feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Zbazrfgthiuk était une île au nom quasiment imprononçable, mais pourtant tout à fait sympathique. Sa magnifique forêt où l’on trouvait de très bons champignons comestibles, ses villages portuaires paisibles, sa citadelle centrale… qui avait pour douve une immense décharge ? Oui, c’était l’un des aspects les plus sombre de Zbarzifar… Zbazrifi… Zbazrfu… de cette île. Si les cités côtières étaient très plaisantes et vivaient principalement de la pêche et du commerce, la capitale de Fort Kostlos était peuplée de sombres feignants très riches et de travailleurs ayant quasiment le rang d’esclaves. Les bourgeois et nobles dépensés des milles et des cents dans tant de chose que les douves servant autrefois de protection à la citadelle, époque à laquelle les riches étaient de vaillants chevaliers défendant la patrie, avaient dû être converti pour accueillir tout les déchets rejetés par les hautes sphères sociales en attendant que les travailleurs et autres ouvriers ne termine la longue construction du système d’égout menant droit vers la mer, ces derniers n’ayant au final que peu de temps pour effectuer ces travaux étant donné que les riches mettaient en toute première priorité des tâches impactant bien plus leur confort personnel, les habitations au centre de Fort Kostlos étant à l’abri des odeurs se dégageant de la décharge. De plus, comme le royaume se retrouvait sans armée, cela faisait déjà quatre décennies que le monarque avait fait appel à tout une troupe de mercenaires qui avaient ainsi élu domicile sur les terres de Zbazrfi-pwi-pwi-tagadoum-quelque chose. La présence de ces défenseurs coûtait énormément d’argent à la couronne, néanmoins c’était la seule façon de protéger le pays des invasions pirates, criminels et surtout révolutionnaire. Les mercenaires avaient donc finalement choisi de prendre un nom, la Compagnie de la Hache Rouge, et avait fait construire un bâtiment dans chaque village de la côte à la fois pour les surveiller, mais également pour servir de guilde de mercenaires et ainsi offrir des missions à des camarades passages.

Ishtar débarqua à Port Asha en début de matinée. Elle était fatiguée de la traversée qu’elle venait d’effectuait et n’avait qu’une seule hâte : profiter de la journée pour se détendre. Néanmoins, il ne lui fallut pas longtemps pour que des souvenirs ne lui revienne en mémoire. En 1496, quelques temps après les événements de Cabayoshi Island où la De Lérhane avait rencontré Karim Ookami, le Centaurus avait tenter un raid sur Fort Kostlos dans l’optique de libérer des travailleurs captifs de la capitale de Zbazrfgthiul – oui Ishtar s’était entraîné à le dire avec certains autres matelots du vaisseau marchand sur lequel elle se trouvait – de leur funeste destin. La mission fut un lamentable échec même si Janaffe était parvenu à extraire un homme, Ashertul, des remparts malodorants, jeune rebelle qui préféra rester au sein de l’équipage plutôt que d’être déposé sur une autre île. Lors de ces événements, le Centaurus mouillait à Port Asha. Ainsi, la demoiselle ailée avait déjà eu l’occasion d’explorer un peu les lieux et se souvenait à peu près de certains endroits importants où elle c’était rendu. Fort de cette connaissance, la blonde aux yeux d’argent se rendit sur la place centrale, où trônait une statue d’un chevalier ayant vécu un siècle plus tôt, afin de chercher « la jument pavoisée » et… Bah. Elle se trouvait là pourtant. Pourquoi il y avait une épicerie à la place ? C’est cela qui la poussa à questionner un passant.

-Désolé ma p’tite dame, déclara un vieil homme qui ne semblait pas très surpris de la grande taille de la demoiselle. Je crains que ça a fermé depuis déjà quelques années. Pourtant c’était un endroit sympathique, beaucoup plus sympathique que ce qui sert de taverne au port désormais.

-Et où est cette taverne ?

-Juste derrière-vous m’demoiselle. C’est au rez-de-chaussée du comptoir de la Compagnie de la Hache Rouge… Maintenant ils ont vraiment la main mise sur tout le pays et s’invente même police des quais… Ces mercenaires j’vous jure ! Le pire c’est que le roi ne fait rien alors qu’ils empiètent sur des choses qu’ils ne sont pas censés gérer à la base. Ça m’étonnerait même pas que ce soit eux qui aient rédigé la réglementation des navires au port… Tu m’étonnes qu’il y ait de moins en moins de marchant qui vienne ici…

-Je vois… Merci bien.

La situation était donc préoccupante, mais l’ange était trop épuisé pour s’occuper de ça dans l’immédiat. Elle se dirigea donc vers cette taverne afin de boire un coup de jus de fruits avant de retourner au navire pour passer la nuit aux côtés des autres marins.

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- Une dernière pinte !
- Tu bois trop, Karim.
- Ta gueule, Finn.

Le charpentier saoul attrapa son homologue et l’embrassa pour le faire taire. Il le gavait depuis tout à l’heure, et il ne savait pas comment l’amener à la fermer. De toute évidence, ce fut la bonne décision puisque le gars tourna rouge comme une pivoine, malgré l’haleine qui empestait l’alcool. Cette nuit, ils partageraient sûrement leurs draps, c’était quelque chose qui arrivait dans ces circonstances. Quand ils allaient pouvoir enfin passer aux choses sérieuses, le loup serait sûrement saoul comme un… Ah, mais ça n’arriverait sûrement pas. La porte venait de s’ouvrir et « les ennuis entrèrent ». Heureusement que le lieu était haut de plafond et de largeur, d’ailleurs, puisque les ailes passeraient sûrement difficilement dans le cas contraire.

- On dirait… Comment déjà ?
- Ishtar, marmonna le blond en se retournant à peine.

Il connaissait l’ange, avait vécu au moins deux aventures avec elle, peut-être plus. Il s’en souvenait pas et franchement, il s’en fichait. Il vida rapidement sa nouvelle pinte et poussa son tabouret, se sentant joyeux comme jamais. Son sourire s’étira tandis qu’il se dirigeait en direction de cette femme qu’il appréciait à plus d’un titre : déjà elle était pas humaine. Et puis elle savait se battre, c’était une gaillarde fortement bâtie, on s’ennuyait jamais autour d’elle.

Ainsi, lorsqu’il l’aborderait, il interromprait sûrement sa route sans se soucier de si ce qu’elle avait à faire était important ou non. Son sourire était toujours démesuré, mais il représentait sa personnalité un peu forte. Ses mains se porteraient sur ses hanches tandis qu’il la dévisagerait, lui trouvant un air peut-être plus… vieux. Bah ouais, ils vieillissaient tous les deux. Lui, ça se voyait. Elle, peut-être que non, mais le simple fait de le savoir lui donnait des airs plus adultes. Ils étaient adolescents quand ils s’étaient rencontrés après tout.

- Ouais, t’es toujours aussi grande.

Il la dévisagea de plus belle avant de sentir une main apaisante sur son épaule : c’était celle de Finn qui adressait un sourire sincère à la demoiselle. Ils partageaient un secret, après tout, et il ne souhaitait toujours pas qu’il soit révélé à son ami. Après tout, s’il le savait, ce type de choses, les baisers, le reste, ça s’arrêterait sûrement. A tort ou à raison.

- Bonsoir, Ishtar, j’imagine que tu as pris une chambre toi aussi.
- T’fais quoi ici ? T’es là pour te bourrer la gueule, toi aussi ?

Il semblait avoir envie de continuer à faire un concours de boisson. Bien qu’il tienne mal l’alcool, il était très réceptif aux idées de s’affronter sur ce terrain. On l’avait déjà foutu à terre à de nombreuses reprises, et malgré l’âge, il n’était pas plus résistant qu’avant. Il buvait plus, mais son état s’empirait d’années en années. Combien de chopes avait-il bu ce soir ? Trois à tout casser. Et il était déjà dans un état pitoyable malgré la piquette qu’ils servaient dans cet endroit.

Quand il aurait sa réponse, le jeune homme irait peut-être discuter avec l’ange, ou ils remettraient ça au lendemain et il irait se coucher. Il s’endormirait sûrement comme une pierre, au grand désespoir de son ami.

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Mercenaires Vengeurs

Ouvrant la porte, s’abaissa pour passer celle-ci en dépit de sa grande taille. À vraie dire, c’était pratiquement devenu un réflexe. Il fallait dire que les portes à sa taille était assez rare dans ce monde où rare étaient les humains à dépasser les deux mètres, alors que dire des quelques élus qui atteignaient les trois. Ce qui la frappa en premier était l’air surpris du barman qui chercha ensuite à cacher sa réaction, cependant il ne lui fallut que quelques secondes pour remarquer la présence d’un duo qu’elle avait déjà rencontrer à plusieurs reprises dans le passé. De plus, il semblait que cette fois ci ce bon vieux Karim se souvenait d’elle. C’était drôle puisque l’Ookami avait un caractère assez fort, plutôt bien trempé, qui n’était pas forcément ce que l’ange appréciait de manière générale. Néanmoins, étant ouverte d’esprit, l’Archange du Typhon avait réussi à se faire à cette homme-loup qui avait son charme malgré son côté rentre-dedans. La demoiselle ailée ne pensait pas à ça pour aborder une quelconque attirance envers le bonhomme, étant donné qu’elle était asexuelle, mais bien simplement par rapport à l’appréciation qu’elle avait du combattant. Karim ne tarda pas à s’approcher de la blonde aux yeux d’argents, tout comme Finn, son fidèle ami ayant une force assez démesurée d’après ce qu’elle avait pu en voir, mais avait accepté de ne rien dire à l’homme-loup. Qui était-elle après tout pour révéler ce genre de choses ? Il devait avoir ses raisons et ce choix n’appartenait qu’à Finn. Il était hors de questions qu’une révélation impromptue soit faite sans que la personne concernée n’ait décidé d’affirmer son secret, de le partager. La maudite ne savait pas si l’heure était venue, s’il lui avait dit, donc elle partirait sur un postulat de base de non révélation pour ne pas faire de gaffe. La remarque sur sa taille fit sourire l’ancienne révolutionnaire qui rigola intérieurement, toujours en tain de manipuler les traits de son visage pour retransmettre physiquement ce qu’elle ressentait en dépit de son impassibilité naturelle.

