soleil était déjà levé quand Nathaniel ouvra difficilement un œil. Presque nu dans ses draps, il avait bataillé avec son oreiller qui ne ressemblait plus à rien. Quant à son drap lui, avait fini à l’autre bout de la chambre. Fenêtre ouverte, il faisait plutôt frai en cette saison le matin. Émergeant avec toutes les peines du monde, il ne parvient pas à se rappeler de ses occupations. Au sol, ses vêtements sont poussiéreux et sales, tâché de vin. La soirée avait-elle été si animée ? Peu importe, ramassant ses vêtements, il les enfile à la hâte et sort de sa chambre.

— Déjà debout ? Eh bah mon garçon, je ne pensais pas te revoir avant ce soir !

Toujours pas réveillé, le pirate excentrique esquisse un sourire pour ne pas vexer le jeune homme. Frottant ses yeux avant de bailler, il avoue à demi-mot sa perte momentanée de mémoire.

— Sacrée soirée, hein ? J’en ai vue d’autres, avoue Nate avec une pointe de fierté, et toi alors, tu as l’air plutôt en forme malgré la beuverie.
— Moi ?
Répond le jeune homme avec surprise, tu sais moi, j’évite l’alcool.

Une réponse plutôt évasive et si Nathaniel n’avait pas été si distrait, peut-être qu’il aurait compris que cet homme n’était pas ce qu’il semblait être : un camarade sympathique. Les intentions de celui-ci était bien plus sournoise et il profita de l’état du pirate pour le conduire tout droit à un piège des plus grossiers. Dans lequel, par un concours de circonstances, Nate aurait pu tomber.
Persuadé d’être sur la voie de ces souvenirs en suivant cet homme dans les rues de Micqueot, ils croisent la route d’une sublime jeune femme. Gary, c’est ainsi qu’il s’est présenté, ne manque pas de lui faire les yeux doux. Sauf que dès qu’elle croise le regard du pirate, elle snobe les deux hommes. Un geste qui ne manque pas de froisser Gary, tandis que le Nathaniel s’interroge.

— Encore une bourgeoise coincée… je te jure, on n’était mieux hier soir pas vrai ? Des hommes et de l’alcool !
— Je crois que je la connais ou… que je l’ai déjà croisé,
avoue le jeune pirate qui se retourne.
— Laisse tomber, c’est qu’une pimbêche, peste Gary qui s’enfonce un peu plus dans les ruelles de la ville.

Laisser tomber, ce n’est pas le genre de la maison et ce, même après une beuverie comme celle de la veille. Nate n’écoute même plus son camarade, qui parle encore et encore. Obnubilé par cette femme, certes magnifiques, mais dont l’attitude ne cesse de l’interpeler. Finalement dans un cul de sac, Nathaniel retrouve ses esprits alors qu’un homme se faufile dans son dos. Une lame à la main, il lui place sur les côtes. Plus vif que son agresseur, la pirate se retourne. Plaçant un coup de poing dans la trachée du gringalet qui le menaçait, avant de l’envoyer tête la première dans le mur. Tétanisant le pauvre Gary, qui ne pensait pas que le pirate serait si vite remis. Tremblant de peur, il s’explique sans qu’on lui en donne l’ordre, alors que sa victime saisit la lame qui lui était destinée.

— Doucement l’ami, ok ? Je n’y suis pour rien moi, je devais juste m’assurer que tu ne nous poses pas de problèmes, c’est tout, confesse Gary qui se recule avant de se retrouver dos au mur.
— Nous ? Réplique Nathaniel qui s’avance d’un pas léger, allez Gary, raconte-moi tout…

Voyant le pirate approcher dangereusement avec un regard inquiétant, il ne se fait pas prier pour passer à table. Tout ce que sait Gary, c’est qu’il avait pour ordre de piéger le pirate qui accompagnait le journaliste la veille. Soit en lui faisant quitter l’île dans le premier navire qui prend le large, soir en avec violence. Autant dire que Nate l’a échappé belle et c’est à cette "Bourgeoise coincée" qu'il le doit. Bien qu'inattentif à ce moment-là, il se rappela qu'il l'avait rencontré la veille. Le conduisant ensuite à faire la rencontre d'un journaliste, Akis. Dès lors, ce fut très facile de combler les trous au milieu de ses souvenirs. Souvenirs dont Gary ne faisait pas partie.

— Qu'est-ce qu'ils veulent au journaliste au juste ? Insiste Nathaniel qui se fait plus menaçant.
— Tu te fous de moi ? Attends, tu… bordel, mais alors tu n'en avais pas après lui ? Écoute, mes supérieurs seront surement ravis de l'entendre et très certainement prêt à te payer.

Certains avaient pensés que le pirate avait manipulé le reporter pour l'attirer dans un piège. Pour ensuite réclamer une rançon, sauf qu'il avait été devancé par un énigmatique groupuscule. C'est là que Gary entre en jeu, pour retirer le pirate excentrique de l'équation. Sauf que personne ne pouvait imaginer que Nate, n'avait aucunes mauvaises attentions envers Akis. D'ailleurs, c'était même bien le contraire et il ne tarda pas à le prouver. Laissant alors ses plus bas instincts prendre le dessus.

