Reutsuna Ikagami, Agente du Cipher Pol 6.
La douleur la réveillait encore la nuit, cette douleur qui était tirée des tréfonds de son esprit torturé. Elle revoyait cette femme, et cet homme. Elle revoyait ses membres détachés de son corps, et chaque nuit les hurlements revenaient à tel point qu’elle était médicamentée pour cela à présent. Il ne restait qu’une coquille vide dans un corps abusé par les événements de Enies Lobby. Ses larmes coulaient encore au réveil, sourdes, et il lui arrivait de retrouver Prometheus pour dormir à ses côtés. Il était ce qu’elle avait de plus précieux. Après tant de temps, elle s’était finalement avoué son amour à son égard, et ça avait été… beau. La plus belle chose au monde dans cet univers ténébreux.

Envoyée en mission sur l’Archipel de Shabaody, elle gérait avec l’énergie qui lui restait la commande que Lidy avait passé, et essayait de venir en aide aux charpentiers par l’intermédiaire d’une identité secrète. En effet, dans l’idée, Lidy avait passé la commandé sous couvert d’une fausse identité pour éviter d’alerter les personnes qui pourraient la surveiller. Elle avait fait la même chose avec Water Seven, bien sûr, et c’était dans cette idée qu’elle avait mis des agents infiltrés pour être sûr que personne ne suspectait rien. Reutsuna avait donc pris soin de se déguiser avec l’aide de Mathilda, masquant ses membres mécaniques d’un habit de fausse chair. Elle attendait que les jours défilent, et ils défilèrent, indéniablement.

Pourtant, un événement vint marquer son séjour sur Shabaody, entre les différents achats et plans…

- Ai… aidez-moi !

Elle marchait dans la rue, et soudain elle aperçut une jeune femme devant laquelle tous passaient sans s’arrêter. Son corps était couvert de bleus, et elle demandait de l’aide… S’agissait-il d’une charlatane connue du coin ? Intentionnellement, elle écouta les battements de son cœur grâce à son ouïe… Et constata qu’il battait la chamade, au point de se briser. Elle s’élança donc vers la femme aux cheveux bruns, l’aida à se relever et l’amena dans la clinique la plus proche.

Quand elle fut hors de l’étreinte de la mort, elle devint soudain craintive, et refusa de parler. Elle refusa de dire ce qui lui était arrivé, même si pour Reutsuna c’était une évidence : il s’agissait de violences conjugales. Elle tenta de l’amener à en parler, mais la femme se renferma comme une huître, et repartit ultimement chez elle. L’Agente du Cipher Pol 6 ferma la bouche et serra les dents, avant de partir dans l’autre direction.

Ce ne fut que le surlendemain qu’elle constata avec stupeur et colère le visage de la femme qu’elle avait aidé en première page du journal. Morte. Elle avait été retrouvée dans une ruelle, le corps déformé par les coups. Et ce fut dans cet esprit-là que Reutsuna n’eut aucun mal à traquer l’homme qui lui avait fait cela. En agente expérimentée, elle récolta les preuves sur son temps libre et le fit incriminer très rapide, plus que si ces nigauds de la marine avaient réalisé l’enquête. Elle faisait confiance dans ses capacités après tout… mais celles-ci n’avaient pas suffi à sauver une vie. Aurait-elle dû insister ? Qu’aurait-elle du faire dans cette situation ?