-Je vous laisse. Je vais faire un tour voir si je peux pas vous ramener de quoi boire.

L’Archange du Typhon s’adressait à quelques camarades amazones avec qui elle restait en position en attente de la suite des événements. L’impératrice Tenshi devait encore se trouver avec Zeke ou Orphen, voir les deux en même, à discuter de choses et d’autres pour passer le temps. Le plan, même si à cause de son statut actuelle la blonde aux yeux d’argent l’ignorait, était simplement d’atteindre que les décimas cachés sur l’île sortent de leurs trous tout en profitant de la situation pour affaiblir le Gouvernement Mondial à qui l’information n’avait pas dû échapper et qui avait donc certainement envoyé des troupes en direction de l’île perdu du Bayangan, lopin de terres reclus aux confins de l’océan méridional comme tant d’autres régions des Blues à qui on ne prête que peu d’importance. La bilcane désirait changer d’air afin de réfléchir un peu. Cela faisait que quelques jours à peine qu’elle avait intégrer l’équipage des Kujas et ce de manière non définitive. Elle était une recrue, une étrangère acceptée par la bonne volonté de l’impératrice qui voyait en elle du potentielle mais qui devait éprouver la fidélité de cette nouvelle venue. Pour l’heure, la demoiselle ailée n’avait pas été adoubé comme véritable amazone et espérait que l’affrontement qui surviendrait dans les prochains jours lui permettrait de faire ses preuves. Elle n’avait beau pas se trouver dans la confidence, l’Archange du Typhon pouvant s’avérer être un espionne de Centes étant donner qu’elle avait révélé ses liens avec son ancienne faction, Ishtar se doutait bien de la raison de telle cachoterie et envisageait très clairement l’hypothèse de l’affrontement avec des décimas, le contexte de la guerre imminente contre le monarque de Merveille qui s’étalerait sur tout le globe ne laissant que peu de doutes sur les adversaires potentielles qu’il y aurait à affronter. Néanmoins, la De Lérhane ignorait encore à quelle point la confrontation l’impacterais.

La cité festoyait comme à son habitude, habitude assez récente issue de la prospérité toute nouvelle de la soi-disante jumelle de Trader avec qui elle avait pourtant que peu en commun finalement lorsqu’on les comparait en cette époque bien éloignée de leur fondation. Trader était une cité vicieuse cachant bien des aspects sombres dans ses tréfonds en demeurant indépendante du Gouvernement Mondial, le joug de la puissante Guilde Marchande née en ces lieux s’appliquant avec fermeté au travers des nombreux mercenaires à la solde cette organisation parmi les plus influentes de South Blue dont l’un des plus connus n’était autre que l’ancien capitaine-corsaire Mozero, « La Foudre de la Force » recherché à l’heure actuelle pour pas moins de 480.000.000 de berrys et qui participerait à la bataille de Marinford dans les jours à venir. Autant dire qu’une cité perdue sur un rocher isolé commençant à retrouver la prospérité souffrait énormément de la comparaison avec le florissant royaume trônant non loin de Reverse Mountain.

La bilcane attirait à elle quelques regards de par son physique hors-norme, les personnes mesurant trois mètres de hauteur étant plus que rare de par le monde et elle ne connaissait personne d’autre qui possédait quatre ailes comme elle. Au détour d’un chemin, elle percuta un homme à qui elle ne tarderait pas à offrir des excuses, mais celui-ci maugréa dans une langue étrange qui évoqua quelque chose à la De Lérhane qui fut perdu un instant dans ses pensées avant de voir l’habit qu’il portait. Une chemise de Marine ! Ni une ni deux, la main fusa à travers l’air pour attraper la gorge du mécréant et le plaquer au mur à la hauteur de son visage angélique sévère avant qu’elle ne remarque à quel point l’uniforme était en mauvaise état. La recrue Kuja se devait de protéger les siens et si jamais des gouvernementaux se trouvait déjà sur l’île, elle se devait de protéger la troupe amazone en cachant leur présence pour pouvoir ensuite obtenir des informations pour mener leur propre assaut, si telle était bien la volonté de l’impératrice d’Amazon Lily qui ne portait guère la superpuissance de Marijoa dans son cœur.

-Que faites-vous sur cette île ? lâcha-t-elle rapidement.

Ishtar arqua un sourcil. Ce visage lui disait quelque chose. Ce n’était pas une personne dont elle avait mémorisé la tête par rapport à un avis de recherche, ça elle le savait. La demoiselle ailée ne tarda pas à faire le lien avec la langue étrange pour explorer une piste dans ses souvenirs, mais les prochaines paroles de l’homme allaient peut-être lui permettre de retrouver la mémoire assez vite et expliquer la situation aux personnes les entourant pour éviter de trop attirer les soupçons.

Le mouvement de bras de cet homme était lent, terriblement lent, du point de vue de la De Lérhane. C’était une guerrière qui avait arpenté les champs de batailles aux quatre coins du globe, qui avait fait face à des personnes recherchées à plus de cent millions de berrys, commet Ren Tao ou Mystick, qui c’était faite allier du vice-amiral Archer et du futur capitaine corsaire Coffe ainsi que la connaissance amicale de l’homme devenu aujourd’hui le second de Nakata Fenice, à savoir Kyoshiro, et encore bien d’autres choses. De plus c’était une future amazone, ces guerrières puissantes d’une tribu exclusivement féminine qui maniaient pour la majorité le haki. Alors, avec tant d’expérience et de vécu, il n’était pas bien difficile pour la demoiselle ailée de juger le niveau de ce malheureux poivrot. Il était bien faible, encore plus qu’elle lorsqu’elle était démuni face aux oiseaux géants de Bilca qu’elle affronta inlassablement durant toute son adolescence, et l’arme déployée convenait de ses méthodes usant de ruses. La stratégie pouvait bien évidemment se montrer honorable, néanmoins cela n’en faisait pas moins un outil de lâche. Oui, elle n’avait rien à craindre de cet homme et elle savait qu’elle n’avait même pas besoin d’esquiver. Une écaille ventrale du Serpent à Plumes apparut sur le front de la combattante, une protection suffisante face à une balle. En vérité, elle ne comptait pas encaisser le coup, juste tenter de faire comprendre l’inutilité de la menace. En fait, elle aurait tout le loisir d’esquiver ou broyer le bras durant le temps qu’il prendrait à essayer de tirer, vu le fossé qui les séparaient.

