Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde


Portant une nouvelle fois la tasse finement décorée à sa bouche, Andromède profita d'une gorgée de thé tandis qu'elle déposait plusieurs documents devant elle. La salle était spacieuse : une salle de réunion fort qualitative, somme toute. Il fallait dire que le contexte de l'île était particulièrement agréable pour ce genre de meeting... les bâtiments, construits avec le strict minimum, étaient de façon générale largement plus ouverts et lumineux qu'à l'accoutumée. Finies les assemblées secrètes situées dans des complexes industriels reconvertis, des hangars aménagés ou des grottes investies. De sa place, autour de cette grande table ovale, la Elpa avait une vue imprenable sur les champs fleuris qui entouraient son quartier général.

La beauté de cet île n'avait d'égal que sa dangerosité, notamment à cause des espèces insectoïdes endémiques à Flower Island qui se trouvaient, pour une petite mais néanmoins non négligeable proportion d'entre elles, être mortelles pour l'homme. Un écosystème d'une rare complexité qui avait pris vie durant des siècles et des siècles de développement inlassable, entre les mains des Flow, ces habitants d'un respect tout à fait exemplaire pour Mère Nature... si certains des membres de la révolution de l'archère pouvait désormais profiter d'une expérience botanique sans nulle autre pareille, il allait sans dire que cela était principalement du au soin apporté par les locaux à la vie sur leurs terres.

Terres qui risquaient d'être menacées incessamment sous peu par un adversaire dont les ambitions semblaient sans limites : l'alliance des chasseurs de prime. Menée par Mijushike Hojo, rassemblant en son sein des pointures du monde de la traque aux primés sous la forme d'une véritable force armée, elle était devenue si importante qu'elle menait désormais une guerre sans merci à Eko Taka... une guerre qu'elle semblait bientôt prête à remporter : ce n'était, apparemment, qu'une question de temps. L'Empereur fameux pour son style à l'épée ne pourrait éternellement tenir face aux assauts de celui que l'on appelait déjà "Le tueur de Yonkou"... puis, ce serait certainement le tour des révolutionnaires.

Il s'agissait là d'un problème qui appelait à être pris à bras le corps, rapidement et sans bavure. Pour cela, il était l'heure de passer à la phase des préparatifs... aussi attendait-elle de la visite. Une visite qui, elle l'espérait, porterait ses fruits.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde

Lorsque le Dog entra finalement dans la pièce, la demoiselle lui offrit un sourire chaleureux, bien que quelque peu entaché par l’inquiétude qui était sienne depuis quelques temps. Il fallait dire que les nuages noirs s'entassaient à l'horizon : s'ils ne provoquaient pas eux même l'éclaircie salvatrice dont ils avaient tant besoin, alors ils devraient essuyer un orage sans précédent pour leur communauté... pour leur faction, même. Ils n'avaient plus le droit à l'expectative... plus vraiment. C'était une position qui, jusque là, plaisait à la Elpa : elle n'avait jamais été la plus vindicative, la plus agressive ou la plus prompte aux grands changements de ses comparses parmi les anciens maréchaux. Pourtant, sa nouvelle position impliquait de nouvelles responsabilités, qui malgré un air de déjà-vu pesaient bien plus lourdement sur ses épaules qu'autrefois.

- Le plaisir est partagé, Erwin.

Il était fort certain que la présence du leader de l'Inquisition ne pouvait que rassurer l'archère : ici, sur l'île aux fleurs, toute forme de renfort ou de secours pouvait sembler bien distance... que ce fut en termes de logistique ou de simple contact humain, d'ailleurs. De ce point de vue, pouvoir rencontrer le détenteur du Shun Shun no Mi était aussi bien rassérénant qu'utile, même si le sentiment bienfaisant ne tarderait pas à s'évaporer. Malgré tout, chacun avait besoin d'un petit remontant de temps à autres. Même parmi les gens qui portaient l'avenir de communautés entières à bout de bras.

- Je t'en prie, assieds-toi quelques instants. Du thé ?

Il était allé droit au but. C'était compréhensible : ils avaient tous deux fort à faire. Néanmoins, cela n'empêchait pas la cheffe de la révolution du Nouveau Monde de conserver un peu de politesse. Elle pointa du doigt une chaise non loin de la sienne. Si le Dog acceptait sa proposition, elle lui servirait un peu du breuvage apaisant. Autrement, elle ne s'en offusquerait pas.

- Pour commencer, notre situation n'est pas mauvaise : loin de là. Nous avons profité d'une relative tranquillité depuis notre arrivée qui nous a permis de nous installer durablement sur l'île et de nous préparer plus sereinement à l'avenir. Cela étant... ce n'est pas destiné à durer.

Elle porta sa tasse à ses lèvres avant d'observer le dehors, soucieuse.

- Eko Taka sera bientôt à genoux, Erwin. Ses forces sont enlisées dans une guerre qu'elles sont en train de perdre. Mijushike Hojo en a conscience, pourtant, impossible de prévoir ses prochains mouvements : tout comme il s'est lancé  à l'assaut de Wa no Kuni une première fois, il pourrait tout à fait recommencer... mais cet affrontement de longue haleine semble lui aller, pour l'heure. Combien de temps, me demandes-tu ? Je ne saurais te le dire.

