Ça peut toujours servir de suivre son instinct, et c'est parfois le meilleur des choix. Le rôle d'un Chasseur de Prime incombe de devoir a minima ramener un primé par mois pour ne pas se voir prit en chasse à son tour, et Clyde avait vraisemblablement eu besoin d'argent. Il avait cependant été amené à faire une rencontre surprenante. Orgo Montenegro. Un danseur et combattant expérimenté d'East Blue, connu comme charmeur de ses dames. Un physique qui a fait craquer étudiantes, mais aussi femmes mariées. Il n'y en avait pas une qui ne le regardait pas. Il tenait un club de danse sur Mirror Ball, et sa réputation là-bas y était encore plus présente. Si le jeune séducteur n'avait pas cherché à se lier d'amitié avec le danseur, il aurait simplement accomplit la cabale que Trevor lui avait proposé via Bing initialement et il aurait récolté la prime. Il s'était avéré qu'Orgo avait utilisé de ses charmes sur la fille d'un marchand, un certain Lewis. Et ce dernier était le commanditaire de la mission.

Il fallait amener le casanova au dit marchand afin que celui-ci passe un sacré savon au Montenegro, histoire de rappeler qu'on ne touche pas à la chair de sa chair sans conséquences. Il avait fait le choix inverse et, avait choisi de protéger la proie. Parce qu'elle lui ressemblait, parce qu'elle était en beaucoup de points comme lui et, qu'il comprenait sa situation. Car la fille de Lewis, Lila, avait certes été dans un premier temps une des flammes d'Orgo, mais elle était devenue à la place d'une centaine de femmes celle pour qui sa raison d'être existait. Si bien qu'elle portait l'enfant de ce dernier. Le Jenkins protégea Lila et Orgo jusqu'à ce qu'ils aient de quoi se réfugier tranquillement sur une île paisible et vivre leur vie de couple. Mais avant que les tourtereaux et le Jenkins ne se quittent, l'éternel charmeur -le vieux hein, pas le jeune- laissa un petit papier -au jeune, cette fois- sur lequel était griffonné lettres et chiffres mélangés ;  "Un dernier cadeau, pour tout ce que tu as fais." tels avaient été les mots d'Orgo, mais ils ne furent pas suivis de plus amples explications.

Rencontrer maintes et maintes femmes, cela arrive à tout le monde. Mais lorsque l'on s'appelle Orgo Montenegro, ces rencontres ne sont pas simplement un simple croisement dans la rue. Parmi ces femmes, un bon nombre avaient fait partie de ses conquêtes. Et s'il se rappelle de chacun des prénoms de ses anciennes conquêtes, il garde également toujours contact, car on ne sait jamais, un cours de danse privé à domicile est si vite arrivé. Le Montenegro avait depuis longtemps cette aisance à faire parler les femmes. Elles se livraient à lui sereinement et, il connaissait bien des secrets. Beaucoup étaient intimes, mais certains étaient des informations précieuses lorsqu'elles étaient données aux bonnes personnes. Il savait. Il savait que Clyde trouverait le chemin, quant au fait de savoir comment il allait l'emprunter, tout cela était moins sûr. Dès lors -et lorsqu'il le voudrait- que le chasseur de prime rentrerait les lettres et chiffres dans son escargophone, celui se mettrait à sonner. Après quelques secondes d'attentes puis à peine une minute d'échange, le blond apprendrait d'une voix féminine que celle-ci possède un frère et, que ce dernier est marié à une "sublime chasseuse de prime". De plus, elle certifie que son frère lui a dit que sa bien-aimée aurait été contactée récemment par Mijushike, en personne.

Qu'est-ce que les ragots s'échangent tellement facilement, entre frères et sœurs. Puis, entre connaissances. C'est tellement rapide. "Oh mais je t'ai pas dit..." et c'est parti. On n'arrête plus le train en marche. L'ex-conquête d'Orgo annonça au Jenkins que s'il le voulait, il pouvait se rendre sur l'Archipel Orgao. Il lui suffirait alors de chercher et, il la trouverait. Et si Clyde avait demandé des détails physiques, un prénom, ou un quelconque signe distinctif la voix féminine lui aurait répondu "quand vous la verrez, vous saurez que c'est la bonne". Et sur ces mots inquiétants ou rassurants -au choix de la mentalité de celui qui les reçoit-, elle aurait raccroché.

