Octave de Thermopolis, X
Il avait pris la direction du piteux hôpital de campagne, comme il aimait le décrire. Cet endroit était en réalité un lieu à la pointe de la technologie : il y avait tout ce qu’il fallait pour effectuer n’importe quelle chirurgie réparatrice, et l’Archer pourrait certainement en profiter très rapidement. Pour Octave De Thermopolis, l’importance d’une telle structure était cependant inexistante : il la comprenait, mais s’il fallait la raser pour construire un hôtel, il n’hésiterait pas. Les Dragons Célestes avaient en général leur propre corps médical. Lui se baladait souvent avec un Docteur, spécialiste après des dizaines d’années d’études qui, aujourd’hui, étaient consacrées à une seule personne. C’était bien sûr un esclave : et il avait pour objectif de survivre. La peur ne le tétanisait heureusement pas, mais un jour, s’il faisait une seule, une simple petite erreur, il serait tué comme tant d’autres avant lui.

- Maître, nous avons dépassé l’hôpital.

La voix de X venait de résonner, tandis que le Dragon Céleste, qui menait son petit cortège composé de son garde du corps et de son médecin, remarquait une fois encore qu’il n’avait pas de sens de l’orientation. Il ne put que sourire devant son erreur : un autre la lui aurait fait remarquer, il aurait passé un sale quart d’heure, mais X était autorisé à lui faire ce genre de remarques. Il était même absolument nécessaire de les faire au bon moment : pas trop tôt, au cas où Octave pourrait encore se rétracter, et pas trop tard pour que cela ne soit pas pénible de la corriger.

- C’est là. Docteur, demande la chambre de Ghetis Archer.

Une fois que l’infirmière la lui aurait indiquée, le Dragon Céleste prendrait le monte-charge. Tout était adapté pour que son imposante protection, son hublot qui filtrait l’air ambiant, puisse passer sans problème n’importe où. Le scaphandre était un outil indispensable, bien que pédant. Certains de ses compatriotes de Marijoa n’en portaient pas sur leurs propres terres, mais lui avait du mal à s’en passer : enfin, heureusement sa tenue était élégante malgré cela, il avait réussi à customiser son attirail, ce qui lui donnait un style assez épuré, à l’image des dieux de certaines religions.

- Toque.

Le médecin sut que l’ordre était pour lui. Il toqua à la porte de la chambre, et une fois qu’ils seraient invités à entrer, le Dragon Céleste et son étrangement maigre cortège entrerait dans l’hôpital. Discrètement, des ombres semblaient cependant graviter autour de lui, épiant le moindre de ses mouvements… Ou plutôt le moindre des mouvements de ceux qui l’entourait. L’Archer, grâce à son Observation, n’aurait aucun mal à le comprendre.

Octave de Thermopolis, X
Finalement, il entra. Après s’être trompé de chambre, comme son mauvais sens de l’orientation l’aurait laissé penser, il était arrivé devant celle de l’Archer. Cette fois-ci, il n’avait pas toqué : il avait directement demandé à ce qu’on lui ouvre la porte. Son regard était amusé, même si quelques cernes avaient posé valises sous ses yeux. Il était un homme au sommeil tumultueux, parfois. C’était cela quand on était l’homme le plus important du monde.

- Archer ! Et… Oh, vous avez ramené un ami ? Je ne vous connais pas, fit le Thermopolis en fronçant les sourcils.

Puis il haussa les épaules, se désintéressant totalement de Caligula. Si ce dernier se présentait comme il aurait été coutume de le faire, le Dragon Céleste répondrait sèchement « Je ne vous ai pas demandé de parler. » et passerait à autre chose. Il n’aimait pas ce type de personnes… Encore moins quand elles avaient des ailes dans le dos. Ce foutu « peuple du ciel », toujours à se croire supérieur. Laissant cependant son ressentiment de côté, il était ravi de voir que le Vice-Amiral avait réalisé sa part du marché.

- Bien, vous savez pourquoi je suis ici. Ne faisons pas traîner les choses. Où est mon jouet ? Oh, bien sûr, j’aimerais l’avoir avec sa panoplie : sa main et son casque. S’il doit être efficace en arène, il doit surtout avoir tout ce qu’il faut pour lui !

Il trépignerait d’impatience. Si l’Archer savait à quoi s’en tenir avec les Dragons Célestes, ce n’était sûrement pas une possibilité de lui demander « d’attendre » ou de revoir ses exigences à la baisse. Cet homme n’avait besoin de rien en ce monde, il possédait tout. Enfin, presque… Il avait fait une croix sur ce charmant Vice-Amiral et pourrait à présent s’amuser avec son nouveau jouet. Qu’est-ce qu’il était impatient de le tester.

Octave de Thermopolis, X
« Son fils ? ». Oh, c’était donc cela qu’on appelait l’attachement, donc. Il n’avait jamais réellement pur expérimenter ce type d’émotions. Bien sûr, il appréciait certaines personnes qu’il côtoyait : elles l’amusaient, le rendaient jouasse… mais jamais il n’avait réellement compris le sentiment que pouvaient partager le peuple d’en bas sur cette notion de « famille » qui extrapolait les limites du sang. Il ne ferait cependant pas l’affront de partager ces pensées avec son interlocuteur, non pas qu’il reconnaisse la présence de ce garçon, mais il avait plus urgent à faire.

Haussant un sourcil, le Thermopolis ne releva pas. Une requête donc, c’était bien ambitieux : mais seuls ceux qui manquaient d’ambition étaient destinés à rester au bas de l’échelle. Si cette personne lui demandait une faveur, c’est qu’il considérait soit qu’il était mal récompensé, ce qui mettrait en cause le jugement d’Octave, soit qu’il voulait procéder à un autre échange. Pour le Dragon Céleste, la deuxième option semblait plus probable.

- Je vous suis, je préfère ne pas attendre et je suis curieux que vous m’exposiez en chemin votre requête.

