Cette traversée paraissait si courte en comparaison de ce qu’elle avait réellement été pour le Vairon : interminable.

Pourtant, il était enfin arrivé à Marineford. Le cœur lourd, il semblait s’être remis de la colère froide qui avait envahi son être. Il n’était pas apaisée, mais plus silencieux, moins énervé. Il n’avait pas tourné la page, mais il reprenait peu à peu le masque qu’incombait son rôle. En quelques pas, il marchait vers ce qui n’était, pour lui, qu’un simple lieu de pèlerinage. Du moins, c’est ainsi qu’il le vit depuis toujours.

Néanmoins, en cette journée, ironiquement ensoleillée, le brun pénétrait de nouveau à Marineford. Son manteau d’amiral sur son dos, suivi de sa tenue classique se composant d’une armure rouge, il arborait toujours ce petit oiseau coloré sur l’épaule. Malgré tout, quelque chose avait changé dans son regard. Il était froid ou plutôt « ennuyé » par la vie. Encore une fois Ghetis retournait à Marineford dans les pires conditions possibles. Au final, il n’avait apprécié Marineford que lors de la grande guerre, chose assez paradoxale, sans doute car à l’époque il n’était qu’une arme.

Le temps agissait sur lui et lui montrait les aspects de la vie qu’il avait si souvent ignorés.

Après avoir salué quelques officiers, il alla pour la première fois dans son bureau d’amiral… D’un geste lent il poussa la porte de ce qui devait être son bureau.

Il n’y était jamais entré et dut être guidé pour trouver cette pièce dont il ignorait tout. Pourtant, deux soldats veillaient sur l’entrée, deux soldats dont les visages lui parlaient vaguement. Il s’agissait en vérité de deux de ses soldats, parmi les 400 qui veillaient sur Grand Line et la Mer Blanche.

- Bonjour Messieurs, merci pour votre aide. Leur dirait-il d’une voix calme, accompagnant cela d’un signe de la tête, tandis qu’il entra enfin dans le bureau.

Refermant derrière lui, il savait qu’il n’y serait pas seul, puisqu’il trouva derrière son bureau : Len Tao, l’Initiatrice.


La pièce était grande, se composant de plusieurs bibliothèques, le bureau y était couvert de paperasse. Pourtant, Len parvenait à traiter plusieurs dossiers à la fois, ses six bras ramenant les feuilles à son regard, la demoiselle écrivant sur plusieurs documents à la fois ! Sa vitesse d’exécution était presque aberrante.

- On m’avait dit  que tu arriverais bientôt, mais… qu’est-ce qui t’arrive ?
- Nous avons perdu près de trois-cents soldats…
- Mais Ghetis, vous avez éliminé près de cinq-cents ennemis d’après les estimations. Tu sais bien que la guerre implique des pertes.

- Non, Kaiten-Su n’avait impliqué aucune perte.
- Ce n’est pas tous les jours que ton fruit te permettra de raser les lignes ennemies tu sais…
- Je sais bien…
- Alabasta, Drum et Marineford ne sont pas des évènements exempts de morts, t’ont-ils fait autant souffrir ?

- Non, je n’étais pas encore attaché à l’institution comme aujourd’hui. Notre façon de choisir les soldats de La Couronne est précise et personnalisée, chaque recrue est vue en détail par Jinzo. Nous prônons l’humain, alors ce genre d’évènements est nouveau pour moi.

- Tu es amiral Ghetis, cela en fait partie. Tu as sauvé bien des vies je te rappelle. C’est grâce à toi si j’ai pu obtenir ses bras et redonner un sens à la mienne ne néglige pas tes efforts.
- Oui… Tu as raison… Je suis un éternel insatisfait tu sais. Voilà à peine huit mois que tu es parmi nous et je pense qu’en jonglant avec toutes nos petites informations, tu as dû vite…

- M’attacher à vous et vous apprécier, oui. Dit-elle en coupant la parole au brun pour lui adresser un joli sourire. Un sourire de ceux qui souhaitaient aider.

- Tu es trop gentille avec moi Len. Tu gères aussi bien mon bureau d’amiral que tu officies parfaitement à ton rôle de Sage. Tu es vraiment un officier de qualité.
- Tu m’as choisi pour ça je te rappelle. D’ailleurs, si tu veux, tu peux te rendre à l’hôpital rendre visite aux blessés des trois assauts liés à la Triade.
- Oh, c’est ici qu’ils sont ?
- Bien sûr, Marijoa accueille surtout des haut-gradés en son hôpital ou des personnes dont les soins ne peuvent être réalisés ailleurs.
- J’y vais de suite !