— J'imagine que le Gouvernement Mondial paiera une sacrée somme pour ce journaliste…
— Tout juste, alors, tu en es ?


Nathaniel esquisse un fin sourire, avant de se faire plus sombre et d'un geste vif, trancher la gorge du pauvre Gary. Surpris, il place ses mains sur sa gorge, mais tombe à genoux devant le pirate. Il croise alors le regard glacial du garçon, qui est méconnaissable. Le pirate excentrique agi à l'instinct et comme toujours, ça va lui valoir des ennuis. Sauf qu'il est prêt à tout pour sortir Akis de ce traquenard. Nate l'a déjà prouvé, pour ses amis, il est prêt à tout. Le journaliste n'est peut-être pas encore l'un de ses amis, mais c'est un homme bien. Il n'a rien à voir avec le Gouvernement ou la Marine, pas même dans le conflit qui opposent ces deniers aux criminels qui peuplent les mers. Pour le pirate, il est inconcevable de mêler des civils. Aucune vendetta ne mérite de s'abaisser à une telle bassesse. Gary l'a appris à ses dépens, car lui, est loin d'être innocent. Pour couvrir ses arrières, Nathaniel place la lame dans la main de son agresseur. Trainant le corps inerte à quelques pas de celui de Gary. La scène est brouillonne, mais ça devrait lui laisser un peu de temps. Ôtant ses vêtements tâchés de sang, il doit s'en trouver de nouveaux et ensuite, sauver Akis des griffes de ses futures bourreaux. Quitte à mettre en pièces tout ce que le journaliste pouvait penser de bien sur le pirate excentrique.
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Mer 1 Aoû - 13:40
« Ah non, criez pas... Ma tête... »
Changement de cap pour une aventure rocambolesque.


« Aaaah ! »

Il dormait à poings fermés : depuis que l'alcool l'avait terrassé et depuis que son estomac, repu, n'avait pu qu'appeler à un repos salvateur, il avait sombré pour ne plus s'éveiller. C'était un sommeil lourd, noir, si obscur qu'il ne parvenait ni à le traverser, ni à distinguer quelques aspérités qui auraient pu revêtir la peau d'un cauchemar pernicieux. Il n'avait eu ni conscience de l'entrée de tierces personnes dans la chambre crasseuse au sein de laquelle il s'était jeté à corps perdu, ni du déplacement dont il avait fait l'objet. Peu précautionneux, et ravi de le découvrir ainsi anesthésié par les quantités colossales de vinasse qu'il avait pu ingérer, ces types s'étaient contentés de l'attraper par les quatre fers avant de l'extraire de l'auberge sans grand ménagement, allant jusqu'à le cogner contre les marches à plusieurs reprises, tout-à-fait nonchalamment. Cependant, son repos ne pouvait être éternel : si des types aussi sinistres s'étaient donnés la peine de l'enlever à sa couche de la sorte, il allait sans dire qu'ils devaient avoir une petite idée derrière la tête, à son sujet... Ils lui destinaient des desseins sombres dont il n'allait pas tarder à avoir vent : ils venaient en effet, après quelques tentatives tout-à-fait infructueuses, de trouver un moyen de le tirer de sa torpeur régénératrice brusquement. Les claques, les cris et les secousses dont on l'avait gratifié n'avaient abouti à aucun résultat concret... Le seau d'eau glacé, en revanche, avait eu raison de son corps groggy par le sommeil. Il avait senti le liquide s'insinuer jusque dans sa chaire et glacer ses os : sa bouche s'était ouverte, tétanisée, tandis qu'il avait inspiré jusqu'à saturation, avec l'avidité d'un noyé. Ses muscles s'étaient raidis et ses paupières s'étaient écarquillées tandis que ses yeux, affolés, s'étaient mis à papillonner fiévreusement d'un détail à l'autre, assommés par la lumière pourtant fébrile et chancelante qui trônait dans cette pièce poussiéreuse, seulement garnie d'une pincée de bougies. Deux types peu fréquentables, attablés autour de choppes et pourvus de capes de voyage amples, se mirent à ricaner en découvrant leurs crocs jaunis lorsqu'ils assistèrent à ce spectacle anodin. Le troisième larron, glabre et imposant, celui qui venait d'expédier le contenu du seau droit vers le buste du journaliste, semblait en revanche moins jouasse : il expédia le seau désormais vide dans un coin de la salle puis se rapprocha du rédacteur en faisant grincer ses dents, manifestement impatient.

