Kali Nomade, Azer Ty- Vous la ressentez, n’est-ce pas ?
- Quoi ?!
Le géant ailé regardait Kali Nomade avec une certaine colère. Sa main venait d’écraser le crâne du Contre-Amiral qui avait pris la vie de sa fille, des semaines auparavant. A présent, il avait eu vengeance. Une vengeance offerte par son nouvel allié. Le regard rempli d’une profonde haine, il était déterminé à suivre les ordres qu’on lui donnerait, par devoir de mémoire. Lucia, la fille unique qu’il avait eue, était descendue sur les mers bleues. Elle avait rejoint un équipage pirate par naïveté, et avait fini sa vie dans d’atroces souffrances. C’était à l’annonce de son décès que sa colère s’était amplifiée. La vindicte qu’il ressentait alors faillit le faire s’éloigner de ses contrées, mais on le lui interdit. A la place, quelqu’un avait obtenu vengeance pour lui.
- Vous la ressentez.
- La colère à l’égard de ces chiens du Gouvernement ? Oui, je la ressens.
Il était seul avec la petite femme, fragile comme une brindille, plus forte que ses hommes pourtant. Avec sa seule force, elle avait vaincu trois géants en combat singulier avant d’arrêter les frais. De toute évidence, elle s’était encore endurcie depuis son dernier combat contre l’Archer. Combat ? Depuis qu’elle avait simplement brisé le mur de diamant dans son arène. C’était un pouvoir incommensurable qu’elle possédait à présent.
Elle n’était pourtant pas la première pour toucher à la fonte. Ce qui l’avait vraiment aidée, c’était ses entraînements quotidiens contre Akainu. L’homme était d’ailleurs quelque part à l’extérieur de la tente, à prêcher sa colère contre les gouvernementaux. Il expliquait la manière dont il s’était rendu compte que ce monde était pourri. C’était inutile, bien sûr, pour un peuple en autarcie qui ne souhaitait pas s’impliquer dans les affaires du monde…
- Vous êtes sage, vous savez qu’il ne faut pas agir trop rapidement.
- Je ne suis pas sage. N’essayez pas de m’amadouer. Nous vivons seuls depuis des siècles parce nous n’avons besoin de personne, mais si on nous attaque… Nous répondons.
Son ton était celui d’un guerrier centenaire qui avait connu nombre de victoires et de défaites. Il ferait un allié de premier plan pour Centes Decima, et s’il n’appréciait pas cet homme, il comprenait que le monde était en train de s’écrouler. Son peuple avait l’occasion de profiter de sa vie en autarcie, ou de s’impliquer dans les méandres d’une politique mondiale décadente. S’il offrait son aide, il aurait aussi l’occasion d’obtenir vengeance et de pérenniser l’isolationnisme de son peuple.
Son soudain engouement avait d’ailleurs paru étrange à ses plus fidèles lieutenants. Il était devenu d’une rare bonne humeur, une chose qu’il n’avait pu avoir depuis la mort de sa fille. En tant que guerrier, il comprenait que sa fille se réincarnerait, et qu’elle aurait à nouveau l’occasion de faire des exploits. Ses larmes de père ne céderaient plus.
- Cet acte individuel est le reflet de leurs mœurs. Ils tuent sans distinction. Ils assassinent sans vergognes. Nous sommes prêts au combat.
Il se leva de son trône et marcha jusqu’à la sortie de sa tente. Kali sentait les vibrations provenir du sol, et lorsqu’elle se releva à son tour, ce ne fut que pour suivre les pas du fier guerrier. Celui-ci abattit son immense lance sur le sol. Du haut de sa grande quarantaine de mètres, il se recouvrit de son armure intégrale de guerrier. Le Haki de l’Armement en place, cette muraille qui protégeait depuis une centaine d’années Celestia hurla, et reçut la réponse de dizaines de géants, plus féroces les uns que les autres. En contrebas, des centaines d’entre eux hurlèrent en écho à la gloire des leurs.