-Bonsoir Karim. Bonsoir Finn. Vôtre ami le loup n’est pas avec vous ? Je suis venu me désaltérer pour ma part. Et non je n’ai pas pris de chambre, je vais certainement dormir avec le reste de l’équipage avec laquelle je suis venu sur cette île. Mais on peut s’arranger si vous voulez. Sinon je peux vous attendre demain devant ce bâtiment si jamais vous voulez que l’on traine un peu ensemble. On ne sait jamais quelle embrouille peut nous tomber dessus, ricana-t-elle en repensant au supernova Mystick ainsi qu’aux deux hommes du clan d’Ookami près de Bright.

Il était probable que l’homme-loup pense qu’en parlant de se désaltérer, la décima évoquait une boisson alcoolisée. L’Archange du Typhon l’éclairerait alors en lui révélant qu’elle allait seulement prendre un jus de fruit ou deux. De plus, si Finn, puisqu’il y avait de fortes chances que Karim s’en moque, essayait de convaincre la demoiselle ailée de prendre une chambre, pour quelque raison que ce soit, cette dernière ne prendrait pas longtemps à ployer, se disant que ne voyant pas souvent des connaissances sympathiques comme ces deux hommes, cela offrirait l’occasion de passer un peu plus de temps ensemble. Dans le cas contraire, elle irait prendre quelques verres avant de retourner au navire pour retrouver les deux camarades le lendemain matin, les attendant des l’aube en face du comptoir de cette compagnie de mercenaires. Il était cependant intéressant de noter que du fait de la conversation, la De Lérhane ne remarqua absolument pas que le tavernier fit quelques messes-basses à un homme au comptoir qui afficha un sourire carnacier avant de se retourner discrètement pour vérifier l’information lui-même.

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- Allez, le confort d’une chambre !

Finn ferait un sourire à la jeune femme qui pourrait bientôt ployer sous ses recommandations. Il n’était pas à l’aise habituellement avec les autres personnes, mais elle était intéressante et Karim l’avait évoquée une fois au détour d’une conversation qu’ils avaient eu : il la considérait sûrement comme une connaissance appréciée. Peut-être qu’en tirant la corde il pourrait lui sortir le mot « amie » mais ce n’était pas sûr : il n’était pas très « amis ». Il était d’ailleurs sûr que certains membres du chantier naval sur lequel il avait bossé pendant quasiment huit mois n’étaient pas au même grade que cet ange.

- Oh, on dirait qu’il ne t’a pas attendu pour commencer le concours de boisson, ajouta Finn en voyant Karim qui se vantait, sourde oreille, de gagner le concours.

Les jus de fruits n’avaient pas le même effet sur le corps que ces étranges manies que l’homme-loup avait de se bourrer avec de l’alcool bas de gamme. Alors qu’il finissait une dernière chope, son regard deviendrait vitreux et subitement il se dirigerait en direction des toilettes de la taverne. Finn saluerait l’ange en lui promettant qu’ils se retrouveraient le lendemain, et alla aider le loup se retirer l’alcool qui se trouvait en lui.

La fin de soirée fut donc ponctuée de supplications de mettre fin à sa terrible vie, et de mots d’amour qu’il prononçait sans jamais s’en souvenir le lendemain matin, ordonnant même à Finn de ne pas le toucher en disant que seul Finn avait le droit de faire cela. Sous l’effet de l’alcool, bien des choses pouvaient se dérouler, après tout. Et quand il se réveillerait le lendemain matin, rien de tout cela ne lui reviendrait à l’esprit. Il sentirait juste les lèvres de Finn effleurer les siennes, comme pour une marque de son amour à son égard.

- T’fais quoi ?
- Laisse. On doit retrouver Ishtar, dirait-il en enfilant son caleçon.

Le loup ne capta pas tout de suite qu’il était nu. Quand il s’en rendit compte, il s’habilla simplement d’un drap et alla jusqu’à ce qui faisait office de salle de bain. Il avait vraiment une sale tête. Finalement, quand son regard se perdrait dans le miroir, il observerait un suçon supplémentaire qui venait s’ajouter aux marques effacées de celles qu’avait laissées Finn d’autres nuits. Celui-ci se trouvait au niveau de son bas-ventre. Il enfila un tee-shirt délavé, et s’ébouriffa les cheveux. De toute évidence, il s’était déjà lavé durant la nuit.

Quelques minutes lui suffirent donc pour sortir alors que le soleil commençait à taper assez haut dans le ciel. Ils étaient peut-être en fin de matinée. Son regard chercherait Ishtar qu’il trouverait sûrement, si celle-ci honorait sa « promesse » de se retrouver là, peut-être un des derniers souvenirs qu’il avait de cette soirée. Voyant Finn qui avait rejoint un peu avant la demoiselle, il lui jetterait un regard empli de reproches.

- Bon, on fait quoi ? Lâcha-t-il en baillant.

Il avait moins mal à la tête que d’habitude. Finn l’avait sûrement obligé à boire avant de se coucher. Une bonne chose qui ne valait malgré tout pas un merci.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

La brise tendre et moelleuse déferlait sur le pont du vaisseau marchand, déposant une douce caresse sur le visage de la De Lérhane qui observait l’aube se lever sur ce monde. Affichant un sourire en coin, elle s’attela à aider l’équipage avant de descendre à terre pour aller attendre le binôme qu’elle avait retrouvé la veille sur cette île par le plus grand et charmant hasard. Les habitants se réveillaient peu à peu tandis qu’Ishtar traversait les quelques rues qui la séparait de la place en saluant d’un hochement de tête les personnes qu’elle croisait. C’était un village des plus sympathique avec une atmosphère pittoresque pouvant donner un certain côté détaché du monde, néanmoins l’Archange du Typhon s’inquiétait de l’influence qu’avait prit les mercenaires depuis son dernier passage sur l’île. Ils s’étaient beaucoup développés et empiétaient sur des secteurs n’ayant rien à voir avec la défense du territoire. Cela faisait tiquer l’ancienne révolutionnaire alors que les paroles du vieil homme de la veille lui revenait en mémoire. D’un geste, la demoiselle ailée secoua la tête pour expulser toutes ces idées de son esprit au moins durant quelques temps. Elle profiterait de passer un peu de temps avec Karim et Finn avant de s’intéresser de plus prêt à cette compagnie de mercenaires, sans savoir que ces derniers s’intéressaient également à elle. Enfin, la bilcane se mit en position et attendit l’arrivée du charpentier et de l’homme-loup, observant la course de l’astre solaire dans la voûte céleste tout en prenant le temps de parler avec quelques passants pour en apprendre plus sur les lieux. C’est bien entendu le premier qui arriva d’abord, la guerrière céleste s’imaginant bien que le second devait subir les conséquences de ce qu’il avait bu la veille au soir. Ishtar entamerait donc une discussion avec Finn, lui demandant comment se passait leurs vies et leurs voyages. Bien entendu, elle était tentée de demander pourquoi il refusait de montrer sa véritable force à l’Ookami, mais l’ange préférait s’abstenir. Ce n’était pas ses affaires et s’il le gardait pour lui c’est qu’il avait ses raisons. Le temps passa rapidement et Karim finit par les rejoindre en lâchant un bâillement.

-Vous avez eu le temps de visiter un peu l’île ? Il y a un endroit où vous voudriez aller ?

Une question assez banale pour en apprendre plus sur le coin, néanmoins, étant donné que les deux hommes avaient passé la nuit dans cette bâtisse, une autre question lui brûlait trop la langue pour qu’elle la retienne finalement plus longtemps.

-Qu’est-ce que vous savez sur ceux qui tiennent cet établissement ?

Si aucun des deux n’avait entendu quoi que ce soit à propos des mercenaires et de leur relative prise de pouvoirs, ils ne pourraient pas vraiment davantage l’aider, mais la demoiselle ailée n’avait rien à perdre en collectant l’avis de ces deux anciens compagnons de bataille. C’est alors que son œil fut attiré par deux personnes qui quittaient le quartier-général des mercenaires pour s’avancer vers le trio. Vu leur armement, ils devaient être de la maison et cela ne disait rien qui vaille à la De Lérhane qui chercha à indiquer à ses deux compagnons ce monsieur et cette dame d’un simple mouvement de la tête. Il ne faudrait pas longtemps à ces deux derniers pour arriver au niveau des étrangers. Ayant remarqué le lien qui unissait l’archange à ces deux inconnus, le binôme de mercenaire avait décidé d’attendre qu’ils sortent en buvant à la taverne plutôt que d’attendre dehors sans possibilité de déguster une bonne choppe pour se mettre d’aplomb pour la journée, en tout cas c’était l’avis d’Alvictus.

-Suivez-nous sans faire d’histoire, déclara-t-il comme une menace.

