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Kokuro Elina
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Dim 7 Aoû - 20:21
Une pilule difficile à avaler.
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Elina venait de poser le pied sur une île de North Blue.

Voilà plus d’un mois qu’elle avait conquis Yakoutie Island, usant de politique et de manipulation pour bouter hors de l’île des marines aussi lâches que corrompus. Tout semblait sous contrôle dans son nouveau fief, aussi elle s’était intéressée d’un peu plus prêt à une manière d’étendre son influence sur cette mer glaciale. Grâce à l’aide du maître du marché noir, Tetsujin, ils avaient récolté des informations concernant une nouvelle drogue en vogue chez les esclavagistes locaux. Non content de reléguer des êtres humains au rang d’objets dispensables, ces chiens s’amusaient à se prendre pour Dieu à présent. Selon les rumeurs, une certaine pilule grise, synthétisée elle ne savait trop comment, permettait aux hommes enchainés de travailler une journée entière sans ressentir ni douleur, ni fatigue, ni faim...

« Une nouvelle tout sauf encourageante entre de mauvaises mains. », rumina l’araignée une nouvelle fois en remontant le long d’un ponton de bois.

Depuis sa rencontre avec Seika et Shiro... non, bien avant cela même, la jeune femme abhorrait l’esclavage. C’était sans doute la seule qualité que l’on pouvait trouver à son éducation, une des rares valeurs morales qui subsistait en elle. Puisque la situation était sous contrôle à Yakoutie, elle avait décidé de mettre un terme à ces pratiques douteuses. Ainsi, à force de recherches et de pots-de-vin, la Zoan avait fini par débarquer sur cette île d’allure banale. Elle franchissait alors l’orée d’un petit village au sein d’un lopin de terre de North Blue sans histoire : Naru Island. L’île en elle-même n’avait rien de particulier, si ce n’était sa grande superficie et son climat peut être un peu moins polaire que le reste de la mer. Ainsi, une bonne partie de l’agriculture locale se déroulait ici-même et, par le fait, conférait à ces terres une aura de plaque tournante. Beaucoup de navires de marchands, mais aussi des particuliers, venaient se ravitailler sur un des rares bastions produisant encore fruits et légumes dans ce climat hostile.

Mais Elina s’en souciait comme d’une guigne.

Ce qui l’intéressait ne se situait pas dans la terre elle-même. Selon les renseignements glanés difficilement, une faible partie des matières premières de la fameuse drogue étaient cultivés ici. C’était donc son meilleur angle d’approche pour remonter jusqu’à la source du problème et trouver le cerveau derrière la création des petites pilules grises. Tetsujin avait réussi à infiltrer un homme comme simple travailleur afin de récolter des informations. Son contact l’attendait dans une simple auberge, située en plein milieu de la capitale de l’île. L’araignée coupa à travers quelques hameaux et divers champs ou serres en direction d’une zone un peu moins rurale. Enfin, elle retrouva la civilisation au centre de l’île qui, effectivement, jouissait d’une grande variété de sols exploitables par l’Homme.

Resserrant un peu plus son manteau de fourrures grises autour d’elle, la nouvelle protectrice de Yakoutie Island avança d’un bon pas au milieu des rues. Elle finit par trouver l’établissement qui l’intéressait : « Le garde champêtre » et en poussa la lourde porte d’une main assurée. Des relents de bière, de sueur et de fumet de légumes l’assaillirent, bien vite rattrapés par le brouhaha ambiant et une chaleur appréciable. Elle traversa la salle sans un regard pour l’assistance pour aller commander au bar un verre de vin. Une fois sa commande fournie par le maitre des lieux, elle alla s’asseoir à une table isolée et à peu près propre. Une fois installée confortablement, elle commença à siroter son cru sans prétention, tout en détaillant les lieux et les occupants d’un œil expert.

Une salle tout en longueur. Des fenêtres aux volets en bois fermés, afin de préserver la chaleur. Sur sa droite, un âtre où bouillonnait une marmite pleine d’un ragout quelconque. À sa gauche, juste à côté de l’entrée, des escaliers vers les étages supérieurs. En face, collé au mur, un long comptoir derrière lequel s’alignaient bouteilles, ardoises et verres en pagaille. Et au milieu, une farandole de tables, de tabourets et de bancs occupés par les rudes travailleurs locaux occupés à prendre leur déjeuner dans une ambiance joyeuse, sinon grivoise.

Pour sûr, elle devait dénoter. Enfin, son informateur aurait tôt fait de la repérer dans ces conditions. C’était donc un mal pour un bien ! Elle prit son mal en patience et continua de siroter calmement son vin, se réchauffant peu à peu de l’intérieur.




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Kokuro Elina
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Edward Lawrence
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Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Un exil, rien de plus. Tel fut la sentence prononcée à mon encontre. Afin que je réponde de mes actes. Actes fomentés par un mal très profond. Je le sentais consumer mon âme, me conduire à des choix regrettables. C’était une sensation incontrôlable, conquérant mon être à la moindre faiblesse, usant de la moindre contrariété pour corrompre mon esprit. Si bien que je commençais à perdre de vue ce reflet que je voyais encore, il y a quelques années, dans ce miroir qui m’avait montré qui j’étais réellement. Non, c’était comme si une ombre maléfique me suivait et influençait en mal mes décisions. Mais il n’y a pas d’ombre sans lumière, tout comme il n’y a pas de fumée sans feu. Les origines de ce fléau… étaient-ce ces lueurs qui étincelaient à chacun de mes coups d’éclat ? Était-ce donc cela ma malédiction ? J’étais condamné à répandre la destruction autour moi.

Il faisait froid dans les mers du Nord et cela n’avait rien à voir avec ce que j’avais pu connaitre auparavant. Si je supportais plutôt bien ces températures peu communes, c’était sans doute dû à l’épais manteau que je portais par-dessus mes habituels vêtements. Pourtant, il n’était peut-être pas nécessaire : à l’intérieur de mon corps, mon sang bouillonnait furieusement. Et c’était toujours envers cette décision de m’envoyer en ces mers reculées. J’avais cette impression d’avoir été mis à l’écart. En effet, je soupçonnais de grands évènements à venir dans West Blue et l’idée d’en être absent m’insupportait. Mais je ne pouvais rien y faire, tant je me sentais impuissant.

Naru Island était une île parmi tant d’autres, empreinte de la même banalité. Il n’y avait pas grand-chose d’intéressant dans cette mer. Et cette deuxième île que je visitai me laissait le même sentiment : il faisait froid et il ne se passait pas grand-chose. Cette fois, je pus cependant remarquer la présence de terres cultivables, ce qui m’étonna quelque peu compte tenu du climat qui régnait en ces mers. La récolte avait déjà commencé et s’était bien déroulée, il ne me manquait plus que quelques informations à glaner : ce que j’étais sur le point de faire. Le défunt avait rendez-vous dans un établissement portant le nom de « Le garde Champêtre ». Une fois à l’intérieur, je fis de mon mieux pour m’y faire discret et me rendis dans un coin. Mais ce n’était pas mon fort : du haut de mes trois mètres, la discrétion était une notion des plus obsolètes.


___________________






Des travailleurs entraient, d’autres, moins nombreux sortaient. C’était un lieu où la température était plus agréable qu’à l’extérieur. Les gens venaient ainsi se réchauffer et ripailler, tous étaient accompagnés. Je cherchais une femme, seule, d’après mon contact. Pour m’assurer de la voir arriver, je m’étais rendu sur les lieux en avance. Il n’y avait ainsi plus qu’à attendre mon informatrice.

Le temps s’écoulait, lentement. C’était maintenant l’heure du repas et l’odeur de l’alcool qui émanait des apéritifs relevés fut peu à peu remplacée par le fumet des repas très copieux servis de part et d’autre de la taverne. Puis, la porte grinça une nouvelle fois. Cette fois-ci, ce ne fut pas l’un de ces rustres agriculteurs, mais ce qui semblait être une jeune femme, recouverte d’un manteau, ce qui m’empêchait de distinguer correctement ses traits. Une fois son verre de vin commandé au barman, elle alla s’installer à une table. Puis elle commença à examiner la salle, comme si elle cherchait quelqu’un. Il était évident que c’était la personne que j’attendais. Ou du moins il y avait une forte probabilité qu’elle le soit. Après quelques instants, je décidai donc de me lever de mon coin pour passer à l’action. Certains clients se rendirent alors compte de ma taille démesurée, ce qui avait quelque chose de comique. En effet, lorsque j’étais assis, il était facile pour le commun des mortels de me croire debout. D’autant que j’avais remarqué que les gens semblaient plus petits dans cette mer du Nord. Mais tout cela n’avait aucune importance : je devais parler affaires. Je me dirigeai donc vers sa table et m’asseyais devant elle. Avant qu’elle ne puisse réagir, je lui glissai quelques mots afin de vérifier que je ne m’étais pas trompé.

« Oy. Vous cherchez un pharmacien ? Dans ce cas je peux peut-être vous aider… »


___________________


Un peu loin, deux hommes parcouraient les champs. Cela faisait déjà quelques jours qu’ils n’avaient plus de nouvelles de leur ami. Ou plutôt de leur collègue : il n’y avait pas de place pour l’amitié dans le monde des affaires. Mais le manque de nouvelle de sa part était plutôt inquiétant pour les deux hommes. Non qu’il leur manquait, mais ce n’était pas bon pour le business. Surtout dans ce milieu tendu où l’on avait vite fait de disparaître.

«  Tss. Je le vois nulle part.  »
«  Où est passé cet imbécile ? Le boss attend la récolte, ce n’est pas le moment de disparaître…  »
«  Je vais réessayer de le joindre. »


Les deux hommes avaient beau ratisser les environs, ils ne trouvaient aucune trace de leur collègue. Une fois encore, l’un d’eux saisit son Den-Den et composa le numéro adéquat. Et une fois encore, personne ne répondit.

«  Il lui est peut-être arrivé quelque chose… c’est pas bon signe ça. On ferait mieux de prévenir le boss.  »
«  Ouais tu as raison…  »


Avec ce nouvel appel sans réponse, les deux hommes commençaient à perdre espoir. Ils étaient inquiets. Non pas que le sort de leur camarade les préoccupait, mais c’était la réaction de leur patron, connu pour être violent, qui leur faisait peur. Et la disparition même n’était pas bon signe. Après tout, les gens ne disparaissaient pas sans raison. Ils devaient se mettre sur leur garde. La zone n’était peut-être plus sûre. Et c’était bien normal : une telle marchandise devait inévitablement susciter bien des convoitises.

Et puis, le premier homme, songeur, composa une nouvelle fois le numéro, alors qu’ils s’avançaient un peu plus loin. Il ne s’attendait plus à une réponse, pourtant il avait retenté le coup. Sais-ton jamais, se disait-il. Il n’en fallut pas plus pour que la température s’abaisse soudainement. À tel point que le sang des deux hommes se glaça. Ils se figèrent. Quelle était la signification de ceci ? Ils se tournèrent et inspectèrent frénétiquement les lieux. Personne. Alors pourquoi ? Puis, cela s’estompa. Ils refirent donc la même chose que précédemment.

«  D’où ça venait ?! »
«  Je ne vois rien  »



*Pulupulupulupulupulupulupulupulup *


Le son était faible, mais restait audible. Il n’était pas loin ! Les deux hommes étaient soulagés, ils étaient finalement parvenus à localiser leur collègue. Finalement, ils s’étaient sans doute inquiétés pour rien. Il était tout de même étrange qu’ils ne l’eussent pas encore trouvé. D’autant qu’il n’avait pas donné signe de vie. Et puis soudain…

«  At… attends ! Le son… »
«  Quoi ? Tu me fais peur…  »
«  Le son vient du sol…  »
«  Quoi ?! Mais… ça veut dire…  »
«  Oui, j’en ai bien peur…  »



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Edward Lawrence
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Lun 8 Aoû - 19:20
Une pilule difficile à avaler.
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La jeune femme sirotait son verre de vin sans en apprécier les saveurs outre mesure. Ce cru sans prétention n'avait pour unique but que de la faire patienter le temps que son informateur n'arrive. Tandis qu'elle parcourait la salle des yeux, un homme finit par attirer son attention. Pour être tout à fait exacte, la salle entière le remarqua lorsqu'il se leva de sa chaise pour s'approcher. Elle en aurait presque espéré que cet homme soit un pseudo Don Juan, car il faisait un piètre espion de par sa carrure hors norme. Outre sa taille colossale, Elina remarqua la cicatrice qui balafrait son visage, ses yeux ardents et ses cheveux noirs de jais avant qu'il ne s’asseye. Sans lui laisser le temps de placer un seul mot, le grand gaillard l'interpella de la sorte :


- Oy. Vous cherchez un pharmacien ? Dans ce cas je peux peut-être vous aider…


Ainsi donc, le titan était un de ses hommes de mains sur le terrain ? Tetsujin l'avait prévenue qu'elle serait abordée de la sorte mais elle s'était attendue à quelqu'un d'un peu plus... discret. Pour des missions d'infiltration et des collectes d'informations, sa taille demeurait un handicap difficile à surmonter. Sans doute devait il détenir quelques capacités utiles pour pallier le problème. L'araignée resta dans son rôle et, d'une voix ténue, répondit à la phrase énigmatique comme prévu :


- C'est donc vous qui devez sauver mon mari ? J'espère de tout cœur que vous pourrez soigner le mal qui le cloue au lit depuis des mois ! Je ne l'ai jamais vu autant affaibli...