Quittant les lieux aseptisés où les blessés des autres Purges étaient en train d’être guéris, l’agitation commençait à se faire dans les couloirs tandis qu’on venait de transférer un Colonel et ses subordonnés qui, avant, étaient pris en charge plus bas mais qui, aujourd’hui, menaçaient de mourir. Malgré la précipitation, la présence du Dragon Céleste obligeait les soignants à agir avec une minutie emplie de pression… Au point que rapidement, deux des membres de l’équipage du Colonel moururent dans des salles où ils avaient été obligés de se recueillir pour laisser passer le dieu vivant.


Nathanael Winch, Chef de la Garde de Marijoa, & Mendela
Pouvait-on réellement lui attribuer ces morts ? C’était en tout cas certain qu’il s’en fichait. Il n’eut pas même une pensée pour ce bas peuple, contrairement à Ghetis qui pourrait comprendre la situation. Etait-ce là le type de dieu qu’il voulait devenir en régnant sur le monde des cieux ?

- Préparez le prisonnier.

Le Chef de la Garde de Marijoa avait été appelé en personne pour s’occuper de cela. Quand ça touchait à Octave, les hommes de loi étaient extrêmement précautionneux. Ils avaient tout prévu. Les espions faisaient un travail remarquable, donnant des informations pour couvrir à l’avance tous les déplacements du Dragon Céleste. Lorsqu’il avait évoqué qu’il allait chercher Mendela, ils avaient anticipé sur le Vice-Amiral et s’étaient même déplacés pour encadrer la sortie d’un des plus dangereux Nebulas.

Lorsque le chef observa son prisonnier, il fronça les sourcils, se demandant s’il gardait encore un coup fourré. On avait déjà pris soin de vérifier s’il avait une bombe à l’intérieur de lui, pour éviter toute mauvaise surprise : tous les terrains étaient couverts. Il ne restait plus qu’à l’amener à mi-chemin. La patience d’Octave avait des limites beaucoup plus fragiles que ce qu’on pouvait penser, surtout si ce fin calculateur voulait mimer une crise avec la marine dans le but d’avilir l’Archer. C’était le rôle de toute une communauté de l’ombre de l’empêcher d’avoir ces idées, pour que les membres de l’amirauté ne tombent pas les uns après les autres…

Levant brutalement un Mendela drogué et faible, couvert de blessures et de bandages, mais vivant, ils entamèrent son chemin de croix en direction de l'endroit où sa vie deviendrait un véritable enfer. Ce serait une fin qui ferait envier Impel Down même aux pires des criminels.

Octave de Thermopolis, X
La balade était agréable. Octave se faisait parfois porter, mais aujourd’hui il était d’humeur à utiliser ses jambes, aussi faibles soient-elles. Tandis qu’il avançait de son côté, il se doutait que la Garde de Marijoa ou un quelconque subalterne en faisait de même de l’autre côté. Il l’avait anticipé, avant même que ses espions aient eux aussi anticipés le besoin qu’il aurait d’avoir accès rapidement à Mendela Yorkshire. C’était le genre d’homme qu’Octave était : un calculateur. Il n’était pas à sa position actuelle pour rien : d’autres auraient pu tenter d’y accéder, les coups bas étaient légions sur la Terre Sainte, mais c’était lui qui avait le mieux manipuler l’opinion, le mieux évité les tentatives d’assassinat, pour en arriver là.

Lorsqu’il évoqua la liste de ses alliés, ou des personnes qui semblaient l’estimer, le Thermopolis ne put s’empêcher de se dire qu’il en rajoutait. Grossir les traits était souvent nécessaire, et il avait eu de très courts contacts avec des personnes comme Mijushike et Satan, aux dernières nouvelles. Autant dire que le Vice-Amiral n’avait pas vraiment une « alliance » avec ces personnes-là. La Section Scientifique lui avait conseillé un ingénieur expérimenté, et il se murmurait qu'ils n'étaient pas défavorables à son ascension... Rares étaient les gradés qui alignaient la monnaie comme lui, mais là encore, malgré les multiples échanges, Octave n'avait à sa connaissance rien de formel. Quant aux Thalassa, leurs positions étaient floues, les échanges qu'ils avaient eus avec Ghetis avaient été protégés... Les faits étaient de son côté, au moins pour ceux-là. Fallait-il le lui faire remarquer ? Pour le flatter, il valait mieux éviter. Encore mieux : l’Archer prit des gants tandis que l’esprit du Thermopolis accomplissait les dernières ébauches à sa réponse, qui se présentait autant comme un plan sur l’avenir que comme une intéressante poursuite à ses échanges actuels :

- Vous avez un titre de héro, certes, mais les cartes ont été rebattues lorsque Sergueï a été nommé Amiral-En-Chef… Et que Chairoka a été écartée de l’équation par les Constantinistes. Vous saurez que j’affectionnais particulièrement Lida Asya, même si nous n’avions que peu d’occasions de nous rencontrer.

Il s’arrêterait, songeur. Qu’importe la bouche qu’il nourrissait tant qu’elle ne le mordait pas, et il savait qu’avec cette femme au pouvoir, son règne sur la plèbe serait garanti de son vivant. Elle était suffisamment futée pour savoir où était sa place, même avec son pouvoir extraordinaire. Ainsi, il faisait partie de ces gens qui n’étaient pas les premiers fans de Saint-Constantin et de ses positions.

- J’ai ouï dire que les Amiraux avaient été déjà nommés… Et que vous ne faisiez pas partie de la liste. Anna Mendez, alias Aokiji reprend sa place, Mark Robinson, qui était un pion et qui a été libéré en même temps que Kizaru, est nommé à ce poste, et Tsuki Wakai continue son cheminement. J’ai bien sûr été attristé lorsque j’ai appris la nouvelle.

Il continuerait de sourire. Il n’avait absolument rien ressenti, et était même plutôt satisfait de ce constat, sans quoi il n’aurait pas pu continuer à parler :

- Cependant, il existe une quatrième place d’Amiral, pour l’instant laissée vacante. Avec mon soutien absolu, cette place sera vôtre.

Il soupirerait alors, baissant les bras en s’arrêtant au milieu de la place qui se vidait avec son arrivée. De toute évidence, autour de lui, les nobles et les personnels présents s’écartaient pour éviter le gêner. Là où on aurait pu voir un pestiféré, il se considérait comme relevant du divin.