Alvictus, Mariana

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Auprès de l'auberge se trouvait l'un des fameux bâtiments qui s'érigeaient comme l'un des nombreux comptoirs des mercenaires. Les deux voyageurs se trouvaient au Port Asha depuis à peine quelques jours et ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de visiter les lieux, ainsi quand la seconde question de la jeune femme surgit, elle n’apporta qu’un regard interrogatif de la part de l’Ookami. Bien sûr, Finn ne s’était pas amusé à rester en territoire inconnu sans attraper quelques informations au passage, et s’il ne connaissait rien sur les tenanciers de cette « boutique de mercenariat » comme il aimait l’appeler, il était plus ou moins au courant de leurs activités et des dépenses outrancières qu’ils engendraient sur l’île. Tant que ça ne mettait pas en danger l’homme-loup avec qui il voyageait, il devait cependant bien avouer qu’il s’en carrait comme de sa première dent. Il se contenta donc de hausser les épaules sans partager les maigres informations collectées et sourit en se tournant vers l’endroit qu’il voulait visiter, répondant simplement à la première question et ignorant la seconde.

- On devait se rendre à Fort Kostlos, la capitale, aujourd’hui. Cela va nous demander sûrement plus d’une demi-journée de voyage, donc on y dormira sûrement.
- Ouais, comme il dit.

Le loup se massait le crâne en sachant pertinemment que ça ne servait à rien. Il avait trop mal à la tête pour réfléchir, t’façon, et il en avait pas envie. Il se contenterait de suivre la marche, comme un de ces « personnages non joueurs » des jeux que Finn faisait sur l’île avec certains de ses potes d’enfance. C’était un truc qu’il n’avait jamais compris – encore un. De toute façon, le garçon ne lui racontait rien de vraiment intéressant en règle générale et se contentait de lui passer les explications sur les choses qu’il faisait. Cela avait pour effet de ne pas entraîner une surcharge cognitive chez l’homme-loup, dont la reconnaissance se manifestait sous l’affection qu’il portait à ce jeune homme.

Quand les deux mercenaires arrivèrent, coupant court à toute conversation, ils semblèrent particulièrement vénères. Enfin, c’est comme ça que les vit Karim, dont les yeux embrumés et le bruit dans la tête empêchèrent clairement une communication optimale. Ainsi, avant que quiconque n’ait pas répondre, il lâcha un :

- VOUS AVEZ DIT QUOI ?

Finn haussa un sourcil tandis que le premier mercenaire ferait un pas vers lui. C’était « sûrement » un récalcitrant, or ils ne pouvaient pas se permettre de le laisser ici. Les ordres étaient les ordres. Alors que le loup se frottait la tête et fermait les yeux, le regard du charpentier devint oppressant en direction des deux personnes qui étaient venus à eux. Puis il se calma, et son sourire d’une sérénité remarquable entra dans un fort contraste avec ce qu’il venait de faire subir à ces opposants. C’était un avertissement, mais il n’allait pour l’instant pas opposer de résistance.

- On peut venir, je suis curieux de rencontrer ceux qui requièrent notre présence.

Sans attendre, il se dirigea d’un pas léger. Karim ne comprenait toujours pas, mais il le suivit sans piper. D’un geste rassurant, il proposa à l’archange de les suivre, mais n’accepterait pas qu’elle soit contrainte par les mercenaires si elle ne le désirait pas. De toutes les manières, engager un combat en pleine ville c’était risquer de blesser des civils, et si l’Ookami n’avait pas conscience de cela, son camarade de métier le prenait en compte.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Alvictus, Mariana

Ishtar haussa un sourcil en observant les deux mercenaires s’approcher. Sur la défensive, elle eut un mouvement de recul avant de plisser les yeux, rendant son regard plus féroce afin de placer une menace muette à l’attention de ces inconnus qui, s’ils n’étaient pas ouvertement agressifs, semblaient bien décider à embêter le petit trio qui venait tout juste de se réunir pour profiter de la journée. Les paroles qu’ils lâchèrent plongèrent l’Archange du Typhon dans un certain désarroi. Que se passait-il ? Où est-ce que ces deux personnes allaient les emmener ? Cela ne disait rien qui vaille à la bilcane qui cependant fut couper dans sa réflexion par la prise de paroles inconsidéré de Karim. Demeurant perplexe quelques instants, la demoiselle ailée resta muette tandis que les mercenaires se jetèrent un regard avant de s’attarder sur Finn qui lui aussi réagit à sa manière face aux deux inconnus. Ces derniers, à part quelques rictus, ne réagirent pas outre mesure à sa mise en garde semblable à celle d’Ishtar mais bien plus prononcé, mais ils ne prirent pas le risque de s’avancer. Savourant la réponse positive à leur demande, c’est sans aucune hostilité que les deux mercenaires ayant accosté le trio se mirent en marche après une rapide prise de parole de l’homme en armure.

-Si vous voulez bien me suivre.

La jeune femme au gant d’acier à ses côtés soupira lourdement face à une telle courtoisie. Alvictus tenait bien de ses ancêtres. Il appartenait à l’ancienne noblesse de cette île, mais, contrairement aux siens qui se plongeaient dans la luxure, le chevalier avait embrassé la vocation de ses ancêtres et avait intégré la compagnie de mercenaires pour défendre l’île, même s’il n’était pas toujours en accord avec ses camarades. Alvictus avait beaucoup d’attachement pour la population et possédait certaine valeur, ce qui expliquait pourquoi il cherchait à se montrer courtois même si les ordres l'avait contraint à se montrer plus ou moins implacable dans sa première prise de parole pour imposer la situation. Rien à voir avec son acolyte du jour qui se moquait éperdument du sort de la population, préférant participer à des jeux d’argent et partir en mission.

Ishtar, demeurant sceptique, resta derrière Finn. La De Lérhane était peu confiante et laissa l’amant de l’Ookami s’avancer et suivre ces mercenaires étant donné qu’aux vues des capacités de combat dont il avait fait preuve la dernière fois il devrait être en mesure de réagir rapidement et efficacement s’il voyait qu’on leur tendait un piège. Jetant un regard vers Karim qui n’avait pas l’air spécialement dans son assiette, certainement à cause des répercussions de la beuverie de la veille. Le silence s’installa le temps de rejoindre la taverne dans laquelle tout le monde pénétrerait certainement. L’homme en armure fit un geste de la main pour indiquer au reste du groupe de le suivre jusque derrière le comptoir. Il ouvrit une porte qui révéla un couloir assez long menant un escalier ascendant tandis qu’une autre porte en face portait l’inscription « cuisine ». En vérité, la taverne se trouvant de ce côté du bâtiment et le petit restaurant, un genre de bistrot, à l’arrière menant à des rues citadines étaient tous deux reliés et appartenaient à la compagnie de mercenaires. Alvictus grimpa les marches deux à deux pour arriver dans la partie du premier étage qui n’était pas reliée aux chambres de l’auberge. Quelques hommes se trouvaient là, observant les nouveaux arrivants avec une mine sombre, comme s’ils allaient bondir sur le trio convoqué pour les étriper. Finalement, le chevalier emmena tout le monde jusqu’à l’extrémité de l’étage pour les faire entrer dans un bureau plutôt spacieux, mais assez sobre en dehors des quelques trophées de chasse accrochés aux murs.

-Attendez ici. Le chef en second ne vas pas tarder.

Sur ces paroles, l’homme en armure referma la porte et se mit à monter la garde avec son acolyte au gant d’acier.

-Et bien… Je me demande bien ce qu’on fiche ici… Vous avez une idée ? demanda la demoiselle ailée en se demandant un instant si ce n’était pas pour une question de tapage nocturne dont la source aurait été l’Ookami en s’étant un peu trop exposé à l’alcool et qui aurait engendré des plaintes de clients de l’auberge.

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Ils furent emmenés dans un bureau plutôt spacieux, orné de quelques trophées : têtes d’animaux, cornes, et dans une petite vitrine quelques poils qui avaient été entreposés avec un certain soin. L’Ookami avait passé tout le trajet à bougonner, ne regardant ni où il allait, ni comment. Il aurait été incapable de dire où ils se trouvaient, et personne n’attendait cela de lui de toutes les manières. S’il fallait se barrer, il défoncerait quelques gueules et puis basta. Rien à foutre de tous ces péons qui tenteraient sûrement de le bloquer. Quand il regarda par terre, son regard embrumé eut du mal à quitter les lattes d’un parquet impeccablement récuré. C’était qui le taré qui s’occupait de cette gestion du bois ? Pour le coup, cela attira son œil expert et il détailla les caractéristiques. C’était rare de faire des parquets avec un chêne de cet âge-là. Risqué durant la construction puisque le bois était extrêmement dur et donc difficile à découper, à l’image d’un alliage.

Lorsqu’il relèverait le regard, ce ne serait que pour s’intéresser aux pourtours. Le même bois avait été utilisé pour solidifier le reste de la pièce. Pour Karim, ce n’était pas un bureau ordinaire : c’était une prison, un endroit d’où les humains lambda auraient du mal à s’échapper. Cela, Finn l’avait aussi analysé et s’apprêta à en faire part à Ishtar quand celle-ci posa une question tout à fait pertinente.

- Aucune idée, et j’m’en bas les c…
- Ils ne nous veulent sûrement pas du bien, lâcha Finn. Si on se réfère à l’attitude de nos amis les mercenaires, ils étaient prêts à utiliser la force pour obtenir notre venue.
- Alors pourquoi on est là ? Lâcha l’homme-loup en se grattant une oreille.

Le sourire énigmatique de Finn n’apporta aucune réponse, mais brusquement ils entendirent des pas dans les couloirs. Sûrement quelqu’un ou quelque chose qui venait à leur rencontre : oui, car pour Karim « quelque chose » pouvait venir à sa rencontre. Quand ils se tournèrent en direction de la porte, le loup entendit une conversation à l’extérieur, un bref échange. C’était la personne qui faisait récurer le sol : c’était cette personne-là… Alors, sans attendre, il se dirigea vers la porte et l’ouvrit en grand sans attendre. Devant lui, les mercenaires empêchaient la demoiselle se rentrer, sûrement en raison de leur présence.

- Je… je viens pour le ménage.
- Pas maintenant, Sabrina, on t’a dit d’attendre dehors.