Tournant les talons pour ressortir rapidement de son bureau, dont il ouvrit la porte, il se retourna finalement avec un sourire gêné :

- Hum, il est où l’hôpital ? Je l’aurais bien trouvé en geppou, mais ce serait mal vu que je me déplace ainsi.
- Incorrigible. Demande à  Jean ou Frock de t’accompagner, ils seront ravis. Ils sont originaires de Drum justement.
- Mais et ta protection ?
- Voyons Ghetis, nous sommes à Marineford tout de même, je ne risque rien ici.
- Mouais, nous sommes jamais à l’abri tu sais !
- Allez vas-y ! Et un jour il faudra que tu viennes travailler un peu plus dans ton bureau ! C’est bien beau d’être politicien, mais l’administration aussi c’est utile.
- Héhé, tu sais bien que je n’aime pas trop traîner ici. Aller je reviens tout à l’heure.


Ce fut finalement Jean qui guida Ghetis jusqu’à l’hôpital où il tenta de pénétrer le plus discrètement possible. Remerciant son soldat par une poignée de main, il le laissa rejoindre rapidement Len à nouveau. C’est finalement en se faisant escorter par les médecins qu’il arriva dans une des premières grandes salles dédiés aux blessés. Ils étaient tous sur des lits militaires et des soignants venaient s’occuper d’eux.

C’est ainsi que tour à tour, Ghetis vint à la rencontre de chaque blessé, discutant avec eux pour en apprendre davantage sur leurs vies, connaître leurs noms et surtout : les remercier pour l’œuvre qu’il avait accomplie.

Aujourd’hui un amiral prenait donc le temps de remercier chacun des soldats d’une opération, sans doute un fait assez rare.

La Couronne

Je profitais d’un après-midi tranquille dans ma chambre privée de l’hôpital de Marine Ford ou, comme j’aimais l’appeler à la blague : ma résidence secondaire. J’étais malheureusement confinée au lit jusqu’à nouvel ordre, m’étant salement amoché la jambe durant la visite de mon ange gardien favori. Ceci étant dit, tout n’était pas sombre. En effet, j’avais eu la chance de mettre la main sur un ouvrage à la valeur inestimable et, ce jour-là encore, j’en parcourais les pages avec une curiosité avide et le sentiment qu’une des plus grandes découvertes de ma vie m’attendait peut-être deux pages plus loin. Et non, je ne lisais pas l’horoscope, mais bien le cahier de notes de Sakuga ! Il y faisait l’étalage de maints plans et schémas qui lui étaient venus au fil des ans et, plus que du simple travail intellectuel, je m’amusais à comparer l’évolution de son écriture et à tenter de deviner où il était, et dans quelles circonstances il se trouvait, lors de la rédaction de ses entrées. Ma concentration était telle que j’en manquai presque l’entrée de l’infirmière qui, toute souriante, n’attendait que de me partager des ragots. Pire, elle ne se fit pas prier pour me les raconter, me déconcentrant et m’arrachant une moue agacée alors que je rangeais le précieux ouvrage dans le tiroir de ma table de chevet avant de verrouiller ce dernier.

« Je crois bien que si je ne l’avais pas vu moi-même je n’y aurais pas crû ! Il est encore plus grand que je l’imaginais. Et plutôt bel homme dans ce manteau, si tu vois ce que je veux dire. Si seulement il prenait le temps de s’asseoir et de discuter avec nous, les infirmières, comme il le fait avec les patients ! Un homme de son grade, il doit forcément avoir beaucoup d’argent…. J’ai entendu dire qu’il avait beaucoup d’îles aussi ! »

« Huh, sympa…. »

« N’est-ce pas ? N’empêche, ce que je donnerais pour que l’Amiral me kidnappe pour m’emmener dans le ciel et faire de moi sa— »

Jusque-là, je me fichais un peu de ce qu’elle racontait m’voyez ? C’est que mon cœur à moi il était déjà pris et que je n’en avais pas grand-chose à faire qu’un autre mec soi-disant bien placé, grand et séduisant vienne faire les rondes de l’hôpital. Ceci étant dit, l’infirmière en avait juste assez dit pour que je me redresse dans mon lit tel une flèche, prête à bondir tel un chien de chasse. Amiral ? Plusieurs îles ? Ciel ?

« Attendez, c’est Ghetis ?! L’Amiral Kurohebi est ici ? Pour de vrai de vrai ?!? »

« Ghetis ? Oooh, le prénom hein ? Vous ne m’aviez pas dit que vous le connaissiez… »

Ah ? Euh…. Euuuuuuh !! Ça c’était pas prévu. Le regard de l’infirmière venait de changer du tout au tout et un sourire malsain éclairait à présent ses traits devenus vachement inquiétants. Elle s’était rapprochée de moi avec son énergie de commère qui lui sortait pratiquement de derrière le dos en tentacules menaçantes. J’aurais presque pu jurer l’avoir entendu glousser alors qu’elle posait une main sur le bord de mon lit et s’asseyait à mes côtés pour débuter son interrogatoire. Vite, je devais m’échapper !!

