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Ven 13 Aoû - 17:06
Who will know, Partie 1
De retour d’une campagne sans pitié contre la piraterie, l’équipage de Vesper avait reçu une permission spéciale, le temps que le navigateur et les trois quarts de l’équipage soit remis sur pied. La sorcière elle-même n’avait pas été blessée de trop grâce à sa malédiction, mais la fatigue des efforts qu’elle avait fourni était épuisante, et, bien qu’elle n’ait jamais été trop choquée par les horreurs de la guerre, voir des gens mourir était toujours plus désagréable quand sa vie était menacée. L’équipage s’était dissous sur le théâtre d’opération, et elle avait confié l’Orange Sanguine à son lieutenant pour que son équipage soit rapatrié chacun dans un coin proche de sa famille ou de ses intérêts, sauf pour les blessés bien évidemment. Elle comptait sur le fait que tout le monde se ressourcerait pour être à nouveau prêt à se plonger dans la bataille à la saison suivante. Pour certains d’entre eux, elle éprouverait de la réticence à les faire se replonger dans les luttes pour des causes auxquelles ils ne croyaient plus. Ils avaient signé, certes, mais la criminalité, la piraterie commençait à prendre une telle ampleur que chaque escarmouche ressemblait à une guerre entre pays. Mais c’était un engagement à vie ou presque, et probablement que la mort les délivrerait plus rapidement de leurs liens avec la marine que leur retraite hypothétique. Pour les autres, la sorcière n’aurait pas à faire particulièrement d’effort, les hésitants seraient facilement convaincus par les autres et les sanguinaires seraient déjà repartis avec les divisions de poursuite si l’opération n’avait pas été un succès. C’était triste à dire, mais pour une flotte abattue une nouvelle voire deux autres apparaissaient, donc la bataille allait véritablement être perpétuelle. En revanche les équipages les composants n’avaient pour la plupart pas le temps de se former, tout comme les hommes qu’elle avait eus sous ses ordres. C’était soit progresser soit mourir, et la femme n’avait aucun désir de se laisser emporter par la prochaine vague, alors elle aussi devait se ressourcer.
Se ressourcer pour ne pas s’entériner dans le quotidien de la guerre, même si le schéma était récurrent avec son passif dans la marine. Il y avait certains moment où elle regrettait ce qui l’avait fait plonger dans cette galère. C’était comme si elle avait pris un boulet sur son chemin pour l'ascension, et, en un sens, si elle ne s’était mêlée de rien, peut-être qu’elle n’en serait pas là aujourd’hui. C’est pourtant le choix qu’elle avait fait, et ce blues existentiel dans lequel elle était plongée l'amenait naturellement à se faire du mal mélancoliquement.
Son choix pour le rapatriement s’était placé sur l’Infortune, un bâtiment appartenant à un chasseur de pirate embauchant à son bord un peu du tout venant. Cela allait du marine réformé au pilleur en quête de rédemption à l’esclave plus désireux de payer sa dette en versant d’autre sang que le sien. Du reste, le navire était cossu, le type qui l’avait fait aménager était un peu tatillon sur la propreté, et également sur le chrome, dont le navire était littéralement saturé au point que cela aurait pu s'apparenter à du blindage. De l’extérieur et en plein jour, le bâtiment faisait véritablement mal aux yeux, tant les éclats du soleil vous revenaient en pleine tête de manière permanente. -Tu te la joue encore solitaire, sorcière ? demanda un des chasseurs de pirate, un certain Slynt, qui l’accompagnait beaucoup dernièrement, par affinité. -A mais c’est parce que je ne suis pas qu’à moitié vampire, s’excusa Vesper. -A d’autre, ce n’est pas ce qui te donne ta personnalité. -Qu’est ce que tu en sais ? -Je suis à moitié comme toi, si j’avais ne serait-ce que la moitié de ton tempérament à cause de ma nature, crois tu vraiment que je serais dans cet équipage ? -Probablement pas, je me doute… -Tiens, sociabilise, je vais piquer un somme. Dagan, montre lui ce que tu sais faire, ne te laisse pas vaincre, commanda le chasseur en tendant une lame d'entraînement à la sorcière et à un blondinet.
Le vampire attrapa la latte en bois et se leva en se tractant sur le bras du sang-mêlé. Elle fit quelques pas sur le pont avant de voir son adversaire qui descendait des cordages du navire d’un geste agile mais dangereux pour atterrir à côté de Slynt et agripper l’épée en bois, comme si elle était rengainée. -Tu me fais combattre des enfants maintenant ? demanda la sorcière en haussant les épaules tout en dévisageant le demi-vampire. -Il aura probablement beaucoup à apprendre de toi, mais profites-en pour apprendre de lui aussi, répondit l’interlocuteur avant de se diriger vers les cales.
La sorcière s’étira vaguement, sautilla sur ses cuissardes et fendit l’air quelques instants, pendant ce temps-là le blond commençait à contracter ses muscles, échauffant son corps sans trop bouger, assumant une position pour dégainer. -Ta posture est mauvaise, et pis dégainer depuis le fourr..
