Aggaddon était adossé au mur, le visage baissé vers le sol. Son regard observait pourtant la salle, caché plus ou moins sous l’un de ses chapeaux richement ouvragés qui arborait de magnifiques plumes retombant sur une broche accrochée à l’un des côtés du couvre-chef. Il se demandait bien ce que Raki voulait lui dire. Il espérait que cela n’avait rien à voir avec la bataille d’Izaria. Le Médixès avait en effet quitté l’affrontement. Vu l’état dans lequel celui que le nobliau considérait comme le leader de Paradise s’était retrouvé suite au conflit, le mathématicien ne regrettait absolument pas son choix de se replier. Il avait évité de ce fait des blessures qui aurait été infligé pour une cause qui n’était pas la sienne. Sans parler bien évidemment du fait que les forces Décimas de North Blue étaient bien maigre en comparaison de celles de la Marine sur cette mer. L’issue de la bataille avait semblé assez clair aux yeux d’Aggaddon en raison de cela. Aider la Marine ça allait bien cinq minutes, mais perdre un bras pour ceux qui avaient l’avantage dans le conflit n’en valait pas la chandelle. Certes, il semblait qu’au final le vice-amiral Piso avait peut-être présumé de ses forces et de la tactique à employé vu l’état du champ de bataille, mais cela ne valait pas le coup de mourir pour cela puisque dans tout les cas une seconde attaque gouvernementale en aurait certainement fini avec les troupes du monarque de Merveille. Est-ce que Raki et Akira lui en voulait de les avoir laissé se battre pendant qu’il les attendait tranquillement sur le navire ? Le nobliau n’aurait su le dire et, en vérité, s’en fichait un peu. Même s’il commençait à apprécier la compagnie du binôme, il fallait qu’il demeure imperturbable pour le bien de ses propres projets.

Un soupire quitta les lèvres du Médixès tandis que les enfants pénétraient dans la salle. Qu’est ce que Raki voulait faire avec eux ? Il avait deux ou trois idées sur la manière d’utiliser correctement de fidèles petits chienchiens discrets pour mener à bien certains projets. Finalement, quand le Goshuushou s’exprima, un sourire commença à se dessiner sur le visage du polymathe toujours adossé à son mur. Il voulait se servir des jeunes comme des espions. Intéressant. Très intéressant même. Voilà une façon productive pour Paradise de se construire un réseau d’information. Avec l’infiltré dans la Marine dont Raki avait obtenu le nom via Viny, cela semblait être un bon début pour tisser sa toile. L’information était une arme puissante et importante. Grâce à cela, il était probable que l’organisation puisse avoir quelques coups d’avance sur divers opposants. Enfin, cette histoire n’avait peut-être rien à voir avec la mission qu’il allait recevoir, néanmoins cela satisfaisait Aggaddon que l’anarchiste passe ainsi à l’étape supérieur. Cela rendait la collaboration plus productive. Définitivement, le Médixès ne regrettait pas d’avoir choisit ce groupuscule comme allié pour reprendre le pouvoir dans son marquisat. Le nobliau observa les garnements dans la salle et sourit un garçon qui croisa son regard. Ce dernier détailla les vêtements du mathématicien. Ils se demandaient peut-être pourquoi une personne au train de vie semblant aisé faisait aux côtés des libérateurs d’Ironfall…

Celui que le Médixès considérait comme le leader de Paradise laissa les enfants se disperser tout en leur offrant la possibilité de venir apporter leur aide aux deux autres adultes présents. Cela pourrait être pratique s’il y avait moyen de mettre à profit cet appuis. La remarque sur le sujet de ne pas tuer les enfants fit rire intérieurement le nobliau qui n’aurait absolument aucun scrupule à commettre un tel acte si un garnement pourrait compromettre ses plans à cause de ce qu’il aurait pu observer. Enfin, il n’en fit bien entendu pas part à Raki. Cela aurait été une action des plus stupides. En tout cas, c’est en premier lieu Akira, co-fondateur de l’organisation anarchiste qui représentait un atout certain pour cette dernière et donc pour certains projets du mathématicien, qui reçut sa mission qui concernait la récolte de nourriture ainsi que l’enseignement des méthodes dont utilisé le maudit du vaudou pour arriver à de tels fins. Le Goshuushou s’approcha ensuite d’Aggaddon qui leva un sourcil en observant l’enveloppe que sortit son patron actuel. Ainsi Mélia était à Nortis… Chez Mazda qui plus ait. Voilà qui permettait de faire converger les intérêts de Paradise avec ceux du natif du marquisat de la même île.

-Merci… répondit donc le polymathe en accordant le geste à la parole tout en faisant attention à ne pas se montrer trop protocolaire étant donné qu’il n’était pas dans un milieu nobiliaire.