À l'affut d'éventuelles oreilles indiscrètes, la jeune femme continua à jouer de la situation pour obtenir les informations tant désirées :


- J'ai entendu parler... elle mima ici une certaine inquiétude avant de reprendre la parole. J'ai entendu parler d'un certain médicament miracle. Peut on réellement se procurer pareille substance sur cette île ? J'ai fait tout le chemin depuis East Blue pour sauver mon mari car une amie m'en avait parlé.


Se glisser dans la peau d'une frêle jeune femme un peu écervelée ne plaisait jamais à Elina. Néanmoins, de par ses activités flirtant avec la légalité et sa double identité en tant que protectrice de l'île et de "Jorogumo", la femme araignée, elle se devait d'être prudente. Il était fort peu probable qu'un marine ou un chasseur de primes fasse partie de l'assemblée. Cependant, elle n'avait pas le monopole des mouchards divers et variés... Ainsi, penser qu'un ennemi un peu trop malin pour son propre bien n'utilise ce genre de procédé n'était pas à exclure. Raison pour laquelle la Zoan utilisait toutes ces simagrées pour parvenir à ses fins, alors même qu'aucun ennemi ne semblait présent dans la salle.

Elle reprit soudain la parole, toujours dans la peau de la femme dévouée arpentant un terrain glissant qu'elle ne connaissait guère :


- Je... enfin... Je crois savoir comment se passent ce genre de... transactions. Nous avons besoin d'un endroit un peu plus calme, non ? Rejoignez-moi à l'étage, je vais aller louer la chambre tout au fond du couloir auprès de l'aubergiste.


De fait, elle acheta une nuit et monta les escaliers, espérant retrouver son homme de main dans le couloir. Si tel était le cas, elle le laisserait rentrer en premier dans la pièce après l'avoir ouverte, puis fermerait la porte derrière elle. Après avoir vérifier l'absence d'éventuels Den Den Mushi, comme à son habitude, l'araignée se retourna vers son collègue en arborant un visage tout à fait différent. D'un air niais et préoccupé, ses traits s'étaient durcis. Ses yeux larmoyants s'étaient figés en deux prunelles noires qui vous transperçaient la chair. Sa bouche au pli inquiet avait retrouvé une froide apathie. Elina reprit la parole d'un ton autoritaire :


- J'attends votre rapport. Nos informations étaient-elles correctes concernant cette drogue et son lieu de production ?


Le contraste saisissant avait de quoi en désarçonner plus d'un. Elle espérait seulement que son subordonné n'en fasse pas tout une histoire et coopère. L'araignée désirait mettre la main sur un tel outil et réduire en cendres le commerce d'esclaves par la même occasion. Tuer dans l'oeuf de potentiels rivaux dotés d'une armée infatigable tout en s'appropriant leur carte maîtresse ? Que demander de mieux ?




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Jeu 11 Aoû - 15:57






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Sur Naru Island, et comme sur les autres îles de North Blue, les températures étaient glaciales, et ce, quelle que fût l’heure de la journée. C’était le constat qui ressortait, en ces heures les plus chaudes de cette journée. En effet, les habitants, les travailleurs, et de manière générale toute personne qui se trouvait à l’extérieur étaient affublés d’un manteau ou tout autre vêtement pour se protéger du froid. C’était à cela que les étrangers étaient reconnaissables : ils n’étaient pas habitués à de telles températures et cela se remarquait : soit à leurs apparats, soit à leur comportement. C’est ainsi qu’un homme de grande taille se fit repérer lorsqu’il foula ces terres agricoles. Puis lorsqu’il fut aperçu alors qu’il marchait en ville. Jusqu’à ce que, finalement, il fût rentré dans une taverne.

C’était un couple de deux personnes qui l’avait repéré, deux personnes nommées Kofta et Milith. Ils œuvraient pour le mal dans leur monde souterrain. Ils s’organisaient de la manière suivante : l’un était un tireur d’élite, une sentinelle, tandis que son acolyte était chargée des communications. Cela faisait quelques jours qu’ils surveillaient cette taverne, car elle représentait une potentielle menace pour le business. Ils formaient avec tous leurs collègues une sorte d’entreprise pharmaceutique qui concoctait divers médicaments. Récemment, des clients peu recommandables s’étaient manifestés et ils travaillaient désormais ensemble. Mais tout cela n’empêchait pas la suspicion de s’installer entre les deux groupes. Et c’était l’objet de leur présence en ces lieux : Kofta et Milith étaient chargés de surveiller l’un des membres du groupe client, qui avait un comportement suspect. Et il n’y avait pas meilleurs lieux qu’une taverne pour agir en douce. Venait-il régulièrement pour échanger des secrets ? Revendait-il des matières premières ou autres éléments qui ne lui appartenaient pas ? Ou bien venait-il juste pour manger, boire et ripailler avec les autres ? Telle était la mission des deux comparses.

C’est ainsi qu’ils eurent vite fait de remarquer la présence de cet immense étranger aux cheveux aussi sombres que la nuit. Il était entré dans la taverne, mais bien avant l’heure où ils attendaient leur cible. Juste une coïncidence ? Kofta continua à se tenir en alerte, guettant d’autres suspects. Mis à part l’entrée d’une femme dans le bâtiment, il ne se produisit rien de notable. Aucune trace de l’homme qu’ils étaient censés surveiller. Milith hésita à prévenir ses collègues, puis se ravisa. Il était peut-être en retard. Ils choisirent finalement de rester postés sur le toit d’en face, à guetter d’autres choses suspectes. Après tout, c’était leur fonction première.


___________________


La dernière arrivante semblait être une femme faible, accablée par la maladie de son mari. Son discours était tout à fait plausible et il existait une infime chance pour qu’elle ne fût pas la personne que j’attendais. Pourtant, mes instincts mes commandaient de rester en place, de me méfier d’elle. Après tout, nous étions dans un lieu public et notre conversation aurait très bien pu être sur écoute. Je me contentai donc de demeurer discret, lui laissant la parole. Je me contentais juste de répondre de temps à autre par « oui », ou de hocher la tête.

Remarquant mon attitude désinvolte, la jeune femme changea de stratégie, révélant ainsi qu’elle était bel et bien ma proie. Pour quelqu’un de plutôt craintive, elle ne manquait pas d’assurance et d’initiative : elle venait de proposer, à moi, un inconnu, de la rejoindre dans une chambre située à l’étage. De plus, ses propos révélaient également que j’étais à ses yeux un criminel. De l’extérieur, cette situation pouvait même sembler légèrement embarrassante : un homme et une femme qui prennent une chambre en plein milieu de la journée ? Vraiment ? Cela ressemblait étrangement à ce que pratiquaient les filles de joie. Une fois que mon informatrice eut réglé sa chambre, nous montâmes à l’étage afin de débuter les négociations. Je ne pus m’empêcher au passage d’envoyer un regard hautain à l’assemblée. Les travailleurs ainsi occupés par leur pause déjeuner purent contempler mon visage souriant goulûment ainsi que mes sourcils se hausser frénétiquement, provoquant chez eux un sentiment de jalousie. Mais ils étaient loin de se douter de mes véritables intentions.

Une fois arrivé en haut, la jeune femme chétive ouvrit une porte et m’invita à y entrer. Une fois que nous fûmes dans la pièce, elle entreprit de fermer la porte et commença à inspecter les lieux, comme si elle était à la recherche de mouchards. Une vraie femme du milieu, cela ne faisait plus aucun doute désormais. Je reconnaissais à peine mon interlocutrice tant ses traits s’étaient affermis et son regard était devenu aussi chaleureux que les températures de cette contrée.

Hein ? Mon rapport ? Wrhahaha !

Je ne pus m’empêcher de sourire en entendant sa requête naïve. Elle n’avait pas compris la situation, visiblement. Bien que cela aurait pu comporter quelques risques, il était temps de me dévoiler quelque peu, une opération nécessaire pour assouvir mes ambitions. Mais je devais faire preuve de mesure, afin de ne pas brusquer ma source d’information.

Écoute, ma p’tite dame… y’a pas de rapport. Je ne suis pas ton sbire !

Je m’attendais à la choquer avec cette révélation et surtout, remettre les pendules à l’heure. Cette petite terreur se comportait tel un chef avec ses paroles autoritaires. D’autant qu’elle ne connaissait même pas le visage de son employé, ce qui trahissait sa position. Je n’avais ainsi plus qu’à utiliser ceci à mon avantage. Mais je voulais également faire preuve d’autorité, lui montrer les crocs. Elle devait avoir un aperçu de ma personnalité, un avant-gout de la cruauté dont je pouvais faire preuve et des choses que j’étais capable de faire pour arriver à mes fins. C’était la dure loi du monde des affaires sous-terraines. Dans ce milieu, il fallait parfois s’imposer. Et pour cela, je choisis de lui révéler l’amère vérité.

En parlant de ton sbire… Je l’ai croisé il y a peu. Tu te demandes où il se trouve et pourquoi je suis là à sa place ? Wrahahahahahaha ! Eh bien pour répondre à la première question… Ce nabot ? Eh bien ! Je l’ai planté six pieds sous terre et lui ait pissé dessus histoire afin de l’aider à pousser un peu plus efficacement ! WRAHAHAHAHAH !!


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Ven 12 Aoû - 11:11
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Elina fut surprise par l'attitude de son homme de main. C'était sans doute une des premières fois qu'un de ses espions souriait de la sorte lorsqu'un employeur lui demandait le résultat de son enquête. Néanmoins, plutôt que d'y voir un signe de bonne augure, elle fronça légèrement les sourcils. Le sourire du grand dadais ne lui semblait pas amical, loin de là. Cela ressemblait plus à une bête sauvage lui montrant ses crocs. La suite lui donna raison. Tandis que le mastodonte parlait, la jeune femme écoutait attentivement ses dires sans bouger d'un pouce. Lorsqu'il éclata de rire, après s'être moqué d'elle et lui avoir annoncé le meurtre de son sous-fifre, l'araignée resta de marbre. Elle attendit patiemment que son hilarité ne cesse, avant de reprendre la parole d'une voix calme et maitrisée :


- Et ?


Après un bref instant de silence, la Zoan reprit d'un air mi-intrigué, mi déçu :


- J'ose espérer que vous n'essayiez pas de m'intimider en m'annonçant vous être débarrassé de mon subalterne ? Ces hommes n'ont d'autre but que de me servir et de m'apporter des informations. S'ils échouent dans leur mission en se faisant repérer, ils ne me sont d'aucune utilité.


Elina étudia soigneusement les éventuelles réactions de son interlocuteur, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir en lui révélant son geste. Souhaitait-il la faire chanter ? Essayer de la tuer à son tour ? Cependant, elle ne s'expliquait toujours pas dans quel but un assassin aurait révélé sa véritable nature avant d'avoir l'ascendant sur sa proie. Peut être voyait-il réellement en elle cette frêle figure qu'elle avait présentée dans la salle commune ? Auquel cas il risquait d'être diablement déçu. Mais cela expliquerait qu'il ait révélé son forfait sans tenter de l'attaquer en profitant d'un bref instant de surprise. Ce jeune coq était décidément bien trop confiant, si telle était son intention. Cependant elle en doutait fortement.

Non. Il ne cherchait pas à lui nuire, ou tout du moins pas dans l'immédiat, auquel cas il serait déjà passé à l'action vu son caractère sanguin. S'il avait révélé ses intentions auprès d'Elina, il souhaitait en tirer un avantage quelconque. Ce colosse avait très certainement fait parler son espion, taillé pour la filature et la collecte de renseignements mais absolument pas entrainé au combat et peu habitué à supporter la torture. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Tetsujin était resté maitre du marché noir : la grande majorité de ses hommes de main continuaient à lui donner leurs rapports et ignoraient encore la véritable identité d'Elina. Elle avait d'ailleurs prévu de se débarrasser de son espion, puisqu'il aurait découvert l'autre facette de la protectrice de Yakoutie Island. Pour en revenir au cas présent, le pseudo géant savait ce qu'elle recherchait et dans quel but. Ce qui signifiait qu'il n'appartenait ni au clan des pharmaciens, ni aux acheteurs auprès de qui son mouchard s'était infiltré. Les deux camps se seraient sans doute offusqués d'une telle pratique visant à les doubler.