Visiblement le mioche ne voulait pas l’entendre, et commençait son mouvement pour dégainer quand Vesper se propulsa avec sa malédiction sur lui pour bloquer sa main en se rematérialisant. -Voilà, tu peux plus dégainer, tu a perd…
L’adolescent, dans un geste de défis, l'avait embrassée, lui faisant perdre sa constance, il reculait ensuite avant d’attaquer en dégainant d’un geste fluide qu’il devait avoir perfectionné. Comme pulvérisée par le geste tendre du blond, son corps s’était changé en sciure et le coup épée ne fit qu’un trait d’absence dans le corps de la femme qui avait comme l’esprit embrumé. Elle revint à elle quand elle vit l’expression déçue du blond. Se reformant, elle baissa son arme. -Ce n’était pas mauvais, mais quand je suis perturbée, j’utilise inconsciemment cette forme pour me rendre invulnérable. L’idée était bonne cela, dit, sur un adversaire qui ne s’y attend pas, ce n’est pas plus bête qu’autre chose, sauf si les lèvres de ton ennemi sont empoisonnées. -Je ne l’ai pas fait pour essayer une technique, répondit Dagan, en reprenant une pose de combat. Je déclarais mes intentions. -J’ai du mal à comprendre ce que tu veux dire, mais ne crois pas que je vais me laisser faire ou ne pas utiliser mon autre forme pour t'empêcher de m’atteindre. La seule chose que je ne ferais pas, c’est te frapper avec ma malédiction. -Cela me va. -Taille basse, taille haute, vertical renversé, notait le vampire en esquivant les coups au moment opportun et en les nommant avant qu’ils n'aient terminé.
Le blond fit un saut en arrière, perplexe. -Tes yeux te trahissent, tu regardes où tu veux frapper plutôt que d’élargir ta vision, ça me permet d’anticiper tes mouvements. Regarde ! menaça Vesper en pointant ses yeux sur le torse du garçon tout en frappant d’estoc.
L’adolescent leva son arme à hauteur de pectoraux, utilisant même l’autre main pour maintenir sa latte, mais l’estoc pointait sur la tête du blond, s'arrêtant juste à quelques centimètres du front du sabreur avant de se retirer. -Je vois, pourquoi personne ne m’en a encore parlé ? -C’est quelque chose que tes alliés ont appris sur le champ de bataille, pour eux cela leur est venu naturellement. Mais pour toi qui commence tout juste à combattre, c’est quelque chose que tu peux apprendre sans douleur. [color:afa8=0066ff]-Sans la douleur, la leçon n’a pas de sen..
La femme frappait plusieurs fois en successions rapides, comme une avalanche, ne laissant pas le temps au garçon de se défendre, elle ne s’arrêta que quand elle vit quelqu’un esquisser un geste pour se lever, maintenant son bras en l’air comme pour menacer l’adolescent encore. -Qu'as tu appris, là !? Stupide gosse ! répondit-elle en jetant la latte à terre avant de partir vers la dunette arrière.
Vesper gravissait les marches de bois, dépassait le timonier, posait ses mains sur la rambarde et jetait son regard pour qu’il se perde dans la traine blanche d’écume du navire. Elle resta là un moment à penser à son enfance, à ce qu’elle avait vécu, au sens d’apprendre par la douleur. C’était une idée stupide de l’homme, rien de plus. L’on pouvait apprendre par des livres, par des apprentissages sans jamais en souffrir, et soulager la peine du gamin était tout ce qu’elle voulait faire au final. Pourquoi s’était-il entêté à la provoquer ainsi ? C’était stupide ! -Je te laisse quelques minutes avec lui et tu l’ouvre en deux ? Tu peux m’expliquer ? demanda Slynt, qui sortait visiblement de sa sieste, ses cheveux platines emmêlés. -Il voulait apprendre en souffrant, je lui ai donné ce qu’il voulait. -Tu sais que si il avait désiré que tu le tabasses, il te l’aurais sincèrement demandé ? -Il est tombé amoureux de moi, quelle originalité… souffla le vampire. Quoi, l’équipage ne comporte pas de femme alors il se jette sur la première venue ? -Ce n’est qu’un gosse, il arrive dans cet âge où ça l’intrigue, ou ses pulsions le guident et pas l’inverse. -Je n’ai pas le temps de lui apprendre comment on fait des enfants. -Tu en as, mais personne ne te demande de lui apprendre cela. En revanche, j’aimerais que tu reste ouverte à l’idée que si tu étais à sa place en ce moment, tu n’aurais probabl… -...ement pas demandé à souffrir ainsi ? Je ne suis pas comme vous, ni comme lui. -C’est pour cela que je te demande de te mettre à sa place, souligna Slynt. Tu me l'as dit toi-même, tu cherche à te lier aux autres pour ton bénéfice, mais même ainsi, il te faut avoir une forme de compassion, même intéressée pour eux. Que penses-tu que cela t’a attiré, au juste ? -Tes reproches.. répondit Vesper, plaçant ses bras sous sa poitrine pour faire la moue. -Et que dois tu faire pour corriger cela ? -J’ai compris, j’ai compris, j’en reviens pas que ce soit toi qui me fasse la leçon.. -Quoi ? J’m’entends avec tout le monde, moi ! réfuta Slynt en ouvrant les bras. -Tout le monde te craint au combat, même tes alliés, souligna Vesper en descendant les marches. -Qu’y puis-je, répondit le semi vampire, j’ai un pied dans chaque monde, il faut bien que l’on voit ma part obscure de temps en temps. -Tu devrais l’exposer un peu plus au soleil, tes collègues t’appellent blanche-fesse quand tu as le dos tourné. -Ça n’est pas drôle, souffla Slynt en laissant la sorcière s’en aller.