Et rien de plus que cela. Clyde possédait un lieu où se rendre, où il était supposé rencontrer une sublime jeune femme chasseuse de primes qui le mènerait possiblement au Tueur de Yonkous. Que pouvait-il se passer de mal, dans une telle situation ?

L'archipel Orgao est un endroit bien paisible. Quand on y vit, l'attraction principale c'est évidemment le cirque. Le cirque ? Mais oui, je vous l'ai dit plus haut, le cirqe. L'île sur laquelle avait atterrit le blondinet n'était ni plus ni moins que le bout de terre le plus gros de l'Archipel, Orange. Quant au paysage, il était digne de celui d'une ville simplette : des longues rues pavées ou des petits chemin entre quelques maisons serrées, des habitations ou des hôtels et auberges. Des commerces également ! Mais rien de bien fanfaron à première vue. Du commerce de gros, vente de vêtement, de vaisselle, de nourriture. Il y avait également la présence d'un marché sur chaque île, et tous avaient leurs propres dates. Lorsqu'on les connaissaient tous, on avait moyen de se procurer les meilleurs produits de chaque marché dans la semaine pour faire un bon banquet le week-end ! Le borgne se baladait en traquant du regard, mais la plupart des femmes ici n'étaient pas des canons. De plus, le Cirque Orgao s'était établit sur une des îles formant le groupe qui constituait l'Archipel, et lorsque il prenait place, tout le monde allait là-bas. Leurs représentations faisait partie de ces choses qu'on ne peut s'empêcher de regarder et re-regarder de nouveau, sans jamais s'en lasser.

Bref, Clyde n'était pas dans le paradis qu'on lui promettait pour l'instant. A la première auberge convenable que le Jenkins visiterait, on lui annoncerait qu'il n'y a plus de place. A la seconde, également. Puis à la troisième, et même chose pour les hôtels. Et cela ne semblait pas s'arrêter. En fait, tout était complet. Et la raison était d'une réalité tout à fait banale. Le Cirque donnait une représentation ce soir-même, et tout le monde avait déjà eu une chambre, même les retardataires. Clyde était... plus que cela. En moyenne, la dernière chambre vendue était une ou deux semaine avant le show. Et vous vous doutez bien que les places pour le Cirque lui-même partaient encore plus rapidement que cela. Que faire maintenant ? Nous sommes en plein après-midi, et toute l'attention est vers le spectacle de ce soir. Mais est-ce que la fameuse demoiselle y sera aussi ? Il y a fort à y parier, tout de même. On entends parler de ce groupe Orgao jusque dans la route de tous les périls. Le Jenkins n'a aucun endroit ou dormir, et ne semble également pas pouvoir accéder au spectacle.

Probablement en réfléchissant à la solution adéquate à ses problèmes, le Chasseur de Prime passerait à côté de la boulangerie Harsh. Il n'y avait rien de surprenant à se dire qu'elle était le lieu avec le plus de visite après le Chapiteau. Des dizaines de personnes y travaillait, et autant ou plus y stagnaient constamment, bien que les personnes changeaient constamment. Tout le monde venait chercher du pain, des casse-croûtes, de petits délices appelés "Losyetek". Leur spécialité et un bijou de saveur. Personne ne savait comment ils étaient fabriqués. La recette était secrète, mais pas unique. La base de pâte elle l'était, mais tous les ingrédients qui constituaient cette viennoiserie en forme de ballons se diversifiaient. Si bien qu'on ne pouvait quasiment jamais manger le même Losyetek dans la journée. On en commandait un, sans savoir de quoi il était fait. Comment ce petit tour était possible ? Il s'agissait là d'une sorte de code d'honneur. Même ceux qui avaient anciennement travaillé à la boulangerie Harsh ne dévoilaient point la recette, ni même ne la reproduisaient chez eux. C'était tout autant une question de respect qu'une question financière. Si cette enseigne fonctionnait aussi bien, c'est en premier lieu grâce au Losyetek. Divulguer la recette c'est donner l'occasion aux gens de la reproduire, et ainsi perdre tout cet attrait pour cette recette secrète.

Le gentleman succomberait-il au désir, à l'envie de ses papilles ? En y pensant, comment allait-il faire ? Demander à n'importe qui s'il n'avait pas vu une femme magnifique ? Courir dans la ville pendant des heures à sa recherche ? Attendre l'arrivée du spectacle et rester sur Orange, pensant qu'elle ne serait aucunement au Cirque ou à l'inverse, trouver un moyen d'entrer et se servir de tout l’attroupement qu'il y aura là-bas afin de faire un tri dans le trois quart des habitants de l'Archipel ? Il pouvait très bien tout faire, cela dit. Mais  aurait-il alors toute l'énergie suffisante pour sa princesse une fois que ses pupilles se seraient posées sur elle  ?