« C'est bon ? T'es réveillé, ou te faut encore une baffe pour me répondre ? »
« Où... Où est-ce qu'on est ? Qui êtes-vous ? »
« C'est moi qui pose les questions, et t'as intérêt à t'y faire, gamin. »
« Oh, Frank, doucement. C'est vivant qu'il nous sera utile. Vivant, et entier, si possible. »
« Toi, tu la fermes. C'est à cause de ta putain de bourde qu'on fait tout ça, je te rappelle. »
« Tsssk... Comme si j'avais fait exprès... »
« La ferme. J'ai dit la ferme ! »

Cette altercation avait au moins eu le mérite de permettre à Akis de scruter précieusement les environs, à la recherche d'un indice susceptible de le mettre sur la voie de la sacrosainte vérité. Malheureusement, rien n'y fit : toutes ses recherches scrupuleuses aboutirent au néant et il grogna en tâchant de se passer une main sur le visage, chassant irrémédiablement les quelques gouttes qui y abondaient encore. A cet instant précis, il se rendit compte du fait qu'il n'était pas tout-à-fait libre : une corde reliait son poignet gauche à un crochet, enfoncé profondément dans un mur de planches, à quelques pas de là. Une captivité rudimentaire... Il sentit une bouffée d'angoisse grimper en son sein mais fit de son mieux pour n'en rien montrer : il déglutit et blêmit, simplement, tandis que le prénommé Frank se gargarisait de voir son collègue réduit au silence et à la morosité. Pourquoi avait-il été amené ici ? Quel était ce ici ? Qui étaient ces types ? Que lui voulaient-ils ? Les interrogations étaient vertigineuses car à mesure que son esprit parvenait à les formuler, il en décelait d'autres qui s'insinuaient, fourbes et scélérates. Allait-il finir par se noyer dans son incertitude ? Hagard et affolé, il fit passer son regard sur le peu de mobilier qui séjournait à sa hauteur et qu'il pouvait tenter d'atteindre. Une commode apparemment vide, une petite table sur laquelle se trouvait un repas miteux et précaire, à savoir deux quignons de pain, une moitié de pomme et un verre d'eau... Rien, en tout cas, qui pouvait lui permettre de mettre la main sur la liberté qui était désormais son seul souhait.

Le prénommé Frank, justement, sembla se rendre compte de la stupéfaction et de l'effroi auxquels la raison du Tokushi cédait du terrain progressivement. Il se redressa et domina le journaliste de sa carrure haute et large, dévoilant une musculature avantageuse sous sa chemise crasseuse et entrouverte au niveau du col. Ce type était une véritable armoire à glace... Une fois de plus, le rouquin déglutit, effaré comme il l'avait rarement été. Toute cette situation ne lui disait rien de bon, et il craignait, une fois de plus, d'avoir été embarqué dans quelque folle histoire... Et dire qu'il n'était venu jusqu'ici, à l'origine, que dans le but tranquille de réaliser un reportage banal et efficace sur la production d'alcool local ! Cela commençait à être ancré fermement dans ses habitudes, de toute manière : dès qu'on le chargeait de réaliser une tâche pourtant banale et élémentaire, il faisait tout capoter et se retrouvait embrigadé dans des affaires abracadabrantesques... Tôt ou tard, il finirait par le payer de sa vie. Mais plus tard que tôt... Du moins l'espérait-il. En l'occurrence, il ne savait que trop évidemment que ce type qui le toisait de haut pouvait probablement lui éclater le crâne en n'usant qu'une seule de ses deux paluches caleuses. Et, étrangement, il n'était pas pressé de le constater...