Le mioche était en train de frotter ses blessures avec de l’alcool, sans trop grogner à l’application. Il leva les yeux vers la femme qui l’avait sèchement démoli, son regard teinté d’un mélange de regret et de compréhension. -Je ne savais pas, désolé d’avoir été un petit con, lâcha Dagan avant que la femme n’ait le temps de placer un mot. -C’est à moi d’être désolée, tu a su faire ressortir une partie de moi que je croyais partie depuis un moment, te battre pour cela n’était pas mon intention. -On va dire que je l’ai cherché, et j’aimerais me faire pardonner. -... -J’ai.. avec mon premier solde, j’ai acheté une bouteille, et… j’attendais un peu l’occasion pour l’ouvrir, parce que c’est pas tous les jours que j’en ferais autant.
Vesper avait entendu parler de cela, le chef de la compagnie qui avait accompagné l’assaut des marines avait une coutume de patronage, ou un sénior sur le navire était comme désigné parrain d’un ou plusieurs nouveaux, pour leur montrer les ficelles du métier. En prime, il devait s’occuper de payer pour leur protégé sur la première et seconde semaine, le temps que ceux-ci aient pu user de leur premier solde pour leur envie personnelle. C’était une chose qui n’arrivait qu’une fois et au final, si ils vivaient suffisamment longtemps pour profiter de leur achat, alors ils finiraient par payer en quelque sorte l’objet quand ils auraient à parrainer quelqu’un à leur tour.
Le vampire s’en voulait d’avoir passé sa colère sur le blondinet, aussi, même si elle aurait d’ordinaire refusé, se joindre à lui était en quelque sorte une manière de s’excuser. Elle accepta donc, tendant une main secourable à Dagan qui s’aida de celle-ci pour se redresser avant d’esquisser une grimace de douleur. Il boitillait sur son chemin vers ses quartier et Vesper le retint d’une main avant de le soulever dans ses bras, comme on porte une princesse. Le blond eut une réaction de recul, c’était un peu la honte pour lui d’être porté par une femme, mais l’opulente poitrine de la dame ne lui laissait pas tellement le choix de répliquer alors que les marins sur le pont se moquaient de lui. La femme parcourut le chemin jusqu’au hamac du garçon et le déposa dedans avant de mettre un petit coup de pied dans sa cantine pour l’ouvrir et lever la bouteille. -C’est celle-ci ? demanda Vesper en lisant l’étiquette. Château d’Ifaillemay. -C’est celle-là, répondit le garçon légèrement vexé. Ne me porte plus jamais ! -Tu regrettera ces mots si tu te fais blesser sur le champ de bataille, répondit la femme en s’invitant dans le hamac avant d’ouvrir la bouteille avec sa malédiction. 74, considérant ton solde, j’imagine que tu ne l'as pas obtenue par des moyens légaux. -Si, répondit le blond avant de chiper la bouteille pour en vider une partie dans son gosier histoire d’éviter l’embarras d’être dans le même hamac qu’une femme. C’est Slynt, il m'a fait un rabais. -A ce prix là, c’est plus une faveur qu’un rabais. -Ce n’est que du vin miellé, ça ne peut pas valoir très cher. -Détrompe toi, l’année est particulièrement bien choisie si je considère les goûts de ton parrain. Cela doit valoir quoi, une cinquantaine de ce que tu gagnes à la semaine. Probablement ce que tu vas te faire en un an, avec les primes, sans dépenser un seul Berry.. -Ah quand même.. relativisa le garçon en regardant la bouteille dont il devait déjà avoir englouti un cinquième. -Je peux ? demanda Vesper avant de s’arroger la bouteille pour goûter à même le goulot, comme son hôte. J’aime les alcool doux comme celui-là, lâcha-t-elle en se relaxant, il ne frappe pas la langue ni le palais. -Tu parle comme Slynt, moqua l’adolescent. -C’est parce que je suis une grande personne, petit, répondit Vesper. -J’suis peut-être pas un grand comme Slynt ou toi, mais je suis adulte. -Ah bon ? Alors tu es déjà un homme ? taquina la sorcière en pointant un doigt sur le ventre du blond.
