Les Vamps !

Nils sauta à pieds joints sur le sable. Le débarquement avait été plutôt rapide et il ne lui avait fallu que peu de temps pour monter le bivouac avec ses hommes. De nombreuses légendes peuplaient cette ile proche de Grand Line et il avait été envoyé avec le Compost pour mettre à jour tout un empire de vampires. De nombreux villageois s'étaient plaints de disparitions diverses et variées et il avait fallu répondre à leur demande. Quoi de mieux pour faire semblant de s'occuper de la populace que d'envoyer le Compost s'occuper d'une telle mission ?

Bon nombre des membres de l'équipage avaient choisi de rester sur le navire plutôt que d'accompagner l'ancêtre. Seul Montnostie et Mama Ité avaient choisi de suivre le contre-amiral dans sa quête. S'appuyant sur son baton, le docteur Gratz poussa un long soupir, témoignant ainsi de sa volonté quant à la réalisation de sa mission : beaucoup trop faible.

Ainsi, une fois les feux de camps et les premières tentes montées, Nils indiqua ses ordres pour prendre la direction de la ville la plus proche. Le cliché de la taverne était bien réel mais surtout nécessaire : quoi de plus efficace pour obtenir des informations que de se fier aux soûlards du coin ? Nils esquiva une chope qui volait dans un coin d'un simple signe de tête : quelques hommes étaient déjà en train de se taper dessus en se traitant de noms d'oiseaux bien divers. En réalité, il ne fallut que quelques secondes à peine pour que le Gratz ne comprenne de quoi il retournait.

- Nan mais ta mère est tellement grosse que même le comte Robrob voudrait pas d'elle de peur de chopper le choléstérol !
- Et toi, personne chercherait à te rejoindre dans la forêt tellement.. tellement... tellement que tu n'aimes pas la nature !

Bon, il était certain qu'il y avait un poivrot bien plus doué en répartie que l'autre mais à peine fut-il entré que le contre-amiral avait déjà obtenu l'information... que demander de plus ? Sans même prendre la peine de commander la moindre boisson, le vieil homme choisit de sortir de la maison mais surtout de la ville en direction de la forêt. Au loin, des corbeaux s'envolèrent et les arbres paraissaient bien plus mourants qu'ils n'auraient dû l'être. Quelque chose de louche se tramait sur cette ile : c'était certain.

Alors que le trio était en marche en direction de la forêt, Nils ne chercha aucunement à prêter attention à ce qu'il pouvait se passer dans son environnement. Tête en l'air, il ne fut alerté qu'à la dernière seconde par la grosse dame cantinière.


Attention !
Trop tard, Nils était rentré dans quelqu'un... comme quoi, il fallait toujours faire attention où on allait. Malheureusement pour Nils qui était en tord, la possibilité de s'excuser s'envola bien vite tandis qu'il invectivait déjà la pauvre victime de cette collision fortuite.


Namédidonc ! Tu peux pas regarder où tu vas un peu toi naméoh ! De mon temps on savait où on mettait les pieds hein ! Sale gosse !
Il pouvait tout à fait ne s'agir que d'un être aussi vieux que lui mais il était évident que le grand-père n'allait pas laisser passer cette offense. Les épaulettes au vent, le regard de contre-amiral perçant, il risquait simplement de ne pas se faire d'amis.

Les Vamps !

Mais ?
Tout était allé vraiment très vite pour l’ancêtre et le groupe qui s’était dirigé en forêt. Le petit garçon qu’avait rencontré les membres du Compost s’était enfui tel un amant découvert par le mari. Regardant le jeune homme partir au loin, Nils laissa son doigt en l’air suspendu comme s’il avait une question à poser. En réalité, il avait bien un millier de questions à poser... et si c’était lui qui était responsable de la mission initiale ? Mais dans quel pétrin s’était-il encore fourré ?!

Finalement, voyant que l’agitation avait disparue et que le gamin n’était plus visible, Nils s’avança peu à peu en direction de la forêt avec son groupe. Une aura noire commença à envelopper les membres du Compost qui ne parvenaient pas à sentir autre chose qu’une odeur de verdure. Montnostie projeta son haki de l’observation afin de percevoir quelque chose mais rien, même les voix de ses compères n’émettaient aucun son. Inquiet, il palpa le corps de la grosse dame qui hurla de terreur avant de foutre un gnon au vieil homme. Grognant sous le choc qu’il n’avait pas pu prédire, Nils dut reprendre à l’ordre ses deux subalternes.


Non mais c’est pas bientôt fini vous aussi ?! Chuuuuut !
Joignant son index à la parole, le contre-amiral resta perplexe quant à la réflexion de Mama Ité “c’est lui qu’a commencé”. Le Gratz soupira tant il pouvait parfois trouver ses hommes insupportables. S’ils n’avaient pas été remarqués depuis leur arrivée dans la forêt, nul doute que les derniers bruits auraient alerté les résidents. En guise de témoignage, des volatiles inconnus de l’ancêtre s’envolèrent à quelques mètres à peine de leur position.


Vous voyez ce que vous avez fait avec vos conneries !
Le regard des deux autres se leva sans préambule, c’était le Gratz qui faisait maintenant le plus de bruit et de nouveaux oiseaux venaient de s’envoler en direction du ciel. Tous deux se plantèrent la main contre le visage dans un facepalm digne des plus grands avant de faire non de la tête. Reportant leur regard en direction de l’ancêtre, Mama Ité donna un léger coup de coude au prêtre pour lui dire de regarder un poil plus au-dessus.


Quoi ?! J’ai un caca d’yeux ?
Les deux subordonnés levèrent alors leur main en direction du dessus du crane du vieillard comme s’ils étaient agités par la vision de quelque chose. Effectivement, une masse noire avec deux yeux globuleux tintaient dans l’obscurité.


Bah quoi ?
Un filet de bave de bestiole venait de s’écraser sur la tête du grand-père qui manqua de se noyer sous le dégout. Rejetant son regard en direction de la bestiole, il pouvait décemment bien mieux la percevoir. Une sorte de T-Rex géant grognait puissament dans le dos du vieux monsieur. Nul doute que le moindre faux pas risquait de mettre en péril la vie du Gratz. Bien décidé à y aller le plus doucement possible, le vieillard commença à faire quelques pas en arrière... un pas... un deuxième...

CRAC.

Sous l’impulsion d’un mauvais pas, un bout de bois craqua sous la chaussure du grand-père qui déglutit péniblement. La bestiole ouvrit la gueule de façon gigantesque avant de pousser un rugissement digne des plus puissants dinosaures.


Courage ! Fuyons !
Tous avaient eu la même idée bien que de façon totalement désorganisée : les trois compères étaient partis dans trois directions différentes et... manque de chance ! C’était Mama qui était poursuivi par la bestiole ! A croire que son côté bien en chair avait eu raison de l’appétit du méchant pas beau... seulement voilà : Nils était désormais perdu dans la forêt.