Les paroles de l’inconnu réveillèrent cependant en elle quelque chose qui lui fit prendre conscience de l’identité du soulard. C’était un homme qu’elle avait croisé au temps où elle faisait partie de l’équipage du Centaurus, sur une des nombreuses îles qu’elle avait visitées… C’était à West Blue… Non, non. C’était à East Blue, l’île qui avait suivit la fameuse aventure à Uk-nuuha avec Heziel et Pierre Dupont. Découvrant cette triste vérité, l’ange commença à comprendre l’ampleur de la déchéance du Scott. Vu l’état de ses vêtements, la distante qui le séparait de chez lui et ses dernières paroles, il n’avait pas dû bien évoluer et se retrouver dans pareille condition pouvait signifier une grande désuétude. Néanmoins, il pouvait toujours avoir été muté loin de chez lui, les années et les événements pouvant très bien changer les mentalités pour amenait une personne tranquille profitant de sa cité natale à voyager délibérément loin de chez lui. Il pouvait faire semblant et infiltrer l’île pour tenter de débusquer des cibles. Il valait mieux l’emporter et l’interroger quand il aurait repris un minimum conscience. Après tout, il semblait user de la ruse, alors mentir et imiter un comportement ne devait guère être un problème, ce qui amenait l’ange à considérer qu’il n’était peut-être pas saoul au final. La main de l’ange fila sans que l’homme ne puisse réagir, s’enfonçant dans son ventre avec une grande maîtrise de sa propre force afin de le plonger dans l’inconscience sans l’envoyer chez Morphée pour une journée complète. Elle devait être en mesure de le réveiller rapidement.

-Bon désolé, mais faut que je vous fasse décuvez. Excusez-le pour le dérangement. Vous savez comment c’est quand les gens sont bourrés, lancerait-elle à l’attention des personnes qui l’entourait avant de rentrer rapidement pour retrouver deux comparses amazones à qui elle expliquerait la situation en attendant que le Scott ne revienne à lui.

Ce dernier trouverait d’ailleurs en face de lui trois femmes, dont la bilcane, assises dans une chambre avant de se rendre compte qu’il était lui-même sur une chaise, mais fermement attaché par une corde, prêt à subir un petit interrogatoire.

-Bonjour. Edwin c'est ça non ? Nous nous sommes rencontrés il y a bien longtemps. Te souviens-tu de moi ? ...

L’Archange du Typhon lança un regard en coin à chacune de ses camarades présentes dans la pièce. Elles hochèrent la tête. C’était la bilcane qui avait capturé l’homme, qui se souvenait le connaître d’une vie qui aujourd’hui appartenait à un autre temps. De plus, la recrue devait faire ses preuves. Voilà bien deux raisons pour la laisser interagir avec lui pour la juger. La De Lérhane demeura silencieuse alors que le forban répondait et faisait quelques demandes que les trois femmes n’avaient aucunement l’intention d’honorer. Elle ne lui ferait pas le plaisir de l’approcher et de lui offrir quoi que ce soit mis à part des questions et, éventuellement, quelques moyens de persuasions. Ainsi, c’est le silence qui répondit aux paroles du Scott, le silence et le regard ferme de trois créatures féminines féroces. La native de la mer blanche reprit la parole pour rompre le néant auditif.

-Que venez-vous faire si loin de vôtre île d’East Blue ? Êtes-vous un espion envoyé par la Marine pour localiser les ennemis qui se terrerait ici ? … Est-ce que Marchello, si je ne me trompe pas de nom, est également présent ? Si vous coopérez, nous examinerons éventuellement vos réclamations.

Les deux autres Kujas gardèrent le regard rivé sur le scélérat, semblant presque figée dans le temps tant leur inaction était grande. Si Edwin niait et cherchait simplement à revenir sur un autre sujet n’ayant rien à voir avec la configuration actuelle où la lutte entre la Marine et les fervents soldats de Centes pouvaient éclater d’un instant à l’autre si des gouvernementaux avaient eux aussi infiltrés Bayangan, la demoiselle ailée reviendrait au sujet premier avec insistance.

-Que faites-vous sur cette île ? Qui vous envoie ? demanderait-elle à nouveau.

En même temps que la scène se déroulait, la bilcane se remémorerait la journée qu’elle avait passé à Skye, la bataille qui avait fait rage et l’association entre la Marine et l’équipage révolutionnaire du Centaurus pour repoussé les flibustiers et criminels dirigeant une attaque contre le port, contraignant ainsi la petite troupe de Janaffe à plier rapidement bagage étant donné que le commandant en charge de la défense ne les aurait pas laissé filer s’ils étaient resté plus de temps, une sorte de remerciement pour l’aide apporter qui était généreuse pour une personne aussi stricte qu’il devait l’être. La main de l’Archange du Typhon s’enfonça dans sa sacoche et en sortie l’un des souvenirs qu’elle transportait souvent avec elle. C’était grâce à cela que ces événements lui étaient assez facilement revenu à l’esprit, puisque lorsqu’elle posait ses yeux sur ce porte-bonheur en forme de Valknut, que le Scott lui avait jadis offert comme un souvenir des terres de Skye, elle se remémorait l'aventure qui y était lié, comme pour tous les autres bibelots évoquant le passé qu'elle. Elle sortie donc la bibelot emprunt de mysticisme et le plaça devant son regard, à la vue de celui du Scott. Cela l’aiderait peut-être à se remémorer des souvenirs au fond, même si la demoiselle ailée n’en était pas certains.

-Nous ne sommes pas tes ennemis. Nous nous assurons juste que personne ne va s’en prendre à nous dans l’immédiat.

Encore une fois, l’Archange du Typhon demeura silencieux même si son visage se retrouve affublé d’une certaine tristesse lorsqu’elle apprit le trépas de Marchello et la haine visible que le jeune Scott lui vouait. Une sombre histoire de plus parmi toutes celles qui hante les eaux. Un soupir quitta les lèvres de la bilcane tandis que l’homme racontait son histoire. Certes, cela semblait réel, tout comme ses larmes, néanmoins le doute demeurait dans la De Lérhane. Jadis, le récit de Volga lui avait parut si réelle alors qu’au final ce n’était qu’une menteuse et une fidèle servante vampirique de la famille Hungaria. Croire en cette femme désespérer et déprimé avait faillit la conduire à une destinée funeste d’esclave pour le compte d’un client de la pègre. Alors, même si elle avait envie d’y croire, l’ange demeurait assez suspicieuse, serrant les dents en réfléchissant à quoi faire tandis que l’une des deux autres amazones se leva pour aller récupérer le tricorne avant que le Scott n’y parvienne.

-Ravi que tu te souvienne de moi, déclara la demoiselle ailée en commençant sa métamorphose.

Ses jambes se réunifièrent en un unique appendice tandis que plumes et écailles faisaient leur apparitions, la langue bifide passant entre ses crocs acérées alors que son regard argenté prit la couleur de l’or. La queue au bout de son immense corps long de huit mètres se dirigea vers la chaise d’Edwin et s’enroula autour pour l’empêcher de se déplacer davantage. La blonde ne souhaitait pas faire souffrir le prisonnier. Elle n’usa donc pas de la capacité constrictrice de son corps, cherchant simplement à l’immobiliser pour qu’il ne tente rien de stupide pour s’échapper. S’approchant, elle reprit la parole.