Andromède se tourna à nouveau vers le Dog, l'air grave. La situation était loin d'être rose : le Tueur de Yonkou pouvait frapper l'Aveugle avec puissance et fermeté, dès maintenant : sans doute y laisserait-il des plumes, mais il en sortirait victorieux. Il pouvait aussi patienter, attendre que son adversaire coincé entre ses forces et celles de ses rivaux tombe à bout de souffle, tout en prenant le risque de le voir frappé par un regain de vitalité qui aurait pu lui être hautement néfaste. Si seulement elle disposait de cette information en or... seulement...

- J'ai envoyé un espion dans l'optique de trouver la réponse à cette question : il n'est pas revenu. Je crains le pire... pour lui, comme pour nous.

La révolutionnaire observa le liquide brun et transparent dans sa tasse, avant de la reposer sur la table.

- Car dès lors que Mijushike aura vaincu, nous serons entre le marteau et l'enclume... nous n'aurons alors qu'une marge de manœuvre bien malingre.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde

L'approche du Dog ne manquait pas d'audace, en plus d'avoir l'indéniable avantage de pouvoir espérer trouver une certaine dignité auprès de l'Aveugle : le contacter, de but en blanc, afin de former une alliance concrète et officielle visant à le débarrasser de son détracteur du moment. Cela aurait en effet pu permettre à la Révolution de trouver un second souffle plus pérenne dans le Nouveau Monde... en plus de fragiliser la position des chasseurs de prime et, par extension, la position Gouvernementale. Il était évident que Chairoka portait une importance particulière à la présence de Mijushike dans l'océan le plus dangereux du monde : il agissait comme un tampon, une barrière, un rempart capable d'intercepter un Yonkou et de le tenir en respect tandis que les combats sur Grand Line continuaient contre les Décimas et les autres cellules hors-la-loi, révolutionnaires et sous l'égide de la piraterie.

Cela étant, ce plan n'était pas sans inconvénients : il leur faudrait frapper avec puissance, précision et surtout en limitant les pertes. S'ils sortaient amoindris de ce combat, alors ils deviendraient un fardeau pour le Taka plus qu'autre chose : l'Empereur n'était pas du genre à laisser tomber des gens auxquels il avait donné sa parole. Les personnes qu'elle représentait, ainsi que cette île, deviendraient alors un point de frappe chirurgicale pour quiconque voudrait atteindre le bretteur efficacement... sans compter les chances que le Hojo prenne sa revanche directement sur Flower Island, car Andromède l'imaginait très difficilement perdre la vie ou être durablement incapacité durant un quelconque affrontement futur. Malgré certains évènements encourageants, elle avait du mal à croire aux miracles.

- Cela pourrait marcher, en effet. Il nous reste à savoir ce que l'intéressé en pense.

Se redressant, elle quitta sa chaise pour aller se placer à côté d'une commode massive, adossée au mur. Le bois semblait étrange, quelque peu spongieux... élastique. Parfait pour résister aux tensions extrêmes et aux chocs soudains. Néanmoins, il était particulièrement vulnérable au feu et sa nature semblable à celle d'une éponge le rendait difficile à coller et à travailler autrement qu'avec des rivets spéciaux : raison principale pour laquelle il faisait, de toute manière, un bien mauvais matériau pour un navire. Un tiroir ouvert plus loin, elle se munit d'un Den Den Muchi All Seas ainsi que d'un Den Den Mushi blanc destiné à crypter la communication. Elle composa un numéro, tout d'abord en interne : quelqu'un comme Eko Taka ne serait pas aisé à avoir en direct, mais il restait ouvert aux communications tant qu'elles étaient stratifiées. Une voix masculine lui répondit, provenant de quelques bâtiments plus loin sur l'île.

- Oui ?.
- Dale, c'est Andromède à l'appareil. Peux-tu me mettre en relation avec les forces de Eko Taka ? Je dois parler à leur chef.

Ils passeraient sans doute par un intermédiaire, à qui elle expliquerait la situation en gardant pour elle les détails les plus importants. La présence du Dog serait sans doute notifiée à ses côtés... puis, s'ils parvenaient à avoir le Yonkou à l'appareil en personne, elle le saluerait respectueusement avant de laisser le leader de l'inquisition prendre la parole.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde

La Elpa n'avait pas vraiment eu besoin d'intervenir : du moins, pas de façon marquante. Erwin s'était présenté à l'Empereur, qu'elle avait eu l'occasion de cotoyer plusieurs fois depuis son arrivée sur le Nouveau Monde et son installation sur Flowers Island. Donnant son approbation ou soulignant les remarques fort sages du Taka à certains instants, elle n'en admettait pas moins que le plan proposé par Erwin ne manquait absolument pas de panache : au contraire. Il y avait même des chances pour que ça marche, ce qui, considérant l'ennemi auquel ils allaient se frotter, dénotait d'une stratégie particulièrement adaptée.

