Vertues et vices

- Aidez-moi !

La jeune rousse s'était retrouvée seule dans une chambre. Emmitouflée dans plusieurs couvertures différentes, elle était parvenue à se coincer elle-même. La chambre était sens dessus dessous : plusieurs tiroirs étaient ouverts, des verres avaient répandu de l'eau au sol. Il aurait été très aisé de penser que la jeune demoiselle s'était fait ça toute seule, seulement, était-ce véritable ? Si on connaissait la famille Gratz, la simple vue de cette scène n'aurait laissé aucun doute possible. En revanche, ne pas connaitre les malheurs Gratziens risquaient de laisser libre court à de nombreuses spéculations pouvant finalement peut-être se trouver véritables...



Nils était sur la route du retour en direction du navire. Un peu rageur car il s'était rendu compte qu'il n'était pas sur la bonne ile, il espérait pouvoir s'assurer de la prochaine bonne destination. C'était sans compter sur les capacités de l'équipage : à peine eut-il une vision sur le navire qu'il vit une horreur se produire. L'un des mats était tout bonnement en train de s'effondrer dans divers cris qui étaient sans doute des membres du Compost. Un mélange entre des hurlements de joie et de terreur... ah ! Quand les chats ne sont pas là, les souris dansent !

Montant à bord, le capitaine Gratz constata sans stupeur particulières certains membres sérieux en train de s'atteler aux réparations tandis que Jone courait partout pour échapper aux coup de louche de Mama ité. Riri, Fifi et Loulou semblaient beaucoup s'amuser en commentant les actions et prenant les paris. Dans un soupir, à la fois d’essoufflement mais surtout d'impuissance, le vieillard entreprit de laisser les jeunes s'amuser. Il avait d'ailleurs beaucoup mieux à faire. D'un pas décidé et plutôt pressé, le grand-père ouvrit la porte de sa cabine et s'installa au chevet de sa petite-fille. Presque désolé d'avoir dû s'absenter, et pire encore par erreur, le vieillard commença à caresser le visage de sa tendre et chère.


SALE PERVERS COMMUNISTE !
D'un seul coup, Nils tomba à la renverse tandis que la toute petite grenouille arrivait à la rescousse. La jeune fille sauta du lit sans pour autant s'excuser et repartir très rapidement vers la sortie. En réalité, elle même ne savait pas comment elle avait atterri ici. Le Gratz chercha des explications à ce qu'il se passait mais ses tentatives restèrent vaines. Même Rukyoufu ne parvint pas à expliquer la situation, depuis le début, elle avait tenté de prendre soin de la Gratz... malheureusement, il fallait se rendre à l'évidence : Ginny Gratz avait disparu, encore une fois.

L'ancêtre avait le palpitant en morceau, incapable de se contenir, il sortit en trombe de sa cabine pour arriver sur le pont du navire. Plantant sa canne à même les planches du bateau, il commença à hausser le ton sans succès. Se voyant à la fois incompris mais également ignoré par l'ensemble de son équipage qui n'avait pas fait attention à son retour sur le pont, le capitaine Gratz haussa le ton comme jamais. Sa petite fille avait une nouvelle fois disparu et il était hors de question que ses longues recherches n'aient vaines.

Une flaque de poison commençait à se répandre au sol tandis qu'un tentacule viendrait attirer l'attention de l'ensemble des membres du Compost.


SILENCE ! Ginny a disparu, retrouvez-là... et vite !
L'équipage avait échoué et c'était impardonnable. Il y avait certainement une explication logique à tout ça... forcément ! L'équipage reprit ses esprits : jamais ils n'avaient vu le vieillard dans un tel état. Même Ité commença à reprendre les rênes et se chargea d'ordonner des équipes. Bientôt, hormis ceux qui étaient à la réparation du mat, l'ensemble des membres du Compost sillonneraient l'ile de Sepen Town.

Vertues et vices

- Tu veux me gratter le bout du nez ?

Ginny était dans de beaux draps, et c'était peu de le dire. Sans l'aide de ses membres supérieurs, elle était tout bonnement incapable de se gratter le nez qui la démangeait pourtant bien plus que de raison. Tournant comme elle pouvait tel un ver de terre en direction du jeune homme fraîchement arrivé, la petite rousse se mit à loucher et faire des grimaces toutes plus immondes les unes que les autres.