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Sam 11 Aoû - 21:37


Nathaniel Black

& Tokushi Akis


Mettre cette maudite ville à feu et à sang, ce n'est pas un problème pour Nathaniel, qui s'en fera une joie. Retrouvant ses travers passés, ceux-là même qui lui avait valu une sombre réputation sur Hell's Water. Seulement, ce n'était pas un gage de réussite et il pourrait bien laisser son impétuosité lui coûter cher. La prudence était de mise et dès que le pirate excentrique arracha des vêtements à une corde à linge, il se fit plus discret. Au préalable, il avait pris soin de brûler ses anciens vêtements. Non sans un remord, puisqu'ils ne l'avaient pas quitté depuis ses premiers pas en mer. Certes, ils sentaient le moisi et les trous s'accumulaient, mais c'était devenu sentimental. Un sacrifice qui en appelle d'autre, puisqu'une fois encore, Nate doit jouer la carte de la patience. Voilà une facette de sa personnalité qui peinait à se faire une place par le passé. Toujours à foncer dans le tas, préférant l'action à la réflexion. Une telle situation impose certaines règles et la prudence était de mise.
Simplement posé sur un banc à regarder les passants, le jeune pirate prenait le temps de réfléchir. L'objectif des ravisseurs est tout trouvé : obtenir une rançon ou des renseignements de la part d'un proche du Gouvernement Mondial. Qui de mieux qu'un journaliste pour les renseigner ? C'est plutôt malin, lâche, mais malin. D'autres auraient tentés leur chance avec un Agent ou au moins, un soldat de la Marine. Certainement pas avec un journaliste, qui semble être une proie facile de prime abord. Sauf qu'ils ont attaquer la mauvaise personne. Un vulgaire concours de circonstance allait peut-être avoir raison de leur plan. Nathaniel n'aimait pas leurs manières. Pour la simple et bonne raison que, malgré les actes horribles qu'il a pu commère, jamais il n'a attaqué de civils innocents. Pas même quand Lan Feng lui proposait de le couvrir de Berrys. Une guerre, ça se mène de front et non avec lâcheté.
Difficile de trouver une piste, alors que les seuls coupables sont soit en prison, soit en train de baigner dans leur propre sang. Les minutes défilent et plus le temps passe, plus la situation devient compliquée. Le pirate excentrique réfléchit, mais n'a aucun souvenir de la soirée. La soirée ! Le barman ? C'est bien le seul qui aurait pu voir quelque chose. Akis a prit une chambre, tout comme Nate. Quelqu'un l'a surement vu sortir où du moins, être emmené de force à l'extérieur. Voilà qu'il revit, il se lève de son banc et regagne le bar qu'il avait précédemment quitté. Vide, ce qui n'a rien de surprenant à cette heure-ci. C'est dans la réserve qu'il trouve le barman. Un visage familier, surement quelques restes de la veille. L'homme l'accueille avec un sourire, bien qu'il lui indique être fermé et que les clients ne sont pas autorisés en ces lieux.
— Pour le dédommagement, lâche Nathaniel qui dépose quelques Berrys sur le coin d'une table, tu te souviens de mon ami d'hier soir ? Le journaliste.
— Ah oui, le rouquin chétif ? Un chic garçon, s'enthousiasme le barman.
— On parle du même gars, est-ce que tu l'aurais vu quitter le bar ce matin ? Très certainement accompagné.
L'homme ricane, avant d'expliquer poliment que ce matin, il était encore au lit. En revanche, son collègue, un jeune serveur, était là lui. C'est un garçon un peu tête en l'air, mais nul doute qu'il a dû voir quelque chose. Pour l'heure, il est à l'étage et s'occupe des chambres.
Chaque seconde compte, car le jeune pirate ignore combien de temps tiendra Akis. Les rôles seraient inversés, Nate aurait surement tenu face à ses bourreaux – assez longtemps pour qu'ils se lassent. Sauf que, pas sûr que le reporter aurait entrepris de le retrouver. Une pensée qu'il chasse, dès qu'il entre dans une chambre pour croiser le regard du serveur. Il se fige, puis tente désespérément de s'enfuir par la fenêtre. Le pirate excentrique se précipite pour le rattraper, puis le colle au mur avec force. Juste ce qu'il faut pour l'impressionner.
— Tu sais pourquoi je suis là, pas vrai ?!
— Le journaliste,
soupir avec peine le serveur.
Un bon point, impressionné par l'intervention de Nathaniel, il semble ouvert à la discussion. Au moins, celui-ci ne devrait pas terminer dans son propre sang. Relâchant son étreinte, pour l'amadouer. Il va même jusqu'à reculer d'un pas, quitte à se faire plus méfiant. Au moins geste brusque, il le colle à nouveau au mur.
— Parle, lâche sèchement le pirate.
— J'étais dans la réserve, j'ai vu des types louches l'emmener ce matin, se met à déballer le serveur, je suis sûr que c'est des nouvelles têtes, tout ce que je sais, c'est qu'il se vantait que ce soit si facile.
Le visage de Nate affiche un rapide rictus, à peine perfectible. Encore moins pour le garçon, qui détourne le regard de honte. Il aurait aimé intervenir, mais il n'a pas osé, certainement de peur de se faire tuer. Un long soupir et voilà que le jeune pirate tourne les talons, à la surprise du serveur qui pensait y passer.
— Vous… vous n'allez pas me tuer ?
— Pourquoi ? Tu m'as dit tout ce que tu savais, pourquoi je te tuerais.
— Je n'ai peut-être pas tout dit…

La chance sourit aux audacieux et le pirate excentrique se voit récompensé de sa clémence. Le serveur en sortant de sa réserve, a surpris la conversation des brigands. Distinctement, il les a entendu parler d'un lieu où ils avaient rendez-vous. À l'abri des regards, près de la plage. Le lieu où est retenu Akis ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais pour Nathaniel, c'est une piste. Filant comme le vent, il saute la rambarde pour atterrir au milieu des tables. Investi d'une mission, rien, ni personne ne semble en mesure de l'arrêter. Le voilà maintenant hanté par la culpabilité. Persuadé que, sans leur beuverie, le journaliste aurait pu s'échapper de ce traquenard.
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Ven 17 Aoû - 11:26
« Ah non, criez pas... Ma tête... »
Changement de cap pour une aventure rocambolesque.


