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Ren Tao
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Dim 18 Juil - 1:44
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Yakoutie Island ! Une île où le froid est de mise. Sortant d’une réunion fort instructive avec la fameuse femme araignée maîtresse des lieux, je m’en retournais auprès des miens. Du moins, il me faudrait un certain temps. Caché à l’autre bout de l’île, à pied, cela faisait quelques plombes et sans doute me faudrait-il faire une pause. Soupirant déjà rien qu’à cette idée, je commençais à traverser les zones enneigées de l’île. Ma partenaire avait insisté pour que je prenne certains moyens de locomotion, mais j’avais refusé. Sans doute avais-je juste envie de marcher… Pourtant, un état de fait était indéniable et c’est au bout de deux clopes et d’une demi-heure de marche que le résultat fut sans appel.

« Fait froid putain… »

Pestant contre le temps totalement pourri, j’avançais dans cette petite tempête de neige qui effaçait mes pas. Le moins qu’on puisse dire, c’est que mère nature n’était pas de mon côté en ce jour. Peut-être aurais-je bien fait à écouter mon acolyte à huit pattes … Hmmm… Non… Je me démerderais très bien seul comme souvent. Ce n’est pas un petit vent et de la poudreuse qui allait m’emmerder bien longtemps. Avançant sans que quoi que ce soit m’arrête, je me mets à la recherche d’une crevasse ou d’une grotte où je pourrais passer la nuit. Un feu n’est pas difficile à allumer, cependant, il me faudrait peut-être quelque chose pour me réchauffer autre qu’un feu qui peut s’éteindre dans la nuit. Hmmmm…

Après des recherches bien ennuyantes, je trouve ce qui ressemble à un trou dans une paroi. J’avance donc jusqu’à cet endroit pour me rendre compte que c’est bel et bien une grotte. Pénétrant celle-ci donc, j’explore l’endroit en me demandant ce qui peut s’y cacher. Et après quelques minutes à visiter, je tombe sur le locataire des lieux. Un grognement, des yeux qui luisent dans le noir… Une silhouette massive qui se dessine. Et merde… Un ours. Le voyant se lever, rien qu’à son air, même si je ne m’y connais pas en animal, je peux assurément dire qu’il ne veut pas partager son habitat ce soir, ce qui ne me laisse qu’un choix viable : prendre la place du khalife à la place du khalife ! Sortant une lame, je me tiens prêt à débuter une lutte avec ce mastodonte pour la survie.

Le temps s’écoule et après une lutte acharnée, un bras blessé et un habit tranché au niveau d’un bras, c’est bel et bien l’animal qui pionce au sol pour l’éternité. Il m’en aura fallut des minutes, mais malgré son petit cul, je l’ai eu ! Bon, je salis clairement le sol avec son sang, mais rapidement une idée me vient à l’esprit. C’est donc en totale improvisation que je tente de dépecer l’animal histoire de me faire une petite peau qui me réchaufferait ce soir. De plus, rien ne se perd dans l’ours, alors la viande pourra servir de repas si le feu tient bien ? M’improvisant donc aventurier et survivant, j’allume un feu avec le nécessaire à portée de main et je tente de réaliser à bien mes projets. Le seul souci est le facteur tâche… Un animal comme ça, ça saigne pas mal et on peut le dire, je fais ça comme un cochon… C’est donc les mains trempées de sang et le visage tâché que je me retrouve, ayant l’air d’un barbare. La brochette géante réalisée avec la viande de la bête morte ajoute un côté singulier à la scène… Un homme des cavernes de Yakoutie ? Ce serait une grande première.

Faisant griller la viande tranquillement, je me réchauffais avec la peau de bête lavée à la va vite. Seul dans ma grotte, j’espérais que le temps passerait vite !

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Dim 18 Juil - 4:12





Fimbulvetr en vue mon capitaine, Tour 1


La femme n’avait rien d’une traqueuse, avec son fusil emprunté, son poncho et sa cape sur les épaules pour couvrir le peu de vêtements qui cachaient les parties les plus rondes de son anatomie. Elle grelottait légèrement, suivant une boule de poil qu’elle avait rencontré sur une autre île et qui ne l’avait pas quittée, pour une raison qu’elle seule connaissait. Un genre de loup, auquel elle avait attaché un ruban à la queue pour qu’on ne l’agresse pas par erreur, vu qu’il refusait tout autre distinction.

Elle était venue sur cette île pour voir si elle pouvait domestiquer, éduquer la bête à traquer de la nourriture, une proie, une cible. A cet effet, elle avait fait du porte à porte jusqu’à trouver une famille dans le besoin, suffisamment pour taxer une arme et partir à la chasse pour ramener de la nourriture, dans le seul but de dresser “Pitié”.

La famille en question était composée d’un enfant en bas âge et de sa mère, le père ayant péri en partant chasser, mort de froid en ayant perdu son chemin. Béryl tenait son fusil dans les mains, un vieux canon superposé, encore fonctionnel. Elle s’était alors improvisée chasseresse, cherchant des poils ici et là, jusqu’à que Pitié tombe sur une pile d’excréments bien chauds sortis d’usinage, moulés en une pile bien molle et fumante. Le loup l’avait naturellement sentit, et sur la commande “Cherche” de sa maîtresse, il avait miraculeusement décidé d’obéir. La cornue s’était mise à jubiler, presque fredonnant, sûre de s’en mettre plein la panse avec son nouvel ami très intelligent.

Malheureusement elle avait très vite déchanté, la neige commençait à s'amonceler, à couvrir les traces, à poser des problèmes au flair du canidé dont les pattes commençaient sûrement à accuser les morsures du froid. Puis Pitié trouva une nouvelle piste, bifurqua entre des rochers, puis la lisière d’une grotte, entraînant un “T t t t t” de la part de la cornue, qui armant le chien d’une main, attrapa son loup par la queue pour le stopper. Elle avança prudemment, entendant les râles de plusieurs animaux, et finalement, eut une révélation qui la fit baisser le chien sans tirer.

De la lumière, le bruit d’un homme, l’odeur de la viande qui cuit, celui du sang, des tripes, de la mort.. L'écœurement qui remonta un haut-le-cœur à la blonde, ce qui inquiéta sa boule de poil.
-Dégage ! repoussa-t-elle le clébard d’un coup de crosse avant d’avoir une autre envie de renvoi.

Elle écarta ses cheveux mais rien ne sortit sinon un son déplaisant.
-Putain ! étouffa-t-elle en reprenant son souffle, cette fois avec la bouche pour éviter l’odeur.

La femme mit son arme à son épaule, levant les deux mains pour approcher de la lumière en tout signes de paix.
-Je ne vous veux aucun mal ! déclara-t-elle.

“Mais j’espère que vous ne voudrez pas me faire la peau, parce que ça va mal tourner !” pensa-t-elle. Son loup la dépasse, affamé, avide de la viande de ce qui ressemblait à un démon taupe géant parsemé ça et là de poils, à moins qu’il ne s’agisse là d'un ours mal équarris. Elle retint sa bête par la queue, l’invectivant d’un “Pit, suffit !”, lui faisant baisser les oreilles dans une mine dépitée.

La femme s’approcha lentement, retirant son fusil, sa cape froide pour les poser pas trop loin du feu et s’assoir respectivement à côté et dessus.
-J’espère que cela ne vous dérange pas, parce que je ne compte pas partir, déclarait cash la femme en tendant ses mains vers son poncho pour le soulever un peu et amasser de la chaleur sous le tissus, directement sur sa peau et ses sous-vêtements, sans aucune pudeur. Une fois cela fait, elle se frotta les mains, les calla sous ses bras et ausculta la scène.

L’ours présentait des traces de coupures, comme le type qui faisait cuir la viande, un rouquin à l’air vaguement éreinté, blessé, mais dont le regard impliquait une certaine volonté, celle qu’il survivrait sans doute à cette soirée épouvantable. Du reste, le sol était maculé de sang, l’ours était mal dégrossi, mal taillé, sa peau était rincée à la vas-vite avec les moyens du bords, rien à voir avec les capes de fourrures qu’elle avait vu dans le village où elle avait récupéré le fusil. Le type était rouge écarlate, mais pas seulement parce qu’il était roux, son “travail” sur la bête l’avait bien aspergé, bonjour les infections futures.

Pitié se colla à elle, l’incitant à le dégager, pour qu’il se place plus prêt du feu de sorte à moins être glacial. La cornue fit un effort, sortit une flasque de sa poche et la tendit vers l’homme sans le regarder.
-Si vous voulez vous épargner l’infection ou boire, servez vous..


Beryl Zast
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Ren Tao
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Dim 18 Juil - 10:34
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Rare sont ces fois où je me retrouve dans la « merde » comme ça… Cependant, il arrive que parfois le destin ne nous laisse absolument pas le choix. C’est ainsi que contre mon gré, je jouais les survivalistes à devoir choisir entre sauver ma peau ou celle d’un ours. Vu le froid de canard qu’il fait tant dedans que dehors, mon choix avait vite été fait et c’est une véritable boucherie qui avait eu lieu. M’enfin, toujours est-il que la finalité est la suivante : je suis en vie, l’ours un peu moins ! Maintenant, il ne me restait plus qu’à goûter cette viande une fois grillée et rester près du feu et l’alimenter dans la soirée. Simple et efficace. Du moins, je pensais ainsi au début, mais quelques minutes si ce n’est pas une presque heure écoulée après mon combat, voilà que de la compagnie se présentait à moi.

« Hmmm… »

De la compagnie ? Ou des emmerdes ? Visiblement, ils sont plusieurs… Un chien – ou un loup ? – et son maître, ou maîtresse. Visiblement, le propriétaire n’aime pas les accolades de son animal de compagnie et il se fait repousser sèchement. Des jurons, une attitude un poil agacé. Hmmmm… Cela ne sent pas bon. Et quelle drôle de silhouette me dis-je. Fronçant les sourcils, comprenant que la personne était en plus de ça armé, je vins à porter une main proche d’un de mes canifs, prêt à le lancer en cas de tentative d’agression, mais finalement, alors que la silhouette laissait enfin voir les traits d’une femme cornue et de son animal de compagnie, celle-ci se montrait « pacifique ». Ou du moins, elle disait vouloir l’être.
Dois-je lui signaler que trois quarts des gens qui disent ça, en général, font le contraire ? Jusqu’à preuve du contraire, elle a le flingue, là où moi j’ai des couteaux… M’enfin, éreinté par mon combat, là où d’ordinaire je ne laisserais rien passer, cette fois, je baisse un tantinet ma garde et lui laisse le bénéfice du doute, grognant sensiblement, montrant ma méfiance.

Par réflexe, quand l’animal sembla intéressé par la viande et prêt à bondir, ma main saisit ma lame et se lève, prêt à propulser l’engin de mort sur lui, entre les deux yeux. Nervosité ? Ou réflexes ? A la miss de juger, en tout cas, l’armement de mon coup était net et précis, signe d’un maniement de la lame à ne pas prendre à la légère, cependant, elle attrapa son compagnon par la queue et le stoppa net avant que je ne lance mon canif, empêchant une mort accidentelle. Me calmant, je fixais celle-ci et clignais des yeux, retirant la peau de bête de ma tête pour me dévoiler à peine un peu plus. Erk… Je vais avoir un peu de sang dans les cheveux moi…

Voilà que l’invitée s’approche et s’installe sans même demander. Si je ne vois pas ça d’un très bon œil, celle-ci ne semble pas tenir son arme pour faire feu avec, alors je me calme. Mes poils hérissés retombent et je l’écoute me dire que visiblement, elle ne compte pas partir. C’est donc une compagnie de force que je me trouve et je dois de composer avec. Positionnée proche de moi donc, je peux clairement voir les traits distinctifs de celle-ci et donc voir ses cornes. Vu le teint de sa peau caramélisée, elle n’est pas d’ici, ou alors, il faut m’indiquer le spot où bronze ! La demoiselle semble vouloir profiter du feu et essaie de se réchauffer comme elle peut. C’est donc avec une bonté improvisée que je tente de lui fournir des conseils.  

« Frotte le torse… Les bras se réchaufferont d’eux-mêmes. »

Le torse doit être stimulé, là où les bras à faire des mouvements de frictions se réchaufferont d’eux-mêmes. Continuant pour ma part de faire tourner la viande, je me demande quel goût ça à, et par curiosité, j’en prends un bout. Si au départ le gras fond sur la langue et laisse une sensation agréable, très vite un goût de gibier bien trop fort se fait ressentir et c’est sans appel que je crache la nourriture au sol.

« Putain… C’est dégueulasse ! »

Ça s’est dit ! Et je revins à moi quand celle-ci semblait vouloir se montrer civile. Hm ? Une flasque ? Curieux, je saisis l’objet et vins à boire une gorgée du breuvage pour m’assurer que ce n’est pas n’importe quoi. Après tout, l’empoisonnement c’est un classique et c’est moins salissant. Devant la sûreté de la chose, je me permets de vider un peu le contenu de l’objet sur ma plaie pour nettoyer celle-ci au bras, puis m’en passe un peu sur les cheveux et visage pour me nettoyer. Sans doute suis-je plus présentable ainsi. Refermant l’objet, je lui redonne et vins à signifier mon merci d’un regard cherchant le sien. Après ça, je vins à arracher un bout de viande qui grillait et le jetais vers l’animal qui semblait affamé. Sans doute sauterait-il dessus. Quant à la miss…

« Si tu aimes ce qui est fort en goût … Fait toi plaisir. »

On ne pourra pas dire que je ne suis pas gentil n’est-ce pas ? Regardant la miss un bref instant, bien entendu que je fixe ses cornes un instant. Je pourrais sans doute admirer autre chose, mais pour l’heure, c’bien ça qui m’intrigue chez elle et c’est sans complexe que je lui demande pour ouvrir la « discussion ».

« T’es quoi au juste ? Un taureau ? Une vache ? … »

Si elle n’a pas la langue dans sa poche, on est bien deux en ce jour. Après un moment à penser, je vins à retirer la peau de l’ours pour m’étirer longuement, exhibant indirectement mon corps taillé depuis le temps et marqué par diverses batailles. La plaie au bras ne semble pas sérieuse, mais sans doute ais-je évité une infection en la nettoyant rapidement. Il faudra que je voie ça une fois sur le navire. Mais chaque chose en son temps !

« T’es pas du coin, si ? Qu’est-ce que tu fou dans le coin ? Tu chasses ? Ou tu t’es perdue ? … »

Une fois de plus, je pose des questions, et finalement, je fais ce qui d’ordinaire doit être fait en premier lors d’une rencontre « sociable » : je me présente. Enfin… brièvement.

«  Ren… »

Me frottant le torse un instant, finalement, j’opte pour remettre la peau d’animal qui donne un air sauvage à ma personne. Mais impossible de retenir une certaine vérité :

« Putain… ça caille… »

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Dim 18 Juil - 14:26





Peau d'ours, peau de vache, Tour 2


Le roux avait l’air d’être un peu hostile, mais au fur et à mesure il baissait sa garde. Bien, Béryl n’avait pas particulièrement l’intention de garder le type à l'œil et visiblement Pitié était déjà fan de la nourriture qu’on lui donnait.
“Tu sers à rien, pépito..” souffla la femme dans ses pensées.

A côté de cela, il avait offert des conseils de grand-mère, plongé ses yeux en rendant la flasque dans ceux de la cornue qui n’avait pas répliqué autrement qu’en maintenant le contact. Et il avait parlé de v… de vache, et la femme s’était tut, légèrement vexée, préférant laisser le type poursuivre après un silence et une exhibition de ses formes a travers son justauco…
“Vache, justaucorps, bordel de merde !” tiqua la cornue en repensant à son job au casino.

Et enfin, il parla de la raison pour laquelle elle était là, puis donna son nom. Béryl prit une longue inspiration silencieuse.
-Donc, commençait-elle à résumer, l’homme à moitié nu, ayant combattu un ours avec sa bite et son couteau, dans un froid polaire l’ayant forcé à se réfugier dans une grotte par dépit jusqu’à en trouver probablement son seul habitant, questionne la légitimité d’une femme ayant un loup pour traquer une proie, un fusil pour l’abattre et des vêtements chauds ? Si moi je suis une vache, ça n'élève pas tellement ton niveau, Ren.. C’est à croire que tu vas me dire que tu ne sais pas lire et que c’est là que tu habites, avec tes autres humains des cavernes en fourrures mal taillées et résille.

Elle étouffa un rire, l’entendant ensuite parler de la chaleur.
-Frotte le torse… les bras se réchaufferont d’eux même.. HAHAHAHAHAHA ! éclata-t-elle de rire.

Essuyant ses larmes de rire, elle se reprit.
-Béryl, et si mes remarques te blessent, ne crie pas Pitié, c’est le nom loup qui me suit et ses dents sont probablement moins tendres que les mots.

La femme retourna sa flasque au dessus de sa bouche, et la vida. Bon ben au moins ça c'était réglé. Jamais une bonne idée de boire en ayant froid, mais tant qu’il y avait du feu, cela irait. Au moins si elle devait se coller au cro-magnon, il sentirait l’alcool avec tout ce qu’il avait versé sur sa tête. Du reste, le loup ferait une bonne fourrure, une fois son poil sec et chauffé.
-J’étais venue pour chasser une bête, j’imagine que tu ne comptes pas manger l’ours en entier, le village en aurait probablement besoin. Mais quand même, ce bâtard doit peser une tonne.