La demoiselle aux cheveux d’un bleu nuit profond et aux airs timides se contenta d’acquiescer, mais une voix masculine l’alpagua : celle du loup qui venait de se montrer avec toute la véhémence du monde.

- Eh, oh, tu viens là et j’t’explique comment on s’occupe d’un bois comme ça, balança l’homme-animal avec un regard déterminé.
- Ce n’est pas le moment, restez là où vous êtes, et att-

Sûrement à cause de la surprise, le mercenaire fut arrêté dans son discours tandis que l’animal se faufilait pour aller saisir le poignet de la demoiselle et l’obliger à rentrer. Celle-ci hurla de peur : un homme qui vient vous arracher comme ça à votre quiétude, sur vos horaires de boulot en plus, ça a de quoi faire flipper. Il sembla en faire peu de cas, et tandis qu’il s’avançait, la demoiselle reculait.

L’homme-loup n’eut qu’un instant de répit alors que la main gantée d’acier de la mercenaire qui accompagnait le « chevalier » ne vienne l’attraper par le col et le balance sur l’ange qui se trouvait à l’intérieur du bureau, ou sur le bureau dans le cas où Ishtar s’était faufilée à l’extérieur. A cette instant-là, au moins une autre paire de pas se fit un chemin jusqu’au bureau.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

L’Archange du Typhon demeura cloisonné dans le silence lorsque le binôme lui répondit. Son regard se porta sur les fournitures se trouvant sur le bureau en face d’eux, espérant trouver un cadre avec une photo afin de tenter d’identifier la personne qui allait certainement se charger de les questionner sur quelque chose. Malheureusement elle ne trouva rien de bien utile et fut contrainte de se résigner. Les hypothèses sur la raison de leur présence ici se bousculait dans sa tête, allant de choses assez simples à des idées farfelues et bien plus complexes : ça allait d’une non possession de titre de séjour, puisque le vieillard de la veille avait dit que c’était les mercenaires qui faisaient la loi sur le port et que donc ils avaient pu instaurer un tel système, à des possibilités plus personnelles. Les paroles s’échappèrent du couloir pour atteindre les oreilles du groupe de protagoniste, cependant la bilcane ne bougea pas d’un pouce, se contentant d’observer d’un air détaché la réaction de Karim qui ne tarda pas à arriver. En effet, il se jeta littéralement sur la porte et l’ouvrit d’un coup sec faisant vrombir les gonds. Demeurant stoïque face à la situation, la guerrière céleste jeta un regard vers Finn pour voir ce que lui en pensait. La demoiselle ailée ne comptait pas s’enfuir, non seulement parce qu’il y avait beaucoup trop de mercenaires dans le coin, mais également parce qu’il fallait régler le problème dont ils n’avaient pas connaissance avec la personne les ayant convoqués en ces lieux s’ils voulaient être tous tranquille. C’est alors que l’Ookami se précipita pour retenir la demoiselle à la chevelure d’un sombre azur, ce qui provoqua un grognement de la blonde aux yeux d’argent qui tenta d’avertir l’homme-loup que c’était une mauvaise idée même si ce serait certainement en vain.

-Karim !

Son talent pour se mettre dans le pétrin se révélait un peu plus à chaque rencontre. Voyant que cela n’arrêtait guère son camarade, la bilcane lâcha un long soupir avant d’amener sa main sur son visage. Cela allait être compliqué de devoir faire de la diplomatie avec le responsable de cette séquestration si l’homme-bête n’arrivait pas à se tenir tranquille, d’autant plus qu’en subissant encore les conséquences de sa beuverie de la veille il était loin d’être clairvoyant. Le spectacle qui se dessina alors fut loin de ravir la fille du firmament qui se contenta de faire un pas de côté et étendre le bras pour attraper l’Ookami au vol avant de le déposer sur l’une des chaises à disposition. Ceci fait, la De Lérhane observa Mariana entrer dans la pièce en défiant les « prisonniers du regard.

-Vu que vous manquez de civilité, je vais resté vous surveillez en attendant le boss…

-Ce ne sera pas la peine, attends à l’extérieur, fit une voix lourde et forte émanant d’une personne qui s’approchait à grand pas.

Koldrigan

En découvrant le chef de ce comptoir, l’ancienne révolutionnaire écarquilla les yeux tandis qu’une foultitude de souvenirs remontaient du fin fond de son esprit. Les Landes de Magyarolachia, la famille vampirique Hungaria, les esclaves en captivité, l’armée de mouches, la bataille et l’exfiltration. Son visage se déforma peu à peu pour prendre bien plus sérieuse marquant sa position sur la défensive ainsi qu’une méfiance claire. Cela ne faisait aucun doute. C’était celui qui c’était infiltré parmi les esclaves et les avaient décimés lorsque ceux-ci commencèrent à fuir, allant même jusqu’à tuer l’un de ses partenaires qui ignorait tout des magouilles inhérentes au business de l’ombre dans lequel était fortement impliqué l’homme à la hache. Dans le bâtiment, rares étaient d’ailleurs ceux qui étaient au courant de ses relations dans la pègre ainsi que des contrats qu’ils exécutaient pour des réseaux criminels.

-Merci de les avoir amenés. Maintenant veuillez surveiller le couloir depuis un peu plus loin, il va être question d’une affaire sensible. Si jamais vous vous retrouviez au courant, vous pourriez être en danger.

Si Alvictus tenta de protester, sa partenaire l’interrompit. La demoiselle savait pertinemment que le chef des mercenaires de la ville avait une part sombre et il venait de discrètement leur adresser une menace. Il n’insinuait pas seulement qu’ils seraient en danger, la fermeté de son regard indiquait bien à Mariana que Koldrigan serait prêt à exécuter soit même la sentence de ses subordonnés.

-Viens allons nous en, déclara-t-elle simplement à la surprise du chevalier qui hocha finalement la tête avant de s’éclipser.

L’homme à la hache referma la porte et avança pour s’installer à son bureau. De là, il observa chacune des personnes présentes en marquant un petit temps de pause qui laissait l’occasion au trio de s’exprimer avant que le mercenaire n’aborde le sujet pour lequel ils avaient demander leur venue.

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Lorsque l’homme à la hache parut, Karim était encore installé docilement sur sa chaise, sonné par ce qui venait de se produire. Il sentit la main rassurante de Finn sur son épaule, même si la chaleur de celle-ci était légèrement plus difficile à encaisser que d’habitude. Il sentait une petite pression, comme si on lui avait imposé de rester sur son socle. D’un regard perdu, il se mit à penser à des choses inutiles. Une grimace passa sur son visage tandis qu’il affrontait d’un regard, qui lui était peu docile, le nouvel arrivant. Il n’eut pas l’attention désirée, et ne comprit pas la menace implicite ou tout ce qui était caché derrière cette mystérieuse arrivée. Certains éléments lui échappaient… Et à Finn aussi.

- T’as un grain, lâcha l’homme-loup en s’adressant sans respect à l’homme.

Finn se mit immédiatement sur la défensive, comme pour prémunir d’une potentielle attaque de la personne en face de lui. Ce ne fut qu’un rire gras qui accueillit l’homme-loup, tandis que le regard menaçant et pesant se posait sur Karim. Il eut un petit frisson, mais le pire était encore à venir.

- Attendez un instant, s’adressa-t-il aux mercenaires en levant la main. Prenez le loup… Et adressez-lui une correction dans l’Arène.

Les yeux écarquillés, Finn ferma le poing et s’apprêta à exploser, cependant le visage du blond s’était enfin métamorphosé. Il n’attendait tout cela qu’avec impatience : du sang, de la baston, des poings… Ouais, c’était clairement une de ses activités favorites. Lorsqu’on vint donc le prendre par le bras pour l’emmener, titubant, son amant se résilia à ne pas aller le sauver. De toute façon, si l’homme-loup était réellement en danger, il trouverait un moyen de lui venir en aide. Pour l’instant, il allait juste se retrouver aux côtés de Ishtar de Lerhane.

- Bon, abrégeons. Que veux-tu ? Dit-il à l’homme.

La présence de Finn, en l’absence de Karim, avait changé. Elle n’était plus bienveillante, mais menaçante. Elle était froide, et un manque flagrant d’humour planait au-dessus de sa tête. Il n’accepterait pas de décrochage.

Ce fut VIndictus qui amena l’homme-loup jusqu’à l’Arène. Enfin, plutôt l’inverse puisque l’homme-animal s’était déplacé avec le plus vif des mouvements dont il était capable, dans le simple but de se rendre au niveau des combats. Les hurlements des mercenaires, les sifflements se faisaient entendre à proximité, et ses yeux pétillèrent lorsqu’il aperçut la fameuse Arène.

C’était un grand endroit, clos. L’homme-loup voyait une douzaine de personnes qui se battaient dans une mêlée formidable, faisant saigner des camarades. Ils étaient là pour s’affronter dans le plus simple des régimes : celui du plus fort. Quand Karim redoubla d’excitation à l’égard de cette situation, il commença à grimper le grillage qui empêchait les spectateurs de tomber dans la fosse de combat… Mais il fut arrêté avec le chevalier dont la main d’acier froide se posa sur son épaule.

- Tu attends ton tour.