« Bon... On va la faire courte. T'es journaliste, hein ? Mens pas, on a ton putain de badge. T'as sûrement des informations qui nous intéressent... Donc si tu coopères, pas de soucis, tu pourras te tirer une fois qu'on en aura fini. Tranquille... Et vivant, surtout. Par contre, joue la forte tête et on te liquide. C'est clair ? »
« Aaaah ! Pitié ! Me faites rien ! J'ai toujours un prêt à rembourser, et on pensait acheter un petit chiot, avec ma copine ! »

Comme d'habitude, il paniquait : et comme d'habitude, la teneur tout bonnement incompréhensible de sa panique décontenançait ses geôliers qui, pour le coup, se contentèrent, débiles et stupides à souhait, d'échanger un regard stupéfait. A la vérité, le journaliste était très fréquemment sujet à de virulentes crises d'angoisse. Il fallait le comprendre, après tout : il n'était ni plus ni moins qu'un bête civil, d'une banalité affligeante, évoluant au sein d'un monde dont les périls, constants et oppressants, n'avaient de cesse de se montrer de plus en plus monstrueux et édifiants. Lui, qui était tout juste capable de porter sa copine du canapé jusqu'au lit lorsqu'elle s'était maladroitement assoupie à la faveur du crépuscule, avait eu l'occasion jusqu'à présent de côtoyer des gouvernementaux susceptibles de briser des navires d'un coup de poing, ou des pirates capable de trancher des villes entières sans autre artifice qu'une lame en acier et que leurs bras experts... Autrement dit, pour lui, toute situation qui sortait de l'ordinaire et qui semblait mettre en danger son intégrité physique relevait de la menace insondable, si sombre qu'elle en devenait absolument opaque. Il ne faisait pas face à une simple déconvenue probable, à quelques ennuis passagers et routiniers qu'il aurait pu ignorer aisément... Non, chaque pépin devenait si aberrant de son point de vue que ses réactions ne pouvaient, aux yeux d'un homme accoutumé aux menaces gargantuesques qui peuplaient ce monde sauvage et indomptable, que sembler démesurées... Chose qui, précisément, lui jouait des tours. Certes, la panique était limpide, tant dans son regard affolé qui, papillonnant à tout va, semblait implorer la miséricorde de ses ravisseurs presque autant que chercher un échappatoire fiable avec une assiduité et une fougue remarquable, que dans les mots qu'il prononçait en balbutiant puis en criant successivement, beuglant sa détresse à pleins poumons... Sauf que, justement, ses propos étaient souvent effarants de stupidité. Ses méninges, trop consacrées à l'expression de sa frayeur sourde, ne disposaient plus de l'attention qu'il leur fallait afin de générer des dires cohérents et un plaidoyer efficace : elles se perdaient dans un charabia si déconfit qu'il en devenait quasiment irrespectueux et insultant, a minima du point de vue de l'orgueil de ses ravisseurs qui s'attendaient à intimer un respect infaillible.

En somme, et comme c'était généralement de coutume, on l'interprétait mal. Cette fois-ci n'y fit pas exception : essayant de paraître encore plus angoissant qu'auparavant, le prénommé Frank percuta le mur d'un coup de pied juste à côté du visage d'Akis, semblant lui faire comprendre par l'usage de ce geste simple que sa tête aurait tout aussi bien pu essuyer ce premier choc frontal et douloureux. Il ne se douta pas un seul instant qu'au contraire, cette démarche risquait fort de rendre les pensées du rouquin d'autant plus chaotique et qu'en procédant de la sorte, il ne saurait jamais mettre la main sur les quelques informations qu'il souhaitait manifestement dénicher.

« T'as intérêt à pas te foutre de moi, abruti ! Tu sais qui je suis ? T'en as pas la moindre foutre idée, pas vrai ? J'ai tué plus de gens que t'as pu en croiser dans ta vie ! »
« Non ! Je vous crois ! Pitié ! Me faîtes pas de maaaaaal... »

Voilà qu'il pleurnichait, effarouché et catastrophé. L'exagération si saugrenue qu'elle en devenait burlesque que Frank avait utilisée semblait, pour l'heure, avoir fait mouche : le Tokushi, en tout cas, ne remettait pas la véracité de ces propos en cause et semblait, a contrario, être atterré par la probabilité infime de leur exactitude. Il n'avait plus qu'une hâte : qu'on le libère, qu'on le tire de ce bourbier dans lequel, seul, il ne semblait pouvoir que s'empêtrer davantage. Ses pensées, toujours trop agitées, furent incapables de lui rappeler qu'il n'y avait probablement encore personne à ses trousses : il n'était après tout ni plus ni moins qu'un simple rédacteur, qui voguait à travers le monde et qui, de ce fait, n'entretenait avec les siens que des rapports très occasionnels. Même sa copine ne devait pas s'être rendue compte que quelque chose clochait : cette idée germerait probablement dans son esprit au terme d'une longue semaine... Et cela risquait, évidemment, d'être déjà bien trop tard pour ce garnement affolé qui n'en finissait plus de larmoyer son désespoir. Frank, qui crut qu'il y était allé trop fort face à cette tristesse colossale, se contenta dans un premier temps de pousser un soupir ample. Son but n'était pas de traumatiser ce pauvre hère mais s'il devait le faire afin de parvenir à ses fins, c'était là un moindre mal. Il n'avait aucune haine pour les civils, y compris pour ceux qui, comme le Tokushi, travaillaient finalement plus ou moins directement à faire l'apologie du Gouvernement Mondial. C'était un travail comme un autre, et il lui fallait bien trouver de quoi subsister à l'issue du mois... En revanche, s'il refusait de les aider, il prenait directement part à la survie de ce modèle politique décrépit et tyrannique. Il devenait un acteur de la pérennité de ces odieux despotes, qui usaient de leur influence martiale pour obtenir des faveurs et des myriades de privilèges...