C’était une ruse peu subtile, incitant l’homme à jouer des muscles à la tombée de la tempête pour l’aider à traîner nounours sur la neige. En vérité, elle avait suffisamment de force pour s’en occuper elle-même, en paquets de viande ce serait sans doute bien plus simple. Elle sortit un petit sac de sel, un couteau et entreprit de déplacer sa cape avant de se placer devant l’ours pour dégrossir la barbaque pas détaillée par le barbare. Elle transposait un peu de ses connaissances pour les animaux de la basse cours sur le gibier, se remémorant les moments au restaurant, bien avant la mine, bien avant le casino.

Couper la graisse enveloppant les muscles, les chaires solides, faire un pavé, poser sur la cape, saler. Découper le long des côtes, sortir les côtes, poser, saler. Cela ne servait à rien de sortir les tripes proprement, elle ne saurait pas quoi en faire, et les poser à côté du reste gâterait probablement la viande. Elle posa son couteau, s’essuya les mains avec un morceau de la cape, sortit une outre, rinça ses mains, s’essuya encore puis les dressa vers le feu après avoir fermé le ballot de bouffe sanguinolente, probablement assez pour une bonne semaine, peut-être deux. Elle tourna ses yeux vers le dépeceur d’ours, dont la peau dégoulinait encore d’un peu de sang. Ca puait toujours la mort, grave la mort et ça deviendrait pire d’heure en heure. Béryl regarda l’entrée de la grotte, inquiète, avant de s’y diriger. Toujours une sacrée tempête, et la tombée de la nuit commençait à se faire sentir.

Elle revint au feu, soulevant une fois de plus son poncho pour amasser de la chaleur, réfléchissant à comment passer la nuit. Peut-être que le fond de la grotte était plus paisible et chaud. Avant même d’y aller, une vérification s’imposait, elle décrocha donc un os restant de la cage thoracique pour le montrer à Pitié, avant de le jeter dans le noir du fond de la grotte. Les griffes du loups détalèrent, “TCHIC TCHIC TCHIC… TCHIC TCHIC TCHIH…...long silence…. PLOUF"
-Merde ! Pitié !?
-SEKEEEEEEEEEEN ! répondit le loup (ndlr. ¯\_(ツ)_/¯).
-Bon ben tout va bien au moins.. souffla la blonde, regardant le roux à travers sa main plaquée contre son visage. VIENS LA, SALE BETE ! cria-t-elle au cabot dont les “TCHIC TCHIC TCHIC” étaient de nouveau audibles. Il va mourir de froid ce con…

Le loup arriva, l’os dans sa mâchoire, le poil humide, exaltant de la vapeur !? La cornue posa une main sur le cabot qui s’était ébroué plus loin. Le regard de la blonde se posa sur le roux.
-Il est chaud, la source est chaude, ça te dérange si je prends de la lumière pour aller plus loin ? J’ai pas envie de macérer avec un ours qui va ramener la moitié de la faune alors qu'il se trouve que ton peuple connait la recette secrète de l'eau chaude naturelle. glissa-t-elle avec un clin d'œil espiègle.



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Dim 18 Juil - 15:15
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Jamais je n’aurais imaginé tomber sur quelqu’un ici-même. Il faut croire que je ne suis pas le seul idiot à vouloir me balader en pleine tempête ! Bref, la questionnant ici et là, je ne captais même pas sur le fait que parler de vache – sans même préciser si race à viande ou à lait – la vexait. Les joies de ne pas être un pro du social… Après un moment de silence presque inquiétant, la demoiselle fit preuve de raisonnement et commença à vouloir m’embrouiller visiblement. Ou du moins, je le prenais ainsi et ma réponse à sa première tirade fut un certain froncement de sourcil. Je rêve ou elle me traite de con ouvertement là ? Pire encore, par la suite, elle reprend mon conseil pour me rire au nez. Elle se fou de ma gueule en plus ? Elle veut que je la prenne par les cornes ou quoi celle-là ? Dommage, si l’envie ne manque pas sur le coup, sa peau ne semble pas avoir de la fourrure, donc inutile… Par contre, son clebs – qui est un loup – pourrait faire un beau tapis tient. C’est subtilement que je joue avec mon canif le faisant tourner entre mes doigts, essayant de prendre sur moi. Si je n’étais pas légèrement blessé et que j’avais froid, pour sûr que je lui aurais sauté au cou et pas pour du plaisir. Ou du moins dans les deux sens… Non, ça aurait été à sens unique !

Heureusement, avant que la moutarde me monte au nez et ne me transforme en Vésuve de joie et de gaieté, celle-ci se présenta, faisant un mini mea-culpa. A ces mots, je me contentais d’un grognement, l’air de dire « c’est ça ouai… » puis je gardais mes doigts occupés avec mon canif. Regardant un bref instant le caniche qui l’accompagnait, je me demandais bien si ses dents étaient une réelle menace. Bon, je dis ça, mais oui, une morsure serait idéale pour choper une maladie et avec le froid glacial, ce ne serais pas le bon plan. Ravalant ma fierté, je grommelais un bref « enchanté je suppose » relevant plus du grognement de mécontentement. Blessé ? Je l’étais physiquement, mais moralement je pouvais faire avec. Juste que je ne m’attendais pas à ça ! On peut dire que je suis tombé sur quelqu’un qui a la vanne facile. Dommage que rire soit difficile pour moi des fois. Peut-être devais-je me gratter sous le bras parfois pour me forcer la main ? A réfléchir…

La demoiselle me sortit de mes pensées en faisant référence à l’ours. De ce que j’ai goûté, je lui laisse volontiers et c’est un geste de main bref qui annonça que oui, elle pourrait en disposer si elle le voulait. Je lui offre avec grand plaisir et dans un élan de bonté improvisé, je reprends la parole.

« C’est dégueulasse comme j’ai dit… Alors ouai, le laisser aux villageois, sans soucis. Je leur amène même avec un sourire… »

Et vu le ton employé, c’est rare chez moi. Mais ça, on le comprend souvent de soi-même. Bref, poussant un profond soupire, la demoiselle a réussit son coup, elle s’économise la livraison, même si en soi c’est clair qu’elle pourrait le faire. Mais là n’est pas la question. Galant ou pas, c’est qu’une question de temps avant qu’on règle cette histoire. Là, on a un autre souci comme le fait que le temps soit merdique. D’ailleurs, après un moment, voilà que celle-ci semble vouloir faire un truc et sans complexe, elle semble finir le travail brièvement commencé par ma personne. Si au départ je m’en fou, voir ses compétences me font dire qu’elle s’y connait. Mieux que moi en tout cas. C’est un regard désintéressé qui passe à l’intriguer qui se pose sur elle, alors que la lame passe ici et là, retirant la chaire de la peau sans trop faire de dégâts, là où moi j’ai fait de la boucherie purement et simplement… La miss faisait son affaire et quand elle se redressa pour aller vers l’entrée, je me demandais si elle allait se barrer comme si de rien était. On peut dire que ça serait loquace ! Elle serait venue, se serait moqué et se serait barré après avoir pris des vivres ? L’égo en aurait prit un coup… Mais heureusement, elle revient visiblement découragée par la tempête qui ne perd pas en intensité. Les joies de l’île enneigée.

Après quelques minutes, voilà qu’elle sembla vouloir faire ce que j’avais la flemme de faire : visiter le fond de la grotte. Contexte revient ici ! Jetant un os pour que le clebs se charge de faire le sale boulot, voilà que l’animal se barre et … semble se perdre. Devant un tel constat, alors que la demoiselle appel le fameux « Pitié », moi je m’exclame d’un ton blasé en posant une question rhétorique.

« Il est con ou quoi ?! »

Merci captain obvious, l’animal ne semblait pas le plus fûté du monde et sa réponse fut d’autant plus positive en concernant cette théorie. Seken ? Gné ? La demoiselle semblait aussi blasée que moi au sujet de l’animal et cela m’arracha un quasi début de sourire. D’humeur alors aussi corrosive qu’elle, je vins à lâcher d’un ton peu confiant.

« Ne crie pas victoire trop vite… »

Il a hurlé un truc, mais il n’est pas là. Finalement, plutôt que l’attendre gentiment, la miss hausse le ton pour faire revenir l’animal en confirmant mes dires. Le risque que cette chose se tue est élevé, c’est certain. Mais, comme « papa » me disait, il faut garder son calme et voir le bon côté des choses. Et là, le bon côté ça serait :

« … Au pire, ça fera plus de fourrure et donc moins de chance de devoir partager celle d’ours… »

Moi radin ? Noooon… Après, il est vrai que si la fourrure ne suffisait pas, il reste toujours l’option de dernier recours : la chaleur humaine. Si cela faisait longtemps que je n’avais pas goûté à cette médecine, je ne saurais dire si je voudrais y regoûter ou si le froid m’allait… Bon, la demoiselle n’est pas une chienne, une renarde, ou un cloporte humain… Cela pourrait être bien pire. Quelle mauvaise langue je suis… Remarque, ma colocataire du jour semble aussi en avoir sous la pédale… Et quand le cabot revient, une surprise nous attends. De la vapeur ? Se pourrait-il que ?
Une nouvelle fois, Buffalo Grill l’ouvre et voilà qu’elle m’arrache un sourire. Ponctuant ce « miracle » d’un « tssss », je vins à me redresser pour alors prendre avec moi la peau d’ours et de nouveau m’étirer. Aurais-je des origines félines sans le savoir ? Allez savoir… Ce n’est pas comme si en étant orphelin, je ne connais rien de ma vraie nature… Bref, elle veut visiter ? Je me montre magnanime et me décide de l’accompagner, par intérêt bien entendu.

« Une source chaude ? Prends la lumière, moi, je vais me décrasser et profiter si c’est bel et bien ça. Toi aussi je suppose ? Aller , allons voir… »

Avançant d’un pas assuré, la demoiselle si elle était portée sur les détails pourrait justement entendre le manque de bruit de mes pas. Silencieux comme la mort, j’avançais dans cette grotte en silence en essayant de ne pas me cogner à une quelconque paroi par accident. Après quelques instants de marche, en effet, nous pourrions découvrir une véritable salle souterraine d’où semblait émaner une source d’eau chaude. Un réel plaisir dans ce genre de condition et pour cause, il fait tellement froid. Me penchant un peu, je vérifie que c’est bien de l’eau et quand je réalise que s’en est, je vins à soupirer de soulagement. Un bon bain… C’est le pied ça ! Visiblement, le bassin est large et de ce fait, il sera aisé de « nettoyer » la peau d’ours dedans. Quoi que non, autant éviter de salir le bassin entier ou ne serait-ce qu’une petite zone. Retirant ma cape improvisée en peau d’ours, je l’étale au sol et la nettoie avec de cette eau chaude et très vite, celle-ci gagne une teinte plus saine. Plus de sang dessus, c’est déjà un luxe. Plus qu’à sécher maintenant.

« Je reviens ! »

M’absentant, je retourne auprès du feu principal pour alors étaler la peau non loin du point de feu pour qu’elle sèche et je fais le trajet pour retourner au bassin. Cherchant la miss et le clebs du regard, je ne la trouve pas immédiatement. Haussant les épaules, ne remarquant pas si elle était là ou ailleurs, pour ma part je ne me gêne pas pour me mettre dans mon plus simple appareil et me plonger dans le bassin pour profiter de l’eau. Et il faut le dire… En remontant à la surface et allant me poser dans un coin, le soupire qui sort de ma bouche est salvateur ! L'eau et la vapeur cachait la plupart des cicatrices sur mon corps, démontrant un corps taillé au fil des combats en tout genre. Et vu certaines blessures quand on y regarde de plus près, ce ne sont pas des combats loyaux ou avec que des poings !

« Putain le pied ! … Je me plaignais de la situation, mais finalement ce n’est peut-être pas si mal que ça… T'en dis quoi toi ?»

Laissant planer un petit silence, si la fameuse Beryl n’était pas dans mon champ de vision et qu'elle n'avait pas répondu à mes mots, je viendrais hausser la voix pour essayer de la prévenir ou la retrouver.

« Hey ! Berry… T’es là ? Ou tu t’es noyée ? »

Je me retiens de tout commentaires désobligeants, mais en y repensant, avec certains flotteurs… Est-ce réellement possible qu’elle coule ? Physiquement impossible me disait mon cerveau ! Secouant la tête à cette pensée, je pose mes bras sur le rebord du bassin et soupire chaudement. Je pourrais m’endormir dans ce genre de cas là… On est bien. C’est con à dire mais bon. C’est alors qu’en arrière-plan, on pourrait entendre un bruit d’escargophone. Et merde … Bon tant pis, je rappellerais plus tard. Quoi que, est-ce moi qui sonne ? Je n’ai pas souvenir d’avoir vu la demoiselle avec un appareil de communication, alors ça doit être bel et bien le mien dans mon ex manteau. Ayabusa s’inquiète ? Hmmm… Je les préviendrais de la situation plus tard. Pas question qu’ils se déplacent, je peux me débrouiller seul.

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Pardonne moi, j'ai un double appel ! Tour 3


Béryl avait eut un petit rire pour chaque blague sur le loup. Elle l'avait trouvé un peu étourdi, mais il était curieusement fidèle et fiable, et véritablement intelligemment instinctif. Sur la mention de partager une peau d’ours, la blonde trouva qu’il allait un peu vite en besogne, surtout qu’elle allait moisir. Elle l’avait vu s’imaginer d’autres choses, et il n’était pas déplaisant, mais ne l’avait pas encore séduite et elle n’était pas non plus encore aux portes de la mort par le froid au point de se coller à lui.

Au retour du canidé, l’homme avait réagit favorablement, partant en premier, dans le noir, éclairé quelque peu par le tison de bois porté par la femme. Levant le brandon au-dessus de sa tête, elle vit que la grotte ne s’évasait pas qu’en bas, mais également en hauteur, accueillant la condensation de la source dans un coin à la chaleur presque tropicale, digne d’un sauna. Pour ce qui était du bas, le reflet et les remous lui indiquaient plusieurs bassins ronds, dont trois suffisamment côte à côte pour former un grand bain, une formation idéale pour créer une station thermale ou des bains, si ce n’était pour sa distance par rapport à la ville. Même le son, excluant le rouquin en train de frotter sa peau dans un bassin et le loup se jetant de nouveau dans un autre, était apaisant. Les gouttelettes condensées retombaient, créant des sons tantôt aiguë, tantôt étouffés, selon qu’elles tombent sur la surface de l’eau ou sur le sol calcaire, détrempé. Cela, plus le son des remous ici et là, de l’air chaud remontant. Rien qu’à la mélodie, elle s’imaginait déjà, sa peau caressée par les bulles, dans une eau chaude et accueillante.

Son tison s’éteignit dans un “tsss” équivoque, une goutte de trop humidifiant suffisamment la branche pour estomper sa lumière. Le roux partit alors qu’elle plantait le bout de bois dans une stalagmite à la pointe creusée, puis enlevait ses vêtements un à un, remettant son paréo vert opaque pour cacher ses parties intimes, laissant sa poitrine libre comme le jour de sa naissance. Elle s’approcha des eaux, trempa un pied et se glissa sous la surface pendant quelques secondes…

Lorsqu’elle émergea, elle fit face à l’imprévu prévisible, et répondit à la question qu’on lui posait en sortant lentement la tête des volutes proches de la surface…
-Je sais pas si je préfèrerais m’être noyée plutôt que de voir ton escargophone, souleva Béryl en reculant, posant ses coudes en arrière sur les rebords du bassin après avoir ramené ses longs cheveux d’or en arrière sans aucun embarras pour ce qu’elle avait aperçu. Mais oui, c’est pas si mal. Pas d’ours à tuer, pas de poids à porter, il ne manquerait que de l’argent en récompense et un lit confortable, ce serait le bonheur. Avoua-t-elle en frottant ses épaules, appuyant ses avant-bras contre sa poitrine tout juste à la surface.

Elle regarda les marques sur l’homme, des balafres, des marques liées à des combats l’ombre d’un doute. Elle étudia son visage, qui ne lui disait rien, mais en même temps se rappeler des primes et des visages des hauts gradés du gouvernement n’était pas particulièrement son fort. Elle commença à démêler ses cheveux, passant ses doigts dedans.
-Un marine ne se serait pas perdu dans le coin, tu n’es pas un très bon chasseur, tu peux tuer un ours avec un couteau et ce que je suppose être une grande quantité de savoir-faire. Tu n’es probablement pas un pirate, sinon tu ne serais pas seul, mais tu possèdes des blessures de batailles, pas de simples rixes. Ici c’est une blessure de sabre, là la marque d’une brûlure de poudre, déclara la femme en pointant du doigt les trophées de peau du combattant. Ce qui veut probablement dire que tu t’es frotté à des groupes, ou bien c’était avant, mais je n’y crois pas trop, ou bien c’est toujours de mise, et soit tu sert les “gens biens”, soit les “crapules”. De qui fais-tu le sale boulot, Ren ? A moins que ce ne soit le produit de tes propres affaires ?

Le roux lui paraissait sérieux, mais de là à posséder une forte ambition ? Il n’y avait rien dans ce coin paumé qui méritait que l’on s’y attarde, du moins pas qu’elle en sache. Quoi qu’il en était ce petit jeu était loin d’être terminé, et elle allait pointer d’autres évidences, pour voir comment l’homme se défendait avec des mots, lui qui n’était pourtant pas si loquace. Elle pourrait peut-être bien y trouver un amusement à le taquiner, cela ferait passer le temps, et cette maudite tempête, et la nuit, et le sommeil.
-Tu manies des couteaux, tu parles peu, pas d’armure, pas de lame, pas d’autres talents cachés. Je gage que tu n'as pas eu à combattre l’ours longtemps, ou sinon il t’aurait écrasé. Tu te bat trop bien pour n’être qu’un voleur et tu a trop de marques pour être un mercenaire, puisque tu aurais compris l’intérêt de porter une armure pour protéger ton escargophone dans la cas contraire. Cela veut dire que tu dois probablement évoluer dans des milieux où l’on ne doit pas deviner tes intentions avant qu’il soit trop tard. Je dirais, habituellement les bas-fond, les organisations de crapules dont tu te débarrasses des concurrents pour ton maître ou pour toi-même.

