Les choses se tassaient, la situation évoluée positivement. La blessure n’était donc à priori pas des plus graves, néanmoins la bilcane ne pourrait s’empêcher de passer vérifier régulièrement que tout va bien. L’Archange du Typhon avait même décidé de jeter coup d’œil peu après que la vampire serait endormi pour surveiller l’évolution de la blessure. La demoiselle ailée ne voulait pas péché par confiance en ces études. Les informations pouvaient ne pas être complète. Garder la situation sous contrôle était donc impératif pour être assuré que la vie de la jeune demoiselle à la chevelure rose ne soit pas en danger.

-C’est normal que l’on prenne soin les unes des autres, répondit Ishtar quand la Delalande remercia ses deux camarades. C’est tout naturel.

-C’est bien vraie ! On est un équipe ! déclara Féliora, assez expressive avec son grand sourire, qui dressa le bras devant elle pour lever son pouce vers le haut.

-Va te reposer. Ne t’inquiète pas pour nous, ajouta la zoan mythique afin que l’esprit de Lucina demeure tranquille.

Les deux femmes observèrent la jeune retourner au campement quand soudain la Di Marta se tourna vers sa vieille connaissance, le visage couvert par une angoisse sans non qui la faisait suer à grosses gouttes.

-Tu es sûr que ça va aller pour elle ? s’enquit la chanteuse en robe rouge qui n’était pas rassuré que ces informations soient issues d’un vieux parchemin.

-Nous allons la garder à l’œil pour s’en assure, on ne sait jamais.

-Peut-être que la créature a évolué depuis que ces explications ont été rédigé ! Un poison bien pire aurait pu voir le jour dans leur organisme pour s’attaquer aux humains ! s’affoler la brune toute seule en imaginant le pire pour cette jeunette à laquelle elle s’attachait de plus en plus.

La blonde posa une main assurée sur l’épaule de son amie.

-À mon avis, c’est trop peu d’années pour qu’une telle espèce évolue à ce point. Et comme je te l’ai dit, on va la garder à l’œil pour être certaines que tout va bien. Au moindre signe négatif, on s’envole pour l’hôpital le plus proche. Il y en a un à Strawzel que l’on a survolé en venant.

-D’accord, abandonna Féliora, toujours un peu stressé en étant dans le doute.

Les deux femmes se dirigèrent ensuite vers le campement pour voir si leur camarade vampire originaire de Konomi avait trouvé le sommeil…

La bilcane avait le regard perdu dans le vague lorsque la vampire émergea de sa torpeur. C’est ainsi qu’elle réagit avec quelques instants de décalage. Un sourire franc apparu sur son visage tandis qu’elle essayait de mettre de côté les tracas qui la hantait depuis plusieurs heures. De son côté, Féliora semblait en pleine forme et avait effectué diverses préparations, construisant même un semblant de table grâce aux efforts déployés par le binôme qu’elle formait avec sa correspondante.

-Tu étais très fatigué. C’est bien que tu aies pu récupérer. Et en effet, tu dors depuis que nous nous sommes débarrassés, si je puis dire, de l’étrange bête. Nous avons rassemblé les documents que tu as récupéré dans la maison en ruine dans le petit chaudron découvert plus tôt. Ils sont là-bas si tu veux en voir plus, déclara la fille des cieux en montrant le contenant adossé à une parois cristalline.

C’est alors que la Delalande s’engagea dans la difficile entreprise de se redresser. Pendant la dizaine de minutes que cela prit, l’originaire de la mer blanche jeta des coups d’œil régulier à la demoiselle au teint pâle et à la chevelure rose pour voir comment elle s’en sortait. Quand finalement Lucina triompha de cette « épreuve », l’ancienne révolutionnaire conjectura sur la condition physique de la plus jeune.

-J’imagine que cela est en partie dû au desséchement que mentionnait les croquis de la bestiole... Mais la fatigue générale doit jouer sur tes courbatures. C’est la première vraie période de repos depuis que l’on a quitté Konomi et, puisque tu n’as jamais quitté ton île, ton corps devait être épuisé de tous les soucis que nous avons eus et les obstacles que nous avons dû franchir. Peut-être qu’enfin tu parviens à t’adapter et à trouver du repos en dépit de ne pas être dans le confort habituelle d’une maison douillette.

