Plus le temps passe, plus je comprenais pourquoi Midoritaka était blasée autrefois. Le temps dans les bureaux, c’est clairement une peine… Bien entendu, je m’octroyais des sorties et faisais en sorte de ne pas être piégé sur place. Là, j’aurais fait une dépression sinon… Entendant mon escargophone personnel sonner, je vins à sortir de la pièce pour m’isoler et alors décrocher. La voix de l’homme était reconnaissable, par contre… L’attitude était bien différente d’ordinaire. Lui qui était normalement sérieux, franc, sans doute rabat-joie et appliqué au travail, là, j’avais l’impression d’avoir un gosse au téléphone, bien trop joyeux pour être normal.

« … Archer… Seriez-vous … Alcoolisé ? »

Loin d’imaginer tout ce que l’homme peut boire ou fumer, l’entendre si joyeux était plutôt étrange. Il ne doute pas qu’il puisse savoir relâcher la pression, être joyeux, bon enfant, mais ce ton utilisé et l’appellation « petit taito » était clairement inhabituel. Trop enfantin et chaleureux pour lui ressembler. Une preuve que finalement, même si on coopère ensemble, on a encore du chemin avant de véritablement « se connaître ». Haussant les épaules, je me décidais à répondre. Peut-être avait-il appris qu’il aurait droit à 5 minutes de repos, d’où une certaine euphorie… Sur ce point, je ne peux que le comprendre.

« Les temps sont durs pour tout le monde et … mon travail ne désemplit pas. D’où un certain silence. Sans doute le fait que suite à mon transfert je me suis plongé dans les affaires pour grimper au post de Directeur, plutôt qu’être numéros deux… »

Une façon banale de voir la chose. Bien entendu je ne crachais pas sur mon second, mais dans ce genre de situation, je préférais de loin être celui dessus, plutôt que dessous. A ne pas retirer de son contexte. C’est là qu’un détail me frappa et je vins à clairement demander l’air dubitatif à l’Amiral.

« Vous mangez … En même temps que vous m’appelez ? Vraiment ? »

Pas que je l’entendais mâcher, mais … Si ?!! Pour le coup, je ne suis pas le premier à cheval sur les politesses, mais pour le coup, j’étais clairement étonné de son attitude. Le post d’Amiral lui aurait-il monté au cerveau ? Quoi qu’il en soit, me frottant l’arrête du nez, je vins à reprendre la parole, essayant de cacher mon air blasé de cette situation.

« Quel bon vent t’amène Archer. S’il y a bien une chose que j’ai appris avec toi, c’est que tu ne viens jamais au hasard et sans raisons. Je doute que ce soit pour m’inviter prendre un verre, hm ? »

Voilà la preuve que je ne connaissais pas assez bien l’Archer. Il m’annonçait clairement tenir l’alcool et aussi apprécier la drogue. Soit, je ne lui en tiendrais pas rigueur et de toute façon… Ce n’est pas comme si j’avais mon mot à dire. Tant qu’il fait ses devoirs d’amiral, où est le mal dira-t-on ? Haussant les épaules, je le laissais m’annoncer que visiblement il était en convalescence sur Drum. Oh ? Avait-il eu un souci ? Quoi qu’il en soit, il était résistant, alors je me doute qu’il s’en remette rapidement. Pas le temps de discuter alcool, drogue et bouffe, s’il m’appelle c’est sans doute qu’il a un truc à me demander, alors autant aller droit au but.

Il le fit et si le remerciais pour les félicitations au sujet de mon nouveau poste. Après cela, il vint enfin aux faits et je vins à réfléchir. Pensant quelque peu, je vins à me gratter le menton. Effectivement, il ferait un allié sûr, mais je ne pouvais pas laisser transparaitre une quelconque part de favoritisme. Je répondis donc à l’Amiral le plus gentiment possible.