« Ah euh oui, vite fait, mais pas tant que ça vraiment je vous jure… Maintenant si ça ne vous dérange pas je vais juste euh, j’en ai pour deux minutes, je dois aller faire pipi. »

« Une petite minute, Colonel, vous ne pouvez pas marcher sur votre jambe encore, vous devriez le savoir. Allons, juste une ou deux questions, ça ne fera pas mal, promiiiiiis. Hehehehehe ! »  

À l’aide. Pitié. Sauvez-moi ! Ghetis, sauve-moi ! Ah, mais oui !!

« Ghetiiiiiiiis !! »

« Huh ? Mais allons, vous n’allez quand même pas crier dans un hôpital comme ça et déranger les autres patients ?! »

« J’vais me gêner tiens ! C’est vous qui n’avez pas le droit de garder les gens en otage comme ça !! GhetiiIIIIIIIsSS !! GHETIIIIIIIIIIIS !!!!!! »

« Non, mais ça va pas ?! Ne me forcez pas à employer un tranquilisant, je vais le— »

« Gheeee-TIIIIIIIIIIIIIS !!!!! Je suis iciiiiii !! »

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3

[center]


Lorsqu’il décida de partir en quête du poste d’amiral, Ghetis ne se serait jamais douté de l’attachement qu’il porterait à cette communauté qu’était le Gouvernement Mondial. Il avait toujours vu l’institution comme un bon moyen de garantir la paix au plus grand nombre, d’offrir un ordre à cette vie pouvant vite devenir lieu de cauchemar. C’est en cela qu’il partageait les idéaux du Gouvernement, l’érigeant presque en religion. Néanmoins, la vie lui montra doucement les vices de l’institution et il comprit rapidement qu’il ne s’agissait pas d’une religion, mais bel et bien d’une organisation avec ses défauts et ses qualités. Des défauts et qualités qu’il fallait améliorer avec le temps, qu’il fallait peaufiner. Par la suite, il vint à s’attacher au peuple de ses îles, le poussant à s’attacher au peuple aux vies humaines externes à sa petite famille. Sauver l’ensemble des hauts-gradés de l’assaut du Pluton lui avait montré son impact sur la vie d’autrui et c’est ce qui le conduisit à vouloir protéger chaque individu du Gouvernement, c’est ce qui le poussait à chercher comment régler de façon amicale cette guerre entre Néo-Marine et Constantinisme.

Malgré tout, cela n’était pas à l’ordre du jour, s’occupant des soldats, les remerciant avec sincérité, il devait d’abord veiller sur les siens, aujourd’hui. Il est vrai qu’il aurait dû penser au personnel soignant et peut-être le ferait-il si on le lui disait.

Discutant avec les soldats, le remerciant d’une poignée de main ou d’une étreinte selon les envies de chacun, il se montrait très présent. Il n’y avait pas religion, uniquement de valeureux héros.

Alors qu’il discutait avec  une jeune soldate, le brun entendit alors son nom être crié dans les couleurs. La voix lui disait quelque chose, mais était encore étouffée, ainsi, il demanda à la demoiselle de l’attendre un instant et s’approcha de la porte, quittant la pièce, il referma celle-ci derrière lui.

- M-Mais… ?

Cette voix lui paraissait bien plus claire désormais.... Penelope ? Que faisait-elle là ? Elle avait participé à cette bataille ? En quel honneur ? Cela paraissait bien étonnant. La miss Ainsley avait-elle gravis les échelons ? La mission était tout de même périlleuse et il ne doutait qu’une banale recrue ait été envoyée là-bas. Cependant, elle possédait le Gura Gura No Mi, donc elle n’était pas frêle, au contraire.

Allant lentement vers la porte d'où semblait venir la voix, il ouvrirait alors la porte et tomberait alors sur une Penelope assise sur son lit d'hôpital. Il pourrait ainsi constater quelques bandages éparses sur sa peau et un plâtre à sa jambe.

- Penelope !

Avait-elle été sur un des navires de son opération ?  Non, avec un tel pouvoir il l’aurait remarqué facilement. Ghetis paraissait si étonné, il ne savait même pas comment réagir. Eux qui avaient toujours été si discrets, il ne comprenait pas pourquoi la demoiselle se « donnait en spectacle » cela le surprenait.

D'un pas hâtif il arriva rapidement à son niveau, posant instinctivement une bain sur ses bandages. Ils semblaient assez propres, donc elle ne saignait pas abondamment. Cela paraissait logique, elle était entre de bonnes mains ici. De ce fait, Ghetis passa d'un homme inquiet à un léger sourire.

Il lui manquait tant que ça pour qu'elle se permette de crier son nom ? Cela en devenait mignon, quand bien même son corps semblait avoir subis une rude épreuve.