Le teint blafard, les cernes et l'attitude du nouveau venu étaient en tout point similaires à ce que Eric avait pu offrir à la jeune demoiselle en terme d'éducation. La jeune rousse stoppa alors ses mimiques de peur de rester coincée. bien qu'il s'agissait d'un mythe urbain, Ginny était bien trop crédule pour penser d'elle même.

Rampant tant bien que mal vers son bienfaiteur, la jeune adolescente donnait presque le change comme zombie. Deux potentiels mangeurs de cerveaux réunis dans la même pièce. Malheureusement, la rousse risquait gros : si rien n'était fait, elle manquerait de s'éborgner avec le verre renversé au sol. Si le jeune zombie souhaitait véritablement venir en aide à la jeune fille, alors il lui faudrait réagir vite.




Euh...
Tout était allé très vite pour l'ancêtre. Nils avait été étonné de constater qu'il avait eu de l'autorité. Mieux encore, il avait surtout été surpris de se retrouver seul sur le navire. En temps normal, le vieillard aurait du se débrouiller seul. Aujourd'hui, c'était lui qui allait être un renfort. Déterminé et sûr de lui, le Gratz se décida à prendre le même chemin que ses acolytes. Bien qu'il connaissait peu la ville de Seppen Town, il espérait secrètement qu'on ne le connaîtrait pas non plus. Malgré l'urgence de la situation, Nils se contenterait d'arborer la ville avec sa démarche nonchalante. Gare à celui qui se mettrait en travers de sa route !




- C'est bon ?
- F'est abfolument merveilleux. Notre promofion est forfément affuré avec un coup pareil. F'est une aubaine que le Compoft foit refté fur l'ile !
- C'est clair quelle bande de branquignoles ! Rien de plus simple à coup sûr.

Un bruit de choppes s'écrasant sur la table plus tard, deux étranges personnes étaient en train de rire aux éclats. Ils avaient sans aucun doute prévu quelque chose de grand et de très particulier. Peut être, après tout, que tout n'était pas la faute des Gratz finalement : comme quoi leur immense capacité à s'attirer les emmerdes et à faire n'importe quoi n'étaient qu'un signe avant coureur de la triste réalité mondiale. Le monde était en réalité plus con que la famille Gratz.

Vertues et vices

John Smith s'était vu mettre à la porte comme si de rien n'était avec cette première mission raté. Lui qui avait toujours été un as, qui avait toujours tout donné pour le gouvernement mondial, il s'était retrouvé, en un seul appel de Den den mushi, au rang de simple marin. Pire encore : il n'était plus qu'un simple marin en permission.

Déçu de ce qu'il avait pu entreprendre mais également de ses supérieurs, E - 7 choisit de continuer seul contre l'avis de tous mais surtout de l'organisation dont il dépendait en secret. Pour cela, il avait choisi de recruter avec un lui un simple marine à qui il avait proposé sa solde s'il parvenait à réussir sa mission... en réalité, il se débarrasserait surement de lui une fois l'affaire terminée, ne le considérant que comme un obstacle de plus à sa carrière.

Nils et toute sa clique n'avaient été que des ramassis de déchets, des hontes vivantes pour le gouvernement mondial. C'était une évidence à ses yeux. Son seul but était clair : débarrasser l'élite des forces de l'ordre de la vermine incapable, cette dernière incarnée à merveille par l'ancêtre devenue Contre-Amiral. Pour ce faire, il avait demandé à son acolyte de kidnapper la petite fille du vieil homme. Chose qui avait été menée avec brio.

- Elle est où ?
- A l’hôtel, enroulée comme du bacon et prête à cuire.

Le jeune soupira devant l'incompétence de l'autre... cependant, c'était la seule personne qu'il avait pu trouver en si peu de temps. Tant pis, il ferait avec au moins pendant quelques heures.

- Très bien. Retourne là bas et amène là dans un endroit sûr...
- Un reftaurant ?
- A la planque crétin !

Tandis qu'il se frappait lui même le visage, le plus jeune acquiesça en silence de peur de dire une nouvelle connerie. L'uniforme de soldat de la marine sur le dos, il prit alors congé de son superviseur du jour en prenant la direction de l’hôtel.




GINNY !
Nils était en route depuis quelques minutes déjà et se mettait à scander le nom de sa petite fille dans toutes les rues. Pestant contre tout le monde, il invectivait quiconque se mettait en travers de sa route. Peu à peu, sa couleur de peau se modifiait pour prendre une teinte violacée perceptible uniquement sous la lumière de quelques lampadaires. Des badauds se réveilleraient alors dans les appartements alentours en râlant contre le vieillard qui passerait forcément pour un marin bourré...

