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Jeu 4 Jan - 18:27

Ce fut le craquement d'un bras qu'on entendit résonner dans la pièce totalement sombre. Là, aucune ombre n'était visible, et pourtant une présence pesait sur le corps assis au milieu de l'assistance, à cet instant précis. Drogué à l'entrée d'Ennies Lobby, emmené jusqu'à la base, il n'avait plus le moindre confort dans ses actes. Le trajet avait été relativement rapide : un véhicule avait été affrété dans les heures qui avaient suivi l'arrivée de l'Agent du CP9 au niveau de la gare maritime, juste après y avoir été déposé par un navire gouvernemental.

Dans cette pièce angoissante, Fudo serait réveillé à l'aide d'un liquide froid et pénétrant. Il sentirait un frisson et pendant une heure entière, sans que personne ne lui réponde, serait laissé dans un stress immense au milieu d'une pièce sans fenêtre ni porte. Il ne sentirait pas la moindre présence, pas la moindre respiration, jusqu'au moment où un corps viendrait attraper son bras en valide pour le retourner. Un tour complet, sec, rapide, après la libération de la menotte qui maintenait le-dit membre à la chaise.

Puis le silence reviendrait, peut-être ponctué des cris du hors-la-loi. À partir de cet instant, il pouvait tout perdre. Il pouvait perdre sa vie, ses espoirs, mais aussi chacun de ses membres, chacun de ses os, de ses muscles. Après quelques instants à patienter dans la douleur agrémentée par un froid mordant, un scalpel viendrait lui trancher une partie du torse. La panique qui s'intégrerait serait telle qu'il aurait sûrement l'impression que son corps était à la merci de son ennemi.

Aucune présentation. Aucun nom. Aucune pitié. Le ton sec de la torture était exalté par les multiples sensations qu'il ressentirait au milieu de ces infernales ténèbres. Puis une voix, douce, susurrante, un peu décalée, âpre, douloureuse.

    - Te tuer serait un soulagement. Pas pour Ashia. Elle connaissait les risques.

Soudain, un bras vint attraper l'homme par la gorge tandis que son seul bras valide, rafistolé par l'épouvantail, était encore attaché à son corps et à la chaise.

    - Te torturer, en revanche... Profite de ces prochains jours. Je reviendrai, Fudo.

La porte s'ouvrit mais les ténèbres restèrent. Elle claqua derrière l'homme qui en sortit.


Directeurs du Cipher Pol 4 et 9, Albion Alstreim & Shadow

En dehors de la pièce, un homme observait à travers la vitre teinté les événements qui s'y déroulaient. Il observa Shadow un court instant, voyant l'homme affiché un sourire sadique et satisfaisait. Deux directeurs de Cipher Pol étaient réunis : le 4, celui qui s'occupait des communications intra-gouvernementales, et le 9, celui de l'assassinat.

    - Albion.
    - Shadow... C'est pour lui que je suis venu ? Qui est-il ?

L'homme sourit. Effectivement, un voile protégeait l'identité de la personne à l'intérieur de la pièce, et aucun son n'en sortait. Ce gars-là, c'était un secret de polichinelle sur pattes. Serrant le poing, le directeur du Cipher Pol 4 sentit que ce qu'on allait lui demander était un mal nécessaire. Il ne possédait pas encore assez de poids pour assumer toutes ses missions, et avoir le soutien d'un autre directeur était essentiel... Alors il se plierait à sa demande, cette fois-ci.

    - Tu monteras haut, Albion Alstreim...
    - Ne me baratine pas. Dis-moi ce qu'il faut que je fasse.



Mode Cauchemar On.
Tu es enfermé dans une pièce et torturé après ton réveil. Enjoy.

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Jeu 4 Jan - 23:53


La dernière mission


Le froid assaillit ses veines, il se diffusa lentement dans l'ensemble de son système artériel jusqu'à atteindre son cœur. Alors, Fudo sentit celui-ci perdre le fil de sa routine au sein de sa poitrine. Cette pompe organique désirait reprendre sa douce cadence, en vain. Face à pareil constat elle ne put qu'angoisser, aidant la propagation du liquide glacial qui semblait consumer le hors-la-loi de l'intérieur. Il se répandit ainsi dans chaque recoin de son système, parasitant  jusqu'à la moindre parcelle de son corps.

Sous le martèlement irrégulier qui faisait battre ses tempes, les yeux du jeune homme s'offrirent à l'obscurité la plus totale, là où nulle lumière, divine ou non, n'avait place. Son souffle chaud se faufila au travers de ses lèvres quand il eut compris sa probable situation.

Il était là, encore. Cet océan noir dans lequel il avait touché le fond lors de sa rencontre avec l'Amar. Alors, il attendit la manifestation de cette voix intérieure. Fudo s'imaginait la retrouver, elle qui l'avait quitté depuis l'acceptation de sa défaite. Depuis qu'il avait abandonné. "C'est la fin" avait-elle alors prononcée ce jour-là. Le jeune homme en était quasiment certain, elle lui reviendrait.

Il en avait besoin, après tout. Il voulait des réponses. Celles qui le tourmentaient depuis tout son temps, par rapport à sa nature.

Sans elle, loin d’Ève et de Judal, Fudo se sentait seul. Et si d'extérieur cette solitude semblait le seoir, il en était autrement intérieurement. En lui n'avait subsisté que la déception, une qu'il avait tenté de masquer en conservant un équilibre précaire au prix de mensonges. Mais il ne pouvait guère se mentir à lui-même, ça aussi Fudo en était conscient. Et pourtant, sans Ève, chacun de ses efforts menaient à la même finalité : le néant.

Alors il attendit au beau milieu de cet océan. En cette place le temps était distordu, et son unique médiateur, déréglé, ne possédait plus aucune utilité. Aucune si ce n'était augmenter la pression qui écrasait sa nuque. Les secondes s'écoulaient donc en éternité, sans que cette voix ne résonne dans son crâne en écho lointain, comme la première fois.

Ainsi Fudo devint cible de l'angoisse, la même qui opprimait son cœur depuis le début. Le froid s'était ancré dans son corps rongeant, depuis lors,  chair, os et muscles. L'espoir, cependant, celui d'obtenir le remède de ses tourments en ce lieu, subsistait toujours au milieu de son esprit boiteux. Il constituait sa béquille depuis que cette voix l'avait laissé là, seul, face à Muerte, Mordicus puis la Triade. Elle lui reviendrait, il l'avait vu dans cette flache.

Cet espoir s'amenuisait avec le temps, sans pour autant menacer de disparaître. L'esprit de Fudo divaguait, les rouages de ses pensées étaient immobiles depuis son réveil. Peut-être cela expliquait son actuel état, le fait qu'il se terrait dans le silence, qu'il ne tentait guère de se mouvoir.

Cela le protégeait de la vérité. Celle qu'il était dorénavant seul confronté à ses propres craintes. Sans support, il n'était guère plus capable de conserver l'apparence qui semblait lui convenir. Seul, et peut-être Bételgeuse pensait pareillement, il paraissait plus à même de réaliser de grandes choses. Et pourtant, cela n'était vrai qu'à l'extérieur. Et masquer ce qui se trouvait à l'intérieur, depuis tout ce temps, était une épreuve que Fudo ne se sentait point de faire seul. Sauver les apparences à pareil coût, il n'en pouvait tout simplement plus.

Il ne savait même plus ce qu'il était, ce qu'il devait ressentir et ce qu'il avait fait. Son identité était couverte d'émanations d'un isolement insoutenable. Les mêmes qu'il avait perçues autour d’Ève quand il la rencontra. Et, à son contact, ils arrivaient tous deux à y voir plus clair. Désormais, sans elle ni cette voix, ces effluves le ceignaient à nouveau d'une pénible mélancolie.


Ses lèvres s’entrouvrirent enfin, prêtes à laisser quelques paroles s'échapper à destination de cette voix qui l'avait à nouveau convoqué pour, cette fois-ci, se jouer de lui.

-Es-tu...

La douleur lui étreint le bras jusqu'à le briser. Un gémissement irrita les cordes vocales du jeune homme avant qu'il ne retombe dans le silence.

Elle ne voulait pas entendre sa voix. C'était limpide, oui. Il n'avait même pas besoin de relancer ses réflexions pour le comprendre. Alors il se tut et attendit, il n'allait pas la fâcher.

Le temps continua ainsi son oeuvre, sans pour autant que les maux qu'on lui avait infligés ne s'estompent. Cela lui parut étrange. Le stress gagnait ainsi du terrain sur l'espoir. Le remettant en cause.

Quelques instants plus tard, la langue de Fudo tourbillonnait dans sa bouche. Cela ne calmait cependant pas les picotements qui la parcouraient depuis. Il voulait s'en convaincre, quand allait-elle venir ? Pourquoi le faire attendre ? Il désirait savoir pourquoi puis obtenir réponse à sa question.

Le métal glacial s'apposa sur son torse, puis, d'un coup, le scalpel traça une ligne écarlate sur le derme du brunet. Il gémit à nouveau, voulut s'excuser pour avoir désiré parler, puis s'écrasa pour ne pas souffrir à nouveau.

Alors, il eut sa récompense. Enfin.

Une manifestation. Un son. Une voix, une... inattendue.

Bien sûr, qu'il hurla. Qui ne l'aurait pas fait ? Un muet, peut-être. Cet hurlement saigna sa gorge un long moment tandis que les paroles de son interlocuteur perforaient son crâne, afin de dévorer l'espoir s'y terrant.

La situation avait basculée du tout au tout. Il comprit enfin où il se situait. Fudo n'était pas dans cet océan sombre, intime, mais dans un tout autre lieu où il était à la merci de tous.

Les souvenirs jaillirent finalement des ténèbres pour l'éclabousser avec brutalité. Ashia et Shadow. Fudo avait été donné en pâture au CP9. Deux et deux commençaient donc à faire un. Et le bruit mécanique de ses pensées l'agressa enfin alors que sa conscience menaçait de se dérober face au constat qu'il venait de faire.

Les maux dont il souffrait ne connaissaient aucune rémission.

______

-Papa ! Papa ! Qu'est-ce que c'est qu'un vilain ?


Chapitre dernier : L'ombre.


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Ven 5 Jan - 14:52


Directeur du Cipher Pol 9, Shadow


La situation était minée par l'horreur de l'absence. Absence de bruit, absence de lumière, absence de présence... Et quand bien même il reconnaîtrait sa propre présence comme réconfortante, l'homme serait pris par l'angoisse de ne plus exister. La douleur s'estomperait progressivement à cause du poison sur la lame, et disparaîtrait pour donner l'impression de néant. La mort n'avait jamais été aussi loin, et jamais été aussi proche. Le supplice continuait immanquablement.

Enfin, un bruit. Shadow. Il était revenu. Il ouvrit la porte en grand mais aucun rayon de lumière ne parvint à Fudo. Aucune lumière, et pourtant la chaleur familière des rayons pourrait dire au prisonnier ce qu'il ne voyait pas. Un bruit d'un appareil lourd traîné sur le sol.

    - Voici une superbe lampe à forte intensité, lâcha la voix amusée de l'homme.


Une lampe à forte intensité. Une lampe... De la lumière. L'absence de la lumière. Puis la brûlure. La brûlure sur sa peau qui se ferait sentir, de plus en plus intense, de plus en plus puissante. Elle s'étendit jusqu'à atteindre l'épiderme, jusqu'à brûler sévèrement sa cuisse, transpercer le fin vêtement.

    - La douleur, Fudo. La douleur.

La douleur était d'une intensité que peu égalaient, mais d'autres éléments pourraient trahir d'autres éléments. Un grésillement, celui d'une ampoule, au niveau de sa tête fit tiquer le directeur du Cipher Pol. Il arrêta les rayons, et se retourna. Ses mains vinrent triturer quelque chose sur une étagère, à l'intérieur de la pièce.

Il plaça sa main sur un bocal dont le liquide bougea. Puis il le déposa par terre, devant Fudo. Un petit rire lui échappa tandis qu'il fermait la porte. Avait-il quitté la pièce ? Rien n'était moins certain.



Mode Cauchemar On.

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Sam 6 Jan - 16:02

La dernière mission


-Les vilains ? Ce sont de mauvaises personnes, les ennemis de papa haha ! -nous a-t-il répondu avec légèreté.

Cet idiot de père.

______

La ligne douloureuse se fit dévorer par le néant, le malfrat ne ressentit plus rien à ce niveau là. C'était comme si cette partie de son corps venait de s'estomper, dérobée par celle qui flottait au dessus de lui depuis tout ce temps.

La Mort.

Une suée froide inonda Fudo alors qu'un bruit sec résonna dans ses oreilles, il était suivi d'un grincement éreintant. La voix de son tortionnaire le percuta de plein fouet, faisant se dresser le moindre de ses poils. Sa mâchoire se crispa si fort qu'elle en fendit presque le visage de Fudo, laissant place à l'agonie.

Une lumière ?

Puis, après être passée au travers des mailles de son pantalon, l'onde de chaleur atteignit la cuisse du brunet. Alors elle dévora peu à peu la chair de sa proie qui hurlait à l'agonie. La température augmentant, la douleur consumant Fudo ne faisait que croître jusqu'à atteindre le zénith de son intensité.

Les rouages de ses pensées se heurtèrent les uns les autres dans le crâne comprimé du maudit. La lumière, il ne la voyait pas. De quoi parlait ce type ? D'où provenait la brûlure qui lui arrachait cet hurlement dont la hauteur ne faisait qu'augmenter? Les claquements mécaniques accélèrent sous un stress croissant, l'espoir sis en ce lieux s'amenuisait petit à petit alors que, désespérément, Fudo cherchait un défaut dans le voile obscur au sein duquel il était plongé.

Une zone plus sombre qu'une autre, tant que la lumière le frappait il devait y avoir pareille chose en ces lieux. C'était logique, non ?

Le primé en était persuadé, tandis que sa gorge était toujours parcourue d'un son déchirant, ses yeux tourbillonnaient au sein de ses orbites à la recherche de ce fameux contraste. Pourtant, il ne percevait rien.

Lui avait-on menti ? Comment le brûlait-on du coup ?

Alors ses paupières se fermèrent frénétiquement, comme si, en agissant de la sorte, les ténèbres scotchées à ses rétines seraient emportées.

Rien. Aucune perception. Le néant.

Le déluge ardent qui le carbonisait s'arrêta soudainement, laissant derrière lui qu'une chair brûlée à vif dans laquelle s'immisçaient des lambeaux de son pantalon.

Un rire malsain résonna dans la salle.

Quelques secondes plus tard, le visage de Fudo se mua dans une torsion indescriptible.

______

Je me retrouvais dans une paisible plaine verdoyante, l'horizon ne constituait qu'une banale ligne droite dénuée de brisures. En face de moi, cependant, se trouvait un long rectangle en bois sombre sculpté. Un cercueil ouvert. Je m'approchais de celui-ci, porté par un doux courant d'air et la sérénité régnant en ces lieux.

Son corps était confortablement installé au sein de la boîte mortuaire, enrobé d'une soie d'un blanc épuré qui rappelait sa douce peau. Son visage était toujours aussi angélique et harmonieux. Elle semblait avoir trouvé la paix, loin des tourments de ce monde détraqué dans lequel elle détestait vivre.

Ève.

Je l'aimais, oui. J'étais prêt à tout pour cette fille, celle qui était devenue mon seul point d'ancrage dans les sous-sols de cet univers torturé. Mes yeux se fermèrent un court instant, je la revoyais lors de notre première rencontre, lorsqu'elle avait braqué son flingue sur moi. Cela me dut un léger soupir.

Lorsque mes paupières se rouvrirent, je remarquai qu'une petite silhouette était apparue à la tête du cercueil. Un enfant au teint de porcelaine et à la chevelure d'encre vêtu d'un costume. Celui-là paraissait peiné face au spectacle s'offrant à lui. Puis, alors que j'esquissai un geste en direction de ma tendre, son regard vint cueillir le mien.

-Dis, tu sais ce qu'est un vilain ?