Béryl laissait les accusations s’implanter dans la tête du rouquin, puis poursuivait, encore.
-Pourquoi les bas-fonds et pas les hautes sphères ? Les gens raffinés aiment les langages raffinés, même pour leurs serviteurs, tu ne ma pas donné l’air de quelqu’un qui sait bien se comporter, souffla-t-elle, un regard équivoque vers ses parties intimes avec un sourire amusée.

La blonde s’imagina ce que pourrait se dire un homme de sa trempe, sûrement plus doué qu’elle pour juger les gens, d’après son expérience. Elle n'avait ni marque ni traits endurcis, son fusil était rudimentaire et un emprunt, ses vêtements osés, pour ceux qui ne coupaient pas simplement sa silhouette, histoire de moins attirer l'œil. Son piercing au nombril et ses nombreuses bagues, aux oreilles et aux cornes étaient exquises, prouvant qu’elle était soit vénale soit désireuse de plaire à un certain public. Il pourrait sans doute épiloguer salement sur les professions qu’il pourrait deviner, mais irait-il plus loin dans sa lecture ? Se prêterait-il même au jeu ? Ou deviendrait-il violent ? Ou fuirait-il ? C’était difficile à prévoir, il n’avait pas laissé transparaître grand-chose, à part un peu de tolérance, un soupçon d’humour, des formes intéressantes et des marques d’un passé sombre qui le suivaient toujours.


Beryl Zast
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Ren Tao
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Dim 18 Juil - 17:42
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Qui aurait cru qu’en arrivant dans cette grotte, je reçoive de la compagnie ET qu’on trouve une source chaude ? Au final, il n’y a qu’une chose à faire : mettre une pancarte : hôtel rustique. Et c’est parti pour se faire des sous. Mais malheureusement, parmi toutes mes ambitions, cela ne faisait pas partit de mes projets actuellement. Qui sait peut-être plus tard quand je me retirerais ? En supposant que je ne crève pas d’ici-là… Après tout, il est rare qu’un combattant dans mon genre, les mafieux ou les corrompus finissent tranquillement dans un lit, à mourir de vieillesse… Quoi qu’il en soit, à choisir, je préfère de loin une mort sale, au combat qu’une mort simple, sans douleur, ennuyeuse…

Bref, revenons à l’instant présent, à savoir ce bain improvisé. L’idée était naturelle, spontanée. En effet, la découverte de cette source chaude était une aubaine. N’importe qui de censé de toute façon aurait eu cette pensée, ou alors c’est qu’il est con. Tâché de sang, l’odeur d’alcool ne m’allant pas bien, cette découverte était un cadeau du ciel. Je ne dirais pas des dieux, mais la phrase est correcte en soit. Se laver, profiter, savourer ce moment. S’il n’est pas rare que je jouisse de mes combats, je reste humain et les plaisirs simples de la vie me vont parfaitement. Là, un bain chaud en milieu naturel alors que dehors il doit faire « moins je ne sais combien de degrés », je dis oui. Je ne parlerais même pas de l’extra comme quoi j’ai une compagnie – en théorie – dans ce bain. Mais là n’est pas la priorité… Alors que je cherchais à voir où elle est, elle vend vite la mèche et cette dernière m’interpelle. Relevant le regard vers là d’où provient la voix, voilà qu’une fois de plus elle me taille. La réaction est spontanée, naturelle !

« Mon esc… Hein ? Tssss… Tu peux parler avec ton guidon sur le crâne… »

Me mettant bien dans le bain, je cherche à faire face à celle-ci, me disant que c’est de bonne guerre. Elle semble du genre malicieux, alors vanner un mâle sur sa queue, c’est… basique ! C’est comme une brute qui passe devant un bébé avec une sucette. C’est obligatoire qu’il tente de prendre cette dernière. Là, sa vanne, j’aurais dû m’y attendre, mais soit… Je me retiendrais de souligner qu’il lui est impossible de se noyer vu ses ballons flotteurs. Et au pire, avec un peu de chance, peut-être que Pitié irait la repêcher, ou coulerait avec elle plutôt. Bref... Inutile de tergiverser sur ce sujet. Elle m’a vanné, je le prends mal dix secondes et… ça passe.
La demoiselle fait de nouveaux commentaires et parle argent et lit. Oh ? Madame a le goût du luxe ? Pendant un instant, je me demande bien quel est son style de vie. Est-elle du genre à vivre au chaud ? Ou son physique et ses spécificités font qu’elle doit se débrouiller pour vivre correctement ? Difficile à dire, vu sa langue bien pendue, pour sûr qu’elle doit savoir s’en servir pour obtenir de petits services. Manipulatrice ? C’est une femme, alors la question ne se pose pas. Mais impossible de lire en elle.

« La simplicité à du bon parfois… Mais … Ouai… Au minimum le lit, ce serait un plus notable ! »

Même si certaines remarques me titillent, je ne peux nier être d’accord. Quant au fait que je me taise sur l’argent, c’est pour éviter de montrer qu’on a un point commun de plus : on aime l’argent. Bon, en soi, qui n’aime pas ça ? Revenons à nos moutons, je soupire chaudement et regarde le lieu. Les chutes de calcaire, stalactites et stalagmites décorent cette pièce plutôt plaisante quand on y pense. Pour peu, cela pourrait m’inspirer pour une cachette, mais ce n’est pas dans mes projets que de m’installer ici. Sauf si j’en ai une bonne raison, ce qui n’est pas le cas immédiatement. Fermant les yeux, je m’abandonne quelque peu à cette tranquillité bien vite perturbée par les dires de mon acolyte du jour. Hm ? Bavarde ? Une différence, enfin !

Ouvrant un œil, je l’écoute parler et me trouve intrigué par ses mots. Un « hmmm » sonore se fait entendre alors que je continu de fixer le plafond. Ses raisonnements se tiennent, mais … Que fait-elle au juste ? Elle parle, parle, continue de parler et si je n’étais pas d’humeur calme, je pourrais dire qu’elle me tape sur le système. Non, là, la simple idée qui me traverse l’esprit c’est : tu parles trop. Mais j’écoute malgré moi, je prends sur moi et reste zen, l’eau me détendant totalement. Finalement, mon regard se dirige vers elle, observant visage et silhouette floutée par l’eau.

« Que fais-tu ? … De la psychologie ? »

Si la remarque peut sembler hostile, je ne lui intime pas d’arrêter, non, mon regard curieux se pose sur elle et se plonge en elle. Blonde mais pas conne ? Voilà une espèce rare me dis-je. Mais outre mes remarques salées, les plus logiques reviennent au goût du jour et je bois ses paroles un instant alors qu’elle continue de blablater, extrapoler et faire des hypothèses.
Les paroles de Béryl sont nombreuses. Elles pleuvent autant que les petites gouttes du plafond. Elles sont plus bruyantes aussi… Elle imagine, sous entends, demande et finalement, je me dis que ce jeu est amusant. Ses déductions me flattent et m’amusent oui, c’est le cas ! Après un long moment de paroles où je ne répondais pas à ses accusations, je me décide à bouger. Un soupire, un frottement à la nuque, un penchement d’un côté qui laisse entendre un bruit de craquage… Je dois bouger.

Me relevant un peu, l’eau arrive jusqu’au milieu de mon ventre. La fixant, je me lève et m’approche d’elle. Le regard fixe sur ses yeux et non le reste du corps bien que l’idée puisse me traverser l’esprit, je romps lentement la distance si elle me le permet. Qui sait si elle n’userait pas d’un pied pour me stopper. En tout cas, si elle ne faisait rien, c’est face à elle, quasiment à distance zéro que je me retrouverais. Me penchant, j’approchais mon visage du sien, plongeant ouvertement dans ses yeux et non le décolleté plongeant que j’avais à cette position. Un silence, un regard, une fixette. Un défi de regard ? Ce dernier semble vide, mais seulement en apparence, car là où tout bon assassin arrive à cacher ses émotions, en moi, là, il y a une certaine malice, de l’amusement. Finalement, c’est un petit rictus qui décore mon visage et un verdict tombe. Œil pour œil et dent pour dent comme on dit.

« Tu parles trop… »

Mais malgré ces mots, cela ne sonne pas comme une fin de l’instant non. Une main sort de l’eau pour venir saisir lentement son menton. Tactile ? Vu mon maniement de la lame, c’est certain que mes doigts savent y faire. Mais je me contente de simplement poser mes doigts sous son minois, tenant son menton sans forcer. Un mouvement de tête la libérerait de cette « emprise » difficile à nommer. Est-ce saint ? Est-ce un comportement joueur ? Ou une simple envie de s’imposer ? Je reste un mâle après tout et elle… une femme.

« Tu as un regard perçant, ou une logique bien faite à ce que je vois et entends. La vue te plait j’espère … ? »

Le souffle caresse sa peau et heureusement, l’eau a éliminé l’odeur d’alcool.

« Tu poses des questions, mais toi-même tu penses avoir les réponses ? A quel jeu tu joues Béryl ? Est-ce de l’inconscience ou simplement une attitude joueuse ? Tu sais que là, tu joues avec le feu et généralement, on s’y brûle. Pourtant, il m’est impossible de dire tu es conne. Pas après une telle observation. Bien au contraire, tu enterres les préjugés. »

Compliment, à noter !

« Mes marques… sont le fruit de mes affaires personnelles. Si j’avais un doute sur ton intelligence, j’aurais joué la carte du : je n’ai pas de chance et attire les ennuis. Mais … là, ce ne serait pas drôle. C’est bien le résultat de bien des rixes, pour mon compte. Quant à mon job… Difficile à dire. Mais tu vois juste … Je travaille dans les bas-fonds, pour moi. Moi uniquement. J’ai travaillé autrefois pour des gens. Mais ça, c’est du passé. Maintenant, c’est mon heure. La liberté reste ma priorité. »

Hors-la-loi donc. Assumé ouvertement. Elle et ses remarques m’ont titillé, alors quand elle parle de hautes sphères et leurs manières… Je vins à sourire en coin.

« De nos jours, les femmes aiment les gentils garçons ? »

Le regard sombre mais « vivant » se balade. Les yeux, son nez, ses joues, ses cornes, retour vers les yeux, puis les lèvres, la nuque, plus bas… Mais on ne peut que deviner. Rapide retour plus haut et je reviens aux yeux. Finalement, je relâche celle-ci, curieux de voir si elle serait déçue ou non. Venant à ses côtés, je m’installe et étends mes bras de part et d’autre de la paroi de pierre, flirtant avec des cheveux sans réellement m’en rendre compte.

« Raconter mon histoire serait bien trop long, bien que ça serait idéal pour t’offrir un sommeil profond. Mais pour faire simple, j’ai été éduqué dans l’ombre, alors l’ombre est un choix imposé. Quant aux hautes sphères, je trouve celles-ci ennuyantes, trop restreintes, même si elles paient bien… »

Nouveau soupire et mon regard se pose sur elle en coin. Intrigué par ses oreilles, je me demande si c’est sensible tient. Mettant de côté cette pensée, je laisse un temps s’écouler avant de finalement me dire qu’être face à elle, c’est mieux. Soutenir son regard, sentir cette proximité, ce jeu de chat et de la souris, c’est… grisant.

« Et toi alors ? D’où te viens cette capacité d’analyse ? J’aurais du mal à croire que ce soit inné. Tu es propre, alors que connaissant un peu ce monde, je suis sûr que ta différence devrait te jouer défaut. Ce côté clean me laisse perplexe. Je ne pense pas que tu devrais être marqué comme moi, que tu devrais être une femme traitée en pariât, mais … cela m’étonne grandement. Un secret peut-être derrière cette perfection ? Où est-ce mon avis de mâle devant une femme qui me fais me tromper ? Tu as ton comportement, tu sembles sûre de toi, peu importe la menace face à toi. Est-ce de l’insouciance ? Là encore, j’en doute… Si je t’attaque, je suis sûr que tu aurais du répondant. Simple intuition. La manière en revanche m’est inconnue. Ou peut-être que j’ai une idée, mais je doute que ce soit que ça. »

Mes doigts reviennent retrouver son menton et je me rapproche encore pour intimer cette sorte de proximité dangereuse.

« Tu use de ta personne pour manipuler autrui n’est-ce pas ? Et … Tes cornes peuvent servir à te battre non ? Elle est facile cette déduction, mais c’est naturel je dirais. Ou alors ce serais bête de pas s’en servir. J’ai juste ? »

Le regard perçant dans le sien, je me tais, avant de finalement rester ainsi, proche d’elle. Souffle discret venant titiller son minois.

« Qu’es-tu au juste Béryl ? Bonne ? Mauvaise ? Opportuniste ? Venimeuse ? Bienveillante ? Joueuse ?»

Des questions, des questions et finalement, une envie de taquiner au final. Simple et efficace.

« Et là… Je vais faire quoi ensuite d’après toi ? »

Jusqu’où peut-elle prévoir autrui ? Suis-je si prévisible ? En bon joueur en tout cas, je me disait qu’il serait marrant de faire ce qu’elle dirait si c’est juste.

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Cœur velu, Tour 4


L’échange de civilités avait été unanime sur un peu de boutade sur le corps de l’autre. Visiblement le roux ne pouvait se retenir de parler des cornes, “grand bien lui fasse” se dit Béryl. Elle s’était détendue, avait parlé de ses menus objectifs qu’il avait déclaré comme simple.

“Simple peut-être, mais c’est la base d’une vie calme, le pilier d’une vie riche et le support d’une vie sophistiquée.” se dit la femme. Entre deux flots de parole, il avait répliqué, soulevant la possible option qui se présentait à lui sur pourquoi elle lui déclarait tant de choses à son propre sujet. Elle ne répondit pas à cet instant, pour laisser le suspens planer.

Moins l’homme saurait, plus cela attiserait sa curiosité, en supposant qu’il soit suffisamment joueur pour cela, et qu’il ne pense pas à autre chose. C’était une tâche difficile que d’enjoindre quelqu’un à parler en étant dans un bain mixte, visiblement sans personne alentour qui n’a d’autres pensées. Mais la femme tentait tout de même la chose, cela valait mieux que d’attendre sous les “plic ploc” des goutellettes et les “froufrou” des bulles et les “SEKEN” de son loup bizarre.

Malgré tout cela, Ren avait l’air mi-figue mi-raisin. Au début il avait paru ennuyé, puis légèrement intrigué, voire limite intéressé, et là il se retrouvait à faire craquer ses vertèbres et souffler de lassitude. Sans subtilité aucune, il se leva, comme d’autres hommes s’étaient levés avant lui, s’était approché sans ménagement. Il avait planté ses yeux dans les siens, sans doute persuadé qu’elle détournerait les siens, conquise, ou qu’elle se noierait dedans. Mais elle avait déjà vu cela, bien que son regard fût relativement absent, le regard vide d’un tueur qui se penchait avec un visage de tueur, devant celui de la blonde. Habituellement, le regard se faisait au moins faussement cajoleur, ou démontrait directement l’intérêt charnel. Là rien, c’était aussi blanc et vagues que les nuages, peu vecteurs d’émotions. Mais pourquoi était-il aussi vindicateur dans sa tentative de la conquérir ? Pensait-il qu’elle allait se sauver au moindre accrochage, si c’était le cas elle se serait déjà levée pour partir, en fait. Où alors ce n’était pas pour être agressif, et cela soulevait donc un point, il montrait de l'agressivité pour cacher sa vulnérabilité, pour s'empêcher d’être sur la défensive. Avait-il été victime d’un autre homme ? Où est ce que ses véritables conquêtes, avant qu’il ne commence à user de ce stratagème l’avait blessé dans son amour de sa virilité ?

Il lâcha des mots on ne pourrait pas plus mal choisit, et la femme fût déçue. Le visage de Béryl montra toute la fadeur du moment, esquissant une moue légèrement désintéressée, tout pendant que le “grand séducteur” tentait de lui prendre le menton, tel un prédateur verrouillant leurs deux visages en face. La parade était simple, elle fit de même, et ils eurent l’air ridicule à se tenir la barbichette.

Il rajouta des mots, un peu mieux, mais il était loin d’avoir regagné son intérêt, alors il devrait faire des efforts, tout en luttant contre les ronces qu’il déclenchait.
-Tu as un regard perçant, ou une logique bien faite à ce que je vois et entends. La vue te plait j’espère … ? avait-il dit.
-La vue me plait plus que tes manières où tes mots, malheureusement. avait-elle répondu.

Le rouquin prit enfin longuement la parole, échangeant sur sa dangerosité, qui devait supposément l’attirer, pour une raison claire qu’elle ne partageait pas. Cela devait marcher sur les midinettes cherchant le grand frisson de se frotter à un mauvais garçon, le grand risque de l’aventure avec quelqu’un qui pouvait leur faire du mal. La blonde n’était pas si facile que cela, et elle ne sombrerait pas pour une ruse aussi simple, et des gestes plutôt que des paroles. Nan, avec elle, il valait mieux montrer patte blanche et, malheureusement pour lui, Ren avait plutôt l’air d’essayer de peloter en disant ses mains sales, comme si cela lui donnait une excuse pour précipiter la chose.