- Encore un... Tsss

Malheureusement pour le grand-père, il était encore loin de la position de Ginny. Il fallait espérer que des membres du Compost auraient eu plus de chance.



Tout se passa très vite pour la petite adolescente. L'espace d'un instant, elle avait cru voir un monstre... ou tout du moins un gentil petit être très fort et très touffu. Sauvée par son prince animal charmant, la petite Ginny avait les yeux qui brillaient alors qu'il avait déjà repris forme humaine. La bouche grande ouverte tel un "O" majuscule, elle ne savait pas par où commencer. Enfin libérée, le petit être chercha à reprendre de sa superbe pour remercier son sauveur mais... comment faire pour remercier un animal ?

Cherchant dans sa poche pour tenter de trouver un morceau de sucre ou autre, elle poussa un soupir avant de fixer du regard l'homme. Avec un grand sourire et toujours une belle lueur dans les yeux, elle leva la main droite pour tenter de tapoter la tête de Itazura. Finalement, une dame poisson sortit de sa chambre pour invectiver le nouveau duo du siècle. Détournant finalement les yeux de son nouvel animal de compagnie, bien qu'il soit humain, Ginny reporta son attention vers la femme poisson, c'était bien la première fois qu'elle voyait un tel être. Les yeux encore plus brillant, elle fit un véritable "Oh !" d'admiration.

Se levant prête à courir vers la jeune femme, elle tendit les bras comme pour aller lui faire un câlin... comme quoi les gênes Gratz étaient véritablement inévitables.

Soudain, un homme en tenue de marine fit son entrée dans le couloir. Voyant le boucan qui s'y déroulait, il ne tarda pas à s'exprimer.

- Qu'est fe qu'il fe paffe ifi ! Qu'est fe que f'est que fa !

Il aurait peut être dû choisir un peu mieux ses mots mais forcé était de constater que le marin paraissait surpris. L'homme ne s'était pas attendu à voir autant de monde dans l’hôtel et encore moins à ce que la petite Ginny soit libre. La surprise, lisible alors sur son visage, pouvait tout de même être interprété comme comme normale au vu de la situation.

Vertues et vices

- Et merde !

Se faisant bousculer tel un sale petit voleur, le marine vit sa promotion lui passer sous le nez. Comment allait-il pouvoir expliquer à son nouveau patron fraîchement arrivé du jour qu'il avait lui aussi échoué dès les premières minutes. Quel bras cassé il pouvait faire lui aussi ! Impossible pour le jeune homme de réagir à temps. A peine vit-il Ginny et le jeune chasseur de prime s'enfuir vers la chambre de la demoiselle qu'il sortit son arme de poing.

Prenant en joue le jeune duo fraîchement formé, il n'hésita pas à tirer une première balle. La femme poisson, bien que sûre d'elle-même, hésita à intervenir et préféra se cacher derrière la porte devant la surprenante tournure des événements. La balle venait de se loger dans le mur, très proche de la porte... visiblement, le marine n'était pas un très bon tireur.

Ginny quant à elle, regarda dans la direction du marine qui venait de faire feu lorsque la porte de sa chambre se referma sur le duo. Ne semblant pas comprendre ce qu'il venait de se passer, elle changea de cible du regard pour observer un peu plus intensément son sauveur toujours en mouvement.

- Bah... on va pas voir le feu d'artifice ? Il voulait pas un câlin le monsieur ?

Une âme normale aurait pu aisément comprendre à une drogue... malheureusement pour la petite-fille Gratz, c'était là son état normal : elle avait véritablement pensé que le jeune marine lui présentait un nouveau feu d'artifice et qu'il méritait un câlin en guise de récompense. Sotte qu'elle était !

La vie de la jeune fille était entre les mains du jeune zoan. S'il décidait de rester dans la chambre pour affronter le marine, alors la petite Ginny risquait d'être prise entre deux feux... le permettrait-il ?


- Tsss, j'étais sûr qu'il allait foirer...

John Smith avait lui aussi sorti son arme à feu, un fusil de long calibre. Il se tenait sur un toit bien camouflé et observait la scène de loin. Décidément, le pauvre était bien mal entouré : il était vraiment temps de se débarrasser des incapables du gouvernement mondial ! Les mains crispées sur son arme, le jeune marine prit sa respiration quelques secondes avant de se remettre à observer depuis sa lunette. Il fallait simplement qu'il arrête de bouger quelques secondes... juste quelques secondes...