- Je vais devoir batailler dur pour vous obtenir cette place j’ai donc deux conditions à poser pour mon concours total. Tout d’abord, vous me devrez quelques services que vous permettrons votre nouveau grade. Quand j’en aurai besoin, je ferai appel à vous pour assurer la balance entre les Constantinistes et les Dragons Célestes… Des opérations qui bien sûr ne mettront pas en péril le Gouvernement Mondial.

« Vous répondrez de moi. », c’était ce qu’il était en train de lui dire. Les Amiraux, et c’était encore plus vrai ces derniers temps, avaient une latitude de mouvement énorme lorsqu’ils se battaient dans l’intérêt du Gouvernement Mondial. Il voulait s'en servir pour garantir ses intérêts.

- Ma seconde condition concerne vos amis ailés. Je souhaite que vous m’envoyiez tous les criminels qui auraient été arrêtés pour meurtre, trahison au Gouvernement Mondial, pédophilie ou viol… Ce qu’ils adviendront me regardera.

« Vous établirez la peine de mort. ».

- Bien sûr, je m’assurerai de votre loyauté en postant un de mes hommes dans les îles célestes. Il n’aura aucun pouvoir décisionnaire là-bas, vous pourrez continuer à faire ce que vous désirez de vos sauvages.

Cette déclaration était étonnante. Il reconnaissait d'une part la souveraineté de l'Archer sur le peuple des îles célestes, mais assurait aussi leur intégrité. Il considérait que le marché était équitable, et comme il l’avait dit, son stock d’ailés commençait à manquer. Il aurait besoin d’une petite cargaison prochainement. Il sourirait à Caligula, comme si ce dernier avait soudain commencé à exister à nouveau.

Octave de Thermopolis, X
« Méprise » ? Il osait dire qu’un Dragon Céleste s’était trompé ? X regarda Octave, attendant un signe pour trancher l’Archer qui était plus faible que jamais, mais il ne vint pas. En effet, le Dragon Céleste semblait simplement abandonner l’idée d’un revers de la main, peut-être une preuve qu’elle n’était pas si importante. Ce qui semblait plus le faire tiquer était la constatation sur le Constantinisme et les Dragons Célestes, puisqu’il n’avait pas prévu qu’en plus d’un refus, il ose se montrer curieux. L’idée de le faire exécuter après un palpitant spectacle dans son arène lui traversa l’esprit, puis il se dit que le Gouvernement Mondial ne le laisserait pas faire. Il savait de sources sûres qu’ils n’avaient pas prévus de lui donner le poste d’Amiral… Pas tout de suite, pas aujourd’hui. Cependant, c’était un projet qui semblait réellement pouvoir se concrétiser à court terme. D’ailleurs, il aurait tout fait pour qu’il ne se réalise pas s’il lui avait manqué de respect, mais ce n’était pas le cas. Il pourrait donc au moins lui offrir le bonheur d’une réponse.

- Tout le monde n’est pas ravi du départ de Lida Asya, éluda-t-il en répondant au sujet de la guerre de faction. Quant aux services, ils seraient bien évidemment toujours dans l’intérêt des Dragons Célestes… Voler la gloire des Constantinistes, protéger des cargaisons spéciales, entre autres.

« Spéciales » : de toute évidence, des esclaves. Ghetis n’était pas stupide, pas plus que la personne à ses côtés. Ils comprendraient rapidement où il voulait en venir, mais de toute évidence il n’attendait pas une nouvelle réponse. L’idée de devoir travailler pour mettre l’Archer à son poste d’Amiral était déplaisante, et il y avait de toutes les manières un autre chemin qui s’offrait à lui. Si X remarqua la colère de Caligula, Octave l'ignora royalement, ne portant même plus son regard sur le sauvage.

- J’avais prévu de garder votre « géant ailé » si vous aviez accepté… Mais certes. Il vous sera livré directement sur les îles célestes.

Il ne dit pas comment ni où exactement, mais de toute évidence ça n’avait pas d’importance. Il s’apprêtait à déplacer une nouvelle pièce d’échec en provoquant Caligula. Sa bouche s’ouvrit, mais on l’interrompit. Dans son dos, il entendit le son des chaînes qui se déplaçaient.


Nathanael Winch, Chef de la Garde de Marijoa, & Mendela
Le corps drogué et en piteux état de Mendela était traîné par le Chef de la Garde de Marijoa. Celui-ci avait le regard droit, et il le dirigea sur Ghetis avec un air franc, le saluant après avoir réalisé les formalités d’usage auprès d'Octave qui s’approchait de Mendela, le touchant partout pour tester sa solidité sous le regard avisé de X. Il semblait excité, comme un enfant qui recevait un cadeau.

- Bien, j’ai ce pour quoi je suis venu. Je ne vous aiderai pas pour votre ascension, mais prierai qu’elle se passe dans les meilleures conditions, Ghetis. De même, vos anguilles vous seront livrées peu avant la bataille. Je récupérerai les survivants après.

C’était là la petite médisance dont il faisait preuve en raison du refus de l’Archer. Certes, c’était peu de choses. Il aurait bien voulu le faire chanter un peu plus, mais il avait compris que le timing était trop parfait. Quelqu’un avait sûrement demandé à la Garde de presser le pas quand on avait remarqué les intentions cachées du Dragon Céleste.

Une fois qu’il serait parti, Ghetis pourrait rentrer avec l'aide de Caligula à l’hôpital, après s’être fait saluer par Nathanaël Winch. Deux semaines plus tard, alors qu’il sortirait des soins grâce au travail exemplaire de la Section Scientifique qui avait même pu reconstruire une très grande partie de la peau abîmée par Mozero, ne laissant que de maigres cicatrices, il serait convoqué avec Caligula et Flais au bureau 432 d’un énorme bâtiment administratif, à l’orée des bastions de la marine sur la Terre Sainte.