Andromède n'avait cependant pas caché son appréhension, plus proche de la réelle inquiétude que de la simple perplexité, à l'évocation de Uxas Apokolips. Elle n'en savait pas autant sur lui que les ténors de cette ère, ceux qui avaient eu le temps de s'inscrire durablement dans l'histoire, ceux de "l'ancien temps"... mais ce qu'elle savait lui suffisait pour comprendre que l'opération toute entière pouvait tourner au drame, si une folie prenait ce vieux loup de mer. Elle n'avait pas réellement hésité à froncer les sourcils et jeter au Dog un regard perçant de sérieux lorsqu'il avait évoqué cet "allié". Eko, de son côté, semblait ne pas l'avoir relevé... mais elle ne doutait pas du fait qu'il puisse partager les mêmes doutes. Quant aux Tengoku no Seigi, il ne serait que rassérénant de les avoir à leurs côtés.

Les grandes lignes étaient tracées, il ne restait plus qu'à faire les ajustements nécessaires, commencer les préparatif et s'assurer que dans la cohue, leurs différents mouvements ne feraient qu'un pour tout mettre en branle. Une fois l'appel terminé, elle remercia l'Aveugle pour son temps et lui adressa ses salutations avant que le bruit caractéristique n'indique la fin de la communication. l'Archère répondit au sourire d'Erwin par un autre sourire, néanmoins plus timoré par diverses préoccupations.

- Kel... comme Daylon Kel ?

Elle était relativement estomaquée par la nouvelle. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas vu... il faisait partie de ceux qui avaient fait cavaliers seuls après la chute de Arias. Une chute durement ressentie dans toutes les strates de la Révolution, car le ciment qui unifiait alors cette myriades de personnages hétérogènes qui parfois, en d'autres circonstances, auraient sans doute été ennemis, s'était effrité avec sa perte. Elle n'était pas foncièrement ravie à cette idée, d'un point de vue personnel : ce trouble fête était déjà une corvée à supporter à l'époque. Elle n'avait pas spécialement envie de voir comment il avait évolué depuis qu'il ne répondait plus qu'à lui même... mais d'un point de vue militaire, c'était une bonne nouvelle. Il avait déjà affronté Mijushike, bien que sans grande réussite. Ses capacités étaient aussi intéressantes pour le conflit à venir. Très intéressantes, même. Elle n'allait pas cracher sur un atout plausible.

Puis vint le sujet de Hadès Tenryon... qu'elle n'eut pas réellement le temps d'aborder : un appel, apparemment urgent, força le Dog à la quitter l'espace de quelques minutes. Elle n'en prit pas ombrage, fort heureusement pour Erwin : elle était bien plus mesurée et sage qu'une partie non négligeable de ses anciens collègues, sur ce point. Elle comprenait donc parfaitement qu'avec ses capacités, il ne devait pas être rare pour lui de devoir revoir ses priorités aux derniers instants... si des civils étaient en danger, ça en valait la chandelle. Ils ne devaient pas oublier ce pour quoi ils se battaient. Ce pour quoi, bientôt, ils mourraient peut-être. Des pensées qui furent bientôt coupées par le retour du Dog, qui ne revenait pas exactement seul...

Quelle ne fut pas sa surprise, hautement désagréable, lorsqu'elle se rendit compte de l'identité de l'individu en question. Les explications du leader de l'Inquisition ne trouvèrent qu'une oreille à moitié attentive, tandis qu'elle constatait d'elle même l'état de captif de cet homme qu'elle ne comptait pas revoir de si tôt : Kabayochi M. Kiru. Une des sombres tâches marquant la tapisserie de la Révolution. Son égoïsme et son avidité avaient coûté cher à des gens qui n'avaient rien demandé, des gens qu'ils auraient tous du se donner pour tâche de défendre. Pour cela, il ne méritait que son mépris.

- Kabayochi M. Kiru... qu'est-ce que ça signifie, Erwin ?

Sa voix était montée d'un cran dans la froideur. Elle attendait avant tout des explications plus précises sur le choix du maudit de la téléportation quand à son arrivée avec ce traître, même menotté : il aurait pu l'entreposer partout ailleurs. Une chose était certaine pour Andromède, elle ne tolérerait certainement pas la présence de Kiru bien longtemps. Une fois ce sujet traité, ils pourraient reprendre leur discussion et la clore en bonne et due forme.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde


Le regard lourd de jugement de la Cheffe de la Révolution du Nouveau-Monde se posait désormais entièrement sur le corps inanimé du Kabayochi M. qui ne semblait pas prêt de se réveiller dans l'instant. Elle avait en réalité bien du mal à en détourner les yeux, perdue dans des pensées qui n'étaient pas naturelles pour elle. Elle n'était pas belliqueuse... elle n'était pas avide de rétribution sanglante, ou de justice expéditive et démonstrative par la force. Elle ne l'aurait sans doute pas condamné à mort elle même. Pourtant, une part d'elle lui répétait que c'était ce qu'il pouvait mériter de mieux. Effaçant ces sombres pensées de son esprit, elle se concentra à nouveau sur le leader de l'inquisition. Les images lui vinrent naturellement en tête tandis qu'elle s'exprimait.

- Illusia. Mais Sor ne sera pas heureux de le revoir. Je préfère te prévenir.