Forte de ses déductions, la Zoan reprit la parole d'une voix claire et sans la moindre hésitation:


- Laissons ces enfantillages et vos piètres menaces de côté. Vous avez tué ma source d'informations et venez tout de même vous présenter devant moi. De toute évidence, vous n'êtes ni un pharmacien, ni un acheteur régulier, mais un outsider de plus en lice. Je me fiche de votre employeur ou de la raison de votre présence ici pour le moment. Qu'avez-vous à m'offrir, au juste ? Une proposition intéressante, ou un mort de plus à enterrer ?


Durant toute sa tirade, la jeune femme n'avait pas lâché des yeux les prunelles ardentes de son vis-à vis. Ses propres iris d'un noir profond demandaient silencieusement une réponse. Cet homme avait intérêt à lui en fournir une ; et dans son propre intérêt, il valait mieux qu'elle soit recevable.




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Jeu 18 Aoû - 11:01






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Un peu plus tôt…

Un peu loin de la ville et des habitations, dans les champs, deux hommes étaient préoccupés. Quoique le mot fût faible pour décrire le sentiment qui les habitait alors. Ils étaient toujours sans nouvelles de leur acolyte. Du moins, c’était la version optimiste des choses. Au fond d’eux-mêmes, les deux hommes savaient pertinemment de quoi il en retournait. Et ce, dès qu’ils eurent entendus la sonnerie du Den-Den sous la terre. Dans ce milieu peu recommandable, il était courant d’enterrer les gens, lorsque l’on voulait se débarrasser de leur corps. Bien sûr, la mer était plus utilisée et efficace, cependant, sur une île, les choses étaient différentes. Il n’était pas toujours chose aisée que de transporter un cadavre sans éveiller les soupçons. Sans y réfléchir d’avantage, le plus expérimenté des deux cultivateurs, Dhiks, décrocha le combiné et composa le numéro de son supérieur.

Commandant ? Ici Dhiks. Nous avons un problème
Que se passe-t-il ?
La sonnerie du Den-Den de Wladkov… elle provient de la terre !
Quoi ?!!
J’ai bien peur qu’il lui soit arrivé quelque chose…
Très bien, ne touchez à rien. J’arrive avec quelques hommes.


Le commandant Arkadius était contrarié par cette nouvelle. Le patron n’allait pas être content si les soupçons de Dhiks étaient confirmés. Il beugla des ordres à quelques-uns des hommes attroupés autour d’une table dans la pièce d’à côté de se bouger. Alors qu’il se préparait à gagner les terres cultivables, il songeait à ce qui aurait pu causer la mort de son homme. Que se passait-il au juste sur cette île ?


___________________


Froide. Froide comme ces terres, inhospitalières. Froide comme les activités criminelles qui foisonnaient dans ces contrées. Froide comme cet air glacial qui rongeait toute mon enveloppe corporelle, finalement. Il n’y avait décidément pas de meilleurs mots pour qualifier cette mer du Nord. Elle était froide, tout comme cette femme sans cœur. Je n’aimais pas vraiment le froid : c’était une sensation handicapante, paralysante. Et qui donc, quelque part, me privait de liberté. Un soupir plus tard, j’avais abdiqué : il était temps de faire bouger les choses. Et je m’étais désigné pour apporter un peu de chaleur par ici. De la chaleur et de la désolation.

En tuant ton espion, je t’ai enlevé une épine du pied. Il était sur le point de se faire cramer.

En effet, son subalterne était surveillé par le gang des pharmaciens depuis quelques temps déjà. Ils suspectaient une fuite d’information vers l’extérieur et avaient remarqué le comportement suspect d’un des hommes déployés dans les champs par leurs clients. Les pharmaciens n’avaient pas l’air d’apprécier ces pratiques, d’autant que j’avais pu constater qu’ils possédaient leurs propres forces armées. Mais j’avais à faire à une femme bien ténébreuse. Plutôt que de me répondre aussi froidement, elle aurait pu me remercier chaleureusement pour avoir agi dans son intérêt. Mais non, aucune reconnaissance à mon égard.

Quand même… ça serait dommage d’enterrer une jolie femme comme toi…

Et, comme pour répondre à mes premières menaces, ce fut cette fois-ci à son tour de me souhaiter un funeste destin. Comme elle, j’étais loin d’être inquiété par ma sécurité personnelle pour le moment. Mes paroles allaient donc dans ce sens. Toutefois, il était temps de dévoiler un peu mes intentions à son égard. Après tout, j’étais entré en contact avec elle pour une raison bien précise.

Mes employeurs m’ont envoyé enquêter sur cette nouvelle drogue aux effets miraculeux. Tu as envoyé un espion, donc tu es aussi en quête d’informations. Je peux te fournir ces informations. En échange ? Je veux aussi des infos sur une certaine personne. Son nom est Edward Norton.

Ainsi, je lui dévoilai quelques informations me concernant, dans le but de gagner sa confiance. Il était temps de parler affaire. Elle avait plutôt bien cerné ma situation : j’avais été envoyé par des employeurs externes à cette affaire. Nous représentions un outsider de plus sur ce marché. Et elle aussi. Joindre nos informations ne pouvait être que bénéfique. Mais pour effectuer cet échange, il était nécessaire d’instaurer une confiance mutuelle.


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Ven 19 Aoû - 17:42
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Elina écouta attentivement les premiers mots sortant de la bouche du colosse en face d’elle. Apparemment, il affirmait lui avoir rendu service en éliminant un de ses hommes sur le point de perdre sa couverture ? Ou bien était-ce lui qui avait précipité la découverte de son espion ? L’hypothèse n’était pas à négliger... Néanmoins, il semblait sincère et malgré tous ses efforts, la jeune femme ne put déceler le moindre signe de duplicité. Cet homme était peut être un menteur confirmé, mais elle ne risquait plus grand-chose à l’écouter et à réfléchir à ses éventuelles propositions. Il se permit soudain une seconde bravade sous la forme d’un trait d’humour, juste avant qu’elle ne le menaça à demi-mot de lui faire subir le même sort :


- Quand même… ça serait dommage d’enterrer une jolie femme comme toi…


Elina laissa échapper un petit rire de nez et un sourire en coin devant son audace. Non pas que le compliment lui ait fait baisser sa garde, mais cette nonchalance et cette confiance en soi lui plaisaient. L’araignée se détendit légèrement et tendit l’oreille, sa curiosité désormais acquise. Il lui révéla que ses employeurs avaient eu vent de cette fameuse drogue et qu’il avait été envoyé, tout comme son espion, en quête d’informations. La seule différence était qu’il avait, selon lui, réussi à les acquérir par un quelconque moyen. Il lui proposait d’ailleurs un marché qui semblait avantager la Zoan, en échange de simples renseignements concernant une figure du monde de l’ombre de North Blue : Edward Norton.

La manœuvre était habile. Il désamorçait la situation explosive qui s’était engagée entre les deux hors la loi sentant sans doute que, malgré sa stature imposante, cette piste ne serait peut être pas la plus aisée pour obtenir ce qu'il souhaitait. Par ailleurs, le roublard lui proposait maintenant un échange équitable et non pas un chantage. Enfin, son choix lui permettait d’astucieusement récupérer des indications dont il avait besoin. Sans doute désirait-il bâtir un début d’association ou, tout du moins, une alliance temporaire. En somme, il lui proposait de remplacer son défunt subordonné tout en glanant un avantage dans l’affaire. Pour couronner le tout, il se réclamait à un pied d’égalité avec elle et non pas à ses ordres. Il avait du cran, l’araignée devait le reconnaitre ! Toutefois, n’étant pas née de la dernière pluie, elle reprit la parole après un bref instant de réflexion :


- Edward Norton... Supposé mort depuis des années, a resurgi de nulle part sur North Blue il y a de ça deux mois. Oui, j’aurais quelques renseignements à ce sujet. Nous surveillons ce drôle d’oiseau depuis qu’il a refait parler de lui. Cependant il est doué pour se cacher.


Elle marqua une pause avant de regarder son interlocuteur dans les yeux, la lueur d’animosité qui l’animait peu avant disparue à présent :


- Mais pourquoi cet intérêt soudain pour ce criminel notoire ? Outre sa réputation, bien entendu. Serait-il lié à notre affaire en cours ? Ou bien votre différent serait-il plus personnel, monsieur... ?


La Zoan décida d’ailleurs d’aller dans le sens du grand gaillard et de tenter de tisser les prémices d’une relation de confiance, malgré le terrain glissant qui avait caractérisé leur début de rencontre. Cependant, elle ne pouvait décemment pas lui révéler toute la vérité !


- Je ne peux pas vous dévoiler mon nom, malheureusement, biaisa-t-elle soudain. Par mesure de facilité, vous pouvez m’appeler Julia.


Si effectivement les deux criminels s’accordaient pour travailler en duo sur cette affaire, Elina prévoyait quelques problèmes à venir. Elle ne pouvait pas se servir de son fruit du démon devant lui. Il n’avait pas l’air d’un idiot et avait probablement compris ses rapports avec le monde sous-terrain de North Blue. Elle se devait juste de s’assurer qu’il ne compromette pas la couverture qu’elle employait pour travailler. Aussi, elle décida de lui donner en partie la raison de sa présence sur Naru Island :


- Je ne suis pas vraiment censée me trouver ici, car j’ai une île à défendre et sa population à protéger. Le problème est que ce commerce de drogues et d’esclaves, outre son caractère illégal, pourrait nuire gravement à tout North Blue. Je me dois donc de m’assurer qu’il ne demeure pas entre de mauvaises mains. Qu’en est-il de vos motivations ?


L’araignée espérait simplement que ce mastodonte soit réellement disposé à s’associer avec elle dans cette affaire. Quand bien même, elle, n’avait aucune réelle intention de placer sa confiance en un inconnu. Comme à son habitude, elle souhaitait simplement user de tous les leviers possibles pour accéder à son but : mettre la main sur ce fameux médicament et éradiquer la concurrence.




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Jeu 25 Aoû - 21:21






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Sous le zénith de Naru Island, quelques travailleurs semblaient reprendre leurs activités. C’était néanmoins ce que cette vision inspirait : un groupe d’hommes marchait en direction des champs. Certains d’entre eux étaient habillés comme des paysans tandis que d’autres revêtaient des vêtements plus communs aux voyageurs. Ainsi, seules leurs armes, des pelles, pioches et autres outils de culture qu’ils arboraient semblaient réellement les rattacher aux lieux. Il y avait quelque chose de suspect qui émanait d’eux. Cela pouvait être leurs visages de hors-la-loi, leur démarche criminelle ou encore ce qui semblait être le chef de la bande, un homme court sur patte vêtu d’un costume, qui n’étaient pas sans rappeler l’accoutrement de certains chefs de mafias. De plus certaines rumeurs courraient depuis quelque temps sur l’île. Des rumeurs selon lesquelles des choses louches se tramaient sur Naru Island. Et c’était des choses dont il ne valait mieux ne pas parler, si l’on tenait à sa sécurité.

C’est encore loin chef ?
Tais-toi et marche.


Le commandant Arkadius était de mauvaise humeur. Les choses prenaient une tournure inquiétante avec la disparition de l’un de ses hommes. Il n’y avait en effet aucune raison à cela, et c’était d’ailleurs ce qui était préoccupant. Lui et ses hommes s’étaient déployés sur un territoire allié, notamment dans le but de renforcer la protection de leur territoire. Ces terres constituaient un enjeu stratégique et économique majeur. Les vendeurs et les acheteurs travaillaient main dans la main. Quelle était donc la raison de ceci ?

Puis, après quelques instants de marche, ils arrivèrent finalement à destination. Deux hommes se tenaient face à la troupe. Ils saluèrent leur chef avec le même respect que d’habitude bien qu’il était possible de déceler une certaine nervosité dans leur comportement.

Ne perdons pas de temps. Faites sonner le Den-Den.
Oui chef !


Dhiks et Pjata répondirent d’une même voix. Ils s’étaient rendu compte, au fond d’eux-mêmes de la complexité de la situation. Et ils craignaient également la réaction de leur commandant, réputé pour être plutôt violent. Mais ils avaient bien agi en appelant leur supérieur. Les deux hommes ne possédaient en effet ni le jugement, ni le recul ou encore les responsabilités pour traiter une telle affaire. Seul Arkadius saurait prendre une décision et appliquer la meilleure solution pour leur gang. Ainsi, les deux hors-la-loi s’exécutèrent et la petite voix du crétacé commença à se faire entendre faiblement.

Maintenant, trouvez-moi d’où ça vient précisément ! On ne va pas creuser toute la zone.