- Tu étais aussi sur une opération pour l'assaut contre la Triade ? Ce n'était pas mon unité on dirait...

Cependant, un élément le surprit, comment savait-elle qu’il était ici ? Le bouche à oreille allait si vite, les soignants et patient s’étaient déjà donner le mot ? Ghetis ne cessait d'être étonnant en découvrant l'impact de son grade sur sa hiérarchie sociale et professionnelle. Lui qui avait été déclamé si longtemps, il était désormais reconnu...

- J’espère que tu n’as rien de grave. On dirait que tu es en voie de guérison.

Voyant également l’infirmière qui semblait vouloir la raisonner, il dirait avec le sourire :

- Vous avez besoin d’aide ?

La Couronne

Pour être honnête, je n’avais pensé à rien d’autre qu’à la présence de Ghetis. L’idée de le revoir, de lui parler, de le serrer dans mes bras. Il ne m’était même pas venu à l’esprit que je pouvais lui attirer des problèmes ou donner la mauvaise impression à ceux qui assisteraient à la scène. Même les menaces de l’infirmière n’avaient pas réussi à me décourager et la seule chose qui me retenait dans mon lit était le plâtre à ma jambe droite. Heureusement, par miracle ou par hasard, ma voix avait réussi à attraper la bonne oreille et, très vite, une grande silhouette brune fit son apparition dans ma chambre d’hôpital pour mon plus grand soulagement. Penelope !

« Ghetis… »

Digne d’un soap opéra, j’vous jure. Mais bon, quand on est en plein dedans on ne se rend pas compte de ces choses-là. On est juste content de revoir un être cher indemne après une opération militaire de vaste envergure et c’est tout. Ce sentiment semblait d’ailleurs partagé puisque, sans attendre, le brun était accouru à mon chevet pour mieux prendre connaissance de mon état. Sa main chaude se posait contre mes bandages et je ne pu m’empêcher de froncer les sourcils, encore sensible à ce genre de contacts aux endroits que Dihark avait particulièrement malmenés. À la place, je guidai doucement ses doigts vers ma joue, ma peau se blottissant dans sa paume alors que je fermai les yeux l’espace d’un court moment pour me perdre dans cette sensation réconfortante.

« Oui, je faisais partie de l'unité chargée de l'attaque sur Isopu. J'ai même cassé quelques dents à une Supernova, mais elle me l'a bien rendu comme tu peux le voir. »

J’ouvris les paupières, lui offrant un doux sourire lorsqu’il releva que je ne semblais avoir rien de grave et que j’étais en voie de guérison. Le simple fait de le voir se tenir là, en bonne santé, était un tel soulagement qu’il était impossible de le décrire avec de simples mots. Cette sensation, je désirais la lui partager. Lui faire savoir à quel point j’avais été inquiète pour lui. Lui faire savoir à quel point son bien-être m’importait malgré moi.

« Rien de grave, non. Et on dirait bien que toi non plus, on dirait que tu reviens d’une simple promenade de santé. Quoi que j’aurais dû m’en douter, t’es le plus fort après tout, non ? »

Cul cul ? Et alors, je ne vous ai rien demandé ! Ceci étant dit, je devrais me compter chanceuse que l’un de nous deux soit encore capable d’avoir les bonnes priorités et de s’adresser à l’infirmière. Toujours présente, elle s’était fait discrète dans un coin sitôt que Ghetis avait prononcé mon prénom, se dissimulant derrière mon dossier médical comme pour passer inaperçu et épier la scène se déroulant devant elle. Pire encore, je sursautai en réalisant qu’elle était toujours là après l’intervention du grand brun qui lui avait demandé si elle avait besoin d’aide. Je ne fus d’ailleurs pas la seule à être prise par surprise puisque, une fois apostrophée, la dame s’empressa de se racler la gorge et de replacer mes documents à la hâte pour mieux se diriger vers la sortie au petit pas de course.

« Non non, tout va bien ! Merci Amiral Kurohebi, j’allais justement partir. Oh et, à plus tard, Colonelle Ainsley. »

Mais mais mais mais maIIIIIIIS !!! À peine la porte se refermait-elle que ma réaction se faisait entendre, bien dramatique et un brin ridicule pour ne pas changer.

« Noooon, je l’avais complètement oubliée celle-là ! Dans moins d’une heure tout Marine Ford sera au courant ! J’ai merdééééé et en plus elle va revenir me voir et me harceler pour avoir des détails ! Si ça se trouve elle va même me faire du chantage avec mon anti-douleur cette harpie oh là là ma vie est fichuuuue ! Et la tienne peut-être aussiiii !! »

J’étais tellement rouge, et tellement honteuse, que je n’avais pas pu m’empêcher de cacher ma tête de tomate sous ma couverture pendant mon petit monologue du désespoir. Et encore, je surchauffais tellement des joues que je n’aurais pas été surprise que de la fumée s’échappe de ma cachette, trahissant mon état émotionnel.