Flais Exalva

Flais salua les deux hommes d’un signe de la tête, pensif. De toute évidence, quelque chose l’avait perturbé ces derniers jours : ce n’était autre que le départ du Directeur de l’AOI et de certains de ses subordonnés parmi lesquels il ne figurait pas. Il avait après tout une allégeance au Gouvernement Mondial supérieure à celle de sa propre institution, et le choix logique voulait le laisser ici… Il était aussi considéré comme un homme très dangereux, et il doutait que cela ait joué en sa faveur, mais il s’interrogeait tout de même sur sa valeur auprès de celui qu’il avait servi sous l’égide de Yamamoto Eracless durant tant d’années. Finalement, l’amertume envers son ancien patron avait fini par l’emporter, et il attendait de connaître son sort, confiné à Marijoa depuis quelques jours déjà.

Enfin, il sembla se détendre en rejoignant les deux hommes qui l’abordaient par la blague. Il en fut relativement reconnaissant, et envisagea sérieusement la proposition. C’était cependant quelque chose qu’il ne voulait plus pour l’instant, être lié à un seul homme. A choisir, il préférerait sûrement être indépendant jusqu’à ce qu’il trouve réellement quelqu’un à respecter.

- On envisagera ça plus tard, fit il en affichant l’un des sourires assez carnassiers dont il avait l’habitude, avant de revenir vers un air plus maussade tandis que l’Archer pourrait ouvrir la porte.

Wakai Tsuki, "Sorafuka"
Alors que la porte s’ouvrirait, les trois protagonistes pourraient voir, assis à un bureau, le très célèbre sabreur : Wakai Tsuki. L’homme semblait discuter avec un agent qui portait le manteau du Cipher Pol 5. Ce dernier salua l’Amiral et quitta les lieux sans se présenter auprès des membres de la Couronne et de Flais. Ce n’était de toute évidence pas son bureau, mais la salle d’un administrateur quelconque qui le leur avait prêté pour l’occasion, dans lequel traînait de la paperasse relative à des transitions de marchandises par les marines sur Calm Belt.

- Fermez la porte, dirait-il avant même de saluer les trois hommes.

Il semblait fatigué. Les lieux avaient été fouillés de fond en comble, et des brouilleurs avaient été installés au mur. Les vitres étaient teintées, empêchant d’observer l’extérieur en donnant une luminosité terne à l’intérieur. L’Amiral semblait pensif lui aussi, comme si c’était de nature courante ces derniers temps. Il était plutôt un homme de terrain, mais les derniers événements et les recommandations de certaines personnes l’avaient obligé à revenir à Marijoa en urgence. On l’avait intimé de prendre part à l’évaluation des compétences de Ghetis Archer… alors que tout était joué avant même qu’ils aient commencé. Les Constantinistes avaient cette façon de faire les choses où ils laissaient croire aux autres qu’ils avaient le choix, alors que tout était commandité d’avance.

- Je vous ai demandé de venir avant que nous aillions la réunion avec la Lieutenante Générale qui doit vous annoncer quelque chose, commença-t-il avec un air toujours grave. Tout d’abord, les Constantinistes ont court-circuité votre montée en grade, Vice-Amiral Ghetis Archer. Vos hauts-faits ont été abaissés, en disant justement que vous n’aviez pas fait preuve de stratégies acceptables dans la direction de vos troupes. Pour le Contre-Amiral Spown, il a été fait état d’un manque d’expériences et de hauts-faits individuels.

Il ne parla pas de Flais pour l’instant, et ce dernier ne posa pas de question, attentif à la situation en comprenant déjà où voulait en venir Wakai Tsuki.

- Heureusement, nous avons un ami en commun. Cet ami a réussi à obtenir qu’on vous fasse passer un ultime test qui aura lieu dans la foulée de la réunion, pour que vous n’ayez pas le temps de vous préparer. Il consistera à commander des troupes sur une île en ruines pour gagner un jeu créé pour l’occasion.

Il expliqua alors le jeu de manière assez simple : sur l’île s’affrontaient deux équipes. Chaque équipe possédait une base, et dans chaque base se trouvait un orbe qui pouvait être suivi par les deux leaders. L’objectif de chaque équipe était de conserver son orbe et de s’emparer de celui de son adversaire, de le ramener dans sa base et de le conserver jusqu’à la fin du minuteur. L’équipe est gagnante uniquement si elle réussit à réaliser les étapes en possédant son orbe à la fin de la partie.

- Vous affronterez dans ce jeu de stratégies le Vice-Amiral Ysaak Tanaka. La particularité est que vous ne serez pas sur l’île mais aux abords. Vous suivrez les opérations grâce à une carte, des moniteurs sur vos soldats, et sur l’île, ainsi qu’un radar qui vous permettra de localiser l’orbe ennemi à tout moment, ainsi que la vôtre. L’île possédera une cache d’armes dont vous connaîtrez la localisation dans les ruines, ainsi qu’un lieu de position idéal pour repérer les ennemis sur l’île, l’ancienne mairie qui était le bâtiment le plus haut. Il y a aussi l’ancienne usine en lieu important, mais éloignée de vos bases respectives.

Il s’arrêterait pour reprendre son souffle, transmettant toutes les informations avec une certaine rigueur, sachant que l’Archer pourrait les utiliser à son bon vouloir par la suite, et qu’elles lui seraient réexpliquées.

- Vous aurez dix soldats chacun sous votre commandement. Chaque soldat possède des cibles sur lui qui, si elles sont touchées, éliminent le soldat et l’obligent à quitter le terrain. Un soldat éliminé est une force de frappe en moins, soyez prudent. Parmi les soldats, il y aura trois pugilistes, deux attaquants à l'arme blanche, quatre tireurs et un homme-tank.

Il s’arrêterait là, avant de rajouter ultimement :

- Nous avons envisagé que Ysaak mettrait en place l’une de ces deux stratégies… Tout d’abord, il pourrait tenter d’observer vos déplacements avec l’orbe, et vous attirer avec la sienne pour vous tendre une embuscade… Sinon, il évitera sûrement de s’attarder sur la cache d’armes et prendra le hall en priorité. Il aura donc la possibilité d’observer la zone et les déplacements de vos hommes avec plus d’aisance.