Visiblement la demoiselle avait eu raison pour les activités de l’homme, s'enorgueillissant intérieurement de quelques jubilations personnelles. Cela avait tout de même transformé son expression en sourire malgré sa moue, elle espérait juste qu’il n'interprète pas le mauvais message. Il en vint au sujet des hautes sphères, simplifiant avec une phrase sur les gentils garçons, elle haussa les épaules.
-Ce monde est peuplé en majorité de gredin, pilleurs, voleurs de vertus, il est normal que la gent féminine tende à apprécier les choses rares, tel que les hommes qui savent séduire sans recourir à la force brute parce qu’ils sont juste des hommes primitifs, répondit-elle honnêtement, une chose rare chez elle. Les hommes sophistiqués ne sont pas légions, et ce qui est rare est précieux, donc convoitable.

Le rouquin eut l’air de dire que ce genre de chose ne l'intéressait pas, car il trouvait cela ennuyant malgré le salaire.
-Quel dommage, c’est pourtant bien plus que profitable, les soldes y sont confortables comme tu le dis, mais la nourriture n’est pas mal non plus, les draps toujours frais, les domestiques toujours obéissants, et le danger y est quand même bien moins fréquent pourtant. Nan, le vrai souci des hautes-sphères est que les soucis que l’on peut s’y faire dépasse de loin ceux des bas-fonds. Se débarrasser de Jo le clodo qui vend ses amis contrebandier pour faire sa vie dérange moins que le Vicomte de Mesdeuzes, aspirant comploteur, qui s’est fait prendre en flagrant délit d’être un corbeau qui publie des listes noires de personnalités bien nées usant de produit de contrebande et qui doit être supprimé sans faire d’éclat pour ne pas éveiller les soupçons.

Se retrouver avec une grosse cible dans le dos était une chose que peu d’hommes avaient envie d’avoir. Alors que la première option ne générait qu’un ennui mineur, probablement l’ire d’un inspecteur gouvernemental qui faisait de son mieux sans beaucoup de ressources, le fait de tuer un notable bien né, même pour les commanditaires, cela représentait souvent quelque chose à signaler pour éviter les soupçons sur eux mêmes, ce qui plaçait irrémédiablement un haut fonctionnaire gouvernemental, avec autrement plus de ressources qu’un simple inspecteur. Le tout était de trouver le moyen de cacher ses agissements, chose plus aisés dans les grandes sphères, heureusement pour cette perspective de métier, mais rater son infiltration, laisser un indice pouvait réduire une carrière montante d’assassin au néant comme un claquement de doigts. Si Béryl était consciente de tout cela, cela en disait peut-être un peu plus sur elle que ce que Ren lui avait demandé, mais au moins cela lui donnerait des pistes à étayer.

Le joueur de couteaux finit par se lancer dans le grand bain et posa les bases de son étude à son sujet, bien plus éloquent que son regard de requin vide de toute émotions ou ses gestes pusillanimes. Il parlait avec raison, mais en se fiant à son instinct, et pas particulièrement à ses observations. Ce n’était pas entièrement sauvage, il avait son regard pour appuyer ses dires, dévoilant qu’il ne la pensait pas aussi trempée que lui dans ce genre d’affaires, que sa race, que son sexe seraient d’autant d’atouts que de problèmes pour faire ce métier, ce qui n’aurait pas été très faux si elle n’était pas aussi prudente. Il avait exposé cela en se posant à côté d’elle, pour revenir en face quelques instants plus tard.
“Il est fébrile, il ne sait pas ce qu’il fait, il est intrigué et excité. Quelque chose me dit que ce mauvais garçon n’a pas tant d’expérience, et que ses mains sales ne sont que des artifices qu’il utilise sans savoir par après quoi faire si cela ne marche pas. A part peut-être forcer la chose ?” Étudiait-elle dans ses pensées alors qu’il usait d’un geste déjà fait. “Saisir mon menton ne t’aidera pas plus que cela” répondit-elle intérieurement en saisissant de nouveau celui de son “prédateur”.
-Comment, donc, suis-je si dangereuse ? Mais n’a tu donc pas vu mon gros fusil ? plaisanta-t-elle avant d’étouffer un rire. Tu n’a fais que souligner l’évidence même, et mon expérience immaculée de toute blessure n’est effectivement qu’un témoin du fait que mon danger frappe souvent sans prévenir, au point que répliquer est souvent difficile, voire impossible dans certains cas, expliqua la femme sans détour.

“De toute manière il devait s’en douter, maintenant.” se dit la blonde pendant que le roux jouait à ne pas savoir, déclinant plusieurs options les unes après les autres à laquelle la cornue n’avait qu’une réponse à fournir.
-Oui.

Après ce jeu qu’il n’avait qu’à moitié joué, il en proposait un autre, bien plus tactile, bien moins cérébral. La femme n’avait pourtant pas encore été soulagée de toute sa déception, hors qui récompensait les vilains garçons, sinon les vilaines filles ? La cornue, elle, se refusait à être une vilaine fille, parce que baisser ses standards et se simplifier la vie ne l’aiderait pas à s’en sortir dans ce monde difficile, surtout avec les métiers qu’elle pratiquait.
-Et bien tout d’abord, j’imagine qu’il te faudra bien sortir un jour de cet endroit, répondit malicieusement Béryl, sachant pertinemment qu’il ne partirait pas, sans même désirer que cela arrive par ailleurs.

“On en arrive à quelque chose que je ne m’imaginais pas faire dans une grotte au fin fond du trou de balle glacé du monde.” regretta tout de suite la cornue avant de hausser les épaules à ses propres pensées.
-Tu t’es endurcis, pour une raison que j’ignore et qui n’est pas vraiment liée à ton travail. Une femme ta blessé, et je vois bien que d’une certaine manière, ce “vilain garçon” que tu joue n’est qu’une façade pour t’éviter de souffrir à nouveau.

Cela devait probablement être douloureux à entendre, d’être prit en pitié par une faible femme, en s’étant engoncé dans une armure pour ne pas être blessé par elles, quitte à agir en salaud au moindre prétexte pour en retirer une satisfaction éphémère de victoire, mais à quel prix ?
-Si je te laissais faire, tu y trouverais sûrement ton compte avant de retourner à ta solitude, peut-être que moi aussi d’ailleurs. Mais je me dis que ce n’est pas dans ton intérêt d’avoir simplement l’impression de gagner.

“Qu’est ce qu’on a bien pu te faire pour que tu en arrives là, petite chose ?” se demanda la blonde.
-Tu n’es pas dépourvu de charme physique, déclara Béryl, soucieuse de placer des points positifs dans sa remarque, calculant que cela réduirait les risques qu’il s’en prenne à elle. Mais tu as l'air sans dessus dessous lorsque tu me parles, comme si tu me découvrais, sans même considérer ton expérience. Ce qui me fait dire que tu ne vivais pas tout cela, ou que tu la vécu et que tu t’en empêchais jusqu’à aujourd’hui.

En vérité, cela ressemblait assez aux manières passées de son premier garçon, cette tension qu’il s’imposait à lui-même, ce je-ne-sais-quoi de bridé, comme si exprimer ses émotions allait le pulvériser. La différence majeure étant, ce type ne devait pas en être à son premier amour, et revenir à ce stade voulait probablement dire qu’il s’était voilé la face jusqu’à aujourd’hui, se disant que ses conquêtes rapides étaient signifiantes comparé au fait de se rendre vulnérable pendant quelques instants. Si c’était le cas, il avait tort...
-Tu ne veux pas souffrir, Ren, compris la femme en posant un doigt sur ses lèvres avant qu’il lui dise qu’elle parle trop.

Il n’avait probablement pas voulu entendre cela, mais cela lui ferait sans doute du bien par après. Quoi qu’il en était, elle se devait de le laisser réfléchir quelque peu, alors elle se leva. Son paréo était trempé, presque transparent, et tout pendant qu’elle gardait le doigt sur les lèvres de l’assassin, elle reculait.
-Je vais te laisser quelques instants, il faut que je m’occupe de mon loup.

Se retournant d’un geste théâtral, elle appela son chien, qui sortit de son propre bassin pour s’ébrouer, déclenchant une expression d’amusement de la part de la cornue qui commençait à lever les pattes du canidé pour voir ses blessures dues au froid tout en lui passant l’autre main dans les poils.


Beryl Zast
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Ren Tao
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Lun 19 Juil - 12:25
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Cette pause intemporelle prenait une tournure pour le moins inattendue. Est-ce un jeu ? De l’attirance ? Les deux ? Ou peut-être simplement une envie de tuer le temps par tout les moyens possibles et inimaginables ? Je ne saurais dire, il faut le dire, les relations sociales ne sont pas mon fort et ce n’est pas mon erreur avec Rei qui va corriger le tir… Pourtant, je joue le jeu, je m’approche, grogne, joue le prédateur car je me sens comme tel. La vachette est en théorie à ma merci et pourtant, elle retire tout le sérieux de la scène d’un simple geste. Le côté théâtral est totalement anéanti d’un geste risible et si simple : me tenir le menton tout comme je lui fais. Sur le coup, je ne m’en souci pas plus que ça, mais d’un point de vue externe, on passe d’une scène sérieuse à un véritable gag. Comme quoi, parfois un simple regard ou geste désamorce un problème de taille. La vérité est la suivante : Béryl a de la répartie. Pire encore, sa logique est redoutable, autant que mes coups de couteaux sont précis et nets. Attention me dis-je… Je risque de m’y couper si on continu comme ça. Wait… Est-ce de la peur ? Ou simplement une réalisation de la vérité ? Hmmm…

Les mots de la cornue se font entendre, elle semble pointer du doigt un manque de tact, ou quelque chose du genre. Hmmm.. Je ne m’en souci pas plus que ça, mais les détails ont leur importance dans n’importe quelle situation. C’est alors qu’elle désamorce une fois de plus une boutade avec du sérieux cette fois-ci. Ce qui est raffiné est rare ? Il est vrai que c’est monnaie courante dans les hautes-sphères, c’est pompeux même, mais dans notre milieu, c’est rare pour ne pas dire inexistant. Or, ce qui est rare gagne en valeur et la valeur c’est synonyme de précieux. Sa remarque est vraie et me dérange car cela veut dire que ma blague est fausse. Moi avoir tort ? Tsss… Un « hmmm » s’échappe lascivement, affirmant que oui, madame à raison.

Par la suite, elle énumère les avantages de la haute sphère et sur ce point, je ne peux qu’être mitigé. Ok, je comprends une chose : elle a déjà goûté ou analysé le luxe et semble y avoir un certain goût.
Et c’est là que notre différence frappe. Elle me vend du rêve, me fait imager des choses dont on ne peut que rêver et pourtant, dans mes yeux ne brille aucune lueur. Du désir ? Peut-être une infime flammèche, mais rien de plus et pour cause, j’ai toujours manqué de ça. Je n’ai jamais connu ça. Et si la logique voudrait que l’inconnu me charme et me fasse envie, j’ai plutôt choisi de me dénuder d’intérêt pour ça. Et pourtant, je cours après l’argent et la reconnaissance. Douce contradiction. Pour moi la richesse quand j’étais jeune, c’est la pomme prise sur l’étalage et quand tu t’en sors après une course poursuite. Là où elle me décrit un buffet avec des fruits immaculés, des repas luxueux et des saveurs uniques. Cela fait rêver, mais … est-ce que je me refuse ça ? Et pourquoi ? J’en saurais dire… Sans doute un manque qui m’en a dégoûté ? Ou est-ce la nouveauté qui m’effraie ? Trop de questions et peu de réponses… ça n’a pas sa place dans mon esprit. Ou alors est-ce un moyen de m’alléger l’esprit plutôt qu’affronter la réalité ? Béryl me fait réfléchir et ce n’est pas bon… Pas bon du tout… Danger !

Heureusement, pause il y a et c’est à moi de parler d’elle. Bien que moins pointu, je pointe du doigt et du regard des choses qui me sautent aux yeux. J’analyse, je cherche à comprendre, je suppose et sous-entends. C’est très instructif comme exercice, mais pas ma tasse de thé. Après tout, ma routine se cantonne à analyser les mouvements d’autrui, prévoir et agir en conséquence pour que quand il se rende compte de ma présence il soit trop tard. Point. Mais alors pourquoi je me penche sur le sujet ? Plutôt que l’envoyer chier, prendre ce que mes envies me dictent et basta ? Pourquoi pas mettre fin à cette conversation et laisser libre court à des idées plus éphémères ? Plus libertines et plaisantes ? Est-ce que la saveur de ce moment a une réelle importance ? Ou est-ce de la curiosité réelle que je ne soupçonnais pas ou réfutais jusqu’à maintenant ? Hmmm… Je ne saurais dire. C’est compliqué dans ma tête à cet instant, et le pire est à venir.

Elle ne semble pas se dépeindre comme quelqu’un de complexe. Non… Plutôt comme quelqu’un de simple. Un danger qui frappe et te termine, point, d’où son corps immaculé. Oh ? Serait-elle aussi un assassin ? Non.. Vu ses expressions, sa capacité à exprimer des choses, j’en doute. Ou alors est-ce moi qui ne comprends pas ? La discussion reprend et Beryl « adoucit » l’ambiance en faisant preuve comme souvent de malice et d’un humour qui m’échappe à moitié à peine. Sortir d’ici hein ? C’est avec un semblant d’humour à moi que je réponds le plus naturellement du monde quelques mots et pourtant, qui sont plus naturel que tout mes autres mots jusqu’à présents.

« La source rend l’endroit agréable pourtant… »

Ou du moins, est-ce juste la source ? Mais alors que mes pensées divaguent, voilà que la demoiselle rejoue la psy. Mais aussi insupportable cela soit-il, elle parle et ses mots ont du sens. Est-ce la vérité à mon sujet ? Je ne saurais dire, mais cela pousse à une chose redoutable : une réflexion intérieure. Là où d’ordinaire je m’en foutrais, la situation, la simplicité de notre accoutrement et la douceur de l’eau m’adoucit assez pour que j’ose y réfléchir. Plutôt que dire « tu te trompes », je ne nie pas immédiatement et m’enfonce dans mes pensées un instant. Je m’en vais même jusqu’à lâcher son menton, comme un enfant ayant perdu son envie de jouer. Ou du moins est-ce vraiment ça ? Je suis perdu, voilà la réalité.
Les mots s’enchaînent et des mots clés tombent sur le plateau. Victoire. Plaisir. Solitude. C’est étrange de se dire ça, mais elle me … comprends ? Qui est elle pour faire des hypothèses pas si fumeuses que ça ? Suis-je si prévisible que ça ? Ou a-t-elle simplement la décence de dire ce que d’autres femelles refusent d’admettre par crainte de prendre un coup de lame ? Ne craint-elle pas la mort ? Ne craint-elle pas un possible courroux impulsif qui peut coller à mon comportement imprévisible ? Non, c’est autre chose, elle est franche, c’est tout. Et elle touche juste, elle trouve la plaie et y met son doigt sans forcément être joyeuse à cette idée. Mes yeux clignent plusieurs fois, je cherche à assimiler ses mots et les comprendre.

Là où un compliment servirait à revenir à un moment de charme léger, là, il n’en est rien. Je me montre imperméable à ces mots pourtant flatteurs. Ce qu’elle a dit avant reste gravé en moi. Et son analyse continue me poussant à me demander vraiment si c’est ça. Oui ? Non ? Je me le demande vraiment. Cette fille … Là où elle pourrait être un simple coup de plus et basta, elle devient quelque chose, quelqu’un. Mais quoi ? Qui est donc cette foutue Béryl ? A quoi elle joue là ? Est-ce de la manipulation ? Non… Même pas. Et finalement le verdict tombe. Un tabou, une vérité que je me refuse de croire, d’avouer, de réaliser. Je refuse de souffrir ? Pour peu, je manque de réprimander la miss, montrer mes marques comme pour prouver qu’une lame, une balle, des flammes… tout ça ne me fait pas peur. Et pourtant, ce serait une connerie que de dire ça, car moi-même je suis le premier à le reconnaitre : les mots sont une arme puissante. J’ai beau exécrer les politiciens et autres personnes du genre, ils font ce que moi je fais avec des actes, mais avec des discours. Une réunion, une scène et le lendemain c’est la guerre, là où moi, je pose une bombe au moment opportun. Au fond, elle dit la simple vérité la plus enfouie mais pourtant réelle. Et les mots qui allaient sortir n’étaient pas « tu parles trop », mais bel et bien « arrête ! ». Mais son doigt rencontre mes lèvres, m’épargnant ce supplice. Serais-je touché par ces mots, ce constat ? Risible, non, impossible, foutaises… Et pourtant… Tssss.

Heureusement pour elle, ou plutôt pour nous, elle met en pause cet instant, me laissant un temps de réflexion. Je la laisse quitter le bassin, offrant une vue charmante et alléchante, mais même ça, je n’en ai plus l’envie. Pour l’instant. Car oui, les mots sont puissants et surtout en cet instant. Si d’ordinaire des mots amers auraient pu sortir de ma bouche, il n’en est rien. Pas de « C’est ça, barre-toi ! Salope. Connasse. » et autres poèmes dignes de J.F DeLaRivière. Non, aussi extraordinaire cela soit-il, elle m’a forcé à réfléchir là où d’ordinaire je n’aurais laissé personne m’influencer. Qui est cette fille et d’où lui vient cette capacité de pénétration dans la tête des gens ? Est-ce moi qui suis faible ou bien ?