Sa voix cristalline était telle que sa face se fissura. Le silence suivant alourdit l'atmosphère si bien que la voûte céleste parut s'affaisser par endroit.

-Co...


Un minuscule bout brisé de son visage tomba à la renverse, donnant vu sur l'intérieur de l'enfant.

Une brume opaque et obscure s'échappait de la fine béance.

La chute du petit bout en emporta d'autres. Libérant peu à peu le contenu de ce si fragile réceptacle dans l'air ambiant. De sombres particules qui vinrent corrompre la pureté de cette place. Bientôt elles se déverseraient dans le sarcophage à mes pieds. Ainsi mon cœur vacilla, et je me précipitai à retirer mon gilet afin de recouvrir ma Ève de celui-ci. Mes bras s'extirpèrent alors des manches jusqu'à rencontrer un premier obstacle : mes poignets étaient tous deux rattachés à celles-ci. Le regard épinglé au visage d’Ève, je tentai si bien que mal à me défaire de ces chaînes de tissu. Les battements de mon cœur allaient en augmentant, se répercutaient sur la voûte céleste qui se déchira. La brume s'approchait lentement de ma tendre, je devais agir.

Mon poing droit s'ouvrit.

Nulle zone n'apparut.

Alors le destin me frappa de plein fouet. Une particule se déposa sur le front pâle de ma Ève.

Son visage se déforma dans une expression de souffrance, puis ses paupières s'ouvrirent à moi pour me laisser découvrir des orbites sanguinolentes, vides.

-NON !

L'ombre d'une roue dentée s'abattit sur moi après avoir déchiré la toile du ciel.

______

Quand les paupières de Fudo se fermèrent une énième fois, quelque-chose céda en lui. Il ne pouvait pas sentir ses yeux rouler contre ce fin voile de peau.

Les vannes s'ouvrirent enfin, déversant un flots de pensées anarchiques dans sa tête douloureuse. Il la balança brutalement, dans tous les sens, en répétant avec rage ce dernier mot pensé, niant le sort qui s'était abattu sur lui. Ainsi Fudo continua ces va-et-vient brutaux, tentant de remettre de l'ordre au sein de son petit crâne. En vain, cela empira tout.

Le flot qui emplissait son esprit s'en retrouvait accéléré. Il apportait avec lui une souffrance insupportable et une sensation irréelle que le jeune homme n'avait jamais perçue jusqu'alors. Son esprit fut envahit de ces pensées qui ne lui appartenaient pas, des murmures incompréhensibles qui alourdissaient douloureusement sa tête. Celle-ci devint si lourde qu'il se pencha en avant jusqu'à ce que son torse se pose sur ses cuisses.

Ravivant la brûlure.

Un spasme mua alors le maudit, perdu dans ce tourbillon incessant, le poussant à se redresser violemment. Son dos heurta le dossier. Son chef s'éleva enfin, pliant sa nuque en deux, puis il poussa un cri tandis que ses orbites vides se révélèrent à la lumière.

Ce cri fut bien différents des autres. Il possédait quelque-chose d'inhumain, annihilant le reste d'espoir que le maudit était parvenu à conserver. Et toute cette place vide, laissée par cet espoir, fut comblée par la douleur. Il se figea enfin, là, sur cette chaise fixée au sol, la gueule grande ouverte.

C'était un râle d'agonie, celui d'une personne qui était en train de perdre la vie, un être dont le corps serait broyé par un inconnu et l'esprit parasité par celui d'un autre. Il resterait ainsi, immobile, incapable de se mouvoir, de penser, le souffle coupé, jusqu'à suffoquer.




Tentative d'éveil de l'observation, ui misieur.

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Ven 12 Jan - 18:33


Directeurs des Cipher Pol 1 et 9, Riku Wente & Shadow

Le doigt avancé vers la petite barrière bleu qui s'était érigée, la directrice du Cipher Pol 1 fut arrêtée dans son imprudent mouvement par Shadow. Ce dernier lui jeta un regard froid, dénué d'intérêt, mais prudent. Quelle enquiquineuse cette Riku, se dit-il avait un certain dédain. Il n'aimait pas la façon dont elle avait de se promener comme cela, parant son intelligence par quelques faux pas qu'on devait octroyer à son jeune âge. Alors qu'elle ne flanchait pas devant son homologue du Cipher Pol 9, la jeune femme reçut une explication tassée de la situation :

    - J'ai capturé quelqu'un, et je m'amuse...
    - En plein Enies Lobby...

L'information était capitale, et elle fit froid dans le dos au directeur qui eut un sourire crispé. C'était bien la première fois qu'on le voyait en difficulté, et elle était bien la seule à pouvoir lui poser des problèmes. Bah, tant qu'elle ne savait pas qui...

    - Fudo, n'est-ce pas ? C'est le criminel qui a tué votre fille.

D'accord, elle en savait beaucoup trop. Les instincts d'assassin de l'homme revinrent un court instant durant et il hésita à tuer la jeune femme sur place pour la faire taire. Au pire, il accuserait encore ce hors-la-loi aveugle et manchot qui se serait acharner sur cette pauvre victime. Il pouvait tout à fait le faire... Si ce n'était que cette pièce n'était pas assez isolée pour tenter un coup pareil. Les quartiers de l'AOI se trouvaient à proximité, plus ou moins, et il se devait d'être discret.

    - Il n'en a plus pour très longtemps. Il va bientôt y passer.
    - La loi veut qu'Impel Down soit son tombeau. Les hautes instances n'ont pas décrétées son exécution... Mais vous le savez déjà. Après tout, vous ne l'avez pas amené ici pour le tuer, n'est-ce pas ? Que manigancez-vous ?
    - C'est un secret...

Et il se retira à nouveau dans la pièce une fois que la bulle se fut éteinte. Alors, Fudo sembla s'extraire de son sommeil. Il avait utilisé son pouvoir inconsciemment, peut-être pendant un rêve, et s'il avait senti une présence humaine à ce moment-là, il aurait pu réaliser la dure réalité. Seul du métal froid retenait ses chevilles et ses poignets. Il avait bien ce bracelet posé par Mordicus, mais c'était un simple artefact, une sorte de mise en trophée.

Passant sa main sur la cuisse de son prisonnier, il s'amusa à remonter soudain vers son appareil génital pour lui ficher la frousse. Puis il s'arrêta, avant de retirer ses doigts et d'aller essuyer sa main.

    - Les ténèbres sont un bien doux soulagement de...

Un Den Den Mushi sonna. Shadow tiqua brusquement et se retourna pour prendre l'appel. Il maugréa quelques paroles incompréhensibles avant de partir de la salle en trombe.


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Dim 14 Jan - 13:08
[quote="Fudo"]

La dernière mission


Sa gueule grande ouverte laissait son cri se deverser dans la pièce, son intensité s'amenuisait avec le temps, tout comme l'espoir l'avait fait, pour finir par s'éteindre.

Un bourdonnement comprimait les tempes et les tympans de Fudo, cette mêlasse de murmures incompréhensibles envahissait son crâne pour enfin submerger son esprit. L'air, qui était soudainement devenu âpre, lui faisait défaut. Les spasmes qui parcouraient son abdomen devinrent alors infernaux, l'oxygène lui manquerait bientôt et il crèverait ici sans plus tarder.

Une main se posa alors sur sa cuisse.

«Ténèbres»

Son corps jusqu'à maintenant inanimé réagit brusquement, se plia en deux, plaçant son visage froissée face à celle de cet homme qui venait de prendre la parole.

La gorge déchirée du malfrat s'écrasa sur elle-même. Du énième hurlement qui voulut sortir, seul un souffle atrophié s'échappa. Puis, soudain, l'expression faciale du jeune homme se dilata. Ses pieds s'activèrent alors frénétiquement, faisant tinter les menottes contre les pieds de la chaise auxquelles ses chevilles étaient rattachées, puis ce fut son buste qui suivit : Fudo se redressa d'un coup. Ses lèvres tremblotaient, une oreille fine aurait pu déceler des résidus d'une négation mal filtrée.

Enfin, une phrase sut se frayer un chemin jusqu'à la sortie.

-Dégage ! Tu... tu n'es pas réel, rien de tout ça ne l'est !

______

Je voulais mourir, il fallait que je crève ! Jamais je ne me rétablirais, jamais ! C'était irréversible ! Mes yeux ! Mon corps ! Tout était brisé, plus rien ne m'appartenait ! On me possédait, on me torturait, je n'étais plus rien qu'une simple poupée de chiffon : à la merci de tout un chacun, même de la plus fébrile des gamines.
Et ma tête !

Ma tête !

Un taudis. Sans dessus dessous. Incohérent. Douloureux. Jonché de bris de verre.
La douleur ne voulait pas partir.

Et ce bruit incessant qui me comprimait le crâne, puis celui des rouages détraqués de mes pensées.

Le battement ambiant de mon cœur déchiré. Un poing brûlant qui saccageait ma cage thoracique.

Tout ça devait cesser.

Je devais crever. Maintenant. Il me le fallait, c'était le seul remède à mes maux. La seule solution, la seule échappatoire.

Ève n'était pas là.

Judal, je l'avais tué.

Shiro, elle aussi était morte.

Et Tet !

Tous, d'une façon ou d'une autre : j'étais le responsable !

J'étais un véritable fléau ! Un qui propageait la mort tout autour de lui ! Celui qui condamnait ses proches par sa simple présence !

Sur toute la ligne je m'étais trompé.

Si seulement je pouvais revenir en arrière.

Trouver les graines du sablier.

Les manier.

Une seule fois.

Juste une fois.

Je me serais donné la mort.

Mes frères... j'étais désolé.

Pour tout.

Une chose vint se poser sur ma cuisse !

Non. Ce n'était pas possible.

Je délirais. Oui. J'étais complètement détraqué, fou !

Mes sens me jouaient des tours. C'était sûrement ça.

Non.

Elle était bien là.

Une main rachitique, posée sur ma cuisse.

«Ténèbres»

Ce mot entra en résonance avec cet amalgame de bruits, les amplifiant.

Les parois du taudis se mirent à vrombir.

J'avais envie de hurler. De chialer.

Puis sa tête se retrouva brusquement face à la mienne.

Un visage noir. Sans relief. Inhumain.

Une substance émanait d'elle. Des particules denses. Sombres.

Non, non. Ce n'était pas la réalité ! Je ne pouvais pas voir après tout ! Je n'avais plus d'yeux !

Le bout d'un de ses longs et fins doigts s'approcha de mon front.

Je déglutis puis m'écartai violemment.

-Dégage ! Tu... tu n'es pas réel, rien de tout ça ne l'est !


D'un coup, la silhouette fut projetée au loin pour s'évanouir dans les ténèbres environnant.
Me laissant seul avec mes peines.

______

Les ténèbres qui me cernent son pareils à une camisole qui me tient isolé de ce monde.

Je dois m'en débarrasser pour enfin agir.

Sans quoi tu crèveras.





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Directeurs des Cipher Pol 2 et 5, Marck Wente & Sinaris Kamaeron

    - Il l'a convaincu une première fois qu'il avait encore ses yeux. Puis, qu'il ne pouvait pas utiliser son pouvoir. C'est un pouvoir effrayant, n'est-ce pas ?

Le Directeur du Cipher Pol 2 lorgnait sur l'endroit où se trouvait Fudo. Il arborait une stature militaire, un air sérieux et une dégaine tranchante. C'était l'homme qu'on aurait aimé avoir en guise de commandant de toute base marine, un homme droit et obéissant, qui faisait passer la Justice du Gouvernement Mondial avant toute autre chose. Alors qu'il exécrait les méthodes de Shadow, un simili de curiosité embrasé par sa fille l'avait fait monté les marches des bureaux des Cipher Pol pour se rendre jusqu'à cette salle, au treizième étage de l'imposant immeuble qui regroupait quelques bureaux de directeurs. Ils avaient centralisé ces effectifs pour permettre une meilleure mobilité, une meilleure communication. Protégés derrière les plus grandes portes du monde, à ce qu'ils pensaient, ils étaient assez peu inquiets de leur sécurité.

    - Il n'a que ce qu'il mérite. Hors-la-loi de pacotille.

L'esprit franc et agressif à l'égard des ennemis du Gouvernement, Sinaris, le Directeur du Cipher Pol 5, n'avait fait que suivre son instinct quand il avait vu Mark débarquer de son bureau. Il l'avait patiemment suivi pour enfin trouver la personne qui se trouvait dans cette pièce. Une chose était sûre pour celui qu'on surnommait « Le Froid », Shadow faisait un travail exemplaire.

Ils se retournèrent alors avant de sortir de la pièce qui servait d'intermédiaire. Lorsque la porte s'ouvrit à nouveau, quelques dizaine de minutes plus tard, ce fut une figure familière au hors-la-loi qui apparut.


Agent du CP9, Mordicus

Mordicus avait eu du fil à retordre pour arriver jusqu'ici. Avec toutes les rumeurs, Shadow s'était assuré que son petit poulain ne serait jamais bien longtemps à l'écart de figures de marques, ce qui permettait une surveillance gratuite, et rapprochée. Vu son état, il ne représentait pas une menace... Bien qu'il soit intéressant de penser qu'il pourrait provoquer des dégâts dans Enies Lobby. C'était le Directeur du CP4, l'une des nouvelles têtes directrices, qui avait usé de son aptitude spéciale pour contraindre Fudo au mutisme. Fort heureusement, il allait bientôt être libéré, malgré le fait qu'il ait été bien amoché...

    - On te réparera, fit Mordicus en entrant dans le bureau.

Il se saisit de la paire d'yeux qui traînaient dans le bocal en formol, et les mit dans une des mains de Fudo.

    - Maintenant, utilise ton pouvoir comme tu t'es rendu compte de l'absence de tes yeux. Rends-toi compte de la présence de ton fruit...

Il le laisserait faire, puis utiliserait sa télécommande pour désactiver les pouvoirs de Fudo en usant du Granit Marin dans son bracelet. Il n'allait pas le laisser agir sans le garder sous contrôle...


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Ven 26 Jan - 21:47

La dernière mission


Une brume noire et glacée trouble ma vision. Mon corps engourdi et frémissant me donne la sensation d'être partiellement plongé dans de l'eau.

Tu me rejettes sans cesse, quand bien même tu désires obtenir certaines choses de moi. Tout ça c'est de sa faute, à elle. Celle qui me retient là, loin de toi.

A cause d'elle tu as recraché ce dans quoi je t'avais fait croquer. Tu m'avais accepté à ce moment-là, et même si ce n'était pas totalement ça suffisait pour te faire prendre les bonnes décisions. Te guider. Vers ton objectif, vers mon objectif.

Le nôtre.

Puis tu as choisi la cécité en t'en remettant à elle plutôt qu'à moi. Tu as volontairement crever les yeux de ton âme.

Tout ça parce que tu ne supportais pas ce que tu devenais.

Tu es faible, voilà ce que t'es !

Cette personne brouille notre communication, perturbe tes pensées. Elle constitue un obstacle, je dois m'en débarrasser.

Un sourire vient alors scier mes pensées, une opportunité se présente enfin à moi.

Des paroles se faufilent au travers de cet épais voile, je parviens à suivre ce qu'il se déroule à l'extérieur, dans ce monde au sein duquel je suis présent et pourtant rejeté comme un vulgaire détritus.

Cette occasion que l'on m'offre, crois moi, je compte bien la saisir.

Pour notre bien commun.

______

Une voix familière heurta Fudo pour le figer à nouveau, ses lèvres entrouvertes en suspension. Les événements qui s'étaient produits sur Illusia, quelques jours auparavant, lui revinrent alors sous forme d'images psychédéliques. Celles-ci transpercèrent sa matière grise encombrée. Son esprit détraqué tentait péniblement de déchiffrer le sens de chacune d'entre elles. Une démarche fastidieuse et ô combien douloureuse.

Le petit hors-la-loi se retrouvait pris entre deux organisations contraires, chacune désirant se l'accaparer pour atteindre un but bien précis. Elles l'avaient toutes deux chopé par un bras et tiraient dessus comme l'on tirait sur une corde.

