Voilà déjà six mois que l’incident avait eu lieu. Depuis cette triste journée, beaucoup de choses avaient changés. Après tout, rien ne pouvait plus être comme avant. La bande d’ami s’était retrouvé brisé tout comme la famille Icarus. À chaque fois qu’Ishtar recroisait Omnis et Eva, elle voyait dans le regard le même reflet qui hantait ses propres iris, les scènes de la mort de Janus et le départ de Sakuga. Les séances de jeux des garnements avaient laissé leur place à une sombre tension, un lien puissant né dans la douleur que partageait les trois camarades qui ne pouvait plus afficher la gaieté et la naïveté d’autrefois. Ainsi, si Omnis s'activait régulièrement à développer ses compétences pour devenir un guerrier, la De Lérhane partagerait certains entraînements avec lui ou bien en profiterait pour aller voir sa jeune sœur et partagé un moment entre filles, même si le spectre du passé ne pouvait les quitter. Après les deuils, Leanne et Séphiran n’eurent d’autre choix que de réprimer leur douleur pour faire de leur demeure un lieu chaleureux où leur fille pourrait s’épanouir loin de ce malheur. Néanmoins, ce n’était pas facile tous les jours et ils avaient du mal à gérer les incartades d’Ishtar dans la forêt qui deviendraient bien plus récurrentes à partir de ses dix ans, jusqu’à devenir journalières durant certaines périodes de l’adolescence.




Les bois de Bilca étaient désormais hantés par une nouvelle jeune prédatrice qui avait en tête deux choses : surpasser les oiseaux pour respecter sa promesse et retrouvait des sensations similaires à celles qu’elle avait ressentie face à l’affrontement entre Janus et Octavius. Et pour cela il n’y avait pas trente-six solutions, l’archange devait devenir la plus puissante des guerrières, aller jusqu’à surpasser le Rémus et trouver un adversaire à sa mesure. Néanmoins, elle n’avait aucunement l’intention de répandre la destruction. Ainsi, si jamais elle se retrouvait confronté à Omnis dans sa quête de puissance, elle n’irait en aucun cas jusqu’à l’éliminer. De plus, cela permettrait de réitérer l’affrontement pour y trouver encore plus de saveur. Pour l’heure, elle ne savait pas encore se canaliser, mais une chose était sûre dans son âme. Elle était une bête sauvage alors qu’Octavius était un monstre de l’Enfer, ces deux termes étant sémantiquement très différent malgré leur proximité apparente de sauvagerie même si pour l’instant il n’y avait quasiment aucune compassion dans ce regard sombre qui reflétait la bête avide de combats qui sommeillait désormais en elle et qu’elle saurait bientôt maîtriser hors des batailles.

Au cœur d’une petite clairière non loin de l’arbre où Sakuga et Eva avaient voulu construire une cabane, là même où un jeune volatile avait surgit pour affronter le groupe d’enfant, Ishtar se tenait droite, le visage froid et sévère. Elle développait ses instincts sauvages en se confrontant à la nature. Ainsi, elle avança, se mettant en marche vers ce nouvel affrontement d’entrainement. Ses pieds s’enfoncèrent dans le sol tandis que son regard bestial s’immisça dans celui d’un animal. Il s’agissait peut-être d’un prédateur. Ou bien c’était un tout autre animal céleste. En tout cas, elle savait qu’il était à sa porté et que ce n’était pas l’un de ces piafs tyranniques. Sa nature réelle n’avait donc pas la moindre importance. La distance les séparant se réduisit en quelques instants, les deux paires oculaires se rapprochant rapidement sans que la fillette ne puisse dire lequel des deux avait avancé vers l’autre. Elle effectua alors un uppercut ascendant, puis elle attrapa la patte de la bête qu’elle tira vers elle avant de lever son genou pour frapper son ventre avant de terminer en abattant son poing sur le crâne de la créature qui vint percuter le sol dans une décharge de force brute. Les pupilles de de la blonde, qui, les jambes pliées et les ailes déployés, ressemblait à un rapace prêt à fondre sur sa proie, recherchèrent la cible suivant qui fut accueillit par un coup de pied des plus violents, l’un des nombreux pas de danse de ce bal sanglant répandant la mort chez ses proies et non la destruction chez ses paires. Et au milieu de ces jets de fluide pourpre, on pouvait deviner ce sourire qui se dessinait, cette exaltation… Oui celle de la panthère prête à vous dévorer.