Celui-ci devint tout rouge après avoir esquissé un geste impossible pour esquiver le doigt. -Non.. confia-t-il. -Là, ça c’est une bonne chose, petit. L'honnêteté c’est la marque des gens qui font le bien. Seul un malveillant a besoin de recourir au mensonge et à la tromperie dans des moments comme celui-là. -Encore quelques années et les autres chasseurs vont se moquer de moi. -Laisse-les donc se moquer de toi, moi je ne le ferais pas. -J… -Si tu y réfléchis bien, le fait que tu aies partagé ta couche avec quelqu’un ou pas ne fait pas de toi un homme. Il y en a eu, des hommes qui n’ont jamais connu l’amour et qui ont pourtant fait de grandes choses. Si cet acte devait te définir, alors je serais condamnée.. -Et là tu parle comme mon grand père, déclara Dagan en chipant de nouveau la bouteille.
Vesper attrapa la main libre du blond et mordit dedans, puisant un peu de sang, juste assez pour déclencher sa traque, couvrant sa sclère de noir. Le garçon eut des réactions contraires, coupé entre la sensation de douleur et celle du drain qui le relaxait instantanément. La sorcière passa sa langue sur ses lèvres empourprées du sang de l’adolescent. -Si tu devais me définir par ce que je fais, je serais un parasite ou un prédateur naturel de l’homme, incapable de vivre sans une proie à drainer, un monstre à abattre. -Mais, tu t'empêches de tuer, souligna l’adolescent. -Et c’est ce qui fait de moi, j’imagine, une bonne personne. Quel rapport le sexe cela à voir avec vivre ta vie ? -Hum, c’est pas faux, je pense. Encore ? demanda le blond en tendant la bouteille que la femme attrapa avant d’arriver à la moitié de la bouteille en deux gorgées.
-Où est ce qu’ils sont passés ? s’exclama soudainement une voix exaspérée, celle de Slynt si on devait se référer à son timbre habituel. Légèrement surpris tout les deux, le couple dans le hamac s’entre regarda. -J’ai dû rater mes tâches, déclara l’adolescent en murmurant. -Donc tu ne devrais pas être ici, compris la femme. Ne t’en fais pas, ferme les yeux, je m’occupe de ça.
La sorcière fermait la bouteille avant de tendre sa cape par-dessus le garçon en l’enserrant puis ferma les yeux. Le demi vampire arriva dans la pièce, jeta un œil à celle-ci, puis vit le hamac de l’adolescent occupé. Il s’en approcha lentement pendant que de son côté le blond commençait à être perturbé par ce qu’il se passait. Une fois au-dessus, Slynt les regarda un moment, d’abord stupéfait, puis remarquant la bouteille. -L’elixir des amitiés, souffla-t-il en un murmure en retirant la bouteille des mains de la sorcière délicatement pour la poser au sol. Fais de beaux rêves, coquin, cela ne t’arrivera pas tous les jours, souhaita-t-il à l’adolescent avant de repartir d’un pas léger. Va falloir que je travaille à ta place, chenapan..
Il ouvrit puis referma la porte et le couple ouvrit les yeux, se retrouvant très proche l’un de l’autre et éméchés par l’alcool et la situation. -Tu fais moins garçon de près, petit, avoua Vesper en étudiant son visage, elle-même empourprée. -Dagan Dirk Doubleglass, corrigea l’adolescent en écartant la mèche de cheveux couvrant l’œil scellé de la femme avant de se rapprocher jusqu’à coller ses lèvres contre les siennes.
La femme se pulvérisa un moment en particules de bois, comme si le choc du baiser l’avait foudroyée en un million de pièces. Quelque chose dans son cœur l’appelait à revisiter cette sensation, aussi reprit-elle sa forme initiale pour l’embrasser à son tour. Après l'échange, ils se regardèrent un moment en silence, laissant la tension monter. La sorcière se pencha en arrière pour tenter d’attraper la bouteille au sol avant de tomber à la renverse, entraînant son amoureux avec elle, qui, après un rire partagé, l’embrassa sur le plancher de la cale. Elle attrapa la bouteille, laissa l’homme se relever et l’aider à se redresser, puis le tira par la main jusqu’à ses propres quartiers, un lit serait bien plus pratique pour ce qu’ils s'apprêtaient à faire.
Vesper et Dagan avaient eu ou provoqué l’occasion de remettre le couvert plusieurs fois pendant le temps qu’avait duré le retour de la sorcière à sa troupe habituelle. Plusieurs semaines ou la femme s’était sentie plus épanouie, plus humaine, plus sentimentale. Tout cela grâce à cet homme qui, après avoir conquit la femme grâce à l’élixir d’amitié, avait su trouver les mots pour la garder près de lui, la faire vibrer d’émotions, frisonner de chaque nouvelle rencontre avec lui.