Encore une fois, il marquerait une pause, réfléchissant tandis qu’il espérait avoir tout dit. Pourquoi tout dévoiler d’ailleurs ? Il n’y avait pas d’honneur à gagner en ayant un avantage pareil sur son ennemi, pourraient dire certains, mais l’honneur qui était une composante importante habituellement chez Wakai Tsuki était balayé par une crainte qui le poursuivait depuis la Purge et les événements qui avaient amené les Constantinistes à tenter la capture de Lida Asya. Finalement, il était resté, et il comptait bien permettre, avec ses multiples précautions, à un allié de prendre le poste d’Amiral vacant, dans le but qu’un autre Constantiniste ne siège pas dessus.

- Flais et Caligula seront chargés de surveiller le Nord et le Sud de l'île, respectivement, sur un navire aussi, pour éviter que des ennemis n'en profitent pour se mettre en travers de l'épreuve. Avez-vous des questions ?

Amiral Wakai Tsuki
La réaction de Ghetis Archer fit tiquer l’Amiral. Hormis Chairoka, aucun stratège ? En réalité, le but était peut-être mal exprimé : on voulait des amiraux qu’ils soient des leaders d’hommes, et qu’ils aient un minimum de jugeote. Qu’ils soient capables de prendre des décisions rapides, et sur le tas, et d’en assumer les responsabilités. Son obsession à vouloir obtenir toutes les parts du gâteau, comme il l’avait fait en tentant d’affronter Mozero et Nu Wa en même temps, ou lorsqu’il avait affronté Mozero sur Marineford à l’insu de la bonne logique qui voulait qu’il aille vers un dégonflement des troupes ennemies, alors même que deux hauts gradés étaient contre lui, ne lui portait pas honneur. Il avait certes de nombreux hauts-faits qui allaient en sa faveur, et une puissance brute capable de mettre à mal la plupart des membres de l’amirauté, mais son pouvoir n’était pas sans limites. Un jour, il se heurterait à ce que le manque de stratégies pouvait apporter de plus terrible dans une bataille.

Par rapport à une Midoritaka ou un Shirokuma, il aurait été bien sûr préféré. Cependant, les Constantinistes étaient élitistes. Ils privilégiaient parmi les leaders des hommes d’une très grande qualité, bien que les montées en grade de certains Contre-Amiraux comme Utomo Karast… Cependant, quand on s’affichait l’un des leurs, les avantages commençaient à pleuvoir. C’était la bien triste réalité dans laquelle ils étaient enfermés aujourd’hui, et dont l’Archer aurait inévitablement souffert s’il n’avait pas eu des alliés hauts placés.

Laissant ses pensées couler malgré tout en voyant en Ghetis Archer la nécessité d’un équilibre dans les hautes strates de la marine, l’Amiral répondit tout de même à la pique qu’il prit personnellement :

- Vous faîtes partis d’une génération qui a l’opportunité de monter très rapidement en grade. Vous êtes entré dans la marine il y a deux ans de cela, après avoir eu une carrière de chasseur de prime. Très rares sont les personnes qui pourraient se targuer d’obtenir un poste aussi prestigieux après seulement deux ans d’ancienneté dans nos services. Vous servez le Gouvernement Mondial, je vous le rappelle : nos intérêts ne sont pas personnels mais convergent vers le succès d’une entreprise plus grande.

Il était le véritable parfait petit soldat. Ses paroles n’étaient en rien des mensonges : il croyait en chacun de ses mots.

- Maintenant, vous méritez largement de par vos nombreux hauts-faits ce poste. Je vous ai personnellement défendu, et je continuerai à le faire. J’ai participé à Marineford, et comme bon nombre d’entre nous je vous suis reconnaissant de ce que vous y avez accompli. Les Amiraux actuels, moi y compris, sont formés à mener des troupes et à élaborer des stratégies. Nous avons été sélectionnés pour nos aptitudes, et pas par défaut. Vous non plus, n’êtes pas sélectionné par défaut. Vous cristallisez bon nombre d’espoirs, et n’avez cessé de progresser à une vitesse exponentielle depuis votre entrée dans la marine.

Peu loquace en général, il se permettait aujourd’hui d’épancher une forme d’admiration contenue par sa loyauté indéfectible envers les principes de justice du Gouvernement Mondial dans lequel il s’était enclenché. La camaraderie dont faisaient preuves Ghetis et Caligula ne le rendait pas insensible.

- Pour répondre à votre question sur les montées en grade, les discussions sur l’AOI se tiennent actuellement entre les Cinq Etoiles. La dissolution ou la transformation de l’Agence est réfléchie par les plus hauts instances du Gouvernement. Quant à Caligula Spown… Une opportunité se présentera à lui rapidement. Cependant, si vous réussissez le test, soyez tranquille : cela devrait nous permettre d'avoir l'appui nécessaire pour une montée en grade.

Il resta énigmatique sur le sujet, mais il savait que dans l’ombre, des manigances se faisaient pour permettre à certaines personnes méritantes de passer outre les affiliations et de rejoindre les plus hautes sphères. La nature d’aillée de Caligula lui rendrait cependant la tâche la plus difficile, tout comme on avait voulu destituer de nombreux hommes-animaux en raison des pressions exercées par certains Dragons Célestes.

Après avoir mis un terme à la conversation, il invita les trois hommes à le suivre. Ils traversèrent le bâtiment administratif pour en sortir par une issue dérobée. Lorsqu’ils remontèrent la grande allée pavée de blanc, ils purent voir qu’elle était parsemée de grands bâtiments où les nobles vivaient dans des endroits parfois exigus de 1500 m². Bientôt, ils arriveraient devant l’un des bâtiments officiels de l’Administration de Marijoa, où se trouvaient les bureaux des Lieutenants Généraux, ainsi que de Mohero, le Général des Armées Actuel.

- Nous y voilà…

Ils parcourraient de longs couloirs avant d’entrer dans le bureau.