Sa capture lui revint, le moment où on lui passa les menottes.

La victime sentit alors qu'on venait de lui déposer quelque-chose dans sa main, deux objets de petites tailles, sphériques et visqueux. Une grimace balafra encore une fois son faciès froissé quand elle comprit. Ils s'agissaient là de ses yeux.

Son réveil suivit, aux côtés d'une jeune femme à la chevelure argentée.

Soudain, l'angoisse et le mal-être s'accentuèrent, les volets de ses yeux se fermèrent d'un coup lorsqu'un énième vertige assaillit le torturé. Une sueur épaisse et froide poignit au sommet de son front pour fendre sa face en deux. Des semblants de larmes vinrent s'y mêler.

Ève.

Son visage se mit à fondre, le frêle être était méconnaissable.

La Triade la tenait toujours en attente de son éventuelle réussite.

Un sanglot enflamma la trachée du brunet.

Fudo n'était plus à l'orée d'une catastrophe mentale : il était en plein dedans. On avait trop tiré sur la corde, elle s'était rompue brutalement, d'un coup, laissant derrière elle un simple vide.

Une personne brisée.

-Li-li-libère la -balbutia-t-il dans ses sanglots- Elle n'a rien fait de mal, c'est... tout est de ma faute. - il renifla un coup avant de souffler fébrilement - Je... je veux juste qu'elle aille bien. Elle ne mérite pas ça, s'il...

Sa gorge se comprima d'un coup, à la grande surprise de Fudo. Comme si, l'espace d'un instant, son corps avait agi contre son gré pour l'empêcher d'aller plus loin. Quand l'air put de nouveau circuler au sein de sa trachée, seul un mot prononcé d'une voix esquintée sortit.

-È...Ève.

Soudain, un rire raviva le vacarme dans le taudis qu'était désormais le crâne du mécréant.

______

J'avais juste envie de crever.

Tous mes efforts étaient rassemblés pour que je pusse m'extirper de mon corps. Ainsi les anges infernaux n'auraient qu'à saisir mon âme et l'envoyer six pieds sous terre. Alors je serais enfin en paix.

Mais cette démarche n'eut pas l'effet escompté, comme toujours, ça empira tout. Elle me renvoya dans le flux anarchique de mes pensées.

Puis son visage me revint en pleine face quand une voix comprima mes tympans. Je la voyais comme si son souvenir n'attendait qu'une occasion de se manifester.

Ève.

Mes craintes enflèrent puis me paralysèrent, me coupant le souffle et annihilant toutes mes douleurs l'espace d'un instant.

Un temps mort.

Puis vint le son, celui de ma misérable voix. Mon corps raidi tressauta, puis la douleur revint plus intense qu'auparavant. Mes membres gourds me donnaient l'impression que la vie les avait quitté. Un cadavre vivant, voilà ce que j'étais. Un putain de mort qu'on ne laissait pas reposer en paix. On m'en privait !

C'était ma punition pour avoir utilisé cette malédiction qui ne m'était pas destinée. Cette saloperie m'aurait permis de me propulser vers mon stupide objectif. Mais voilà, toute chose possédait un prix et il fallait bien à un moment passer à la caisse. C'était écrit d'avance.

Elle avait fait de moi plus qu'un surhomme : une étoile dans la voûte céleste de l'Underground. Mais les étoiles mourraient au levé du Soleil : je n'étais pas de taille. Chaque jour je m'en rendais compte. La montée était fastidieuse, mais la chute, elle, était abrupte et douloureuse : atroce.

Je prenais alors conscience du subterfuge qu'étaient mes capacités, ce vide grandissant qui m'habitait. Je me sentais comme actuellement dans ces pareils moments.

Pathétique. Misérable. Faible. Seul.

Et ces ressentis m'affligeaient une tension sans équivoque.

Je me détestais.

Comment avais-je pu considérer ce pouvoir comme une bénédiction ? Le terme que les lambda utilisaient seyait parfaitement à ce qu'étaient ces capacités octroyées par ce fruit démoniaque.

Croquer dedans était plus qu'un crime, c'était un péché. Quelque chose qui corrompt votre âme. Et, dès lors, chaque utilisation de ce pouvoir délivré par cet unique croc froisse votre être dans tous les sens. Jusqu'à ce que vous ne ressemblez plus à rien, que vous devenez un putain de dépravé.

Un être brisé, morcelé.

Et pourtant, bien que j'avais conscience de tout ça, du fait que mourir était la meilleure solution, pour moi comme pour mes proches, je fus une nouvelle fois rappelé à la surface de ce monde. Le cadavre ambulant était une nouvelle fois convoqué en ce bas monde.

Son visage angélique apparut face à moi malgré mon actuelle cécité. Sa silhouette d'un blanc maculé découpait les ténèbres. Ève rayonnait telle l'ange qu'elle était.

Ses lèvres se muèrent enfin tandis que des larmes cristallines s'écoulaient sur ses pommettes. Mon pouls alla en augmentant, mon sang fracassait mes tempes.

Ève me supplia. Elle avait besoin de moi. Elle avait besoin de ma malédiction.

Mes lèvres se pincèrent alors qu'un gémissement se fraya un chemin entre celles-ci.

-Je... je...

Puis elle se mit à hurler des larmes enfantines. Il me sembla que je fis de même. Mon ventre me faisait atrocement mal, tout comme mon crâne.

-Je suis désolé.
-finis-je par dégueuler dans un vomi de sanglots.

La distance nous séparant augmenta d'un coup, alors ses traits se muèrent et sa voix tyrannique menaça de fracasser mon crâne.

Je déglutis quand je me rendis compte que son image se brouillait. De sombres particules oscillaient dangereusement autour d'elle, comme les charognards l'avaient fait lorsque je la rencontrai. On menaçait de la détruire.

L'obscurité prenait l'ascendant, elle avalait la lumière projetée par ma Ève, menaçait de la consumer.

Je ne pouvais pas...

-S'il...


Je concentrai mes forces dans mon bras engourdi. Je voulus le tendre vers elle.

-S'il te plaît !

Mon crâne parut se fendre, les parois du taudis se mirent à tourbillonner tout en s’effondrant.

Un nouveau décor se profila.

______

Le cou de Fudo était étiré à son paroxysme, des veines gonflées et battantes le parcouraient, il dirigeait sa face vers Mordicus. Les béances sanguinolentes au milieu de cette dernière se présentaient à l'agent du CP9.

Le malfrat renifla maintes fois, on aurait dit qu'il allait se noyer dans sa morve. Mordicus avait face à lui un moins que rien. Voilà l'image que renvoyait actuellement la jeune victime, elle était aux antipodes de ce que le titre et les crimes qu'on lui avait attribués suggéraient.

Et pourtant ce débris avait de quoi attirer l'attention de l'homme épouvantail. Autour des deux globes oculaires lâchés dans sa main, les doigts de Fudo se muaient de manière chaotique. Le résultat était tel qu'une petite bulle bleutée apparaissait au sein de sa paume avant d'éclater. Encore et encore.




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Lun 29 Jan - 1:09
Pendant ce temps...

Où 'Ayn va avoir une journée somme toute assez calme...
... du moins on l'espère ?


Umineko no Naku Koro Ni - Lie-alaiaa
'Prélude au désastre.'

Je suis en train de faire ça.

Je suis vraiment en train de faire ça.

Oh mon dieu, faites que je regrette pas de commencer comme ça.

Faisant les cent pas dans la pièce, la figure encapuchonnée semble visiblement en plein conflit intérieur. D'ailleurs, elle est tellement perdue dans ses pensées qu'elle nie complètement votre présence. Après avoir marché pendant de longues minutes, elle va finalement s'installer sur le siège qui lui est destiné, au milieu de la pièce. En face, la chaise de 'Ayn est quant à elle encore vide. L'Hôte pousse un long soupir. Commençant à servir le thé, comme pour se calmer, iel appelle alors notre protagoniste, lui ordonnant de læ rejoindre.

Rapidement, le jeune aspirant du Cipher Pol arrive et vient prendre place là où il est attendu, son sourire habituel aux lèvres. La figure encapuchonnée, quant à elle, se concentre sur son thé, tentant de contenir son angoisse.

Alors, vous allez bien depuis la dernière fois ?

Oh oui, bien sûr. Je vais parfaitement bien. Aucun problème.

Huh. Vous allez bien ? C'est ça, vous m'en direz tant.
Allons, laissez-moi servir le thé, vous en mettez partout.

Ugh.

Hum ?

Arrête de faire semblant de te soucier de moi. Tu es ici pour me parler de ta journée.
C'est tout. Alors laisse-moi verser mon thé et parle, d'accord ?

Demandé si gentiment.

Hand of Fate - Lucidity
'Patience.'

Et bien, pour être honnête avec vous, la journée a somme toute été assez calme jusqu'à présent. A mon arrivée dans les bureaux, on ne m'a ni demandé d'aller en mission, ni de travailler sur un dossier quelconque. Aussi, j'ai décidé de me balader, afin de voir qui a besoin d'aide.

Ce matin donc, alors que je faisais le tour pour proposer mes services, ma collègue Eva m'a interpelé pour me donner plusieurs formulaires qu'elle voulait que je complète. C'est un travail simple, mais assez chronophage, et elle a d'autres choses à faire. Je n'ai fondamentalement pas grand chose à gagner à l'aider, pour être honnête. En effet, Eva m'apprécie déjà bien. J'ai d'ailleurs déjà eu l'occasion une ou deux fois de me servir d'elle pour avoir accès à un dossier sur lequel je voulais absolument travailler. En plus, personne d'autre n'a réagi quand j'ai proposé de rendre service, du coup je m'occupe d'elle.

D'ailleurs, j'ai remarqué qu'elle était concentrée sur un dossier assez conséquent, à défaut d'être clairement important. Je pourrai donc peut-être profiter de sa reconnaissance pour moi et de sa fatigue pour lui faire me dire de quoi il s'agit. En croisant les doigts pour que ce soit quelque chose d'intérêt.

Mais donc maintenant me voilà, à compléter ces inutilités administratives à mon bureau. Je fouille un peu entre les lignes, espérant trouver une information intéressante dans les dossiers, mais en vain. Tant pis. Je continue donc mon travail qui, au final, me prend quasiment toute l'après-midi.

Ceci étant dit, je ne passe pas ma journée à mon bureau sans parler à personne. Je suis interrompu de temps à autre par des collègues qui, ayant entendu que je n'avais pas grand chose à faire, me demandent de faire pigeon voyageur. J'accepte afin de faire bonne figure, mais je souligne cependant que je risque de prendre un peu de temps avant d'accéder à leurs demandes. Cela fait que la plupart laisse tomber, car ils ont besoin que cela se fasse urgemment. L'un d'eux est même très agacé que je ne réponde pas à sa demande 'alors que t'aides tous les autres !'.

Son opinion m'importe peu. Ce n'est qu'un connard, et les chances qu'il finisse par devenir utile un jour sont faibles. Aussi, je le laisse râler. En plus, même s'il va chouiner à mon sujet auprès de quelqu'un d'autre, ça tombera dans l'oreille d'un sourd. Je suis clairement plus haut dans la hiérarchie sociale que lui. Maintenant, je m'abstiens de lui répondre mal, afin que, si un jour il devient utile, je puisse facilement revenir dans ses bonnes grâces avec un peu de frottage de manches bien placé.

Après plusieurs heures, je termine donc mon labeur. Au dehors, le soleil va bientôt se coucher.

Je rejoins Eva, afin de lui rendre son dossier. Visiblement exténuée, je lui propose gentiment d'aller lui faire un thé, ce qu'elle accepte avec grand plaisir. Je m'empresse de lui en faire un à la verveine, avec deux sucres. Comme elle les aime. Alors qu'elle me remercie, tant pour le travail que pour le thé, je lui fais un de mes sourires les plus tendres. Je lui demande alors comment elle va, espérant qu'elle parlera de son dossier d'elle-même.

Cependant, après un simple 'on fait aller', elle coupe court à la discussion, me disant qu'on parlera de ça quand elle aura terminé. 'Je te raconterai.'

Un peu déçu, j'accepte cependant son refus. Il est de toute façon inutile de forcer la chose maintenant, elle n'est pas dans une situation où elle veut parler. En plus, étant donné la formulation qu'elle a prise, il n'est pas impossible qu'elle comptait déjà me parler de son travail d'elle-même. Je lui dis alors que je comprends et souligne que je dois faire quelques livraisons aussi, de toute façon. On finit par se donner rendez-vous à la fin de nos occupations respectives.

Je retourne vers mon bureau, afin d'y prendre les documents que je dois transférer.

Il y a deux gros dossiers, à transmettre aux bureaux de la première et dernière division des Cipher Pol – Gestion des Ressources et Censure, respectivement. La raison pour laquelle on me les a donné est qu'ils nécessitent que je prenne les escaliers sur plusieurs étages, ce pourquoi les gens n'ont pas la motivation.

Les gens, je vous jure.

Mais bon, c'est tant mieux pour moi. Je me fais bien voir par mes collègues en leur rendant service et j'ai l'opportunité d'avoir un premier contact avec d'autres bureaux. Bon, la division de gestion des ressources me semble pas très intéressante, mais celle de censure l'est beaucoup plus. Les secrets cachés par la Censure combinés aux Renseignements peuvent être très utiles. Pour ce faire il faudrait que je me crée une Toile au CP8. Mais j'ai déjà bien assez à faire ici, donc ça attendra.

Après avoir feuilleté en diagonale le document du CP8 et pris mentalement note des choses intéressantes qui les contiennent, je le dépose sur mon bureau et regarde le troisième et dernier document qu'on m'a donné.

C'est une jolie enveloppe, fermée à la cire. Sur celle-ci, le nom 'Mark Wente' est écrit en lettres cursives. Ce document-ci m'a été donné par Moebius peu de temps avant que je termine. En effet, celui-ci avait une 'obligation importantissimesque !' à laquelle il devait absolument prendre part et, ne trouvant pas le destinataire de la lettre, décida de déléguer le travail.

Je ne comprends pas comment on peut avoir une éthique professionnelle aussi mauvaise. Je veux dire, Mark Wente, ce n'est pas n'importe qui. On parle quand même de notre directeur de division. Si tu as un travail à faire avec lui, tu le fais bien et tu ne laisses pas tomber pour une pseudo-obligation, quelle qu'elle soit. Ce n'est pas comme ça que tu te fais bien voir.

Les gens, je vous jure.

Mais bon, encore une fois, tant mieux pour moi, ça me permettra de voir cet homme de plus près. Peut-être même que, si je joue mes cartes correctement, je sortirai du lot des gratte-papiers qui doivent régulièrement le déranger.

Je commence en déposant les deux dossiers d'autres divisions, comme ça c'est fait. Une fois de retour dans ma propre division, je prends la direction du bureau du Directeur.

Hand of Fate - Levation
'Concentration.'

Je n'ai jusqu'à présent vu le directeur que de loin, aussi je n'ai pas vraiment conscience de quel type de personne il est. Les rares choses que je sais de lui tendent à me faire croire que c'est un homme plein d'expérience, ayant notamment officié dans la prison d'Impel Down. Aussi, je me prépare à rencontrer un homme sérieux dont je ne pourrai pas profiter d'une quelconque tendresse naturelle.

Je ferme les yeux, prends une grande inspiration et toque à la porte.

Deux fois.

Une troisième fois.

Après avoir rapidement écouté s'il y avait du mouvement à l'intérieur - et remarqué qu'il n' y en a visiblement pas -, j'appelle doucement le directeur, main sur la poignée. Je dois venir à l'évidence qu'il n'est actuellement pas là. Perplexe, je fais le tour des bureaux, sans le trouver. J'interroge alors Eva, qui est une des quelques personnes encore présentes au bureau.

Celle-ci me dit l'avoir vu quitter notre étage afin de se rendre plus haut dans la tour. Quand je lui demande si elle a plus de précisions, elle s'excuse de ne pas pouvoir plus m'aider. Elle me dit par ailleurs qu'elle pense ne pas terminer avant un bon trois-quarts d'heure et que par conséquent, si je ne me sens pas de l'attendre, je peux rentrer chez moi.

