Francesko Abrahan

La mort de Talpan n'avait pas apporté la satisfaction à Abrahan : pas autant qu'il le désirait en tout cas. Ses liens sombres avec Tengen lui permettaient des largesses, mais il n'avait pas cru que le porteur de la mort serait une femme nommée Marie Fortis. Pourtant, il comprit rapidement qu'elle n'avait pas été seule dans cette conquête de mort.

- J'ai vu cela. Marie Fortis... Une chasseuse de prime de renom, aujourd'hui, grâce à cette cible. Elle a plus perdu qu'elle n'y a gagné... même s'il m'étonnerait qu'elle l'ait fait toute seule.

L'insinuation n'en était pas une vraie. Il avait un doute, car le rapport qu'on lui avait confié indiquait que la scène de crime avait été agencée différemment. Qu'importe, la marine adorait voir les criminels tomber. Ils ne chercheraient pas la vérité.

Francesko Abrahan

Il acquiesça silencieusement. C'était un aveu teinté d'une pointe de dissimulation, mais un aveu tout de même pour Abrahan. Il réfléchit un instant, avant de reprendre la parole dans le combiné.

- Souhaitez-vous être récompensé pour votre implication ? Contact avec quelqu'un en particulier, informations, je peux vous offrir quelque chose si vous ne souhaitez ni homme, ni argent.

Clair et succinct. Aaron aurait droit à de l'aide si c'était nécessaire. Pourtant, Abrahan n'était pas homme à s'éterniser dans des relations sans retour.

- Une fois cette conversation terminée, je ne ferai plus appel à vos services. Celui que vous m'avez rendu couvrait largement la mission perdue, et même plus, ainsi nous serons quittes. Considérez donc qu'il s'agit d'un dernier acte de générosité de ma part.

Francesko Abrahan

Des hommes sans scrupules, c'était dans ses cordes. Il donnerait à Aaron des mercenaires qui, inévitablement, finiraient pas s'attacher à lui ou par lui donner une estime qu'il ne méritait peut-être pas. En tout cas, il connaissait trois personnes qui feraient l'affaire, ainsi qu'une dizaine d'hommes de main qui obéiraient aux ordres du Guts, moyennant un salaire dont il s'acquitterait. Fermant les yeux, Abrahan eut une dernière parole à l'égard du noiraud :

- Donne-moi un lieu où ils doivent se rendre, et ils s'y rendront. Tu en disposeras comme tu le souhaiteras. Sur ce.

Une fois la localisation donnée, il laisserait à Aaron le soin de raccrocher. Puis viendrait le temps de contacter les trois têtes qu'il avait pu identifier, qui chercheraient à voyager avec Aaron car il leur conseillerait de le faire. Et finalement, il reprendrait sa vie nobiliaire, ne s'inquiétant plus que du prochain coup qu'il aurait à fomenter.