Quelques hommes vinrent ainsi se joindre à l’ouvrage : la recherche du lieu précis où leur collègue était supposé être enterré. Et pour cela, rien de plus simple. Tandis que le Den-Den continuait de sonner, les présumés agriculteurs rapprochèrent leurs oreilles du sol et se déplacèrent de manière à l’entendre plus fort. De loin, la scène semblait être ridicule : certains rampaient carrément sur la terre tandis que d’autres se tordaient dans des positions bizarres pour réaliser leur mission. Et l’autorité du commandant Arkadius était totale. Il se délectait d’ailleurs du spectacle, affirmant sa supériorité : ses sbires étaient là, à ramper à ses pieds justes parce qu’il l’avait exigé. Une belle preuve de son pouvoir. Mais l’heure n’était pas aux réjouissances, loin de là.

Chef ! Ça vient d’ici !

Le chef en question eut un léger frisson en entendant ces paroles. L’heure fatidique était finalement arrivée. Ils allaient enfin savoir ce qui était arrivé à Wladkov. Mais ils ne se faisaient guère d’illusion quant à son sort.

Commencez à creuser !

Et puis, Arkadius s’approcha de l’endroit où était enterré son ancien employé tandis que deux de ses actuels subordonnés s’étaient positionnés pour commencer l’opération. Le commandant était tendu. Avant que le premier coup de pelle fût effectué, il songea aux conséquences dramatiques que cette mort pouvait avoir. Dans le pire des cas, il était même possible d’envisager un massacre. On ne s’attaquait pas impunément à leur gang. Enfin, dans un geste solennel, l’un des faux agriculteurs enfonça rageusement sa pelle dans le sol, comme s’il voulait se venger de cette terre qui lui avait pris son ami.


___________________


J’étais nerveux. Et ce n’était dû ni à la situation, ni à cet échange d’informations, ni à ce qui se tramait sur l’île, ni à l’attitude maléfique de mon interlocutrice. Non, le mal était bien plus profond que cela. Il suffisait d’un nom. Un unique nom qui me faisait perdre mes moyens. Mon cœur avait peur des réponses à mes interrogations, elles pouvaient être lourdes de sens, annihiler tout ce que j’avais pu accomplir durant ces quelques années. Et pourtant, je me devais d’agir avec dignité. Je devais puiser en moi la force de faire face à la réalité.

Et puis, mon informatrice s’agita soudainement et me poignarda sans que je ne puisse réagir. Je sentis son bras glacial geler mes entrailles et diffuser l’hiver au sein de mon corps. Elle venait de me refroidir. Bientôt, je rejoindrais le monde des morts, là où l’obscurité régnait en maitre. Mais mon sang fit un tour dans mon corps et me réchauffa instantanément. Je n’acceptais pas cette vérité, ainsi blessante fut-elle. Ce n’était pas possible, pas après tous mes efforts. Plongé dans le déni, j’essayai de me remémorer les derniers instants de cette confrontation parricide.

C’est très personnel, en effet. Je m’appelle Lawrence, enchanté Julia.

Je pus aisément deviner que la jeune femme m’avait donné un nom d’emprunt, sans doute pour conserver sa couverture. Mais cela m’importait peu pour le moment. Après quelques courts instants d’égarement discrets de ma part, je pus reprendre les choses en main. Et avant toute chose je me devais de m’assurer des ambitions exactes de mon interlocutrice. Son discours n’était pas assez précis à mon goût, et ce, sur tous les points. Elle m’avait posé pas mal de questions auxquelles je n’avais pour l’heure pas pris la peine de répondre. Je jugeais que ce n’était pas encore le moment opportun et j’avais besoin de connaître un peu plus le jeu de ma partenaire de jeu avant de dévoiler mes cartes.  

Avant de dévoiler complètement mes intentions et mes informations, je veux m’assurer que nous avons des intérêts en commun et que je suis en mesure de remplir tes objectifs.

Ainsi, Julia était informée de mes intentions. Je souhaitais réellement coopérer et l’aider à atteindre les buts qu’elles s’étaient fixés. Puis, ayant mis les choses en claires, je poursuivis mon discours.

Ainsi donc tu prétends être la protectrice de North Blue qui veut empêcher que ça dégénère ?! Wrahahahaha ! OK, tu veux empêcher une autre organisation malveillante de mettre la main sur les médicaments. Je suppose que le fait que tu les obtiennes est secondaire dans ce cas ?

C’était là le point sensible d’une éventuelle alliance. Il fallait se partager les gains. Comment étions-nous supposés nous mettre d’accord sur le butin ? Je devais m’assurer qu’elle n’ait pas l’intention de mettre la main sur les pilules pour être certaine que nous soyons sur la même longueur d’onde. Avec un enjeu matériel, nous risquions de compromettre toute l’opération avant même qu’elle n’eût commencée. C’était la porte ouverte à toute trahison.

La mission que j’ai reçue de mes supérieurs se résume en trois points : Récupération d’informations sur ce qui se passe dans North Blue, les enjeux de cette nouvelle drogue, les différents gangs et les conflits d’intérêts qui pourraient en découler. Puis vérifier l’efficacité de cette drogue, mesurer ses limites, ses effets réels. Enfin, si c’est intéressant, mettre la main dessus. Autant te prévenir tout de suite, je n’ai aucune intention de le faire : je suis ici, car j’ai un compte à régler avec Edward Norton. C’est pourquoi je te demande de me révéler tout ce que tu sais sur lui.


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À l’annonce du nom tant recherché, Elina repéra un certain changement chez son interlocuteur. Il sembla se roidir, comme s’il venait d’être confronté à une froide réalité. Un fait étrange lorsqu’on considérait le fait qu’il avait lui-même demandé les informations relayées en partie par l’araignée... ce qui la laissait penser que, lui non plus, n’était pas totalement honnête avec elle. Il confirma d’ailleurs le caractère « très personnel » de l’affaire sans en révéler plus. Lawrence embraya sans plus attendre et demanda à la jeune femme de lui faire part à son tour de ses réelles motivations dans cette sombre histoire. Elina tenta de biaiser, comme à son habitude, mais le colosse ne semblait pas dupe. La Zoan sourit devant le caractère effronté de son vis-à-vis, puis répondit sans se démonter :


- Protectrice de tout North Blue ? Loin s’en faut. Je me contente d’une île ce qui représente déjà une tache considérable, mais je suis prévoyante. Un tsunami qui se déclenche sur une mer finit par tout noyer, c’est aussi simple que cela.


Elle lui laissa un bref temps de réflexion, avant de reprendre la parole :


- Je compte avant tout éviter que cette drogue se propage sur North Blue, en effet. Une autre alternative serait de mettre la main dessus pour la détruire, ce qui me procurerait un soulagement évident. Cependant, l’éloigner de cette mer pourrait me suffire, avec quelques garanties, bien entendu...


Lawrence se montrait étonnamment subtil compte tenu de son apparence de molosse. Il explorait le terrain pas à pas, préférant sans doute s’assurer que la jeune femme ne le trahirait pas le moment venu avant de s’associer avec elle. Une initiative louable à laquelle Elina s’adonnait également avant de considérer le moindre marché. Ainsi donc le mastodonte souhaitait faire équipe pour retourner à leur avantage la situation qui, pour l’heure, semblait bien peu reluisante ? L’araignée n’allait pas laisser passer ce genre d’occasion ! Avec la perte de son subordonné et son manque de renseignements fiables, elle était de toute façon coincée, en un sens. Elle écouta alors le grand gaillard lui proposer à demi-mot les termes du marché : la drogue contre Edward Norton. Une proposition en or ! Un marché qui semblait équitable, quoiqu’un peu trop facile à obtenir. Néanmoins Elina joua le jeu et répondit favorablement à la demande de Lawrence :


- Edward Norton est un ponte du milieu. Il était apparemment aux commandes d’un royaume lointain, même si les informations restent contradictoires à ce sujet. Il aurait été exilé de sa propre patrie suite à un scandale politique que je n’ai pas pu éclaircir et, depuis, on l’aurait cru mort. Les maigres informations que j’ai récupérées le disent sur North Blue à la tête d’un petit cartel baignant dans un large panel de domaines : armes, trafic d’influence, contrebande, assassinats... Il cherche à étendre discrètement son territoire tout en ralliant à sa cause un maximum d’alliés en jouant sur son ancienne réputation. Il ne dispose pas d’une force de frappe énorme pour l’heure, selon mes estimations, mais il n’est pas à prendre à la légère pour autant. C’est un combattant expérimenté, après tout.


Après un bref instant, l’araignée reprit d’un ton moins assurée :


- Ce n’est qu’une hypothèse, mais ce pourrait être un imposteur. Il est resté tapis dans l’ombre et n’a pas fait parler de lui, alors qu’il était un puissant combattant selon les rumeurs que j’ai pu glaner. Si vous avez un compte à régler avec lui, nous pourrions peut être trouver un terrain d’entente.


Fixant sans animosité Lawrence, Elina lui demanda alors d’une voix douce :


- Que diriez-vous de cela : je vous propose de m’aider à mettre un terme à ce commerce de drogue ; en contre partie, je vous aiderai à mettre la main sur Edward Norton pour vous venger. Un criminel notoire et un trafic dangereux en moins sur cette mer, nous sortons tous les deux gagnants !


C’était sans compter les arrières pensées de la protectrice de Yakoutie Island. Loin de vouloir anéantir Edward Norton, elle prévoyait de le rallier à sa cause et d’annexer ses territoires et son influence. En cas de refus de sa part, elle serait cependant contrainte de laisser Lawrence le tuer... pour convaincre ses hommes qu’elle allait les guider vers la vengeance de leur ancien maitre. Elle sortirait gagnante de cette affaire coute que coute.




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Mar 11 Oct - 5:39






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Petit à petit, ma base de données s’enrichissait de nouvelles informations. Mon apparence me conférait certes un désavantage certain dans le milieu du renseignement mais les résultats parlaient d’eux-mêmes. Une quantité non négligeable d’informations glanées durant mes missions d’espionnage. Peut-être le signe d’un certain talent ? Devrais-je envisager une reconversion professionnelle ? Non, il ne fallait pas amorcer la bombe trop vite, ces réussites n’étaient peut-être dues qu’à la chance. Néanmoins, cette idée de chercher l’information était intéressante. N’était-ce pas là le moyen de déclencher de véritables cataclysmes ? J’étais de ceux qui croyaient qu’il était simple de générer des vagues de destruction : il suffisait de lâcher une grosse pierre dans l’eau pour créer du remous. Et n’étais-je pas le mieux placé pour créer des altérations aussi brutales ?

Mes ardeurs furent brutalement refrénées par cette femme aussi glaciale que l’environnement dans lequel elle évoluait. Je n’aimais pas du tout ce climat austère, ces températures qui encourageaient à l’immobilité au détriment de l’action. Mon interlocutrice avait choisi d’emprunter cette voie pacifique qui facilitait bien des choses. Peut-être un peu trop à mon gout. Eviter la propagation de la drogue, cela revenait à réfréner les affrontements, les guerres et toute une flopée d’incidents majeurs. Non, plutôt que d’attiser le feu de la violence, elle semblait vouloir l’estomper, comme pour garder North Blue dans le froid. Et c’était bien dommage.

Les informations dont disposait Julia semblaient empreintes de véracité et concordaient avec mes propres hypothèses. Edward Norton levait donc une armée. Dans quel but ? Sans doute conquérir le monde par la force. Un plan dénué de sens, mais pourquoi pas. S’il était vivant, c’était sans doute son ultime option, en prenant en compte tout ce qui lui était arrivé. Puis, il fut temps pour mon informatrice de passer à l’heure des conjectures, compte tenu du ton moins assuré qu’elle employa par la suite. Des remarques tout à fait intéressantes s’ajoutèrent tout de même à son propos.

Alors que je m’apprêtais à passer à l’offensive, la jolie jeune femme s’arma d’un regard neutre, dénué de toute velléité belliqueuse. Sa voix douce me contraint à reconsidérer mes ambitions, à prendre en compte d’autres éléments. C’était comme si elle essayait d’amadouer son interlocuteur pour lui forcer à abdiquer en son sens, comme le ferait sans doute une femme. Mais ce n’était pas vraiment ce sentiment qui m’habitait. Peut-être était-ce ce contexte glacial, la part d’ombre que je sentais enfouie en elle, ou bien simplement les pulsions meurtrières qui propulsaient violemment mon sang à travers mon corps imposant.

WRAHAHAHAHAHAHA ! Je vois qu’on est sur la même longueur d’onde. Je vais pouvoir te parler du plan que j’ai mis au point pour nous faciliter les choses.