J'hésite un petit peu puis prends la décision de rester dans les bureaux. Je n'ai rien chez moi qui nécessite que je doive rentrer, Eva doit encore me raconter sur quoi elle travaille et dans tous les cas, je refuse d'attendre demain pour donner l'enveloppe.
Si jamais il s'agit de quelque chose d'important, je risque de perdre en estime auprès du Directeur avant même d'avoir vraiment pu lui parler. Je pourrais dénoncer Moebius, certes, mais cela me ferait passer pour un rat.

Et personne n'aime les rats.

Aussi, après lui avoir dit à ma collègue que je l'attendrai avec plaisir, je fais le tour des étages au dessus du mien, demandant à chaque fois si quelqu'un a vu le directeur. A chaque étage je pose la même question et à chaque étage je reçois la même réponse.

- Il est pas ici. Peut-être à l'étage au dessus ?

Après plusieurs étages à faire cela, j'arrive au douzième.

Des gardes bloquent l'accès au treizième.

C'est la première fois que je vois que des gardes ici. Cela m'intrigue d'autant plus qu'ils bloquent l'accès aux étages supérieurs, visiblement. Refusant de leur montrer ma surprise, je me fais pensif en fronçant doucement les sourcils, regardant dans le vide. Après les avoir rapidement observés, je décide de leur adresser la parole.
Évidemment, je m'abstiens de bêtement leur demander ce qu'ils font là, ce à quoi j'aurais évidemment droit à une réponse m'encourageant à baisser la tête et continuer mon chemin. Aussi, je décide de commencer la conversation avec le prétexte de mon directeur – si tant est qu'on peut parler d'un prétexte, étant donné que c'est la véritable raison de ma présence ici.

- Excusez-moi, est-ce que vous savez si Mark Wente, le directeur des CP2, est quelque part ici ? J'ai un document à lui transmettre et je ne le trouve plus !

Fonction des individus que j'aurai en face de moi et de leur réaction, je me ferai plus timide ou à l'inverse plus ferme, afin d'essayer de leur soutirer plus d'informations. Il est possible aussi qu'ils soient fatigués, similairement à Eva, auquel cas je me ferai plus compatissant. Toujours est-il que, quand ils m'auront répondu, il est plus que probable que j'essaie de comprendre ce qu'il se passe.

Tout ça m'a bien l'air intéressant.

J'ai hâte.
... Ha, ouais.

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Thème musical de 'Ayn - "Votre Meilleur Ami"

"Les faux amis sont plus dangereux que les ennemis déclarés."
Henri-Frédéric Amiel - Journal intime, le 5 mai 1878

"Il n'est pas question de savoir qui va me laisser faire.
Il faut plutôt se demander qui va m'en empêcher.
"
Ayn Rand - La Source Vive, 1943
'Ayn
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Sam 10 Fév - 9:44


Agent du CP9, Mordicus

Ennies Lobby était enfermée dans un cercle vicieux, celui qui donnait l'impression qu'aucune bataille n'aurait jamais lieu ici. Protégée, impénétrable, elle profitait de la proximité des Portes du Jugement pour se sentir exclue du monde. Avec un air de vantardise sur les lèvres, les directeurs qui avaient défilé ici ne se sentaient absolument pas en danger. C'était là leur plus grande erreur, car si les batailles qui se livraient ici reposaient sur des mots principalement, elles pouvaient faire bien plus de dégâts que celles qui usaient de la violence. En observant la personne, le déchet en face de lui, Mordicus n'eut qu'une envie : le claquer. Il était cependant bien trop tôt pour cela. Il avait besoin qu'il avance, qu'il évolue, qu'il ne cède pas à la terreur. Avec un air foncièrement fâché, il hurla dans la pièce qu'il venait de fermer.

    - Use de ton pouvoir, Roi Fou. Use de ton pouvoir, espèce d'enfoiré ! Remets tes yeux à ta place, putain de... !

Il continua sa tirade, commençant à l'insulter de noms d'oiseaux pour le faire réagir, pour titiller son orgueil. Il lui avait octroyé l'occasion d'utiliser ses aptitudes pour remplir ses orbites. La section qui avait été faite était d'une propreté impeccable, et la Section Scientifique aurait jugé que le travail chirurgical de retrait était destiné à les lui remettre plus tard. De fait, il était possible qu'il relie à nouveau ses nerfs optiques à ses yeux conservés. Il allait pouvoir remettre les choses en ordre, c'était certain. Son bras, ses yeux, rien ne lui résisterait, et il pourrait accomplir sa mission, recouvrir sa liberté... Cela sans l'intervention d'une tierce personne évidemment.


Garde intéressé

Le garde regarda la jeune femme (?) avec un air un peu exaspéré. Il n'était là que pour s'assurer qu'aucun passage ne se ferait, sur ordre du Cipher Pol 5. Il n'avait pas demandé pourquoi, et à vrai dire il ne le savait pas. On lui avait posé cette question quinze fois aujourd'hui, et il s'attendait à cela de la part de la personne qui lui faisait face. Or, la question qui suivit était totalement désintéressée, ce qui lui fit « presque » plaisir. D'abord sur la défensive, il prit un air plus relaxé tandis que son collègue baillait.

    - Oh, je suis désolé m'zelle, je... Oh, si, il est monté tout à l'heure. Il est pas r'descendu. J'crois qu'il a des trucs à f...

Alors qu'il parlait, une personne munie d'une capuche, qui masquait totalement son visage, passa en trombe et s'élança à grands pas vers la droite, en direction d'une zone un peu désaffectée, qui devait contenir le bureau des concierges. Il disparut au bout de la première intersection, et laissa un vide derrière lui. Les gardes se regardèrent et haussèrent les épaules. Ils savaient que cette personne avait l'autorisation d'aller et de venir, il s'agissait d'une ombre, mais ils ne connaissaient pas exactement son rôle.

    - Z'avez quelque chose pour lui ? J'peux lui apporter, s'vous voulez ! Et... et on pourrait aller boire un verre à l'occasion !

Il s'était lancé, rougissant. Ces traits fins, cette expression, il les aimait déjà.


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Dim 11 Fév - 12:21

La dernière mission

Il y avait des gens que l'on qualifiait de criminel, de hors-la-lois, de rapace. Ces mots semblaient indiquer parmi la société des êtres pitoyables et dégoûtants, des détritus, la lie de l'humanité. Et pourtant, depuis ma plus tendre enfance, je m'étais toujours senti porté vers cette caste. Quand j'eus rencontré pour la première fois pareille personne, Kômatsu Shokichi, je sentis de suite de l'empathie et de la compassion pour lui. Et ce fut le cas avec tous ceux lui ressemblant. Il existait bien évidemment des hors-la-lois qui l'étaient devenus par nécessité, d'autres avaient simplement choisi de le devenir pour des raisons diverses. Je les nommais les coupables conscients, et j'étais censé en faire partie. Aussi l'enfant candide que j'étais avait été assailli par la conscience de ses crimes depuis son entrée dans ce monde nouveau.

Pourtant je continuais d'avancer, de progresser sur ce chemin aux côtés de camarades que j'étais condamné à perdre un beau jour.

Ma conscience était ainsi boiteuse, tout comme un mousse qui se prenait une balle dans la jambe. Plus jeune ces maux ne touchaient qu'une partie de mon être, puis ceux-là se diffusèrent bien rapidement pour gagner en profondeur et atteindre la moelle : mon essence.

Paradoxalement, malgré la souffrance, ce mal qui s'installa en moi me devint cher, autant que le lien qui m'unissait à ma mère et mes frères. Elle était semblable à une sensibilité qui prenait peu à peu vie.

Aussi elle naquit, ce que je crus considérer comme la voix qui me dicterait ma conduite pour atteindre un rêve venant de pair avec cette passion primale.

L’atmosphère qui se dégageait d'un groupuscule criminel comme les Shadow Ghost nourrissait ma curiosité ainsi que la soi-disant flamme de ma passion. Et, pour la première fois de sa vie, cette chose qui était née en moi pouvait goûter à un repas consistant.

Et depuis, chaque crime entrepris, chaque avancée dans l'underground lui servit à grandir tout en me rapetissant. Je souffrais alors qu'elle exaltait. Nous rentrions bien vite en dissonance quand je me forçais à masquer la réalité. A mentir à tous les autres, aux lecteurs de ce livre biographique que je désirais écrire, comme à moi-même.

Mais au moment où je commençais à peine à oublier les crimes que j'avais commis, cette part de mon être, ce rapace dont j'étais la coquille, se mit à me béqueter de l'intérieur. Les blessures des souvenirs, de la réalité, se rouvrirent donc douloureusement. Puis la honte débarqua quand toutes mes fautes surgirent face à mes yeux. Je fus alors constamment en proie à une terreur me donnant envie de hurler.

______

Alors il a emmuré cette lucidité qui lui rendait insoutenable la vision de cet univers si fringant.

Sa condition était sembable à une maladie de l'âme. La souffrance qui en résulte est tout aussi insupportable.

Dans mon cas, c'est une forme dérivée de cette affection qui me ronge, c'est au centre de ma vie, ça fait corps avec mon existence.

Quand vous vivez au sein de pareille merde, il est impossible de s'en tirer. Chaque seconde qui file sonne un rappel de votre état, chaque pensée vous comprime la poitrine, ressere cette foutue camisole autour de votre corps.

Le moindre de vos souffles vous écarte toujours un peu plus de l'extérieur, la réalité.

Affublé de mon défaut de conception, il me considère, comme bien d'autres, pareil à une ordure. Je suis ainsi tenu exclu de ce monde. Et pourtant j'y suis bien présent, au sein de cette frêle coquille.

Un simple coup, un dernier, et je pourrais la briser.

Je suis ainsi semblable à une tumeur. Je me tiens prêt à contaminer tout ce qui m'entoure. A laisser se déverser mes métastases dans cette société pourrie qui me fait souffrir depuis tout ce temps.

Une si fine paroi me sépare de cet objectif.

Bientôt elle ne sera plus rien.

Je suis sur le point d'éclore.

______


Je reconnus la voix de Mordicus. Et pourtant, celle-ci, bien qu'autoritaire, se perdit dans les brumes épaisses qui nous engloutissaient, Ève et moi. Ses paroles furent filtrées jusqu'à s'éteindre si bien que je ne l'entendis plus.

J'eus la sensation qu'une chose prenait lentement place en moi, éloignait peu à peu tout le reste. Il s'agissait de ce nouveau décor qui se précisait désormais. Lorsqu'il s'afficha clairement, je fus éblouis.

Ma conscience venait de chuter à l'intérieur de mon être, dans mes profondeurs les plus sombres.

Eve s'y trouvait. Elle était là, en face de moi.

Nous surplombions un obscur océan agité. Celui-ci s'étendait en contrebas, sous nos pieds, il constituait un gouffre qui nous aspirait.

Je compris alors où je me trouvais. Ève venait de me présenter la seule solution envisageable à mes maux. Cette chute que je revivais jour après jour, à cause de cette malédiction, à cause de mon mode de vie de dépravé. C'était une souffrance si brutale et absolue que l'on pouvait se perdre à s'inventer toutes sortes d'issues pour s'y soustraire.

La plus radicale incluse.

Mais Eve m'apporta l'unique remède viable à mes fractures. Je me devais de la sauver, et pour ce faire il me fallait faire taire mes maux, mes faiblesses ainsi que cette terreur permanente qui me déchirait de l'intérieur. C'était un effondrement de l'esprit sur lui-même.

Une asphyxie mentale.

J'étais ainsi prêt à tout. Pour elle et seulement elle, pour la sauver. Car si je venais à la perdre la fracture serait pire, irréductible.

Cette solution ne pouvait provenir que de là où la douleur était la plus intense, des noirceurs les plus intimes de mon être. Il me fallait prendre un nouvel envol, réaliser ce saut de l'ange qu'elle m'invita bien assez tôt à effectuer.

Sa douce main vint alors s'apposer sur mon dos, puis sa poitrine caressa mon torse. Nous étions seuls dans cet univers chaotique.

Le monde n'existait plus.

L'étreinte se ressera un peu plus, ses paupières se coussurent puis sa joue coulissa sur ma face jusqu'à ce que ses lèvres croissent les miennes. Cet intense baiser sutura à nouveau nos âmes, comme lors de notre première rencontre.

Je désirais rester là avec elle. Me remettre de mes blessures à ses côtés, plaies contre plaies. Laisser nos cicatrices se confondre pour nous unir éternellement.

Cette vision s'étira à l'infini, puis je lui répondis alors que son corps de lumière se désagrégeait en de fines particules sombres.

-D'accord.


Je me laissais finalement tomber, face dirigée vers cette mer ténébreuse.

Alors, durant cette ultime chute, mes souvenirs firent surface devant moi. Ils étaient tels des reflets sur du mercure, gravitant tels des aimants. Ils fusionnèrent enfin pour ne former qu'une image.

Mon reflet à la surface de cet océan. Je voyais l'image lointaine de l'enfant que j'avais été, puis la réalité de l'homme que j'étais devenu, de ce qui était sis en moi.

Tous ces crimes. Je les avais commis de mon plein gré. J'en étais conscient.

Je n'étais pas quelqu'un de bien.

Fondamentalement, j'étais mauvais.

Étais-je né ainsi, ou l'étais-je devenu ? Qu'importait.

Je ne pris point cette dernière inspiration, ma bouche était grande ouverte, comme chaque pore de mon être. J'étais prêt. Prêt à me laisser couler jusqu'à atteindre le fond, puis y rester à jamais.

J'avais accepté ce sort. Mon unique solution.

Mon corps frappa l'eau noire.

Je savais que c'était la fin, le dernier chapitre.

Je ne tarderais pas à mourir et l'oiseau de nuit, lui, pourrait enfin voir le jour.

______


Les doigts du hors-la-loi se figèrent un instant autour de la bulle. Celle-ci n'éclata pas contrairement aux autres. Les orbites toujours dirigées vers Mordicus, la face du criminel se voyait peu à peu sciée par une lame d'émail blanche tâchée de sang.

Un souffle rauque s'extirpa de la bouche du malfrat, puis, soudain, ses deux rangées de dents vinrent s'entrechoquer alors que ses phalanges furent comme repoussées par ce qui était contenu jusqu'alors dans la paume du brunet.

La sphère grandit d'un coup, dévora l'atmosphère de la salle avant d'assaillir celles des pièces connexes. La malédiction portée par le jeune homme se déversait librement, à sa demande, dans le bâtiment où il était retenu.

La zone atteignit une taille nouvelle, plus grande, plus imposante et lourde pour son utilisateur. Mais cette fois-ci le mécréant confronté à Mordicus semblait accepter ce fardeau.

Il voulait le porter et n'était en aucun cas prêt à s'en délester.

Un frisson électrique parcourut finalement le bras droit du sans nom. Ses phalanges se muèrent dans un spasme, et, silencieusement, les deux globes s'élevèrent dans les airs. L'un d'entre eux fut réceptionné dans un doux cocon de peau. Tenu entre quatre phalanges. La main se décida enfin à bouger, et, doucement, progressa en direction du visage du prisonnier.

Lorsque le sphère blanche fut portée à hauteur de sa face, le maudit se figea un instant durant. Son sourcil gauche s'arqua tandis que son visage s'abaissa légèrement vers les pieds de l'agent du CP9. Et, enfin, l'index du malfrat se décolla du globe visqueux pour s'apposer sous son arcade sourcilière afin d'y étirer la peau. L'auriculaire reçut une mission semblable, il vint affaisser la paupière inférieur de l’œil droit du primé.

Alors, lentement mais sûrement, le torturé vint positionner correctement cette petite balle en face de l'orbite lui étant destiné. Il la logea enfin avant de clore ses paupières.

Sa main tomba d'un coup pour venir enlacer le second œil qui lévitait tandis que sur son visage, la fine couche de peau, masquant le résultat de sa manœuvre, s'agita frénétiquement.