Ce n’était pas tout. Comme le Médixès s’y attendait, lui aussi allait devoir jouer au professeur. Ce ne serait pas la première fois qu’il s’occuperait d’une telle tâche à vraie dire. Le savant avait enseigné à plusieurs reprises dans quelques établissements scolaires, principalement des universités. Cette fois-ci cependant, ce ne serai pas des mathématiques de hautes volées qu’il allait devoir transmettre même si son domaine de prédilection resterait dans le spectre de ce qui allait être abordé avec ces défenseurs. Il allait être temps de faire ressurgir le savoir en ingénierie qu’il avait à disposition afin de parvenir à dresser des plans sur l’armement qui allait être réalisé en se basant sur ce qui était à disposition. Cela allait demander un certain travail sur le plan créatif en plus de la transmission de savoir. De la débrouille, voilà qu’il était gâté. Il fit glisser l’enveloppe regorgeant d’informations dans sa tenue avant de hocher la tête pour signifier qu’il accepter la charge qu’on venait de lui présenter.

-Shabondy ? L’Archipel Shabondy ? C’est extrêmement loin. Au bout de la première partie de Grandline. C’est en effet assez célèbre dans le monde souterrain comme un véritable pilier du commerce underground mondial. C’est grâce au mystérieux employeur de Viny que tu as été aiguillé vers des relations à nouer sur place ? Si ce n’est pas le cas, je t’aurais bien dit de tenter de passer par lui… Néanmoins, nous ne savons pas réellement ses intentions et si son aide sera de bonne fois ou qu’il répondra seulement dans son propre intérêt. Après tout, si nous nous créons de nouveaux alliés, nous pourrions avoir moins besoin de lui… Même si le sang qu’il a prélevé serait un très bon moyen de pression en fonction de ce qu’il dispose pour en user.

Suite à cet échange, Aggaddon sortirait pour prendre la direction d’une petite troupe d’enfants, n’hésitant pas à râler intérieurement de devoir se trimbaler des jeunes idiots dans leur genre qui ne comprendrait peut-être pas toutes les complexités qui allaient être traités pour la conception de l’armement d’Ironfall… Une chose le ravissait cependant : Paradise irait bientôt s'occuper de Nortis. La première étape allait enfin arrivé à son terme.

Le Médixès se trouvait en face de plans et de divers schémas qu’il avait agrémenté de nombreuses notes tout en donnant ses explications aux personnes qui l’entourait. Il avait tenté de ne pas trop s’enfoncer dans un point de vue technique pour simplement se limiter à la mise en avant pratique : ce que cela allait faire, comment on l’incorporer à l’arme, mais pas comment cela marchait généralement à part pour les notions les plus simples qu’il avait à déployer pour l’événement. C’était désormais aux ouvriers de se débrouiller pour réaliser tout cela en espérant qu’ils avaient suffisamment intégrer les explications du savant qui leu avait fait gracieusement don de son expérience dans le milieu de l’ingénierie et des sciences en général. C’est alors que le savant vit la silhouette de Torco se détacher de l’environnement. Perdu dans ses explications et le tri sur ce qu’il fallait dire et ne pas dire pour éviter de perdre l’attention de son auditoire, le polymathe n’avait aucunement fait attention à la présence de celui qui avait plus ou moins pris la tête d’Ironfall durant l’absence de Paradise.

-Depuis combien de temps es-tu là ? Peu importe. Qu’est-ce qu’il y a ?

Aggaddon apprit ainsi que l’homme avait été envoyé comme messager pour voir où il en était. Une convocation de la part de Raki ? Déjà. Il avait certainement un autre travail à lui confier. Si les membres de l’organisation était dépêché pendant plusieurs jours aux quatre coins d’Ironfall pour venir en aide aux habitants et préparer l’île à se défendre et survivre, il allait falloir prendre son mal en patience sur le sujet qui l’intéressait, à savoir Nortis. Le Goshuushou lui avait parlé de son départ avec Akira pour Shabondy, mais il ne savait pas encore pour quand ce voyage était. Finalement, le nobliau hocha la tête et se mit à suivre Torco en faisant quelques salutations protocolaires aux enfants l’ayant accompagné, certains s’amusant de ces manières nobiliaires qu’ils ne connaissaient pas réellement et qui sortaient de l’ordinaire pour leur petit univers se résumant à cette île. Le Médixès demeurait en silence, regardant les terres d’Ironfall qui s’étendaient autour d’eux.

-Que me vaux cette convocation ? Une nouvelle tâche à me confier ?

-J’aurais préféré, avoua le gestionnaire de l’île.