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3

Ghetis n’avait pas réellement l’habitude de voir Penelope agir ainsi, en vérité il ne l’avait vu que deux fois et il ne pouvait qu’avoir une image assez étroite de sa personnalité. Il ne la connaissait pas au sens large du terme. De ce fait, il était très étonné de la voir pleine d’énergie publiquement. Elle qui était marié, lui qui était engagé dans une relation, malgré son libertinage assumé, la situation en était assez particulière.

Lorsqu’elle révéla l’unité dont elle faisait partie, l’Archer fut songeur et marmonna simplement :

- Ah oui, l’unité des Kruz… Eux-aussi sont partis…

Il ne les connaissait pas personnellement, il avait interagi brièvement avec le vice-amiral Kruz au sujet d’Etsu lorsqu’il fallut la transférer au sein de la Division Scientifique, rien de plus. L’homme appartenait au Constantinisme, c’était une information connue et la seule dont il disposait. Malgré tout, il ne pouvait qu’y voir une perte…

Il avait également appris la présence du Keigo là-bas, mais ne s’en formalisa guère, de la même façon qu’il avait appris la présence de Meredith. Finalement son poing se sera plus fortement, l’aura royale revenant doucement envelopper son corps, cette énergie bleutée… Elle vint ensuite à disparaître…

- Hokoto Kira…

Soufflant doucement, il secoua la tête, avant de porter à nouveau son attention sur la situation.
Il aurait dû réagir à la chaleur des joues de la demoiselle, il aurait dû réagir à sa douceur, mais il ne le pouvait pas. Devenu comme insensible, comme imperméable, sa voix intérieure n’était que haine froide. Il aurait probablement retrouvé sa joie de vivre d’ici plusieurs semaines, mais actuellement cela était peu probable.

Feignant un léger sourire lorsqu’elle lui fit remarquer que lui n’avait rien, le brun eut un demi-sourire, hochant simplement la tête à la remarque. Elle était assez amusante cette Penelope c’était un fait. Son évidente douceur savait ravir l’âme de l’Archer, même triste il voulait y réagir positivement, sans pour autant y parvenir réellement.

Lorsque l’infirmière amorça un départ, il vint se tourner vers elle et lui offrit un franc sourire, les yeux fermés, avant de la remercier.

- Merci de prendre soin de tous nos héros.

Alors il porta à nouveau son attention sur la Rose, comprenant sa réaction, il était assez étonné de la voir se mettre dans de tels états. Passant sa main dans sa chevelure, il eut un fin sourire et dit :

- Ne t’en fais pas, j’offre une attention particulière à chaque soldat de cette opération, alors rien ne pourrait être mal interpréter. Après tout il avait offert des étreintes à d’autres individus depuis son arrivée dans l’hôpital.

Voyant qu’elle allait bien, il arrangea une mèche de la demoiselle derrière son oreille puis la regarda avec apaisement. Son visage le réconfortait, il lui rappelait Itab, ce beau village, il lui rappelait.

Penelope Ainsley, mariée et mère d’une petite fille. Elle aussi avait des responsabilités, des êtres sous sa protection. Elle comptait pour plusieurs personnes qui pourraient pleurer sa mort si elle venait à survenir un jour. Pire que tout, elle avait un être issu de sa propre chaire, un être qui dépendait encore plus d’elle, un être qui souffrirait encore plus de sa disparition, tout comme Ghetis souffrit de la disparition de Noctis.

- Bien, je suis content de voir que tu vas bien et encore plus d’apprendre que tu es passée Colonelle apparemment. Tu n’es plus qu’à un grade de notre petit « défi » disons. Je suppose que tes maîtrises du Gura et du Geppou ont dû s’améliorer.

Alors d’un geste lent, il viendrait tapoter sur son armure qui se retirerait en une petite taupe allant finalement dans son manteau. Par la suite, sa main irait dans le dos de la demoiselle et la ramena contre son buste, la serrant contre lui avec tendresse. Avec le mètre qu’il avait en plus qu’elle, Ghetis paraissait d’autant plus imposer qu’elle était assise…

- Je ne peux pas rester très longtemps je dois m’en aller, mais prends soin de toi Penelope. J’ai hâte de te retrouver en des temps plus calmes…

Venant rompre l’étreinte il lui adresserait un sourire emplit de mélancolie, avant de tourner les talons…

Non, il n’était pas heureux de la voir.
Il était surpris.

Il aurait préféré la voir dans d’autres circonstances, il aurait aimé la prendre dans ses bras et observer un cours d’eau avec sobriété. Néanmoins, ce jour n’était pas au bonheur, alors il préférait partir tant qu’il était encore dans cette négation. Ghetis avait toujours protégé les siens du négatif. Ne les protégeant pas uniquement des dommages physiques, il protégeait leur mental, leur réputation et bien plus encore.