Karim grommela mais s’installa dans les gradins. Il soupira un instant avant d’observer ces hommes et femmes s’arracher des cris de douleurs. C’était un vrai affrontement, et ça avait tendance à lui rappeler ce qu’il faisait sur le Nouveau Monde, quand ses parents plaçaient encore des espoirs dans leur fils « unique », futur patriarche de leur clan… Il secoua la tête : t’façon, c’était plus d’actualité. Là, pour se dessaouler, il allait pouvoir casser des nez. Tant mieux, c’était toujours ça de gagné.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Koldrigan

Ishtar plissa les yeux en cherchant à comprendre ce que désirait Koldrigan ainsi que la raison pour laquelle il envoyait Karim à dans cette « Arène ». Ne bougeant pas d’un pouce, elle l’observa faire le tour pour s’installer et ne tarda pas à se rendre compte de l’état d’agacement qui se créait chez Finn. La demoiselle ailée s’assaillit donc à son tour tandis que l’Ookami se dirigeait vers une destination inconnue. Les paroles de l’amant de l’homme-loup ne tardèrent pas à venir cueillir l’attention de l’homme à la hache qui se balançait joyeusement d’avant en arrière sur son siège tout en scrutant les détails des deux visages qui leur faisait face, comme s’il cherchait à lire sur eux des réactions particulières.

-Est-ce qu’ils savent quoi que ce soit sur l’affaire qui nous concerne mademoiselle aux quatre ailes ?

-Non, répondit l’Archange du Typhon du tac au tac en soutenant le regard du chef des mercenaires.

-Vraiment ? Les esclaves dans les landes ça ne vous dit rien monsieur ?

L’homme à la hache et aux épaulettes ornées de piques se tourna vers Finn et observa sa réaction. S’il lisait de l’incompréhension quant à ce dont il était question, il ne chercherait pas davantage à s’occuper de ce binôme que la bilcane avait croisé à plusieurs reprises déjà. Il fallait simplement qu’il se charge de savoir si sa cible avait transmis le récit de la journée avec les Hungaria à ces camarades-ci avec qui elle semblait bien s’entendre d’après les rapports du tenancier au comptoir. En soit, il se déchargeait du fait d’avoir de nouvelles cibles à traquer pour le compte des Báthory ultérieurement, déjà qu’après l’Archange du Typhon il devait se charger du kangourou avec le vieillard et la jeune demoiselle qui l’accompagnaient.

-Laissez les tranquilles. Ils n’ont rien à voir avec cette histoire.

-Soit, lâcha Koldrigan en s’enfonçant avec lassitude dans son siège. Merci pour votre collaboration monsieur. Vous pouvez sortir et une fois que votre ami en aura fini à l’Arène il pourra vous rejoindre sans trouver de résistance. Au revoir.

Bien sûr, rien n’obligeait Finn à quitter la pièce, néanmoins le mercenaire à la hache demeurait silencieux en attendant que celui-ci quitte les lieux afin d’aborder plus en détail la suite avec la De Lérhane. Si le camarade de l’Ookami restait sur place ou refusait de partir, la vieille connaissance d’Ishtar lâcherait un nouveau soupir tout en levant les yeux au ciel avant d’ajouter :

-Bien d’accord. Parlons de manière évasive de ce qui nous intéresse alors. Avez-vous raconté ce qu'il s’est passé à qui que ce soit ?

-Non. J’ai bien compris que se serait plus que dangereux avec ce qu'il s’est passé à Kanazakura. Il serait idiot de mettre en danger des personnes inutilement.

-Très bien. L’avenir nous dira si vous mentez ou non. À vrai dire, je n’ai pas grand-chose d’autres à vous demander. À la base je comptais utiliser la torture pour vous forcer à révéler si vous me racontiez des bêtises durant cet entretien, cependant vu qu’ils sont déjà en route pour venir vous chercher je vais leur laisser le soin de s’en occuper.

-Ils sont en route ? pesta la bilcane.

Les traits de visage se déformèrent pour retranscrire la colère qui l’habitait. Elle espérait de tout son cœur qu’il ne s’agisse pas d’une personne au cœur du réseau qui soit en charge de la ramener, mais elle ne se faisait pas trop d’idée. Si Koldrigan n’avait pas à s’en chargé lui-même, il n’y avait aucune raison pour qu’on envoi quelqu’un comme « R ».

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Le mercenaire ne semblait pas vraiment avoir envie de parler en présence de Finn, et ce dernier haussa les épaules comme si la situation lui importait peu. Il se contenta de tourner les talons, non sans s’approcher de la grande femme ailée et de lui tendre la main comme pour la serrer. A l’intérieur, il y avait un sifflet qu’elle pourrait utiliser si elle était en danger. Il n’avait pas le temps de lui expliquer le mécanisme qu’il avait utilisé pour augmenter les ultrasons à leur maximum et comment le mouvement de la bille avait été calqué sur une fréquence que seuls les canidés et quelques autres races spécifiques pourraient entendre. C’était un cas d’extrême urgence, or il préférait prévenir que guérir, et ce mouvement de subtile échange s’accompagnerait d’un :

- J’aurais aimé pouvoir en faire plus.

Il s’éloignerait donc de la pièce, trop impatient de retrouver l’homme-loup avec lequel il se sentait relativement fusionnel. Traversant le couloir qui le menait jusqu’à l’arène, il entendit les cris de combats qui résonnaient comme d’ultimes réclamations des guerriers assoiffés de sang. Son sourire s’élargit quand il vit la scène surnaturelle se produire. Karim portait un homme à bras le corps, et le jetait contre le sol dans une technique qu’il n’avait jamais utilisé. Son marcel lui collait au corps à cause de la sueur, et ses yeux frétillaient d’envie d’en découdre.

- Alleeeez ! J’vais vous défoncer ! Hurla-t-il en se tournant vers un nouveau gars qui arrivait, épée à la main.

Celui-ci là eut droit d’être intercepté au niveau du poignet. Un bruit caractéristique trouva écho dans la salle, et tandis qu’un nombre assez important de personnes se touchait l’articulation cassée, comme si ça leur était arrivé à eux-mêmes. Un sourire amusé, le brun passa une main dans ses cheveux et alla s’asseoir, passionné, sur les gradins qui parsemaient les contours de la fosse. Ça lui rappelait des souvenirs, des choses dont Karim n’était pas au courant… Et qu’il ne saurait peut-être jamais, pas tant qu’il n’aurait pas dépassé son niveau et qu’il ne l’aurait pas vaincu en combat singulier.

Leur affrontement promettait d’être digne. Il l’aimait, et il ne le tuerait pas, tout comme son amant l’aimait mais ne le tuerait pas. Les deux hommes étaient dans une telle fusion qu’ils pourraient sûrement se pardonner à terme un échange de violence d’une envergure telle qu’ils ne l’auraient jamais vue… Mais ce n’était pas encore le moment. L’homme-loup était bien trop faible. Il ne voulait pas s’améliorer, car s’améliorer c’était risquer de devenir le chef du clan Ookami. L’hypothèse de Finn résidait dans l’idée que le potentiel brut de celui qu’il aimait ne s’éveillait pas à cause de son caractère renfermé.

Dans la fosse l’affrontement continuait contre divers ennemis. Des plus impressionnants aux moins impressionnants, Karim avait le dessus. Il jouait avec ses adversaires en les assommant, en les frappant de toutes parts. Il oubliait, ou ne les avait jamais connues, les règles des combats de Colisée. Parfois, le sang coulait abondement, mais son poing n’était jamais fatal. Il ne tuerait personne. C’était là un simple précepte.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Koldrigan

L’Archange du Typhon observa Finn se lever et se diriger vers elle. C’était là une sage décision qui le mettait à l’abri de potentiels tourments futurs. Cela n’aurait certainement pas été aussi simple si Karim avait encore été là. La demoiselle ailée s’imaginait déjà le loup s’entêter à vouloir rester et partir seulement si l’ange partait avec lui. Bien sûr, elle n’était pas certaine que ce serait dérouler comme ça puisque le caractère de l’Ookami était assez instable et qu’en plus il avait eu l’esprit embrumé par les conséquences de l’alcool, néanmoins la blonde aux yeux d’argent ne doutait pas un instant qu’il aurait fait une gaffe et que cela l’aurait conduit à subir d’autres conséquences. Enfin, ce n’était que pure réflexion étant donné qu’il se trouvait actuellement dans une arène à priori. La bilcane hocha la tête afin de remercier dans un premier temps silencieusement l’amant du loup qui venait de lui passer discrètement un sifflet. Vu le contexte, il n’y avait pas à beaucoup réfléchir pour comprendre que cela signifiait que si elle avait besoin d’aide elle n’avait qu’à souffler dedans pour demander au binôme de venir en renforts.

-Merci pour tout Finn. Vous en faites déjà bien assez. Je ne veux pas que vous soyez davantage exposé à ces truands.

Sur ces paroles, l’ancienne révolutionnaire regarderait l’homme quitter la pièce avant de se tourner à nouveau vers le chef des mercenaires qui attendit de longs instants que le camarade de l’Ookami ne s’éloigne assez en se fiant aux bruits de pas dans les couloirs. Koldrigan avait bien conscience que convoquer deux inconnus pour juste leur poser deux questions et les laisser ensuite repartir pouvait paraître ridicule, néanmoins c’était les ordres que de s’assurer que des camarades de l’archange ou du kangourou ne sache pas trop de chose sur le réseau du seigneur Arkhidamos Báthory. Heureusement, il semblait que la De Lérhane avait bien conscience du danger que représentait ce genre d’informations à l’heure actuelle et épargnait donc à certains la menace d’un jour être dans les petits papiers des exécuteurs rattachés aux Báthory comme pouvait l’être Koldrigan qui avait été bien payé pour le temps qu’il avait passé en tant qu’espion au sein de la communauté d’esclaves élevé au domaine Hungaria. Enfin, cette mission était du passé et l’homme à la hache se tournait désormais vers d’autres projets plus personnels et lié à sa compagnie de mercenaire afin de s’emparer progressivement du pouvoir sur cette île et instaurer son propre régime, ses propres lois, et cela avait bien avancé depuis le jour où il avait rejoint la bande de mercenaires payé pour défendre les lieux. Un pays sans armée qui était offert sur un plateau d’argent, vraiment dommage pour eux.