Les paupières se détachèrent finalement au bout d'un certain laps de temps, laissant à Mordicus découvrir la sombre pupille de celui qu'il venait de qualifier de fou. Une ligne blanche reliait dorénavant les deux oreilles de ce dernier. Puis elle se dilata, découpant en deux la face du criminel, laissant un rire saccadé par des soubresauts prendre d'assaut les tympans de l'agent.





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Lun 19 Fév - 0:25
Pendant ce temps...

Où 'Ayn va continuer son petit bonhomme de journée avec le garde.


Les bras croisés dans son siège, 'Ayn observe l'Hôte tandis qu'iel termine de lui décrire ce qui se produit. Lorsque l'Ombre encapuchonnée est mentionnée, le jeune aspirant du Cipher Pol hausse un sourcil, observant donc son interlocuteurice d'un oeil plus inquisiteur. Une fois terminé·e, l'Hôte prend une gorgée de thé, visiblement plus calme que plus tôt dans la discussion.

Mais pour combien de temps ?

Il y a un problème, 'Ayn ?

Oh non, aucun problème. Je ne suis pas du tout intrigué par cette histoire de figure encapuchonnée que vous venez de mentionner. Vous qui ne me laissez pas voir votre visage en le cachant derrière une cape en tous points similaire à celle que vous avez vaguement décrite.

C'est assez rude de cacher son visage comme ça d'ailleurs. Permettez-moi de vous le signaler.

Oh la ressemblance entre cette Ombre et moi est purement fortuite ! Dans l'absolu, je pourrais effectivement décider de manipuler ta vie en m'y incluant afin de m'amuser un petit peu. Cependant, en l'occurrence, la présence de cette figure en cape est complètement
indépendante de ma volonté, je te le promets.

Vous m'en direz tant. Bref.

Hum.
Hand of Fate - Lucidity
'Patience.'

Ce n'est pas la première fois que ça arrive, comme vous le savez. Mes traits sont assez androgynes et cela me vaut d'être pris pour une femme de temps à autres. En fonction des situations et des personnes, cela peut être un grand avantage ou un malheureux inconvénient.

Tout particulièrement dans le cas où je plais.

L'attirance physique, romantique ou purement sexuelle est quelque chose de très puissant utilisé à bon escient. Bien souvent, une fois qu'une personne s'est entichée de vous, il est assez simple de la balader au bout d'une laisse afin de lui faire faire ce que vous voulez. Pour peu que vous vous débrouilliez correctement.

J'ai déjà pu m'en servir à quelques reprises sur mon île, aussi discrètement que possible pour éviter que cela ne s'ébruite. Dernièrement par contre, je tends à diminuer l'usage de ces techniques. C'est quelque chose de très puissant mais – principalement dans le romantisme – cela demande un investissement trop conséquent si vous ne voulez pas que l'on voit clair dans votre jeu. Je me limite donc à m'en servir quand j'en ai vraiment besoin. Ou alors quand la personne m'attire également physiquement.

En l'occurrence, ce garde est plutôt mignon. Ses muscles saillants et son air renfrogné lui confèrent un certain charme. Ceci étant dit, son air récalcitrant et sur la défensive font rapidement place à un sourire timide et rougissant à la seconde où il me propose de boire un verre ensemble.

C'est presque trop facile.

'Presque' parce qu'une ombre plane sur le tableau : le fait qu'il pense que je suis une fille. Comprenons-nous bien, il est possible que cela ne cause pas de problème. Après tout, et plus souvent qu'on ne le penserait, j'ai charmé des hommes qui ne s'étaient pas trompés sur mon genre. Ou même qui s'étaient trompés initialement d'ailleurs. Cependant, il est également possible que tout s'écroule à la seconde où il apprendra son erreur. Dans certains de ces cas-là, la dissonance cognitive que les hommes ressentent est telle qu'elle empêche toute discussion, annihilant toute utilité qu'ils avaient.
Maintenant, il est possible que cela finisse tout simplement dans un entre-deux où il laisse juste tomber tout flirt à mon égard tout en restant courtois.

Le problème, c'est qu'il est difficilement possible de connaître sa réaction et donc la tactique à adopter avant que je ne lui dise que je suis un homme. Je vais probablement finir par le faire mais pas tout de suite, je vais d'abord consolider la sympathie qu'il me porte.

Je compte d'ailleurs bien profiter du fait que j'ai le dessus sur lui. tant grâce à son attirance apparente pour moi que grâce à sa sympathie que ma candeur a inspiré.

Je prends note des informations qu'il m'a données concernant la situation du directeur : ainsi, c'est effectivement ici que je dois l'attendre si je veux avoir l'opportunité de lui donner la lettre. Le garde est sur le point de détailler la situation quand nous sommes interrompus par le passage de.. l'ombre encapuchonnée.

...

Je t'ai dit que c'était pas moi !

C'est ça, ouais.

La figure encapuchonnée rentre donc dans cet étage du bâtiment et se dirige vers une zone assez désaffectée où je ne me souviens que de la présence du bureau des concierges. Lors du passage de l'Ombre, j'essaie de déterminer si elle ressemble à l'un des concierges avec qui j'ai pu sympathiser. Je me fais alors la réflexion que je devrais plus faire connaissance avec ceux-ci, car ils sont pour ainsi dire, les yeux et les oreilles du bâtiment.

Je me reconcentre sur mon interlocuteur alors qu'il me propose de me rendre service en donnant la lettre, enchaînant maladroitement et sans transition sur une invitation à boire un verre. Évidemment, je vais refuser la proposition de lui donner l'enveloppe. Je ne vais pas commencer à faire tourner cette lettre partout dans les bureaux. En plus, cela voudrait dire rater une opportunité de rencontrer le directeur et couper court à toute tentative de comprendre ce qu'il se passe ici.

Je continue de discuter avec mon interlocuteur, toujours avec mon persona d'ingénue. J'essaie de garder la conversation limitée à nous deux, laissant quiconque est à proximité en dehors.

- Oh.. je suis désolé, mais je préfère éviter. C'est peut-être important et donc je préfère le donner en main propre. Mais du coup, je vais rester ici l'attendre avec vous.. si ça ne vous dérange pas, hein..

Je laisse une seconde de battement passer avant de reprendre.

- Et puis, ça nous donne une opportunité de faire connaissance ? Je n'ai rien qui me force à rentrer tout de suite chez moi pour le moment. Nous avons donc tout le temps du monde.

Ce qui est vrai. Il me reste au minimum une grosse demi-heure avant de retrouver Eva pour qu'elle me parle de son dossier. Et en fait, si le courant passe bien et que cet homme semble plus intéressant que ma collègue, peut-être même que je laisserai celle-ci tomber. Je n'aurai qu'à prétexter une fatigue à laquelle elle compatira sûrement car elle a la même.

Mais revenons-en à ce garde.

La façon dont je lui ai présenté les choses – des paroles douces accompagnées d'un sourire timide mais tendre – va probablement contribuer au fait que je lui plais. Par ailleurs, mon apparent désir de passer du temps avec lui va probablement le faire s'ouvrir et, je l'espère, lui faire me dire des informations intéressantes.

- Mais du coup, comment est-ce que vous vous appelez ? Je pense pas vous avoir déjà rencontré ici, je m'en souviendrais.. Vous venez d'où et qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

Je garde mon air timide et candide en lui posant ces questions. Je veux lui faire croire que je suis intéressé par lui. Le demi-compliment que j'ai glissé entre celles-ci contribuera à ce faux intérêt pour lui. Il va même, je l'espère, flatter son ego et faire baisser les défenses de cet homme un peu plus. Quand je le complimente à demi-mot donc, je prends un air à la fois pensif et fuyant, pouvant être interprété comme une gêne d'ingénue ou simplement une remarque pensive.

Normalement, en posant ces questions, je me présenterais afin de poser un rapport d'égalité entre nous deux. Cependant, je préfère éviter de le mettre face à son erreur à mon sujet trop vite. Au pire, je prétexterai avoir bêtement oublié de me présenter, ajoutant à l'aspect ingénu de mon persona, s'il continue d'être attiré par moi. Dans le cas où cela le gênerait voire l'énerverait, je pourrais expliquer mon absence de présentation - et donc de correction de son erreur de jugement - par de la fatigue voire inverser le rapport de force en lui disant qu'il n'a qu'à avoir les yeux en face des trous.

Toujours est-il qu'après avoir posé ces questions, je reste là à l'écouter avec un air intéressé, hochant la tête pour l'encourager à continuer. Je resterai silencieux quand il me racontera ce qu'il fait dans sa vie, afin de le pousser à élaborer en espérant qu'il parle de ce qui l'a mené là où il est aujourd'hui. Quitte à lui poser une petite question plus précise peut-être.

Dans un coin de ma tête, je garde la disparition de l'Ombre dans la zone désaffectée, que j'irai visiter plus tard, probablement. Il serait pas trop compliqué de m'encapuchonner et d'ainsi, peut-être, pouvoir outrepasser la limite des gardes. Cependant, cela sera à déterminer.
Quant à mon directeur, j'y reviendrai plus tard dans la conversation, car il n'est pas impossible que mon interlocuteur aie des informations intéressantes à m'offrir à son sujet. Je parlerai de lui quand je me présenterai j'imagine.

On en reparlera au tour suivant...

D'ici là, permets-moi de te raconter ce qui se passe.

_________________
Thème musical de 'Ayn - "Votre Meilleur Ami"

"Les faux amis sont plus dangereux que les ennemis déclarés."
Henri-Frédéric Amiel - Journal intime, le 5 mai 1878

"Il n'est pas question de savoir qui va me laisser faire.
Il faut plutôt se demander qui va m'en empêcher.
"
Ayn Rand - La Source Vive, 1943
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Sam 24 Fév - 19:31


Agent du CP9, Mordicus

Sidéré. Captivé. C'était là la réaction de Mordicus qui observait l'homme fou devant lui, l'homme qui avait semble-t-il perdu toute lucidité... Au point d'user d'une zone de son pouvoir qu'il n'avait peut-être jusqu'alors jamais employé. Il ne se rendait pas compte de la puissance que certaines émotions pouvaient avoir sur sa propre puissance : tandis qu'il mimait son action, tout chose dans le bâtiment et le bâtiment d'à côté se firent enfermé dans cette zone bleutée. Il fallut une seconde, une seconde de trop à Mordicus pour réagir. Il activa le bracelet et alors les pouvoirs du fou disparurent avec le contact au granit marin. Se saisissant d'un bocal, il enferma le second œil et utilisa son fruit du démon pour « réparer » brièvement le jeune homme dont les membres étaient disloqués.

Alors l'alarme résonna. Elle résonna si fort qu'on aurait dit que sa source était à côté d'eux. Une voix féminine résonna dans l'appareil : c'était la Directrice du Cipher Pol 1. Elle s'adressait à tous les membres du Cipher Pol présents dans le bâtiment. Elle alertait, elle donnait une alerte si puissante qu'on entendit le bâtiment tremblé tandis que les agents se mettaient route.

    - Ordre d'urgence à tous les Cipher Pol. Un intrus a été repéré dans le bâtiment C-5. Il s'agit d'un homme aux cheveux bruns, scarifié, qui possède un fruit du démon. Soyez extrêmement prudents. Que les novices et administratifs évacuent les lieux. Je répète, que les novices et administratifs évacuent les lieux.

Une alerte. « Merde », pensa le membre de la Triade. Il n'était cependant pas encore trop tard. Déployant quelques éléments de son corps, il envoya des pics puissants qui vinrent désactiver tous les escarméras de l'étage. C'était la première précaution qu'il prenait. Il ne pouvait pas rattraper la bêtise de cet homme mais au moins il serait d'une efficacité sans pareil pour réaliser leur mission. Ils n'avaient pas encore échoué.

    - Le bureau qu'on vise est quelques étages plus bas. On va foncer dans le tas et on utilisera le plan d'urgence pour sortir d'ici.

Il ne donnait pas le choix à l'homme qui, peut-être, aurait été réveillé par l'alarme. De toutes les manières le contact était faible et ne le rendait pas si « faible » que ça physiquement. Il pouvait bouger au moins. Se dirigeant vers les étages plus bas, ils ne tarderaient pas à rencontrer un certain novice si celui-ci n'avait pas encore bougé...


Garde intéressé

Le garde était aux anges : cette demoiselle acceptait de lui tenir compagnie. Bien sûr, il aurait aimé lui rendre service pour gagner des points, mais ce n'était pas grave... Il allait bientôt pouvoir entrer en contact avec elle physiquement, s'il la jouait bien, cool, tranquille... Du moins c'est ce qu'il pensait. Ainsi, alors qu'il commençait à raconter sa vie, oubliant de se présenter, il entendit comme tout le monde l'alarme sonner... Et les ordres de la Directrice du Cipher Pol 1. Il blêmit, avant de se tourner vers la demoiselle et d'hésiter un bref instant. Puis son visage se figea dans une expression de sérieux déconcertant.

    - Je dois aller m'occuper de cette affaire urgente. L'homme ne doit pas être arrivé si haut. Je descend... Evacuez les lieux.

Il ne demanda pas son reste et prit ses jambes à son cou. Quelqu'un qui s'infiltrait dans une base du Gouvernement Mondial, c'était d'autant plus rare qu'inquiétant. Bientôt, des directeurs, des agents d'élite débarqueraient. Ils prendraient en charge cette situation. Lui ? Il aurait été à la pause toilettes et son remplaçant, un novice qui s'était fait passer pour un agent du Cipher Pol, prendrait pour lui. Bah, il trouverait bien une excuse...


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Lun 26 Fév - 10:30

La dernière mission


Impression déstabilisante que mes sens se tirent d'un long sommeil et que mon esprit se vide de toute substance contaminée s'y étant accumulée durant des années.

Les déchirures causées par la terreur sont des balafres qui me marqueront jusqu'à m'inoculer le bon remède.

Pour l'heure, une seule pensée envoûte mon esprit.

J'ai pris le dessus et dois rester à la surface jusqu'à parvenir à cette plaie. Alors j'assurerai ma perrenité. Et ce môme serait alors supprimé une bonne fois pour toute de mon univers.

Ombre est devenue lumière, lumière est devenue ombre.

La balance des pouvoirs a été renversée en rendant consciente les ténèbres.

Je me sens renaître, mon âme brûle d'une folle envie de se manifester. J'ai envie, comme un gamin resté trop longtemps dans la solitude, de beugler pour faire comprendre à tout le monde que j'existe.

Je suis là et l'Underground sera bientôt au courant de cette mauvaise nouvelle.

_____


Le rire du hors-la-loi cessa tandis que la zone bleutée disparut.

-Fou ?

Et l'alarme se déclencha. Alors ses deux oreilles s'ouvrirent en grand de sorte à ce que le message délivré rentre dans son crâne avec toute son ampleur.

Il était l’intrus, encore et toujours. Mais cette fois-ci, c'était différent. Il faisait partie intégrante de ce monde, quand bien même on ne le comptait point comme un Homme.

Son unique œil se ferma, ses lèvres s'embrassèrent gravement un instant durant. Puis un rictus effrita la gravité de son expression. Ses paupières s'écartèrent, lui permettant de disséquer le corps flouté de l'épouvantail qui s'activait à le réparer.

-C'est donc là ton seul plan ?

Le borgne ricana à nouveau alors que les derniers bouts de paille s'implantèrent dans sa carcasse. Lorsque Mordicus s'élança en dehors de la pièce, une grimace balafra la face du primé qui fut alors contraint de suivre cet homme se présentant comme son unique porte de sortie.

Ce n'était bien sûr pas le cas.

Pourtant, le criminel suivit du mieux qu'il put le membre de la Triade dans le couloir. Sa vision était encore floue et il boitait quelque peu : en aucun cas il ne pourrait se battre. Mais ce n'était pas là le plus gros soucis, après tout le malfrat n'était point un bon combattant et se plonger dans un affrontement en territoire ennemi ne faisait pas partie des options dont il disposait.

Non le problème était autre. Un affligeant constat lui encombrait la tête, ça l'ennuyait terriblement. Il ne pouvait point utiliser sa malédiction, et Mordicus en était le responsable. Ça, le borgne le savait. C'était après tout ce qu'il avait pu conclure de son altercation avec la Triade peu de temps après sa capture.

