Kamkhos Loubal Shamitroa, un nom sacrément étrange pour une île qui l’est tout autant. Dressée au travers des cieux, la Tour Garlam s’étendait au milieu des nuages comme un bras désireux d’attraper l’astre solaire et caresser la nocturne Lune. C’était l’élément permettant d’identifier le lieu depuis le large, néanmoins il ne s’agissait que du sommet de celle-ci, une colonne de pierre s’élevant dans les hauteurs en cachant, selon les rumeurs, un groupuscule de terribles criminels se servant de cette contrée sans monarque comme repaire, dirigeant prétendument les quelques villages que l’on pouvait y trouver depuis les ombres de cette tour naturelle. En effet, Kamkhos Loubal Shamitroa n’était pas un lieu très connu ou exploré en raison de sa particularité stupéfiante pouvant interpeller plus d’un humain : ses falaises. Cette île en était un enchevêtrement qui ne cessait de grimper pour atteindre le pied de la colonne gargantuesque à deux kilomètres de hauteurs, à côté d’un unique plateau dont l’existence n’était connue que de ceux qui parvenait à l’atteindre, un plateau recouvert de la Forêt Putride, un lieu abandonné et marécageux qui empestait la mort à cause de cette multitude d’arbres aux feuillages violets ou marrons qui produisaient une sève toxique. Seul de luxuriantes arborescences d’un bien meilleur effet que celles du plateau alpin s’étendaient entre les divers falaises qui se dressaient en un puzzle complexe, ces lieux n’étant que peu aménagé à cause de leur positionnement et de la difficulté de les rejoindre. Puisqu’en dépit des apparences, on pouvait se déplacer au sein de Kamkhos Loubal Shamitroa au lieu de longer les côtes en bateaux ou envisager l’escalade. Un système très complexe de tunnels se trouvaient au cœur de ces immensités minérales, un ensemble de souterrains qui permettait de monter aux falaises supérieures si on savait y évoluer, un unique chemin permettant de rejoindre l’intérieur de la Tour Garlam selon ce que prétendait les légendes urbaines locales des trois cités de l’île. En effet, trois lieux permettaient d’entamer son aventure dans ce vaste réseau labyrinthique et on y avait construit des cités.

Les Gorges de Nohal était la plus grande d’entre elles pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’une caverne naturelle, qui se terminait par l’entrée de l’architecture souterraine, aménagé par des maisons sur pilotis et autres pontons. Simple d’accès et possédant son propre port, c’était la plus importante de toutes puisqu’elle avait sût attiré quelques populations, des pirates espérant trouvé un trésor ou encore des hors-la-loi malicieux. Au final, il était difficile d’y vivre lorsque l’on était marchand ou propriétaire d’un commerce puisque les contrebandier imposaient leurs règles, que ce soit pour organiser des rencontres avec des clients ou pour instaurer une taxe de « protection ».

À l’opposé on trouvait Nok Al Tahann, un village habité majoritairement habité par d’anciens aborigènes qui auraient régné sur les hauteurs de l’île quelques siècles auparavant et auraient fini par descendre pour profiter des bienfaits de la mer et du commerce. Le lieu était assez atypique pour la simple et bonne raison que tout est construit à flan de falaises, depuis la porte de bois qui cachait l’ouverture vers le labyrinthe de Kamkhos Loubal Shamitroa jusqu’à la mer où avait été construit un unique quai. Tout avait été fait avec le bois des forêts difficilement accessible, enfin autrefois puisque des pirates avaient incendié la cité il y a quatre décennie, contraignant les survivants à rebâtir avec des buches importés pour éviter d’avoir à trop arpenter les tréfonds de l’île qui grouillait alors déjà d’aventuriers et surtout de personnes aux intentions malveillantes.

L’ultime bourg était Port Keshal, un coin spécial puisqu’il s’agissait en fait d’une forteresse faites avec les épaves des bateaux qui s’étaient échoué là en tentant d’atteindre l’entrée dans la falaise, certainement guidées par l’espoir que cette ouverture inédite les conduiraient directement à la Tour Garlam où ils espéraient trouver un trésor d’un ancien célèbre pirate, le mythe urbain qui avait précédé celui de l’organisation criminelle. Cette assemblage d’embarcations réalisé sous la direction du charpentier de génie Keshal il y avait cent six ans possédait réellement tout une cité dans ses murs, des maisons aux négoces en passant par les tavernes et autres bars. Elle était relié au monde extérieure par des quais mis en parallèles permettant d’accueillir jusqu’à une vingtaine de vaisseaux standards, la ville vivant abritant bon nombres de pirates aimant y festoyer ainsi que de son commerce à la manière d’un centre commerciale de grande envergure et habité, même si les prix pouvaient être plus élevés qu’ailleurs à cause d’attaques de forban. Ici, pour pénétrer les tunnels il fallait traverser les rues supérieures de la forteresse, coins habités par de vils personnages prêt à détrousser tout les aventuriers qui désireraient tenter leur chance, afin de rejoindre le gaillard arrière d’un ancien navire de la Marine qui était rattaché à l’ouverture dans la paroi de pierre par des cordages soutenus par des mats récupérés.

-Avance misérable païen, pestait l’homme au manteau pourpre, vêtement qui cachait alors la croix tatoué sur son dos.