Si Erwin fut interpellé par les impacts possibles d'un tel geste, à chaud, dans ses relations avec le régent de la cellule révolutionnaire de West Blue, il n'en montra rien. Il ne dit rien. Un accord tacite et silencieux, sans doute. Il disparut à nouveau, laissant l'occasion à la Elpa de s'approcher de sa tasse de thé qu'elle avait laissé en plan durant la conversation téléphonique avec l'Empereur. Elle en prit une gorgée, puis reposa le récipient avec une très légère grimace. Comme son humeur, le liquide semblait s'être refroidi. Finalement, son allié dévoila à nouveau sa présence dans cet étrange phénomène de téléportation qui lui était propre, avant de reprendre le cours de leur échange sur une autre menace : celui que l'on appelait l'Expérimenté, le plus vieux des Yonkou actuellement au pouvoir.

- Non content d'avoir relativement bien vieilli, il compense la décadence de l'âge par une flotte totalement hors normes. Actuellement, il possède à mon sens la plus vaste des quatre Empires marins. En ajoutant à ce tableau ses lieutenants... c'est une menace que l'on ne peut pas se permettre de sous estimer.

Elle soupira puis s'installa à nouveau. Toutes ces pensées la rendaient lasse, parfois. L'apparition infortunée du traître dans cette pièce ne l'avait pas mise dans de meilleures conditions et elle profitait de la seule présence du maudit pour se laisser aller quelques instants. D'aucun auraient pu penser que c'était faire preuve de faiblesse, mais elle ne le voyait pas comme ça : tout simplement parce qu'il était temps que les fragments de la Révolution cessent de se voir comme des concurrents, pour au contraire trouver des épaules réconfortantes sur lesquelles s'affaisser. Elle n'en était pas là, bien sûr. Mais le Dog dégageait quelque chose d'honnête.

- Si il a vent de nos mouvements, il pourrait s'abattre sur l'Empire de Eko Taka comme une nuée de sauterelles sur un champ. Bien sûr, il ne le fera pas inconsidérément : il y a là dehors de nombreux prétendants à sa place, sans compter Liga D. Tengen et son sens de l'imprévisibilité effarant. Mais Erika Orato restera sans doute passive dans ce conflit, et il pourrait se permettre un tel coup. Il ne signerait peut-être pas la fin de son rival... mais il mordrait dans ses territoires avec une telle virulence que tôt ou tard, le reste s'écroulerait. Partir du principe que nous aurons la force de le repousser après avoir vaincu Hojo -ce qui implique que l'on réussisse en premier lieu- serait une folie.

Et en tout état de cause, elle avait raison : le vieux lion n'était pas seulement puissant et détenteur d'une force de frappe massive, il était également rusé et opportuniste. Il avait déjà tenté de se mettre le Dog dans la poche. Peut-être que le refus de ce dernier le pousserait à une erreur maladroite de frappe pour l'exemple... mais elle en doutait. Aussi prompt fut-il à dévaster ceux qui le courrouçaient, il tenait entre les mains une situation tellement dorée qu'elle était certaine qu'il ferait preuve de discernement.

- Il pourrait également s'en prendre à cet endroit... auquel cas, nous ne tiendrions définitivement pas longtemps. Il faut à tout prix l'empêcher de nous mordre les mollets si nous nous frayons un chemin dans le territoire du tueur de Yonkou. Et contrairement à ce dernier, il n'y a aucun levier émotionnel qui le tiendra en respect à ma connaissance...

Compter pour cela sur le caractère improbable de l'homme le plus fort du monde était impossible, tout comme espérer que les challengers à sa position le tiendraient en respect relevait de l'optimisme. Il fallait attirer son attention, d'une façon ou d'une autre, s'il venait à la tourner vers eux... mais comment ? La question était en suspens.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde


Le cerveau tournant à plein régime, Andromède était en quête de solutions. Jusque là, rien ne lui semblait valoir la peine de tenter le coup : s'en prendre frontalement à Hadès relevait du suicide tant qu'ils n'auraient pas assuré la position de Eko Taka sur cet océan, tandis que porter une frappe chirurgicale assez précise et terrifiante dans son propre empire s’avérerait définitivement bien trop complexe : il fallait déjà s'y rendre, ce qui prendrait un certain temps, pour finalement ne faire qu'étioler maigrement la présence du Yonkou dans l'attente d'une contre-attaque potentiellement maladroite car poussée par la fureur. Non... ils avaient besoin d'assez de certitudes pour savoir que le coup qu'ils porteraient à Hadès le tiendrait à carreaux. Ils avaient besoin d'un levier, d'une monnaie d'échange... ou d'une diversion capable de concentrer la colère de l'ancien Empereur là où ils le désireraient.