C’est l’air un peu peiné et absent qu’elle avait rejoint sa troupe habituelle, remise sur pied pour la plupart. Ils étaient tous en rang devant elle, les quatre sergents d’abords, puis leurs unités de marines, chacune comptant dix mousses ou soldats. Quarante cinq en tout, en temps normal, mais six manquaient à l’appel et un des sergent était blessé, ne pouvant se servir d’un de ses deux bras. -J’ai reçu notre prochaine mission, notre lieutenant veut nous voir en campagne d’ici la fin du mois. Les détails nous importent peu, il s’agit d’un territoire volé par les pirates, il est froid et inhospitalier, donc nous aurons deux ennemis. Ils sont nombreux et bien armés, donc il est possible qu’une fois sur place on nous demande de nous retrancher pour plusieurs mois, ne vous attendez pas à revoir votre famille de si toeaaarhh…
Vesper avait fini son discours par un vomissement, provoquant l’inquiétude d’un des sergent qui se rapprocha pour l’aider à se redresser après s’être courbée en deux. Elle ripostait en tendant sa main. -Si je suis malade, je ne peux pas risquer de compromettre toute l’unité, déclara la femme avant de remettre une louche de vomis au sol, puis prit le temps de respirer un peu. Sergent Steel, vous dirigerez les préparatifs le temps que je me remette de cet état. -Bien Chef ! Unité ! A vos postes, prenez soin d’éviter Dame Ahriman.
Tout le monde vaquait à sa tâche, laissant la femme seule avec ses nausées. Était-ce lié au dernier repas sur l’Infortune ? La sorcière décrocha son chapeau pour attraper le combiné de son escargophone mais envoya un autre jet liquide dans le couvre-chef. -Désolée, s’excusa-t-elle à l’escargophone traumatisé.
Elle jeta le chapeau sur le côté et récupéra, puis l’escargophone sortit, visiblement mécontent. La sorcière décrocha de nouveau le combiné et fit le numéro de Slynt. -Slynt à l’appareil, répondit instantanément le semi-vampire. -Tu feras gaffe, je suis tombée malade, c’est possible que le dernier repas ait mal tourné. -Hmmmm, je vois personne d’atteint et personne ne m'a rien rapporté du genre. -Mais.. -Je suis bosco, Vesper, je le saurait. -D’accords.. Juste, fais attention.. -Vous repartez ? -Fin du mois, si t’es au large il y aura sans doute de la prime au passage pour les tiens, mais attends toi à une campagne longue plus qu’à une escarmouche de dix jours. -Je vois, j’en toucherais deux mots au capitaine, je te recontacterais si il est intéressé, histoire d’avoir un ordre légitime du gouvernement pour qu’on s’allie à vous et que personne ne nous tire dans le dos. -Comme d’haaaa… répondit Vesper en manquant de relancer un jet, elle déglutit, puis prit sa respiration. Il fera froid aussi. -Autre chose ? -Rien de spécial, passe mon baiser à Dagan. -En parlant de Dagan, tu es sûre que c’est pas ça le soucis ? demanda Slynt, inquiet. -Ça va, je suis plus une adolescente, je peux me séparer de mon copain trois minutes.. souffla Vesper. -Nan, je veux dire… -Quoi ? -Tu la fréquenté, tout ça… -Et alors ? -Par les dieux de l’océan, Vesper, tu es enceinte ! répliqua le semi-vampire, exaspéré. -.....Naaaan, c’est juste une maladie. -Si tu le dis, répondit Slynt. -Je le saurais si j’étais enceinte. Juste, là je ressens rien, j’ai juste envie de vomir parce que ton cuistot sait pas faire son travail. -Et maintenant c’est la faute du cuisinier, souffla le semi-vampire. -Tu sais quoi, Slynt ? Va te faire foutre ! -D’accord, bonne jour… répondait le chasseur de pirate avant d’être coupé par le combiné s’écrasant sur la coquille de l’autre côté du fil.
La femme laissa son chapeau sur place ainsi que son escargot, furieuse, elle se dirigeait dans ses quartiers dans une colère noire, claquant la porte. Une fois seule, elle éclata en sanglots, attrapant le drap de son lit pour se morfondre à genoux. Cela ne pouvait pas être une grossesse, pas après leur séparation forcée, pas maintenant qu’elle savait ne pas le revoir avant la fin du mois.. Rien de tel n’était possible, ce n’était qu’une fable, et puis au fond, ils ne l’avaient pas fait tant que cela, et puis.. et puis…
Non, elle refusait de croire, elle serrait ses muscles de son ventre, elle forçait sur ses abdominaux… -Il aurait déjà pris de la place, je ne pourrais pas faire ça.. se convint la femme, seule avec ses pensées.
Les nausées s'arrêtèrent en quelques jours, tout comme aucun autre symptôme n’apparaissait dans le mois. Bien sûr, elle était toujours un peu agitée que Slynt lui ait dit cela, mais elle avait le contrôle, celui qu’elle devait garder, et s’était enfoncée jusqu’aux coudes dans une tempérance de sérieux et de stoïcisme. Rien ne pouvait ébranler la sorcière, il n’y avait pas d’enfant, elle voulait juste revoir Dagan, c’était tout.