Lépante était loin d’être un aventurier ordinaire. La raison de sa présence sur ces falaises de Kamkhos Loubal Shamitroa n’étaient en aucune façon la même que celles de tout ces plébéiens qui arpentés la mer en quête de gloire ou de richesse. Non, le noble comte de Kustav n’était ni plus ni moins qu’un constantiniste qui venait là pour répandre le sang des hérétiques criminels qui avaient fait de ce bastion naturel un mythe bien dangereux qui attisait la haine. Les constantinistes n’avaient pas encore une influence énorme à ce moment-là, mais c’était devenu la mode dans le royaume où vivait le noble et en tant que premier ministre avide de pouvoir il avait adopté cette nouvelle religion, plaçant les dragons célestes comme de véritables dieux vivants ayant la légitimité de régner sur le monde depuis leur Olympe au sommet de Redline, dans l’optique de prendre le contrôle de cette faction politique naissante. Cela avait créé des dissensions avec le monarque en place et engendré une scission entre les partisans des deux hommes de pouvoir. La guerre civil n’avait donc pas tardé à éclaté et la secte clandestine sur laquelle régnait Lépante avait également mise à jour par des nobles de la cour travaillant comme espion pour leur souverain. Dans l’aberras face à cette situation qui remettait en cause la foi qu’il portait au constantinisme aux yeux de tous, la secte qu’il dirigeait dans l’ombre s’étant accaparé des esclaves destiné à Sabaody où ils auraient put intéresser la noblesse mondiale, le comte de Kustav avait accepté la demande de ses partisans : réaliser une mission de punition contre des hérétiques pour prouver son allégeance aux Saints de Marijoa.

Au pied du mur pour la première fois de sa vie, le politicien qui tenait sa chance de devenir le fondateur d’une nouvelle dynastie monarchique dans son pays, la faction du roi étant aux portes de la défaite, avaient donc été contraint d’accepter, ce qui l’avait mené jusqu’ici, la légende de cette île aux multiples falaises étant très connus dans sa nation, ce qui lui accorderait un certain prestige supplémentaire. D’ailleurs, il avait déjà fait répandre le sang de plusieurs bandes de pirates en chemin et avait conservé leurs têtes pour rajouter au prestige de son expédition, ne manquant pas de dresser des croix pour leur mort pour prouver qu’il avait purifier leurs pauvres âmes de leur souillure, même s’il ne croyait pas un traître mot de cette religion complétement débile à ses yeux. Ainsi, il avait débarqué ici il y a plusieurs jours de cela. Ayant tenté sa chance à Port Keshal, il avait été refoulé et c’était donc finalement tourné vers le village côtier pour pénétrer discrètement cette immense réseau de galerie avec le groupe de mercenaires qu’il avait engagé en plus de ses fidèles hommes de main de la secte « La Main Rouge ». À Nok Al Tahann, le ministre avait capturé en cette journée Yok Nahann, l’un des aborigènes survivants, afin de l’interroger toute la journée durant dans une des maisons du village. Faisant craquer l’homme par la torture, ce dernier accepta de jouer le rôle de guide pour le compte de l’infame noble n’ayant aucune considération pour ce misérable étranger aux vêtements si exotiques qu’ils en étaient répugnant. Ainsi, Lépante, Yok ainsi que les huit mercenaires et cinq hommes de main du Kustav quittaient enfin le baraquement pour se diriger vers la porte derrière laquelle se trouvait le lieu que désirer traverser la majorité des aventuriers venu sur cette île perdu et inexploitable. Armé de l'intention de répandre les entrailles de tout ceux qui se trouverait sur sa route pour devenir le premier dirigeant constantiniste de l'île de Corilinthie, le noble se sentait rassuré d'avoir enfin une piste qui s'ouvrait pour le mener au sommet du système pyramidale de la monarchie.

À plusieurs centimètres aux dessus des flots, une créature mystique volait à toute vitesse afin d’atteindre ce qui se dessinait déjà devant elle. Le serpent au plumage verdoyant d’une dizaine de mètres de long virevoltait donc droit vers la façade sud de ce lieu au nom presque immémorable.  Kamkhos Loubal Shamitroa se présentait à la maudite qui passa en forme hybride à mesure que le quai apparaissait devant elle. Reprenant alors forme Ishtar, atterrit finalement sur le ponton en posant un genou et un poing sur le bois qui ne manqua pas de trembler quelque peu vu l’énergie nécessaire pour stopper un projectile vivant envoyé à grande vitesse. Notant la présence d’un seul navire à quai, des sbires de Lépante conservant la caraque de leur maître non loin des Gorges de Nohal en attendant que celui-ci les contactent, la femme blonde aux iris argentés mesurant pas moins de trois mètres de haut et arborant quatre ailes dans son dos, résultat d’une malformation, ou d’une évolution peut-être, génétique, avança pour grimper jusqu’au sommet du village. En quête d’aventures pour se changer les idées depuis son départ de Jaya où elle avait rencontré et sympathisé avec le vice-amiral Archer et l’équipage de la Couronne, l’ancienne révolutionnaire et décima, qui demeurait dans l’ordre du monarque afin de défendre les innocents des malversations que pourraient causé certains fidèle de Centes si c’étaient ceux qui réalisé les missions qu’elle exécutait, avait décidé de chercher elle aussi ce fameux chemin de Kamkhos Loubal Shamitroa qui devait mener à la tour s’élevant dans le ciel plutôt que de simplement user de sa malédiction pour s’élever jusque là haut. La De Lérhane suivit donc le chemin pour entamer l’ascension à l’instar de Nojiko qui l’avait précédé. Néanmoins, contrairement à cette dernière, l’Archange du Typhon tomba nez à nez avec quatre hommes de mains du comte de Kustav qui étaient chargé de surveiller le quai pendant que leur maître se trouvait dans les hauteurs du village. Pensant que rien ne se passerait, ils s’étaient retiré dans une maison abandonné pour faire quelques parties de carte ainsi que déguster quelques victuailles misent de côté par leur riche employeur jusqu’à ce que l’un d’eux sortent prendre l’air et découvre qu’une embarcation était apparu. Craignant avoir manqué à leur tâche, ils se précipitaient pour aller inspecter le navire.

-Bonjour, leur lança Ishtar en levant un sourcil.

-Personne n’a le droit de passer !

-Pourquoi ? demanda-t-elle en croisant les bras tout en baissant le menton pour regarder les hommes sans les toiser.

-Parce que ! Notre chef demande à ce que personne ne vienne le déranger, alors personne ne passera.

La femme céleste scruta quelques instants les mouvements de ces hommes afin de juger de leur niveau avant de les attaquer dans le but de les envoyer boire la tasse en contrebas. Il n’avait pas l’air si fort que ça ces sbires d’arrière-garde.