-Bien, je pense que la personne qui a été envoyé devrait arriver dans trois bonnes heures. D’ici là, vous allez attendre ici. Je vous aurai bien passé des menottes en granit marin, mais je n’en ai pas. Je vais donc devoir vous surveiller jusqu’à ce qu’on passe vous prendre. Sacrée perte de temps. Je vais en profiter pour faire un peu de paperasse.

-Et si je ne me laisse pas faire ?

-Pardon ? Mais vous vous êtes livré et vous avez laissez les autres partir. Pourquoi vous rebeller contre nous maintenant.

-Pour ne pas mettre en danger mes deux amis bien sûr. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’ils finissent comme cibles à cause de cela. Maintenant qu’ils ne sont plus là, que ce qu’il se passe soit entre vous et moi, je n’ai aucune raison de me retenir. Comme si j’allais sagement attendre que la mort vienne cueillir ma vie.

Son regard froid toisa de par la différence de hauteur Koldrigan qui referma sa main autour de son arme.

-Bien, comme vous voulez.

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La bataille qui se déroulait dans la fosse semblait continuer à l’avantage de l’homme-loup. Ses adversaires n’étaient pas des mercenaires de haut vol, et la plupart auraient eu une carrière bien plus pérenne sur les Blues. Ils étaient là sûrement parce que l’environnement les avait amenés jusqu’ici. Comme pour leur donner une bonne leçon, les entraîneurs de cette sorte de « guilde » envoyaient les marmots à l’abattoir, mais ils n’allaient pas tarder à renverser la tendance. L’un d’entre eux plongea des gradins jusque dans la fosse et atterrit lourdement sur le sol. Karim, le corps tâché de sang, faisait hurler les foules tandis qu’il se complaisait dans ces combats d’une facilité parfois déconcertante. Il avait l’air heureux, et cela fit sourire Finn tandis qu’il analysait le prochain adversaire de son amant.

- C’est un mercenaire assez costaud, hein ? Il n’a rien dans le ciboulot, et mais s’il touche votre ami, il l’écrabouillera, fit la voix du chevalier qui ne semblait pas avoir quitté les gradins.

Finn le remarquait enfin à nouveau. Il soupira, haussant les épaules, et vit le premier coup s’abattre. Celui-ci avala une grande quantité de poussière en touchant sa cible, mais quand elle se dissipa, on put voir les muscles gonflés de Karim retenir le coup avec une étonnante efficacité. Il avait dû utiliser ses deux mains, et semblait à deux doigts de céder, légèrement enfoncé dans le sol terreux, mais ils faisaient presque armes égales. L’étonnement se lut tandis qu’un des instructeurs murmurait à son collègue quelque chose de potentiellement néfaste.

- Excusez-moi, je dois m’éloigner un peu, sourit le jeune charpentier en quittant les gradins.

Repoussant le coup, Karim s’éloigna légèrement comme pour assurer sa survie, puis il commença à tourner autour de l’adversaire. Celui-ci était clairement plus « montagneux » que ses collègues, mais plus lent aussi. Comme d’habitude, l’homme-loup n’avait pas conscient de mettre au point un semblant de stratégie.

Quelque part, il savait ce qu’il devait faire. A chaque fois qu’il se battait, il avait cet instinct du combat qui se développait plus que d’habitude, et il anticipait souvent les choses sans les nommer le moins du monde. Ainsi, s’il employait une feinte, il n’était pas capable de l’expliquer : c’était un bien piètre instructeur. Lorsqu’il arriva aux côtés de son adversaire, celui-ci tenta de le saisir, mais l’attaque finit dans l’air tandis que Karim glissait sur le sol… Et envoyait un coup de poing dans les parties intimes de l’homme.

Celui-ci ploya genou et sentit le coup partir dans son dos, l’envoyant au sol dans une double peine qui lui semblait bien exagérée. Alors que la victoire s’annonçait pour Karim, l’agacement se fit sentir chez les instructeurs sous le regard sévère du Chevalier. Celui-ci était conscient que cette arène n’était réservé qu’aux novices les plus faibles, et aux instructeurs les moins performants, mais qui aurait pensé que ce garçon ait autant de capacités de combat en lui ? S’il avait affronté un mercenaire aguerri, il n’aurait pas fait le poids dix minutes.

Dans les backgrounds de l’arène, un lion dormait paisiblement. Il avait été élevé pour être envoyé affronter des mercenaires qui voulaient s’aguerrir, et les multiples blessures sur son corps étaient un symbole de la maltraitance qu’il subissait. Finn s’approcha de l’être qui ne le sentit pas, et il s’assit finalement en réfléchissant : c’était lui qu’ils voulaient envoyer sur Karim. Certes… Cela serait amusant de voir la réaction de l’homme-loup et le lien qu’il pourrait lier avec ce félin, malgré leur antagonisme animalier. Oui, ce serait amusant… Et il le laisserait faire.

Ainsi, quelques secondes plus tard, un instructeur viendrait ouvrir l’arène pour laisser entrer le fauve dont le regard était clairement affamé, et serait aiguisé par l’odeur de sang régnant sur l’Ookami. Une proie parfaite.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Koldrigan

Le métal ne tarda pas à se recouvrir d’une plaque sombre d’un noir profond qui ne laissa aucun doute sur le fait que cet homme maîtrisait le haki de l’armement, et c’était le seul mercenaire du coin à le contrôler à l’heure actuelle, le barbu ayant contraint certain à l’éveil en les affrontant lui-même. Le plat de la lame vint rencontrer l’avant-bras d’Ishtar qui contracta ses muscles pour encaisser au maximum le coup. Reculant d’un pas suite à l’impact, elle en profita pour donner une impulsion qui se transforma en uppercut à destination de Koldrigan. Ce dernier usa de ses réflexes pour venir attraper le membre au vol et donna un coup de pied recouvert de haki qui s’enfonça dans le ventre de l’ange qui fut projeté contre la porte qui céda et se retrouva comprimé entre sol et le corps de la De Lérhane qui passa alors sous forme hybride pour se relever et avancer en direction de l’intérieur du bureau. D’un coup d’aile, la demoiselle s’élança dans l’air pour venir à nouveau à la rencontre du corps du patron des lieux. Néanmoins, l’Archange du Typhon sentit un étau se refermer sur sa queue.

Mariana, Ashdal

C’était la main gantée de Mariana qui avait attrapé l’appendice à l’autre extrémité du bien trop long corps d’Ishtar sous forme hybride. C’est alors qu’une lame s’enfonça dans le corps de la guerrière céleste. C’était l’épée d’Ashdal. Recrue prometteuse qui évoluait sous l’enseignement de Mariana, il venait remplacer Alvictus qui apparemment était parti à l’Arène à la suite de Karim. C’était un jeune homme imbu de son talent naturel qui lui avait permis en quelque mois de se hisser au niveau de la plupart des hommes de terrain alors qu’il n’était à l’origine qu’un simple paysan. Les autres mercenaires situés plus loin dans le couloir s’approchèrent, mais ne tentèrent aucune manœuvre. Ils savaient que le binôme formé par Mariana et son disciple ne supportait pas que des personnes interfèrent dans leurs affrontements. De son côté, Koldrigan profita du fait que la De Lérhane était retenu par l’arrière pour abattre sa hache. L’acier recouvert d’un blindage de ténèbres traversa les écailles et laissa une large entaille en diagonale entre la poitrine et la gorge de la bilcane qui sentit le liquide pourpre s’échapper de son corps. Pivotant sur elle-même, la demoiselle ailée parvint à s’éloigner et usa d’un coup d’aile pour envoyer une bourrasque vers son adversaire avant de revenir en direction de Mariana qui sentit la force surhumaine de la maudite lorsque celle-ci vint la frapper au visage. Le haut du corps de la demoiselle traversa la paroi et se retrouve dans une chambre où ronflait un homme bedonnant.

Face à ce qu’il se passait, Ashdal leva son arme tout en se précipitant en direction de l’agresseur de sa maîtresse. Cette dernière était parée à le recevoir, mais ce n’était pas le cas pour Koldrigan qui arrivait lui aussi à la charge. Esquivant la lame du jeune homme par un mouvement de serpent, la fille du ciel était venue saisir le long manche de la hache de son adversaire ce qui lui offrit la possibilité d’à son tour envoyer un uppercut dans l’estomac de l’ennemi qui retomba lourdement sur son bureau qui s’effondra sous le choc à la manière de la porte précédemment. De son côté, Mariana s’était extraite du mur en y laissant un trou béant afin de repartir à l’assaut.

-N’oubliez pas qu’il nous faut la garder vivante ! rappela le barbu en se relevant.

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Le fauve entra dans l’arène avec quelques secondes de décalage par rapport au dernier gladiateur sortant. On avait promis à un Karim déjà très investi dans ce colisée un combat de maîtres. Son regard était semblable à celui d’un adversaire qu’on n’aurait osé réussi depuis longtemps : victorieux et semblable à un appel au sang. Il sentit passer près de lui l’ombre du combat, quand soudain la vision d’horreur s’imposa à lui. Tuméfié, écorché à vif de partout, des plaies encore ouvertes malgré un traitement qui semblait peu efficace : c’était le lion de la fosse. Il grognait plus que rugissait, comme si on lui avait enlevé cette part de lui. Le regard de Karim changea du tout au tout. En un instant, la victoire se transforma en défaite pour l’humanité, et l’appel au sang en une rage sourde à l’égard de ceux qui avaient osé infliger ce traitement à cet être-là, enchaîné la nuit, et exhibé le jour.

- Qui ?

Les cris résonnaient comme de multiples appels au meurtre. Les gladiateurs étaient excités quant au combat à venir, femmes comme hommes. On voyait les gradins se remplir de quelques dizaines de personnes supplémentaires tandis que le lion, interpellé et seul auditeur, s’était figé dans une posture royale.

