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Race : Humain de grande taille (3m)
Équipage : Yonkou Erika - Edward's Pirates
| Sam 11 Avr - 16:48
Début 1506 ~ Holiday Island
Une goutte de sueur dégringola sur mon épiderme raffiné tandis que je continuais à observer la silhouette qui s’était immiscée dans mon champ de vision. Une chaleur accablante venait de s’installer et semblait avoir consumer tout l’oxygène de la pièce : l’air était étouffant, oppressant. Une nouvelle goutte de sueur glissa sur mes joues malgré la fraicheur qui enveloppait actuellement Paradise Island. Depuis son arrivée en ces lieux, l’atmosphère était tendue, électrique. Je sentis une once d’inquiétude se propager dans mon cœur, à ma grande surprise. Ce n’était pas le genre de sentiments que j’avais l’habitude de ressentir, pas ici, pas avec le métier que j’exerçais. Et pourtant, je croisais tous les jours toutes sortes de crapules, d’éminents pirates à la prime mirobolante, d’odieux révolutionnaires aux mains tâchées de sang. Mais pour une étrange raison, l’aura funeste de cette personne semblait m’atteindre tout particulièrement. Je soupirai silencieusement, tentant de reprendre mon calme.
Et puis soudain, mes yeux se fracassèrent dans les siens et je fus comme foudroyé par l’éclat grave de ses pupilles. Je sentis alors mes émotions vaciller. Elle s’avança vers le comptoir d’un pas décidé et se délesta des objets de sa visite, sans prononcer le moindre mot. Sa démarche, sa stature étaient sans équivoques. Son regard flamboyant d’animosité et son teint sombre parlaient pour elle.
Je me remémorai alors ses précédentes venues dans ma boutique. Et alors, je compris. Ce n’était pas l’obscurité de son cœur qui m’affectait, ni la noirceur de ses desseins. Non, j’en avais croisé des bien pires. C’était le fait de l’avoir côtoyer, d’avoir échangé avec elle, d’avoir développé pour elle un semblant de sympathie. Ce n’était pas le cas avec mes clients habituels : je me contentais d’échanges purement professionnels lors de leurs allées et venues. Je me contentais de répondre à leur demande, moyennant paiement. Je me fichais éperdument de savoir qui ils étaient et quels étaient leurs objectifs. Je me fichais de savoir ce qu’ils comptaient faire des armes que je leur vendais.
Mais elle, elle n’était pas comme eux.
Elle m’était apparue souriante, enjouée, apaisée. Mais pas aussi niaise et stupide que ces nobles écervelés qui franchissaient parfois le pallier afin de satisfaire leurs désirs fantasques et désuets. Non, elle était pure, elle était vraie. Une véritable combattante qui prenait plaisir à se battre et qui s’intéressait à l’histoire et à l’essence des armes qu’elle convoitait. Comme si elle ne les voyait non pas comme des outils, mais comme de véritables alliés sur le champ de bataille. Peut-être était-ce son regard qui était parvenu à faire fondre mes défenses émotionnelles.
Au travers de ses yeux sombres, je ne m’étais pas vu comme un simple vendeur sans la moindre âme, sans le moindre sentiment, qui n’existait que pour répondre à une requête. Mais bien comme un véritable être humain, vivant et empli d’émotions.
Mais aujourd’hui, je n’avais plus à faire à la même personne. Ses traits joyeux s’étaient durcis, son regard flamboyait d’une haine qui semblait insondable tandis que son cœur débordait de violence. Elle était venue ici pour obtenir de la puissance, celle qui lui permettrait d’accomplir sa vengeance. Une pointe de tristesse s’insinua dans mon cœur. Et je dû me résoudre à accéder à sa demande, voyant à quel point sa résolution était ferme, inamovible. Mes doigts glissèrent alors machinalement sur la carapace du gastéropode… mais je me ravisai soudainement.
De surprise en surprise, je n’étais décidemment pas moi-même aujourd’hui, et je n’avais de cesse de déroger à mes propres règles comme venait de le prouver la présente situation. A chaque fois que je voyais un client avec un certain potentiel, une certaine aptitude à la vengeance, j’avais pour habitude de relayer l’info à quelques-uns des recruteurs qui résidaient sur l’île. A tour de rôle, je pouvais ainsi m’adresser à l’un des membres de la mafia de Konan, à certains recruteurs d’autres organismes qui étaient de passage, mais aussi à Parish Milton. Et aujourd’hui, je m’étais dit que cette dernière se montrerait forcément intéressée par un tel profil.
Mais ses yeux m’en avaient empêché. Car au-delà de toute cette haine, au-delà de tout ce ressentiment, j’étais parvenu à extraire une lueur somme toute différente. Une profonde et immuable mélancolie qui l’empoisonnait à petit feu. Son cœur semblait être le théâtre d’un affrontement entre haine et tristesse. Et, au fond de moi, je savais que l’envoyer vers Parish Milton ne lui rendrait pas service. Bien au contraire.
« Ton dernier ouvrage n'a pas tenu toutes ses promesses, il était trop limite. J’ai besoin de plus de puissance… » « Mais enfin… c’est insensé, le système de Dial ne peut pas si facilement être… » « Il ne tient pas sur la durée, j’ai besoin qu’il soit bien plus robuste. Sers-toi de ces ressources. »
J’étais décontenancé par l’état du katana qu’elle venait de déposer sur mon comptoir, celui que j’avais forgé pour elle quelques temps auparavant. Mes doigts effleurèrent les fissures qui commençaient à se répandre, entre la lame et le système de dial. Puis, examinant les quelques matériaux qu’elle m’avait apporté, du titane et des dials, je dû me résoudre à accéder à sa demande. Que pouvais-je faire de plus pour elle, de toute façon ? Finalement, le seul moyen de la protéger, c’était encore de lui fabriquer une arme de qualité.
« Quel sera leur nom ? » « Twin Disaster » « Oh ? Et pourquoi un tel nom ? »
Avant de m’atteler à l’ouvrage, je voulus effleurer sa sensibilité dans l’espoir de revoir la personnalité passionnée et enjouée qui m’avait illuminé lors de notre première rencontre. Donner un nom à son arme, c’était un rituel sacré pour la plupart des sabreurs, mais aussi pour nous, fabricants, et il avait souvent une incidence sur la nature même de l’arme. Je levai les yeux vers elle, et, l’espace d’un instant, je pus contempler une nouvelle son sourire. Puis, ses traits s’affirmèrent et un voile sombre drapa son faciès. Reflet de ses noirs desseins, son sourire machiavélique me fit frissonner.
« Car un désastre n’arrive jamais seul. »
Lilith ~
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Bonjour ! Je s'appelle Lilith ! A bientôt ~ _________________ Membre du club officiel des "Victimes d'Erwin le vicieux" et des "Victimes de Pumori". |