Ishtar s’apprêtait à déferler sur ces quatre hommes pour les vaincre en quelques instants quand une nouvelle invitée se joignit à la fête. Décidément, ces falaises étaient bien plus peuplées que ce à quoi on pouvait s’attendre en les voyant de puis la mer. De ses trois mètres de hauteur, l’ange leva un sourcil tout en écoutant parler cette demoiselle au port altier qui possédait une légère touche anacréontique de par son décolleter assez généreux. La bilcane, asexuelle de son état, n’en tint aucunement rigueur, ne se faisant même pas cette réflexion étant trop concentré à juger cette personne pour tirer quelques premières informations. Les apparences avaient beau être souvent trompeuses, c’était essentiel d’en faire un petit constat préliminaire. Le regard d’argent de l’Archange du Typhon répondit à celui de l’étrangère dont la présence surpris les quatre autres hommes. Une mercuriale jaillit bientôt de ses lèvres pour pleuvoir avec une certaine hargne subtile sur ces soldats de bas étages qui demeurèrent assez confus face aux propos de la nouvelle venue, s’échangeant des regards tout au long de la remontrance de celle-ci. Il ne comprenait rien à la situation. De plus, alors qu’ils étaient au fait de l’identité de chacun des membres de la noblesse faisant partie de la secte, ils ne connaissaient cette dame ni d’Eve ni d’Adam. Ils s’écartèrent de plusieurs pas, fait qui n’échappa aucunement à la bilcane qui voyait bien un trouble naître en eux. Elle demeura pourtant stoïque, attendant de voir le résultat des événements. Ce qui ne tarda pas. L’un des quatre hommes sortit un escargophone avec l’intention d’appeler son maître pour s’assurer de la légitimité de Nojiko et du statut d’invitée d’Ishtar, n’ayant reçu aucune instruction quant à une telle chose. Après tout, pourquoi ne pas informer les hommes chargés de la surveillance du quai de l’arrivée d’une personne à laisser passer ou escorter. C’était un peu trop gros selon celui qui était plus ou moins la supérieure des trois autres. La De Lérhane lâcha alors un lourd soupir. Le fait que la Fujita la décrive avec ce statut particulier trahissait donc la facticité induite par le bouleversement des gardes, même si cela n’avait pas constitué une preuve mais bien un indice. Soit Nojiko se méprenait sur l’invité, enfin il fallait se demander comment confondre une personne avec une ange de trois mètres avec quatre ailes, soit elle mentait pour tenter quelque chose et l’appel que voulait passer le garde mettrait certainement en branle sa tentative ingénieuse mais qui pouvait se retourner contre elle.

-Il me semble qu’il n’est plus l’heure d’user du verbe pour une quelconque manœuvre, déclara l’ange à l’intention de la Fujita quant à ce que faisait l’homme de main qui posa sa main sur le combiné pour le décrocher.

Passant seulement une de ses ailes en forme hybride, la décima balaya l’air devant elle, envoyant valser dans une bourrasque ces quatre sbires qui n’étaient assurément pas assez fort pour résister. Ramenant son appendice emplumé à sa forme originelle, l’ancienne révolutionnaire reprit la parole tout en étant paré à combattre si cela était nécessaire.

-Cessez ce petit jeu et dites-moi qui vous êtes. Manifestement ces hommes ne s’attendaient pas à vous voir et je ne suis pas une invitée de leur chef, s’ils en ont. Alors il me semble que l’on peut discuter de la raison d’un tel mensonge. Que me voulez-vous ?

Voilà que la situation se complexifiait déjà, même si maintenant que les gêneurs avaient débarrassés le plancher cela serait plus simple de percer la configuration des factions en place sur cette île, ou en tout cas ce qui était relatif à cette intervenante ci. La maudite zoan ne pensait pas que les choses iraient si vite, espérant bien vainement qu’elle aurait jusqu’au moment de pénétrer dans les souterrains avant de faire face aux conflits gangrenant Kamkhos Loubal Shamitroa. Même si grâce à sa malédiction elle serait en mesure de voler à flanc de falaise pour gagner les hauteurs et vérifier ce qu’il pouvait bien se tramer là-haut, elle préférait passer directement par la voix officielle, car sinon ce ne serait pas une véritable aventure non ?

Pendant que la discussion s’entamait, Lépante pénétrait avec son groupe dans les entrailles de cette agglomérat montagneux gargantuesque, rejoignant de par ce fait la course au trésor dans laquelle c’était lancé plusieurs grosses têtes d’affiche du coin, engageant ce qui serait un sprint final dans cette longue quête de cupidité. En effet, l’un des principaux prétendant à la découverte du chemin cartographiait depuis un an déjà les méandres des tréfonds, même si cela demandait énormément de papiers et d’expéditions, afin d’en connaître les moindres secrets et il semblait approcher du but. Si aucun des autres concurrents ne parvenait aujourd’hui à franchir le dédale, ce serait sûrement lui qui en ferait la découverte incessamment sous peu. Le sablier était ainsi tourné, le sable s’écoulait et la chasse était lancé.