Cette organisation avait besoin de lui. Et, réciproquement, s'il voulait retrouver la liberté pour fondre vers son objectif il devait faire de son mieux pour marcher dans la direction de la Corneille.

Alors il s'arrêta et leva son bras doté du bracelet qui lui donnait l'impression qu'on lui suçait une partie de son âme. Le roi borgne dirigea son index vers son unique allié.

-Mordicus, hein ? Retire moi ce truc, c'est notre seule solution.

Le temps filait, le criminel resterait planté dans ce couloir tant que l'autre maudit n'aurait pas accédé à sa requête.

-Si tu me dis à combien d'étage se trouve la pièce je pourrais nous y transposer. Tu penses vraiment qu'on pourra atteindre ton fameux bureau autrement ? En marchant ?

Un rire fit vibrer ses cordes vocales, puis il reprit.

-Regarde dans quel état vous m'avez mis ! Dès qu'un agent me verra il fondera sur moi sans grand problème, c'est une évidence ! Et tu feras quoi ? Tu te dresseras sur son chemin ? -un gloussement lui échappa - Tu vas risquer ta soi-disant couverture sans certitude de réussir ?

Son index se rétracta pour se joindre au bloc compact qu'était son poing.

-Ou alors tu comptes me laisser à sa merci avec tes morceaux de paille dans le corps ?

Il soupira longuement puis sa main s'ouvrit, paume tournée vers le haut, en même tant qu'une étrange grimace étirait ses lèvres fiévreuses.

-Tu ferais mieux de te magner, à moins que vos Trois yeux ne suffissent à y voir plus clair que la vision floue renvoyée par mon unique œil.

_____

Ce monde m'exaspère, il est tombé bien trop bas. Mon envie de le détruire se confirme.





Note :Ce post n'est pas complet, il manque une partie qui n'influence en aucun cas les événements s'y déroulant (c'est de la psychologie '^'). Du coup j'ai demandé à Erwin si je pouvais poster déjà ça (par défaut d'inspiration pour le reste, et compte-tenu de mon éventuel décès ce tour-ci). Si ça dérange un membre du staff et que celui-ci se manifeste, je laisserais ainsi le post tel quel et renoncerais à ajouter la partie manquante.

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'Ayn
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Sam 10 Mar - 3:01
Pendant ce temps...

Où 'Ayn prend une décision.


Au fur et à mesure qu’iel explique la situation, l’Hôte voit son regard devenir de plus en plus inquiet. A l’inverse, celui de ‘Ayn devient de plus en plus intéressé et, bien assez tôt, s’emplit d’une fougue dont on ne le soupçonnerait pas capable de prime abord. En écoutant l'Hôte décrire la situation, vous comprenez les réactions respectives des deux interlocuteurs.

Après tout, c’est maintenant que le Jeu commence pour de vrai pour 'Ayn.

Je m’attendais à tout sauf à cela, je dois vous l’avouer. Quand vous disiez qu’on en reparlerait au tour suivant, ce n’était pas pour rire !

Haha.. En effet, mon petit ‘Ayn.

Bon, qu’est-ce.. qu’est-ce que tu vas faire ?

C'est une très bonne question et... je vous avoue que je ne sais pas encore moi-même, haha !

Ha.. Hahaha.. Ouais.

Vous ne trouvez pas ça excitant, vous ? C'est assez grisant de voir les choses spéciales que la vie nous propose parfois. Je ne sais pas ce que vous avez prévu pour moi, mais en tous cas, ça aura le mérite d'avoir été une première expérience. Merci d'avance, Votre Omnipotence.

...

Bref.

Reprenons au début de votre exposé. Nous commençons au moment où le garde - qui ne m’a jamais donné son nom d'ailleurs - commence à se présenter. Appâté par mon semblant d’intérêt pour lui, il se lance dans une tirade où il se présente sous un jour beaucoup trop épique pour être vrai. La conversation tourne autour de lui, tant dans le fond que dans la forme. En effet, à aucun moment il ne me laisse l’opportunité d'en placer une. Aussi, je me contente de hocher la tête, en affichant un air intéressé. Au fond de moi, je reste cependant profondément indifférent à ce qu'il me dit.

D'ailleurs, je finis par me faire la remarque que seul son physique est à garder. Mais bon. Je continue de l'écouter essayant de trouver une chose sur laquelle rebondir pour lui faire parler d'aujourd'hui.. et de ce qu'il fait là. Ce n'est juste pas possible. Finalement, au moment où j'entrevois une possibilité entre deux phrases interminables, l’alarme retentit.

Hand of Fate - Deal of the Millennia
'Chaos.'

Abandonnant donc soudainement mon focus sur le garde, j'écoute attentivement de ce que la voix nous dit. Je calme la peur et l'excitation que je sens monter en moi.

Pour ne pas changer de notre discussion, le garde me parle sans me laisser lui répondre. Tout ce que je retiens est qu'il me dit d'évacuer les lieux. Il s'en va. De mon côté, je reste là, devant l'escalier dont il bloquait l'accès. L’enveloppe n’a pas quitté ma main et la consigne de quitter le bâtiment résonne dans ma tête. L'alarme bruyante quant à elle me déchire les tympans. J’ai mal au crâne.

Je sens l'adrénaline commencer son œuvre en moi. Néanmoins, j'essaie de me concentrer. Je dois de analyser la situation avant d'agir stupidement.

Il y a un danger dans le bâtiment. Un danger armé d'un fruit du Démon, même. Moi, je suis désarmé et ne sais de toute façon pas me battre. J'ai toujours méprisé les Maudits, mais ils sont malgré tout un danger pour moi. Je suis en position de faiblesse et je déteste ça. Je ne sais pas encore ce qui va se passer ici. Je sais cependant une chose pour sûre.

Je tiens à ma vie.

Alors que je m'apprête à prendre les escaliers pour partir – cette décision est la plus prudente –, quelque chose s'ajoute à mes maux de tête. Les voix. Combinées à l'ordre de fuir et à l'alarme, elles me font me sentir plus en danger que jamais auparavant. En plus, elles rendent ma concentration difficile. Je fronce mes sourcils et ferme les yeux.

Je me fais violence pour tenter de leur résister. En essayant, je me retrouve plutôt à les analyser.

Je distingue d'abord la panique, partout autour de moi. Des chœurs puissants me font vibrer tout entier. J'essaie de ne pas leur céder, mais mon corps tremble malgré l'effort. Heureusement pour moi, mon instinct de survie m'empêche cependant de m'écrouler. Pour le moment, je suis figé sur place. Je vais garder mon calme. Je prends de longues et profondes respirations pour essayer de calmer les chœurs. Cela fonctionne jusqu'à un certain degré, mais je les sens toujours là, prêtes à reprendre l'assaut.

Dans ce calme relatif, je remarque alors une voix particulière. Elle est aussi forte, si pas plus forte, que les chœurs auparavant. Elle marche au pas. Son rythme comme un cœur qui bat. De la fougue. De la hargne. Ça a faim. Ça a hâte.

Et c'est là !

Hand of Fate - Resistance
'Décision.'

Je rouvre soudainement les yeux et regarde autour de moi. Comme réveillé d'un cauchemar, je cherche partout la source de cette voix. Je réalise bien vite qu'il n'y a rien ici. Ni ennemi, ni allié. Je suis encore en sécurité, pour l'instant du moins.

L'alarme revient à ma conscience. Rappel à la réalité. Il faut que je m'en aille avant que les voix ne reviennent à l'assaut. Je dois profiter de cet état de lucidité agitée tant qu'il dure. Je tiens pour le moment, mais cela me demande de l'énergie. Et de l'énergie, je n'en ai pas en quantité infinie.

Avant de descendre, afin de quitter le bâtiment au plus vite, je lève la tête et jette un dernier coup d’œil à l'étage qui m'était bloqué. Partir voudrait dire ne probablement jamais avoir les réponses à mes questions. Cela m'agace d'autant plus que ce qui est actuellement en train de se passer est obligatoirement lié à ce que les gardes protégeaient.

Qu'est-ce qu'il y avait de si important à protéger ?

Pour l'amour de tout ce qui est bon, arrête de rester là et bouge, 'Ayn !

Je secoue ma tête et redirige mon regard vers les escaliers ascendants. Je brûle d'un désir d'aller voir mais j'ai bien conscience que ce serait complètement suicidaire d'y aller. Surtout que l'intrus est très certainement là pour ce qui est à l'étage au dessus, quoi que ce soit. Je ne veux pas être là quand il y arrivera. J'ai confiance en mes talents sociaux, mais pas face à un intrus dont je ne sais rien et qui est probablement plein de rage. Je ne veux pas mourir.

Je ferme alors les yeux et m'efforce de faire le deuil de cette boite de Pandore qui demeurera probablement fermée. Je laisse libre cours à toutes les émotions qui me traversent. Un cri de rage s'échappe d'entre mes dents. Il passe inaperçu, couvert par l'alarme. Pour une des rares fois de ma vie, je n'ai pas à contenir mes émotions.

Je remercie ma solitude.

Ainsi, je décide alors de descendre les escaliers. Je vais quitter le bâtiment.

_________________
Thème musical de 'Ayn - "Votre Meilleur Ami"

"Les faux amis sont plus dangereux que les ennemis déclarés."
Henri-Frédéric Amiel - Journal intime, le 5 mai 1878

"Il n'est pas question de savoir qui va me laisser faire.
Il faut plutôt se demander qui va m'en empêcher.
"
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Pendant ce temps...

...

Brandon & Derek Fiechter - Anubis
'Épiphanie'

Attendez une minute.

Je remercie ma solitude ?

...

Après une volée d'escaliers, je m'arrête. Comment n'ai-je pas réalisé plus tôt ? Je suis seul depuis le lancement de l'alarme. A aucun moment qui que ce soit n'est passé devant moi. Si c'était arrivé, je l'aurais remarqué, c'est certain.

Pourtant, je n'ai vu personne.

Je tourne mes talons et regarde l'aile désaffectée.

L'Ombre n'est jamais revenue.

Je ne sais pas qui elle est, si ce n'est qu'elle doit être membre du Gouvernement. Mais qui qu'elle soit, cette mystérieuse Ombre est partie pour ne jamais revenir, malgré l'ordre de quitter le bâtiment.

Des dizaines de questions me traversent l'esprit. En même temps, plein de raisons de ne pas y aller me retiennent. Entre l'envie d'aller voir et l'appel à la prudence, c'est ma curiosité qui triomphe. Elle a faim, surtout suite à l'absence de réponse à son autre question. Je repousse tous mes doutes de la main. Il sera plus facile d'expliquer une infiltration près du bureau des concierges qu'à un étage préalablement gardé. Quant à l'intrus, je ne dois pas trop m'en soucier.

Après tout, au pire, je me cacherai dans le placard à balais.

De toute façon, l'intrus est là pour le treizième étage.

Je prends une grande inspiration et hoche la tête.

Je vais dans l'aile désaffectée.

Oh mes dieux, 'Ayn.

Spoiler:

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Sam 10 Mar - 18:29


Agent du CP9, Mordicus

S’ils auraient pu atteindre le bureau en assez peu de temps, ou du moins la cache que visait Mordicus, le « Roi Fou » de l’underground était moins réceptif que prévu au projet de marcher. Après tout, il avait un pouvoir exceptionnel : il pouvait transporter n’importe qui, n’importe quoi, ou plutôt « transposer ». Avec un air sévère, l’épouvantail observa le faciès de l’homme qui, sans aucun doute, était plongé dans une folie passagère. Il ne pouvait pas contrôler la folie, cependant peu importe la situation lui pourrait s’en sortir. La mission était prioritaire malgré tout…

Observant pendant un long moment le maudit qui lui faisait face – du moins trois secondes qui parurent interminable – l’agent du Cipher Pol 9 contourna son camarade et pointa un doigt en direction de sa nuque. Brusquement, un sentiment de picotement envahirait le brun. Il aurait l’impression qu’un filament ou un vers s’insinuerait en lui avec la plus improbable des flexibilités, pour venir s’entourer autour de sa moelle épinière…

    - Petite précaution… « Cut » est une technique très efficace, elle me permettra de te tuer à la moindre trahison. J’aurais pu le faire plus tôt, mais si je dois te libérer…

Il appuya sur la petite télécommande puis décrivit l’endroit où ils allaient devoir aller. Deux étages plus bas, à droite du bâtiment, et il indiqua clairement la direction. Ils devraient entrer dans une sorte de placard où se trouvaient des outils de nettoyage poussiéreux selon ses informations. Dans la pièce qu’ils visaient, juste à côté, il devrait se trouver quelques coffres piégés. Cependant, avant d’y entrer, il devait détruire les escarméras de surveillance. C’était leur objectif : l’un d’entre eux possédait les papiers qu’ils étaient venus chercher, et par conséquent les informations qu’ils allaient utiliser. De toute évidence, il devait y avoir un garde mais il ne leur poserait pas de problèmes et ils l'élimineraient une fois en bas. S'ils le transposaient, ils risquaient de rendre très évidents leurs objectifs et de se couper toute option de sortie.

A présent, les clefs en main, Fudo pouvait réaliser son vœu de liberté et mourir ou obéir et vivre… Du moins, dans l’idéal.


Agent du CP9 ?

Lorsque ‘Ayn avancerait dans les couloirs, il se rendrait compte que le lieu était véritablement désert. Pas âme qui vive, à l’exception peut-être de quelques nuisibles qui vagabondaient dans les couloirs. La mort semblait elle-même fuir cet endroit. Il était terriblement angoissant, et c’était pour cette raison que personne ne s’y rendait. Cependant, l’alarme semblait avoir désactivé temporairement une partie de l’ambiance sordide qui régnait dans ces lieux.

    - T’fais quoi là ?

La personne qui avait parlé était un jeune garçon au regard cerné, et de toute évidence ensommeillé. Il ne portait pas d’uniforme du Cipher Pol, pas plus que de badge, d’insigne ou tout autre élément distinctif. De toute évidence, son habit était un pyjama de mauvaise facture, sale. L’odeur qui émanait de lui n’avait rien d’enviable : pourtant le pire était les miasmes qui semblaient prendre la pièce. Angoissant.

Derrière lui, il y avait une porte ouvert et cinq coffres qui semblaient tous porter un symbole dessus.

    - J’aime pas être réveillé pendant ma sieste… J’aime pas ça. Où est Shadow ? Où est Papa ? Où est Ashia ?

Il ouvrit la bouche mais un nouveau gaz sembla s’échapper de lui. L’angoisse qui régnait ici était palpable. Quand Fudo se transporterait, il serait au plus proche du gaz : alors un fort sentiment de peur ressortirait. Après tout, cette défense n’était semble-t-il connue de personne à l’exception de Shadow. La meilleure défense. La peur.

    - Ifu Ifu no Mi – Nightmare, lança-t-il.

Alors des miasmes se libèreraient dans tout l’étage. ‘Ayn avait déclenché un véritable cataclysme, et lui ainsi que toutes les personnes en contact seraient bientôt plongées dans un cauchemar aux allures de réel. Le fruit de la peur où vaincre sa plus grande frayeur ne serait jamais une partie de plaisir…

Elle nait.

Elle perle.

    - Aide-moi, Fudo.
    - Tu m’as tué, ‘Ayn.

Etait-ce leurs plus grandes peurs ? Il fallait plonger plus loin. Encore plus loin.

Elle s’insinue.

Ma chère amie, Ô ma dulcinée.

Il observait leurs cauchemars. Il savait qu’ils seraient sa source de réconfort. Le gaz lui offrait des fragments qu’il regardait.