Les négociations allaient donc pouvoir débuter, maintenant qu’un accord de principe venait d’être trouvé, unifiant les deux parties. Bien sûr, j’éprouvais encore une certaine méfiance à l’égard de cette Julia et elle devait sans doute penser la même chose de moi. Mais dans le monde des affaires, il est facile de coopérer dans le but d’atteindre un objectif commun. L’union fait la force, avais-je pu entendre au cours de mes voyages. Mais qui fera l’union ? Eh bien, l’accomplissement d’un but, tout simplement. Il était grand temps de dévoiler à ma nouvelle alliée les dessous explosifs de mon plan détonnant.


___________________


Pendant ce temps-là, un peu plus loin dans les champs…

Les premiers amas de terre commençaient à s’entasser alors que les hommes s’étaient mis à l’ouvrage. Les faux agriculteurs s’étaient attroupés autour d’une même zone et collaboraient afin de l’aérer. Une odeur peu enivrante vint cependant troubler leur labeur, celui d’un homme en particulier. Le commandant Arkadius soupira. C’était toujours le même, ces derniers temps, qui se laissait aller à des réactions non professionnelles.

- Bwah ! Cette odeur est… répugnante !
- J’veux rien savoir !
- Mais boss, ce n’est pas hygiénique ces conditions de travail. Cette senteur n’est pas en adéquation avec le nouveau parfum que…
- LA FERME CRETIN ! Continues à travailler si tu veux pas que je t’enterre !


Il fallait parfois faire preuve de fermeté pour encourager les quelques récalcitrants à travailler et le commandant Arkadius maîtrisait ce sujet. Toutefois, le comportement de cet homme en particulier l’irritait au plus haut point : depuis quelques temps déjà, il semblait s’être féminisé. Or le lieutenants des malfrats ne voulait pas de petites natures dans ses rangs, et encore moins des femmes, qu’il considérait comme inférieures. Il se promit de mettre un terme à la vie de cet homme qui finirait surement par devenir l’un de ces immondes Okamas dont il avait entendu parler. Enfin, un ultime coup de pelle percuta violement le sol et scella le destin de nombreuses vies.


___________________


Eh bien, voilà qui scelle notre alliance, Julia.

Notre discussion s’achevait. J’avais révélé divers étapes de mon plan à ma nouvelle alliée qui semblait avoir approuvé ce que je prévoyais de faire. En toute logique puisque cette planification répondait à notre besoin : la réalisation de nos objectifs respectifs. Tout au long des négociations, je l’avais rigoureusement observé, guettant les éventuels signes de failles dans mes dires. Mais la jeune femme n’avait pas bronché. J’étais persuadé qu’elle avait procédé à la même analyse pendant que je dévoilais plus en détail mes intentions. Mais l’heure n’était plus à suspicions : seul l’avenir nous apporterait des réponses concrètes. C’était moi qui déclencherais les hostilités.

Bien ! Le plan est en marche, ce n’est plus qu’une question de temps. Tu vas pouvoir contempler mon œuvre, profites bien du spectacle !

Je ne pouvais m’empêcher de ricaner à l’approche de ce grand moment. Un ricanement machiavélique. Pas à pas, je m’approchai de la fenêtre. Dès que la douce mélodie parvint à mes oreilles, mes bras s’écartèrent tandis que ma tête pivota en direction du plafond. Un rire sordide éclata.

WRAHAHAHAHAHAHAHAHA !!

Une violente explosion venait d’avoir lieu, troublant la tranquillité qui régnait habituellement sur les lieux. Et c’était toujours un plaisir d’exploser ses plans aux yeux horrifiés d’un monde ébranlé par ce choc soudain.


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Lawrence était décidément un homme plein de surprises. Les négociations avaient duré un certain temps et, du fait des forts caractères des deux parties, avaient failli à quelques reprises dégénérer. Après une dernière proposition concernant leurs objectifs communs et, surtout, afin de décider de la marche à suivre, les deux compères finirent par sceller leur pacte de non agression. En réalité, Elina était certaine que le colosse se méfiait autant de sa personne qu’elle-même se défiait de ce brun aux allures extravagantes. Mais que pouvaient-ils faire d’autre, en sous-nombre, sans pléthore d’information et désavantagés de la sorte ? Ils n’avaient d’autre choix que la collaboration forcée. Pourtant la Zoan s’était évertuée, tandis que le mastodonte en face d’elle lui exposait son plan, à décortiquer ses réactions et son langage non-verbal autant qu’à analyser ses mots. La dernière chose dont elle avait besoin était d’un coup de couteau dans le dos ! En définitive, elle n’avait relevé qu’un seul point : une forte volonté de réaliser sa mission et, peut être, de l’animosité lorsque le nom d’Edward Norton était abordé.

En tout état de cause, l’homme au caractère impétueux s’écria que leur plan était en marche et l’invita à en apprécier l’introduction, sous la forme d’une immense explosion qui secoua toute l’île. Ce fou furieux avait amené les fameux clients des pharmaciens à rechercher le corps de son espion disparu, mais avait remplacé ce dernier par une bombe ! Outre l’effet immédiat, à savoir se débarrasser d’adversaires directs, l’explosion avait pour but de faire sortir de sa tanière le comité d’accueil. Lawrence était certain que l’espion de l’araignée s’était fait découvrir et qu’il s’était fait suivre. Sans doute en allait-il de même pour eux. Après tout, puisqu’un espion avait été repéré, était filé et fréquentait l’établissement où ils se trouvaient à présent, l’arrivée très rapprochée de deux étrangers ne pouvait pas passer inaperçue. Ainsi donc, le pyromane les croyait observés et souhaitait pousser à la faute leurs poursuivants, ce afin de leur mettre le grappin dessus.

Bien entendu, lorsque la déflagration ébranla le bâtiment, l’étage du dessous s’agita et les clients commencèrent à sortir dans la plus grande panique de la taverne. Conformément au plan, Elina sortit de la chambre. Elle lança tout juste un regard au maniaque qui observait son œuvre, les bras écartés et riant à gorge déployée. Quel esprit fantasque ! Laissant là cet illuminé, l’assassin se coula dans la foule et sortit sur la grande place en prenant un air apeuré, elle aussi. Néanmoins, de ses yeux sombres, la jeune femme scruta les environs à la recherche d’un signe qui trahirait la présence d’observateurs embusqués.


« En toute logique, ils se sont soit infiltrés dans la taverne, soit sur une position haute afin de jouir d’une vue imprenable sur nos allées et venues. », pensa l’araignée.


Pour les avoir examinés lors de son entrée, elle savait qu’aucun des piliers de bar ne pouvait tenir ce rôle. Ainsi, il ne restait plus que les toits. Tout en se fondant dans les clients apeurés, la Zoan étudia les bâtisses. Elle se doutait qu’elle ne pourrait jamais repérer les espions d’en bas... aussi, lorsque plusieurs groupes s’éparpillèrent, elle en profita pour s’éclipser discrètement dans une ruelle sombre. Une fois à l’abri des regards, elle sauta sur le mur avant de se transformer en araignée et se mit à grimper. Arrivée en hauteur, la petite Nephila balaya les environs... en vain. Elle fronça les sourcils et réfléchit. À cause de l’explosion, il était possible qu’ils aient changé d’emplacement ou se soient rués en direction de la bombe. Ou alors Lawrence s’était il trompé ?

Alors que cette hypothèse pessimiste lui traversait l’esprit, le bruit d’un Den Den Mushi qui sonnait la fit sursauter. Le gastéropode n’était pas loin ! La Nephila reprit son chemin à vive allure pour un insecte. Elle slaloma entre les tuiles, contourna une cheminée et tomba nez à nez avec un couple de locaux ! Ils s’étaient logés entre la dite cheminée et une enseigne, les rendant quasi invisibles depuis la rue. L’homme possédait un sniper pointé vers la taverne, tandis que la femme s’occupait apparemment du pointage et des communications.


« Il était prévu de les faire parler de force... », songea Elina tout en observant la réaction de ses deux ennemis. « Mais peut être cette simple conversation au Den Den Mushi nous simplifiera la tâche ! »




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Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Comme convenu, Julia se retira de la chambre, alors que je m’esclaffais encore devant ma réussite. La froide demoiselle retourna donc au rez-de-chaussée et sortit du bâtiment en même temps que les travailleurs qui peuplaient le bar. Je pus apercevoir par la fenêtre le tumulte des habitants effrayés qui tentaient de comprendre ce qu’il s’était passé. Au milieu des riverains, une femme recouverte d’une capuche se faufilait vers un tout autre objectif. Je soupçonnais le gang pharmaceutique d’avoir déployé des hommes afin de surveiller un prétendu espion qui se serait glissé au sein de leurs clients. Ce même espion était la raison de ma présence dans cette chambre : il s’agissait de l’endroit où Julia et son contact avaient prévu de s’entretenir au préalable. Dans le doute, la criminelle des mers du Nord s’était donc mise en chasse de ces proies chimériques.

Dès qu’elle eût disparu de mon champ de vision, je soupirai. La présence ou non de ce comité de surveillance m’importait peu, en vérité. Ce n’était qu’une opportunité d’éloigner mon alliée du jour afin d’embrayer sur l’étape suivante de mon plan. Satisfait de l’avoir écarté sans aucune difficulté, je saisis mon Den-Den Mushi et composai l’un des numéros griffonnés sur un bout de papier froissé. Il était grand temps de sceller le sort de ces trafiquants.


___________________


Un peu plus loin, un gigantesque amas de fumée se dégageait du sol, encore chaud de l’impact meurtrier qu’il venait d’essuyer. Un silence funeste planait désormais, contrastant avec la lourde détonation qui avait ébranlé toute la zone. Un peu plus tôt, des hommes travaillaient paisiblement une terre cultivée. En lieu et place, il se trouvait actuellement un grand cratère, surnaturel. Alors que la fumée commençait à se dissiper, l’un des rescapés s’approcha du trou, horrifié par la scène qu’il venait de vivre. « Y avait-il même des survivants ? » se demandait-il. Ses collègues se trouvaient trop proches de l’épicentre du trou au moment de l’impact et n’avaient sans doute pas survécu à ce carnage.

– Qu… que… dites-moi que je rêve ?

Le rescapé était littéralement bouche bée. Il n’arrivait tout simplement pas à en croire ses yeux. La situation était dramatique. Ses camarades étaient encore pleins de vie quelques instants auparavant. Et pourtant, si soudainement… Ils avaient été soufflés. Les jambes tremblotantes de l’homme se dérobèrent et il s’effondra, complètement abattu. Il réalisait que cela aurait pu être lui. Et puis, un murmure brisé lui parvint. Une voix qui lui était familière.

– G… g… gr… Graaah.

Il se précipita en direction de la faible voix qui provenait de l’autre côté du cratère. Il devait s’agir d’un survivant ! En effet, un homme gisait non loin de là, sévèrement touché par l’attentat. Son côté droit avait été sévèrement endommagé et ses plaies saignaient abondamment. Et puis, le rescapé vit d’autres personnes. Ou du moins, ce qu’il en restait. Il ne put retenir un vomissement à la vue de ce paysage macabre. Et, lorsqu’il se fût enfin ressaisi, l’homme encore indemne entreprit les premières actions utiles. Il devait localiser son chef, lui seul saurait prendre les décisions. Mais il ne le voyait pas, ne l’entendait pas. Serait-il possible que… non ! Le commandant n’était pas si faible. Il n’avait pas pu se faire avoir aussi facilement. L’homme continua donc de chercher son chef, avec l’infime espoir de le retrouver vivant.

– Chef !
– …
– Tenez bon chef ! J’appelle des renforts.


Le commandant Arkadius était bien mal en point, l’explosion l’avait sévèrement touché. Mais ce n’était pas l’unique source de sa souffrance. Cette explosion était un premier affront. Être pris dedans en étant un second. Il finit cependant par se redresser et commença à reprendre le contrôle des opérations. Conformément aux ordres, son subordonné lui prodigua les premiers soins. Le chef criminel leva ensuite son seul membre antérieur encore fonctionnel et beugla des ordres au petit escargot. Le gang tout entier devait être mis au courant de cette attaque, qui ne resterait pas longtemps impunie.

– Passez-moi le boss.

Pendant qu’Arkadius ruminait sa colère, une légère brise souffla sur le champ morbide. Un morceau de papier partiellement brûlé flottait légèrement dans le ciel, porté par le courant d’air, comme s’il était au-dessus de ce cataclysme. Après avoir perdu suffisamment d’altitude, il glissa dans le champ de vision de deux malfrats qui ne manquèrent pas l’occasion de s’en saisir. Le commandant se tût immédiatement, complètement abasourdi par le contenu qui y figurait. Des lettres manuscrites pleines de sens.