Tandis que les quatre hommes de mains terminaient leur chute lourdement en contrebas, s’enfonçant dans les flots sans subir de dégâts physiques fondamentalement important, la bilcane écouta les paroles de cette femme qui ne prit guère le temps de se présenter, préférant privilégier une clarification de la situation. C’était certes louable de vouloir mettre les choses au clair, mais cela pouvait s’avérer être un joli tissu de mensonges. Après tout, ne venait-elle pas d’user d’un tel outil pour semer la confusion chez ces pauvres sbires qui n’avaient rien demandé à personnes ? Il fallait donc espérer que cela soit vérité mais ne pas prendre ça pour argent comptant. La méfiance était la vertu première de l’explorateur foulant de ses pieds l’inconnu. Accorder bien vite sa confiance était une erreur parfois létale, chose dont la De Lérhane avait pu jadis faire les frais au sein des landes de Magyarolachia face au piège tendu par les serviteurs de la famille vampirique du voïvode Hungaria, ce qui aurait pu l’amener à une vie de servitude et d’esclave si un des valets, déprimé par la vie qu’il menait, n’avait pas aidé le groupe à s’enfuir tandis que la Marine tentait une attaque suicide sur le domaine. Enfin, Nojiko prétendait avoir cru bon de venir au secours de la guerrière. Geste noble même si intervenir dans le combat des autres n’était pas très respectueux. Néanmoins, si cette dame n’était pas une combattante impliquée militairement parlant dans ces conflits à grande échelle gangrenant le monde et qu’elle n’avait pas de passion particulière pour le fais de combattre en elle-même, c’était tout à fait normal que ce genre de respect lui échappait et il ne fallait pas lui en vouloir pour cela. De toute manière, en ce monde corrompu il était bien rare de tomber sur des adversaires réellement honorables. La Fujita repris bien vite la parole, se présentant au passage. « Reine » ? Qu’est ce qu’une monarque pouvait bien faire si loin de son trône et sans garde personnelle qui plus ait ? Le gout de l’aventure pouvait il pousser des souverains à prendre des décisions inconsidérées ou cela était plus complexe qu’il n’y paraissait ? Il fallait rarement s’atteler à la première impression pour découvrir la vérité. Son axe d’expression s’avérait être, dans cette seconde prise de paroles, un questionnement sur la raison de la présence de l’ancienne révolutionnaire en ces lieux. C’est alors qu’un petit être jaillit de la poitrine de la noble demoiselle, à la surprise de la bilcane qui arqua un sourcil, afin de venir enrichir les connaissances de sa suzeraine. C’était une personne de très petite taille, un gnome de Dwarf Town ou un tontatta peut être ? En neuf années de pérégrinations sur ces eaux, elle en avait rencontré des drôles de personnage comme lui, donc sa nature ne l’étonnait guère. Les lèvres de la blonde aux yeux argentés se descellèrent enfin pour offrir à la dame de San Yobusa ce qu’elle attendait tout en se mettant à avancer, gardant les bras croisés dans le bas du dos, les mains entrelacés et le visage aussi impassible qu’à son habitude. Elle demeurait sur ses gardes pour pouvoir esquiver une attaque en traitre de cette Fujita.

-Je me nomme Ishtar De Lérhane. Pour vous répondre dans l’ordre… La raison de ma venue sur cette île est tout simplement les rumeurs qui courent à son sujet et l’envie d’aventures, ni plus ni moins. Cependant je crois savoir que la région est loin d’être déserte car il y aurait deux villes sur le littoral de Kamkhos Loubal Shamitroa. De plus, vue le nombre de personnes qui s’intéressent à cette histoire de trésor, ça doit être très animé. Pour ce qui me concerne, votre conseiller à raison et étrangement bien renseignée sur la mer blanche. Vous êtes certainement l’une des personnes que je rencontre sur ces flots bleus qui connait le mieux les îles célestes en dehors des anges eux même et leurs entourages. Enfin je ne suis pas certaine qu’on puisse dire que notre firmament fasse partie de Grandline même s’il est globalement situé en son zénith. Je suis un ange, ou plutôt une évolution des anges. En effet, on peut déterminer facilement l’origine de chacun, en considérant que sa famille n’a pas migré, en se fiant à la forme de ses ailettes. Néanmoins leurs appendices son beaucoup moins large que les miens et ne servent strictement à rien. Ces quatre ailes dans mon dos sont des malformations bénéfiques, même si ce genre de différences physiques anormales n’est pas toujours un avantage lorsqu’on est au cœur d’une population vivant en autarcie. Maintenant à moi de vous tirer les verts du nez si vous me le permettez. Qu’est-ce qu’une souveraine vient faire ici sans soldats ? Loin de moi l’idée que vous ne puissiez vous défendre seule, mais c’est le genre d’opportunité que des nations voisines ayant soif de conquêtes pourraient saisir pour tenter de s’en prendre à votre vie en envoyant une armée ou en tentant de profiter de votre absence au pays pour y semer la zizanie. Et qu’est ce qui vous à motivé à venir ici ?

Une reine ayant sa détermination pour seule couronne, voilà bien quelque chose digne de la politique complexe de ces flots bleues portant tout un monde d’humains sur leurs épaules. La quête pour le trône s’avère régulièrement un défi à relever même lorsque l’on est le vaisseau d’un sang légitime, d’un héritage d’une dynastie. De l’emploi d’affidés aux confrontations aux complots abstrus, gagner ses droits de souverain peu s’avérer difficile dans les cours des monarques où les ambitions sont autant de légion qu’il y a de sourires dressés dans les ombres en invoquant le malheur sur l’autel de la déchéance. Si l’Archange du Typhon n’était pas au fait de tout ce qui pouvait relever de ces jeux de pouvoirs internes, n’ayant jamais été qu’une villageoise, une moine ou une guerrière, elle pouvait parfaitement saisir la situation épineuse dans laquelle cette demoiselle était. Elle avait certainement embrassé un destin douloureux et il fallait admettre que beaucoup de courage était nécessaire pour se tenir droite face à la myriade de problématiques qui incombe à une personne souhaitant retrouver la pleine essence de son statut qui lui a été soustraite par les doigts acerbes et caustiques d’une meute grouillante affamée de pouvoirs. La notion de mérite que Nojiko mettait en avant pouvait également signifier qu’elle possédait une notion d’honneur nécessaire pour qu’elle puisse se sentir à sa place une fois ses fonctions seigneuriales restaurées. C’était quelque chose de très important pour la fille de Bilca qui aimait cette vertu fondamentale saccagé par les hordes de silhouettes aveuglés par le désir qui piétinaient de leurs armes ensanglantées toutes formes de respect. De cette façon, si cela n’était pas un tissu de mensonge servant à la manipulation, la Fujita pouvait gagner l’appréciation de la maudite du Serpent à Plumes.