Fudo & 'Ayn > Très mauvaise combinaison, dommage. 'Ayn et Fudo sont pris dans la technique si Fudo décide de se transporter. Ce qui suit, ça dépend principalement de la psychologie de vos personnages. A tous les tours, vous me demanderez sur Skype et je ferai un lancer de dés sur 20. Vous devez atteindre 18 à 20 le premier tour pour vous en sortir, puis à chaque tour suivant vous me donnerez un numéro qui s'ajoutera aux numéros qui vous permettent de prendre le dessus sur votre peur.
Si vous restez plus de 8 tours cumulés sous l'effet du fruit du démon, votre personnage deviendra totalement fou. Au bout de 5 tours cumulés, il y aura des lésions. Au bout de 3 tours cumulés, vous sentirez un sentiment d'oppression pendant vos cinq prochains rps présents, ce qui vous donnera un handicap dans toutes vos actions.
Attention, Mordicus lance les dés lui aussi à tous les tours mais il a des conditions spéciales.

Agent du CP9 ? - Niveau ??

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Mer 21 Mar - 19:21


La dernière mission


Lorsque Mordicus esquissa son premier mouvement, le hors-la-loi abaissa sa main calmement. Le borgne laissa l'agent de la Triade procéder sans broncher tant celui-ci semblait enfin comprendre que son plan initial était ridicule. Le voir agir de la sorte, prendre pareille précaution, faisait doucement ricaner le maudit : c'était pour lui un signe de faiblesse, Mordicus ne pourrait guère le gérer sans cette mesure là.

Ainsi, qu'importait cette mort promise au moindre faux pas, cette épée de Damoclès plantée dans la nuque : l'ombre de la faucheuse baignait dans la sienne depuis un moment déjà, à chaque pas il pouvait tomber de l'autre côté, celui des morts. Aussi, ce n'était pas ce bout de paille qui allait décontenancer le brunet.

Le maudit ne perdit pas de temps, dès qu'il fut libéré du minerais sa zone s'activa une autre fois. Celle-ci était plus petite, juste de quoi parvenir à l'étage indiqué par Mordicus. Une fois cette sphère mise en place, le criminel prit le temps d'effectuer un scan plutôt poussé des lieux préalablement décrits par l'agent double. Dès qu'il fut certain d'où il mettait les pieds, ce placard, il trouva deux systèmes à transposer.

Le borgne apparut enfin dans cet endroit étriqué aux côtés de son homologue, son regard dégoulina alors dans la brèche, la fine ouverture du placard.

Lorsqu'il perçut la silhouette humaine qui se tenait au loin, il était trop tard.

Le monde se troubla.

Quelques instants plus tard, la paupière du sans nom se froissa. Une goutte saline naquit en son coin.

_____

Elle était là, nue, étalée sur un lit drapé de ténèbres, peau porcelaine et poignets tranchés. Son masque mortuaire figé dans la jouissance, je l'enlaçais et lui susurrais des mots continuellement. Sa carcasse était glaciale.

Ashia.

L'underground.

Les rires d’Ève s'élevait peu à peu durant cette étreinte frénétique et barbare. Elle était assise au pied du lit, jouant avec un couteau ensanglanté.

Intolérable.

Ma volonté dissoute dans le néant cherchait en vain à me tirer hors de cette vision corrosive, de cette projection toxique qui me grillait le cerveau.

Le rire d’Ève griffa mes tympans d'une violence inouïe, résonnant dans un écho saturé. Elle venait de monter sur le lit.

Avec et contre nous.

Je demeurais contre ce corps inerte, soupirai, puis chuchotai à cette oreille sourde tout mon effroi et mon amour.

Quand je désirai m'en séparer, je remarquai avec angoisse que les membres atrophiés d'Ashia m'enserraient dans une ultime tétanie. L'hilarité de l'autre taré éclata dans la pièce tandis que ses mains patinaient sur mon dos, ses ongles y creusant des sillons écarlates.

Malgré tous mes efforts je ne pus me défaire de l'étreinte.

Ashia et Ève.

-Aide-moi, Fudo.

Ma tête se fendit en deux, depuis l’intervalle entre les sourcils jusqu’à l’occiput.

Mes hurlements se perdirent enfin dans les cris hystériques tourbillonnant au sein de la salle.


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Sam 24 Mar - 17:31
Cauchemar.

Où 'Ayn est seul.


Vous respirez fort. Que se passe-t-il ?

Ne pose pas de question et continue.

La figure encapuchonnée reste immobile. Sa respiration profonde et inquiète trahit le malaise qu'elle ressent en apprenant ce qui va arriver à 'Ayn. Celui-ci semble par contre ne pas être plus perturbé que cela. L'absence de réponse de l'Hôte ne le fait même pas tiquer et seul un haussement de sourcil perplexe répondra à la non-réaction de l'Hôte. 'Ayn reprend donc son récit, inconscient de ce qui va arriver.

Parfois, être dans l'ignorance est une bénédiction.

Je vais donc dans l'aile désaffectée.

Post Apocalyptic Dark Ambient Playlist - Cryo Chamber
'Angoisse'

D'un pas pressant, je laisse derrière moi les escaliers, ainsi que le treizième étage. J'ai fait mon deuil. Maintenant, ce qui compte, c'est trouver qui est cette Ombre Encapuchonnée et ce qu'elle fait là. Alors que j'avance, l'alarme se fait de plus en plus distante dans mon esprit. Les voix cependant continuent de chanter, encore et encore. Bien que plus calmes depuis mon retour à la réalité, elles restent là. Un brouhaha indistinct. Je fais de mon mieux pour continuer d'avancer malgré elles.

Je veux atteindre mon objectif.

Je parcours donc difficilement l'aile, perdu mais pas vraiment. C'est un fait, je ne connais pas cette zone du bâtiment. Partout où je vais, je cherche l'Ombre. Chaque porte fermée est un espoir. Chaque pièce vide un plaisir. Si l'Ombre n'est pas ici, c'est qu'elle est quelque part plus loin.

Je m'approche.

Mes pas résonnent dans les couloirs vides. Je suis seul. Petit à petit, je comprends pourquoi j'ai évité cette zone depuis mon arrivée chez les Cipher Pol. Il fait sale. L'insalubrité de l'aile explique l'absence quasi totale de qui ou quoi que ce soit ici. Les gens ont vite peur, ce qui mène à ça. Un endroit vide. Et donc vide d'intérêt.

Je dis vide mais, de temps à autres, un bruit se fait entendre dans mon dos. Je me retourne une fois ou deux. Je ne suis pas suivi. Je n'essaie même pas de trouver l'origine du bruit. J'ai plus important à faire que m'inquiéter des nuisibles. C'est ainsi que je continue ma quête. Encore et toujours en vain.

Je suis profondément et définitivement seul.

- T'fais quoi là ?

Soudain, je tombe sur quelqu'un. Je devine vite que ce n'est pas la personne que je cherche. Pas l'intrus non plus.

C'est un jeune garçon. L'observant un peu plus, je vois qu'il est habillé de haillons peu enviables. Quelque chose en lui est mauvais. Malsain, même. Je suis pris d'un frisson en le voyant, sans vraiment mettre le doigt sur son origine. En même temps, un sentiment désagréable me traverse. Ce sentiment de malaise, d'angoisse même, s'ajoute aux chœurs et à l'alarme. Je suis sur le point de m'écrouler, je le sens.

Quelque chose de primal me hurle de fuir.

Je suis incapable de bouger.

Shadow. Papa. Ashia.

Ifu Ifu no Mi.

Je chute.

----------

The Witch - Peter Gundry
'Vagues'

La lune est pleine, la nuit chante, tout est calme. Plus d'alarme, plus d'angoisse, plus rien. Juste l'air de la mer, le vent dans mes cheveux et le sable sous mes mains et mes pieds nus.

Mes pieds... nus.

Je regarde mes pieds. Les chaussures que je portais il n'y a même pas quelques minutes ne sont plus là. Je sens le sable froid sous mes talons. Levant doucement la tête, je réalise que je fais face à l'océan. A perte de vue, les vagues, une puissance tranquille. Je regarde ensuite autour de moi. Dans mon dos, la ville est en fête, quelques centaines de mètres plus loin. Les flammes dans la ville se distinguent de la nuit noire autour. Les tambours sont tellement puissants que je les entends d'ici.

Il me faut quelques minutes pour reconnaître cet endroit. Nous sommes sur mon île.

Perplexe, je me demande comment je suis arrivé ici aussi rapidement. Plusieurs possibilités me traversent l'esprit, des plus raisonnables aux plus folles. La première question que je me pose est celle sur la réalité de ma présence ici. Il n'est pas possible que je me sois transporté ici aussi rapidement. A moins que je n'aie perdu la mémoire depuis mon évanouissement face au garçon. Je me demande si je suis en train de rêver.

Aïe.

Je fronce mes sourcils. J'ai bien eu mal. Je ne rêve pas.

En me frottant pour dissiper la douleur là où je me suis pincé, je remarque que mon avant-bras arbore un tatouage au henné. Et pas n'importe lequel. Je reste un instant à le regarder avant de conclure qu'il s'agit bien de celui que je me suis fait il y a quelques années, à l'occasion du Solstice d’Été. Depuis mon bras, je m'analyse. Mon corps, mes vêtements, même mes cheveux. Tout est comme ce soir d'été.

Il me faut quelque temps pour intégrer l'information. Je suis... revenu à cette nuit-là. A moins que je ne l'aie jamais quittée, en fait. Je suis alors pris de vertige à cette idée. Est-ce que c'est vraiment possible ? Je me couche sur la plage et regarde vers les cieux. Plutôt que m'aider à me sentir mieux, le fait de m'allonger me confuse encore plus. En effet, les étoiles dansent au dessus de moi et ma tête tourne.

Mais alors.. et l'intrus ? et Enies Lobby ? et Dunbar ?

Et Dunbar !

Si je suis vraiment revenu à cet instant précis, il doit être ici quelque part. Or, il n'est pas à mes côtés. Je me relève pour regarder tout autour. Je titube autour de mon lieu de réveil. Il n'y a pas la moindre trace de Dunbar, ni d'un de ses pas. Il n'est pas là. Il n'a pas pu s'évaporer, mais il n'est pas là. C'est comme s'il n'avait jamais été là. Ce n'est pas possible. Il devrait être ici, je le sais.

Pourtant ce n'est pas le cas.

Tu as oublié ?


Tu m'as tué, 'Ayn.

Disant cela, la personne en face de 'Ayn retire sa capuche, révélant un jeune adolescent aux cheveux bouclés et au visage rond. Celui-ci a le teint pâle, comme si tout le sang s'était en allé de son corps. Cet air livide contraste avec son sourire bienveillant. Cette apparente chaleur rend d'autant plus étrange l'accusation qui vient d'être proférée.

Il faut plusieurs secondes à 'Ayn pour comprendre ce qui vient de se passer. Dunbar, son 'meilleur ami' d'adolescence, semble être revenu d'entre les morts et est là pour l'accuser. En plus de ça, il semble avoir pris la place de l'Hôte. A moins qu'il n'aie été l'Hôte depuis le début, et que 'Ayn discutait avec lui pendant tout ce temps.

Bonjour 'Ayn.

Dunbar.. ?

Je suis certain que tu as plein de questions. Et ç'aurait été un plaisir d'y répondre mais je n'en ai nullement envie. Je refuse de faire plaisir de quelque manière que ce soit au monstre sadique qui est responsable de ma mort. Aussi, tu vas te contenter de continuer ton récit pendant que je t'écoute. Je me suis bien fait comprendre ?

Monstre sadique ? Responsable de ta mort ?

Mais c'est tout sauf vrai, Dunbar. Je n'ai rien fait de tel et je n'ai jamais voulu que ton bi-

Ta gueule, 'Ayn.

C'est bien beau d'essayer de te rattraper mais ça ne sert à rien. Tu as déjà été prévenu : je sais tout sur toi et sur ce que tu es. Un monstre. Par ailleurs, tu sais déjà que, dans ce plan d’existence, je suis omnipotent. Tu n'as littéralement aucun pouvoir ici. Alors obéis et continue ton récit.

D'accord ?

Je... Je suis désolé.

Oh pitié. Tu réalises que tu es impuissant et tu essaies malgré tout de garder le contrôle ? C'est pathétique.

OBÉIS.

Je continue de chercher encore et encore. Bien assez tôt, je dois arriver à la conclusion que tu n'es pas là contrairement à mon souvenir. En effet, j'ai vérifié les quelques endroits où tu aurais pu te cacher sur cette plage et je n'ai rien trouvé. Je décide alors d'aller en ville. Je vais vérifier si tu es là et, de manière générale, si je suis vraiment revenu au jour d'aujourd'hui. Je suis toujours confus, et voir des gens m'aidera peut-être.

J'entreprends donc de me diriger vers la ville, qui est à quelques centaines de mètres plus loin. Plus précisément, je prends la direction du centre-ville, où se trouve la grand place du marché. Ce soir, c'est là que je trouverai tout le monde pour le Solstice. Et potentiellement... toi.

J'arrive aux portes de la ville. Les tambours s'intensifient, les flammes quant à elles continuent de danser dans la nuit. Je continue ma route jusqu'à ce que j'arrive à la place. Une fois arrivé, je vois alors que tout le monde est là. Je vois ma famille qui discute autour d'un verre à une table. Plusieurs amis, en train de danser sur la musique. Puis toi, qui vient vers moi, ton beau sourire candide aux lèvres. Tu ouvres la bouche.

Les tambours s'arrêtent.

C'est le Monstre, tuez-le.

-----------

Je suis en train de fuir la foule qui me poursuit dans la ville. Je les entends, tels des lions prêts à me dévorer. Quand tu as parlé, tout le monde s'est soudainement tourné vers moi, prêt à obéir à ton ordre. Les gens se sont tournés vers moi juste avant que tu ne meures devant mes yeux. Juste avant que tu ne graves dans mon esprit cette image de toi, les poignets tranchés, ton sourire aux lèvres.

A cause de toi, ils viennent après moi.

Je dois partir avant qu'ils m'attrappent.

Je tiens à ma vie.

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Ven 6 Avr - 9:50


Agent du CP9 ?, Mordicus

Lorsqu'il se déplaça, l'agent du CP9 toucha le torse de Fudo. Il passa son doigt sur ses muscles, observa son bras, lui sourit, attrapa ses cheveux et passa ses lèvres sur son cou. Ah, la sensation de sueur, son odeur qu'il inhalait... Hum, c'était si bon. Il n'en pouvait plus d'être seul, par moments. Puis il oubliait. Lâchant l'homme, il observa Mordicus. Ce dernier avait pris une autre apparence, celle d'un épouvantail. Il releva la tête, mais ne bougea pas.

    - Papa... PAPA ! Hurla-t-il.

Tout à coup, il était pris par une terreur sourde. Il déglutit. Jamais il n'avait ressenti ça. Si Ayn venait à se réveiller, elle aurait sûrement le réflexe d'observer tout autour d'elle et son regard serait attiré vers une autre forme de peur. Mordicus était doté d'un fruit mythique qui attirait la peur, l'attention... Mais le Haki de l'Observation en éveil de la demoiselle lui donnerait l'avantage de capter la peur qui émanait de l'Agent du CP9. Peut-être trouverait-elle un moyen, si elle se réveillait, de mettre toutes les cartes de son côté.



Fudo & 'Ayn > Blop

Mordicus - Niveau ??
Agent du CP9 ? - Niveau ??

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Mar 1 Mai - 18:59

La dernière mission


L'image renvoyée par mes yeux se divisait lentement en deux tant l'entaille, qui naquit au sommet de mon crâne, s'étendait dangereusement pour scier l'ensemble de mon corps en parties bien distinctes, gauche et droite, qui finirent par se disjoindre bien assez tôt, lorsque les phalanges de la folle s'immiscèrent dans la faille béante pour séparer le tout.

Je ne ressentis aucune douleur quand la scission s'opéra, quand mon corps fut déchiré en deux. Ce fut l'inverse, il n'y eut rien, littéralement. Comme si, venu de nul part, le vide avait étreint ma moitié gauche avant de l'emporter avec lui. Mon désormais unique oeil restait alors planté sur la carcasse d'Ashia un instant durant. Son étreinte infernale n'était plus, ses membres semblaient s'être écartés d'un coup d'un seul quand je fus, sans raison apparente, fendu en deux.