« Longue vie au Roi Edward »



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Le couple d’espions en ligne de mire, Elina attendit patiemment que la jeune femme ne décroche le combiné du Den Den Mushi. Le gastéropode se figea en une expression peu amène, puis sembla souffler comme s’il fumait un cigare. Une voix grave s’éleva depuis le petit animal :


- C’est l’heure de votre rapport.
- Y’a eu du nouveau, chef ! s’exclama la demoiselle du groupe. On a localisé une énorme explosion dans la plaine au large de la ville. Je crois pas que y’ait d’homme à nous dans le coin alors c’est pas trop grave. Par contre y’a eu pas mal d’agitation dans la taverne !
- Ils ont bougé ? Ils menacent notre business ?
- Non, affirma le tireur d’élite. Pas l’homme en tout cas, on l’aurait quand même repéré vu sa taille ! Enfin peut être pour la femme, je ne suis pas sûr qu'elle soit encore à l'intérieur. Ça a été un vrai boxon c’thisotoire.
- Cette histoire, corrigea la rouquine.


Après un bref silence, le sniper lâcha un simple :


- Ouais. Voilà.
- Mais qu’est ce qu’ils foutent ces cons... J’ai pas du tout envie que la marine se ramène ici ! Je vais aller toucher deux mots à Arkadius pour savoir ce qu’il fabrique sur nos terres. De votre côté surveillez moi les deux étrangers et rappelez-moi s’ils commencent à bouger. Je compte sur toi pour éviter les débordements Milith.
- Bien reçu, chef ! répondit la jeune femme.
- Quant a toi, Kofta, s’ils se montrent dangereux ou reniflent du coté de nos laboratoires... descend-les.
- Bien chef, y’a pas de lazer.
- De lézard, Kofta... « y’a pas de lézard ».
- Ouais. Voilà.


Le son caractéristique d’un escargophone raccroché coupa court à la discussion. L’araignée soupira, dépité par la tournure de l’échange. Elle avait espéré obtenir des informations concernant leurs adversaires, leurs motivations ou mieux encore : la localisation de leur base ! Mais sans doute avait-elle été trop optimiste. Au lieu de cela, elle obtenait tout juste la confirmation qu’ils étaient surveillés par les mêmes criminels qui produisaient la drogue. Toujours sous la forme d’une minuscule araignée, Elina vit le couple atypique se concentrer de nouveau sur la taverne. Kofta empoigna son arme, avant de placer son œil dans la lunette de précision. Milith porta sa main en visière, comme pour tenter de mieux discerner les visages dans la foule...

La Zoan bondit immédiatement.

En assassinat, un des principes de base était d'attendre patiemment et de toujours profiter d’un contexte avantageux lorsqu’il se présentait enfin. Parmi ceux-ci, frapper une cible lorsqu’elle-même était concentrée sur une autre proie tenait de la situation rêvée ! L’attention des deux hors-la-loi était accaparée par la foule qui s’éparpillait, de sorte qu’elle put se transformer en hybride et foncer sur Kofta en une fraction de seconde. Le tireur d’élite fit preuve d’excellents réflexes, mais ne put éviter totalement le coup réservé par Elina. Elle lui enfonça son poing dans les cotes et les brisa comme un fétu de paille. Sa victime hurla de douleur et roula en arrière. Sa coéquipière réagit au quart de tour et sortit deux dagues de nulle part ! Tandis que le blessé reculait toujours en crachant du sang, la jeune femme ne s’émut guère de l’apparence de l’assassin et fonça au corps à corps.

Mais l’araignée n’était pas née de la dernière pluie. Que l’une fonce sur elle, tandis que l’autre utilisait une arme à feu n’était pas un fait anodin. Il était hautement probable que ces deux là aient appris à se coordonner et que Milith sache exactement quand laisser la place au sniper pour qu’il ouvre le feu sans crainte. Elina tenta tout d’abord de contourner la jeune femme et de se ruer à nouveau sur le tireur, en vain. La demoiselle était agile et connaissait parfaitement son rôle : elle n’était rien d’autre que le bouclier de Kofta. Ce dernier, malgré ses cotes en miettes, arma rapidement son arme et tira plusieurs balles. Comme elle s’y attendait, la femme s’était décalé juste à temps pour laisser un couloir parfait à son coéquipier. Mais les balles allèrent se ficher tout droit dans les tuiles derrière elle, tandis que la Zoan avait repris sa forme totale.

Elle mua de nouveau en hybride et repartit à l’assaut tout en gardant bien à l’œil le fusilier qui tentait de prendre ses distances. C’est alors qu’elle sentit la morsure de la lame sur son flanc. Effarée, elle jeta un coup d’œil à sa blessure et jura lorsqu’elle manqua de se faire poinçonner sur place. Devant l'esquive de la femme-araignée, Milith recula dagues en main et se remit en garde. L'assassin avait péché par orgueil, lorsqu’elle avait pensé cerner leur stratégie. Kofta était sans doute le plus dangereux du fait de ses munitions qui pouvaient perforer sa carapace chitineuse, mais elle avait pensé que Milith servait seulement à maintenir la menace loin du tireur d’élite ! Au contraire, lorsqu’elle s’était décalée, elle avait dû lancer en un éclair un couteau qui avait laissé une fine ligne sanguinolente sur son exosquelette.


« Une combinaison parfaite ! », grinça en pensée l’assassin. « Si je me concentre sur Kofta, Milith me tranchera. Et si je tente de répliquer, le sniper m’aura ! »


Elle qui se voyait déjà ramener un cadavre et un prisonnier à interroger... voilà qu’elle était dans de beaux draps !




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Mer 5 Avr - 21:02






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Derrière son imposant bureau, l’homme soupira. Un volume conséquent de fumée s’extirpa alors de sa bouche. Dans la pénombre environnante, il était aisé de distinguer un petit point rougeoyant : un cigare qui se consumait lentement. Et puis, le maitre des lieux formula de façon claire et concise ses attentes. L’heure du fameux rapport. À mesure que sa jeune employée lui délivrait ses précieuses informations, le grand manitou ne put s’empêcher de s’inquiéter de la tournure des évènements. Une explosion ne laissait présager rien de bon. Bien que les deux personnes sous surveillance ne semblaient pas impliquées dans l’incident, le chef de gang gardait une certaine suspicion à leur égard. L’on n’était jamais trop prudent dans ce milieu et les attaques pouvaient venir de nulle part. Toutes les magouilles les plus tordues étaient envisageables pour prendre le dessus sur un groupe rival. Et cette situation se rapprochait beaucoup de cette idée. C’est pourquoi le baron de la drogue demeurait méfiant. Et il fallait également surveiller les agissements de la Marine. S’attirer plus d’ennuis n’était vraiment pas bon pour les affaires.

Une fois le combiné raccroché, l’homme se mit à analyser une nouvelle fois la situation. Il comptait sur la discrétion et l’efficacité de ses hommes pour gérer cette affaire. Milith et Koftah faisaient une bonne paire et il n’y avait aucune raison de douter de leur réussite. Maintenant, il fallait prendre des nouvelles d’Arkadius, en espérant que cet homme impulsif n’ait pas causé du grabuge.

– Tss ! J’aurais dû m’y attendre…

Personne à l’autre bout du fil. Passablement irrité, le chef des criminels raccrocha brutalement. Cet imbécile d’Arkadius n’était que rarement joignable : la communication n’était décidément pas son fort. Il fallait donc se montrer patient quant à cette enquête sur l’explosion…

– Chef ! Un appel… pour vous !
– Quoi ?!
– Un appel pou…
– TU M’AS PRIS POUR UN STANDARDISTE ?! TU CROIS QUE JE VAIS REPONDRE À TA PLACE DU CON ?!!!
– … Un appel pour vous… chef…
– TSK


Cette fois, la colère se faisait entendre avec clarté dans les hurlements du baron de la drogue. C’était d’ailleurs une situation plutôt fréquente : il lui arrivait souvent de hausser un peu le ton, histoire d’assurer sa supériorité, mais surtout son autorité. Toutefois, Mr Doc, comme on le surnommait dans le milieu, n’était pas l’un de ces chefs violents et sanguins. Non, il était plutôt fidèle à l’adage : « Un chien qui aboie ne mord pas ». Il aimait simplement se faire respecter. Le pharmacien prit tout de même l’appel : en ces temps de troubles, la moindre information pouvait s’avérer capitale. Et il savait pertinemment que la personne à l’autre bout du fil cherchait à prendre contact avec lui seul. Débuta alors une conversation des plus bouleversantes entre cet interlocuteur anonyme et le fameux Doc J. Néco.


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Puis, une fois ma basse besogne accomplie, il ne me restait plus qu’à gagner le champ de bataille. J’étais très satisfait de la tournure des évènements, aussi j’éprouvai de grandes difficultés à réfréner mes sentiments. J’étais littéralement excité à l’idée que mes sombres desseins puissent s’accomplir. Une intense sensation de jubilation parcourait mon corps et faisait trembler mes cordes vocales d’un ricanement sordide. Tous les éléments étaient en place. Je me dépêchais de me glisser hors de la bâtisse qui avait hébergé mon génie machiavélique. Il était grand temps de hisser à la lumière du jour les contours de cette splendide exécution. Et, bientôt, j’userais de mon pouvoir pour changer ces plantations pleines de vie en des champs de ruines. Les graines de la destruction étaient plantées. Il n’y avait plus qu’à les arroser de sang afin de faire pousser la terreur et la désolation.

Une fois sorti, j’inspectai brièvement les environs. En théorie, l’attention des éventuels tireurs embusqués, ces rats qui nous surveillaient sans doute, s’était déportée sur Julia. Ce qui me laissait une opportunité de choix de quitter le lieu de rendez-vous sans encombre. Lorsque je me fus suffisamment éloigné, je me hissai sur le toit d’une des bâtisses qui m’entouraient, afin de tenter de localiser la position de Julia. Et éventuellement bien d’autres choses, depuis ce nouveau point de vue.


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L'araignée dardait ses yeux rouge sang sur le duo en face d'elle. Les deux mercenaires commençaient à reprendre leurs esprits et, voyant que leur coordination avait réussi à repousser le premier assaut de leur ennemi, ils s'étaient ragaillardis. Ainsi, la jeune femme armée de dagues harangua chichement la Zoan :


- T'as raté ton coup, connasse ! On va te refaire le portrait et t'arracher ce que tu sais !
- Ouais ! Même ta mère te renaîtra pas !
- Te reconnaîtra pas, Koftah !
- Ouais. Voi...


Profitant de leur échange, l'araignée s'était élancée derechef. Elle fit mine de vouloir passer devant Milith le long du vide, pour atteindre son comparse. Ce faisant, elle garda un oeil sur « le bouclier » tout en tissant de la toile gluante. Lorsque cette dernière s'interposa d'un geste vif, la Zoan bifurqua d'un bond et d'un rouler bouler pour esquiver le coup de dague. Un coup de feu retentit. Elle sentit la balle lui arracher un morceau d'exosquelette au niveau de son bras droit. Fort heureusement, elle n'avait pas fait totalement mouche ! Alors que Milith se retournait, tout sourire, elle eut la désagréable surprise de sentir un filet se refermer sur elle. D'un regard horrifié, elle se découvrit engoncée dans une toile gluante. Avant qu'elle n'ait le temps de réagir ou de tenter de taillader avec ses dagues, elle se retrouva saucissonnée et tomba à terre. Le choc lui fit lâcher ses armes. Elle jeta un regard venimeux à la Zoan, et sentit ses intestins se tordre de peur : l'assassin plongeait dans le vide juste à côté d'elle ! La jeune femme écarquilla les yeux devant la manœuvre, et tenta de se débattre en catastrophe.

En vain.

Un cri. Un autre. Koftah et Milith venait de comprendre le plan de l'assassin. Cette dernière s'était jetée dans la ruelle et, grâce à ses pattes d'araignée, s'était accrochée au mur vertical pour tirer de toutes ses forces la pauvre jeune femme dans le vide. Prise de panique, Milith hurla à l'aide et, pétri de bonnes intentions, Koftah se rua dans sa direction en toussant du sang. Sa blessure au thorax le faisait souffrir le martyr et il sentait son souffle s'amenuiser peu à peu... la maudite avait sans doute embroché un de ses poumons avec sa cote ! Il courut aussi vite qu'il put, affrontant le spectacle horrible de voir sa partenaire s'accrocher aux tuiles du toit, hurler, ensanglanter ses mains mais, inexorablement, être traînée vers l’abîme. Avant que le sniper ne puisse arriver, Milith bascula.

Mais aucun bruit mat ne marqua sa chute. Le sniper hésita, mais finit par céder et braqua son arme par dessus le toit. Il découvrit la jeune femme inconsciente et engoncée dans un filet de toile. Il s'écria, haletant :


- Merde ! Bouge pas, Milith ! J'vais te sirop de là !


Avant qu'il ne puisse réagir, une voix s'éleva derrière lui :


- « Te sortir de là », Koftah.


Puis une main chitineuse le frappa aux cervicales, et il sombra dans l'inconscience.