-Je vois. Il faut beaucoup de force pour oser s’opposer à ce genre de décision alors que toute la nation que vous êtes sensée diriger pourrait se retourner contre vous à cause de ceux qui vous ont privés de votre autorité. Et pour ce qui est des soldats, il y a beaucoup de personnes hautement placés qui préfère laisser des sbires effectuer leur besogne sans parler de la nécessité de protéger sa propre personne puisque le monarque incarne littéralement sa patrie, ce qui fait que sa capture ou sa mort porte un préjudice incommensurable à ses terres qui pourraient alors s’effondre sous le poids d’une guerre orchestré par un conquérant en manque de victoires souhaitant s’emparer de ces contrés en profitant de l’absence de son souverain ou sa souveraine. Néanmoins, je dois avouer que votre audace est louable et vous place au-dessus de bien des seigneurs.

Sur ces paroles, l’ange suivis la jeune reine en se mettant à ses côtés tout en prenant un soin particulier à réguler le rythme de sa marche. Avec ses longues jambes, elle avançait à une cadence supérieure à la majorité des humains et devait donc faire de plus petits pas pour ne pas distancer sa camarade du jour et donc rester à son niveau. Néanmoins, pour l’une comme pour l’autre la vigilance demeurait de mise et elles ne pouvaient donc que se surveiller, ce qui engendra inévitablement un silence assez long durant cette avancée étant donné qu’elles demeuraient aux aguets. Enfin, ils finirent leur marche remontant ces pentes interminables. Tout comme la Fujita, la bilcane était essoufflée à cause des efforts nécessaire pour évoluer malgré l’inclinaison brutale, cependant, étant donné qu’elle s’était restreinte pour ne pas devancer Nojiko et avait donc fait moins d’efforts de ce côté-là, elle ne prit pas longtemps à se remettre sur pieds.

-Nous avons donc deux choix, la porte de la grotte ou partir dans la forêt. Dans tous les cas, nous allons devoir avancer à l’aveuglette… Enfin, je dis ça, mais rien ne nous oblige à coopérer. Cependant, votre histoire m’intrigue et j’aimerais bien que l’on noue une alliance le temps de cette aventure. Si nous découvrons le fameux trésor de cette vieille légende, vous pourrez avoir tout l’or. Ce n’est pas ce genre de choses qui m’intéresse.

Les réponses de la monarque satisfaisaient l’Archange du Typhon. Cela lui plaisait. Les souverains éclairés étaient assez rares, surtout dans une période aussi trouble que l’heure actuelle ou des personnes comme Centes pouvait placer des pantins sur des trônes tandis que les mauvais dirigeants engendraient un phénomène conduisant à renforcer les rangs révolutionnaires. Si les paroles étaient sincères, cela pouvait annoncer du bon pour l’avenir du royaume dont Nojiko était l’incarnation. Mais voilà qu’avant de s’enfoncer dans la forêt, choix défendable, la Fujita demandait à connaître d’avantage la femme ailée. C’était un juste retour des choses et un moyen de renforcer la confiance en cette collaboration. La blonde aux iris d’argent n’avait pas l’intention de révéler ses liens avec l’ordre décima, puisqu’au fond elle était loin de défendre avec ferveur sa faction actuelle, n’hésitant pas d’ailleurs à aider la Marine pour le bien de la population quand celle-ci était en danger. En revanche, pour le reste elle pouvait parler et se devait d’être honnête en dépit des doutes qui pouvait planer sur un mensonge de la part de la reine qui pourrait jouer double jeu tout du long, ainsi il fallait mentionner les personnes qui pouvait lui en vouloir même si elle doutait qu’ils soient présents sur cette île perdue et avec peu d’intérêt.

-Depuis que je suis tombée des îles céleste en 1496, je voyage sur les mers, que ce soit avec des camarades ou non. Ma situation a évolué, mais j’ai toujours continué à explorer de nouvelles îles lorsque j’en avais l’occasion et j’ai fait mon maximum pour protéger les populations des actes criminels. J’ai également passé un an dans un monastère afin d’améliorer mes compétences aussi bien physiques que psychiques. Bien sûr, je me suis attiré les foudres de certains criminels vu ma propension à vouloir aider les personnes ne s’impliquant pas militairement, notamment un réseau hors-la-loi secret dirigé par un groupuscule de vampires très puissants qui me recherches depuis deux ans car avec d’autres personnes nous avons réussi à mettre fin à ce qu’ils appelaient leur « élevage d’esclaves » pour les trafics humains de la pègre. Cela m’a valu quelques ennuis par la suite, mais ils ne sont pas constamment sur le point de me trouver vu que je ne les rencontre pas non plus tous les deux jours. Je ne vois pas ce qu’ils feraient sur cette île d’ailleurs. Bien sûr cette île pourrait très bien cacher quelque chose d’utile ou une base cachée, mais je pense que c’est assez peu probable, raconterait-elle en suivant la reine de San Yobusa dans la végétation arborescente, la sérénité marquant son visage paisible. Je ne pense pas qu’il soit non plus très intéressant d’épiloguer sur chacune des aventures que j’ai pu vivre puisqu’au final il n’y a que peu de choses qui aient eu de véritable impact sur d’autres événements.

Oui elle aurait put discourir longtemps sur le combat qu’elle avait mené avec Karim Ookami contre le supernova Mystick malgré la défaite inévitable, son court voyage dans le nouveau monde pour une réunion révolutionnaire, la grande catastrophe que cette fameuse libération d’esclaves avait été, mettant terme à la vie d’un trio entier de chasseurs de vampires expérimenter ainsi qu’à toute une unité de la Marine, ou encore l’attaque mené contre Okalmoa en partie orchestré par un magnat local, les affres politiques et conflictuelles de Puerto Havana, l’affaire avec le mercenaire d’un des cartels de Maisetsu Island sur Loaya Island ou même ses rencontres récentes avec le vice-amiral Ghetis Archer, très ouvert d’esprit avec qui elle avait longuement discuté et même révélé ses affiliations passés comme présentes, et le criminel recherché Ren Tao. Ishtar avait une longue carrière comme pouvait le montrer ces quelques exemples, néanmoins il n’y avait aucun fait qu’elle trouvait personnellement assez marquants pour être évoqué plutôt qu’un autre. Certains racontaient des choses sur son caractère, d’autres sur sa passion pour le combat. Seul son passage chez les Wan qui lui avait permis de développer davantage sa spiritualité avait vraiment sa place comme évolution marquante et cela serait encore le cas dans les années à venir à priori, même après qu’elle aurait rejoins l’Impératrice d’Amazon Lily, chose qu’elle ignorait bien évidemment complétement à ce moment-là où elle n’avait pas encore véritablement engagé ses recherches sur les trajets de l’équipage des Kujas.