Le visage de la morte se froissa finalement tandis que son regard se déroba au mien pour se déporter vers ma gauche. Elle se figea enfin, dans une expression d'effroi, avant que son buste ne se crispe à nouveau, la faisant se redresser quelque peu.

Quand je découvris la même chose qu'elle, il me sembla ressentir une sensation similaire à Ashia.

Cela fut sans doute pire car je compris.

Ce vide.

Cette perte.

Une nouvelle fois, je fus rejeté. Une fois pour toute.

Car il se tenait là à mes côtés, contemplant sa seule main, le souffle court. Cet être que j'avais finalement submergé, ce faible boulet ! C'était inacceptable, jamais je n'aurais pu l'accepter !

Son oeil dégoulina enfin vers moi, puis son regard croisa le mien. Nous ressentîmes tous deux une atroce sensation de vertige en nous plongeant chacun dans la vision de l'autre. C'était une infinité de fins. Deux miroirs confrontés entre eux. Un caméléon que l'on posait sur son propre reflet, révélant sa véritable nature.

-Deux âmes vivent en moi.

Ces mots prononcés d'une frêle voix rappelèrent le vide dans la pièce, il me gagna de l'intérieur pour me ronger les entrailles.

Ashia.

Ève.

Nous savions probablement tous deux ce qu'il fallait faire. Aussi je fis tout pour l'anéantir définitivement, pour conserver cette place qui m'avait été refusée tout ce temps là. Jamais je n'aurais accepté pareille chose ! Que de me faire rayer de cet univers par un stupide gamin de ce genre ! Enfin j'avais été libre, enfin j'avais le pouvoir de détruire cet Underground si décevant, si honteux, si traître !

Mon poing se verrouilla brutalement avant de se diriger en direction de la taré presque accolée au bouffon. Elle y passerait une bonne fois pour toute.

Soudain, la moitié de tête de l'autre se plaça sur la trajectoire de mon coup.

Il y eut contact.

Une image.

Une.

Celle d'un ventre. Celui d’Ève.

Celle d'une femme morte. Ashia.

Celle d'un gamin réalisant ses rêves et cauchemars en même temps.

Un qui accepta la vérité après l'avoir longtemps désirée. Un noir désir dont il fit aussi les frais. Car quand elle vous giflait finalement, elle vous prenait la vie.

La mort. Il l'avait préférée aux mensonges afin de la sauver, elle et ce qu'elle portait en son sein.

La vérité. C'était que s'il ne pouvait se définir, jamais il n'aurait pu les aider à survivre.

Il était bien trop jeune. Trop précoce.

Et pourtant la foi que cette femme avait en lui lui suffisait pour se définir.

Ma main disparut dans son visage.

Nous ne disposions au final que d'une âme pour deux.

Il m'assimilait.

Ou plutôt m'acceptait.

Pour prendre sa vengeance sur ce monde.

Une froide et salée.

Pour eux deux.

______

Un frisson parcourut l'échine de Fudo puis se propagea jusqu'à ses phallanges. Celles-ci se joignirent lentement pour former un bloc compact.
Ses paupières s'agitèrent enfin.




Bon, c'est pas très beau comme post mais j'arrive pas à faire mieux, désolé Aynounet et Ouin-ouin :'( Je vais quand même essayer d'aller jusqu'au bout de ce RP par respect pour vous deux. Des bisous !

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Sam 16 Juin - 18:35



Agent du CP9 ?, Mordicus

L'épouvantail... De vieilles légendes tournaient autour de cette créature à l'apparence censée repousser les corbeaux. On disait d'un épouvantail qu'il possédait des pouvoirs de mort, ou de prospérité pour les récoltes. À la fois symbole de protection et d'effroi, il s'agissait en réalité de quelque chose de bien plus simple. La paille de son être était une substance puissante, qui permettait de donner l'illusion d'un rembourrage solide. Quand bien même Mordicus était-il composé de paille en cet instant, il était malgré tout sous le joug des miasmes. L'épreuve que vivait Fudo était intenable, mais celle que lui vivait... Ah, il s'agissait de bien autre chose. D'un cauchemar pis encore que tout ce que les autres avaient pu vivre, se disait-il.

Au milieu de la pièce, un homme avait tissé une toile. Pas une toile d'araignée, mais un tableau. Il tissait comme on peignait, et ses doigts usés donnaient l'impression d'être experts en leur matière. À ses côtés, un garçon plus petit, sûrement six ans, se tenait debout et admirait le doigté. Un sourire aux lèvres, ils composaient « la frise », ou « l'histoire ». Il s'agissait de la famille des « Tisseurs ». Une génération sur deux, les Tisseurs étaient des personnes qui avaient un seul but : représenter l'Histoire, la vraie, et la broder pour l'exposer sur cette île : Ohara.

    - Je suis rentré ! Chantonna alors un troisième membre du sexe masculin de cette famille. Papa est là, s'amusa le trentenaire.

Il prit dans ses bras son enfant qui vint lui sauter au cou pour un gros câlin. Le vieillard lui sourit avec bienveillance. Ah, c'était si doux, si triste comme souvenir. Lorsqu'il se retourna, son ami était parti de l'île. Il prenait un bateau pour s'éclipser. L'homme le plus recherché du monde : Centes Decima. Mordicus était là tout ce temps, il était là, en train de regarder à travers les yeux de ce père de famille, de cet homme d'une génération intermédiaire. Il n'avait jamais été Tisseur, au grand jamais, et pourtant, il aurait aimé échanger la place avec son fils...

Les flammes avalaient l'île à une vitesse impressionnante. Son fils avait disparu, emporté par une vague sur le bord de la plage, abattu. Des civils avaient été fusillés de dos. Les survivants se comptaient sur les doigts d'une main. Quand Mordicus s'était rendu compte qu'il n'avait plus rien à sauver, il avait juste pris la tapisserie avec lui. Il s'était enfui sans Tisseur, mais avec l'Histoire.

Dehors, apeuré, l'enfant hurlait la terreur qu'il ressentait. Shadow n'était pas là. « Papa » n'était pas là. Qui était « Papa » ?



Fudo & 'Ayn > Alors, pour le coup, Ayn', tu peux répondre au tour prochain ou suivant, ne t'en fais pas ça ne te pénalise pas sur l'intrigue. Si tu n'as pas le temps de poster dans la semaine, n'hésite pas à m'envoyer un MP.

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Dim 17 Juin - 16:03


La dernière mission


Les deux parties s'étaient accolées pour former cet être désormais assis au bord du lit, deux silhouettes trônant dans son dos, une drapée d'un maillage obscur, l'autre d'un voile argenté. Ces deux là posséderaient à jamais une relation conflictuelle, et pourtant le bout d'humain, dont les moitiés se soudaient petit à petit, avaient besoin de ces personnes là.

La main d'Ashia s'apposa délicatement sur son épaule gauche, sa paume droite vint alors épouser la joue d’Ève.

Si l'Underground le condamnait à vivre, il avait au moins l'amour pour caution.


____

Les paupières de Fudo s'ouvrirent, tout comme son poing. La zone naquit ainsi tandis que le borgne découvrit de son œil rougeâtre un jeune homme, torse dénudé, au sein de la pièce sur laquelle donnait le placard. Du corps de cette personne semblait émaner d'étranges volutes lui inspirant un malsain sentiment d'oppression. L'inconnu cerné de la brume paraissait agité par une chose que le maudit ignorait.

Quoiqu'il en fusse, le criminel n'était pas ici pour se poser mille et une questions. Il avait après tout une mission à mener à bien afin de parvenir à ses propres fins. Aussi son oeil dégoulina sur l'homme de paille, à ses côtés, dont l'esprit se trouvait à mille lieux de son corps. En l'état Mordicus ne pouvait assister Fudo, cela lui était pénible : il devait transposer la petite sphère que Bételgeuse leur avait confiée avec ce que la Triade désirait. Cela lui semblait hors de portée en considérant le type présent dans la salle, il aurait fallu l'abattre avant.

Le temps jouant contre lui, le hors-la-loi ne pourrait réaliser les deux tâches sans l'aide du second maudit, tenu prisonnier dans ses visions cauchemardesques.

Soudain, la main gauche du sans nom se ferma un instant tandis qu'il lança un scan de la pièce dans laquelle il s’apprêtait à rentrer. L'objectif étant de repérer la présence de tout système pouvant y être présent, des personnes aux coffres.

Au bout de plusieurs secondes, l'obscurité du cagibi se vit déchirer dans un écho cristallin. D'innombrables éclairs zébraient la paume gauche, tout juste ouverte, du malfrat. Il l'apposa alors sur l'avant bras de Mordicus pour le ramener à la réalité.

Comme cette main l'avait fait pour lui.




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Sam 30 Juin - 19:03



Agent du CP9 ?, Mordicus

La salle, ou plutôt les salles, étaient composées de vitres d'illusions. Ces vitres étaient teintées de l'image rémanente des murs : pour qu'un corps s'y applique, il aurait du rester devant un certain temps. Elles donnaient ainsi l'illusion d'un endroit plus étriqué qu'il ne l'était en réalité. Deux moyens pour le découvrir : observer les lieux avec attention, ou posséder un pouvoir particulier. En effet, la sphère de Fudo traversa le-dit mur et cela lui permit de comprendre qu'il avait affaire à un objet qui cachait l'objectif de sa mission : le coffre. Dedans, de manière très succincte : des papiers, sûrement ceux recherchés. Ils contenaient tout ce dont ils avaient besoin. Des numéros aux missions en cours, il y avait de quoi fournir du travail à la Triade pour longtemps. Malheureusement, en l'état, rien de la même taille ne figurait dans la pièce.

Le jeune homme avait observé avec la terreur dans ses yeux que le maudit s'était éveillé. C'était un véritable problème à en croire son agitation : personne ne devait se réveiller de ses cauchemars. La colère qui suivit brisa l'action de Mordicus qui reprit sa forme humaine sur l'instant. Il sortit lui aussi de l'illusion, tout comme l'Agente qui se trouvait à l'entrée de la pièce, autrement composée d'un lit de bagnard, sans draps.

    - Papa est mort. PAPA EST MORT !

Il hurla. De nouvelles ténèbres sortirent de son corps, tandis qu'il dévoilait, ses cheveux soulevés, une cicatrice au front. Mordicus se stoppa net : alors qu'il était en position de l'abattre, il ne fit rien. Le gamin était pourtant un danger palpable pour toutes les personnes dans la pièce. Son fruit de la peur avait bien d'autres effets, et il risquait d'en faire pâtir les intervenants si personne n'intervenait... De manière radicale.

Les ténèbres commençaient à lécher les murs. Les cauchemars prenaient vie. Des flammes donnaient l'illusion de s'attaquer aux personnes présentes. Sans force d'esprit, difficile d'y résister. Pis encore, l'espoir s'envolait. Dans le couloir, des hurlements, des ordres, semblaient se faire entendre au loin. Ils étaient à court de temps.



Fudo & 'Ayn > Skype ou MP si vous avez des questions !

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Mer 4 Juil - 9:29


La dernière mission

Diminuto - West Blue


J'avais longtemps été intéressé par ses écrits quand bien même leurs fonds me semblaient hors de portée, des textes intrigants et nébuleux, me paraissant presque insensés.

Et pourtant après m'y être penché un long moment dessus, je pensais aujourd'hui avoir atteint un certain niveau de compréhension. Je pus dresser ma propre interprétation de ces textes et m'apprêtais ainsi à lui faire part de mon opinion.

Pour me situer, pour savoir si cette voie là était la bonne. Si j'avais trouvé mon chemin de carrière.

J'ouvris donc la porte de son bureau après avoir reçu son accord, le Dr. Bang m'invita ainsi à prendre place dans l'un des deux sièges en cuirs figés devant son bureau. Ses doigts vinrent se nouer sous son bouc, coudes en appui.

-Je suis tout ouïe.

Mes lèvres s’entrouvrirent, une suée froide me parcourut la nuque. Puis, crispant mes poings posés sur mes genoux, je décidai finalement de me lancer.

-L'ombre.

Ce terme renvoyait à la partie inconsciente d'une personnalité que le conscient n'identifiait pas au soi-même. Il représentait le côté obscur : tout ce que la personne rejetait, les aspects les moins désirables et  les plus primitifs de sa personnalité. De ce fait, de par tout ce qui était rejeté et ainsi projeté sur cette ombre, celle-ci était généralement négative.

___

Les flammes et les ténèbres le cernaient, lui ainsi que tous ceux présents au sein de la pièce.

Pour autant, malgré le sentiment qui opprimait sa pompe organique, le maudit ne vacilla pas. Son unique pupille découpait l'agent lui faisant face, au sein de celle-ci y était imprimée l'image d'une figure angélique.

Ce type qui lui faisait face constituait un ennemi qu'il ne pouvait se permettre de sous-estimer. De toute évidence cet inconnu possédait un fruit du démon dépassant probablement l'entendement même de son possesseur.

Il se reconnut un instant en lui quant à cette idée, lorsqu'il découvrit sa propre malédiction. Ce genre de fruit attirait bien des gens, ils étaient convoités pour leur capacité toute particulière, car pouvait être utilisés de bien des manières pour parvenir à de sombres fins.

Futile pensée.

Le temps jouait contre lui.

La silhouette, dont l'une des mains étaient drapée d'éclairs, décida enfin à passer à l'action après avoir compris, via l'ope ope no mi, que sa mission toucherait bientôt à sa fin.

L'index et le majeur de sa main droite s'élevèrent alors.

-Si l'occasion se représente, cerne de paille au moins l'une de ses articulations. Pour l'heure, occupons nous de la mission.

Et son talon quitta sol, le borgne sembla fondre vers l'agent au torse dénudé. Pour autant, celui-ci disparut bien rapidement, les doigts du premier maudit s'étaient croisés, transposant ainsi le coffre contre l'inconnu.

___

Mais ces aspects refoulés n'étaient pas que mauvais. Ils étaient avant tout primaux et précaires. L'ombre possédait ainsi un  caractère brut et enfantin capable d'animer l'existence de tout un chacun. En ce sens, elle représentait l'inconscient, peut-être même sa totalité. En tous cas il s'agissait de la première figure sous laquelle l'inconscient se présentait à la conscience.

Elle pouvait apparaître dans les rêves ou visions de la personne sous diverses formes. En général l'ombre se manifestait sous une forme familière, une silhouette portant nos traits.

Interagir avec pouvait apporter un peu de clarté quant à notre véritable nature.

___

Son poing affublé d'arcs lumineux se ferma gravement une fois à hauteur du coffre, le hors-la-loi ne stoppa pas sa course pour autant : il pivota violemment en direction de l'autre présence qu'il avait identifiée.

Aux pieds de cette cible, le sol subissait une force maudite depuis que le criminel avait activé son pouvoir. Bientôt ce socle de béton se retrouverait déchiré par endroit, laissant jaillir des monticules de bitume tout autour de l'androgyne.

De quoi restreindre ses mouvements.

___

La rencontre avec cette entité nous rappellait notre détresse : elle nous confrontait à des problèmes que nous ne pouvions résoudre par nos propres moyens.

Comme toute chose, la totalité de l'âme, le soi, était composée d’opposés. Sans l’ombre le soi ne saurait exister. Il possédait toujours deux aspects. Un clair et un obscur.

En mon sens, donc, la quête du soi ne pourrait résulter qu'en surmontant le clivage ayant naguère séparé ces deux entités.

Accepter cette part ténébreuse n'était pas si simple. Cette intégration poussait à la remise en question de sa propre existence. Elle nous forçait à admettre la vérité. Et alors la découverte du soi, de la totalité de son âme, était possible.

Lumière et ombre.

Au final, elles n'avaient d'antagoniques que leur nom.

Ève et Ashia. Malfrat et roi fou. Fudo et sans nom.

___

Quand ce jeune être  plongerait ses yeux vairons dans l'orbite vide de son assaillant, il pourrait découvrir le même sort que la personne y étant piégée.

Une paume parcourue d’électricité et de milles frissons se plaquerait sur son visage.




Et là j'essaie d'éveiller l'armement, une bonne fois pour toute m'sieur x:
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