-Cela m’attriste fortement que tu ais une vision si pessimiste. Le monde n’est pas noir ou blanc, les factions sont composées d’innombrables personnes aux ambitions, caractères et objectifs très différents les uns que les autres. Qu’est ce qui différenciait les Centaurus d’un équipage de la Marine en dehors du fait que nous affrontions de temps à autres des gouvernementaux ? Rien. Nous nous attelions à protéger les populations que nous croisions tout comme nous avons chercher à vous aider lorsque votre port s’est fait attaquer. Néanmoins, l’équipage n’existe plus. Janaffe est mort, le navire a sombré et Arias a disparu. Aujourd’hui, je suis amazone et elles sont ma demeure. Néanmoins, je ne cacherais pas mon affection pour mes anciens camarades et que je ne regrette pas le temps que j’y est passé. Je ne te laisserais pas les insulter impunément.

La main de la maudite mythologique fendit l’air et frappa avec violence la joue du jeune homme.

-Je constate en effet que tu as changé, même si je te connaissais au final assez peu. C’est bien malheureux. Moi aussi j’ai changé par bien des aspects, néanmoins mes valeurs restent les mêmes… Quant à ce que je vous veux, je vous l’ai dit. Vous étiez dans la Marine et j’ai donc toutes les raisons de m’inquiéter quant à votre présence sur cette île. Il en va de mon devoir de mettre mes connaissances au service de la protection de mes sœurs amazones. Nous n’avons rien précisément contre vous. Convainquez-nous que vous ne travaillez plus pour le Gouvernement Mondial et nous vous relâcherons sans autre forme de procès. Vôtre petit discours était assez touchant, malheureusement c’est insuffisant pour l’instant. J’ai connu des menteurs au jeu d’acteur assez perfectionné, alors nous il nous faut un peu plus qu’un récit pour être sûr, d’autant plus que d’après la manière dont vous avez traité mes anciens camarades, vous partagez encore des valeurs communes avec des gouvernementaux s’attachant simplement au respect de la loi en ignorant l’humain pour se concentrer uniquement sur sa faction. Cependant, si votre récit est véritable, sachez que je compatis à vôtre malheur.

-Je vois. Désolé, mais vos provocations n’auront pas d’effets sur moi. Et vous avez tort, l’or est un traître comme les autres puisque dès le moment où il a quitté votre main, son influence meurt pour vous laisser comme cible de plus riches que vous. L’or peut se retourner contre vous avez la même ardeur que tout le reste.

Elle marqua un silence court et pesant, observant de près cet homme qui se montrait de plus en plus détestable au fur et à mesure des secondes.

-Je n’ai pas parler que vous soyez malheureux, mais que le malheur vous accable et vos paroles ne font que le confirmer de mon point de vue qui, je vous l’accorde, n’est certainement pas le vôtre.

L’étau autour du Scott se desserra tandis que le visage de la bilcane se rapprochait de celui de celui qui fut il y a si longtemps un camarade de bataille. Elle était triste pour lui. Les personnes qui se moquaient du conflit mondial et ne cherchaient rien d’autres que de survivre en profitant de ce qu’ils peuvent en ignorant le reste étaient bien des malheureux qui ne se rendaient pas compte à quel point ils retiraient à leur existence toute valeur en la plaçant au centre, voir au-dessus, de tout. Elle se demandait bien comment sa désertion avait bien pu se passer pour qu’il devienne tel qu’il est aujourd’hui. La vie possédait son lot de destin tragique et il semblait clair à l’Archange du Typhon que dans les conditions actuelles elle ne pourrait en aucun cas essayer de changer sa vision des choses, autant de par l’entêtement inhérent à ce genre de point de vue que de par le contexte avec les amazones et les décimas.

-Soit, je vous accorde votre coup de poing, déclarerait-elle alors avec une certaine lassitude, comme si cela n’avait pas la moindre importance et qu'il s'agissait d'une perte de temps obligatoire.

Sa main se referma sur le manche d’Ashunera et la demoiselle ailée trancha les cordages afin de libérer un seul et unique bras tandis que le reste de son corps serait toujours entouré de l’appendice, se refermant avec plus de fermeté qu’auparavant pour compresser sa chair et ses os et l’empêcher d’user quoi que ce soit d’autres que du poing qui viendrait mourir sur le visage écailleux de la bilcane sans que celle-ci ne bronche, sa tête ne bougeant pas d’un centimètre face à l’attaque qui ferait peut-être même mal à l’originaire de Skye qui aurait l’impression de frapper un mur, suite à quoi son appendice viendrait récupérer le bras. Bien sûr, il se pouvait que le Scott cherche à utiliser à nouveau un tour de passe-passe en sortant un pistolet ou quelque chose d’autre de sa manche comme précédemment, cependant, malheureusement pour lui, les amazones avaient pris le soin de le désarmer avec attention en le palpant méticuleusement avant de l’attacher. Après cela, la maudite se tournerait vers ses camarades.

-Bon… On en fait quoi ? leur demanderait-elle.

Le Scott aurait certainement encore quelques instants pour essayer de s’exprimer avant que la queue ne vienne recouvrir sa bouche pour l’empêcher de parler davantage.

-Avoir raison est en effet un concept fort abstrait. Néanmoins les excuses sont quelques choses de plus tangible et il m’apparait limpide que le mot le plus juste s’avère être justement « raison ». En fin de compte, les raisons se transforment en excuse en fonction des jugement subjectifs qui s’y applique, répondrait-elle davantage pour elle-même que pour le Scott.

Lorsque ce dernier posa son doigt sur son nez, le visage de l’Archange du Typhon en changea d’expression en aucune façon, se contenter de demeurer le même avant qu’elle ne fasse volte-face, offrant à la vue du prisonnier le dos et les ailes recouvert du plumage vert émeraude de l’être mythologique qu’elle incarnait. Ses paroles résonneraient sans que son interlocuteur ne puisse répondre étant donné que l’appendice se trouvait désormais sur ses lèvres.