« Je peux effectivement le faire entrer dans mon organisation. Cependant, il passera un entretient comme tout bon nouveau membre qui se présente. Recommandé ou non par un Amiral, tu comprends que … Je ne peux pas lui faire avoir un quelconque favoritisme. Mais je ne doute pas que son efficacité fera de lui un excellent membre. Je mise surtout sur la bonne entente de mes hommes. »

Bref, il comprendrait surtout pourquoi je mise sur ça. Il fallait se mettre tout le monde dans la poche et endormir les agneaux… Sur ces mots, je le laissais parler de la suite et je vins à cligner des yeux un bref instant. Sortant en urgence mon papier griffonné, je vins à me frapper le front. Putain !!! Rêverie !!! Mais c’est ça. Aussitôt, je vins à regarder deux trois mots et après quelques réflexions, je vins à clairement reprendre la parole, bouleversée.

« Archer… Venez en personne me voir, ou envoyez un de vos hommes de confiance IMMEDIATEMENT ! On doit parler de choses sérieuses. Très sérieuses !!! »

Sur ces mots, je vins à regarder le papier.

"L2 R7 A4 L4 B7."
"F8, D4, A8, D9 S4 L3 P10 L3 P4..."

Et si…

« Nous allons devoir discuter au sujet de cette rêverie Archer… Le plus vite sera le mieux !!! »

La discussion avec l’Amiral allait bon train. Ce dernier était plus que compréhensif et ne tentait clairement pas de pistonner son homme. Du moins, pas plus que via notre « bonne entente ». Chose que j’appréciais énormément. Il vendait son homme mais de manière réglementaire, sans forcément mettre en avant notre alliance secrète, ou son poste de haut-gradé. Il jouait carte sur table sans exagérer. Un bon point pour l’ivrogne drogué…

« Absolument pas, je ferais en sorte qu’il puisse être disponible. »

La suite devint plus sérieuse. L’homme accepta l’offre de se voir, aussi, j’acceptais la chose, d’un hochement de tête, loin d’imaginer le souci qui arriverait sous peu. L’homme lâcha une nouvelle information qui ne manqua pas de me faire arquer un sourcil. Kaiten-Su ? Le bastion de la révolution ? Voilà un exploit qui ne manquerait pas de faire du bruit. Cependant, quand il dit certains détails – comme la présence d’un empereur – je vins à ouvrir en un peu plus grand mes yeux. Hadès ? Le pugiliste ? L’homme des cieux avait survécut à l’enfer ? Pour le coup, qu’il soit en convalescence relève clairement du miracle ! Mais autant me taire sur la chose et rester sur la partie extraordinaire de son récit.

« On voit que tu ne fais pas dans la dentelle … Félicitation pour ce coup porté à la révolution. »

Cependant, il faudrait garder en tête une chose : notre ennemi actuel est le Constantinisme. Il ne fallait donc pas négliger les possibles alliés qui pourraient nous aider. Et si de mon côté il serait hors de question de m’allier avec des pirates de renoms, la révolution en revanche… Qui sait ? Un certain nom me traversa l’esprit et pour cause : son don. Erwin Dog…
Mettant de côté cette pensée, l’homme revint à la charge en parlant de la fameuse Rêverie. Et sur ce point, quand il cita Drum, un grand sourire illumina mon visage. Malheureusement, je ne pouvais pas tout lui dire… Je vins alors à m’apprêter à parler quand ce dernier me coupa l’herbe sous le pied. Et quelle coupure !!! Quand il dit que l’amirale-en-chef l’avait contacté, je manquais de perdre mon souffle.

« Je vois… Et bien, sois assuré que cela sera le cas. De base s’était prévu, mais … cela ne sera que renforcé à l’avenir. En revanche, je te laisse volontiers la politique. Ce genre de chose, ce n’est clairement pas mon délire. Mais tu comprendras mieux quand on se verr… »