Le cœur de Nils ne fit qu'un bond lorsqu'il entendit le coup de feu. Susurrant le prénom de sa petite-fille, plus pour lui que pour autre chose, il commença à accélérer le pas en direction du bruit. La nuit était plutôt propice à l'écoute et permettait de percevoir certaines choses plus facilement qu'en journée. Bientôt, le contre-amiral aurait rejoint l’hôtel où était détenue sa famille.

Mama Ité aussi avait perçu le bruit du coup de feu. Les autres membres du Compost étaient bien trop éloignés. Quoi de plus normal : avec le temps, les membres avaient développer un radar à la grosse dame... depuis, il lui offrait le plus de distance possible d'eux et ce, même en mission importante comme celle-ci.

Percevant le bruit comme une menace, la vieille dame entreprit de gagner elle aussi ses galons. Quoi de plus rapide que la ligne droite ? Sûre d'elle, elle analysa la trajectoire parfaite et se mit à courir... de nombreux "Booms" retentiraient alors dans la ville tandis qu'elle fracassait des murs entiers. Une chance qu'elle se trouvait dans une partie encore détruite de la ville. Les victimes à déplorer seraient donc inexistantes mais les bruits risquaient de réveiller les peurs des habitants... ainsi que d'induire Nils en erreur.

Vertues et vices

John Smith n’eut pas le temps de réagir à temps. La bête avait bondi sur son allié, du moins c’est ce qu’il supposait : il n’avait pu qu’apercevoir furtivement un début de sale bête se déplacer.

- Et merde !

Décidément, rien n’allait pour lui. Un peu affolé, il sauta du haut du toit furtivement après avoir rangé son arme. Se positionnant dans la rue discrètement, il cherchait une solution de secours… qu’allait-il pouvoir faire ?


- C’est d’accord ! Un… deux… trois…

Ginny avait commencé à compter en fermant les yeux : le gros matou avait certainement décidé de jouer à cache-cache. La petite adolescente préféra tenter de tricher un peu en entrouvrant ses mains mais, alors qu’elle approchait de huit, elle constata que plus personne n’était dans la chambre. Son partenaire du soir devait être sacrément rapide ! Le petit bout de femme gonfla un peu ses joues devant la surprise : il était évident qu’elle n’avait pas la moindre chance de le rattraper mais elle se refusait encore à tricher ouvertement. Ainsi, la Gratz accéléra son décompte.

- quinze, seize… euh…

Mince ! Le pauvre petit bout de chou ne se souvenait pas de la suite ! Comment faire ? Il avait pourtant dit de compter jusque cent. Un peu embêtée par ce problème, la rouquine se rendit à l’évidence : c’était forcément la suite !

- Cent !

Ouvrant les yeux, elle ne perdit pas une seconde : elle avait échafaudé un plan pour se sortir de cette situation et mettre toutes les chances de son côté. Ni une, ni deux, elle s’élança en direction du lit pour y prendre la couette et la jeter par la fenêtre. Pestant tout d’abord contre son idée car elle avait oublié de l’accrocher pour descendre comme ne rappel, la petite-fille sauta finalement par la fenêtre et se réceptionna comme elle put. Elle fut néanmoins surprise de constater qu’elle était toujours vivante… mais pour combien de temps ?

Regardant une flaque de neige fondue, elle constata plusieurs ondes se propager… d’abord doucement puis de façon plus virulente : quelque chose d’affreux allait se produire. Sans qu’elle ne puisse dire ouf, John Smith était arrivé par derrière et parvint à l’assommer. Tombant dans ses bras, il avait finalement trouvé sa solution de repli.

Les ondes s’amplifiaient de plus en plus et bien loin de la rue, une femme forte sortit à travers un mur d’une maison qui s’ébroua telle un chien : Mama Ité venait d’arriver. Fixant le duo, elle poussa un soupir en constatant que la jeune Gratz était dans les bras d’un homme de la marine. John Smith, lui, poussa un tic de mécontentement en pensant qu’il allait devoir être plus malin que la grosse dame pour se sortir de ce nouveau pétrin. Pourquoi les plans ne pouvaient-ils pas se dérouler comme convenu ?! Le fusil dans le dos, il espérait prétexter une garde en solo…


Nils n’était plus qu’à quelques pas de rejoindre Mama Ité et sa petite fille. Courant presque comme un dératé, il dut reprendre son souffle à plusieurs reprises avant de voir au loin le bâtiment que la grosse dame avait perforé. Allez ! La prochaine à droite et il aurait alors le visuel sur toute la situation. En sueur, le cœur battant à tout rompre, il ne restait plus qu’à espérer que son vieux corps tienne le coup.