« … »

Je m’adosse alors à la paroi du bassin. Et le silence se fait. Seuls les bruits de l’animal à poil se font entendre. Là où j’aurais trouvé ça désagréable au point de souhaiter sa mort, là il n’en est rien. Plongé dans les abysses de mon âme, je réfléchis à ces accusations et réalise qu’il y a du vrai. Plus que je ne voudrais l’avouer. Pourquoi je réagis ainsi ? Pourquoi ça m’atteint ? Je … m’en fou. Non ? Je me mords la lèvre jusqu’au sang et me retiens de frapper l’eau. Rage enfantine, colère puérile… Face à elle, ce combat de pensées est un échec. Ce jeu est une défaite clairement et pourtant, une victoire cachée. Un silence, le bruit de l’eau, des gouttes. Un silence presque angoissant et à la fois reposant. Et la question sonne encore et encore dans ma tête : je fais quoi ?

Les options sont nombreuses. Sortir et laisser ma main se refermer sur sa nuque. Peut-être laisser libre court à une pulsion sans goût dans ce genre de cas, une première et … Non. Inutile. Me lever, quitter le bassin et aller voir si le feu est plus agréable en fin de compte. Ou peut-être enfiler ma cape en ours et finir le trajet aussi dangereux cela soit-il ? Ce sont les options qui me viennent instinctivement en tête et pourtant, en repensant à ses mots, autre chose pointe le bout de son nez. Là où on imaginait de la tension et l’arrivée d’un moment brûlant d’intérêt, finalement, une pause s’impose et non dénudée de sens, au contraire, elle renforce tout l’instant présent. Là où autrefois les choses sont mécaniques, Beryl avec ses mots donne un sens à … ce moment ? Cette rencontre ? Là où une rencontre n’est qu’une question de minutes et de souvenirs qui disparaitront, là, elle m’intrigue, me force à m’intéresser et … je suis autant fasciné que terrifié. Autant se lancer non ? Comme la première fois que j’ai planté une lame dans une jugulaire, je me dois de simplement faire le vide et laisser le corps agir. Dos à elle, finalement, j’ai un besoin de me sentir vivant et pour se faire, un peu de fraicheur ne fait pas de mal. Je sors du bassin et m’assois en son bord. Les mains sur le rebord, on peut deviner ainsi mon état. Là, les mains sont posées sur le sol, mais qui sait si elles ne se serreront pas par moment ou si je n’oserais pas frapper le sol, ou que mes doigts pianoteront sur le sol par nervosité ? Tant de choses se passent dans ma tête et finalement, le naturel prend le pas. Plus de rôle, plus jeu, juste… moi ?

« … As-tu déjà souffert toi ? »

Sans doute que sa compréhension vient du vécu, mais j’aimerais confirmer la chose. Comme dit plus tôt, sa différence est clairement un manque à gagner dans la société de nos jours. Que ce soit ceux de la haute ou ceux en bas… Elle n’est pas « humaine » d’apparence et les gens ont d’avantage peur de ce qu’ils ne comprennent pas plutôt qu’une réelle fascination. Est-ce qu’elle a été rejetée dans le passé pour ça ? Maltraité ? Ou même trahit à cause de ça ? Le regard plongé dans l’eau, je vins à contrôler ma respiration. Ma présence semble devenir fantomatique malgré la présence de mon corps et pourtant, même malgré cet « absence » notable, il semble y avoir une faible faille. Une faible flamme qui vacille se demandant si elle doit se laisser mourir ou si elle doit devenir incendie que rien n’arrête. Peut-être est-ce ça le fond de mon souci ? Laissant la miss répondre et/ou s’occuper de son canidé, je lui laisse le temps. Avant de reprendre.

« Tu ne sembles pas être quelqu’un de simple, tout comme la vie que tu mènes. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on est pareil, mais peut-être qu’on côtoie le même genre de vie : au jour le jour. Des rêves, des fantasmes, des objectifs… On en a. Mais le chemin pour y arriver, je ne sais pas pour toi, mais moi, c’est flou. Et pourtant ça ne m’arrête pas. Juste, ce brouillard, si je ne m’en souci guère en toute logique, tes mots me troublent… »

Un aveu ? Ren, ce n’est pas toi ça, arrête ça !

« Blessé moi ? Physiquement ce n’est rien. Que des balles, des lames, du feu, d’autres substances… Rien quand on dépasse le principe de douleur physique. Mais moralement ? En toute honnêteté je ne sais pas. En fait c’est con, mais tu me poses une question à laquelle je n’ai pas la réponse. Tu l’as toi ? Ou tu as que des hypothèses encore une fois ? »

Si autrefois le ton avait été hostile, froid, là, il s’agirait d’un réel questionnement de soi. La miss réussit un exploit : me faire parler moi, l’homme, et non la machine à tuer. Qui suis-je ? Telle est la question, mais je ne peux pas traiter cette question. C’est inutile. Enfin je crois ?
Et finalement, la question tombe d’elle-même.

« L’amour… Tu y crois toi ? Je ne parle pas forcément des sentiments, mais bel et bien le mot dans sa globalité. Ou c’est bel et bien de la connerie ? »

Qui aurait cru que je dirais ce mot encore une fois ? Ce mot maudit où on ressent clairement mon amertume, confirmant une partie de son hypothèse. J’ai été saigné à ce sujet et je refuse de revivre ça. De base pas doué pour ça, cette expérience a été un échec marquant. D’où mon attrait pour l’acte simple et dénudé de sens. Au fond, je réalise sans vraiment comprendre que jusqu’à maintenant, tout est et était fade. La question est, vais-je accepter de mettre de la saveur dans ma vie ? Et si oui, comment ? Hmmm… Laissant planer un doute, je fini par détourner la tête pour regarder Béryl. Que ce soit sa plastique mise en évidence ou autre, en la voyant « chouchouter » ce loup teubé, je ne peux m’empêcher de refouler ce sentiment qui lui est assumé : de la jalousie. Au fond, c’est aussi une partie du problème, mais l’attention, c’est clairement ce qui m’a manqué et me manque toujours. Même malgré mes batailles, mes blessures, mes instants avec mes « amis », il me manque un truc. Mais quoi ? Je doute que Beryl ait la solution, ce serait trop simple, mais … et si elle pouvait me donner un indice ? Sans doute est-ce ça ce qui m’intrigue chez elle, cet « espoir », plus que sa nudité apparente et alléchante.

« … Viens voir … un instant. »

Quel sera mon prochain mouvement ? Est-ce que je le sais moi-même ?

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Dita | Epicode
Ren Tao
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Lun 19 Juil - 14:28





Un petit conseil, Tour 5


L’instinct de Béryl trépignait, rendu coupable par l’habitude de s’exciter quand le moment était venu d’enfoncer le dernier clou sur le cercueil. Habituellement, après avoir fait diversion en partant, elle attendait que l’attention de sa proie divague vers son monde intérieur pour frapper, une fois, fort, et donner à la faucheuse une nouvelle âme. Mais ce n’était ni le moment ni l’envie de la femme.

Elle s’était attendue à être séduite ou à devoir le repousser, mais pas à ce qu’il s’expose suffisamment pour se briser lui-même, ou qu’il soit raisonnable pour la laisser partir. C’était là la marque qu’au fond, même si il agissait comme une ordure, il n’en avait pas l’étoffe. Le bain, les charmes et les mots de Béryl avaient probablement rendu sa carapace molle et friable. Mais comme un œuf, il devrait s’occuper de casser sa coquille tout seul si il voulait avoir l’impression de renaître, et pas simplement être libéré dans un monde, avec une maman à suivre pour savoir que faire, quand le faire et pourquoi.

La cornue s’occupait alors véritablement de son loup, qu’elle avait vu souffrir de ses petites pattes qui avaient givré par endroit. Se relevant, elle était partie chercher son parfum le ramenant prêt du loup pour lui asperger les coussinets.
-Là, lààà, bon chien.. le rassurait-elle en lui brossant le poil pendant que le produit lui piquait les plaies.

Il couinait, forcément, le produit était tout de même alcoolisé pour éviter les infections, et donc pouvait servir d’antiseptique, même si c’était franchement douloureux. Ren posa quelques mots, perdu dans sa propre réflexion.
-As-tu déjà souffert, toi ?

La question était simple, mais la réponse serait probablement plus complexe que cela. Avait-elle déjà souffert d’un mal pareil ? Pas vraiment… Peut-être un peu… Puis pas du tout ? La réponse se valait mieux d’être présentée différemment, pour qu’il en comprenne un peu plus le sens, et pour qu’il démêle un peu plus son propre tourment.
-J’attends encore la personne qui pourra me faire souffrir, j’imagine, fût sa réponse.

Sans doute qu’elle semblait incomplète aux yeux du roux, parce que lui dire tout de but en blanc aurait été lui donner directement la porte de sortie, mais c’était sa réponse la concernant, elle n’avait jamais trouvé l’amour, laissant supposer que si elle savait, c’est parce qu’elle l’avait vu, sentit.

Après le traitement, elle le laissa fuir dans un coin de la pièce, endolori, humilié. Il irait mieux avec le temps, comme son premier patient. Elle tournait d’ailleurs la tête vers lui, qui délibérait à voix haute, mêlant ses observations sur Béryl et sa perception de lui-même, tentant de créer un lien, quelque chose à quoi se rattacher, ce qui la fit sourire autant que ses aveux.

Elle rappela le loup par quelques gestes, qui revint à elle, se frottant contre son visage. Elle caressa le pelage de la bête pendant que l’assassin faisait volte face, entraînant un roulement des yeux de Béryl, qui dos tourné à lui avait du mal à ne pas relâcher un râle d’ennui mortel.
“Cela ne sert à rien de lutter, c’est la raison pour laquelle tu es dans cet état en ce moment même, bordel !” évacua-t-elle dans ses pensées. “C’est pourtant pas si compliqué, nom de dieu..” ponctuait-elle encore dans son espace en frottant le loup derrière les oreilles. “Bordel, heureusement qu’il me donne plus envie… Le faire revenir à maturité pour pouvoir consommer ce serait comme élever un taureau pour le manger, une putain d’éternité pour quelques secondes de plaisir..”. La cornue se passa une main sur le visage, terminant son geste en l'enroulant autour d'une corne jusqu’à en titiller le bout entre le pouce et l’index. L’amour, en voilà un sujet qu’il était intéressant.
-La question n’est pas vraiment de savoir si j’y crois plus que; Est ce que tu y crois toi-même ? Et je pense que tu ne te poses pas la question par hasard, tu cherche une confirmation, une comparaison à faire, un support, comme quand tu voulais savoir si j’ai souffert.. lâcha tristement Béryl.

Avant qu’il n’ait eu le temps de réclamer sa présence, la femme avait déjà révoqué son loup qui après un petit “Seken” furtif avait fait un “plouf”. Elle s’était levée, parfum en main, pour aller se placer derrière l’assassin, sans doute le surprenant de ne pas se mettre en face de lui pour à la place rentrer ses jambes dans le bassin et faire face à son dos. Décrochant son paréo, elle le trempa dans l’eau, l’essora, pulvérisa du parfum dessus, le frictionna entre ses mains avant de le placer sur les omoplates de l’homme. Cela n’aurait pas le pouvoir décrassant du savon, mais au moins ça sentirait bon. Tout pendant que les effluves d’un parfum entêtant se faisait sentir, elle frottait le dos de cet inconnu, pas tellement comme on s’occupe d’un homme, mais plus comme pour traiter un enfant. Il était peut-être temps de guider un peu cet enfant quelque part où il se sentirait plus à l’aise, un endroit avec plus de réponses, un endroit calme, mais pas vide de solutions. Il s’était un peu confié, elle devait lui donner un peu aussi.
-Tu sais, confia-t-elle, si je sais ce que tu ressens, c’est parce que j’ai déjà vu ton regard, tes pensées, tes gestes dans le corps d’autres hommes. On a beau dire que nous sommes tous différents, si on nous blesse, nous saignons, d’une manière ou d'une autre, mais nous saignons tous de la même manière, avec honte et volonté que cela ne se reproduise pas. Ta solution à tes blessures de batailles n’était pas de te soustraire aux batailles, ni au risque d’être blessé. Alors pourquoi fuir quand quelqu’un te blesse, là ? demandait-elle en pointant son cœur à travers ses omoplates. Tu ne pourra jamais affronter le plaisir, plus intense que celui du combat, avec les gens qui t'importent, parce que tu risquerais de te blesser, et c’est cela qui fait l’intérêt de la chose, pas juste deux êtres qui copulent. Ca, même les animaux en sont capables, et tu n’es pas qu’un animal, tu n’es pas qu’un mâle, tu es aussi Ren, et au-delà de la tempête au dehors, il y aura probablement quelqu’un qui comptera un jour pour toi si tu laisses les gens t’atteindre.

Ce moment dans cette grotte était étrange, c’était un peu comme une trêve entre deux camps, ou les deux seraient obligés de cohabiter pacifiquement, partageant leurs ressources pour survivre, bien qu’ici, c’était plus Béryl qui nourrissait Ren que l’inverse. La cornue en retirait tout de même une certaine satisfaction, de savoir que son influence ne pouvait pas être que néfaste d’une part, et que cela passait le temps, tout simplement, autrement que bêtement faire l’amour ou dormir, ou les deux.
-Tu m’a demandé comment je faisais mes affaires, et bien juste là, tu pourrais déjà être mort, sans t’être même rendu compte que tu perdais la vie. Mais n’aie aucune crainte, je n’en ai pas après ta vie, notre chemin ne fait que se croiser. Aussi, même si tu as plus d’expérience que moi, ce dont je ne doute pas, je me permettrai de te donner un conseil, entre professionnels… Nos proies font des armures autours de leurs points faibles que nous contournons, tu fais la même erreur si tu crois qu’ils n’oseront jamais s’en prendre à toi par tes sentiments et… Si moi je peux y arriver, quelqu’un d’autre peut le faire.

La femme laissa un moment de silence pendant laquelle elle plaqua sa poitrine contre le dos de “sa proie” de manière malicieuse avant de lui murmura.
-Un linge imbibé d’une substance paralysante, une flasque empoisonnée, une morsure mortelle, une dague dans le dos… Chaque moment où ton esprit est perdu dans cette émotion que tu ne contrôles pas est un moment où ton attention est perdue, où tu es vulnérable. Bien que tu puisses simplement te réfugier dans ta carapace, tu sera forcément au contact de gens lors de tes missions, à jouer ton rôle, et cette personne, que tu aura craint toute ta vie, te saisira là sans que tu ait le temps de réagir, fit-elle en passant un bras autour du ventre du garçon. Et s’en serait fini de Ren, l’assassin, le voleur, l’animal, le mâle. Ce n’est qu’un talent qui me permettrait d’en finir avec quelqu’un comme toi, mais je te suggère de le maîtriser aussi, dans ton propre intérêt.

La femme se redressa, sortant ses jambes du bassin, magnanime, lui laissant le paréo sur les épaules pour aller se rhabiller, tapant sur sa cuisse pour appeler son stupide loup. Il allait avoir un peu plus à décortiquer avant de sortir de la cave, plus propre et peut-être un peu plus vertueux qu’avant.


Beryl Zast
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Ren Tao
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Lun 19 Juil - 15:20
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Dans mon état actuel, j’avais l’impression de flotter. C’est comme marcher dans du brouillard, on avance, mais on ne sait pas où on va. Vulnérable ? C’est le mot qui convient le mieux à ma personne. En effet, en cet instant, à ce moment précis, j’étais sans doute plus vulnérable que je ne l’ai jamais été et le pire du pire, c’est que je ne m’en rendais pas compte. Après un moment de pure faiblesse, je reviens à moi et je demande à mon interlocutrice de m’éclairer. Ou du moins, ce qui s’y apparente. Au fond, qu’est-ce que je veux ? Quel est ce moment étrange ? Au départ, je marchais juste pour rentrer auprès des miens et je me suis retrouvé dans une grotte. Là il se passe quoi ? Cette constatation me fait froncer les sourcils, mais cette déconvenue est vite balayée par mes pensées nombreuses et chaotiques. C’est le bordel dans ma tête, réfléchir n’est pas mon fort c’est clair, mais … Je me dois de le faire car elle a mis un doigt sur une faille. Et en tant qu’assassin, je me dois d’être impénétrable, invulnérable, intouchable. Là, c’est une faille, une faiblesse. Une erreur que je dois corriger. Ou du moins je crois ? Est-ce réellement une erreur qu’être humain ?
Selon la théorie pure, en tant qu’assassin sans cœur, sans morale et juste avec une lame : oui. Mais … Je ne sais pas. Après tout, au fond, je suis … personne ? Adopté, donc suis-je vraiment un assassin ? Ou le suis-je devenu ? Rien n’est moins sûr. Au fond, la réelle question est : qui suis-je ? C’est ça le problème, ça l’a toujours été et le sera toujours, mais impossible d’y répondre et là est le point frustrant.

