Grimaçant, avec l'impression d'avoir des ancres à la places des jambes, je m'écroule sur une chaise devant un bureau rempli de paperasses diverses et variées, qui se sont entassés avec le temps.
C'est compliqué d'avoir un travail mêlant administration et entraînement: les deux aspects sont aussi prenants l'un que l'autre et je m'en rends d'avantage compte au fil des jours, surtout suite à l'opération Saint-Uréa. J'imagine que pour un "baroud d'honneur", les Décima ont voulus frapper fort sur plusieurs fronts et après la bataille, il y a la reconstruction... ou la paperasse...

Pour ma part, les derniers jours étaient très complexes, dans le sens où j'ai dû gérer un aspect auquel je prête peu attention de manière générale: le choix de mettre la sécurité des populations au second plan, pour foncer arrêter les suspects. Quelques soldats et supérieurs m'ont fait cette remarque à quelques reprises. Mais passée la troisième répétition, j'avais la sensation d'être devenu un disque rayé répétant la même chose sans arrêt et j'ai fini par laisser tomber, pour me concentrer sur quelque chose de plus "concret". À force de m'entraîner, j'ai réussi à débuter la maîtrise d'une autre technique du Rokushiki et cette dernière "évolution" me prend énormément de temps. Bon, au moins, ça me permet de me changer les idées et d'éviter les questions des soldats, même s'ils ont finis par se calmer au fil du temps.

Cependant, alors que je laisse l'entraînement pour traiter et classer la pile de documents sur mon bureau, une sonnerie me fait sortir de ma réflexion "comment gérer mon emploi du temps administratif vite fait bien fait, pour revenir à l'entraînement?"... Oui, j'ai des moments comme ça...
Frictionnant mes cheveux un moment, je sors mon Den-Den Mushi de mon holster, pour répondre à un appel qui semble venir du "boulot".

-Bonjour. Oui, c'est bien moi; c'est à quel sujet, Colonel Jerry?

Une quinzaine de secondes plus tard, je tombe à la renverse de ma chaise, me retrouvant vautré au sol, le regard perdu au plafond, complètement sonné...
Je... Hein?!?

-Je... Merci pour l'information... Colonel...
Mais... Je... Pourquoi une promotion aussi importante?

Je reste écroulé sur le plancher de ma chambre un moment, essayant de faire le calcul... J'ai sauté combien d’échelons dans la hiérarchie là?!? J'étais Sergent-chef il y a trente secondes à peine et maintenant... Commandant?!? Attendez... je ne suis même plus dans les rangs de l'infanterie maintenant!
Bon, OK, on se calme et on se pose deux minutes!
Donc... apparemment, mon rôle dans l'opération Saint-Uréa a eu une telle importance que j'ai eu une promotion aussi énorme? Ça aurait donné quoi si j'avais réussi à capturer les terroristes, au lieu que la moitié se fasse exploser; je passe directement Colonel?

Je me redresse difficilement, observant du coin de l’œil mes quelques galons de sergent-chef accrochés à ma veste en cuir... Avec le temps, je m'habituais peu à peu à ce garde-là et maintenant, je vais devoir m'habituer à encore un autre, autrement plus élevé?

La réponse de mon supérieur me laisse quelque peu perplexe... J'avais vraiment fait du bon boulot sur cette opération? Avec le saccage majoritaire de la ville et le fait que la majorité des suspects soient morts dans l'opération et que nous ayons donc peu d'informations à obtenir des prisonniers... Oui, j'ai du mal à être convaincu par tout ça, surtout une promotion aussi élevée... Ou alors c'est juste mon coté pessimiste et peu confiant en mes propres capacités qui parle.
Bah, laissons tomber cette histoire et acceptons ce qui nous est donné.

-Hum... D'accord, je tâcherai d'être à la hauteur de ce grade, Colonel.

Bien vite, après cette annonce en vient une autre, qui éveille d'avantage mon intérêt: les Décimas sont encore assez vivaces pour poser problème et je reçois bien rapidement une mission sur East Blue, pour neutraliser... une guerrière? Hum... Je vais devoir gérer mon entraînement différemment, pour être maximum de mes capacités, surtout après mes quelques contacts avec les Décimas. Je sais depuis un moment qu'ils sont bien fanatiques sur les bords et que même à l'agonie, ils vont me donner suffisamment de fil à retordre. Pour une première mission sous le grade de Commandant, ça s'annonce bien difficile, mais c'est ô combien essentiel de purger cette gangrène qui pollue les mers depuis trop longtemps.

-À vos ordres, Colonel.

J'observe d'un coup d’œil distrait mon bureau, avec une feuille de papier traînant dans un coin: des préférences d'affectations, avec "Grand Line" marqué en priorité... Cette décision va être retardée de quelques temps, mais tant pis, ce sera pour plus tard et j'ai pas mal de choses à faire.