-Voilà des propos bien ingrats. Tu sous entends que si tu avais su que nous appartenions à la Révolution d’Arias tu aurais agi contre nous, mais si j’avais été là il y a deux ans tu aurais voulu profiter de mon aide. Voilà bien tout l’égoïsme qui hante bien des personnes amères en cet ère sombre. Le monde est si triste, si morne. Les gens comme moi et le reste de l’équipage du Centaurus qui cherchaient à y apporter un peu de lumière ne peuvent pas se trouver partout en même temps. Un jour nous venons en aide à une personne alors qu’à des dizaines de kilomètres de là une autre souffre. Parfois, il faut laisser certaine personne souffrir pour le bien de la majorité, pour que l’avenir soit meilleur et que le soulagement ne soit pas une poigné d’instant du présent mais bien un système bien construit en mesure de maintenir la paix, une denrée si rare dans cette guerre. Enfin… Aujourd’hui, je vogue aux côtés des amazones. Je ne suis plus une femme voyageant seule, mais à nouveau la partie intégrante d’un groupe qui lutte pour sa propre cause, celle de Tenshi Taya. Mais j’imagine bien que tout ceci vous vous en moqué bien. Pardonnez-moi de vous importuner avec des réflexions alors que cela ne vous intéresse en aucune façon. Je vous demanderai seulement une dernière chose, ne m’appelez pas « amie », peu importe ce que cela désigne pour une personne aussi perdue que vous. Nous aurions pu l’être autrefois, mais cette époque semble révolue.

Les deux amazones froncèrent les sourcils face à cette prise de paroles, mais gardèrent leurs pensées pour eux. La nouvelle recrue avait assurément bon cœur, mais faire ce qu’il fallait être fait pour se protéger les unes les autres étaient primordiales. Heureusement, les propros quant à la cause unique de la Taya les rassurèrent quant à la position de la De Lérhane dont les motivations avaient été clairement énoncé à Whiskey Peak.

-Je pense qu’il n’est pas en mesure de nous causer des ennuis. Il m’a l’air sincère, commença l’une des deux demoiselles.

-J’ai encore quelques doutes… répondit la bilcane en se remémorant de tels erreurs de jugement qu’elle avait déjà pu faire par le passé en laissant l’empathie prendre le pas sur la prudence.

-De toute façon, même s’il a des camarades gouvernementaux dans le coin, il n’y a personne qui serait en mesure de faire face à l’impératrice et au Lundren. Envoyer un agent si puissant pour s’occuper d’une troupe de décimas aux capacités inconnues alors même que la majorité des officiers à travers le monde semble converger vers des points importants pour livrer bataille serait plus que contre-productif.

La Kuja parlait de cela sans même savoir à quel point la nécessité de rassembler des combattants d’élite aux quatre coins du monde était une priorité. En effet, les unions étaient de mise, que ce soit les vice-amiraux Ericken et Iliena qui s’associèrent au chef révolutionnaire Eken Sor pour l’exécution de Kiru, l’Inquisition d’Erwin Dog qui fait front commun avec la famille Thalassa au blocus de Shabondy pour faire face aux décimas amenant comme pion nul autre que l’ancien amiral en chef Kizaru, le vice-amiral Pizo s’alliant temporairement à des hors-la-loi sur North Blue lors de sa propre bataille ou encore l’Alliance des Chasseurs de Primes collaborant avec l’ancien capitaine corsaire Nakata Fenice, ayant trahit le Gouvernement Mondial pour faire sortir les prisonniers du dernier niveau d’Impel Down en compagnie d’Erwin Dog, afin de faire face à la puissante armada de l’Empereur Pirate Hadès Tenryon. Cette bataille d’envergure mondial avait beau se concentrer à Marinford, toutes les factions seraient contraintes de faire des alliances exceptionnelles pour palier à la situation exceptionnel.

-Vous avez raison. Et même si c’était le cas, je pense bien que l’impératrice serait ravie de s’occuper d’un tel gradé. Le fait-est que nous devons seulement être un peu plus sur nos gardes je présume.

L’étau de l’ange se desserra tandis que l’Archange du Typhon reprenait forme humaine, ou plutôt angélique, afin de s’assoir sur la chaise qu’elle avait quitté un peu plus tôt.

-Tu peux filer, dirait-elle tristement en se remémorant sa rencontre passé avec le Scott ayant malheureusement emprunté une bien trop sombre voie depuis, à l’image de l’ami d’enfance d’Ishtar, la demoiselle ailée ayant remarqué l’ombre s’étendre sur Sakuga lorsqu’elle l’avait revu à Senzai Sazoka lorsqu’elle avait mis fin à la bataille avec Kosenjobi afin que la paix y règne.

Edwin était libre. Il pouvait récupérer ses armes et partir. S’il tentait quoi que ce soit contre les amazones, bien évidemment ces dernières réagiraient immédiatement pour l’arrêter avant que ce dernier ne puisse faire des dégâts.

-Je prierai pour que vous trouviez des réponses aux questions que vous avez peut-être choisit fermement d'ignorer. J'espère que vous serez un jour en mesure d'avancer à la lumière et non au cœur des ombres. Bonne chance à vous Edwin Scott, dirait-elle finalement si l'homme quittait les lieux.

L’ange fut surpris par le geste du Scott et eu un très léger mouvement de recul, comme un réflexe de défense qui mourrait dans l’œuf par un abandon en percevant l’absence d’hostilité. Elle écouta sous le regard sceptique de ses camarades Kujas qui craignaient une entourloupe. La bilcane demeura silencieuse quelques instants, puis hocha la tête.

-D’accord… Vous pouvez continuer la garde sans moi ?

-Bien sûr. Fais attention à toi, répondis simplement l’une des amazones qui sous-entendait de ne pas tomber dans une ruse tendue par le potentiel gouvernemental.

La native de la mer blanche de se lèverait et quitterait la pièce en compagnie du Scott, toujours plongé dans un silence assez froid sans lui serrer la main. Comme il l’avait fait remarquer un peu plus tôt, en ce moment la demoiselle ailée n’était pas réellement à même d’accepter les plaisanteries, ce qui expliquait pourquoi en dépit de la tournure de phrase final voulant remettre les choses à zéro elle demeurait assez tendue. Son regard se baladait sur les alentours à mesure qu’ils avançaient dans la cité en fête. Son inexpressivité naturelle revenait au galop dans ces moments-là où elle ne forçait pas sur ses propres traits.

-Alors… Peux-tu me raconter ce qui t’es arriver avant que je te raconte moi-même ce qui m’es arrivé. À moins que tu ne préfère que je parle en première, mais j’aurai peur de t’endormir étant donné que je suis du genre à parler longuement, mois que lorsque je réfléchis comme tout à l’heure mais suffisamment pour faire plein de détours dans le fil du récit…

Son regard se baladait à nouveau sur les alentours, celle que ses camarades d’enfance surnommaient « Tour de guet » en raison de sa taille démesurée. Depuis sa position, elle avait en effet une vue dégagée sur toutes les personnes dans le coin. Cherchant à voir si elle ne reconnaissait personnes, de par un avis de recherche ou un article de journal qu’elle aurait lu, comme depuis le début de la journée, la demoiselle ailée se laissa aller à un peu de mélancolie en reprenant la parole avant qu’Edwin ne commence à parler de son histoire, si jamais il avait accepté de raconter en premier et qu’il ne voulait pas attendre d’être à la taverne pour cela.