Béryl répond tout en prenant soin de son compagnon à quatre pattes. Et sa réponse est floue. Si je prends au pied de la lettre, j’interpréterai ça comme un « non », mais quelque chose me dit que ce n’est pas si simple. Alors, sans doute est-ce un « peut-être ». Mais alors pourquoi elle semble si joyeuse ? Si amusée de ce qui lui arrive en général ? Vivante ? Je ne comprends pas, ça me frustre, m’énerve et me fascine au final. Je veux comprendre, mais je n’y arrive pas. Putain !
La miss voyait juste en pensant que je tentais de faire un lien. En effet, moi qui n’ai rien sauf ce que j’arrache à autrui, je me rassure souvent ainsi : en comparant. Mais ce n’est que poudre aux yeux, stratégie du cerveau fructueuse pour tromper ma solitude. Je suis bel et bien seul, mais en « faisant comme autrui », je me sens moins seul. Triste vie ? Suis-je à plaindre ? Mon cœur saigne, mais j’ignore la douleur de celui-ci, ne jugeant pas la blessure préoccupante, mais la réalité est là : c’est fatal. Et si je fais tout pour l’ignorer, je le sais en fait…

Un bruit se fit entendre et une présence approcha. La demoiselle allait faire quoi au juste ? Une drôle d’odeur se fit sentir et après un instant, je me contentais de fixer l’eau devant moi, admirant mon reflet immaculé. Qui es-tu toi ? Moi ? Un inconnu ? Suis-je vraiment seul ? Ou sommes-nous plusieurs ? Pfff… Question ridicule, je n’ai pas atteint ce fond au point de me créer d’autres personnalités. Je suis moi, Ren Tao.
Quand je sentis le contact du tissu mouillé sur ma peau, une main se leva brusquement avant que finalement elle ne se stoppe. Réflexe purement professionnel, finalement, je mis la catégorie de ce contact comme non létale alors qu’au fond je le sais, si elle veut me prendre par derrière, elle a toute la matière pour. Garde baissée, pensif… Une morte offerte sans le sourire, mais offerte quand même. Me laissant traiter, je ne réalise pas la possible pitié et cette réalisation tardive fera monter sans doute la moutarde pas qu’au nez… Mais là, je me laisse faire et tends l’oreille.

De nouveau, elle part dans des réflexions presque philosophiques et profondes, mais tellement vrai. Les questions sont difficiles et je suis incapable d’y répondre directement. Cela me demande concentration et réflexions tant intérieure qu’extérieure. Pourquoi fuir quand on me touche là ? Car je suis un homme ? Car j’ai peur de la mort ici ? Ou justement car je ne fais pas abstraction de « lui » ? Laisser quelqu’un m’atteindre ? Voilà la chose que je ne comprends pas, ou plutôt ne veux pas comprendre. Car quand j’y repense, c’est la rage qui me monte à la tête… Quoi qu’on en dise « elle » m’a atteint. Cette fille, cette chienne louve, cette raclure au final… Je pourrais dénigrer autant que je veux, il fut un temps où j’entrevoyais quelque chose de naturel, de bien en théorie. Et plus rien… Est-ce la peur de revivre l’expérience ? Ou mes compétences qui font que je ne veux plus de ça ? Alors pourquoi je réfléchis ? Pourquoi les mots de Beryl me touchent et m’affectent hein ? Pourquoi j’arrive à me dire « tu vois juste » ? L’assassin devrait planter une lame dans sa gorge et en finir là, mais l’humain refuse et écoute.
Je suis Ren ?
La demoiselle me donne alors un conseil après avoir mis le doigt sur une autre vérité. En effet, si elle l’avait voulu elle aurait pu me terminer. Mais ce n’est pas si simple. Mais elle dit vrai. En condition réelle, j’aurais pu mal finir. Là est ma faiblesse, mais aussi une force insoupçonnée, ma plus grande contradiction et l’incompréhension la plus totale : mon cœur. Caché, mais bel et bien existant et palpitant. Je ne m’emballe pas à ses mots, mais elle a l’effet d’une bombe.

Détournant la tête un moment pour la voir du coin du regard, je regarde celle-ci, mais ne pipe pas un mot tandis qu’elle continuait ses actes jusqu’à un certain moment. Sentant sa fierté contre mon dos, je vins à frissonner, preuve de la sensibilité à ce genre de chose. Je reste un mâle, mais aussi et surtout quelqu’un qui savoure chaque moment. Qu’il soit mortel ou non et si le geste peut sembler insignifiant, il produit quelque chose. Nouvel avertissement, elle me fait réaliser le point faible de ma côte de maille et m’enlace presque tendrement. Ou est-ce vraiment de la tendresse ? Je ne saurais dire, mais … c’est plaisant. C’est le but non ? Méfiant, elle peut sentir les muscles être rigides et pourtant, une autre part de moi savoure la chose, le contact humain. Non, elle m’offre plus, une chaleur humaine, ou du moins un semblant qui ne me laisse pas indifférent. Un semblant de malice m’atteint et même si elle a raison, je nie faussement, mais cette fois, cela se ressent que j’ai compris. Je plaisante sur les dires suivants.

« Détrompe-toi, les poisons, j’y suis immunisés… Mais pas… »

Pas quoi ? Aux charmes féminins ? Aux charmes tout courts ? A la douceur ? Se pourrait-il que ce que je ne comprenne pas soit justement la pire chose contre moi ? Pour sûr, la personne qui me dira « je t’aime » aura en première réponse un canif sous la gorge, ou mes mains autour de sa nuque pour la serrer fortement. Méfiant à outrance ? Pour sûr… Mais pour l’heure la réponse correcte est :

« … A toi. Ou ton... charme.»

Voilà qu’elle se relève et créer un sentiment au départ incompréhensible, mais vite facile à identifier. Moi un enfant ? Peut-être une partie de ma mentalité, surtout quand ça touche à l’amour, l’attention, mais … le reste, mes mains sont aussi sales et pourries que n’importe quel adulte crapuleux. Pourtant, j’arrive à dormir, « jouir » de la vie, rigoler avec d’autres, car c’est le chemin que j’ai choisis d’emprunter. Mais qu’en sera-t-il si un jour je change ? Est-ce que des remords arriveront ?
Me redressant à mon tour, tandis qu’elle se rhabille, ce sont mes bras qui viennent cette fois la saisir, une étreinte surprise et étrangement douce. Un bras autour de la nuque sans pour autant l’étrangler et l’autre autour du ventre finalement musclé de celle-ci, je ne me colle pas totalement à elle, laissant clairement cette « option » à celle-ci. Oui ? Non ? Au fond, ce sont simplement mes mots qui désignent mes intentions, bien qu’en soit ce soit facile de deviner. C’est plus la motivation qui est imprévisible. Est-ce juste du désir ? Une simple envie ? Autrefois, au début de ce « jeu » oui, mais ses mots m’ont clairement donné un autre souffle. Une curiosité mêlée à autre chose où je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Curiosité maladive ? Malsaine ? Non… Sans quoi mes mains se baladeraient déjà sur elle, la traitant comme un bout de viande. Il n’en est rien… Là, c’est une étreinte comme pour me rassurer moi, comme un enfant qui attrape sa mère pour lui intimer de rester proche. Un rapprochement pour s’assurer de la présence de l’autre, ou tout simplement avoir son attention. Le souffle chaud, le son est presque « doux » bien que ce soit « nouveau » pour moi et dans un murmure, je lui intime alors quelques choses.

« Il y a une part de désir d’apprendre … Mais je serais mauvais à demander ‘ça’. Non… Plutôt que cette maladresse, ma demande est simple Beryl… J’aimerais te demander ce service : Fait moi me sentir vivant. Une minute, une heure… une soirée ou un jour. »

Il n’y a pas de supplication, cependant la demande est sérieuse. Là où autrefois les choses se faisaient mécaniquement sans chercher à comprendre, là où il n’y a rien, là, je demande à apprendre, assouvir cette curiosité, m’imprégner de ce sentiment, l’analyser et en profiter. Mais ça, c’est clairement selon ses propres envies, selon ses propres limites. Le bras au niveau de la gorge se déplace tel un serpent, et la main saisit son menton avec plus de tact qu’autrefois. Il tente de diriger son visage vers moi pour être à portée du mien. Son regard, je le veux. Que pense-t-elle de tout ça ? Une pensée me traverse l’esprit et manque de m’énerver, aussi, je suis obligé de préciser un petit détail, montrant que malgré une sensibilité bien cachée, il y a aussi de l’impulsivité, mais qui bien utilisée peut avoir du bon…

« … Pitié c’est que ton loup… »

Car quoi qu’il arrive, je ne veux en aucun cas de ça. Qu’elle garde ça pour son ou ses pigeons. Qu’elle garde ça pour une proie juteuse et bien garnie. Moi, je veux simplement être… moi. Me comprendre. Aussi, après cette brève touche d’agressivité, j’en reviens à ce nouveau visage plus singulier, sans doute mon « vrai moi » si bien enfoui.

« Je veux me comprendre… »

La balle était dans son camp. Ma demande était claire et la main sur son ventre se faisait douce. Une caresse maladroite et pourtant bien réelle. Un potentiel ? A voir si elle l’exploiterait ou non. En tout cas à l’heure actuelle, je n’attendais qu’un signe, qu’une réponse audible ou visible pour me découvrir un peu mieux, acceptant bien entendu le risque suivant : avoir mal. Mais ce sont les risques tant du métier que de la vie. Ce n’est jamais tout rose et il est clair que ça, ça ne changera jamais. Me surprenant sans en avoir totalement conscience, si la demoiselle faisait preuve de compassion, ce seraient mes lèvres qui iraient à sa nuque pour signer un « accord ». Mais quel genre d’accord ? La nuit le dirait sans doute.

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Lun 19 Juil - 19:53





Concrétise, Tour 6


-... A toi. Ou ton charme.

C’était là des mots doux à entendre pour une femme qui désirait l’homme qui les prononçait. Malheureusement pour la pauvre âme, cette femme-ci n’était pas enjouée par la nouvelle. Elle avait usé ce ses tours, de ses atours pour empêcher l’homme de sombrer après l’avoir plongé elle-même dans ses propres réflexions, mais elle ne désirait pas “ça”. Elle s’était éloignée pour se rhabiller, et avait déjà enfilé sous vêtements et pantalon quand un bras enserra sa gorge, et un autre son ventre. Se raidir instantanément aurait pu avoir des conséquences graves, elle choisit l’option inverse, toujours plus sûre dans cette position, se laissant légèrement couler, détendue, à l'affût d’autres mouvements plus pénibles. Pour l’instant il se tenait plus ou moins à carreau, si l’on considérait sa tentative de la maîtriser.
-Il y a une part de désir d’apprendre … Mais je serais mauvais à demander ‘ça’. Non… Plutôt que cette maladresse, ma demande est simple Beryl… J’aimerais te demander ce service : Fait moi me sentir vivant. Une minute, une heure… une soirée ou un jour.
-Où sont donc passées les secondes ?
Plaisanta à demi la femme en posant les mains sur celles de l’homme qui la convoitait. Je t’ai déjà fait deux faveurs, l’une avec mon esprit, l’autre avec une partie de mon corps, et tu demandes plus ? lâcha-t-elle, un peu amusée.

-Pitié c’est que ton loup… exhaltait-il.

“Pitié ? Quoi !? Pourquoi le loup, qu’est ce que quoi ?” s'interrogea Béryl intérieurement alors que le loup venait à l’appel, sautant mollement pour poser ses pattes contre une articulation d’une des jambes de Ren, par l’arrière.
-Il a pas l’air très d’accord avec tes désirs, plaisanta Béryl.

“Je ne sais pas ce que tu voulais insinuer en parlant de lui, mais si tu crois que je couche avec les chiens, je vais peut-être affronter la tempête tout compte fait...” se dit la blonde alors que Ren devenait de nouveau un peu trop directif. Elle tourna la tête, puisqu’il le voulait tant, son regard à elle n’était pas particulièrement enjoué, plutôt exaspéré.
-Je veux me comprendre… glissa-t-il.

Maintenant, Béryl était persuadée qu’il faisait appel à sa pit…
-Oh.. fît la cornue en comprenant avant de dégager la main de son menton d’une des siennes, délicatement. Tu ne parlais pas de mon loup, mais du sentiment. Je suis désolée, mais avec les événements, si en entrant ton apparence me donnait un peu envie, là, rien ne m’y inciterait plus que la pi…
“..tié.” termina-t-elle dans sa tête, pour ne pas appeler la bête, sachant pertinemment que l’assassin ferait les liens qui s’imposaient.

Elle se dégagea des mains du conquérant et se retourna pour lui faire face et lui prendre les mains dans les siennes, avant de descendre son regard des yeux du rouquin à son escargophone.
“Ahem… Hello.. Non ! C’est pas le moment.” pensa-t-elle avant de revenir au visage du nudiste.
-Je comprendrai si tu es déçu, mais non, je ne peux pas. J’ai apprécié ce que l’on a échangé, mais me demander cela, je ne me sens pas à la hauteur de te donner ce dont tu as besoin pour te révéler. Cela sera sans doute très douloureux à entendre mais..Il te faudra quelqu’un d’autre, pas moi… Tu vas peut-être croire que je te fuis, que je t’évite, mais c’est faux, je ne veux pas m’engager sur ce terrain avec toi parce que tu n’es que l’ombre de toi-même, actuellement, et… J’ai un faible pour les dieux vivants, pas pour les gens détruits, avoua sans détour Béryl. Le seul moyen que je vois pour toi de rallumer la flamme du désir dans mes yeux est d’en devenir un, malheureusement, ce n’est pas une affaire de minutes, d’heures, de nuits ou de jours…

Avec ces mots, la femme déposa un baiser sur le front du roux et recula hors de portée de mains, retournant au feu pour s’installer sur la pierre chaude et repenser à tout cela.

Elle lui avait probablement fait du mal, mais il devait trouver la motivation pour remonter la pente et se reconstruire en quelque chose de plus invulnérable, pour son propre bien. Qui sait, peut-être qu’elle lui donnerait sa chance à ce moment-là et que ce serait au tour de l’assassin de lui dire qu’elle ne faisait pas l’affaire. Mais était-il fait de l’étoffe des dieux ? Allait-il concrétiser son identité dans un renouveau puissant, charismatique et charmant ? Et surtout, est-ce que Béryl avait attisé le feu d’une détermination nouvelle à trouver qui il était ?

Finalement, ce qui l'intéressait, c’était d’avoir envoyé Ren sur la bonne voie, qu’il finisse dans ses bras ou celle d’une autre, du moment qu’il ne retombait pas comme un soufflé, tout irait bien. Béryl regardait le trou noir indiquant le fond de la grotte, sans doute qu’il arriverait un peu plus tard. Quelque chose avait emporté la carcasse de l’ours, cela sentait toujours le sang bien sûr, mais c’était plus supportable que l’odeur de la mort.



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Besoin de respirer. Voilà ce que j’avais besoin à l’heure actuelle. Non pas que ses mots me faisaient suffoquer, mais ils me donnaient une envie. Une envie de réponses, de compréhensions diverses, de respirer un grand coup et me sentir réellement vivant. Est-ce que la copulation sans prise de tête était la solution ? Attendais-je plus de ça ? Ou était-ce juste physique ? Clairement, plus pommé, tu ne fais pas, mais c’est ainsi. Parler sentiments, compréhension et identité avec moi, c’est comme parler science avec un bébé d’un an… Pour l’heure, je ne saurais dire ce qui agit. Mes émotions ? Mon corps ? Les deux ? Aucun des deux ?

Gourmand ? Supposait-elle cela en parlant de ses faveurs et le fait que j’en redemande ? Sans doute… J’ai toujours été ainsi, ou du moins je crois. En réalité, je suis perdu entre renouveau et ancienneté. Il y avait l’envie de découverte de soi bien sûr, comme mes mots le disaient et l’envie d’un mâle tout simplement en compagnie d’une femme « plaisante ». Doux mix hétérogène qui n’arrivait pas à devenir homogène. Science ridicule incompréhensible de tous… Quoi qu’il en soit, j’allais au contact, quémandant de l’attention, quémandant son regard, son corps, son toucher. Ses plaisanteries ne tuèrent nullement l’instant, concentré mais plus ouvert, je pouffais de rire avec elle à ses remarques. Dégage le clebs, ce n’est pas pour les animaux comme toi ce que je veux en cet instant.

Semblant finalement comprendre ma demande, celle-ci semble alors réagir autrement qu’espérer. Dans mon esprit, cela aurait dû être un plongeon dans l’inconnu. A moins que mon corps et le sien ne basculent dans l’eau, ce qui revient au même. Mais … Entre l’espérance et la réalité, il y a souvent des différences. L’esprit se met sur pause à partir de « je suis désolée ». Il aurait pu signifier bien des choses, comme des excuses pour d’éventuelles griffures ou ce genre d’actes, mais je ne suis pas dupe. Même si je ne suis pas doué pour les relations humaines, il est clair que le ton employé signifie que la demandes aura droit à une réponse négative. Pourtant, là où un mauvais joueur se crisperait, j’écoutais, je restais là, proche d’elle, mon corps encore en contact avec elle. Sa peau encore chaude du bain, la mienne curieuse de découvrir plus que je n’ai déjà en vue.
La colère presque le bout de son nez quand le mot « pitié » est presque employé. Presque heureusement, sans quoi, je ne sais pas ce qui se serait passé. Là, elle y mettait les formes et en bon troublé que je suis, je restais calme, sous contrôle. Talent ou hasard ? Quoi qu’il en soit, elle évitait le pire sans le savoir.

La laissant glisser de mes bras, rompant la proximité pour en gagner une autre via les mains, je suivais son regard. Si elle me sort une vanne sur la taille encore plus ouvertement qu’actuellement, il est clair que je ne répondrais de rien. Mais non, elle reste « sérieuse » dans cet instant où elle prend le temps d’expliquer et justifier son refus et me montrer l’avantage que cela peut avoir. Elle décrit le positif et le négatif. Ce qui lui plait et plait pas. Détruit ? Est-ce ça ce que je suis ? Quelqu’un de détruit ? D’ordinaire, la conversation prendrait fin et elle glisserait déjà sur le sol, inanimée, mais, je suis comme suspendu à ses lèvres, j’écoute, j’apprends, je ressens. Une nouveauté de taille ! Qu’elle soit fière, elle est sans le savoir la première pierre d’une bâtisse qui aura une splendeur immaculée bien plus tard. Immaculée de sang mais doté d’une conscience. Un dieu vivant hein ? Drôle de comparaison et pourtant… J’imagine la chose. Je vois ce qu’elle veut dire, je pense.