L'évocation du Phoenix, si elle était bienheureuse, n'éclaira son visage d'aucun apaisement pour autant : il était certes puissant et avait montré à plusieurs reprises qu'il était capable de ce que beaucoup auraient considéré comme hautement improbable. Il avait l'étoffe d'un allié fidèle et fort, mais serait-ce assez pour contrer l'ire d'un empire tout entier ? Et pas n'importe quel Empire. Malgré son âge, le Tenryon se maintenait dans le Nouveau Monde avec une aisance certaine, bien que relative vis-à-vis de ses rivaux. Cela était le signe d'une force militaire et d'une puissance économique bien rodées et surtout, insurmontables jusque là. Malgré la sympathie qu'elle lui portait, elle n'envisageait pas que l'ancien capitaine Corsaire puisse assurer une telle charge : pas seul. Ils avaient certes des alliés, mais de combien disposaient-ils réellement ? Tiendraient-ils le choc ? À la moindre erreur, les Tengoku no Seigi et leurs compagnons de circonstances seraient balayés. Pire encore, le vieil homme verrait dans une victoire de cette envergure son blason revigoré, ainsi que de potentielles recrues à ajouter à ses forces.

Puis, soudain, les mots d'Erwin résonnèrent comme un écho dans sa tête. Elle leva les yeux tandis qu'il continuait à parler. Ce qu'elle venait d'entendre, bien qu'encore tout à fait théorique d'un point de vue objectif, constituerait peut-être leur chance la plus tangible. Alors qu'il terminait sa phrase, elle le coupa quasiment à la fin, reprenant ses esprits tandis qu'une idée germait dans ses pensées comme les fleurs au dehors.

- Déplacer des îles ? Erwin, tu viens bien de dire "déplacer des îles" ?

D'aucuns auraient pu considérer son intervention comme la marque d'une incrédulité croissante : après tout, on parlait là d'un mouvement de terrain qui semblait totalement absurde, même de la part du dirigeant de l'Inquisition. Pourtant, s'il s'avérait qu'il avait raison... et si...!

- Il y a peut-être un moyen.

Elle termina son thé froid d'une traite avant de se lever vivement, se dirigeant vers la porte.

- Attends moi ici, s'il te plait.

Elle quitta la salle, visiblement ragaillardie par quelque chose. C'était insensé... mais s'il était vraiment capable de ce qu'il venait de dire, alors peut-être avaient-ils une chance de porter à l'Empereur un coup dévastateur. Un qui remettrait en cause l'un des deux rouages de sa puissance. Qui l'obligerait à concentrer son attention sur d'autres personnes, à trouver des alternatives. Un coup qui l'enverrait certainement dans une rage noire... mais qui pourrait leur sourire de façon tellement retentissante qu'ils parviendraient à essuyer la possible tempête, s'ils parvenaient à jouer les bonnes cartes.

Elle revint quelques minutes plus tard, entrant dans la pièce, une liasse de papiers dans les mains. S'approchant de la table, elle dévoila l'une d'elle qu'elle plaqua presque contre la surface boisée. Ses yeux se levèrent vers Erwin, tandis qu'elle l'invitait silencieusement à prendre connaissance des documents qu'elle venait de mettre à sa disposition. Ils avaient été payés par la vie d'un de ses meilleurs éléments, une espionne d'un rare talent qui, dans ses derniers instants, s'était assuré qu'on ne trouverait aucune trace des écrits qui n'étaient autres que ses dernières paroles au travers d'un Den Den Mushi protégé contre l'écoute non désirée.

- Obsidia.

Elle avait lancé le nom comme on déclare une peine de mort. Il ne dirait peut-être rien au Dog : après tout, c'était en bordure de l'empire du Tenryon et clairement pas la porte d'à côté. Il aurait l'occasion de lire le document, ce qui lui serait au final peu utile : elle s’attellerait à le résumer fidèlement, en ayant pris connaissance de nombreuses fois, espérant à chaque instant de lecture qu'une façon de faire bon usage de cette information se présenterait à elle. Ce jour était peut-être arrivé.

- Cette île est un mystère, en ce qui concerne son histoire ou encore l'explication de sa constitution. Néanmoins, elle est d'une importance capitale pour Hadès, par les temps qui courent.

Elle se dirigea vers la fenêtre avant de reprendre. Elle semblait plus alerte que quelques temps plus tôt, lorsqu'elle se morfondait encore dans ses réflexions.

- Elle porte ce nom car c'est une véritable mine d'Obsidienne. D'après nos informations, il s'agit d'un minerai rare, robuste et particulièrement prisé pour la confection d'armes, d'armures, ou encore de structures. Cela fait des années maintenant que Hadès l'exploite, en extrayant chaque fois un peu plus de son essence, afin de le vendre au plus offrant. C'est l'un des piliers de sa puissance économique, ainsi que le support de certaines de ses relations avec le monde du marché noir.

Elle se tourna à nouveau, le toisant avec un regard perçant. Elle espérait vraiment pour eux que ce que venait d'avancer le rouquin avait une quelconque valeur pratique. Cet espoir fou qui venait de naître ne devait pas s'éteindre... autrement, ils reviendraient à la case départ.

- Elle est sous bonne garde. La femme qui nous a donné ces informations n'est certainement plus de ce monde à l'heure actuelle... et c'était pourtant la meilleure dans son domaine.

Elle fit quelques pas vers le révolutionnaire.