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Lun 10 Sep - 13:47


Nathaniel Black

& Tokushi Akis


La patience avait toujours fait défaut à Nathaniel, qui devait maintenant jouer les détectives. Il préfère encore savoir où aller, quitte à ne pas savoir où il met les pieds. Pour ensuite faire parler ses poings. Au moins comme ça, il sait à quoi s'attendre. Là, il était dans le brouillard et il n'aimait pas ça, encore moins quand la vie d'un innocent est en jeu. Une pensée qui avait longtemps fait débat dans l'esprit du jeune pirate. Akis travaille pour le Gouvernement et à terme d'une définition grossière, on pourrait venir à penser que c'est l'un des leurs. Si c'est plus complexe que ça, il s'avère pourtant que le journaliste joue le jeu de ses supérieurs. Répandant leurs mensonges et étouffant la vérité quand elle pourrait être dangereuse pour eux. Voilà la vérité, mais était-ce pour autant une raison de le laisser mourir ? Pas pour Nate. Les préjugés ont la vie dure sur les mers. Un homme qui navigue sous le pavillon à tête de mort est forcément un criminel sanguinaire dénoué de toute raison. Quant à celui qui s'engage dans la Marine, on le pense bon et honnête, défendant les faibles au péril de sa vie. Mieux que quiconque, le pirate excentrique sait que la réalité est plus nuancée. Un pirate peut se montrer vertueux, alors qu'à ses pieds la misère s'étend, quand un soldat, peut profiter de cette misère pour s'enrichir.
La vérité, c'est que dans un monde parfait, on condamnerait les crimes, plus qu'un mouvement. Sauf qu'il y aura toujours quelqu'un pour reprendre le flambeau, c'est inévitable. Nathaniel mène une croisade qui n'aura peut-être jamais de fin, si ce n'est sa mort. Au moins, il pourra dire qu'il a mené sa vie comme il l'entend, sans être sous le joug d'un quelconque tyran. Voilà ce qu'était le Gouvernement, ni plus, ni moins. Imposer ses propres lois, alors qu'on ne les applique pas nous même, fait de nous le criminel que nous condamnons. Pensée qui a longtemps traversé l'esprit de Nathaniel, qui en a conclu que, lorsqu'il aura mis un terme à cette peur qui a investie les mers. Pirates, chasseurs et gouvernementaux compris, il ira réclamer lui-même les fers qui lui sont destinés. Quitte à finir à l'échafaud. On ne peut éternellement jouer le jeu de l'ennemi, si on n'est pas prêt à en assumer les conséquences. Gary l'avait appris à ses dépens et d'autres suivront, le jeune pirate était revenu à ses anciens démons. Lorsque lui aussi faisait régner la peur sur Hell's Water. Une cause, aussi noble soit-elle, n'excuse en rien ce qu'il a fait et ce qu'il s'apprête à nouveau à faire.
C'est à l'abri des regards, sur la plage, qu'il trouve un campement improvisé. Deux hommes, dont un des deux avec une jambe de bois. C'est celui-ci qui se lève brusquement en apercevant le pirate. Dégainant aussi sec son arme, qu'il pointe vers ce dernier. Loin d'être impressionné, Nate reste impassible et se fixe, pour éviter un mouvement brusque de cet estropié, visiblement sur les nerfs.

— Doucement l'ami, je suis juste un marchand et je n'ai pas pu m'empêcher d'apercevoir votre caisse de rhum là, pas mal, c'est de la bonne camelote ça, lance le garçon qui se fait très crédible.
— Elle n'est pas à vendre, alors passe ton chemin, réplique aussitôt le second encore assis.
— Vu la misère qu'on nous paie, je ne vois pas pourquoi on devrait se priver.

Une remarque qui ne manque pas de faire réfléchir le second. Il finit par donner son avale et tandis que son camarade baisse son arme, Nathaniel est invité à approcher. Difficile de dire si c'est une planque, une cache ou un poste de guet. Un rapide coup d'œil lui permet néanmoins de se faire une idée. Plusieurs mégots au sol, bouteilles vides et une caisse de fruits près de celle de rhum. Nul doute qu'ils sont là depuis longtemps et qu'ils sont amenés à y rester.

— C'est soixante-quinze Berrys la bouteille, pas moins, s'exclame l'estropié.
— Soixante-quinze ? C'est du vol ! Je ne suis même pas sûr de pouvoir en tirer autant, je pensais plutôt à quarante moi, aller quarante-cinq.