Jay

- Euuh... bonjour ? J-je j'ai pas vu de, enfin je veux dire les Losyeteks sont délicieux !

Un temps de silence s'installa entre l'homme et l'adolescent durant lequel s'échangea un long regard d'incompréhension. Il s'était mélangé entre l'absence de salutation, du fait de voir un borgne, de la demande sur la spécialité de la Boulangerie mais surtout sur la dernière question. Il reprit à nouveau en reprenant sourire.

Excusez-moi ! Jay pour vous servir ! Les Losyetek sont la spécialité de la Boulangerie Harsh, il s'agit d'une pâtisserie avec une base de pâte faite maison et d'ingrédients mystérieux à découvrir une fois en bouche ! Vous en désirez un avec votre croissant monsieur ?

Il attendrait la réponse du Chasseur de Prime pour répondre à sa question sur la gente féminine, la voix un peu tremblotante et le teint un peu rouge.

- Disons que, si. Le Cirque est ce soir alors il y a un peu plus d'agitation dans la ville que d'habitude, et il y a quelques jolies filles qui sont passées... Mais des sublimes ? Je sais pas, enfin si. Mais, sublimes pour moi quoi.

Certains clients écoutaient la conversation tranquillement en dégustant leur commande sur place, ou bien tout en commandant. Les autres vendeurs libres avaient également un œil attentif sur cet adolescent vendeur. Il faisait partit des nouveaux et il y avait encore quelques petites choses à corriger pour en faire un vendeur correct.

Jay

- Très bien !

Le jeune homme fit alors ce qu'il savait le mieux faire, prendre les pâtisseries exposées en rayon et les placer méticuleusement dans un petit sac que le client pourrait emporter. Il piocha donc deux Losyetek et un croissant pour le borgne, rassuré qu'il ne pousse pas plus loin les questions gênantes. Il ne voulait pas qu'elle vienne. Il reprit son sourire, comme pour se convaincre lui même qu'il était bon vendeur. Il prit la monnaie et compta plus ou moins, cherchant plus à être rapide que précis, pour le paraître. C'était classe quelqu'un qui calculait rapidement mentalement et qui était confiant, et il plaça l'argent dans la caisse après avoir tendu le petit sac au monsieur. Quand il vit l'homme commencer à se retourner, il inclina légèrement la tête et commença à lui souhaiter la bonne journée mais fit interrompu.

Oh non, il recommençait avec ses questions dérangeantes. Quel enfer. Jay répondit instantanément de quelques mots, puis attendit encore quelques autres secondes. Durant celles-ci, il regarda à gauche à droite, suspicieux. Il était clairement moins sûr de ce qu'il allait dire cette fois-ci.

- Bah l'Archipel est rempli de civils, et y a vraiment pas de pirates, révolutionnaires ou marines. Enfin ils restent pas quoi, certains passent peut-être pour le cirque... je sais pas trop. C'est un endroit tranquille ! On est bien ici ! Le Cirque c'est l'endroit le plus connu, donc si y a des gens "huppés" c'est bien les acteurs du cirque. Ah si... y a bien le Lapin Noir, mais... il est bizarre.

Une silhouette s'approcha et coupa tout échange ainsi que le possible suspens installé par Jay en lâchant une tape à l'arrière du crâne d'icelui.

Kyla

- Si tu suivais les rumeurs aussi bien que tu comptais la monnaie on aurait pas de soucis avec les comptes.

L'intervenante jeta un regard accusateur et empli d'autorité sur le jeune vendeur qui se frottait l'arrière du crâne, le visage marqué par une certaine douleur. Elle reprit chacune des pièces qu'avait placé Jay -car elle l'avait observé tout le temps durant- et recompta elle-même de tête le prix de deux Losyetek ainsi qu'un croissant l'air toujours agacée. Les prix ? Elle les connaissaient de tête. Le compte était bon mais elle ne pouvait pas faire confiance au jeune, cette fois-ci il avait eu la chance d'avoir juste. La blonde sembla reprendre la discussion en plantant ses deux iris azur dans celui du chasseur.

Excusez-moi monsieur, Kyla pour vous servir, puis-je me permettre de vous demander pourquoi vous posez tant de questions ?

Elle était... belle, pour le moins dire.