Alors qu’elle discutait, les deux femmes pourraient bien vite remarquer que la nature ici était somme toute classique mais que la pente commençait à croître dangereusement, atteignant bientôt une inclinaison de soixante degrés qui allait encore augmenter au fur et à mesure de l’avancé pour finalement former une des falaises de pierre si caractéristique de l’île. Cependant, durant ce temps, un des groupes qui était actuellement perdu au sein de l'immense dédale souterrain venait de rendre l'âme. L'aventurier Servistky Volgoroff était entré il y a maintenant six jours avec ses compagnons et ils n'avaient pas réussit à retrouver leur chemin. Perdu au cœur des souterrains, ils avaient atteint, par les aléas du destin, le dernier des sous-sols du labyrinthe, dans une caverne assez imposante où se trouvait une cité en ruine ainsi que ce qui devait être la source mythique du trésor. Si cette découverte incroyable avait créer de la joie chez les explorateurs, la réalité de leur condition les rattrapa bien vite. Cherchant à remonter à la surface, il s'était davantage perdu et, manquant de vivre et d'eau, avait finit par rendre l'âme les uns après les autres alors qu'ils avaient touchés du doigt le rêve qui les avaient conduit jusque là. Ils savaient qu'elle était la nature du trésor, mais ils n'auraient jamais l'occasion de le révéler à qui que ce soit, ni même de le rapporter à la surface...

Lorsque la parole de la Fujita retentit, l’ange ne prit pas longtemps avant de remarquer la menace qui se rapprochait, prête à assaillir le petit groupe de ses tentacules arborescents et de sa dentition tranchante. Reculant instinctivement pour esquiver l’assaut, l’Archange du Typhon vit la situation précaire dans laquelle Nojiko se trouvait désormais, saucissonné aux jambes et prête à être la proie de cette végétation animée. Il ne fallut pas attendre plus longtemps pour que la maudite n’use de ses pouvoirs. Son regard d’argent vira à l’or tandis que ses pupilles se déformaient pour devenir purement reptiliennes, sa peau se recouvrant d’écailles ventrales tandis que le plumage de ses ailes, devenues subitement vertes aux reflets d’émeraude, s’étendaient sur le reste de son corps jusqu’à transformer la chevelure qui demeura malgré tout constitué de plumes jaunes, longues, souples et fines. Ses dents se rarifièrent pour devenir aussi acérés que les crocs de l’ennemi, laissant davantage de place à sa langue bifide pour passer entre ses lèvres. Ses jambes se réunirent pour former une longue queue qui faisait atteindre à son corps une longueur de près de huit mètres.

L’incarnation du Serpent à Plumes s’élança immédiatement sur la plante, gagnant de la vitesse avec des coups d’ailes en plein vol. Son appendice vint fouetter la tige principale de la bête pour ensuite s’enrouler autour. C’est alors que le pouvoir de constriction du corps reptilien fut mis à contribution, resserrant son étau briseur petit à petit jusqu’à ce que cela contracte réellement la tige, la faisant plier par endroit comme elle était en mesure de faire craqueler progressivement un tronc d’arbre jusqu’à éclater son écorce. Dans le même temps, sa main fusa à travers l’espace pour venir saisir l’arrière de la gueule végétale, appliquant sa force surhumaine pour la tirer vers l’arrière et l’empêcher d’avaler la reine de Yobusa. Ses ailes continuer à s’agiter, envoyant des vagues d’air repousser les lianes qui émanaient de la monstruosité arborescente. Ouvrant pleinement sa bouche, l’hybride vint refermer ses crocs sur le haut de la tige et en enlever une partie avant que sa seconde main vienne cherche l’autre côté de la bouche végétale. Déployant sa force surhumaine couplé à la puissance de sa transformation zoan, la bilcane tira de chaque côté les deux parties de cette mâchoire, ses veines gonflants, son visage se crispant et sa voix s’élevant en un cri, jusqu’à les arracher, les détachant du corps bulbeux de la créature qui ne tarda pas à s’effondrer sur le sol. La maudite ailée s’avança sur le cadavre tout en relâchant les restes de la plante qu’elle avait dans chaque main, reprenant petit à petit forme humaine.

-Comment ça va ? demanda-t-elle à la monarque tout en posant à genou à terre pour lui tendre une main afin de l’aider à se relever, la différence de taille entre les deux ne lui permettant pas de faire cela en demeurant debout. Cela va devenir encore plus dangereux au fur et à mesure et on s’approche de la falaise, je ne sais pas si on va trouver un moyen de monter. Je me demande si on pourrait trouver une caverne nous reliant au reste du dédale dans le coin si jamais on se retrouve coincé. Après si vous n’avez pas envie de perdre votre temps, je pourrais nous emmener tout là-haut en volant, mais je mourrais d’envie de faire cette aventure de façon normal sans avoir recours à ce genre de capacités. C’est moins marrant, déclara la fille du ciel tout en croisant les bras et en levant son regard vers les murailles de pierre naturelles qui s’élevait encore et encore jusqu’à atteindre des hauteurs faramineuses au sommet de Kamkhos Loubal Shamitroa. Alors ? Vous voulez faire quoi ?

De son côté, elle était là pour se détendre et découvrir les lieux, mais l’ancienne révolutionnaire pouvait parfaitement comprendre que sa camarade du jour n’avait pas envie de s’éterniser dans cette aventure.

L’ange observa la scène avec le crabe avec un certain dégoût. Faire autant souffrir une bête sauvage pour la dompter et s’en servir comme moyen de locomotion, c’était violent. L’Archange du Typhon n’appréciait pas cela et tiqua d’autant plus que la reine de Yobusa avait complétement ignoré sa dernière prise de paroles, ne disant même si elle allait bien. La zoan lâcha un soupir avant de répondre à sa camarade du jour.