Le savant haussa un sourcil, mais ne s’exprima pas davantage. Son guide semblait plus ou moins désapprouver ce qu’il se passait. En tout cas, il était tout sauf ravi. Une certaine angoisse avait hanté son regard lorsqu’il avait répondu au riche à la chevelure d’ébène. À moins qu’Aggaddon se faisait des idées et surinterprétait des détails. La villa commença à apparaître dans les feux célestes du crépuscule et le binôme s’y engouffra donc pour rejoindre la position de Raki. En arrivant, le Médixès fut assez surpris de découvrir un homme portant un masque… Un masque qu’il avait déjà vu ici même à Ironfall. En tant que L’éternel, il l’avait même affronté. Réveillant son haki de l’observation qu’il commençait à maîtriser, le nobliau sonda la voix de cet inconnu à la recherche d’indice et afin de rester à l’affut.

Les paroles de Raki secouèrent le Médixès qui écarquilla les yeux quand ce dernier laissa entendre dès sa seconde phrase qu’il était jusqu’à aujourd’hui le Mocking Bird, avant de le confirmer dans la phrase qui suivit. Cela voulait dire que cette nuit-là, le Médixès avait confronté le Goushuushou. Pourtant c’était à Ironfall, après la chute de Gunther. Il ne disait donc pas toute la vérité. Le félin ne portait pas le masque uniquement pour obtenir des informations sur les trafics de Gunther. L’usage qu’il en avait fait ce jour-là était certainement très différent de cela. Libérant une nouvelle fois son haki de l’observation, le savant sonda rapidement l’esprit du fondateur de Paradise même si les informations que cela pouvait lui donner était assez sommaire, n’enrichissant que très peu les paroles du nouveau dirigeant d’Ironfall. En fait, le mathématicien chercha finalement à essayer de se familiariser avec la voix du Goushuushou afin de pouvoir un jour la reconnaître s’il portait le masque du Mocking Bird. Cela ne se ferait pas sur une seule journée et le polymathe devrait côtoyer le zoan régulièrement afin d’être en mesure d’identifier la voix, comme pour celle oral en fait. Cependant, cela voulait dire qu’on pouvait faire de même pour l’associer à L’éternel. Cela impliquait donc que le Médixès devait dissocier les personnes avec qu’il faisait affaire en tant qu’Aggaddon et celle avec qui il traitait en tant que L’éternel. En tout cas, l’originaire de Nortis profitait que l’anarchiste déballe ses inepties au sujet de l’insoumission et la liberté des gens pour s’exercer à la reconnaissance des personnes via le fluide perceptif, ce qui lui valait d’avoir la concentration marquée par les traits de son visage.

En tout cas, la suite s’annonçait prometteuse. Pendant le log voyage du cœur de la troupe de Paradise vers Shabondy, le nobliau aurait tout le loisir d’établir ses plans pour la conquête du marquisat. Le dernier de ses frères allait tomber et il ne resterait plus qu’à s’occuper du baron Ahura Mazda ensuite, ainsi que de ses alliés. Aggaddon allait pouvoir contacter tous ceux qu’il avait rassemblé au nom de sa cause afin d’éliminer le marquis de Médixès actuel, à commencer par la comtesse de Hjundir et le duc de Saint-Roy, seigneurs des deux autres domaines de l’île de Nortis. Après six ans de travail, la polymathe allait pouvoir atteindre son premier objectif : l’élimination de sa fratrie. Un sourire furtif apparut sur son visage à cette pensée. Raki poursuivit avec son petit baratin au sujet d’accueillir les gens en quête de liberté sur les terres de l’organisation, néanmoins le nobliau devrait s’y plier pour poursuivre sa collaboration avec le zoan et le maudit du vaudou. Pour la partie sur ce qu’il faut faire à leurs ennemis, cela semblait cependant des plus logiques.

-Ne vous inquiétez pas, nous nous occuperons de tout pendant votre absence. Si certains veulent venir nous déloger d’ici, ils n’ont qu’à bien se tenir, déclara-t-il afin d’accepter la charge qui lui était confié.

Le Médixès discuterait ensuite avec le Goushuushou afin d’aborder la gestion de l’île, le savant récoltant les informations importantes pour la régence qu’il allait effectuer durant l’absence des fondateurs de Paradise. Né dans un château, il s’y connaissait assez bien en ce qui était de s’occuper d’une cité et sous sa magistrature les travaux de reconstruction, de solidification et d’armement allait être structurés afin d’être optimisé. Il quitta d’ailleurs la salle afin d’aller chercher son escargophone, il allait contacter ses collègues universitaires, notamment les géomètres et les personnes calés en architecture et en ingénierie, afin de pouvoir établir plus rapidement les plans à ce sujet. Néanmoins, il commencerait d’abord par contacter ses alliés pour les informer que la mise en marche de son plan allait se faire d’ici peu…