Dragon Céleste : Hélène de Thermopolis, "La Déesse des Rois".
Une beauté divine, vêtue d'une robe blanche de très belle qualité. C’était ce qui pourrait attirer le regard des trois hommes, quelle que soit leur sexualité, dans le bureau de grande taille où ils venaient d’entrer. Pourtant située derrière la Lieutenante Générale et le Vice-Amiral Ysaak Tanaka, la jeune femme était assise tout simplement sur une chaise, le regard fermé, un visage paisible. L’aura qu’elle dégageait était celui de la plus jolie femme qu’ils auraient jamais rencontré. Ils pourraient dès lors savoir, par les bruits de couloirs qu’ils auraient entendus depuis leur arrivée sur Marijoa, qu’il s’agissait de la très célèbre et non moins intelligente Hélène de Thermopolis, la sœur d’Octave.

Lorsque le Vice-Amiral, le Contre-Amiral et Flais entreraient dans le bureau, elle ne leur adresserait pas un regard. Gardait-elle se yeux fermés pour se protéger d’une inévitable demande en mariage qui aurait pu s’incruster dans la conversation ?  En tout cas, elle avait la même apparence que son frère, en mieux. Elle était la beauté, la perfection incarnée. Pourtant, grâce à leur malencontreuse expérience avec Octave, Caligula et Ghetis pourraient se douter que sous ce masque de chair, aussi bien fait soit-il, se trouvait l’hideuse vérité qui entourait les Dragons Célestes. Ou était-ce le cas ? Un ange pareil ne pouvait exister, sinon en rêves.


Lieutenante Générale Saori Kamisen, Vice-Amiral Ysaak Tanaka
La Lieutenante Générale, Saori Kamisen, était assise à son bureau en chêne massif. Elle venait de ranger quelques papiers et semblait attendre avec calme l’arrivée de l’Amiral Wakai et de ses accompagnateurs. Lorsqu’ils entrèrent, elle les salua avec sérieux mais non moins une pointe de bienveillance qui ponctuait tous ses échanges à présent.

- Vice-Amiral Archer, Contre-Amiral Caligula, Flais Exalva, je tiens à vous féliciter tout d’abord pour vos hauts-faits sur l’Archipel Shabondy. Vous avez réussi à arrêter nombre de criminels, et à réduire considérablement les forces de nos ennemis sur les Grooves de non-droit. Sachez que presque partout ailleurs, notre raid a été une véritable réussite. Nous notons un minimum de perte, qui atteint zéro sur votre équipe. Vous avez même réussi à débusquer un criminel infiltré, le Contre-Amiral Mickay… Je vous suis reconnaissante de cela.

Elle s’arrêterait avant de sortir un dossier dont elle tirerait un cliché qu’elle avait reçu, montrant le corps de la hors-la-loi arrêté par Flais et Caligula. Le mettant sur la table, elle le fit glisser vers les marines pour qu’ils puissent l’observer de plus près, même s’il ne montrait rien de plus que ce qu’ils avaient pu observer sur Shabondy.

- Nous avons ouvert une enquête sur cette mystérieuse femme. Pour l’instant, les instances du Cipher Pol n’ont rien trouvé, mais nous soupçonnons qu’il s’agit du membre d’une Guilde d’Assassins. Nous vous recommandons la plus grande prudence, ils pourraient s’en prendre à vous, fit elle en désignant du regard le Contre-Amiral Spown et Flais.

Enfin, elle arrêterait ses indications sur Shabondy, fermant les yeux et semblant prendre un court instant pour réfléchir : n’avait-elle rien oublié ? Elle pourrait y revenir plus tard, si cela était nécessaire, mais pour l’instant des affaires plus urgentes la préoccupaient. Ce fut le moment que le Vice-Amiral Tanaka utilisa pour saluer les nouveaux intervenants, et plus précisément Ghetis.

- V… Vice-Amiral Archer, c’est un honneur. Je vous suis reconnaissant pour toute l’aide que vous avez apporté sur Marineford à notre cause. Je suis honoré de pouvoir…

Il s’arrêta, mettant une main devant sa bouche tandis que joues étaient rosées par une forme de gêne. Il semblait prendre très à cœur la rencontre qui allait arriver, et portait un regard admiratif sur l’Archer. Il avait au moins gagné cela : dans le cœur de nombreux marines, ses hauts-faits sur Marineford l’avaient érigé en un héros. La Purge n’avait fait que continuer à asseoir une forme d’autorité qu’il se faisait dans le milieu à l’insu des Constantinistes.

- Nous avons décidé, avec les hautes instances du Gouvernement Mondial, de tester chez vous votre esprit stratégique dans le but de vous faire une offre sur le quatrième siège vacant d’Amiral de la Marine. Vous savez sans doute qu’un Amiral est avant tout un meneur d’hommes. Certes, Midoritaka et Shirokuma n’en avaient pas les composantes principales, mais ils avaient été nommés à défaut lors de la disparition des anciens Amiraux. A présent, nous souhaitons reprendre une rigueur dans la nomination, et vous êtes le candidat idéal pour répondre à ces propos. Si après le test vous ne vous sentez toujours pas d’assumer la charge stratégique, en plus de celle de meneur d'homme, nous nommerons quelqu’un à vos côtés pour vous aider dans votre tâche.

Wakai Tsuki haussa un sourcil. « Cette vipère » se dit-il en pensant à la personne qui devait manigancer derrière tout cela. L’avènement de l’Archer semblait presque acté d’avance, mais il y avait encore et toujours des personnes qui tentaient de tirer avantage de la situation. Qui sait ce qu’un stratège pourrait faire dans les rangs de l’Amiral des Cieux, celui qu’on surnommait d’avance Ten No Teitoku à voix basse.

Elle expliqua alors le jeu qu’avait introduit l’Amiral quelques minutes plus tôt. Pour Ysaak, ce fut une découverte. Elle donna la carte des lieux, et indiqua qu’ils seraient postés à l’ouest de l’île, dans un navire où les deux salles de surveillance seraient communicantes. Elle précisa que les membres de leur escouade auraient des bâtons pour ceux qui se battaient normalement à l’arme blanche, et des pistolets à balles blanches pour ceux qui tiraient. Il n’y avait donc pas de fusils de précisions, ce qui aurait été bien utile couplé à la position haute de la mairie.