La voyant approché, l’impulsion arrive d’elle-même, ma main se pose sur sa gorge et je manque de lui voler un baiser. Tel un enfant capricieux qui refuse de totalement « perdre ». Mais… Cette impulsion se stoppe d’elle-même, malgré les lèvres qui l’effleure, malgré ce souffle qui hurle de se mixer au sien. Non. La raison parle et se montre sous son vrai jour. Je me stoppe moi-même, plutôt qu’agir librement. Respect ? Conscience ? Un peu de tout ? Je ne saurais dire, mais si elle fini son geste pour attaquer le front, je ne dirais rien, plongé dans mes pensées alors qu’elle s’en retourne au feu. Les bruits de pas se font entendre et elle disparait dans la grotte.

Moi seul, je regarde un bref instant les lieux. Finalement, après un reboot improviser, je cligne des yeux et reviens à moi. J’assimile ce qui vient de se passer. Je ne la connais ni dEve ni d’Adam, pourtant, je me convaincs de ceci, peut-être n’est-elle pas une bonne personne si elle côtoie le même genre de milieu que moi, mais elle est bienveillante. Ou au minimum, elle l’a été en cet instant avec moi. Qu’elle ne se fasse pas d’illusion, même si elle se dit qu’elle me blesse, cette blessure-ci n’aura pas le même goût que les autres. Car si les autres ne me font rien, elle, elle me pousse à la réflexion.
Un bruit sourd retentit, mais là où un frustré répéterait le mouvement, le bruit d’un coup dans la roche retentit une seule fois. Sans doute nécessaire pour équilibrer les émotions qui s’entrechoquent en moi. Merde. Merde merde merde !!! Et pourtant, malgré l’énervement passager, il n’y a pas d’envie de meurtre, mes mains ne veulent en rien se refermer sur sa gorge, ou je ne veux en rien faire tâter de ma lame sur son corps. Si pour d’autres les insultes seraient tombées comme neige ici-bas, il n’en est rien, au contraire, avec du temps, je comprends que je devrais même me montrer reconnaissant. Car aussi suggestif cela soit-il, elle m’a montré un indice, voire la solution à mon souci. Le chemin risque d’être long, mais il n’est pas utopique, il n’est pas imaginaire. Je ne suis bel et bien pas au fond du trou, simplement dans le flou.

C’est donc après un quart d’heure à méditer sur tout ça que je renfile mon bas et reste torse nu par simple commodité. Me mettant proche de ma fourrure lavée et moins en piteux état, je regarde le feu un moment avant de finalement lui redonner de mon attention. Ce qui peut ressembler au fait de bouder au début est juste un besoin de se retrouver, un besoin de faire la connexion comme il faut et non trop rapidement et bêtement. Je la toise, la regarde, l’admire brièvement que ce soit elle ou son corps, puis finalement, je me frotte la nuque avant de me mettre passablement à l’aise à moitié penché en arrière avant de glisser quelques mots mais qui eux sont les plus sincères que j’ai prononcé depuis cette époque révolue avec « elle ». Cette femme que j’ai « aimée » théoriquement parlant, mais qui n’est maintenant plus que poussière à mes yeux. Quoi que je puisse en dire, j’ai été « heureux ». Et pendant un instant, avec cette Beryl, j’ai eu l’illusion de pouvoir frôler ce sentiment, aussi éphémère cela soit-il. Peut-être que le sexe n’était pas la solution, ni même une vraie relation, mais voilà. Le mal ainsi que le bien est fait. Et elle mérite sa récompense :

« Merci. »

Il n’est pas timide, mais bel et bien audible. Le feu crépite, virevolte avec la brise qui tente de le faire flancher, mais nous sommes assez loin dans la grotte pour éviter une mort du feu aussi conne et accidentelle que ça. Profitant de cette chaleur naturelle, le désir retombe malgré son corps facilement discernable. Au final, j’aurais eu un moment de faiblesse, mais j’aurais aussi eu une leçon que je ne dois pas oublier. Laissant planer un silence de mort, je respire lentement avant de fouiller mon reste de veste et sortir un paquet de clope. Bel et bien des clopes et non un engin de mort, pas de poison ou d’aphrodisiaque ou de truc pour faire dormir. Non, moi je n’ai pas besoin de ça, même si certains jouent dans cette court-là. Dont la miss d’ailleurs si on se réfère à ses paroles tout à l’heure. Sortant un bâton de nicotine, je l’allume en l’approchant des flammes avant de me permettre de fumer comme pour évacuer le stress et toutes émotions superflues.

Finalement, après un silence qui serait assimilable à de l’ignorance alors que ce n’est pas le cas vu les regards que je lui fais, au final je cherchais juste mes mots. Et au final, c’est une action qui rompt le silence.

« T’en veux ? »

Tendant le paquet de clopes, je l’agite comme pour attirer son attention et finalement, je me permets un semblant de commentaire se voulant « humoristique ».

« Ne t’en fais pas, il n’y a pas de drogue, de substances étranges qui te feraient changer d’avis ou ce genre de connerie. Juste du bon tabac qui n’est pas d’ici. »

Le sourire est difficile comme toujours, mais il se tente quand même. Je la laisse accepter ou non cette proposition plus saine et raisonnable avant de ranger mon paquet et m’étirer un peu. Retournant dans les limbes de mes pensées, après quelques minutes je reprends la parole, admirant le feu danser devant nous. Un spectacle plutôt plaisant si on a l’âme poétique à nos heures. Ou simplement le cerveau capable de fonctionner tout en étant sur « off ».

« Et maintenant ? Tu comptes faire quoi après tout ça ? … Chasser dans les montagnes quand le temps le voudra ? Ou voyager ? »

Enfin un semblant de « normalité ». Je ne réalise pas la simplicité du moment et pourtant, nous sommes bien deux étrangers à moitié à poil – et qui se sont vu à poil – et qui discutent comme si de rien était. Alors que j’aurais toutes les raisons de lui en vouloir à mort. Est-ce que je lui en veux ? Oui. Recevoir un non à des avances n’est jamais plaisant. Mais comparé à d’autres catins en tout genre, elle, elle a une raison et des arguments logiques ainsi qu’autre chose en plus. Sans doute est-ce mon humanité qui avait prit le dessus et m’empêcher de lui faire quoi que ce soit. Mes mains veulent se poser sur elle, presser ici et là, la griffer… Mais non pour faire couler le sang. Plutôt la sueur… Mais les fantasmes parfois sont voués à le rester. Pour le bien de soi et d’autrui. En tout cas, on pourra dire que cette parenthèse aura son importance en temps et en heure !

« Si tu n’as pas d’idées particulières… N’y vois pas là une tentative de retenter ma chance, mais … donne moi un moyen de te contacter, ou inversement ! Sauf si tu juges que nos ‘mondes’ sont incompatible, mais j’aurais du mal à le croire. Voyons là simplement une envie de s’en sortir entre … entre quoi au juste ? … Voyageurs perdus ? »

Pouffant de rire, je trouve ridicule de même pas savoir se qualifier. Sommes-nous deux crapules ? Si moi s’est assumé, en théorie, elle, je ne sais pas précisément ce qu’elle est et ce qu’elle fait de sa vie ! Charmeuse de serpents ? Plus piquant ? Plus mortel ? N’aurais-je pas fait les choses à l’envers ? Pfff… Trop tard pour s’en soucier en soi. Je ne regrette absolument rien, au contraire et mon « merci » le prouve d’ailleurs.
Qu’on ne s’y méprenne pas, malgré le regard pensif, il y a toujours cette absence, cette présence mi présente, mi absente. Cette froideur qui ne demande qu’à changer, mais qui reste une froideur en attendant. Sans nul doute, on me demanderait de tuer quelqu’un, je le ferais malgré cet épisode. Pourtant, il y a bel et bien quelque chose en moi qui demande à germer et fleurir. Mais quoi ? Nul ne le sait.

« … Il te reste de l’alcool ? »

Je la regarde en coin tout en finissant ma clope et regardant brièvement le loup. Il peut servir de coussin ? Telle est la question, mais quelque chose me dit que ce genre de traitement de faveur, c’est la miss qui y aura droit.

Si j’avais un instant de pause, je pourrais clairement sortir mon appareil de communication et appeler, mais d’ici-là, j’attendais les réponses et agirais en conséquence.

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Call me maybe, ou l'inverse ? Tour 7


Frottant la tête de son animal de compagnie, la blonde est perdue dans ses pensées sur ses fantasmes d’un homme à “sa hauteur”. L’idée l’avait fait sourire, pouvait-elle vraiment se considérer comme divine ? Et pourquoi pas ? Une sorte de demi-divinité des sentiments, de la trahison, des complots, des meurtres, de la cupidité… Le tableau n’était pas joli, mais ignorer certains facteurs l’auraient sans doute rendue plus sublime et pure qu’elle ne l’était en réalité. Elle était douée dans ce qu'elle faisait, c’était indéniable si l’on se référait à l’amour qu’elle avait fait naître dans cette grotte, sans geste trop lascif, sans lui promettre la lune, en exigeant même des contreparties, en le sauvant de lui-même. Ca.. Quand elle voulait, elle pouvait se comporter comme une sainte, mais le reste finissait par lui manquer, comme une mauvaise habitude inassouvie depuis longtemps. Elle désirait de nouveau tromper, tuer, piller, s’approprier, telle la cupide cornue qu’elle était…

Cupide, ca oui, elle l’était, et si elle se référait au pouvoir qu’elle avait gagné en posant son influence sur quelqu’un possédant ses propres affaires, ayant des talents pour tuer, voler, supprimer, alors elle avait gagné encore un peu plus de puissance. Il n’en avait peut-être pas eu l’impression, et elle non plus elle pouvait se l’avouer, ne l’avait pas vu venir. Mais les faits étaient bien tangibles, il avait souligné son amour pour elle, elle avait demandé la lune en retour, et il était revenu, respectueux de ne pas salir sa déesse tant qu’il ne serait pas à la hauteur, la remerciant même de ces conseils divins, de la foi qu’elle plaçait en lui, simple pion de sa volonté.

Il n’en serait probablement pas éternellement ainsi, quelqu’un finirait bien par lui apporter la lune, et, bien qu’habituellement elle se débarrassait de ceux qui le faisait pour satisfaire sa cupidité, elle doutait de vouloir faire la même chose de lui… Peut-être qu’elle lui laisserait sa chance, après tout cela ne lui coûtait pas grand chose, de la patience. Elle verrait bien si il soulèverait son cœur comme elle l’avait fait avec le sien. En attendant elle resterait seule, oui, seule, avec son abruti de loup.

Béryl sortait de sa rêverie lorsque le roux lui demanda si elle voulait une cigarette, l’avertissant que ce n’était ni empoisonné ni drogué.
-Non merci, le tabac tue les sens et donne mauvaise haleine, j’apprécie l’attention.

Bien trop précieuse pour s'abîmer la voix ou son souffle avec cela. Les drogues donnait des mauvaises habitudes, comme pour le tabac, comme pour le jeu, et la blonde avait déjà suffisamment de chats à fouetter avec le sexe, la tromperie et le meurtre pour ne pas rajouter consommer X truc par jours sous peine d’être irritable. Ren réussit maintenant l’exploit de changer de sujet comme jamais, parlant du futur proche.
-En vérité, j’ai décidé de chasser pour entraîner le loup à la traque, visiblement il se débrouille, donc je ne pense pas faire de vieux os ici… Il fait froid, y’a pas grand chose et on rencontre des personnes pas très recommandables dans les grottes il parait, plaisanta la femme. Je… Ne sais pas où je vais aller ensuite, mais il va falloir que je laisse le loup de côté pendant un moment, il s’est ouvert les pattes avec le gel et le retour ne va pas lui faire du bien, il faudra qu’il récupère. Probablement dans des eaux plus chaudes, là ou le travail est moins pénible…

Elle n’en avait véritablement aucune idée, le monde tournait et elle tournait également, trouvant des travaux courts, avec des contrats encore plus absurdement restreints, où bien passait de longs moment à séduire des riches ou influents pour soutirer informations ou richesses. Quoi qu’il en était, elle n’était pas dupe, la question était plus de savoir si elle l'accompagnerait ou pas, et là également elle n’en avait aucune idée. Déjà elle devait se débarrasser de la viande chez les villageois. Ren relançait donc l’hameçon de manière moins subtile, demandant un moyen de la joindre ou proposant une manière de le joindre lui, et pas pour une relation, mais pour les affaires entre un mot qui ne voulait pas sortir de sa bouche.
-Professionnels ? esquissa la cornue, consciente que c’était une manière plus polie d’annoncer plus clairement qu’ils faisaient le même travail et que cela ne la gênait pas qu’il la voit comme pas si immaculée que cela. Je n’ai pas de d'escargophone, dit-elle en posant ses yeux sur le pantalon de l'homme, mais je penserait à en acheter un, si tu veux bien me donner un numéro pour qu’il serve à quelque chose, je ne suis pas contre. Si jamais tu as besoin d’aide pour un contrat, ce genre de choses, ou l’inverse.

Elle se doutait qu’il n’y manquerait pas, tout en se demandant si il oserait lui présenter un jour un contrat avec du risque. Ren lui demanda si il restait de l’alcool, elle brandit sa bouteille de parfum.
-Je n’ai plus rien d’alcoolisé à part mon parfum, mais je doute que tu aies envie de te brûler les muqueuses avec un truc aussi fort que cela, en plus cela a un goût infect.

Comment pouvait-elle le savoir, je vous laisse deviner quelle situation peut justifier de pulvériser du parfum dans sa propre bouche… La blonde se leva, signala qu’elle allait voir dehors si la tempête s’était calmée. Quand elle revint, elle déclara que la neige avait cessé de tomber et qu’il faisait nuit, mais que la lune était suffisamment brillante pour y voir correctement et que porter une torche ne lui faisait pas peur, si Ren voulait bien porter le sac de viande jusqu’au village.


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Mar 20 Juil - 14:02
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Si on devait résumé ce qui vient de se passer… La tendance à faire de la psychologie de Beryl avait ravivé une plaie pas encore fermée. Le saignement de la plaie avait tel que celle-ci avait vu mon vrai visage. Aussi bref soit cet instant, en ce jour, Beryl Zast était en connaissance d’un secret comme quoi derrière le masque de l’homme impitoyable, l’homme qui tue, qui domine… se cache une personne avec un semblant de sensibilité, effrité. Tout n’est que façade, mais il y en a bel et bien une. Normalement, cette information aurait dû être son arrêt de mort, mais au final, plutôt que s’en jouer, elle avait choisi une option plus subtile. Manipulation ?  Simple sadisme ? Les options sont nombreuses, et seul mon avis me donnerait une réelle opinion sur elle. Mais de ce que j’ai vu et ressentis, elle joue de ses charmes. Manipulation donc ? En partit, mais elle avait aussi pris le temps de panser la plaie à sa façon. Subterfuge bien entendu, mensonge, trahison, mais qui avait son intérêt tant pour moi que pour elle. Mes émotions chaotiques ont terminé de se calmer et bientôt, bien que pensif, je retrouvais ce calme à la limite de la mort intérieure pour coller à mon image d’homme solitaire.

La colère sous contrôle, je ne voyais pas en elle une ennemie, mais au contraire, une opportunité de … de quoi au juste ? Je ne saurais que trop dire, mais en tout cas, elle semble tremper dans des affaires pas net à savoir si bien décortiquer une personne comme moi. Alors autant laisser une marque et possiblement « s’allier ». Les bons comptes font les bons amis. Et qui sait si cette « chasseuse » ne ferait pas parler d’elle sous peu ? Qui sait si la cornue avec un fusil et un clébard abruti ne tuera pas un gros grizzly ou une bête féroce ? La célébrité elle va et vient comme ça. Un jour, un endroit, un moment et on passe de l’inconnu à la lumière d’un coup ! Tout est question de chance ou d’opportunité.
Proposant une clope à cette dernière, celle-ci refuse mon offre avançant des arguments qui me font presque rire. Un rictus s’affiche sur mes lèvres tandis qu’en admirant le feu, je réponds à ses accusations outrageusement… vraies ?

« Pour ce qui est de mes sens… Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu tout ces derniers, surtout le toucher… Quant à l’haleine… L’eau ou l’alcool fait l’affaire pour cacher des choses. »

A elle d’imaginer, de laisser son esprit fonctionner si elle est de ce genre. Si non, moi en revanche, j’étais ainsi à visualiser les choses avant qu’elles se produisent. Simulation ? C’est le secret de bien des gens qui anticipent et de ce fait, il n’était pas déconnant de la revoir dans ce bassin en ma présence. La mauvaise haleine ? Un simple basculement vers l’eau et l’embrassade peut clairement être agréable non ? Ou alors jouer avec l’alcool raisonnablement peut combler ce souci temporaire. Hmmm… Pour ma part je préfère l’option piscine improvisée, mais passons. Là n’est pas le sujet principal de ce moment après tout.

Revenant à nos moutons, la cornue reprends la parole quand elle parle du futur. Visiblement indécise, c’est clairement une opportunité que de se lier autrement que de façon charnelle. Moi opportuniste ? Et elle alors ? Je plaide coupable ! Quoi qu’il en soit, je vois qu’elle semble savoir ce qu’elle veut tout en étant dans le flou.