Sa poigne se raffermit sur ses troupes, qui sentait bien que quelque chose n’allait pas tout comme la femme qu’elle payait pour se nourir de son sang remarquait qu’elle avait tendance à être nerveuses sur certains sujets. Elle tenait également à être de plus en plus seule, prétextant qu’il était normal qu’elle délègue de plus en plus les tâches, après tout sur le champ de bataille elle ne pouvait pas être partout, et chacun des sergents étaient susceptibles de devoir assumer sa tâche si elle tombait au combat ou s’ils étaient promus pendant la campagne. Son temps en solitaire était passé en appels à Dagan ou en pensées pour l’avenir, comme pour s’extraire de son présent, fuir cette réalité pour une plus appréciable.
Vesper Ahriman
Vesper Ahriman
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Ven 13 Aoû - 17:23
Who will know, Partie 2
La neige s'abattait sur le champ de bataille et les deux parties du conflit se séparèrent naturellement, comme contraint en une trêve par le seigneur de l’hiver lui-même. Dans le mouvement affolant de neige, tout le monde avait eu un mouvement de recul avant qu’un glissement de terrain déclenché par la neige découle en une avalanche mêlant la terre à l’eau dans une mixture abominable fondant sur une partie des deux armées. Vesper s’était pulvérisée en voyant le cataclysme arriver puis après quelques mètres atterrissait pour reprendre forme malgré elle, se crispant sur son ventre. Dernièrement les maux étaient de plus en plus forts, elle en avait du mal à se concentrer. Ses sergents avaient fait un rapport pour la faire aliter un moment, elle avait refusé la demande du médecin, et son lieutenant était venue la voir pour lui dire que si ses troubles revenaient il la forcerait à s'arrêter malgré le manque d’hommes. Visiblement personne ne comprenait sauf elle. Elle n’avait que prit froid au ventre, rien de plus, elle pouvait toujours se battre, en démontrait l’exemple immédiat d’une esquive pulvérisée de coup de sabre, contrée par une salve de son fusil. Elle était fatiguée, elle n’allait pas bien, c’était sûr, mais rien ne l’arrêterait aujourd’hui. -Qu’est ce que.. nnngh ! gémit le vampire en pliant les jambes, un liquide coulant au sol, comme expulsé de son pantalon.
Elle ne s’était pas tout à fait fait dessus, et elle le réalisait maintenant. Paniquée, endolorie elle attrapait le premier homme à sa portée. -Montre moi où se trouvent les quartiers des chefs ! lui hurla-t-elle dessus dans l’assourdissant bruit de la tempête.
Le type mit un petit moment à se repérer puis pointa du doigt une direction. Le vampire ne perdit pas de temps, son travail débutait, et entre chaque contraction forte elle avait tout juste le temps de se déplacer avec sa malédiction de quelques mètres. Elle se disparaissait et réapparaissait, comme clignotante dans un voile blanc épais. Mètre après mètre, elle gémissait, le son entrecoupé de silence pendant lequel elle gravissait le monticule qui servait de défense à ses quartiers. Elle poussa la porte violemment, choquant sa servante qui leva un couteau. Vesper se précipita à son lit et se tourna vers Symah. -Tourne toi, sors d’ici ! lui hurla-t-elle dessus.
La servante ne savait plus où se placer, et décampa pendant que le vampire défaisait sa combinaison maintes fois ajustée pendant les derniers mois, au niveau de la poitrine plus précisément avant d’abandonner à la douleur que cela lui évoquait. Elle se matérialisa en dehors de sa combinaison dans un clignotement de sa malédiction. -Il est au fond de moi, se dit la femme à voix haute en plaçant sa main sur son ventre peu voire pas rebondit avec une expression douloureuse. Mais il n’est pas gros et il se cache..
Elle avait nié son existence, l’avait rejeté, jusqu’à le cacher aussi inconsciemment que sciemment. Elle se concentra sur sa malédiction. Cela allait être une technique qu’elle n’avait jamais imaginé utiliser pour quelque chose comme cela. Lorsqu’elle prenait un coup, elle pouvait momentanément se séparer ou perforer une partie de son corps pour laisser passer l’attaque qu’elle subissait. Modifiant une partie de son corps, plus précisément en dessous de son buste, elle plongeait ses mains dans son ventre qui perdait couche après couche dans un effort douloureux pour garder sa concentration. Lentement, de manière délicate malgré ses tremblements et sa respiration haletante, elle forçait sur son pouvoir, sur sa conscience pour maintenir cet état peu courant.
Les mains touchèrent un liquide qu’elle laissa couler depuis un trou infime dans ses reins, inondant ses couvertures pendant qu’elle attrapait la petite chose, toute chétives dans ses bras. Elle était féminine, magnifique, mais silencieuse. Paniquée, Vesper la leva d’un coup avant de reprendre forme pour hurler de douleur. Le cri ne la soulageait pas, mais il eut le pouvoir de déclencher des pleurs, et une joie. Elle l’avait nié, mais au fond d’elle avait grandi ce petit bout d’elle et de lui.
Elle bordait l’enfant dans ses bras, nue sur sa couverture humide, dans une cahutte tout juste protégée par le froid. Sa petite allait avoir froid, elle aussi, il fallait la protéger. -SYMAAAAH !! hurlait Vesper. SYMAAAH !!