-Je n’ai guère envie de voir cette créature souffrir davantage. Je vous attends au pied de la falaise une fois que vous aurez fini de la martyriser.

Sous sa forme hybride, l’incarnation du Serpent à Plumes donna quelques coups d’ailes et se retrouva bientôt au-dessus de la végétation, veillant à demeurer hors de porter d’éventuels êtres végétaux surnaturelles pouvant déplier des lianes comme des tentacules. C’était peut-être trop abuser pour une île comme celle-ci, mais nous nous trouvions sur Grandline et beaucoup de chose était possible alors pourquoi pas retrouver des entités déjà croisés dans les bois d’Uk-nuuha, même si ici il n’y avait pas le Cœur de la Loi Assertorique ici ou un simili étant donné que les plantes et la roche ne transmettait pas les ondes modificatrices qui traversaient la plus surnaturelle des forêts qu’elle avait pu arpenter. Et dire qu’aujourd’hui Heziel Coffe qu’elle avait rencontré là-bas était un pirate voguant sur l’océan orientale où elle l’avait rencontré. Avançant tranquillement, la demoiselle ailée observait la forêt sous elle avant de rejoindre la falaise la plus proche qui n’était que la première d’une série de murailles rocheuses naturelles. Repenser à cette période où elle voguait encore sur le Centaurus la rendait plus ou moins nostalgiques. Elle en avait vécu des aventures en tant que révolutionnaire et cela lui manquait régulièrement de ne pas voguer en compagnie d’un équipage, ce qui expliquait en partie pourquoi elle aimait embarquer sur des navires marchands pour ses voyages alors qu’avec sa malédiction la bilcane pourrait tout simplement se déplacer d’île en île au gré de ses envies. Atterrissant sereinement, la De Lérhane attendit l’arrivée de Nojiko en restant dos à la paroi pour surveiller les alentours et ne pas se faire surprendre par une bête sauvage qui aurait le malheur de vivre sur une île aussi infernale dans sa structure. Tandis que dans les profondeurs des souterrains une bataille entre deux groupes d’explorateurs continuait de battre son plein, il était temps de se demander ce que le binôme de blondes allait bien pouvoir faire pour continuer.

-Alors on vol jusqu’en haut ou l’on passe par les souterrains ? À la base, je voulais visiter ce fameux dédales, mais se sera plus rapide en remontant les falaises à la verticale et vu ce qui nous ont accueillit j’imagine que nous ne sommes pas les seuls désirant percer les mystères de ces légendes.

Au final, la De Lérhane offrait le choix à la reine tout en espérant au passage qu’elle laisserait le crabe tranquille désormais. La suite de leur aventure dépendait entièrement de ce dilemme entre la voie normale et la voie des airs. Des dangers différents, des adversaires potentiels différents, des résultats différents. Il fallait juste espérer ne pas emprunter une impasse qui ferait perdre du temps aux deux demoiselles aux chevelures à l’éclat d’or qui volaient sous le vent qui descendait des hauteurs de Kamkhos Loubal Shamitroa, nom qui demeurait toujours plus simple à prononcé que Zbazrfgthiuk selon l'avis de la fille du ciel.

Le choix des tréfonds fut pris par la reine tandis que l’Archange du Typhon laissa un sourire se former sur ses lèvres tandis que le crabe recouvrait sa liberté. Ainsi soit-il. L’option du labyrinthe de grottes était sa propre décision initiale, donc elle ne pouvait qu’être enthousiaste à l’idée de découvrir ce que pouvait renfermer les souterrains.

-Vous pouvez générer votre propre source de lumière avec votre électricité. C’est en effet fort pratique j’imagine. Je n’aurais pas à vous guider dans les ténèbres au moins, même si j’imagine qu’en déchargeant vôtre pouvoir sur une torche il y aurait eu moyen de l’allumer. Ne vous inquiétez pas pour moi. Ma vision reptilienne est basée sur la chaleur alors je vois toujours aussi bien la pierre que ce soit sous le soleil ou dans les profondeurs terrestres. De plus, si jamais des signatures thermiques se manifestent et indique la présence d’autres formes de vie massive et potentiellement hostile, je vous le ferai savoir.

C’est donc sous sa forme hybride que la De Lérhane pénétra dans ce dédale aux embranchements plus que multiples et qui montait tout autant qu’il descendait, laissant sous-entendre l’aspect naturelle de la formation de ces cavernes qui ne possédaient donc pas d’étages réellement fixes, les croisements entre les descentes et les montés impliquant une foultitude de passages d’un niveau à l’autre pouvant eux même être considéré comme des semi-étages intermédiaires. Un joyeux bordel qui tendrait à faire passer la comparaison avec du gruyère comme étant un doux euphémisme aux vues de la complexité structurelle du dédale, ceci expliquant comment si peu de personnes avaient pu se frayer un chemin jusqu’au point culminant de celui-ci ou même jusqu’à l’extrémité de ses abysses. Bientôt, une végétation luminescente vint éclairer tranquillement les lieux. La bilcane ne s’y attarda que très peu de temps étant donné que ce genre de phénomène, d’évolution de l’environnement souterrain, était assez fréquent par rapport aux nombreuses aventures qui lui avait permis d’expérimenter ce genre de chose. Que ce soit la pierre elle-même qui offre de la lumière, de la végétation comme ici ou encore des insectes fluorescents, c’était toujours intriguant, mais plus suffisamment pour éveiller des questionnements durant plus que quelques instants. Bientôt la petite troupe qui se frayait un chemin au milieu de ces embranchements atteignit donc un espace plus large qui abritait ni plus ni moins qu’un galion et un lac intérieur. Reprenant ses yeux d’humains pour observer la structure, chercher le nom de l’embarcation, un pavillon ou même reconnaître le style d’architecture utilisé, l’Archange du Typhon révéla ses pensées à l’oral.