Elina reprit lentement son souffle, ses deux adversaires neutralisés. Elle ne s'était pas attendu à autant de résistance de leur part, ce qui avait nettement retardé ses plans. D'un regard vers ses plaies, elle se rassura : aucune blessure n'était suffisamment profonde pour la mettre hors combat. La Zoan appliqua néanmoins de la toile gluante sur ses estafilades pour les panser au mieux. C'est seulement lorsqu'elle finit de se soigner qu'elle remarqua une silhouette imposante, sur un autre toit. En un éclair, elle comprit. Lawrence l'avait vue. Elle lui fit signe, l'air de rien, afin de lui signifier qu'elle allait bien ; car elle ne doutait pas qu'il ferait le lien entre Julia, la jeune femme qui lui avait dit partir s'occuper des embusqués, et la monstruosité qui se tenait dans sa ligne de mire.

Ils allaient devoir parler.




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Techniques utilisées:
Zurui Ami : (lvl 16)
Elina prend son temps pour tisser une toile complexe et compacte. Elle finit par la lancer sur un adversaire sous la forme d’un filet de soie résistante, d’un mètre de rayon, qui se déplie instantanément. Elle peut utiliser n’importe quel type de fils pour cette technique, à partir du moment où elle sait les créer (ex : fils gluants lvl 18).

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Sam 4 Aoû - 19:15






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






D’un regard alourdi d’une satisfaction qui semblait infinie, je balayais les contours des bâtiments qui surplombaient la ville de leurs toitures. Du haut de mes trois mètres, je possédais une vue imprenable et une sorte de sensation de supériorité s’intima en moi. Pour autant, je chassai bien rapidement cette insidieuse émotion de mon être : c’était là le genre de sentiments qu’éprouvait Norton, après tout. La douce brise vint rafraichir les brulures qui tapissaient mon faciès tandis que ma chevelure dansait légèrement. Et puis, mes pupilles rouge sang se figèrent enfin, totalement absorbées par le spectacle surnaturel qui venait de se dérouler.

« Que… qu’est-ce que c’est que… cette horreur… ?! »

Alors, d’un coup, le monde se mit à tournoyer, me faisant perdre pied, littéralement médusé par ce que je venais de voir. Je pestai, jurai, grommelai, balbutiai. Mais les mots pour décrire cette monstruosité me manquaient, inévitablement. Alors, mes jambes ployèrent sous le dégout tandis que mon visage se tordit dans une expression d’horreur. Une telle créature n’était pas censée exister en ce bas monde. Rapidement, des petits gémissements d’indignation et de révulsion s’extirpèrent de mon être, ne pouvant plus être contenus. Bientôt, je me retrouvai à me tortiller par terre, dans tous les sens, comme pour me dépêtrer d’une toile d’araignée invisible. Je devais laver de mon esprit de cette insidieuse vision, de cette horripilante silhouette….

Mais en vain.

Le cauchemar continuait, inlassablement, me donnant la nausée. Et que dire de la taille de la créature qui évoluait avec une certaine vélocité ? L’espace d’un instant, de funestes pensées assaillirent mon esprit torturé. Et si cette chose s’élançait à ma poursuite ? Et si cette erreur de la nature venait faire glisser ses pattes velues sur mon torse tandis qu’elle m’enliserait dans sa toile pour me faire tant de choses ignobles…

Non.

Une telle monstruosité n’avait définitivement pas le droit d’exister dans un monde aussi beau. Et en tant qu’être vivant épargné par les affres de la vie, il était de mon devoir de nous débarrasser de cette chose immonde. Alors, après un vomissement, je me redressai difficilement et toisai de dégout mon nouvel ennemi.

« Brûle dans le feu de l’enfer, monstre ! »

D’un geste brusque, mes deux pistolets s’élevèrent et toisèrent ce qui était sans doute la plus hideuse créature qu’il m’ait été donné de voir en ce bas monde. Mais bientôt, elle ne serait plus qu’un vague souvenir, un cauchemar voué à s’échouer dans l’océan de l’oubli. Oui, je sauverais la terre et effacerais définitivement son existence. Je serais le héros.
Alors, les détonations déferlèrent jusqu’à ce que mes chargeurs se fussent totalement vidés de leurs contenus. Et lorsque les projectiles invisibles iront s’écraser sur les pans de murs qui portaient l’abomination, des explosions viendront secouer tout l’ensemble, afin de détruire le bâtiment. Ainsi, les nombreux hommes qui tentaient de l’escalader seraient soufflés en même temps que le bâtiment.



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Ed est troublé par la vision d'Elina au loin et ressent des palpitations dans son petit coeur : la belle et ténèbreuse Elina le trouble... oo:

Ceci est donc une déclaration d'amour pour la belle, que dis-je, splendide Kokuro Elina ♥️

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Kokuro Elina
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Sam 4 Aoû - 23:49
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Le regard fébrile de la Zoan s'était posé quelques secondes seulement sur le corps gigantesque de son acolyte du jour, mais déjà un mauvais présentiment la taraudait. Elle s'était pourtant faite la réflexion, lors de leur discussion, qu'elle devrait faire attention à ne pas utiliser son fruit du démon devant lui ! Mais les deux agents du gang pharmaceutique s'étaient révélés bien plus coriaces que prévu, et ce qui ne devait être qu'un assassinat éclair s'était éternisé. Elina se trouvait à présent dans une situation délicate où elle allait devoir composer avec un fait pour le moins dérangeant : Lawrence ne tarderait pas à faire le rapprochement entre Julia et cette forme hybride ! Son secret risquait donc d’atterrir entre les mains d'un parfait inconnu qu'elle ne pouvait pas éliminer d'emblée... Car l'araignée avait besoin de lui pour mener à bien cette mission délicate puisque, de toute évidence, ses propres forces s'avéreraient insuffisantes contre les adversaires qui pouvaient se coaliser contre elle ! D'autre part, il détenait des informations cruciales concernant les plans des différents protagonistes liés à cette sombre histoire de drogue. Elina jura intérieurement, convaincue qu'elle était dans de beaux draps et qu'elle allait devoir discuter avec Lawrence, voire peut être le réduire au silence à la fin de leur collaboration. C'était en tout cas ce que pensait l'assassin aussi sournoise que prudente.

Grand mal lui en prit.

La seconde qui suivit cette triste constatation fut marquée par deux événements majeurs. Primo, ses sens arachnéens s'affolèrent, lui criant que quelque chose n'allait pas et que le danger la guettait. Secondo, elle vit l'homme au caractère sanguin se rouler par terre comme un forcené, vomir tripes et boyaux... pour alors se relever et pointer deux armes à feu dans sa direction ! Elle écarquilla les yeux un bref instant devant cet assaut improbable, mais ses réflexes prirent bien vite le dessus. Elle plongea dans le vide, tout en tissant un fil qu'elle accrocha au toit, pour lui éviter une chute mortelle. Lorsque la Zoan passa devant Milith, toujours inconsciente et embourbée dans sa toile, elle attrapa la prison de soie de la jeune femme pour l'amener avec elle dans sa chute. Elle avait besoin d'une personne à interroger, malgré la tournure dramatique des événements !

La femme araignée atterrit bon gré mal gré au sol, encaissant non seulement son poids mais celui de sa prisonnière inconsciente. Les badauds avaient définitivement fui les alentours dès les premiers coups de feu, ce qui permit à Elina de reprendre forme humaine sans risque de se faire repérer. De multiples détonations résonnaient au dessus de sa tête, chaque tir sauvage de Lawrence explosant un bout du bâtiment sur lequel elle s'était trouvée, quelques battements de cœur plus tôt ! Avait-il complètement perdu la tête ?! Ou alors... n'avait-il pas compris qu'il s'agissait d'elle ? Elle lui avait pourtant dit partir s'occuper des gêneurs sur les toits ! Il n'existait que deux solutions : il venait de la trahir sciemment, ou s'était imaginé faire face à un ennemi. Il n'existait qu'une façon d'en avoir le cœur net : le confronter !


« J'espère pour lui qu'il n'a pas tenté de me planter un couteau dans le dos après toutes ces simagrés ! », pesta en pensée l'assassin.


Elina attrapa Milith et la jeta comme un vulgaire sac de pommes de terres sur son épaule, avant de s'éloigner en toute hâte du bâtiment qui commençait à s'effondrer sous les assauts rageurs du colosse. La Zoan jeta un bref coup d’œil en arrière, devant les bruits des gravats qui semblaient proches. Elle put alors apercevoir des corps qui volaient au gré des explosions. Des corps d'hommes, tous habillés du même uniforme, et qui semblaient non pas provenir de l'intérieur du bâtiment mais de l'extérieur vu leurs positions par rapport aux pierres. L'araignée nota ce détail dans un coin de sa tête mais poursuivit à toute vitesse sa fuite. Bientôt, elle arriva au pied du bâtiment sur lequel le fou furieux se tenait avant d'ouvrir le feu. Sans aucun état d’âme, elle fracassa la porte d'entrée d'un coup de pied et monta quatre à quatre les escaliers. D'un geste rageur, elle fit descendre la trappe-escalier qui menait au toit et traîna Milith jusqu'à arriver derrière le fou de la gâchette.

Essoufflée, le teint rosi et la tête emplie d'une myriade de pensées contradictoires, Elina s'avança en direction de l'homme et, au vu de son tempérament instable, préféra s'annoncer d'emblée... prête à réagir au quart de tour en cas de mouvement hostile de sa part.


- Lawrence ! C'est Julia ! Qu'est ce qui vous a pris d'ouvrir le feu de la sorte ?!


Ce grand échalas avait intérêt à lui fournir une explication valide ! Car Elina aussi avait son petit caractère... et elle avait en sainte horreur qu'on tente de la doubler, ou encore de lui tirer dessus !




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Ven 11 Sep - 16:46






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Mes yeux se plissèrent lorsque les affreux contours de l’abominable créature vinrent agresser mon regard, fuyant avec une agilité aussi bestiale que gracieuse la chute des gravats qui composaient les bâtis. Dès lors, un tic de désappointement vint s’immiscer sur mon visage, confortant l’amère et insidieuse déception qui empoisonnait mon regard. Mon offensive avait été bien trop timorée, insuffisante, pour prétendre éradiquer une telle monstruosité afin de l’ôter du monde des vivants. Je pestai tandis que mes yeux se noircirent d’un peu plus d’amertume.

Pourtant, il était encore temps de prendre des mesures drastiques. Comme, par exemple, brûler toute la ville afin de consumer tout être vivant susceptible de menacer ma propre existence. Oui, c’était sans aucun doute la meilleure chose à faire, ne serait-ce que pour me réchauffer un peu, avec les cendres de mes ennemis. Car l’insidieux froid des mers du Nord n’avait de cesse de me ronger, attisant toujours plus mes ardents désirs de destruction.

Alors, je demeurais interdit face à ce spectacle : la chute de cet amas de pierre sur le sol, bercée par les doux hurlements des soldats agonisant, certains écrasés par de lourds fardeaux de pierre. Mon couvre-chef oscillait paisiblement, comme bercé par la douce brise qui faisait balloter le flot de mes pensées d’un extrême à l’autre, considérant les différentes options qui s’offraient à moi. Ainsi, mes cogitations batifolaient dans tous les sens, se tiraillaient, s’entrecroisaient dans un virulent capharnaüm tandis que je contemplais la progression de cette douce ombre féminine dans ma direction. Alors, mes paupières vinrent voiler le monde comme pour annoncer l’issue tant attendue : mon choix venait d’être fait.

Et puis, la jeune femme parvint à se hisser à mon niveau, le souffle encore haletant par ses récents efforts. J’entendis sa voix détonner, tempêter furieusement contre mon geste, alors qu’un sourire diabolique se dessinait sur mon faciès. Alors, mes mains vinrent doucement se délester de leurs armes qui retrouvèrent leur place, dans leur ceinturon. Un silence lourd et pesant s’installa en guise de réponse tandis qu’une brise glacée venait fouetter mes balafres faciales tandis que je continuais de présenter mon dos à ma vis-à-vis, comme pour l’inviter à venir y planter ses complaintes. Alors, enfin, dans un ricanement glauque, j’entrepris de tirer mes joutes verbales.

« Huhuhu… Peut-être que j’essayais de te couvrir et d’abattre les cafards qui rampaient jusqu’à toi… »

Commençais-je, avant de me retourner et de me diriger vers la ténébreuse demoiselle, jusqu’à me tenir près d’elle. Alors, ma tête se pencha vers la sienne tandis que mes ardentes pupilles vinrent se plonger dans les siennes.