Le Bon Tyran…

La Couronne

Je m’étais attendue à une taquinerie, à un signe de notre complicité habituelle. Pourtant, celle-ci ne vint pas. C’est là que je commençai à réaliser pleinement l’ampleur des blessures que portait le Kurohebi, par-delà les regards, au fin fond de son cœur. Comme j’aurais aimé en savoir plus, en percevoir plus. J’aurais aimé savoir quoi dire, quoi faire pour l’apaiser et le réconforter comme lui le faisait avec ces innombrables soldats qui occupaient présentement l’hôpital de Marine Ford. Si seulement j’étais meilleure, si je savais faire usage de ce que j’avais tout récemment éveillé pour deviner les tréfonds de ses pensées comme lui l’avait maintes fois fait avec les miennes. Pour l’heure, néanmoins, je ne pouvais que chercher mes mots à l’aveugle alors qu’il me serrait dans ses bras en une étreinte au goût d’au revoir.

« Ghetis… »

Il ne pouvait pas rester longtemps, ayant beaucoup à faire. Sans doute d’autres soldats à visiter, des infirmières à qui serrer la main et que savais-je d’autre encore. Le grand brun était Amiral après tout et jamais n’avais-je ressenti si profondément la distance que creusait ce titre entre nous. Il disait avoir hâte de me retrouver et, déjà, le chemin de la sortie l’appelait. Nos retrouvailles auraient été brèves et, sans doute, une femme plus sage aurait-elle accepté d’en rester là. Une autre aurait simplement courbé l’échine face au poids des devoirs de l’Archer et l’aurait laissé retourner à ses occupations car, en théorie, plus vite il en avait fini et plus vite il pourrait prendre soin de lui-même. Peut-être aurais-je simplement dû lui souhaiter bonne chance, lui dire que j’étais de tout cœur avec lui ou quelque chose dans ce genre-là. Mais bon, si j’étais comme les autres femmes ça se saurait.

«  Le mensonge ne te sied pas, Ghetis. Comment peux-tu dire porter attention à chaque soldat alors qu’il y en a un dont tu t’efforces d’ignorer sciemment la douleur ? »

Cette question, j’avais eu du mal à la poser. Je sentais les larmes perler au coin de mes yeux, mon cœur se serrer à la crainte qu’il poursuive simplement son chemin. Après tout ce temps passé à le garder en mes pensées, à m’inquiéter de son bien-être et à ne souhaiter rien de plus que de le voir me sourire à nouveau, ne pouvais-je pas le réconforter ? Tout cela n’était-il donc qu’une aventure sans lendemain, dénuée de sentiments profonds et d’amour ? Pas pour moi. Jamais.

« Aurais-tu déjà oublié ? L’Amiral Kurohebi n’a pas sa place entre nous, qu’il parte vaquer à ses devoirs. Tout ce qui m’intéresse, c’est l’homme que tu es vraiment. L’homme que… qui m’importe plus que tout autre. Celui auquel j’ai pensé chaque jour depuis l’instant même où j’ai su qu’il prendrait lui aussi sa place sur le champ de bataille. Enfin, non, c’est pire. Celui auquel j’ai pensé pratiquement chaque jour depuis que je l’ai rencontré. »

Je respirai profondément, tentant tant bien que mal de retenir mes émotions pour ne pas simplement me mettre à pleurer franchement. Pour ne pas laisser tout mon amour pour lui déborder en un capharnaüm pathétique qui ne ferait que l’éloigner plus encore. Il me fallait rester forte, mais douce. Lui montrer que j’étais capable d’encaisser ses propres fardeaux et de lui offrir le réconfort qu’il s’interdisait jusqu’à présent.

« Si ces rares moments que nous avons pu passer ensemble ont compté autant pour toi que pour moi alors… Reste. Reste et laisse moi te prendre dans mes bras. Reste et laisse-moi t’embrasser les joues jusqu’à ce que ta dernière larme ait coulé. Laisse-moi ressentir ta douleur comme si elle était mienne et t’offrir tout ce que j’ai et tout ce que je suis pour t’en soulager. S’il-te-plait, Ghetis. »

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3

La pièce en elle-même ne trouvait guère de sens. Au sein de cette chambre, il n’y avait que le lit de l’Ainsley, sans doute à cause de la gravité de sa blessure à la jambe. Pourtant, la pièce sembla se vider en un instant. Il n’y existait plus rien, hormis deux êtres l’un dans l’ombre, l’autre dans la lumière. Cette pièce devenue dimension brumeuse, elle n’avait plus aucune limite, pus aucun mur, elle semblait perdue dans le néant.

Le mensonge... ?