Jouant son rôle à la perfection, le pirate excentrique joue sur le cruel manque d'intelligence des deux hommes. Visiblement là, parce qu'ils sont bons à rien d'autre.
Pas moins de soixante-huit pour le brigand, qui autorise Nate a regarde de plus prêt. Regardant avec attention la bouteille de rhum, il profite d'un manque d'attention de la part des deux hommes et il passe à l'action. Brisant la bouteille sur la table, il menace l'estropié avec le goulot tranchant de ce qu'il en reste. Saisissant ensuite son arme à la ceinture, qu'il pointe sur le second.

— Voilà qui est mieux, non ? S'amuse Nathaniel qui laisse couler un peu de sang sur le cou du brigand, maintenant, vous allez me dire où est le journaliste que vous avez emmené et attention, si vous me dite que vous ne savez pas de quoi je parle…

Enfonçant un peu plus le tranchant du verre dans la peau de l'estropié, il grogne de douleur, suppliant son camarade de tout lui dire. Sauf qu'il n'en fait rien et nie tout en bloc. Le pirate excentrique n'a d'autres choix que de passer des paroles aux actes, pour se montrer convaincant.

— Quel journaliste ? On est des pêcheurs…
— Mauvaise réponse.


Appuyant sur la détente, Nate loge une balle dans le thorax de l'homme. Le voilà projeté de sa chaise à cause du choc. Tout de suite, l'estropié se fait plus bavard. Poussant ce dernier par terre, le pirate recharge tandis qu'il fixe longuement le brigand. Visiblement sous le choc de la perte de son camarade.

— Alors, ce journaliste ?
— Je… si je fais ça, Frank va me tuer… je, pitié, ne fais pas ça.
— Sauf si je tue Frank avant…


Sûr de lui, la froideur qu'affiche le jeune pirate donne du crédit à sa réplique. Convaincant l'estropié de parler. Il dévoile alors que plus loin, on trouve un ancien village de pêcheurs aujourd'hui abandonné. À cause des taxes du Gouvernement, un sujet sur lequel il s'étale. Mordant dans une pomme verte, Nate l'écoute dans l'espoir de glaner quelques indices. Rien, pas même de quoi l'aider à découvrir qui est ce mystérieux Frank dont il a si peur. Un nom, un lieu, voilà qui lui suffit amplement pour poursuivre. Baissant l'arme, il tourne le dos à l'homme qui soupir de soulagement et remercie le garçon.

— Merci vieux, tu es un homme de parole.
— J'aimerais que ce soit si simple,
réplique Nathaniel qui se retourne et exécute le brigand.

Jetant ensuite l'arme au sol, il poursuit sa route jusqu'au lieu indiqué par l'estropié. Les cadavres commencent à s'accumuler et ce n'est vraiment pas bon pour lui. Tout ça pour un homme qu'il a rencontré et avec qui il a descendu des litres de vin. Décidément, Nathaniel trouve toujours une excuse pour se jeter dans les ennuis. Quitte à mettre sa vie sur la table. Heureusement, cette cavale meurtrière pourrait bientôt prendre fin. Depuis les buissons dans lesquels il est dissimulés, il aperçoit le village de pêcheur. Investi pour l'occasion par plusieurs hommes, tous armés et surement peu recommandable. Une idée un peu dingue germe soudain dans l'esprit du pirate excentrique, qui n'a pas usurpé ce surnom. Toute son attention est tournée vers un stock de poudre et de boulets. Parfait pour faire un joli feu d'artifice, de quoi faire une diversion digne de ce nom.
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Mar 11 Déc - 18:30
« Ah non, criez pas... Ma tête... »
Changement de cap pour une aventure rocambolesque.


« Bon, mon grand... On va commencer par ratisser large, et, petit-à-petit, on va déboucher sur des informations qui vont me satisfaire. A ce moment-là, on deviendra les plus grands copains du monde, et on te laissera repartir librement tandis que nous, on pourra s'en sortir sans avoir à trucider d'autres ahuris de ton acabit. Ça te convient, ou t'as besoin d'une droite pour coopérer ? »
« Je vous dirai tout... Tout ce que je sais... Par pitié, épargnez-moi... »

Il l'avait brisé en quelques instants comme il avait rarement pu briser quelqu'un : le prénommé Frank ne semblait pas en revenir, tant le comportement couard du journaliste était hors du commun. Il n'était pas rare, bien sûr, qu'il effraye simplement par son apparence patibulaire ou par son vocabulaire fleuri, généralement grommelé par une voix de ténor... Néanmoins, de là à pousser ses interlocuteurs à pâlir et à trembloter de la sorte, c'était tout de même un sacré exploit ! Remarquant qu'Akis n'en finissait plus de frémir, paupières closes et lèvres tremblantes, comme un croyant crédule aurait pu demeurer en essayant ardemment d'atteindre les cieux grâce à des suppliques misérables, Frank sembla estimer qu'il était grand temps de le cuisiner encore un peu plus. Il n'était pas sot et il savait pertinemment que ses premières réponses ne trouveraient pas de réponse, et encore moins de réponse satisfaisante : ce type était simplement un envoyé spécial et, pour le peu qu'il pouvait bien s'en douter, un pauvre lascar qui, tout en bas de l'échelle, exécutait des missions et des reportages pour des supérieurs véreux et influents. En somme, rien de bien différent d'un soldat ou d'un militaire quelconque, à cela près qu'il ne trimbalait pas d'arme et qu'il se faisait dessus dès qu'on orientait le canon d'un fusil dans sa direction, à en croire son actuelle frayeur viscérale...