Vertues et vices

Mama Ité était totalement atterrée de voir ce qui était en train de se passer juste sous ses yeux. Une bête immonde sortit en trombe d’un bâtiment pour arriver sur la petite Ginny et le marine qui l’avait potentiellement d’abord secourue. Se fourvoyant véritablement en voyant que les griffes se plantaient dans le corps du marine, la grosse dame tenta d’avancer encore un peu dans l’espoir de rattraper la petite fille. Le corps de John Smith fut projeté vers elle sans que lui ne puisse rien faire et c’est tout naturellement qu’elle récupéra le jeune marin.

Hurlant de douleur, le jeune sniper ne parvint pas à se défaire de l’étreinte de la grosse dame qui ne lui voulait que du bien et tandis qu’elle s’apprêtait à le lâcher pour rattraper le fauve, Nils Gratz se montra à quelques mètres seulement d’elle. Le visage rouge, la sueur perlant à grosse goutes sur le front, le vieillard écarquilla les yeux pour comprendre ce qui se passait devant lui : Ité Manjtou avec un marin blessé dans les bras tandis qu’une bête féroce semblait partir au loin comme s’il prenait la fuite. Il était tout bonnement évident que le grand méchant de l’histoire était le zoan.

Le grand-père manqua de s’effondrer sous le choc de sa vision. Tremblant de rage et presque de désespoir, du poison commença à couler le long de son corps sans qu’il ne puisse le contrôler. La sueur avait été remplacée par un poison toxique au plus haut point, sa couleur de peau avait viré au violet immonde et une flaque de poison commençait à grossir sous ses pieds. Il lui fallait gagner le maximum de vitesse, il lui fallait rattraper cette bestiole immonde qui s’en prenait à son sang et la chair de sa chair. Il lui fallait prendre les devants.

Regardant Mama Ité une unique seconde avec un regard noir, l’ancêtre réalisa un tube de poison en direction de la bête.


Venom Road.
Même la grosse dame comprit et s’arrangea pour laisser le marine à son sort afin de le suivre de loin. Son rôle serait des plus simples : s’assurer que personne ne se mettait en danger avec les dégâts de zone que risquait d’engendrer le vieillard. Dans son élan, le Gratz filerait à vive allure pour rattraper le félin. Bien que la vitesse ne soit pas son fort, son opposant aurait la chance d’observer une sorte de missile dans un tube de poison. Le capitaine ne comptait bien évidemment pas s’attaquer directement à son ennemi du jour : il devait faire attention à son enfant. Ainsi, il tenterait une première approche par la discussion malgré la course effrénée qui se déroulait entre les ruelles.


GINNNYYYYY !
Implorant, il appelait sa petite fille à se réveiller. Malheureusement, il semblait qu’elle soit endormie pour de bon… une nouvelle fois.


LACHE-LA SALE MATOU !
La voix trahissait une certaine émotion. Partagé entre la colère et la demande de pitié, il risquait une certaine ambivalence sur ses paroles. Itazura allait-il jouer avec le feu ?

Vertues et vices

Le poison suintait à travers les ruelles et il faudrait un petit temps pour que les rues ne soient nettoyées. N’ayant en vision que sa petite Ginny, le vieillard poussa un cri de surprise en voyant l’odieux matou se séparer de son otage. Nils ralentit la cadence pour couper même son poison et se réceptionner du mieux qu’il pouvait en projetant ses bras afin de récupérer sa petite-fille. D’un geste expert, il prit le pouls de la petite avant de finalement la laisser sur le côté bien adossée, il était important pour Nils de continuer sa route et de retrouver le kidnappeur : il n’y avait maintenant plus aucun doute, ce dernier aurait des renseignements sur la position de ses autres petits-enfants. Le vieillard en était persuadé.