Il ne mentait pas, il devait s’occuper de ses soldats et il était content de la savoir en bonne santé. Il espérait la revoir un jour de calme, ce qui paraissait assez normal. Alors, non, il n’avait aucunement menti. En revanche, se considérait-il comme l’un des soldats de son armée ?

Il s’agissait là d’une bonne question. De quelle douleur parlait-elle ? Celle qui se mêlait à la haine ? Celle qui réclamait destruction ? Il ne l’ignorait pas,  il la calmait, il la temporisait, il réfrénait ses ardeurs, dosait ses pulsions…

L’Amiral Kurohebi…

Etait-ce lui qui se mettait en travers de Penelope et Ghetis ? Elle désirait l’homme qu’il était vraiment ? Comment pouvoir désirer cela d’une personne se définissant dans plusieurs rôles ?

- Soldat… L’homme qui t’importe le plus… Celui auquel tu penses chaque jour… Marmonnait-il

Le dos tourné à la demoiselle, l’Archer écoutait chacune de ses phrases. Pourquoi lui demander de rester et de quelles larmes parlait-elle ? Dans son existence Ghetis n’avait pleuré que deux fois.

Lorsqu’il dût capturer sa propre fille et lorsqu’il dût retenir son envie d’éliminer Yoko Ceresa. Il ne pleurerait pas dans les bras de la rose. Néanmoins, il comprenait qu’elle veuille sa présence, qu’elle désire qu’il soit présent… Alors il se retourna d’un pas…

Son regard se posa dans le sien… D’un pas lent il arriva à son niveau, puis baissa son visage à hauteur du sien, étant donné qu’elle était sur le lit.

- Penelope, je ne suis pas juste l’homme que tu as connu. Tu ne m’as vu qu’en dehors de mes obligations les plus importantes. Tu as vu Ghetis Archer et vaguement l’Amiral Kurohebi oui… Néanmoins, tu ne connais ni ma part vengeresse, ni ma part protectrice. Ces deux parts qui font de moi ce que je suis réellement.


Alors sa main imposant vint à sa gorge, se nouant autour d’elle, non pas avec pression, mais uniquement pour qu’enfin, Penelope Ainsley soit prise dans l’étreinte du serpent. Elle sentirait son corps devenir lourd, l’atmosphère devenir présente, tandis que l’ensemble de son être serait harcelé par la simple présence de cette chose….

Le Serpent Noir.


Tel le basilic, il paralysait l’entièreté de son corps, d’un regard oppressant il la ramenait à sa condition de simple humaine…

Oui. Il l’avait fait.

Dans une froideur folle, il avait relâché son fluide royal sur la Rose d’apparence si fragile. Dosant la puissance de son aura pour simplement paralyser son corps. Cette pression dans le regard, cette sensation d’un poids s’abattant sur elle avec mesure afin de ne pas l’écraser complètement, comme si le démon se retenait, comme si le fossé entre le Ciel et la Terre devait rester secret.

- Le Dieu du Ciel, le père de famille, le protecteur. Celui étant prêt à tout pour la prospérité de son peuple et de sa famille. L’aspect le plus héroïque sans doute, mais pourtant le plus déterminé. Ce rôle qui me rend si triste lorsqu’une part de mon peuple est blessée ou tuée.

Sans aucune annonce, sans aucune phrase, le visage du brun se couvrit entièrement de ténèbres, le fluide offensif prenant place jusqu’à ses pupilles, les couvrant de noir pour ne garder qu’un fin trait, tel les serpents.

- Kurohebi, le véritable Serpent Noir, pas l’amiral. Cette part en moi qui me permet d’éradiquer l’ennemi, d’appliquer mes désirs de vengeances dans toute leur grandeur. Cet aspect même qui me permet d’ôter la vie de milliers d’ennemis, puis dormir la nuit.

Cette chose noirâtre à l’aura presque démoniaque.

Etait-ce un le Dieu du Ciel ou des Enfers ?

Si le ciel était le paradis, le jaridn d’Eden, alors n’en était-il pas… le serpent ?

Etait-il Adam n’ayant point trouvé Eve ou était-il le serpent ayant vaincu l’humanité ?

Alors ses deux mains vinrent se saisir du visage de l’Ainsley, les pouces juste sous ses yeux, les autres doigts le long de ses joues jusqu’à ses cheveux. Le regard planté dans le sien, toute la noirceur de l’Archer inondait la pièce. Pourtant, il se retenait, il n’avait déchaîné qu’une infime part de ce qu’il était.

- Es-tu certaine que je suis l’homme ayant occupé tes pensées si longtemps ? Es-tu certaine de vouloir de moi dans tes bras ? PENSES-TU REELLEMENT……… Penelope Ainsley. Que tu puisses accepter une telle chose dans ta vie. Un être dont la seule limite est sa famille. Comment pourrais-tu vivre avec moi sans craindre d’être corrompue ?