Enfin, elle indiquerait que le timer était d’une heure. Les lieux n’étaient pas très grands, l’ancienne île de Seryuu se situant sur le Nouveau Monde à quelques heures de Marijoa. Ils y seraient en un rien de temps. Les lieux avaient été abandonnés suite à l’explosion d’un laboratoire, et depuis la nature semblait reprendre ses droits sur la civilisation. Les bâtiments étaient exploitables pour la plupart pour se cacher, de toute évidence.

A la fin de la conversation, ils pourraient donc partir. Pendant toute la conversation, Hélène de Thermopolis n’aurait pas bougé d’un pouce.

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Ghetis rencontrerait les dix hommes et femmes qui seraient à ses ordres. Ces soldats considéraient cela comme un entraînement, et s’ils se montraient relativement polis avec l’Archer, ils lui dirent qu’ils feraient de leur mieux. Il pourrait leur donner des ordres via un système de communication et d’oreillettes, il serait tellement en immersion qu’il aurait peut-être parfois l’impression d’être lui-même sur le terrain, les commandant avec minutie.

Le Vice-Amiral Archer avait hérité de la grotte dans la montagne, d’où partaient quelques tunnels, et où se trouvait son orbe, tenue sur un socle en forme de dragon assez stylisé. De toute évidence, la personne qui avait financé l’épreuve avait les moyens. L’orbe pouvait cependant être déplacée seule. Tenue dans une main, elle prenait toute celle-ci. De son navire, le Vice-Amiral pourrait tout voir sur l’île, à condition que ses alliés s’y déplacent. Ils portaient sur eux un escarméra qui retransmettait leur point de vue, et d’autres étaient situés plus en amont. Il aurait sûrement l’impression d’y être, donc. Du côté de Ysaak, l’orbe ne bougeait pour l’instant pas… Le minuteur commença finalement.

Orbe:

Pour Caligula et Flais, deux bateaux étaient amarrés à côté de celui-ci sur lequel monta l’Archer. Chacun des deux pourrait aller en mer, et tandis que Caligula serait entouré d’une quinzaine de marines allant du grade de Commandant à Mousse, Flais trouverait un Contre-Amiral qui était censé le superviser. Les navires se mettraient donc en route, prenant position aux abords de l’île alors que le jeu était sur le point de commencer.

Lorsque le bateau du Contre-Amiral fut amarré, quelque chose commença à bouillir dans l’eau…


Tokiri Namaza, "L'Incapable", Yguelda Haytercliff, "La Patiente".
Primés à 196.000.000 & 172.000.000 B.

- Bientôt la surface ! Bientôt la surface ! Yata !

Tokiri semblait excité comme tout. Il n’avait pas quitté Shabondy depuis 1503, mais la Purge avait fini par le déloger, lui et son équipage. Au prix de nombreuses pertes, ils avaient réussi à se tirer de cet enfer. Utomo Karast avait bestialement mis en charpie la plupart de ses amis… Il se promettait de se venger de cet homme. Leur court séjour sur l’île des Hommes-Poissons leur avait aussi appris à se méfier de cette espèce. Ils n’avaient pas réussi à s’enfuir sans payer une sorte de droit de passage, et quelques-uns des leurs avaient été tabassés.

Le Capitaine de l’équipage, Tokiri Namaza, primé à 196.000.000 Berrys, portait sur lui un katana et une armure de bonne qualité. Il les avait achetés sur Shabondy, auprès de l’une des prostituées qui avait dépouillé un de ses clients. Pendant trois ans, il s’était laissé aller à la luxure et aux plaisirs les plus sensuels, ce qui n’était pas le cas des deux autres figures de cet équipage…

En effet, Yguelda Haytercliff était primée à 172.000.000 B, ce qui était deux fois plus qu’à son arrivée avec l’équipage sur Shabondy en 1503. Là où la prime de son capitaine n’avait pas bougée, la sienne n’avait cessé d’augmenter. On se demandait à présent si ce n’était pas elle qui était à la tête de l’équipage. La jeune femme était clairement une combattante émérite, seconde de l’équipage, elle portait un arc et des dagues.

Depuis déjà quelques mois, elle préparait une mutinerie pour retourner sur les Blues sans son capitaine. La plupart de ses collègues étaient d’accord, et elle n’hésiterait pas à profiter d’un instant de faiblesse pour se débarrasser de celui dont elle était autrefois tombée amoureuse.


Marcello Limontada, "L'Amical".
102.000.000 B.
Le quartier maître se nommait Marcello Limontada. Primé à 102.000.000 B., il s’agissait aussi et surtout de l’ami d’enfance de son capitaine. Alors qu’ils jouaient toujours ensemble étant petits, ils avaient décidé de prendre la mer ensemble. Il subissait sans jamais rien dire les lubies de cet homme de petites vertus, sans jamais ciller. Après tout, son rêve à lui était surtout de mener une vie de camaraderie, avec les pirates de son équipage.

Lorsque le bateau émergea de l’eau, aux bords d’une île qu’ils voulaient aborder pour obtenir des ressources, le capitaine de l’équipage remarqua immédiatement le navire du Contre-Amiral Spown. Il sourit, imprudent et bridé dans un rêve qu’il n’avait arrêté de faire depuis 1503. Il n’avait crié cela depuis bien longtemps…

- Les gars… A l’abordage !

Ils se dirigeraient à toute vitesse vers l’homme qui allait devoir organiser ses troupes dans la précipitation.

La stratégie de l’Archer était intéressante, même si en réalité le signal de l’orbe était unique. Les escarméras dispersés un peu partout lui permettraient de garder une vision sur la mairie, et il eut raison : les hommes de Ysaak, comme prévu, y furent envoyés en première ligne. D’ailleurs, le signal de son orbe se déplaça lui aussi, suivant ses troupes dans la mairie. Il ne pouvait pas savoir si tout le monde y avait été envoyé, mais en tout cas le lieu était à présent pris par ses adversaires.