- Si ce que tu dis est vrai... alors c'est là qu'il faut frapper. En temps normal, attaquer Obsidia serait d'une stupidité sans pareille, dans notre situation. Les forces en présence sont puissantes, et l'Empereur lui même pourrait rappliquer rapidement si l'on venait à s'en emparer. La tenir serait impossible et nous serions écrasés. Il y déploierait des moyens colossaux. Cependant...

Elle eut un léger sourire.

- ... si tu parvenais à... "déplacer"... cette île... alors il serait impuissant. Nous couperions l'une des raisons de sa richesse à la racine, pour l'envoyer là où nous le voudrions.

Les applications pouvaient être... multiples. Ils pourraient déplacer cette île à la frontière du territoire de Erika, par exemple : ses informateurs auraient tôt fait d'en aviser leur régente, et l'avidité de l'Impératrice ferait le reste. Elle y verrait sans doute un moyen de s'affirmer en mettant la main sur un atout financier dans sa guerre contre les Nebula ligués à son encontre. Cette position rendrait l'île hautement disputée, mais elle libérerait l'empire d'Eko Taka de la pression de son rival, au moins assez pour lui permettre de concentrer ses efforts ailleurs. Ils pourraient également s'arroger cette île par la suite, en partager les fruits avec l'Empereur lui même : ils courraient alors le risque d'une contre-attaque de Hadès, mais... ce dernier ne serait pas assez fou pour envoyer ses rangs s'écraser dans l'Empire du Yonkou tout entier, pour récupérer une mine qu'il serait incapable de rapatrier par la suite. Incapable de tenir. Il serait balayé par ses opposants s'il s'étirait de façon aussi imprudente. C'était également prendre le risque que ceux qui convoitaient cette denrée ne deviennent de nouveaux ennemis... mais ils ne frapperaient pas assez vite pour déséquilibrer l'alliance formée contre Mijushike. Ces pistes devraient être explorées, analysées. Il leur faudrait choisir précautionneusement. Mais ce qui jusque là ressemblait à une impasse venait de se changer en opportunité. Restait à savoir ce que les capacités de téléportation du maudit impliquaient...

- En nous déplaçant et en frappant vite, avec l'appui du Phoenix, nous pourrions prendre cette île. Te laisser le temps de mettre à profit cette technique. Coiffer Hadès au poteau. La nouvelle se répandra comme une traînée de poudre : le puissant Hadès Tenryon se sera fait voler l'un de ses trésors, sous ses yeux, sans pouvoir le récupérer. Il nous faudra faire preuve de discernement quant à notre mouvement exact, mais je pense que nous tenons la meilleure piste, pour le moment.

Ce pari était insensé, mais c'était celui qui avait le plus de chances de fonctionner à l'heure actuelle, selon Andromède.

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde

- Trois heures... oui. Tant que l'on ne considère que les forces de l'île, je suppose que la bonne équipe pourrait voir sa résistance comme "moyenne". Une fois le Yonkou sur nous, évaluer la résistance qu'il offre sera le cadet de nos soucis.

Elle n'aurait jamais dit cela pour des forbans lambda du Nouveau Monde, mais force était d'avouer qu'elle n'avait pas affaire à une force de frappe conventionnelle : ici, on parlait de plusieurs individus aux compétences aussi complémentaires qu'uniques, qui pourraient sans aucun doute se permettre un assaut frontal sur l'une des bases les mieux gardées de l'empire de Hadès Tenryon. Encore une fois, il fallait à tout prix pour cela que le Dog parvienne à ses fins en un temps assez mince pour que le vieillard ne débarque pas lui même... auquel cas, leurs chances de réussites se trouveraient fortement amoindries. Voire nullifiées.

En tout état de cause, les paroles du leader de l'Inquisition ne tombaient certainement pas dans l'oreille d'une sourde... tout autant qu'elles lui étaient agréables, en réalité. Le temps manquait et, même s'il ne s'agissait que d'un embryon, d'une ébauche frêle, ils avaient déjà un squelette de plan. Il ne restait qu'à l'alimenter, le fournir en matière jusqu'à en faire une opération aux chances de succès assez vastes pour être entreprise avec un maximum de sérénité. Ils joueraient l'avenir de l'Empire d'Eko Taka, de la révolution de Flower Island, mais aussi du Nouveau Monde dans le procédé : il n'y avait pas de marge pour l'erreur sans envisager de terribles conséquences. Puis vint le point qui bloquait à première vue dans l'engrenage : obtenir une personne ayant déjà été à Obsidia, ainsi qu'une autre personne qui connaîtrait l'endroit où l'île serait "posée". Même si elle tentait d'employer froidement et mécaniquement le mot dans ses pensées, cela lui semblait encore relativement irréel.

- Il nous faudrait quelqu'un ayant travaillé pour lui, donc. Un capitaine, de préférence : je m'avance sans doute, mais si quelqu'un est déjà allé au cœur d'Obsidia, il devait avoir un minimum d'importance au sein de ses rangs. On pourrait gagner du temps en frappant directement en plein dans le mille. Autrement, nous ferons avec. Quant au point d'arrivée... nous devons encore en décider, mais la finalité pourrait nous alléger la tâche.