- Qui ?

La voix n’était toujours pas assez forte, mais certains spectateurs, les instructeurs, voyaient les lèvres de l’Ookami bouger. Son regard était figé dans une telle rage qu’ils ne pouvaient à présent plus passer à côté. L’un d’entre eux déglutit : il avait rarement une haine des humains aussi visible. C’était à la fois rare et dévastateur. Le blond ne semblait pourtant pas prêt à baisser les armes, mais sa voix résonna comme un hurlement, un appel au meurtre tandis que le lion s’élançait vers l’odeur de sang qui couvrait le gladiateur.

- QUI A FAIT CA PUTAIN ?!

Le silence régna dans la salle tandis que la course de l’animal vers sa proie continuait. Les instructeurs reculèrent d’un pas tandis qu’Alvictus haussait un sourcil. Finn venait de revenir dans les gradins, le sourire aux lèvres : il n’était pas déçu. Puis soudain, alors même que Karim venait de poser cette question en faveur du fauve, celui-ci lui sauta dessus. L’Ookami vit son prédateur arriver sur lui et… le saisit par la crinière pour l’envoyer au sol sans laisser le temps à sa mâchoire de se refermer sur son épaule.

Il enchaina un coup de pied qui envoya voler l’animal sur quelques dizaines de mètres, sans pour autant le blesser sauvagement, mais c’était déjà l’incompréhension qui naissait dans les rangs. S’avançant vers le lion, il le saisit et commença à le frapper à la gueule tout en hurlant.

- Qui oses faire ça à un animal qui n’a rien demandé ? Quelle bande d’enfoirés vous êtes ici pour prendre un innocent comme punching-ball ?

Il continua à mettre en œuvre une série d’attaques, et quand soudain il s’interrompit ce ne fut que sous le regard circonspect des spectateurs. Alors, il regarda le lion dans les yeux tandis que la bête semblait ne pouvoir lui offrir le combat du siècle. Il lui mit une main sur sa tête et commença à la caresser.

- On se barre. Tu viens.

Il regarda les escaliers qui menaient aux gradins, reliés par un mécanisme qui faisait tomber une herse pour empêcher l’accès. Il s’avança vers celle-ci et soudain la porte de barreaux métalliques se leva. Son regard se posa en direction de celui qui venait de lui venir en aide : Finn, comme d’habitude. Ce dernier s’était déplacé rapidement, si bien que certaines personnes clignaient encore des yeux, mais personne ne fit de remarques. Karim vit le lion le suivre en trainant la patte, tandis qu’Alvictus soupirait et suivait simplement le mouvement.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Koldrigan

Les trois ennemis se jetèrent sur elle en simultanée tant et si bien que la fille du firmament devait faire un choix. Un mouvement de queue, à la manière d’un fouet, fut attribué à la femme au gantelet d’acier tandis qu’un simple coup d’aile fut administré à son disciple tandis que le poing de la bilcane alla frapper le plat de la hache afin d’essayer de l’endommager, néanmoins l’adversaire la recouvrit de haki au dernier moment pour la protéger. Rebondissant immédiatement tandis que Mariana passait complétement à travers le mur, l’Archange du Typhon plia le coude pour venir frapper Koldrigan au visage. Ce dernier commença à basculer en arrière avant de se servir de cette chute pour tourner sur lui-même en pivotant d’abord le buste avant d’envoyer son arme dans un mouvement rotatif qui vint propulser Ishtar sur Ashdal. Le disciple brandit alors son épée qui vint lacérer le corps de la maudite, n’ayant pas été assez réactif pour la transpercer de part en part. Emporté par le corps massif de l’hybride, le jeune homme se retrouva bientôt comprimer entre un mur et la guerrière céleste qui battit des ailes pour repartir à l’assaut, enfonçant un peu plus Ashdal dans la paroi du couloir.

En plein milieu de sa route, l’ancienne révolutionnaire fut intercepté par Mariana qui abattit son poing dans le dos de la De Lérhane, ce qui perturba cette dernière qui fut arrêté dans son mouvement et ne put que croiser les bras pour accueillir le coup de hache qui ouvrit une plaie sur chaque avant-bras. D’un coup de pied, Koldrigan renvoya la demoiselle ailée dans le bourreau où son corps lourd tomba sur le parquet. Ashdal ne pouvait presque plus bouger suite aux coups lui semblant colossaux qu’il avait enduré. Mariana était essoufflée et ne pourrait pas tenir encore longtemps. Cependant, le mercenaire barbu avait encore les autres soldats en réserve pour faire le travail si jamais il y avait besoin. Il était clair qu’à elle seule elle aurait pu tous les vaincre sans réel difficulté, mais en rajoutant Koldrigan à la partie cela devenait bien plus déséquilibrée pour l’Archange du Typhon. Cette dernière comprenait d’ailleurs bien ceci et c’est pour cela qu’elle ne tarda pas davantage à porter le sifflet à ses lèvres pour souffler dedans en espérant que Finn et l’Ookami ne soit pas eux même dans une situation tout aussi problématique. En attendant de voir si cela avait marché, il fallait poursuivre l’affrontement et la bilcane rampa sur le sol avant de s’élancer vers le patron des lieux. S’arrêtant en plein mouvement grâce a ses ailes, cette dernière évita ainsi le contre de Koldrigan et envoya sa queue en direction des jambes du barbu pour ensuite l’envoyé dans le plafond avant d’envoyer un poing d’air vers Mariana qui l’esquiva avant de revenir à la charge pour tenter d’asséner un coup de poing, mais la propre main d’Ishtar vint perpendiculairement à la rencontre de l’avant-bras, propulsant ce dernier dans le mur du bureau. Suite à cela, le deuxième poing de la maudite frappa dans l’estomac et propulsa la dame au gantelet plusieurs mètres plus loin.

By Halloween

Carte de l'île :

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Le lion suivit Karim assez docilement. Il était dans une situation où il n’avait de toutes les manières pas le choix. L’homme-loup était une sorte de mâle dominant dans l’histoire, et peut-être la seule porte de sortie de ce monde de violence… Bien que lui-même ne soit pas un exemple de bonté, comme l’avaient démontrés les multiples coups de poings du blond. Lorsqu’ils avaient échangé ces formalités, l’Ookami n’avait cependant à aucun moment tenté de fracasser un endroit particulier du félin, et ce dernier avait remarqué une certaine forme de douceur dans ces actions sanglantes. Un sourire aux lèvres, l’homme-loup s’élança en direction du couloir. Le carnassier était en route… Enfin c’est ce qu’il croyait, car soudain un bruit puissant vint lui faire mettre le genou à terre tandis qu’Alvictus s’apprêtait à lui barrer la route. Haussant un sourcil, il ne comprit pas d’où venait la douleur de l’homme-loup, mais ce fut suffisant pour permettre à Finn de l’envoyer voler dans le décor sans que le blond ne remarque quoique ce soit. Les spectateurs étaient encore bouillonnants.

- On doit y aller, Ishtar a besoin de nous, déclara Finn tandis que le jeune homme se relevait.

Il acquiesça et tandis qu’ils se dirigeaient vers l’endroit d’où ils venaient, Alvictus sortait de son mur encastré en sentant que quelques côtes venaient de se fendre. Il toussa un peu de sang, se demandant ce qui venait réellement de se passer. Personne n’avait rien vu dans l’arène, et s’ils jetaient un regard sidéré au chevalier, ce dernier s’élança immédiatement après ses ennemis : il avait été trop imprudent, et il devait prévenir son supérieur qu’un danger rôdait.

Les couloirs semblaient plus longs que quand ils les avaient empruntés, chacun leur tour, pour se rendre vers l’arène. L’homme-loup en tête n’entendait pas le halètement du lion ou encore le manque de bruit de la part de Finn : il était trop concentré sur sa propre évolution dans ce lieu et écoutait les bruits de combats qui venaient de plus loin. Bientôt, ils seraient de toute évidence cernés de toute part, mais encore fallait-il qu’ils réussissent à venir en aide à Ishtar avant de partir de cet endroit et même, certainement, de quitter l’île remplie de mercenaires.

- Eh, toi ! Hurla l’homme-loup en voyant à proximité de Ashdal qui venait de sortir du mur où il avait été encastré, difficilement et assez lentement.

Il ne s’attarda pas sur cet ennemi qui sentit bientôt le poing du loup s’enfoncer dans son visage. Il s’effondra alors instantanément, tandis que des bruits de pas s’élevaient à l’arrière de leur petite bande de joyeux lurons.

De son côté, Mariana s’élança vers Karim au moment où celui-ci arrivait. Elle était essoufflée, déjà, mais elle aurait encore pu aider Koldrigan. Pendant que ce dernier affrontait la demoiselle mythique, Finn saisit un peu de gravats sur le mur… Et il le lança en direction de l’adversaire de la De Lerhane, qui sentirait la gêne et serait obligé de se désintéresser un instant de l’adversaire qu’il avait dans sa ligne de mire.

Si cela suffisait à permettre l’ultime ouverture à la jeune femme, les combats se termineraient en peu de temps tandis que le lion viendrait en aide à Karim pour finir avec son adversaire.

feat Karim Ookami

Mercenaires Vengeurs

Koldrigan

Un filet de sang descendait le long du front de Koldrigan. Il se dressait toujours au milieu du bureau, prêt à poursuivre la lutte contre l’Archange du Typhon encore un bon moment, mais l’arrivée des renforts que constituait le binôme de l’homme-loup et de Finn lui fit reconsidérer la situation. Clairement, la situation venait de basculer. En s’impliquant trop dans la capture d’Ishtar, ses deux subordonnées c’étaient trop affaiblis pour faire face aux deux hommes accourant droit vers les lieux de la confrontation. De plus, la structure du bâtiment avait déjà subi suffisamment de dégâts et le coût des réparations ne serait pas des plus appréciable. Un grognement jaillit des lèvres du barbu dont le visage fut fendu d’une mine agacée. La situation était ce qu’elle était tant et si bien qu’il devait prendre une décision douloureuse une fois qu’il aurait contré avec son haki de l’armement la queue de la maudite qui s’abattait déjà sur lui. Le parquet se fissura sous la pression du coup de l’ancienne révolutionnaire qui passait au travers de tout le corps de l’adversaire pour se répandre dans le corps du patron des lieux.