La porte s’ouvrit sur un soldat inconnu, sans doute surpris par les cris du nourrisson. -NE DIT RIEN DE TOUT CELA À QUI QUE CE SOIT, VA ME CHERCHER MA SERVANTE IMMÉDIATEMENT !
Le vampire découvrit que la nuit était tombée, car l’injonction fut si puissante que le soldat courba l’échine et partit après avoir fermé la porte. Telle une dragonne gardant ses œufs, la femme couvait sa petite avec tendresse. -Chhhh, tout va bien, tu n'auras pas froid longtemps, le feu sera bientôt allumé, tu auras de joli vêtements pour toi toute seule.
La servante entra comme un boulet de canon suivi du soldat toujours subjugué. -Efface ces souvenirs de ta mémoire après avoir quitté mes quartiers, considère que je t’ai ordonné de garder ma porte et d'empêcher quiconque à par ma servante et moi d’entrer ou de sortir, commanda Vesper. Qu’est ce que je vais faire.. se désola-t-elle en regardant la petite dans ses bras alors que le bruit des canons tonnait encore. Symah, des couvertures chaudes, un feu dans la cheminée, des vêtements, vite, demanda-t-elle à la grande et jeune femme qui s’activa instantanément, un sourire attendrit sur le visage.
En quelques secondes la situation était plus calme, autant dehors que dedans. La petite serrait de ses petites mains les doigts de sa mère enveloppée dans des linges propres, nettoyée. -Symah. -Oui maîtresse Ahriman ? -Dit au garde qu’il peut disposer, ordonne au sergent Flint de préparer le navire et de soumettre une requête à l’intendance pour que j’aille chercher un médicament pour “mon mal”. Souligne que Steel sera responsable à ma place et que mon périple ne durera pas plus d’une semaine. -Vous allez vous en séparer ? demanda la femme, inquiète.
Le silence lui répondit, cela se voyait dans sa manière de blottir son enfant contre elle qu’elle la garderait le plus longtemps possible avec elle, mais qu’elle n’avait d’autre choix. -Un champ de bataille n’est pas un endroit pour un enfant, je ne veux pas lui faire subir ce châtiment, alors si cela veut dire la confier à une famille qui en prendra soin à ma place, qu’il en s…
Vesper s’était mise à pleurer sur ces mots, l'empêchant de terminer sa phrase. Sa femme de chambre esquissait presque le geste de venir la réconforter, puis se ravisa pour effectuer sa tâche à la place, quittant la pièce. Les pensées de la mère dérivèrent vers ses options, maigres, inexistantes. Elle ne voulait pas l’élever dans son monde actuel, remplis de crimes, de monstres, de batailles. Elle voulait, elle voulait que son enfant ait les choix, qu’elle ne soit pas traitée comme elle l’avait été par son père. Qu’elle ait la possibilité de devenir une bonne fille, que son titre ne pèse pas sur elle, pas plus que les aspirations de sa mère pour elle. Au final, s’en séparer était une nécessité, un sacrifice pour le meilleur… Pour sa fille, mais pas pour elle-même. Profitant du calme, elle donna le sein à sa fille n’ayant même pas encore de nom. -Je suis désolée, sanglotta Vesper, par avance, je ne t’en donnerais pas, pas avant que tu ne me quittes.. S..si.. sinon je n’en aurais pas la force. Sinon je détruirais tout, plus rien n’existera dans ce conflit absurde, sinon toi et moi, et le carnage…
Cela aurait été une promesse impossible, d’effacer d’un seul geste cette île entière, réduisant tout en poussière sous ses yeux, par amour. La sorcière le savait bien, c’est pourquoi elle attendit les autorisations pour ouvrir la porte et se transporter, elle et sa fille, directement sur le pont du navire qu’elle dirigeait d’un ordre vers une île qu’elle avait visité récemment.
Le ton sombre, le regard fixé sur l’horizon, le navire partait au petit matin, guidant la femme vers le lieu qu’elle maudirait des années plus tard, qui l’avait frustrée quelques semaines auparavant. -Vous allez confier votre fille, constata Flint en s’approchant d’elle sur le pont, une chose que personne d’autre n’osait tenter. -A la famille même à laquelle j’ai crié des injures, parce qu’ils voyaient ce que je ne voulais pas voir, parce qu'ils ne pouvait pas avoir ce que moi j'avais, sans le croire, répondit la femme. -Si je me rappelle bien, aucun des deux ne peut concevoir, c’est véritablement un don que vous leurs faites, souligna de rouquin, croisant les bras, fier de son chef. -Ils ne le peuvent, mais moi oui, et si pour eux c’est un don, pour moi, c’est un sacrifice. J’espère juste de tout mon cœur que cela lui sera bénéfique, à elle. -Lorsque vous serez promue lieutenant, vous pourrez voir ce qu’il se passe sur l’île plus simplement, et puis… Vous pourrez leur demander leur numéro. -Si je fais cela, ils auront peur que je revienne la chercher, ils pourraient mal agir et je m’en voudrait pour elle. J’attendrai qu’elle soit adulte, ou qu’elle ait pris suffisamment de choix pour savoir où elle veut se diriger. Ce serait trop égoïste de ma part de la laisser évoluer ailleurs et de réclamer qu’elle m’obéisse. Elle est née de moi, elle ne m’appartient pas, même si je le voudr…
La voix de Vesper se brisa, et son sergent passa une main sur son épaule et une autre sur un de ses bras pour la réconforter pendant qu’elle commençait à pleurer. Plusieurs minutes plus tard, elle revenait à sa cabine, pour ne pas trop exposer l’enfant aux embruns et à l’air salé de la mer, puis s'allongeait dans son lit. Quelqu’un toquait sur sa porte, et Flint entra avec un appareil en main qu’il leva comme une proposition. -Je me suis dit, puisque vous faites un si grand sacrifice, peut-être que vous mériteriez de garder quelque chose qui symbolise sa présence dans votre vie, où que vous soyez. -Une photographie ? s’étonna Vesper, émue, avant d’afficher un sourire et de prendre la pose, tenant son enfant contre elle. Merci, Flint, tu es un amour. -Je vous en prie, c’est à moi de vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi. Et cela, n’est rien.. répondit le rouquin avant de prendre plusieurs clichés, les suspendant à ses doigts. Je ferai en sorte de vous faire des copies, vous pourrez ainsi garder les originaux dans un lieu sûr.