S'ils prenaient le risque de s'arroger l'île entière, sa géologie relativement stérile ne posant aucun problème avec les biomes de micro-climats capricieux de cet océan, alors il suffirait de puiser dans les connaissances d'Andromède elle même pour définir un lieu avantageux. Autrement, ils feraient en fonction de la localisation : la frontière entre les territoires des Yonkou était couramment parcourue. Cela ne poserait sans doute pas de problème. Tenter le diable en jouant clairement avec les fiefs des seigneurs des océans pourrait également s'avérer fructueux, mais bien plus complexe...

Vint le moment où le gérant du mouvement révolutionnaire allié fit une remarque pertinente : il était peut-être temps d'en apprendre chacun un peu plus sur les forces de l'autre, puisqu'il semblait désormais évident qu'elles seraient mises à contribution ensemble. Encore une fois, Andromède ne sembla pas ciller lorsqu'il amena la chose tournée de cette façon, comprenant sa réserve : la défiance entre les différents courants de leur ancienne faction en éclat était l'une des premières choses à la chagriner, mais elle en avait compris la nécessité inévitable depuis longtemps. Elle hocha finalement de la tête, laissant le rouquin continuer son discours et mettre en évidence les forces qu'il pouvait amener sur la table. La puissance économique dont il disposait était intéressante, car même si elle était bien loin de porter de l'ombre à celle du Gouvernement Mondial, la majorité des choses et des personnes pouvant être achetées par le Berry ne se souciaient guère de ce fait : vu de leur fenêtre, ça ne faisait absolument aucune différence. Ils pourraient sans doute mettre cela à contribution plus tard... lorsqu'ils auraient à gérer les conséquences de ce vol d'île insensé. Pour l'heure, certains de ces individus suffiraient. Quant à l'épée des douze... si elle tût son admiration, ses yeux la trahirent. Elle n'aurait su dire si elle était plus étonnée par le fait qu'il avait mis la main sur une armée d'une qualité aussi extrême, ou par le fait qu'il semblait la manier.

- Les deux hommes poissons pourraient être utiles, s'ils peuvent maîtriser les courants marins : cela pourrait nous aider à desceller l'île du socle océanique en limitant les dégâts, en plus de se montrer inestimable en cas d'attaque par une flotte adverse. Un sniper serait utile pour monter la garde et nous donner une longueur d'avance, surtout si l'on peut amenuiser une avant-garde de cette façon.

Il n'était pas question de vaincre à seul usage de balles les forces qui seraient envoyées inévitablement à leur rencontre, mais bien de semer un peu de zizanie : frapper les têtes pensantes de chaque navire pourrait provoquer un peu de discorde. Le règne de l'Empereur n'était pas basé sur la confiance ou la loyauté, mais bien sur la peur et l'écrasante puissant qu'il possédait : en ces termes, il était possible de détacher les plus lâches de son emprise à l'instant même où ils penseraient pouvoir reprendre les rennes de leurs vies. Le reste se ferait tout seul : une épine dans le pied des forces corsaires, mais gênante à souhait.

- Ce haki de l'observation pourrait s'avérer terriblement efficace : les personnages gardant l'île auront sans doute des informations cruciales sur le commerce de l'Empereur, si elles sont bien exploitées. Du reste, je te laisse voir : cela me semble assez complet pour l'heure.

Elle pivota vers le verre brillant de la fenêtre à nouveau, jetant son regard au dehors. Il y avait sans doute quelques personnes qu'elle pourrait mettre à disposition pour une telle mission. Elle aurait aimé y participer elle même : néanmoins, elle ne possédait pas les capacités d'évasion de Erwin, même s'il pourrait la tirer d'un mauvais pas. Il n'était pas raisonnable de se jeter dans une telle entreprise... du moins s'en convainquait-elle. Elle avait ses responsabilités ici. Cependant, lui irait sur le terrain. Il se battrait frontalement pour la cause qui était la leur : au final, qu'est-ce qui les différencieraient vraiment dans une telle situation, à part qu'il mettrait sa vie en péril tandis qu'elle resterait là, en sécurité ?

- Un de mes hommes poisson en particulier pourrait participer à ce projet. Nous avons également un ingénieur qui se montrerait sans doute créatif pour préparer le terrain pendant que vous entamez l'extraction, afin de vous faire gagner du temps en cas de pépin. En cas de besoin de main d'oeuvre supplémentaire, je suis certaine que des volontaires se présenteront. Un paramécia de la poussière pourrait également être fort utile, sur une île minière.

Elle n'avait malheureusement pas de documents comme lui pour attester de sa bonne foi, mais elle n'avait aucune raison de mentir et il le savait sans doute. Du reste, il était évident qu'elle avait tout à gagner dans ce plan qu'elle avait elle même formulé : c'était peut-être la clé à leur problème immédiat, mais cela pourrait également s'avérer être un poids conséquent dans la balance de leurs futurs.

- Nous devrons sans doute nous réunir à nouveau avec les concernés, sous peu. Il faut faire le tour de nos alliés potentiels. Une fois cela fait, convenir d'une nouvelle rencontre en ces lieux me semble raisonnable. Peut-être auront nous réglé la question du "point A" et du "point B" d'ici là. Qu'en penses-tu ?