Voyant Mama sur ses traces, le vieillard la héla pour lui indiquer de prendre soin de Ginny. Son regard était déterminé, presque guerrier, ce qui ne manqua pas de surprendre la grosse dame qui ne broncha pas une seule seconde. Ité récupéra la trousse que venait de laisser Nils et s’apprêta à lui demander quels soins étaient à réaliser en priorité mais le vieil homme s’était déjà écarté de quelques pas et, de nouveau, du poison commença à l’envelopper, ce qui coupa court à toute discussion.


Multiple Venom Road.
La voix rauque, le visage fermé, c’est une autoroute de poison qui se dessina alors dans les airs depuis le tube de l’ancêtre, de quoi gagner encore plus de vitesse. Le matou risquait de la voir venir et de loin. Nils s’élança alors dans son élément.

La vitesse prise par l’ancêtre aurait pu le griser mais toute son attention était reportée sur la trace de son opposant. Alternant son regard dans plusieurs directions, il repéra finalement les empreintes fraiches dans la neige et, en prenant de la hauteur, il perçut une silhouette animale au loin, choisissant alors de reporter toute son attention sur cette dernière. Il fallut plusieurs secondes à l’ancêtre pour arriver sur place et c’est dans un cratère de poison qu’il s’écrasa sur une butte de neige, faisant couler du poison à divers endroit tel un mini-geyser de poison.

Le contre-amiral grommela… c’était un cerf. Nils avait été particulièrement violent et la bête était entourée de deux tentacules de poison paralysant tandis que 4 autres, difformes bougeaient dans plusieurs sens. Le vieil homme restait là… faisant fondre peu à peu la neige, la respiration particulièrement rauque, presque gutturale. Les tentacules léchaient le sol ou volaient dans les airs, risquant de toucher bien des choses tandis que son regard se perdait sur les possibilités qu’aurait pu prendre le félin.

Soudain, un bruit sous une légère végétation transperça le silence de mort qui s’installait. Le visage de l’ancêtre se brusqua alors directement dans la direction, ses yeux brulant de rage telle l’immondice qu’il était actuellement et, une microseconde plus tard, deux tentacules plongèrent dans le buisson, le faisant mourir sous la corrosion… lui, le buisson et un lapin.


Rhaaaaa !
Le râle tenait plus de la bête inanimée que de l’humain… comment avait-il pu échouer si près du but ? Non… tout n’était pas terminé ! Voyant le village de pécheur au loin, c’était forcément là-bas qu’était parti son ennemi. Nils avait une idée, il devait simplement agir le plus vite possible. Aussi rapidement qu’il était arrivé, le vieillard rappela son poison à lui pour prendre la direction du port de pécheur. Là-bas, il devrait trouver le maire ou du moins prendre place au niveau du port. C’était maintenant l’heure de la quarantaine pour Seppen Town, Nils allait enfin endosser son manteau de Contre-Amiral.

Vertues et vices

L’arrivée au port fut plus rapide qu’il n’avait espéré. Le cœur du vieil homme battait la chamade tant il était investi par cette mission. Il était nécessaire de confiner le peuple de ce petit village et il devait agir au plus vite. Voyant quelques marines en vadrouille, il arriva près d’eux sous sa forme poisonneuse qui eut pour effet de les effrayer. Lâchant un petit cri, les deux hommes tremblèrent l’espace de quelques secondes devant l’immondicité qui se trouvait devant eux avant de reprendre conscience, le manteau de contre-amiral et le poison retiré ne laissait aucun doute quant à la véhémence possible du grand-père.


Quarantaine pour la ville : une bête immonde cherche à fuir et pourrait causer de bien nombreux maux… préparez-vous et cherchez là !
Les deux marines s’échangèrent un regard circonspect devant une telle information : est-ce que finalement ce n’était pas le grand-père la bête immonde qui risquait de terroriser l’ensemble de la population. L’un des deux semblait vouloir rétorquer mais la première altercation eut lieu non-loin du marché.


Du poison ?!
Le regard de l’ancêtre se tourna en direction des cris. Les yeux rouges, une lueur implacable dans les yeux, il aurait pu effrayer encore plus la population. A la base, il avait simplement mal entendu, la conversation ne concernant que du pauvre poisson mais son ouïe défaillante le poussa à comprendre qu’on parlait de lui. Tout n’était plus qu’une évidence : la bête avait dû être touchée par les attaques de l’ancêtre. Ils avaient donc vu les effets nocifs de l’ancêtre et il fallait de toute évidence en savoir plus. Le pas lourd, bien décidé à ne laisser passer aucune erreur, le contre-amiral approchait rapidement du lieu du marché et du groupe d’individus. Une voix grave, sérieuse, emprunte d’une grande velléité et particulièrement profonde viendrait alors probablement couper court à toute discussion. Oser faire déplacer un contre-amiral pour un simple problème de poiscaille aurait pu en étonner plus d’un mais la question de l’ancêtre ne laisserait sans doute place qu’à la stupeur.