Le navire fit bonne route, malgré toutes les attentes de la mère, espérant presque l’apparition d’un triangle de Florian pour l'empêcher de rejoindre l’île, se perdant dans une boucle où elle élèverait sa fille à l'abri du temps et des conséquences. Mais nulle tempête, ni monstre, ni île secrète ne vint, et la femme se retrouvait à mettre pied à terre sur une île fleurie, aux odeurs changeantes. Le nez de la petite allait devoir s’adapter à une autre fragrance que celle de la peau et de la sciure dont sa mère était faite.
Elle voyait déjà le couple sortir de sa maison, au son de la cloche du navire. -Flint, dit aux hommes de ramasser des fleurs. -D..Des fleurs ? -Fais moi confiance. -Comme vous voudrez, chef.
La sorcière s’approcha des deux, un sourire légèrement attristé sur leurs visages. -Je ne viens pas pour vous narguer.. Je suis désolée pour ce que je vous ai dit. -Finalement nous avions raison.. se laissa aller la femme du couple, émue. -Oui, et cela va vous paraître fou, mais je n’ai pas d’autre choix que de la confier à quelqu’un d’autre.
Un silence s'abattit sur le groupe, laissant le vent jouer avec des pétales colorés pendant quelques instants. -V..Vous êtes sûre ? Demanda l’homme. -Non, j’aimerais la garder, mais je ne peux pas, mon devoir m'appelle et ce n’est pas un endroit pour une petite fille. -... -Il vous faudra trouver une nourrice pour l’allaiter, il est possible qu’elle démontre un intérêt pour le sang, pour sa consommation. Ce n’est pas nécessaire pour sa survie, elle n’est qu’à moitié comme moi, mais si elle s'affaiblit à cause d’une maladie, cela pourrait lui redonner quelques couleurs, tant que le sang est frais et non vicié. Je vous ferais parvenir une partie de mon salaire pour ses affaires et le reste, seulement, je veux que vous la traitiez comme si elle était votre enfant et non la mienne. Il me faut la garder loin de moi, sinon je ne pourrais pas résister à l’envie de la reprendre, et ce ne serait pas bon pour elle, déclara la sorcière en passant une main sur le crâne de la fille.
Le couple s’entre regarda, leur regard passant d’une expression de félicitée à celle d’une détermination sérieuse. La femme tendit ses bras et Vesper déposa gentiment l’enfant, presque suspendant ses mains par envie de la garder pendant qu’elle prenait quelques part d’écart. Son instinct maternel fit éclore le noir dans ses yeux, pensant presque à la traque des deux humains qui avaient désormais sa fille. Elle s’écarta un peu plus, puis se retourna pour retourner vers le ponton décrépit, rappelant à elle les soldats.
Sur le retour elle composa des bouquets, puis le soir même elle les plaça dans les mains de chacun de ses soldats alignés sur le pont avant de prendre les forces du sergent flint qui se proposait pour la nourrir. Son pouvoir d’hypnose amplifié par la ponction sanguine, elle lança une suggestion puissante sous l'œil de la lune. -Je veux que vous placiez vos souvenirs de mon enfant, de ma grossesse, dans le bouquet de fleurs que vous tenez dans les mains, que vous l’étudiez, méthodiquement, méticuleusement. Tant que vous ne reverrez pas un bouquet identique, jamais vous ne vous souviendrez de ce qui s’est passé, vous aurez vaguement le souvenir de m’avoir accompagnée sur l’île, d’avoir négocié un médicament, et d’être reparti. A présent, jetez votre bouquet aux océans, et reprenez vos tâches, merci pour votre discrétion.
Une salve de bouquet fut jetée par-dessus bord, et Vesper regarda le cortège flotter sur les eaux depuis la dunette arrière, contemplant son au revoir à sa fille.