La bilcane tandis le crabe à sa camarade de voyage pour qu’elle puisse se sustenter. De son côté, l’Archange du Typhon remuait les cœurs de branches sèches qu’elle avait arraché aux sommets de quelques arbustes bien particuliers qui étaient notamment décrit dans les notes retrouvées dans les restes de maison enterrés sous le sel. Finalement, l’éburnéenne s’écria et s’interrogea au sujet du temps qu’elle avait passé à dormir, réaction qui fit sursauter la Di Marta qui était penché dans un parchemin jusque-là. La De Lérhane de son côté se contenta de tourner la tête vers la buveuse de sang afin de lui répondre.

-Ah oui... Cela fait une deux jours et demi que tu dors… Tu étais vraisemblablement très épuise comme je te l’ai dis et la guérison de la blessure n’a pas aidé.

Se grattant le menton, la blonde aux quatre ailes se perdit quelques instants dans ses pensées tout en observant les flammèches danser sur le bois.

-Nous attendions que tu te réveille pour savoir quand est-ce que nous partirons d’ici. Si ce soir tu es en forme, nous partirons demain après-midi, sinon ce sera le lendemain. Pour aujourd’hui nous avions prévu de trouver des Mistiphaés. Ce sont des genres des fruits à coque qui ont une carapace de cristal de sel en guise de coque. Ils sont difficiles à différencier des cristaux classiques, mais il y a quelques astuces notés sur le parchemin que Féliora est en train de lire.

-C’est plus facile à dire qu’à faire, commenta la bilcane tout en étant lunatique. Lorsque l’on s’attache à quelqu’un on ne peux pas s’empêcher de s’inquiéter pour cette dernière. C’est naturel. Même lorsque l’on a pleinement confiance, il demeure toujours un infime doute causé par la peur. Ainsi va le monde.

L’Archange du Typhon demeurait inlassablement quelque peu perdu dans ses pensées, s’inquiétant de la vie que pouvait avoir sa famille actuellement, notamment Naesala. Est-ce que ses parents avaient beaucoup changé en dix ans ? La réaction suivante de la vampire ramena la blonde aux quatre ailes à la réalité. Néanmoins, c’est bel et bien Féliora qui répondit à Lucina en quittant sa lecture pour poser une main amicale sur l’épaule de l’éburnéenne.

-Tu sais, ce n’est pas car l’on se quitte que l’on ne se reverra plus. Et puis, rien ne nous empêche de demeurer en contact. On utilise généralement les escargophones pour ça de nos jours, néanmoins Ishtar et moi communiquons à longueur d’années par courrier afin de se raconter nos voyages et nos aventures. Si tu veux, on pourra fait payer les unes avec les autres. Comme ça lorsque tu t’aventureras par toi-même sur les flots, nous pourrons suivre tes aventures et savoir comment tu les as vécus. Il y a un temps pour se rencontrer, un temps pour se découvrir, un temps pour se dire au revoir. La vie est faite débuts et de fins, il faut simplement profiter le plus possible de ce qu’il y a entre les dents, en chérir le souvenir tout en réussir à se plonger dans un nouveau milieu.

La De Lérhane hochait la tête en souriant. La demoiselle Delalande se reprit bien rapidement et se redressa alors en invitant les deux autres dames à y aller.

-On dirait que tu es vraiment en pleine forme, s’amusa l’ancienne révolutionnaire. Et bien allons-y alors.

-Je vais essayer de vous résumer ce que j’ai compris dans ce parchemin, commencerait la chanteuse en robe rouge en se levant et en se mettant en marche, prenant alors la tête du trio.

Guidant ses amies, la Di Marta mènerais son explication à bout avant que finalement Lucina ne s’exclame à haute voix les projets qu’elle avait pour le futur. Ishtar se gratta l’arrière du crâne et rougit quelque peu, légèrement gêné d’être le modèle de sa jeune camarade.

-Tu as bien raison ! Voguer à travers le monde c’est vraiment extra ! N’est-ce pas madame la super forte, charia Féliora en donnant un coup de coude à la zoan mythique.

-Euh oui bien entendu, toussota cette dernière en essayant de reprendre sa contenance.

C’est alors que commencerait la recherche des Mistiphaés, occasion pour laquelle la demoiselle ailée se laissa aller à chantonner un poème sur lequel la Di Marta la suivit.

Les colonnes ligneuses franchissaient
Les voûtes verdoyantes séculaires.
Tandis que ce plafond brunissait,
Les mois s’écoulaient dans l’immensité stellaire.

Mer aux flots frétillant,
Elle a le sol pour seul amant
Dans un mariage princier
Dont les cimes sont les éplorées.

Le grondement est la canopée
Là où l’ombre est l’amitié.
Pour les nuits et les jours entiers,
Les bois sont bercés de mélopées.