Voilà qu’une sonnerie retentit. Mon den-den mushi personnel. Hm ? Clignant des yeux, je m’excusais auprès de l’Archer et le mis en patience. Quand la voix retentit, je manquais de sursauter sur le coup. C… Camille ?!!! Si mes rougeurs n’étaient pas retransmises via l’escargophone, je vins à laisser une expression étonnée se faire voir, puis un sourire se dessiner. Je rêve ou... Elle balbutie comme moi là ? Pour le coup, je croirais presque ne pas la reconnaître, mais ce timbre de voix, c’est sûr que c’est elle. Je pourrais la reconnaître entre mille !
Écoutant alors la suite de ses paroles, si je buvais du café il aurait été recraché aussitôt. Au lieu de ça, j’avalais de travers ma salive, trahissant mon étonnement. Ce n’est qu’un « café », certes, mais cela reste un rendez-vous, un peu de temps entre « collègues ». Aussi, je vins à clairement me mordre le doigt devant ce coup du destin. Punaise punaise punaise… Il me fallait vite trouver une solution car c’est un choix Cornélien ! J’ai juré de ne pas laisser ma vie sentimentale dicter ma conduite et pourtant, là, on parle d’une occasion. D’un côté la guerre, de l’autre le cœur. Qui sait quand cela se reproduira ? Et en plus de ça pour ne rien arranger, c’est elle qui vient ! Il me serait difficile de faire un aller-retour et la croiser, de ce fait, c’est l’un ou l’autre ! Merde !

Cogitant aussi vite que lors de la bataille de Baltigo, alors que ma tête se mettait limite à fumer sur place – ignorant que le Kurohebi pouvait avoir tout entendu de son côté – je vins à finalement trouver un compromis. Un compromis qui en théorie devrait faire l’affaire.

« Je … Ahem. C’est d’accord Camille, je t’attendrai avec grand plaisir. »

Quelle solution avais-je trouvé ? J’espérais que la miss soit clairement disponible. Remerciant la demoiselle, je ne pouvais m’empêcher de sortir une phrase qui devenait à la longue comme une marque de signature avec elle.

« D’ici là… Prends… Soin de toi ? Camille. »

Rouge comme une tomate, je raccrochais sur ces mots pour alors reprendre le fil avec l’homme de pouvoir devenu politicien. N’imaginant pas un seul instant qu’il avait entendu tout ce spectacle, je vins à me racler la gorge, reprenant des couleurs.

« Archer, écoute moi bien… Je vais t’envoyer Violet te transmettre une certaine information. Tu comprendras plus en détail par la suite, mais sache que Drum et Alabasta sont des zones que tu devrais privilégier. Il me semble que tu as visiter par le passé ces lieux non ? Violet – ou au pire des cas un de mes agents personnel – viendra te transmettre mes salutations. J’ai… une affaire urgente sur le feu. Ahem… »

Encore dans l’optique qu’il ignorait ma conversation en parallèle – sous estimant l’écho – je préférais masquer la vérité, plutôt que dire clairement que j’avais une histoire qui me tenait à cœur. Pas que je ne veuille me cacher de cela, mais … je trouvais ça personnel. Je ne me faisais pas d’illusions, ce n’est qu’un café, mais je ne pouvais m’empêcher d’être heureux. J’espérais juste que ce moment ne soit pas un moyen de mettre de la distance ou m’annoncer une mauvaise nouvelle… Comme par exemple le fait d’avoir rencontré un … autre ? Wait !!! A quoi je pense moi. Je secoue la tête attendant les dires de l’Archer pour finalement raccrocher et me préparer à la suite.

Une fois la conversation terminée avec l’Amiral, je m’empresserais de contacter Violet pour lui expliquer la situation. Toujours en appel protégé, je lui demanderais donc de faire cap vers Ennies Lobby afin que je lui remette les informations précises. Et si cette combine ne fonctionnait pas, alors je me tournerais vers un de mes nouveaux agents dernièrement recruté, mais en qui j’avais une confiance totale. De plus, il me faudrait contacter bientôt une certaine étoile, afin de voir où en sont mes demandes de matériel pour accroitre mes chances de réussites en mission. Au passage, me souvenant qu’une étoile devrait m’aider à rencontrer les autres… Je priais que le destin ne me joue pas un sort du genre devoir être convoqué pile quand je boirais le café avec Camille. Pour sûr, je me maudirais à cet instant et ne saurais réellement pas quoi faire…