« … Laisser parfois un compagnon derrière pour le retrouver plus tard n’est pas une mauvaise option. Il faut juste avoir le courage de mettre de côté certains liens. Simplement mettre de côté… pas rompre. »

Des amis, des connaissances, quand on s’accroche ça devient toujours difficile de toute façon. Mais passons. L’idée de lui proposer de la déposer me vint à l’esprit, mais … je me retins pour le moment. Avec ce qui vient de se passer, une distance de sécurité s’impose. Ou alors, qui sait quelles conneries pourraient arriver. Ou du moins, serait-ce vraiment de la connerie ? Non… Simplement illogique. Bien qu’on dise qu’une femme change d’avis comme de chemises, je doute qu’après un discours comme elle m’a fait, elle choisisse de changer d’avis et se réchauffer autrement qu’en restant près du feu. Je ne m’en plaindrais pas cela dit, mais … cela briserait le charme de ce qui s’était passé, ainsi que la force d’impact que ça a sur moi actuellement. Non, les choses doivent rester comme elles sont et ne pas forcer le destin.

Discutant encore et toujours, celle-ci semble étonné du partenariat qui lui tombe sous le nez. Mais surprise, elle n’a pas d’appareil de communication. Hey… Pourquoi elle regarde encore vers là ? Perverse ! Fronçant les sourcils, je redeviens calme avant de soupirer et tirer un bout de papier où je note souvent des choses, dont mon numéro. Au fond, vu son air presque « primitif » si on la considère comme mi humaine mi vache, ce n’est pas étonnant qu’elle ait pas d’appareil de comm’ . La laissant le garder ou le jeter au feu pour me faire chier, je retourne à la contemplation du feu.

La question sur l’alcool a une réponse pour le moins amusante. En effet, me brûler les muqueuses n’est pas dans mes plans. Quitte à me brûler, elle sait très bien comment ça serait envisageable, mais là encore, ça ne collerait plus à l’instant présent. Je laisse un rictus se former sur mes lèvres, puis après un moment, je prends mon escargophone matériel et contacte donc Ayabusa qui a tenté de m’appeler tout à l’heure visiblement.

« Ayabusa… C’moi. »
« Ah ! Enfin… Tu es où ? »
« Ne t’en fais pas, je suis à l’abri. Quand ça se calme, j’arriverai et on se barre de là. »
« Comment était le rendez-vous avec … l’araignée ? »
« Comme d’habitude, très posé. La tête sur les épaules, c’est certain qu’elle fera l’affaire pour nos comptes. C’est juste le temps actuel qui me retarde. Mais je suis à l’abri dans une grotte. Avec une … autre personne. »
« On se déplace ? »
« Inutile… j’arriverai de moi-même. Restez tranquille et attendez-moi. Nous partons demain à la première heure. »

Raccrochant sur le coup, je vins à soupirer. Au moins, Ayabusa imaginera rien et tout ira bien. Même si les règles sont claires et qu’en cas de mort ou disparition tout doit suivre son court, je suis bel et bien vivant, alors autant éviter qu’il ne s’imagine des choses. Revenant à Beryl, je lui jetai un regard brièvement pour alors proposer généreusement mais naturellement à celle-ci.

« Si tu veux être déposée sur une île quelconque… Tu en as l’opportunité. Ce sera moins agréable que le bain niveau confort, mais… c’est un mal pour un bien. A toi de voir. »

Elle pourrait mieux cerner à qui elle a à faire. Ou du moins voir dans quel environnement j’évolue actuellement. Peut-être ferait-elle le même jeu avec d’autres de mes compagnons ? Cependant, si moi je m’y laisse aller dans une source chaude, pas sûr qu’Ayabusa soit de cet avis peu importe la situation. Quant aux autres… Hmmm… Méfiants comme ils sont, je ne sais absolument pas ce que pourrait donner une rencontre avec eux. Tout dépendrait clairement de l’attitude de la cornue. En revanche, le point positif, c’est que sa différence serait clairement la bienvenue. Nous cultivons cela après tout. Bref, m’étirant une énième fois, je vins à m’apprêter à dormir et je le lui signalais, toujours avec une touche d’humour personnel.

Le temps s'écoulant quelque peu, quand celle-ci alla voir le temps, la nouvelle fut plutôt bonne. La tempête c'est arrêté ? ... Méfiance, ici, cela peut péter à tout moment et je vis ça comme un mauvais présage, autant l'informer. A moins que ce soit une manière de rester encore un peu avec au chaud qui plus est ?

« Le temps est très versatile ici... Tu veux vraiment t'y risquer ? Jte propose de dormir et voir ça demain. Ou du moins essayer… Si tu essaie de m’étrangler, fais-moi une faveur. Avec le paréo… Parfumé pour l’occasion. »

Blague de merde hein ? Clin d’œil à tout à l’heure, c’est sur ces mots que je me reprendrais pour alors être plus sérieux.

" C'est toi qui voit... Si tu y va... Ok pour t'aider. "

Mais ... Elle sera théoriquement redevable. Mais ça, c'est comme les petites lignes dans un contrat, on ne les regardent pas car elles ne sont pas mentionnées. Quoi qu'il en soit, il semblerait que nous puissions encore passer un peu de temps a deux, voir trois. J'attendais son verdict pour agir.

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Noel avant l'heure, Tour 8


Le roux avait l'air d'accepter les demandes sans trop sourciller, malgré une pointe de regret de ne pas avoir plus, cela était perceptible par la cornue. Il aurait ce qu’il méritait, sans plus, c’était déjà plutôt pas mal en soit, la promesse qu’elle le contacterais, son paréo parfumé comme souvenir en attendant, mais visiblement, il se tenait déjà prêt à l’emmener au bout du monde, ce qui révéla de nouvelles informations sur l’assassin. Il n’était pas aussi seul qu’elle. Sans doute qu’il savait mieux s’en sortir avec les relations sans trop de sentiments, strictement professionnels, c’était plutôt une bonne chose, malgré ses paroles un peu mystérieuses.

Avait-il quelqu’un qui le taquinait facilement si il disait qu’il traînait avec une fille, ou une femme qu’il avait prise avec lui sans trop rien ressentir pour elle, mais qui était jalouse ? Le mystère planait un peu, mais la franchise dont il faisait preuve ne laissait pas trop de doute.

Pour ce qui était de se faire emmener au bout du monde, Béryl n’était pour l’instant pas trop pressée de s’intégrer à la troupe de l’assassin, raison pour laquelle elle avait consenti à demander un numéro de téléphone, de manière à imposer son propre agenda, et non pas l’inverse. Cela n’aurait pas été utile de donner l’espoir à Ren que son côté mâle dominant ait une quelconque influence, il devait d’abord apprendre à écouter avant de savoir comment guider les autres.
-Je pense que je ne vais pas abuser de ton hospitalité pour voyager avec toi et ta bande, en plus tu as déjà bien assez à réfléchir, je ne voudrais pas te perturber dans ta concentration.

C’était un motif légitime, bien qu’un peu faux, être déposée quelque part aurait pu être agréable. Mais elle trouverait bien un pigeon, un compromis ou une ruse pour voyager sans payer, elle ne se faisait pas de soucis. Elle était ensuite sortie et rentrée, donnant son avis et recevant celui de Ren.
-Le paréo t’appartiens, si tu te faisais des doutes, répondit d’abord Béryl pour mettre cela de côté. Je pense qu’il vaut mieux se bouger maintenant, avant qu’une autre tempête n’arrive. Si c’est pour se retrouver demain bloqués dans la grotte par la neige et la glace, ou par une autre tempête, non merci.

La femme attrapa un bout de bois, puis un autre et les maintins dans sa main, elle en aurait pour quoi, cinq minutes à tout casser ? Une torche ne brûle pas aussi longtemps qu’une bougie, mais la lune ferait bien son office.
-Je suis persuadé que tu ne serais pas contre échanger ton lit de pierre contre un duvet et ton ours trop fort contre un potage chaud, tenta-t-elle de motiver l’ours roux qui avait remplacé le brun.

Elle tapa sur sa cuisse, appelant son loup, toujours motivé, lui, et se dirigea vers la sortie. Elle posa un pied dans la neige, pas encore trop haute, mais un peu pénible, puis avança, encore, éclairant les alentours. Les deux marchèrent un moment avant de tomber sur la carcasse de l’ours, démolie en plusieurs morceaux, les boyaux dévorés pour la plupart. Le truc qui l’avait transporté devait faire une taille impressionnante. Elle passa à côté et ils poursuivirent le chemin encore plusieurs minutes avant de voir les lueurs du village dans lequel la femme avait commencé son aventure.
-C’est là, pointa inutilement la femme, consciente que l’assassin avait des yeux.

La cornue frappa à la porte, évidement elle eut à frapper encore pour que quelqu’un daigne ouvrir la porte, l’air fatigué. Une femme mature, fatiguée, pas spécialement en forme, et derrière elle un petit garçon. Béryl fit un petit salut de la main à l’enfant qui parut content de la voir.
-On vous amène de l’ours, j’espère qu’on ne vous dérange pas trop.
-Allez-y, rentrez, ça ne vaut pas la peine de laisser le froid s’insinuer à l’intérieur. Vous avez amené un ami je vois.
-Je l’ai croisé sur le chemin, il l’avait déjà abattu mais un truc plus gros nous a foncé dessus, alors on a fui, quand on est revenu il avait laissé l’ours, alors on s’est servi et on a fait ce qu’on a pu pour rentrer au plus vite. Encore désolée d'arriver aussi tard.
-C’est pas grave, c’est pas grave, c’est infiniment plus important que tu ai réussi à nous dégoter autant de viande d’un coup, même si l’ours.. Enfin avec du miel ce ne sera pas très fort. Tu n'as pas oublié de les saler j’espère ?
-Nan, comme tu me l'as demandé, une tranche, une poignée, une tranche une poignée.
-Parfait, et bien, si c’est tout, je pense aller repartir dormir.
-A vrai dire, j’aurais apprécié rester la pour la nuit, et mon ami aussi si cela ne vous fait rien.

La femme regarda le couple, l’un après l’autre, évalua ses options, puis se décida.
-Le grand peut dormir sur la couchette, toi avec mon fils, son lit n’est pas très grand mais je suppose que tu t’en accommodera, il n’est pas très vivace quand il dort, signala la femme en tapotant la tête de son enfant. Ou bien tu préfères dormir avec maman ? demanda-t-elle à son garçon qui fit non de la tête, des étoiles plein les yeux. J’imaginais bien, comme son père… souffla-t-elle en se résignant. Si vous avez faim, vous pouvez mettre la marmite sur le feu, il reste le potage de midi.
-Merci pour tout, remercia la cornue.

La mère partit se coucher, laissant l’enfant et les deux assassins ensemble. Béryl fit un clin d'œil à Ren, concernant la petite histoire qu’elle avait mitonné pour réduire les soupçons, puis regarda l’enfant qui prenait sa main pour la tirer vers sa chambre.
-Je ne sais pas si on se reverra demain, il me semble que tu as des affaires à mener, mais je sais toujours comment te contacter, alors on se reverra sans doute dans un futur pas trop lointain. Du moins j’espère… laissa planer la femme avant de partir avec l’enfant.



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Mar 20 Juil - 20:07
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Moment tranquille au coin du feu, si j’étais normal, je pourrais clairement apprécier la douceur de ce dernier. Appréciais-je cet instant ? Disons plutôt que je ne me posais même pas la question. Je continuais de réfléchir tout en discutant avec la fameuse cornue. Lui proposant de la déposer, celle-ci ne mit pas long à me répondre. Avançant des arguments plutôt logiques, je pouffai malgré tout de rire sur le coup. Me déconcentrer hein ? Au fond, elle sait que c’pas faux, mais … par simple esprit de contradiction, je n’ai qu’une envie : la contredire. Mais je me retiens, mon rictus suffit à dire un discours à lui seul. Soit ! Au moins, on ne pourra pas dire que je n’ai pas été « sympathique ».
Reprenant la parole, elle fit une parenthèse sur le paréo, mais je ne relevai pas immédiatement. Ce genre de trophée n’avait pas une réelle valeur si tant est que nous n’avons pas réellement fait tomber cet habit pour concrétiser quelque chose… Maiiis… Il est la preuve d’un souvenir que je me dois de pas totalement mettre de côté. Alors, on va dire que pour cette raison, je vais accepter l’offre. Je me concentre plus sur le fait qu’elle semble vouloir tenter sa chance, alors ce sera ça. Nous bougerons immédiatement. La demoiselle enfonce le clou avec des arguments de nouveau en rapport avec du luxe de bas étage, mais mine de rien, si le lit ne me fait ni chaud ni froid, la soupe en revanche… Ma froideur diminue à l’évocation de ceci, comme si j’avais un réel souvenir concernant de la soupe chaude. Mystère et boule de gomme !

Revenant sur mes pas sans le savoir, je suivais donc la cornue après m’être rhabillé chaudement. En silence, je regardais les alentours et ne pipais pas un mot. S’était reposant ce genre de marche, même s’il fait froid putain… Pour peu, j’aurais bien envie de retourner aux sources, même si s’était seul ! Mais une parole est une parole, je me dois de la suivre. De toute manière, il est clair que bientôt, nos chemins se sépareront. Est-ce une chose qui me tracasse ? Pas vraiment. Au fond, ce n’est pas une question de sentiments, mais bien de ressentis. Je me sentais toujours si vide, mais je ne lui en voulais pas pour ça. Ses arguments étaient justes. Et si je ne me suis pas énervé jusqu’à maintenant, ce n’est pas pour changer d’avis au final n’est-ce pas ? Prenant sur moi, aidant à porter le paquet, nous arrivions au fameux village et je la laissais me guider.

Voilà qu’une personne outre la porte malgré l’heure tardive et Béryl blablate. Moi, j’observe les alentours, la baraque et la personne avec qui la cornue parle. Elle n’a pas peur ? Voilà qui est inattendu, preuve que malgré que le monde ne tourne plus rond, il y a de … l’espoir ? Ne pipant pas un mot, je rentre et observe les lieux par habitude. Je note les points de sorties, les zones où se cacher… Déformation professionnelle…
C’est alors que la propriétaire des lieux propose un plan pour que tout le monde puisse dormir où il faut. Beryl et le petit enfant ? L’enfant eu le choix et si ce dernier ne semblait pas avoir d’idées saugrenues derrière la tête vu son jeune âge… Pourquoi je ressens comme une certaine jalousie ? Mettant bien vite de côté cette piètre pensée, je regarde alors la dame partir, puis l’enfant tirer sa « peluche » géante. Le clin d’œil de la cornue me fait presque sourire. Elle a de la suite dans les idées, c’est certain. Seul donc, je repense aux dires de la personne proprio des lieux et je me dirige vers la marmite. Un peu de soupe, ce sera toujours mieux que cet ours mal assaisonné par mes soins. Un peu de miel pour adoucir la saveur ainsi qu’une salaison pour la conservation ? Je prends note, même si moi et la gastronomie ça fait dix.

Goûtant cette soupe, je ne peux que dire qu’elle est bonne et je me surprends à en reprendre une fois. Ouai… Cela réchauffe le corps. Et le cœur. Pensif, je me permets de m’endormir quelques heures avant de me réveiller très très tôt dans la nuit. Sans doute est-il quatre heures, ou cinq peut-être ? Quoi qu’il en soit, je me dois de m’en aller me dis-je. Pas que je ne me sens pas à ma place, mais … ce n’est pas ma place ici. Ce sentiment de chaleur, d’hospitalité, c’est un peu trop d’un coup. Malaise dû à mon abandon ? Sans doute. J’ai ma définition de la famille, et là, ce qui semble en être une vraie me laisse perplexe, me dérange, me fait sentir comme à part. Sans un bruit, je visite les lieux non pas pour voler cette personne, mais pour trouver la chambre du gosse.

Au diable les idées sombres, malgré que je sorte un canif – celui m’ayant permis de trancher l’ours – je trouve donc la pièce et me fais discret. Difficile de réellement voir la miss et l’enfant, mais on devine leurs silhouettes respectives, notamment les cornes qui dépassent du lit. Respiration légère presque imperceptible, pas qui ne font pas un bruit… J’avance jusqu’à être à portée. Si je le voulais, il ne me faudrait qu’un geste pour la finir. Brutalement ou doucement… Le cœur est facile à percer et la gorge facile à ouvrir… Mais ce n’est pas de ça dont j’ai envie. Comme une façon de rendre les coups, je glisse à ses côtés l’objet tranchant. Une manière de lui dire que moi aussi je pourrais en finir avec elle si je le voulais, mais aussi et surtout un « souvenir ». Une manière de former un « lien ». Une preuve que nos chemins se sont croisés, au cas où elle ou moi oublierait l’autre. Qui sait de quoi est fait demain ?

Sur cet acte à la signification floue, je disparais tant de la maison que du paysage. Au final, chassez le naturel et il revient au galop. Je me suis permis de prendre une écharpe au profit de laisser une peau d’ours mal dépecée. Après des heures de marche je retrouve donc la côte et le navire où Ayabusa attends. Comme prévu, nous quittons les lieux sans que je ne dise un mot, mon second n’insistant pas sur ce qui s’est passé entre le moment où j’ai quitté la réunion et cette tempête. Cela ne le regarde pas et au fond, ça ne regarde que moi.

Tout de même quelle histoire… Béryl hein ? Je notais ce nom dans un coin de mon esprit, incapable de mettre un vrai qualificatif sur elle. La seule chose dont je suis sûre, c’est qu’elle m’avait fait réfléchir, sur moi, sur ma condition. Un humain c’est dépassé. Pour trouver d’autres solutions, il me fallait devenir … divin. Mais au fait… Comment on fait ça ?

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