-Si morne…

Deux mots qui faisait écho à un des courts monologues de la De Lérhane durant son entrevue avec Edwin un peu plus tôt, deux mots qui faisaient référence à l’aspect sombre de ce monde qui dépérissait jour après jour en entraînant dans les ténèbres de plus en plus de personnes aux quatre coins du globe.

Le regard de la bilcane balaya l’assemblée dans la taverne rapidement lorsqu’elle y pénétra. En fond, une personne décuvait en ronflant, un chapeau cachant la majorité de son visage alors que ses deux pieds trônaient magistralement sur la table à laquelle d’autres gaillards avides de boissons c’étaient installés pour lui tenir compagnie. C’était à cette même place qu’un homme silencieux le réveillerait lorsque l’heure de la bataille viendrait. En effet, cette personne qui avait intégré la population, comme ses collègues, il y a un peu plus de six mois n’était autre que Samuel Wesson, un puissant décima qui ferait face à Zeke Lundren et, surtout, qui était à l’origine du dispositif explosif se cachant dans les profondeurs de Bayangan afin de faire sauter l’île pour emporter tout dans leur tombe, même si au final il survivrait à cette journée. Ce n’était pas le cas de l’homme qui le réveillerait, Kyusuke Sadaemon, que l’Archange du Typhon tuerait durant la lourde et intense confrontation qui allait venir. Cette victoire ne serait pas obtenue facilement puisque la demoiselle verrait son corps traverser de part en part via l’acier froid d’une lame ainsi qu’une multitude d’autres plaies ainsi que des brûlures issues de la foudre qui la traverserait. Mais, pour l’heure, rien de tous ceci n’était arrivé. Ce visage d’un homme qui aurait pu être un collègue lorsqu’elle était encore affilié à Centes ne lui disait absolument rien tout comme ce corps d’archange géante ne lui aurait rien dit s’il n’était pas encore en train de ronfler, la pense pleine de boisson à l’issue de la beuverie.

La De Lérhane prit une bouteille de jus de fraises et rejoignit l’originaire de l’océan occidental. La recrue amazone n’appréciait pas du tout les breuvages alcoolisés et préférait nettement l’essence extraite directement des fruits. Il faudrait réellement la contraindre pour l’amener à boire de l’alcool. Enfin, la demoiselle écouta patiemment le récit d’Edwin, buvant à intervalle régulier tout en s’imaginant les scènes dans sa tête. Elle resta à nouveau silencieuse, préférant éviter de couper son interlocuteur par respect pour les événements qui s’étaient produit. La demoiselle ailée attendit donc qu’il en arrive à sa conclusion emplie de lamentations et de désespoir avant d’elle-même prendre la parole.

-Je ne l’ai pas beaucoup connu, néanmoins je pense que tu ne dois pas douter. L’acte qu’il a réalisé en te donnant son seul héritage au travers de cette plume montre à quel point il tenait à toi. Je pense qu’il n’a dû te mentir que très rarement, lorsque le secret de son plan été en jeu. Il ne faut pas croire que les personnes qui mènent des trahisons le font toujours à gaité de cœur. À mon avis, il devait être sincère avec toi plus que de raison et dans ses derniers instants tu étais tout ce qui lui restait. Tu n’auras certainement jamais de réponse concrète, alors te poser éternellement les mêmes questions ne te servira à rien. Il te faut avancer en acceptant le passé et en considérant que même si Marchello était un traitre, c’était bien la personne qui t’a côtoyé pendant longtemps. S’il t’avait réellement mentit tout du long, jamais il ne se serait tourné vers toi à la fin. Ceux qui mentent sans regrets son des ordures qui n’ont aucun attachement envers leurs victimes.

Ces dernières paroles visaient bien entendu Volga, mais allait devoir déjà raconté une histoire, alors en rajouter une autre si complexe par-dessus était inutile. Afin de changer de sujet, la demoiselle ailée se doutant qu’il n’était guère joyeux de penser à un vieil ami ayant trépassé, elle posa une autre question au jeune homme en préférant ignoré toute la série d’aveux sur des actes répréhensibles qui faisaient beaucoup de mal au cœur de la De Lérhane.

-Un vice-amiral carrément… Et bien… C’était encore Lim Focker la régente d’East Blue à l’époque non ? Hérail et Cruz ne sont arrivés qu’après lorsque la vice-amiral Focker est partie à la poursuite des Dokugans sur Grandline il me semble, lança-t-elle en accordant une pensée à Heziel Coffe. De toute manière, il ne me semble pas que le constantiniste était autant en vogue il y a deux ans, donc ce serait fort peu probable qu’Hérail était à la tête d’un océan à l’époque. C’était donc Lim Focker qui était là ?

Bien évidemment, la question qu’elle avait posée était bien trop proche des événements cités pour changer de sujet. Quelle idiote elle pouvait être parfois. Ainsi elle écouta le déroulement de la journée fatidique dans le même silence que précédemment. On sentait bien que ces événements était encore vif dans l’esprit du jeune homme. Un tourment continuel, des Érinyes folles tournoyant autour de soit pour crier des mots horribles aux oreilles de la psyché, voilà ce qu’était le spectre tourbillonnant autour du Scott.

-Je pense que Marchello avait dû être tiraillé entre ses responsabilités de capitaine et l’exécution du plan prévu et ses sentiments envers vous. Lorsque des choses trop horribles pour nous doivent être faite mais que l’on n’arrive pas à les regarder en face, on détourne le regard. Marchello croyait peut-être que tu courrais à ta mort, mais savait qu’il ne pourrait pas l’empêcher sans faillir à la tâche qu’il s’était donné sans avoir que c’était loin d’être l’intention de ses hommes. Il t’a laissé derrière lui non pas car il ne t’aimait. Non. Au contraire. Il t’a laissé car il t’appréciait. Autant pour éviter de voir ce qui allait t’arriver que de te dévoiler la vérité sur sa trahison et le jugement que tu aurais pu avoir de lui après cela. Je ne pense pas que tout le monde ait le courage d’affronter le regard des personnes qu’elle aime lorsqu’elle mène une trahison. Voilà ce que j’en pense…

La main de l’ange reposa violemment le verre sur la table. C’était la première fois qu’elle s’emportait vraiment depuis tout à l’heure. Même lorsqu’elle l’avait giflé, cela avait prit une forme formelle et les provocations n’avait nullement agité l’esprit de la De Lérhane, pourtant abordé cette façon de voir les choses remuait quelque chose en elle qu’elle aborderait par la suite même s’il y avait un sous-entendu dans son avant-dernière phrase.