Andromède Elpa, Cheffe de la révolution du Nouveau Monde


Le plan prenait forme, mais il leur faudrait encore beaucoup peaufiner et arrondir les angles pour parvenir à un mécanisme bien huilé. De son côté, Erwin était prêt à faire appel aux cinq légendes, mais également à aller chercher de l'aide parmi les nebula prêts à prendre la tête du vieil Empereur. Si cela paraissait avisé à première vue, Andromède en doutait sérieusement : l'idée n'était pas de déclencher une guerre qu'ils devraient ensuite tenir dans la durée en s'arrogeant des alliés qui, de son point de vue, n'étaient pas fiables. Les pirates sauraient saisir leur chance, elle y croyait dur comme fer : aussi bien dans un sens que dans l'autre. S'ils trouvaient un intérêt à trahir cette alliance de nécessité à un quelconque moment, ils pourraient se retrouver avec des problèmes plus gros qu'eux sur les bras. Cela étant, ça valait le coup d'essayer... elle mènerait quelques recherches pour trier les candidats les plus à même de supporter la cause. Cela étant, le Phoenix remplissait déjà bien ce rôle, et l'idée de devoir compter un homme comme Uxas Apokolips dans l'équation lui semblait déjà assez préoccupante.

Vint le sujet de Shouten Doji : savoir où il était n'était pas difficile. La question était... qu'est-ce qui leur assurerait son inaction ? Elle pouvait bien se fier aux rumeurs, aux histoires que le terrible nebula laissait dans son sillage comme autant de brindilles cassées sur la route d'un bulldozer. De là à le faire surveiller constamment, il y avait une marge qu'elle devrait considérer... d'autant plus qu'elle voulait éviter de s'attirer son ire, et il n'était pas certain qu'il prenne avec sympathie le fait d'avoir été épié des semaines durant par un espion à sa solde.

- Je vais voir ce que je peux faire concernant le cornu, mais je ne te promet rien : le suivre implique son lot de dangers que je dois m'efforcer de considérer, car il ne restera pas inactif. Un rapport à l'heure actuelle ne serait pas de grande utilité, je le crains.

Cela étant, elle ferait de son mieux, comme pour le reste. Il fallait à tout prix éviter d'attirer trop d'inconnues dans la grande équation de la prise d'Obsidia. Des inconnues qui pourraient se révéler fatales, surtout si l'on considérait qu'ils devraient mener bataille sur deux fronts. Mijushike était à même de frapper à tout instant : un point que le Dog devait garder en mémoire. À trop s'éparpiller, ils risquaient de se mettre dans l'exacte position où ils voulaient amener le Tenryon. À ceci près que dans leur cas, ils n'auraient malheureusement pas la puissance brute pour essuyer la tempête. Lorsque le rouquin lui posa sa dernière question, alors qu'il s'apprêtait à quitter la pièce et qu'elle allait tout bonnement le saluer en attente d'un retour, elle fronça les sourcils. Dario ? Cela ne lui disait rien... peut-être l'un de ces prisonniers du niveau six qu'il avait libéré, considérant le fait qu'on parlait d'histoire effacée ? L'idée lui déplu, car il avait l'air passablement incertain de vouloir entendre ce qu'elle aurait pu lui raconter sur cet individu. Considérant que l'Apokolips était déjà dans la nature, elle voulait éviter de se retrouver avec un autre pépin de cet ampleur. Car même si le vieux loup de mer n'avait pour l'instant pas fait preuve d'intentions belliqueuses, la bombe pouvait exploser à tout moment.

- Cela ne me dit rien, non. Les dossiers du gouvernement concernant les détenus d'Impel Down sont bien gardés... d'où leur inexistence soudaine, une fois capturés. Dans le cas de Uxas, j'ai la chance d'évoluer dans un océan qui l'a vu dévoiler tout son potentiel. Si ce n'était pas le cas de ce "Dario", je crains d'avoir des difficultés à t'instruire à son sujet.

Elle semblait déçue. Elle savait qu'ils marchaient sur des oeufs, et, la liesse de leur solution miracle retombant, elle commençait à nouveau à mesurer le poids des malencontreux hasards qui pourraient les assaillir subitement. Finalement, elle s'adoucit malgré tout : ils pouvaient être contents du travail accompli ici. Elle aurait la satisfaction de quitter cette pièce en pouvant regarder ses suivants avec plus de confiance, et la certitude qu'à défaut d'être tirés d'affaire, ils auraient le mordant nécessaire pour répliquer avec férocité. Si le maudit du Shun Shun no Mi dévoilait d'autres questions à son encontre, elle tâcherait d'y répondre au mieux. À l'inverse, elle le raccompagnerait en dehors de la pièce et jusqu'à l'endroit où il déciderait d'user de son don pour la quitter.

- Merci, Erwin. Je vais dispatcher des effectifs pour lever quelques voiles sur les sujets incertains, et rassembler les hommes et femmes susceptible de nous aider. J'attendrai de tes nouvelles.

Cela signerait la fin d'une réunion de la plus haute importance, pour l'avenir de la Révolution du Nouveau Monde... mais également pour celui de cet océan lui même.