Les siens se dirigèrent vers la cache d’armes. Celle-ci comptait des armes bien pratiques : combinées à une position haute ou basse, elles permettraient d’éliminer à distance les ennemis. En effet, il y avait deux fusils de précision qu’il pourrait utiliser pour tirer de loin sur les adversaires, et trois grenades qui éliminaient les personnes dans leur rayon d’action, qu’importe le nombre de cibles qu’elles portaient.

Les stratégies de l’Archer pourraient donc s’appuyer sur ces nouveaux éléments. Il observerait que trois des tireurs de Ysaak s’étaient positionnés sur les balcons, tandis que deux pugilistes montaient la garde devant. De toute évidence, il attendait l’arrivée de son adversaire, sans se soucier du laboratoire qui se révèlerait être un véritable labyrinthe. Enfin, grâce à son escarméra qui visait la mairie, l’Archer ne perdrait pas de temps à explorer l’inutile laboratoire et pourrait se concentrer sur l’objectif de l’épreuve : prendre l’orbe.


Tokiri Namaza, "L'Incapable", Yguelda Haytercliff, "La Patiente".
Primés à 196.000.000 & 172.000.000 B.
La stratégie de Caligula paya en grande partie. Alors que les deux fumigènes commençaient à provoquer une fumée, le tireur put envoyer sa balle enflammée sur la zone de la voile plus en hauteur, ce qui provoqua une explosion et laissa les voiles prendre feu. Les pirates affolés commencèrent à hurler, gueulant à la fois sur leur capitaine incompétent et sur l’ennemi. Cependant, la position de hauteur était idéale pour l’archère qui s’était élancée sur le mat où le feu commençait à se répandre. Se tenant avec ses deux jambes, elle banda son arc et tira une salve de flèches vers les deux hommes. Ceux-ci ne pourraient pas forcément tout esquiver, tandis que le capitaine abandonnerait son navire pour s’élancer sur celui des adversaires, considérant que le meilleur moyen d’arriver à ses fins était d’éliminer le plus d’ennemis.

Il tomberait donc près du Commandant, tirant son épée de très bonne facture et essayant tout bêtement de s’en prendre au plus haut gradé du lot, encore sur le navire. Il était cependant un peu rouillé, ce qui permettrait à son adversaire d’arrêter le premier coup, même si au bout du compte il finirait par ne pas pouvoir tout stopper.


Marcello Limontada, "L'Amical".
102.000.000 B.
De son côté, Marcello avait pris soin d’envoyer une série de lames d’air pour retirer les fumigènes. Il grognerait avec le plus châtié des verbes, se disant qu’ils s’étaient foutus dans la merde. Il ne remarquerait la disparition de son capitaine que quelques secondes plus tard, traitant celui-ci d’abruti avant de commencer sa course pour s’élancer à sa poursuite.

La stratégie de l’Archer fonctionna, et ses deux attaquants en bas de la cache d’arme purent facilement voir arriver sur leur gauche deux ennemis. Le combat s’engagerait, mais les tireurs en haut pourraient les aider après avoir abattu le tireur du balcon, et l’avoir fait chuter. Ils pourraient aussi abattre un des deux pugilistes tandis que le second se retirerait à l’intérieur, en même temps que le tireur sur le dernier balcon. En une minute à peine, les forces du Tanaka s’étaient réduites de moitié. Profitant de leur position, elles commencèrent à se replier dans la forêt qui, contrairement à la montagne, n’apportait aucuns avantages en terme de positionnement. En revanche, elle en apportait d’autres. L’Archer saurait il comprendre les raisons de ce repli et alerter ses hommes qui allaient devoir s’engouffrer vers la base de l’équipe adversaire pour prendre l’orbe ?

Dans le navire, Ysaak Tanaka s’était senti un peu déstabilisé, par les fusils snipers. Il ne se doutait pas que l’adversaire pouvait mettre la main sur de telles armes. Enfin, il avait prévu des pertes, mais pas si tôt dans la partie. Il devait bouger à la phase deux plus rapidement que prévu, même si toutes les mises en places étaient presque terminées. Il ordonna donc le repli de ses troupes qui retournèrent dans la forêt, l’orbe revenant dans la base.


Yguelda Haytercliff, "La Patiente".
Primée 172.000.000 B.
L’attaque de Caligula surprit l’archère qui, moins puissante que son adversaire, ne put contrer l’assaut qu’il venait de lui envoyer. Elle sentit ses épaules s’affaisser et un os se briser, quel qu’il soit, tandis que son corps s’enfonçait en direction du pont du navire. Elle s’écrasa jusque dans la cale, provoquant un bordel monstre. Les pirates commencèrent à débarquer les navires de sauvetage pour ne pas couler, tandis que le mat s’était effondré et qu’il ne restait plus qu’à tenter de rejoindre la terre ferme ou voler le navire ennemi pour fuir.


Tokiri Namaza, "L'Incapable", Marcello Limontada, "L'Amical".
Primés à 196.000.000 & 102.000.000 B.
De son côté, le leader de l’équipage commençait à regagner du poil de la bête. Finalement, le sabre, c’était comme le vélo : ça ne s’oubliait pas. Il sentait que son aisance revenait, à mesure que l’ennemi n’arrivait plus à contrer et s’obligea à reculer pour envoyer des lames d’air. Il brisa chacune d’en elles avec une facilité déconcertante, finissant tout juste à reprendre du poil de la bête. Brusquement, il fendit la distance qui le séparait du Commandant et lui infligea un coup transversal au niveau du torse. Il pouvait soit prendre le coup pour tenter de répliquer, mais y laisserait sûrement la vie, ou bloquer pour n’être qu’entaillé à l’épaule. Dans les deux cas, il n’aurait qu’une seule action et serait dans l’impossibilité de répliquer.

Marcello vit les innombrables projectiles qui arrivaient sur lui. Il écarquilla les yeux en se disant « Mais qu’est-ce que c’est que cet équipage de tarés ?! ». Il gronderait, avant de parer chacune des attaques par ses propres lames d’air. Plus nombreuses, elles finiraient par avoir raison des munitions, mais pendant ce temps-là il était concentré sur ces deux hommes. Il pouvait déjà s’imaginer l’une de ses lames d’air trancher la tête d’un de ses deux, le rendant tout de suite psychologiquement moins amical.