-Oh… C’est une longue histoire. Mais les amazones n’ont pas une vision particulière des hommes, enfin pas toutes. Certes, j’ai connu des hommes masochistes par le passé, mais un bien grand nombre de « mâle » m’ont aidé et sont parmi les personnes que je peux nommer amis ou simplement alliés. De ce que j’en sais, c’est également le cas de nôtre impératrice Tenshi qui est, comme moi, une étrangère ayant intégré les Kujas et qui par conséquent à connu bien des hommes avant cela. Ce que j’ai pu lire sur elle dans les journaux par le passé le confirme. Non, la raison pour laquelle je rallié cet équipage pirate, c’est car ce sont de grandes guerrières agissant en une véritable troupe. Nous nourrissons les unes des autres pour nous améliorer et je compte bien, pour une fois m’imposer et devenir une figure importante parmi elle.

Un sourire en coin apparut sur son visage, mais cela n’était aucune de la satisfaction mais de la nervosité, ce qui se voyait vu comment son visage était tendu et son regard plongé dans le liquide tournoyant dans son verre.

-Voilà dix ans… Dix ans que je parcours les mers du monde entier. J’ai participé à de nombreuses batailles, j’ai été une soldate sous les ordres de différentes personnes et j’ai sauvé bien des gens. J’étais au sein de la Révolution d’Arias avant même qu’Erwin Dog, le leader de l’Inquisition qui est certainement l’un des plus importants mouvements révolutionnaires actuels, n’en fasse partie. Je suis une combattante expérimentée. Je suis assez forte, mais loin de l’élite… Alors aujourd’hui, j’ai l’ambition d’enfin être quelqu’un. Pas seulement la combattante numéro cent trente six de l’armée de tel faction durant la bataille, mais bien une figure nommée. J’en ai assez de me battre sans jamais avoir de reconnaissance. Bien évidemment, le fait que les gens que j’ai aidé me remercie est un prix suffisant, mais je ne cesse de me dire qu’en étant davantage connu je pourrai être plus efficace. Mes adversaires pourraient me craindre plus rapidement et les gens me faire confiance sur ma capacité à les aider plus vite également…

Elle marqua un nouveau silence.




-Enfin, tu voulais savoir comment s’est terminé mon épopée chez les Centaurus n’est ce pas… Rien de bien glorieux. La Révolution nous considérait comme une unité de seconde zone. Nous n’affrontions que rarement plus haut qu’un équipage d’un lieutenant de la Marine lorsque nous exécutions les ordres. C’était désolant. Nous étions tous à même de nous charger de faire davantage de choses, mais nous stagnions à nous confronter à toujours le même type d’ennemis. Déjà à l’époque je voulais m’entraîner pour être plus forte. Alors j’ai quitté l’équipage et j’ai rallié les Décimas. Quelle idée mon dieu. Quelle idée. Dans le malheur de mon choix stupide, je suis tombé sur une membre de l’ordre de Centes qui avait bon cœur et avait rallié ce camp pour une bonne raison. Sa famille avait brûlé lors de l’infâme bombardement d’Ohara, celui là même qui avait été orchestré dans l’unique but officiel d’éliminer Centes qui aurait dû se trouver sur l’île. Mon œil ouai… Avec les services de renseignement qu’ils ont, le Gouvernement Mondial n’avait aucun moyen de savoir qu’il n’était pas là-bas. Je suis certain qu’il y a une autre raison pour laquelle ils ont décider d’éradiquer toute la population… Mais ceci est un autre débat… Enfin bref. Au sein de chaque camp, il y a des personnes bonnes et des personnes mauvaises. Yufina et moi faisions partie des gens attentionnés à l’égard des populations au sein des décimas. C’est pour cela que je n’ai pas déserté en dépit de mes regrets d’avoir rejoins cette faction. Je voulais exécuter les missions que l’on me donnait à ma manière. À chaque je me disais que si je partais, on enverrait à ma place un monstre cruel qui n’aurait aucun scrupule à piller et tuer au passage. Je me sentais responsable du sort de ces malheureux. Alors je demeurais là, à exécuter les quêtes selon mes méthodes, m’alliant même à la Marine s’il le fallait par moment, une chose qui ne m’a jamais ennuyé tant que les officiers ne sont pas sans scrupules, corrompus ou dans une vision trop absolu de la justice.

L’Archange du Typhon porta son verre à ses lèvres pour prendre une gorgée avant de remplier à nouveau le contenant.

-Néanmoins, je n’en avais pas fini avec les Centaurus… Lorsqu’Arias est mort, j’ai voulu les retrouver. Janaffe, le capitaine, était un véritable fanatique d’Arias. Il avait voué toute sa vie à cet homme. C’était tout ce qu’il avait. Je savais à quel point la disparition du leader allait le dévaster et j’avais raison. Lorsque je les ai retrouvés, il n’était plus que l’ombre de l’homme que j’avais connu. Une véritable loque. C’est là que j’ai pris une décision. Une décision qui me hante depuis et ne me quittera jamais. Une décision qui me fait me dire que dans l’ultime jour de sa vie Marchello a dû vivre une épreuve similaire en laissant son ami au milieu d’un conflit… J’ai… J’ai…

Un soupir quitta les lèvres de l’Archange du Typhon avant qu’elle ne prononce les prochains mots avec une fermeté exemplaire tandis que sa main se resserrait clairement sur le verre qui aurait volé en éclat si elle ne s’était pas contrôlée.

-J’ai décidé de tuer Janaffe. C’était de l’euthanasie. Il avait sombré dans la dépression depuis trop longtemps et n’avait plus rien à quoi se raccrocher. Je compatissais à son malheur. J’étais triste pour lui, pour cet homme qui avait été mon capitaine, que je considérais toujours comme mon ami même si je l’avais quitté il y a bien longtemps. Je voulais mettre un terme à ses souffrances. Alors je l’ai fait. Je l’ai fait sous le regard de mes anciens camarades. Tous m’ont vu faire. Ils étaient tous là lors du combat. Mais dans son désespoir, dans cette rage contre la réalité qui le poussait à me haïr, il refusa qu’ils interviennent. J’ai triomphé, puis je suis parti sous le regard de mes amis qui me jugeait. Je savais ce qu’il pensait de moi.

Le regard de la bilcane se dirigea vers celui d’Edwin. Elle lui dit les mots suivants, les yeux dans les yeux tandis que des larmes commençaient à quitter ses orbites.