Où est-elle ?
Il parlait de la bête, de celle qui avait enlevé son enfant et qui savait sans doute où se trouvait Alphonse et Chloé. Si la phrase de l’ancêtre n’obtenait pas de réponse escomptée, alors du poison commencerait de nouveau à couler dans ses yeux. Il n’avait pas le temps pour les enfantillages, il n’avait pas le temps de s’occuper de tout ça. Répétant jusqu’à avoir une réponse digne de ce nom, le vieil homme risquait bien vite de perdre patience. Reportant son attention Itazura, le vieil homme durcirait alors le regard une nouvelle fois sans savoir pourquoi, un semblant de tentacule viendrait alors lécher les lèvres de l’ancêtre. Détournant le regard bien vite, il réitèrerait autant que nécessaire sa question envers chacun des membres présents autour de lui.

Vertues et vices

Tout allait particulièrement vite et semblait enfin sourire à l’ancêtre ! Il tenait la vérité, il tenait enfin toutes les informations et tous les tenants et les aboutissants de la phrase que venait de révéler celui qu’il avait interpellé ! Une larme coula sur son visage tandis qu’il tremblotait légèrement. La goutte viendrait alors se mélanger au poison sans même crier victoire. Non, c’était principalement son cœur à lui qui criait victoire en cet instant. Il la tenait, il tenait sa petite-fille ! Ginny ne serait ainsi plus jamais seule, Chloé serait bientôt de retour à la maison et pour la bonne cause. Un sourire se dessina alors sur le visage du grand-père qui ne relâcha absolument pas sa prise.

Ce sourire aurait sans doute pu paraitre carnassier, presque se délectant de la souffrance de celui qu’il saisissait. En réalité, il n’en était rien, le pauvre vioque pensait simplement pouvoir revoir sa bienaimée petite-fille et cela lui provoquait simplement une immense joie imperceptible au premier regard. Aucune chance pour lui de manifester le moindre haki de l’observation qui n’était encore qu’au stade de l’éveil à cette époque. Ainsi, lorsque le méchant chasseur de marine vint à bluffer avec le navire en partance de l’ile, Nils n’eut d’autre choix que de retourner son attention sur ce dernier, délaissant bonnement et tout simplement sa prise sur sa victime. Il savait, Nils en était persuadé, et la possibilité qu’il ait menti ne lui traversa même pas l’esprit une seule seconde.

Tournant son regard, il se laissa aller à quelques réflexions sans queue ni tête avant de penser tout simplement aux ordres qu’il avait donné à peine quelques minutes auparavant. Plus aucun intérêt ne passa alors dans les yeux de l’ancêtre, ni même un seul regard, en direction de l’attroupement de poissonniers et du jeune Itazura. Ce dernier venait d’échapper à la fureur de l’ancêtre et pour cause : celui qu’il cherchait, la sale bête, était tout bonnement sur l’autre navire, lui n’était qu’un pauvre type qui avait surement mis à disposition le navire pour permettre la fuite ! Nils n’avait que faire du menu fretin : il devrait faire face à d’autres dangers bien plus grands encore. S’avançant en direction des deux hommes, il commença par les insulter copieusement de nombreux noms d’oiseaux.


J’vous dis personne ne sort et vous les laisser filer ? Honteux…
A dire vrai, le navire avait pris la mer avant même que Nils n’arrive mais le vieil homme ne comprendrait aucune excuse. Demandant alors de lever le confinement, il intimerait alors aux hommes de prévenir son équipage qui resterait lui sur l’ile pendant que Nils irait en direction du navire. Une aventure solitaire était sur le point de débuter pour lui. Réquisitionnant une simple barque, il commença à partir en direction du navire et dès qu’il serait à portée, il utiliserait son Venom Road pour rejoindre l’embarcation… Nils, seul face à lui-même en quête de son avenir et des retrouvailles de ses petits-enfants… Ginny et Mama, en charge du Compost pour une durée indéterminée… le monde allait-il s’écrouler ?