« Ou peut-être bien que j’essayais d’éliminer une présence… gênante… Qui sait ? Malheureusement… il semblerait que j’ai manqué ma cible… quelle maladresse ! Wrahahahahah ! »

Alors, je me détournai de l’envoutante créature pour m’intéresser au paquet qu’elle avait apporté avec elle. Il s’agissait vraisemblablement d’une invitation à l’interroger afin d’obtenir plus d’informations. Pourtant, cela ne serait pas nécessaire : mes pions étaient déjà tous en place, et les dés étaient d’ores et déjà jetés. Et le gang des Pharmaciens était sur le point d’être mis hors de course.

Deux autres explosions retentirent. Et, très vite, un immense incendie commença à se propager.


_____


Au même moment, sur une île environnante…

Dans la grande salle éclairée par le doux murmure des torches, le maitre des lieux reposa son den-den, après une série d’appels à plusieurs de ses contacts : il s’agissait de confirmer les informations capitales que l’on venait de lui transmettre. Ses doigts glissèrent entre sa bouche et son menton tandis qu’il cogitait sur la question. Mais il ne put réprimer bien longtemps sa jubilation : un rire guttural se propagea dans la pièce. Tout était confirmé. Les jeux étaient faits, il avait gagné.

L’homme dont la chevelure semblait pâlir avec l’âge ne pouvait que se réjouir de la formidable tournure des évènements : depuis qu’il avait choisi de revêtir ce nom, tout semblait lui sourire. Les hommes affluaient afin de servir sous ses ordres, son pouvoir grandissait. Oh bien sûr, il s’y attendait un peu : après tout, il n’avait pas opté pour ce choix par hasard. Pourtant, les résultats dépassaient allègrement ses espérances. Et, à peine plus de deux mois de travail, il était sur le point d’en récolter les fruits. Dans quelques heures, il mettrait la main sur une contrebande de ces fameux médicaments que la pègre de North Blue s’arracherait. Et en se débarrassant au passage des deux gangs qui s’étaient initialement associés dans ce projet. Avec un tel coup d'éclat, il n’aurait aucune peine à grossir les rangs d’une armée dont la force pourrait potentiellement être décuplée par les effets du produit miracle. La conquête de North Blue n’était plus une idylle.

Edward Norton eut une pensée pour le mystérieux bienfaiteur qui l’avait contacté un peu plus tôt et qui avait rendu possible tout cela. Il s’était présenté comme l’un de ses hommes de confiance du gang des Clients. Et lorsqu’il avait eu vent du retour du très fameux roi combattant, il s’était décidé à tout plaquer afin de lui prêter allégeance. Il s’était joué de ses alliés et avait saboté les champs et entrepôts de Naru Island, et s’était arrangé pour que le gang des Pharmaciens s’oppose au gang des clients. De l’or en barres. Comment s’appelait-il déjà ? Maurice ? Gontrans ? Ah qu’importe, ce ne serait qu’un larbin de plus, aveuglé par son admiration. C’était le pouvoir octroyé par le fait de s’appeler Edward Norton : le pouvoir de rassembler sous sa coupe de nombreux criminels de talents. L’ancien monarque était adulé, idolâtré. Peut-être que les malfrats y voyaient là le parfait successeur au célèbre et légendaire Souverain des Ombres ?

Pourtant, Edward Norton fut interrompu dans ses fantasmes par l’alerte sonnée par plusieurs de ses laquais.

« Suprême leader ! Désolé de vous déranger… mais c’est que… nous sommes attaqués ! »
« Quoi ?! Qui ose ainsi se dresser face à moi ? Qui sont-ils et combien sont-ils ? »

Les mystérieux étaient audacieux pour oser s’en prendre à la troupe d’Edward Norton, qui se terrait en sécurité dans son château, protégé par sa redoutable armée. D’ailleurs le maitre des lieux ne s’en inquiétait pas le moins du monde.

« Une… femme. Elle est seule… Gwaaaargh »
« Descendez-la ! Mais qu’est-ce vous foutez ?! »

Une femme ? Seule ? Comme si Edward Norton était du genre à les craindre… comme si les femmes pouvaient constituer une menace ! C’était risible, surtout si elle était seule. Tout cela n’était qu’un feu de paille, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Et pourtant, les hurlements lointains des soldats tombés au combat n’auguraient rien de bon…



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Dim 13 Sep - 13:32






Fin 1504 - North Blue, Naru Island






Dans le château d’Edward Norton…

Ploc ploc ploc.

Une à une, les gouttes écarlates glissaient le long des deux lames qui luisaient d’un éclat carmin opaque, jusqu’à s’échouer avec les autres, dans un doux clapotis. Si la première était désormais entichée dans l’un des corps sans vie, la seconde pendait mollement dans la main de sa propriétaire. Son regard était vide, dénué d’émotions, comme si la route ensanglantée qu’elle venait d’emprunter ne l’avait lavée d’aucuns maux, ni offert le moindre réconfort : cette effroyable entreprise ne lui laissait miroiter que l’amer gout de l’échec.  

« Je suis Lilith, fille de Liz. Au nom du sang que tu as fait couler… de celui que tu as souillé, je viens venger tous les cœurs que par ton existence, tu as opprimés. »

Avait-elle solennellement déclaré en pénétrant dans la grande salle d’une voix qui transpirait la haine. Cette même haine qui l’avait guidé ici, faisant rougir encore et encore ses lames à mesure que les badauds s’opposaient à sa quête vengeresse. Tous s’étaient rués sur elle et avaient été déchiquetés par l’inépuisable colère qui l’habitait et qui l’avait vu grandir. Alors, la bretteuse adressa un regard à Edward Norton dont le visage s’était figé dans une expression de terreur. Alors, durant plusieurs minutes, elle lui murmura alors quelques mots. Et, lorsque ses tirades s’achevèrent, l’épéiste relâcha la touffe de cheveux qu’elle maintenait jusque là avec fermeté. Les pâles épis glissèrent entre ses doigts et la tête chuta lourdement sur le sol, à quelques mètres du corps auquel elle était autrefois rattachée, ce corps dépossédé de tous ses membres. Dans un geste vif, la tueuse scinda en quatre le crâne de l’imposteur, mettant un terme à sa pulsion vengeresse. Enfin, sa silhouette impitoyable glissa hors des lieux. Il subsistait encore en ces mers un homme à même de recevoir tout son mépris.


________





À mesure que le temps faisait son œuvre, le chaos se propageait sur Naru Island, pour le plus grand bonheur de l’homme qui avait tout manigancé. Pourtant, il ne parvenait pas à réjouir totalement de la situation : il était hanté par d’étranges émotions qui l’empoisonnaient et entraient en contradiction avec ses obscurs desseins. Après une vaine lutte, il se résolut finalement à céder face à ces nouveaux tourments.

« Oy, Julia! Changement de plan. Tu viendras avec moi sur le bateau qui contient la marchandise. »

La déclaration aurait peut-être de quoi surprendre l’intéressée : pourquoi un tel revirement alors que le criminel semblait avoir tout calculé jusqu’à présent et que tout se déroulait comme prévu ? Que cachait-il ?

« Je t’ai menti. Il n’y a plus aucune raison de rester sur l’île : ton recours ici n’est pas nécessaire. Au contraire, il s’agissait d’une stratégie pour te sortir de l’équation pendant que je me ferais la malle avec les médocs. Il y aura encore d’autres explosions ici qui détruiront ce qu’il reste des champs et des installations. Mais le chaos qui règne ici n’est rien par rapport à ce que j’ai prévu pour les anéantir… »

Après un tel projet de trahison, il y avait fort à parier que la froide criminelle serait habitée par une forte volonté de se venger : pourtant, ce ne serait pas le choix le plus judicieux à faire, en l’instant. Et ça, le vieux marchand de morts l’avait parfaitement anticipé. Peut-être que Julia elle-même se douterait de la nuance qu’il s’apprêtait à ajouter.  

« Des navires de la marine sans en route, prévenus par mes soins. Pendant ce temps, nous quitterons cette île ensemble vers le repaire d’Edward Norton. Je te laisse toute la marchandise en guise de dédommagement. Ne perdons pas plus de temps ici. »

« Et puis je ne veux pas me résoudre à te perdre » omettrait d’ajouter le fantasque artificier, visiblement fasciné par cette mystérieuse Julia. Éprouvait-il une quelconque attraction envers la belle et redoutable jeune femme ou bien était-ce une forme de compassion envers sa véritable nature ? Après tout, ils étaient tous deux des monstres. Et puis, éradiquer cette femme ici et maintenant serait du gâchis, tout comme une défaite d’Edward Lawrence. Après tout, il y avait fort à parier que ces deux malfrats encore méconnus, mais forts prometteurs porteraient la prochaine génération de criminels.


________





« Pourquoi être allé aussi loin… ? Rien ne t’y obligeais… »

En dépit de ses magnifiques teintes flamboyantes, c’était un spectacle qui faisait peine à voir. Dès mon arrivée, je m’étais faufilée sur le toit de l’une des bâtisses encore intactes, l’une de celles qui se trouvaient non loin de la côte. Le doux parfum des plantations hivernales s’était estompé, remplacé par un mélange désagréable entre odeur de brûlé et de produits chimiques. Il faisait bien plus chaud qu’à l’accoutumer à cause des incendies qui continuaient de progresser. Et la quiétude qui régnait habituellement sur cette île paisible avait été balayée par les terribles affrontements qui continuaient de retentir. Une troupe de soldats de la marine s’extirpa d’une ruelle et se rua en direction d’une fusillade qui semblait détonner plus loin, à quelques pâtés de maisons. Un petit camp de fortune avait dressé au milieu de la rue principale et servait à accueillir les civils blessés. Pour le moment, les forces de la marine semblaient éprouver de la difficulté à se coordonner sur les deux fronts : le sauvetage et le secours des habitants d’une part, et d’autre part la traque à ces psychopathes de hors-la-loi qui étaient allés bien trop loin.

Au nez et à la barbe de tous les protagonistes de cette sombre affaire, si bien que les coupables désignés étaient ces bandes de criminels : les deux gangs qui œuvraient dans la contrebande et qui s’étaient soudain lancés dans une véritable guerre intestine. Mais le véritable instigateur de cette catastrophe courrait toujours. Je me glissai discrètement dans l’une des ruelles et continuai d’explorer un peu les lieux, récoltant à mesure de ma progression quelques petites informations supplémentaires. Mais chaque pas en avant semblait plus éprouvant. À mesure que je me rapprochais du brasier, ma concentration s’amenuisait. Mes sentiments et émotions s’agitaient dans une tempête endiablée, échappant bientôt à tout contrôle. Et puis, des larmes dégringolèrent sur mes joues lisses.

« Tous ces cris et ces pleurs… tous ces hurlements de douleur… et toutes ces voix qui appellent à l’aide… Toute cette souffrance, cette désolation… »

Le capharnaüm tempêtait furieusement dans ma tête endolorie. J’étais capable de ressentir chacune des blessures de ces malheureuses victimes. Tous ces innocents avaient été brutalement arrachés de leur paisible quotidien par la folie d’un homme qui n’éprouvait aucune empathie pour les êtres humains. Et mon cœur et ma conscience se tordaient de douleur à l’idée d’être impuissante… de ne pas être en mesure de leur tendre la main. Que ce soient les marines… ou nous autres, révolutionnaires… le constat était le même. Des gens continuaient à souffrir, à être oppressés et à mourir de par le monde sans que nos actions ne puissent l’empêcher. Parfois même, nos affrontements les faisaient empirer. Et ce jour funeste en était la nouvelle preuve : je devais me résoudre à les abandonner. Il était trop tard. Je n’avais pas pu les sauver.





« Tel père, tel fils »

Edward Lawrence semblait avoir choisi de suivre les traces de son père, piétinant les existences de ceux qui se trouvaient sur leur route. Mon sang s’était mis à bouillir de rage. Je me mis à maudire cette lignée démoniaque qui ne faisait qu’engendrer souffrance et désespoir. C’était l’une des raisons qui motivaient ma traque : annihiler ces monstres, c’était contribuer à rendre le monde meilleur. Et, si les exactions d’Edward Lawrence avaient été terribles en ce jour, son potentiel destructeur allait bien au-delà : qui sait ce qu’il pourrait accomplir s’il se laissait davantage consumé par son inhumanité ? Il était peut-être encore temps de le stopper dans sa funeste lancée, d’empêcher son accession au trône et ainsi qu’il hérite totalement de la volonté de son impitoyable géniteur. Mes mains se crispèrent sur les deux lames qui un jour se refermeraient sur sa nuque.

« Je n’aurais pas de repos tant que ta tête ne sera pas tombée à mes pieds, Edward Lawrence. »


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Pour rendre hommage à Elina pour m'avoir offert ce rp qui avait tant de potentiel, mais aussi à l'occasion de mon 666ème poste sur le forum, j'ai voulu apporter une conclusion particulièrement travaillée et d'une grande importance pour la trame du personnage (d'ailleurs y'a 4 ost !)
J'espère que vous l'apprécierez tout autant que moi

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Edward Lawrence
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