-Je voyais leur regard. Encore aujourd’hui, il m’arrive, en fermant les paupières, de voir leurs yeux tournés vers moi, avec cette colère, cette tristesse et cette incompréhension. « Pourquoi as-tu fait ça ? » Ils n’avaient pas besoin de le dire. Je le voyais dans leurs yeux. Parce que je pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour mon ami. Si jamais su qu’Arias allait mourir, je l’aurais peut-être même fait avant, pour qu’il ne connaisse jamais cette faille qui se crée en nous lorsque le monde tel qu’on le connait se brise pour nous ramenait à la vérité dure et implacable d’une réalité aussi cruelle que froide. Malgré ce spectre qui me suis partout, je ne regrette pas. Je l’ai fait pour son bien, pour éviter qu’il ne souffre. Si Marchello t’a abandonné à la mort ce jour-là, ce n’est pas car qu’il désirait que tu ne vives plus, c’est car il voulait que tu ne souffre pas. L’état dans lequel tu ais aujourd’hui en ayant découvert son geste, en ayant vu ce qu’il est advenu lors de cette journée fatidique… Cet état lamentable dans lequel tu te trouves, au fond des abysses de ton propre aveux, cette perdition dans laquelle tu te trouvais, c’est de ça qu’il a voulu te préserver d’après moi et il a échoué. Je ne sais pas s’il aurait eu la force de faire comme moi, de mettre un terme à l’existence d’une personne qui nous est cher dans son intérêt même si c’est contre sa volonté… En tout cas, il a simplement préféré détourner le regard, s’en aller et comme cela au fond de lui il aurait pu se dire que tu étais peut-être encore en vie, qu’il ne t’avait pas laisser mourir et que tu referais peut-être ta vie après cette bataille en tirant un trait sur lui et tous les problèmes qu’il a pu apporter en tournant la page. Néanmoins la peur t’a amené à fuir et à le voir, découvrir ce qu’il ne voulait pas que tu découvre et tu as assisté à un terrible spectacle. Je le plains. Oui. Je suis désolé qu’il ait échoué.

Un nouveau silence plana un instant.

-Qui sommes-nous pour juger de ce qui est le mieux pour quelqu’un d’autre ? C’est une question que tu pourrais poser et elle serait légitime. Cependant, mon avis est que nous sommes la pire personne pour juger de ce qui est bien pour nous. Sur de très nombreux points, je n’ai pas d’opinion, cherchant à explorer toutes les façons de voir la situation pour confronter à quelqu’un une vision différente et essayer de l’enrichir de celle-ci, l’amenant à se poser des questions pour s’améliorer dans son opinion. Cette quête philosophique est de manière concrète des plus absurdes. Elle n’a aucune application concrète et rend même toute chose des plus complexes. C’est en un sens un fardeau. Mais en ce qui concerne cela, je ne me pose aucune question. Lorsque les ténèbres sont trop profonde pour raviver la lumière, il faut savoir l’accepter pour l’autre et être en mesure de lui faire connaître la paix pour mettre un terme à ses tourments.

Le regard de la De Lérhane se perdit à nouveau dans le breuvage.

-Je vais vous conter une histoire Edwin Scott. Une histoire qui s’est passé il y a bien longtemps dans une terre lointaine. Une histoire qui peut prouver que l’on peut tourner la page et qui m’incite à penser que Marchello aurait fait une erreur de jugement puisque les ténèbres qui vous entoure ne sont pas suffisamment opaque pour que vous ne vous en extrayez plus jamais. Après tout, vôtre vie ne reposait pas uniquement sur une amitié contrairement à Janaffe qui vivait corps et âme pour Arias…

Bien sûr, l’originaire d’East Blue pouvait choisir de répondre ou d’interrompre l’Archange du Typhon, mais cette dernière allait entamer un nouveau récit particulier se déroulant dans une contrée dont la nature même surprendrait cet homme.

Suite à ce monologue explorant le passé de la demoiselle ailée, le Scott parla quelque peu de son paternel. Un gradé amateur de philosophie et de discussion poussées, cela n’était pas une première pour la De Lérhane, néanmoins elle retiendrait ce nom au cas où elle repasserait à Sky un de ces jours. Elle ne sait pas si cet homme accepterait d’entendre parler de son fils, mais elle pourrait très bien le faire.

-Ce n’est rien… déclarerait-elle suite aux excuses de cette vieille connaissance.

La bilcane versa un peu de liquide dans son verre avant d’entamer son récit.

-Il était une fois un groupe de quatre enfants fortement proches, deux filles et deux garçons dont un frère et une sœur, des enfants qui avaient entre six et huit ans. Ils passaient des journées à s’amuser tandis que certains de leurs parents allaient à la chasse tandis que d’autres s’occupaient d’eux. Les chasseurs étaient forts et des personnes très importante puisque l’île regorgeait de volatiles gigantesques et terriblement dangereux en mesurant d’emporter et de dévorer des groupes d’humain entier. Par une journée comme les autres, après qu’une punition ait été levé pour les quatre enfants qui s’étaient enfoncé dans la forêt pour construire une cabane et s’étaient exposé au danger des oiseaux, ils se rendirent non loin de la plage où ils discutèrent de leurs rêves, se confiant leurs ambitions pour l’avenir en faisant un serment de les réaliser un jour. L’orage approchait et contraignit tout le monde à rentrer au village, ce qui les contraignit à découvert un horrible spectacle. Deux des pères chasseurs se faisaient face et s’affrontaient dans un combat d’une violence extrême. L’un avait été métamorphosé par un de ces fruits du démon et était avide de sang. Il désirait réduire en charpie toute la population de l’île et en particulier son propre enfant. C’est son meilleur ami, le géniteur du frère et de la sœur de la bande, qui s’interposa et tenta de calmer ses ardeurs tandis que nous essayons d’emporter le fils du maudit au loin. Néanmoins cela échoua. L’enfant revint voir les terribles événements plutôt qu’allait se cacher. Le combat d’une violence extrême qui aurait certainement pu ravager toute une ville s’acheva alors sous le regard des quatre enfants. La tête du parent de la fratrie vola dans les airs et retomba au sol. Il ne restait debout que le monstre assoiffé de sang qui voulait anéantir la population.

L’Archange du Typhon avala une gorgée de boisson.

-Le fils de la bête s’interposa alors et se sacrifia, s’offrant à son paternel en échange de la survie des autres. La créature maudite quitta donc les lieux en emportant sa progéniture sous le regard de la dernière fille qui avait faillit aussi perdre sa mère, cette dernière s’étant interposée à son tour entre le monstre et les enfants de sa victime, ainsi que de la fratrie désormais orpheline. C’est ainsi qu’ils basculèrent de l’enfance à l’adolescence bien plus tôt que ce qui était prévu par la nature, la terrible réalité du monde les rattrapant pour leur infliger un désespoir immense. À cet âge-là, c’est bien trop tôt pour être confronté à la trahison et au deuil. Ainsi, chacun des enfants restants s’attela à porter le poids du passé pour évoluer et devenir ce à quoi on les destinait, la joie quittant leur quotidien et leurs rencontres se rarifièrent. Ayant eu une sorte fascination pour l’affrontement titanesque qui avait abouti au trépas du père de ses amies, la fille ayant faillit perdre sa mère qui étaient discriminé par les autres enfants et adolescents trouva une manière d’oublier son chagrin : la violence. Elle alla à la rencontre des oiseaux tyrannisant l’île pour les affronter, échouant et revenant toujours à la charge, jour après jour, année après année, pour la plus grande peine de sa famille qui craignait qu’elle finisse par mourir. La marque de cette fatidique journée ne s’effaçait cependant pas et les scènes revenaient sans cesse en mémoire. Ce que ces enfants d’un village autarcique avaient, c’était leurs liens, leur amitié et leurs familles. Ce jour là ils avaient tout perdu et leur monde c’était écroulé sans qu’ils ne puissent jamais le reconstruire, livrer à une descente aux enfers dont ils ne pensaient jamais émergés.