Les filaments glissent sur le grain,
Annonçant un irrémédiable destin
Au lendemain de la vérité éconduite
Par la main d’une conduite fortuite.

Clameur insoutenable,
L’artiste dresse l’élégance.
C’est l’élan irrémédiable
De l’âme et de l’extravagance.

Le festin noir de l’encre
Traduit l’écart divin
Quand loué est l’écrivain
Qui, dans son œuvre, s’ancre.

Apaisable dans les reflets du temps,
On y trouve aucun vent du changement
Jusqu’à ce que s’immisce l’inépuisable,
L’agréable au sein des contrées affables.

Surgit du néant, silence envoutant,
Affrètes le calme dans le firmament
Sous les airs grandissant du doyen,
Berger de ceux qui sont ses citoyens.

Vilipender et honnir sont à bannir
Sur le repos du menhir encore à bâtir.
Enfin l’alégresse du silence se répand,
Bravant le bruyant sur cet océan.

-Les Mistiphaés ayant une coque de sel et n’étant donc pas entièrement constitué de cette manière, ils sont plus clair et ceux ayant une fine couche on peut même voir la fin de la carapace si on a de bon yeux. De plus, ont les trouve dans des endroits où la majorité des cristaux de sel sont plus petit qu’eux. Donc les plus gros spécimens ont plus de chance d’être découvert. Enfin, si on les secoue on entend la graine à l’intérieur faire un peu de bruit. Ce sont tous les éléments qui ont été retrouvé dans les parchemins, expliqua la chanteuse à la tête du groupe qui menait le trio vers un endroit qui avait le potentiel pour en avoir.

-Je me demande bien qu’elle goût ça a. Ça sera surement salé, mais est-ce que ça s’approche plus de la noix, de la noisette ou d’un autre arachide ? s’interrogea à haute voix l’Archange du Typhon qui marchait à côté de la vampire.

Du haut de ses trois mètres de taille, elle n’aperçu pas la petite bestiole et ce n’est qu’au moment où la Delalande lui rentra dedans qu’elle fit volteface pour découvrir ce qu’il se passait. La Di Marta fit demi-tour à son tour et observa la scène en scrutant la bestiole. Lucina tenta de communiquait avec lui avant de faire une proposition.

-Les fruits à coque sont assez différent des fruits traditionnels vu qu’ils n’ont pas de chair et seulement une graine comestible… Mais j’imagine que sur cette îlot particulier les créatures s’adapte tellement que cela doit leur suffire, même en petite quantité, pour s’alimenter, réfléchissait la demoiselle ailée tout en partageant sa réflexion à ses camarades.

-Il a l’air de plutôt bien t’apprécier Lucina, tu devrais peut-être t’occuper de lui. En tout cas, emmenons-le jusqu’à notre destination et nous allons voir s’il arrive bien à les débusquer, suggéra Féliora.

C’est ainsi que la petite troupe reprendrait son chemin jusqu’à arriver à une étendue de sel bercé par quelques arbustes pâles aux feuilles salés. Cherchant malgré tout par elles-même, Ishtar et la chanteuse laisserait à la vampire le soin de vérifier les recherches de son nouvel ami qui ne manquerait pas de tâtonner les gros cristaux, comme s’il cherchait à vérifier quelque chose par ce geste. Enfonçant ses dans une coque, il révéla alors l’intérieur d’une Mistiphaé. De manière très surprenante, l’intérieur de la coque n’était plus en sel mais en sucre. Il n’y avait aucun doute sur le fait que le goût serait assez surprenant pour cette île.

-Yokaï ? s’étonna Ishtar. Comme les yokai ?

Ces créatures étaient fortement liés au folklore de la célèbre nation du Nouveau Monde Wa no Kuni, là où nombre d’autres créatures imaginaires ayant leur propre style comme les licornes, le warabouc ou certaines fées trouveraient leurs origines dans le folklore de la tout aussi célèbre Kingadomu. Les yokai étaient soi-disant un type de créatures surnaturelles souvent représenté comme un esprit malfaisant ou parfois simplement malicieux démontrant les tracas quotidiens ou inhabituels. Il en existait une multitude de types que l’Archange du Typhon ne connaissait pas complétement n’étant jamais allé au berceau de cette croyance, le pays des samouraïs depuis lequel l’empereur pirate Eko Taka, fils de son prédécesseur yonkou Kouji Taka, régnait avec sagesse.