« Pourquoi t'es là ? T'as eu l'occasion de rencontrer récemment un gradé de la Marine ? Un responsable logistique ? T'as eu des plans, des projets sous les yeux ? »
« Je suis simplement venu pour faire un reportage sur les vins... Je voulais rencontrer un tavernier... Je n'ai pu rencontrer personne d'autre, et je n'ai préparé aucun autre billet, sur North Blue, je viens juste d'arriver de Grand Line... »

A nouveau, il déballait tout avec une loquacité excessive... Mais comme prévu, cela n'apportait pour autant aucune nouvelle concrète et rassurante pour le grand Frank, dont le visage se renfrogna, semblant devenir encore plus laid et menaçant que précédemment. Il savait d'entrée de jeu que cet interrogatoire risquait fort de le lasser, sur le long terme : il n'aimait pas les pleurnicheurs, et encore moins les balances... Toutefois, il préférait ces types aux ahuris inconscients qui étaient prêts à jouer leur propre vie pour tenir secrets de menues informations. L'instinct de survie était une valeur qui se perdait, y compris chez les civils, ces derniers temps... Enfin. Si l'homme ne semblait guère pressé et s'il préférait vérifier étape par étape à qui il avait à faire, souhaitant véritablement connaître l'influence dont il disposait et le niveau d'informations confidentielles auquel il pouvait avoir accès, le ravisseur décida de continuer à cuisinier le pauvre journaliste en usant de sa voix la plus rauque et la plus monstrueuse possible. Pour l'heure, les résultats étaient pour ainsi dire inexistants et cet enlèvement avait été purement et simplement infructueux... mais les choses pouvaient encore changer, non ?

« Bien. T'as des contacts, des personnes à joindre et qui pourraient se procurer de type d'informations ? T'as moyen de mettre la main sur des dossiers, t'as des laisser-passer ? »
« Je... Oui, peut-être... J'avais essayé de faire une interview du contre-amiral Jack Frost, sur Seppen Town, mais... »
« Mais quoi, bordel ?! Accouche ! »
« ... Il avait pas le temps... »

Sidéré, Frank soutint le regard apeuré et larmoyant du rouquin l'espace d'un instant, puis pivota pour faire face à son confrère qui, également atterré, se contenta de hausser les épaules d'un air incompréhensif. Ils pensaient avoir affaire à un journaliste, jusqu'à présent : petit-à-petit, ils comprenaient l'honnête et terrible vérité, dans toute sa franchise, sa spontanéité et sa déconcertante simplicité... Le Tokushi était un raté. C'était là sa condition première, le sens de son existence lui-même : il était un raté, et il l'avait toujours, absolument toujours été. L'un comme l'autre des brigands responsables de son enlèvement n'y pouvaient rien, et semblaient même être contraints d'en subir les conséquences à la place de l'imbécile qui, quoique habituellement heureux, retenait sa vessie depuis déjà plusieurs minutes afin de ne pas se compisser dessus sous l'effet de la peur. Le massif Frank, finalement, se détacha quelque peu de la silhouette recroquevillée et grelottante de l'honnête civil pour aller prendre place sur un tabouret : là, il s'empara d'un cigare démesuré et l'alluma, puis y déposa ses lippes pour inspirer franchement. Du tabac, voilà ce qu'il lui fallait, afin d'y voir plus clair. Il était évident que lui et tous les autres s'étaient bercés d'illusions, lorsqu'ils avaient entendu parler d'un rédacteur qui fricotait avec les instances d'Enies Lobby et le pouvoir en place, celui du Gouvernement Mondial... ils avaient affaire à un journaliste de seconde zone, comme ils pouvaient s'y attendre. Il n'avait, après tout, ni arme ni escorte... Ce qui prouvait bien que son influence était somme toute relative. Son travail devait probablement être soutenu par un supérieur afin d'être effectif : c'était leur supérieur qu'ils devaient avoir. Pas lui. Or, il devait probablement se trouver à des milliers de kilomètres de North Blue...

« Putain. »
« On peut toujours l'utiliser comme otage. »
« Ouais. Je crois qu'on va faire ça, ouais. »

Si Akis demeura coi, toujours aussi terrifié, il entendit distinctement ces mots prononcés par Frank et par son acolyte, toujours présent dans la pièce. L'un comme l'autre s'étaient résignés à cette éventualité qui lui semblait pourtant être peu enviable : dans quelle galère s'étaient-ils fourrés pour recourir à une option aussi désespérée ? Dans un cas comme dans l'autre, cela importait peu au Tokushi qui ne pouvait souhaiter qu'une chose : sa libération prompte... Et si possible par une jolie jeune femme, admiratrice secrète de sa plume acérée.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia
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