-Nous sommes clairement à plus d’une centaine de mètres au-dessus de la mer… Alors autant je comprends que l’eau à pu arriver là en passant à travers la roche comme pour rejoindre les nappes phréatiques ou même en raison de l’écoulement au travers des tunnels, surtout s’il y a un passage suffisant pour laisser passer la lumière jusqu’ici, mais comment diable un vaisseau a-t-il pu se retrouver ici alors qu’il est trop grand pour passer au travers des grottes et qu’on se trouve à une telle altitude.

En quelques coups d’ailes, la De Lérhane s’approcherait de l’épave sans y atterrir, cherchant du regard un journal de bord ou quelque chose d’autres qui pourraient l’instruire sur ce qu’il s’était passé et l’origine de l’équipage, en espérant que ce soit encore lisible. Si elle en trouvait un, elle le feuillèterait rapidement pour avoir un aperçu général et de potentiels informations, mais elle le rangerait ensuite pour reprendre la lecture en temps et en heure. La demoiselle ailée proposerait ensuite de continuer leur route rapidement étant donné que d’autres personnes devaient arpenter ces couloirs de pierre.

-Il faudrait réussir à monter vu que la tour est au sommet… Mais nous pourrions très bien arrivé dans un cul de sac.

La bilcane avait en effet raison puisque si les deux femmes continuaient à grimper en empruntant les galeries, elle se retrouverait dans une énorme section du labyrinthe qui n’était absolument pas relié à celle qui conduisait à la fameuse tour qui renfermerait bien diverses choses en fonction des légendes et des rumeurs. Oui, il leur faudrait redescendre tout en se dirigeant vers l’est pour ensuite à nouveau grimper, mais savoir à quel moment tourner ou à quel moment il était pertinent de s’interroger sur le chemin prit était tout bonnement impossible sans une connaissance parfaite des lieux. La blonde mythique avait cependant une idée pour s’orienter un minimum, même si cela n’avait aucune garantie de les mener sur la bonne route que certains des autres groupes recherchaient depuis des jours, voir des semaines et même, pour une personne des personnes encore en vie, depuis des mois.

-Je peux éventuellement essayer de ressentir les vibrations à travers la roche. Cela pourrait nous aiguiller sur la localisation de nos « rivaux » ou de créatures qui se trouveraient dans les profondeurs de cette île.

Les nuages épais formaient une mer tortueuse dans le firmament au-dessus de l’île. La foudre s’abattait dans un bal lumineux qui s’imposait à la vue de tout ceux qui voguaient aux abords de ce rocher émergeant des flots pour aller fendre le firmament. Deux malédictions se retrouvaient associés. Maîtresse météorologique via les pouvoirs mythiques du Serpent à Plumes, l’Archange du Typhon avait appelé à elle la fureur des éclairs afin de l’offrir à Nojiko qui, grâce à son fruit, pouvait l’exploiter en mêlant son électricité à la tension dans les nuages afin d’enrober les éclairs et en prendre le contrôle pour développer ses capacités encore plus loin que ce qu’elle était en mesure de faire à l’heure actuelle. Tout cela avait un seul objectif : venir à bout du chef des bandits se trouvant dans l’immense Tour Garlam qui s’écroulait sous elle-même après que toute une partie de la paroi avait été pulvérisé par les poings de la De Lérhane. Il y avait bel et bien un groupe criminel qui avait élu domicile au cœur de cette structure qui s’avérait être l’extrémité haute du dédale souterrain. Ce clan était né il y a plusieurs générations et apprenaient dès leur plus jeune âge à connaître par cœur les galeries pour être en mesure de s’y déplacer. Ils survivaient principalement en volant aux Gorges de Nohal ou à Port Keshal et s’aventuraient parfois en mer pour piller quelques embarcations. Aujourd’hui, les deux femmes mettaient un terme à leurs méfaits. Le binôme semblait déjà avoir triomphé de la majorité des scélérats et affrontaient maintenant en équipe le chef des malfrats qui possédait une malédiction zoan de volatile. Il avait appris à s’en servir dans des espaces restreints et étaient donc assez vif avec, le rendant difficilement atteignable par la bilcane. La stratégie tourna donc à l’emploi de la foudre pour le terrasser. Grâce à la combinaison des efforts des deux femmes, un dernier éclair très puissant concentré par Nojiko paralysa durant de longs instants le bandit, laissant à la De Lérhane tout le loisir d’abattre une ultime fois son poing dans le ventre du criminel qui chuta, emporté par les bras de Morphée.

La maudite mythologique atterrit sur les restes de la Tour Garlam qui avait explosé en tombant sur la forêt putride. C’est là qu’elle fit ses aurevoirs à la reine de Yobusa qui ne tarda pas à partir. De son côté, la De Lérhane reste de nombreuses minutes à regarder l’océan depuis les hauteurs de cette île au nom des plus complexes. Kamkhos Loubal Shamitroa… Un sourire se dessina sur ses lèvres avant de disparaître dans un flot de pensées assez triste. Elles n’étaient pas les seules à s’être engagé dans le labyrinthe aujourd’hui. D’autres avaient peut-être besoin d’elle. C’est pour ces raisons que l’originaire du ciel resteraient quelques jours-là, voyageant des Gorges de Nohal à Port Keshal pour expliquer la situation et organiser des recherches de quelques survivants pouvant se trouver dans le dédale, que ce soit des aventuriers ou des scélérats à arrêter. Un travail coûteux en énergie et en temps pour de biens nombreuses incertitudes, néanmoins c’était dans ces moments de partage et d’entraide que la blonde ailée se sentait la plus vivante, enfin certainement si on excluait les combats. Ainsi, le long périple à travers les galeries n’était pas fini, il fallait y retourner, explorer, dans l’espoir de sauver ceux qui pouvaient encore l’être. Bien évidemment, peu de personnes s’intéressaient à ce genre de choses, mais le petit comité qu’elle avait put rassembler était bien suffisant pour ses expéditions. Il restait simplement à voir ce que l’ange pourrait découvrir durant ces nouvelles aventures et, surtout, les rencontres qu’elle pourrait faire.