-ASSEZ ! Vous avez gagné ! Fichez le camp et arrêtons de démolir le bâtiment !

Ishtar s’immobilisa alors, plus ou moins sidéré par l’aveu de défaite de Koldrigan qui préférait mettre fin au massacre plutôt que de subir la fin du combat. Une preuve de clairvoyance pouvant s’avérer bien rare chez les criminels. Mais le barbu était avant tout un mercenaire et donc gérait davantage un business que des exactions. Du moment qu’il concevait que la perte d’argent serait trop grande, que ce soit pour lui ou pour la compagnie de mercenaires maintenant qu’il était à la tête de celle-ci, il cherchait à éviter d’avoir à payer d’autres pots cassés. Cela, le jeune Ashdal ne pouvait guère le comprendre vu qu’il était devenu un véritable soldat au service de sa maîtresse qui tant qu’à elle profitait de son métier pour se défouler tout en gagnant de l’argent pour vivre. Ces deux derniers s’apprêtaient donc à continuer le combat en dépit des paroles de leur boss quand celui-ci les rapella à l’ordre en tapant le sol avec l’extrémité de sa hache.

-Nous devons partir le plus vite possible ! déclara la demoiselle ailée à l’attention de ses deux amis en reprenant forme humaine. Si l’un des employeurs de cet homme débarque et que je ne suis pas aux mains des mercenaires, ce n’est pas seulement nous qui auront du mal à nous enfuir, c’est cette ville qui risque d’y passer.

-Tu as raison. C’est pourquoi je te demanderai de te dépêcher pour que Styx n’ai pas à raser les premiers quartiers avant de te mettre la main dessus, ajouta Koldrigan qui n’avait guère envie que cela dérape, comptant bien sur la puissance de la vampire pour que celle-ci s’occupe de récupérer Ishtar sans en vouloir au barbu de l’avoir laissé partir.

Sur ces mots, la De Lérhane se précipita dans le couloir afin de quitter les lieux au plus vite.

By Halloween

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L’Ookami ne prit pas la peine d’interroger Ishtar. Son mal de crâne était passé, et les combats l’avaient sorti des séquelles de sa beuverie. Il n’était pas particulièrement intéressé par le pourquoi du comment – en fait, pas du tout, il s’en foutait carrément. Quand il entendit les paroles du gars à la hache, Karim se laissa porter par le doux son de ses supplications. Un regard blasé passa alors sur son visage tandis qu’il mettait ses mains dans ses poches. C’était plaisant de gagner, mais il ne comprenait pas pourquoi ils allaient devoir fuir maintenant. Son soupir le gagna tandis qu’il faisait craquer une partie de ses os, et il avança alors à une moindre vitesse, laissant Ishtar parler tandis que Marianne était évanouie à ses pieds à cause de ses multiples coups. Le lion s’interrogea sur le fait de la manger, mais il préféra suivre l’Alpha.

- Bon, bah on s’barre, confirma l’homme-loup en commençant à courir en direction de la sortie, Finn et le lion sur ses talons.

Les trois compagnons et la femme ailée sortiraient rapidement du bâtiment, à n’en pas douter. Les mercenaires n’étaient plus contre eux, et si le bâtiment menaçait de s’écrouler, ils n’auraient de toutes les manières plus l’énergie pour les poursuivre. L’Ookami se contentait simplement de réfléchir à ce qu’ils pourraient faire une fois dehors, et si l’idée de picoler lui plaisait, elle n’était pas aussi importante que celle de dormir d’un sommeil vrai et réparateur.

En arrivant au niveau de la sortie, l’homme-loup prit totalement conscience que ces dernières minutes avaient été remplies d’un trop plein d’aventure. Il se dirigea pourtant vers l’auberge dans un premier lieu pour qu’ils puissent récupérer leurs affaires, et si Finn fronça les sourcils, il finit par hausser les épaules.

- On va dire qu’il est pressé, on se retrouve au port, d’accord ? Dans cinq minutes.

Le lion rugit et des passants se décalèrent sur le passage de l’improbable trio. Alors qu’ils s’apprêtaient à monter à l’étage, des regards et des protestations s’élevèrent contre eux. Comme à son habitude, Karim fit la sourde oreille et continua son activité tandis que Finn priait tout le monde d’arrêter avec ce cirque. L’un était totalement insensible à ces paroles de haine qui mettaient souvent en avant les parties animales de l’homme, et l’autre s’énervait quand on parlait de celui qu’il aimait en ces termes. Il ne pouvait pas la cacher cette colère, d’ailleurs, et tandis qu’une femme s’approchait pour demander « comment une telle aberration pouvait être soutenue par un homme normal » la réponse fusa alors qu’il la saisissait par le col.

- Parce que je l’aime, putain !

Karim s’arrêta en haut de l’escalier, le cœur battant la chamade. C’était à cause de cette situation. Pas à cause de ce que venait de dire Finn. Oui, il devait…. Il le lui avait déjà dit ? Peut-être bien, ouais. Il s’en souvenait plus. Il ne voulait pas s’en souvenir. Finissant sa descente, l’homme-loup parvint au niveau de l’humain qui avait pris sa défense, et échangea un regard avec ce dernier. Quelques cheveux retombaient devant ses yeux, de la sueur coulait le long de son visage, et il abordait un air désespéré, comme s’il cherchait à s’excuser que Karim ait entendu ce qu’il venait de dire. Sans un mot, l’Ookami lui attrapa les mains. Cette situation était typique de leur vie.

Les pas de l’Ookami, vifs, le portaient en direction du port à une vitesse relativement plaisante. Il avait tenu un instant la main de son camarade avant de la lâcher : ce n’était pas pratique. Ils ne s’étaient jamais dit qu’ils s’aimaient, et s’ils se vociféraient des insultes, leur façon de comporter ne laissait aucun doute quant à leurs sentiments respectifs. Vraiment ? L’homme-loup était en effet loin d’être un jeune innocent effarouché, il comprenait les choses du corps, mais celles de l’amour… Il n’était pas conscient qu’il ressentait une si puissante attraction envers ce jeune homme et qu’il agissait pour lui plaire au maximum, qu’il combattait ses propres démons dans le but de ne plus l’éloigner.

- Est-ce que…

La voix de Finn interrompit leur course et ils s’arrêtèrent un instant au milieu de la rue, suivis par le lion qui ne comprenait pas réellement ce qui se passait. En échangeant un regard, le blond comprit que son ami se sentait réellement mal à l’aise vis-à-vis de cela, et il comprenait pourquoi : il aurait fui, normalement. Il serait parti sans cette personne à qui il tenait plus que tout, parce qu’il avait peur. S’approchant de lui un instant, l’Ookami eut un de ses rares gestes de tendresse. Il posa son front contre celui du brun, et mit une main derrière sa nuque. Leurs nez se touchaient, et soudain il rapprocha ses lèvres de celles de son homologue charpentier.

L’échange fut soudain, et torride au milieu de ce lieu incongru. Personne ne regardait, comme si cette scène n’avait rien d’exceptionnel. L’attention était tournée ailleurs, vers le bâtiment des mercenaires qui s’agitait. Karim retira finalement ses lèvres et fuit le regard de Finn, dont les joues avaient tournées au rouge pivoine.

Etait-ce la première fois ? En public, oui. Il n’y avait pas d’acclamations ? Des gens heureux pour eux ? Non… Merde, la vie était moins un conte de fées que ce qu’il pensait. Son regard se porta immédiatement en direction de l’Ookami, et il eut un mouvement mécanique du bras. Puis, quand il reprit sa course direction du port, le loup devant lui sembla à nouveau rayonner. Le lion, qui avait un instant hésité à rugir pour accompagner le baiser, se contenta finalement de continuer sa course pour ne pas perdre ses sauveurs qui, sans doute, l’oublieraient bien rapidement.

Arrivés au port, ils virent les navires qui se trouvaient à disposition, puis lorgnèrent sur la ville sans apercevoir Ishtar. Ils avaient pris une autre rue descendante, parallèle à celle où s’était postée la jeune femme. Parcourant le port ils finirent par la trouver.

- Bon, on se barre ?

Ils accepteraient de se faire remorquer par ceux qui étaient venus avec la De Lerhane, et quand bien même ceux-ci seraient hésitant à accueillir l’improbable trio, l’homme-loup leur proposerait de la viande de lion en échange de leurs services… Ce qui serait sûrement bien vite décliné tandis que la bête affolée tenterait de s’enfuir avant de remarquer qu’il ne s’agissait que d’une blague de mauvais goût. « Ouf ».

Prenant la mer pour quitter l’île, le jeune homme regarderait au loin les mercenaires se débattre tandis qu’il se tiendrait au bastingage. Il poserait finalement sa tête sur celui-ci, avant de sourire d’une quiétude qui n’avait pas eu son pareil depuis longtemps. Finn viendrait se poser à ses côtés et lui caresserait doucement la main avant de se recevoir un coup violent sur la tête, comme à chaque fois qu’il tentait d’approcher de trop près du jeune homme qui n’était pas encore saoul… Leur idylle, ce n’était pas pour aujourd’hui apparemment, mais ça avait un peu avancé. Et cela, c’était une bonne chose pour eux deux.