La De Lérhane marqua un silence.

-Peu après que cette fille se battant contre les oiseaux passa son dix-huitième anniversaire, elle s’en alla à nouveau vers les bois quant elle croisa un de ces adolescents ayant grandit en même temps qu’elle et qui la discriminait. Remplis de haine, il envoya la demoiselle par le fond, bien décidé à enterrer avec la « monstruosité » qu’elle était les souvenirs de cette triste journée passé. Néanmoins elle survécu. Pendant un certain moment, elle fut autant habitée par la colère que son agresseur car il l’avait envoyé loin de chez elle dans un monde qu’elle ne connaissait guère. Elle ne pouvait pas revenir chez elle et arpenta la mer en désirant se venger. C’était la deuxième fois qu’elle perdait tout et il était hors de question de porter un second spectre derrière elle. Pourtant le temps passa. La jeune femme accorda son pardon sans retrouver le chemin de chez elle. Elle tourna la page sur la tristesse du passé, passant outre la haine que son agresseur avait eue envers elle pour seule autre raison qu’une propriété physique, pour se tourner vers l’avenir et accepter que les choses étaient comme elles étaient, que c’était à nous d’influer sur le destin et que se laisser porter par lui ne nous permettaient pas de panser les blessures du passé. Du désespoir qui l’avait acculé pendant un peu plus de onze année, la fille en tira des leçons, s’extrayant des ténèbres qui ne pouvaient qu’éternellement la tourmenté si elle y demeurait cachée, allant même jusqu’à accepter et être fière des différences physiques lui ayant apporté autant de haine de la part de ses pairs : quatre ailes et une taille démesurée.

Lors de ces derniers mots, le regard de l’amazone se plongea dans celui de son interlocuteur. Oui, c’était le récit de la manière par laquelle une enfant de Bilca avait chuté des îles célestes pour se retrouver dans les eaux de Grandline.

-Je sais que l’on peut s’extraire à l’impression que le monde à voler en éclat puisque je l’ai vécu.

Un faible sourire s’inscrivit sur le visage de l’Archange du Typhon au moment de trinquer. Son regard balaya à nouveau la salle, action qu’elle avait effectué à plusieurs reprises durant ses prises de paroles un peu plus tôt. Si elle se permettait de parler de tant de choses, c’est qu’elle avait bien fait attention à qui entrait et sortait tout en ayant conscience de la distance qui la séparait des autres soûlards. Le brouhaha ambiant englobait la conversation et empêchait des oreilles indiscrètes de capter les informations qu’avait pu transmettre la De Lérhane qui avait prit soin à mesurer l’amplitude sonore de sa voix dans ce but. La question qui vint alors, elle l’avait attendu. Elle se doutait qu’il allait lui poser.

-Malheureusement, je ne peux t’aider davantage. C’est à toi de trouver un but qui te permettra de quitter les tourments du passé qui te semblent omniprésents afin de te tourner vers l’avenir et tourner la page. Et quand je dis d’avoir un but, je n’entends pas bien sûr de rejoindre une cause pour laquelle tu te battrais corps et âmes, loin de là. Moi, c’est en découvrant le monde des mers bleues, sa complexité et certaines des merveilles qui l’habitait, grâce à l’équipage du Centaurus que je me suis extraite des ténèbres, ce n’est pas servir la cause révolutionnaire en elle-même qui m’aurait aidé même si venir en aide aux malheureux me satisfait. Il y aussi ma passion pour le combat qui me permit d’évoluer et de trouver de l’intérêt dans certaines moments sombres. Garde en toi de l’espoir et, le jour où tu découvriras quelque chose susceptible de raviver la flamme, cet espoir se transformera en un nouveau brasier duquel émergera un nouvel Edwin, non pas que tu renieras ton passé, bien au contraire puisqu’en l’acceptant tu évolueras et sera plus fort mentalement. S’il y avait une façon simple de s’en sortir, ce serait merveilleux et ces épreuves ne viendraient pas faire du mal à beaucoup d’hommes, mais cela fait partie des épreuves les plus ardues de la vie alors il n’y a pas de façon trivial de les surmonter.

C’était tout ce qu’elle pouvait dire pour aider davantage le Scott à trouver sa place malheureusement. Il n’y avait pas de solution universelle. Finalement, son interlocuteur lui révéla qu’il était sur le départ et lui prodigua quelques conseils auxquels la bilcane ne tarda pas à répondre.

-Je ne sais pas comment tu peux être au courant si tu n’es plus de la Marine, mais effectivement il risque d’y avoir du grabuge dans le coin. Le simple fait qu’un équipage pirate assez renommé de Grandline se trouve si loin dans South Blue n’est pas anodin. Nous ne nous trouvons pas si loin de la route de tous les périls simplement pour nous balader, sinon tu te doutes que nous ne t’aurions pas soumis à un interrogatoire à partir du fait que je te croyais dans la Marine. C’est précisément car quelque chose se prépare que nous sommes là. Et ne t’inquiètes pas pour moi. J’ai confronté la mort à plusieurs reprises au cours de nombreuses batailles, je sais me débrouiller. Ce sera l’occasion pour moi de faire mes preuves auprès des Kujas. En tout cas, je pense que tu as raison de t’en aller.

La guerrière céleste accepta le numéro d’escargophone et écouta le véritable nom de l’originaire de Skye en fermant les yeux, se concentrant pour le mémoriser.

-Bien. Je te souhaite bon voyage en espérant que nos routes se recroisent et que tu parviennes à trouver le chemin de la lumière. À bientôt Edwin Scott. Prends soin de toi.

Elle l’observa s’en aller en silence, priant pour qu’elle n’ait pas fait d’erreur de jugement en le libérant. Même si elle n’avait donné aucune information plus précieuse pour la bataille que ce qu’il avait déjà pu constater en étant interrogé, cela aurait pu lui porter préjudice d’une manière ou d’une autre. Ce qu’elle avait vécu par le passé la faisait parfois douter de la sincérité apparente des gens, pour la plus grande tristesse de l’ange qui termina sa bouteille avant de s’éclipser pour rejoindre ses nouvelles camarades Kujas.