Phéles Mephisto, nouveau directeur de Hell's GateIl faisait nuit. Les hommes et les femmes de cette île dormaient paisiblement, tandis que les souffles des enfants des rues étaient entrecoupés par les bruits de pas qui semblaient commencer à déverser sur l’île. Des dizaines de personnes avaient envahi les lieux sans pour autant intervenir, et les potentielles voix qui menaçaient de s’élever avaient été tues lors d’escarmouches qui ne méritaient pas d’être contées tant elles fussent futiles. Longtemps les gouvernementaux s’étaient tus sur les activités illégales du second « 1 » de Area Eleven, simplement parce qu’elles permettaient d’obtenir des informations au besoin.
Aujourd’hui, de plus grands plans avaient été écrits par les membres de la faction gouvernementale. Le sourire sur les lèvres, carnassier comme jamais, l’homme à la tête de l’expédition était en train d’arracher un cœur à main nue. Il croqua dedans avant de cracher la chair déjà pourrie de sa victime. Il n’aimait pas cela, il n’aimait pas laisser des dépouilles comme celles-ci… Et pourtant, elles étaient là, disposées par millier sur le chemin qu’il avait parcouru.
- Les ordres sont d’extraire les femmes et les enfants, et de…
- Tuez-les tous, lâcha le Mephisto en dirigeant sa main en direction d’une maison.
- Mais, Monsieur, les ordres sont…
- Tuez-les… tous.
La voix ne demandait pas à ce qu’on lui réponde. Il était catégorique, d’un strict nécessaire à cette situation. C’était une forme plus incisive de Buster Call. Ces personnes avaient vécu dans la misère et la haine des années durant : il allait briser ce cycle en exterminant jusqu’à la dernière âme qui vivait sur ce bout d’île. Ensuite, il ratisserait la ville principale pour trouver ceux qui auraient pu s’échapper, et il les exterminerait aussi.
De sa main, une lueur commença à se dégager. Elle prit de l’ampleur et brusquement la boule d’énergie alla fracasser le bâtiment sur sa droite. Le marine qui l’accompagnait dégluti avant de saluer, terrorisé, et de donner les ordres par Den Den Mushi. Plus loin, sur l’île, les hors-la-lois les plus puissants des lieux furent alertés par l’explosion.
Leurs noms seraient oubliés de l’histoire, le vampire s’en fit la promesse. Ils ne seraient plus que de misérables insectes sur un tableau noir. Sa volonté suprême, tout comme celle de sa maîtresse, était d’exterminer la vermine. Il avait fait preuve de repentance ces trente dernières années, et aujourd’hui le poste de Directeur de la nouvelle prison qui serait installée sur cette île lui était promis. On reconnaissait enfin ses compétences.
Quelques heures plus tard, les lieux furent totalement purifiés. Les hors-la-lois n’étaient de toute évidence plus, et ils n’avaient de toutes les manières jamais eu leur place ici. En arrière-plan, une tête bien connue du Gouvernement Mondial apparaîtrait aux côtés de Phéles, Le Damné le regarderait avec un air amusé, avant d’apercevoir le sang qui trônait le long de ses doigts.
Contre-Amiral Utomo Karast- Sacré Utomo Karast ! Dirait-il plein d’entrain. Tu as accompli ton avant-dernière mission avant ce poste de Vice-Amiral dont tu rêves tant.
Il maugréa, le regard rempli d’une haine certaine. Elle avait été entretenue, mesurée, ravivée à la hauteur de ce qu’on pouvait lui offrir. Saint-Constantin en personne avait rencontré ce pleutre caché derrière une armure de colère. Avec les prochains événements dont peu étaient au courant, il allait falloir désengorger Impel Down, et c’était l’objectif de cette prison. Brusquement, les deux hommes se retourneraient, sur leurs gardes, en sentant quelque chose derrière eux. Leurs visages respectifs s'apaiseraient en voyant la personne qui arrivait. La jeune femme aux airs angélique s'approchait, accompagnée de deux gardes qui semblaient veiller au grain sans rien enlever de la bienveillance qui émanait d'elle.
Soudain, quelque chose, comme une émotion nouvelle que Phéles ne ressentait que peu, et Karast jamais, apparut dans l'esprit des deux hommes. Ils prirent conscience de quelque chose qu'ils n'avaient pas compris jusqu'alors, comme si la présence seule de cette femme suffisait les rappeler à la raison, et à leur devoir en tant que protecteurs du monde.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que j'ai fait ?
Le vampire centenaire referma ses points devant la vérité qui s'offrait à lui. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Un massacre puéril et inutile. Karast se contenta de baisser les yeux, se mordant la lèvre tandis que ce sentiment de culpabilité l'envahissait, commençant à s'ancrer en lui comme jamais il n'avait eu de prise.
La femme qui se trouvait en face d'eux se nommait Naïna Anastasia. Elle était douce comme les rayons du soleil au printemps, enchanteresse comme les étoiles d'un ciel dégagé, protectrice comme le voile d'une sainte dans lequel on se serrait enroulé. Phéles eut soudain une peur, une seule : d'avoir déçu cette femme. Elle était présente en chair et en os, leur avait donné une mission et ils avaient échoué. Ils avaient échoué dans une mise en oeuvre pacifique, gangrenés par les idéaux d'un Gouvernement qui n'était plus celui auquel ils croyaient. Ce sentiment s'évaporerait sûrement quand ils seraient loin de cette femme, mais ils l'appréciaient car il leur donnait en même temps un sentiment de plénitude.
- Mes enfants...
- Madame, nous...
Elle avait cette douceur que toutes les mères offrent à leur progéniture quand elles la considèrent. Ses mains vinrent effleurer la joue de Phéles, alors même qu'il était bien plus âgé qu'elle, et elle prit un ton d'une douceur qui les mis face à leur acte de barbarie :
- Apprenez à vivre en expiant vos péchés, mes enfants. Allez aider les pauvres personnes coincées dans ce cauchemar. La Porte des Enfers attendra.
Elle irait, elle aussi, aider dans cette action de sauvetage intrépide, au milieu des hors-la-lois qui, apaisés par sa présence, n'agiraient plus de manière vindicative. Hell's Gate serait bâti à l'aide de la fierté constantiniste, sur l'espoir d'un monde meilleur. La présence de cette femme en ce lieu était une bénédiction... C'était un Miracle.
Naïna Anastasia, La Troisième Apôtre, Le Miracle