Finalement, la jeune demoiselle interpella les deux autres femmes qui cherchaient de leur côté et vinrent aux côtés de la petite créature pour observer sa découverte. C’était en effet quelque chose d’assez surprenant, tout comme le fait que Yokaï montrait sa joie en prenant les couleurs de l’arc en ciel. C’était en effet étonnant qu’un fruit à coque soit plein de sucre alors que l’on était au pays du sel. Tendant la main, la De Lérhane et la Di Marta prirent chacun une graine comestible et les portèrent à leur bouche. La saveur se répandit sur leur langue et elles s’échangèrent un regard. C’était un étrange mélange. Il y avait un fort gout de sucre avec une petite amertume qui laissait progressivement sa place pour qu’une petite note salée intervienne en fin de bouche. C’était une sensation des plus étranges puisqu’on passer d’un goût de noisette très sucré à quelque chose tirant vers le caramel beurre salé qui aurait trouvé sa version pâte à tartiné. Les deux femmes furent surprises de voir leur camarade Delalande recracher la denrée rare qui aurait certainement attisé l’intérêt de nombreux cuisinier, tel le capitaine corsaire Heziel Coffe qui était une ancienne connaissance de la femme ailée, mais elles se rappelèrent bien vite que cette dernière était une vampire et que son palais n’était pas fait de la même manière.

-Récupérant en un peu plus… Par contre… Je ne sais pas si nous pourrons emmener Yokaï hors de l’île Lucina… C’est une espèce qui s’est habitué à vivre dans un monde aussi singulier que cette île de sel, je ne sais pas s’il arriverait à s’accoutumer convenablement d’un endroit beaucoup plus vivable. Cela pourrait perturber grandement son métabolisme. On peut toujours essayer, mais si l’on voit que cela ne va pas on le ramènerais immédiatement ici.

S’intéresser et s’occuper des animaux était une bonne chose, mais dans leur amour pour la faune certaines personnes oubliaient qu’ils n’étaient pas fait comme les espèces intelligentes et qu’on pouvait mal s’en occuper tout en ayant pourtant de bonnes intentions.

La jeune vampire était assez raisonnable et comprenait bien à quel point cela pouvait faire du mal à l’animal d’être sortit de son environnement naturel. Les espèces humanoïdes s’étaient habitués à voyager et traverser de nombreux climats différents, mais le monde animal n’avait majoritairement pas cette chance et les espèces avaient alors leur milieu et leur biodiversité associé ? À vrai dire, même chez les espèces conscientes on pouvait retrouver cela sous certaines formes, les hommes-poissons dans les profondeurs marines, les géants sur leur île, qui devait sûrement être à leur taille, ou même les vampires qui vivaient bien mieux de nuit que de jour. La Delalande se mit alors à déclarer le fond de sa pensée et révéler ses sentiments vis-à-vis de ses deux connaissances. Féliora se retrouva un peu gênée de cela et la bilcane, de son côté, sourit tendrement face à ces paroles pleines de bonté.

-C’est important pour nous aussi tu sais. Se faire de nouveaux amis et leur ouvrir son cœur c’est très important, déclara l’originaire de la mer blanche en venant caresser la chevelure rose de Lucina.

-Oui, c’est euh réciproque, ajouta Féliora en bafouillant et en rougissant légèrement.

La plus jeune du groupe s’élança alors pour enlacer ses camarades, ou en tout cas essayé. La Di Marta se laissa finalement aller et rendit l’étreinte tandis que la De Lérhane, en raison de sa différence de taille avec les deux autres, n’était pas à la même hauteur et se contenta d’ébouriffer davantage la chevelure de la Delalande. L’affection qu’accordait la jeune vampire à ses deux camarades de voyage était toute particulière, tissé au fil des aventures et de ce voyage grâce auquel elle évoluait et grandissait, découvrant ce vaste monde qui lui était jusque là inconnu, se contentant jusque là des rives de l’archipel Konomi où elle avait vu le jour. Le sentiment de sa famille, qui craignait qu’elle emprunte la voie de la piraterie, était tout à fait justifier après tout puisque le goût de la liberté était très attirant, néanmoins, comme l’avait souligné l’angélique, cela générait de la frustration et une envie toujours plus grande de découvrir. C’était une stratégie à double tranchant, préserver Lucina du reste du monde lui donnait assurément le désir d’en apprendre plus sur ce qui se trouvait hors de son petit paradis d’enfance.

-Tu as raison. Il faut que l’on se prépare au départ.

Sur ces paroles, la demoiselle ailée et la chanteuse en robe rouge se remirent au travail tout en accordant leur affection à Yokaï afin de faire des dernières heures passés sur l’île des moments de partage qui resteraient gravé dans leurs esprits.