Son visage vint se coller front contre front au sien et d’un regard plus perçant que jamais, il emploierait les mots les plus percutants possibles.

- Penelope Ainsley. Même mes enfants n’ont pas conscience de tout cela. Pourquoi toi, tu pourrais vivre avec ? Serais-tu éprise d’un être aussi mauvais ? Est-ce de l’amour ? De l’affection ? Du désir ? Qu’est-ce ?

Elle pensait connaître le vrai Ghetis Archer ? Elle désirait qu’il pleure dans ses bras ? Elle souhaitait qu’il laisse de côté sa casquette d’amiral avec elle ? Elle pensait à lui constamment ?

Pourquoi, pourquoi la rose perdait ses épines face au serpent ?

La Couronne

Penelope, je ne suis pas juste l’homme que tu as connu. Évidemment que non puisque, au total, nous n’avions partagé qu’une poignée de journées, et de nuits, ensemble ce qui ne suffirait jamais à connaître l’entièreté d’un autre être. Toute une vie ne suffirait même pas puisque j’étais d’avis que les gens changeaient en permanence. C’était un travail de toute une vie, des efforts qui se devaient répétés et un lien qui ne saurait être pris pour acquis. Mais j’avais déjà joué mes cartes et, à présent, il était son tour de jouer sa main. C’est d’ailleurs ma gorge qu’il jugea comme étant l’endroit le plus judicieux pour poser les doigts. Bien sûr que ma première réaction fut la confusion, suivie de près par la panique. Que faisait-il et pourquoi ? Je m’attendais à ce qu’il serre, à ressentir une pression étouffante et effrayante, mais il n’en fit rien. Ghetis ne faisait que me tenir, tout bêtement et sans raison, et cela ajouta presque à ma confusion. Je n’eu pas l’occasion de le questionner, néanmoins, puisque l’oppression se manifesta bientôt de manière immatérielle et, pourtant, omniprésente.

Mes poumons s’étaient comme immobilisés dans ma poitrine. Mon corps tremblait sous le choc de cet étau invisible qui me compressait telle une fourmi sous une botte. Il ne se cachait aucun réconfort dans ses yeux vairons, aucune trace de la douceur qu’il m’avait offerte jadis. Ces fentes entourées d’un noir malsain qui pulsait contre sa peau, le recouvrait et le dissimulait à mes prières silencieuses. Cet aspect même qui me permet d’ôter la vie de milliers d’ennemis, puis dormir la nuit. N’étais-je donc qu’une simple vie de plus à faucher ? Qu’une femme de passage sans importance dont la vie ne comptait au final pas tant que ça ? Je ne voulais pas y croire et ce même lorsque cette vérité posait ses mains sur mes joues et me forçait à la regarder en face. Non, ça ne pouvait pas être ça. J’avais demandé à voir sa douleur, à la partager avec lui et à pouvoir l’épauler, le réconforter. Voilà l’explication, il ne faisait que se dévoiler. C’était sa façon d’être vulnérable, de me laisser entrevoir la profondeur des dommages laissés par la Triade et par maints autres ennemis avant eux.

Cet homme capable de génocide… Tels avaient été les mots de Sakuga. Je les avais entendus, les avais compris et, pourtant, avais choisi de les ignorer. Toutes ces rumeurs, cette réputation d’être sombre et dangereux, j’avais choisi de faire la sourde oreille. Je m’étais abandonnée à lui sans craindre quoi que ce soit, comme si j’étais invincible ou, au contraire, comme si je voulais qu’il me détruise au creux de sa main. J’avais envie de vomir, mais encore et toujours il poussait plus loin, posait son front contre le mien pour me refuser tout échappatoire. Pourquoi pourrais-je vivre avec ? Pourquoi l’aimais-je alors que, au fond de moi, j’avais toujours su ? N’avais-je pas peur d’être corrompue ? D’être souillée de toute cette noirceur meurtrière et dangereuse ? Avais-je été stupide au point de croire qu’il était seulement incompris, qu’il avait juste besoin d’un peu plus d’amour jusqu’à être guéri de ses propres actes et de sa propre conscience ? Pour qui me prenais-je donc ? Qu’en était-il des limites saines ? D’accepter qu’on ne peut pas changer autrui et que certaines personnes sont trop destructrices pour rester dans nos vies malgré tout l’amour qu’on leur porte ? La chose à faire, la seule vraie option, c’était de le chasser d’ici et espérer ne plus jamais le revoir. Limiter les dégâts avant d’atteindre le point de non-retour.

C’est à cet instant que je réalisai que je pleurais. Que mes mains avaient elles aussi trouvé place sur ses joues malgré l’aura de pouvoir qui faisait barrière entre ma peau et la sienne. Ne plus jamais le voir… Ne plus jamais entendre sa voix ou sentir sa peau contre la mienne. Ne plus jamais l’entendre me taquiner ou me parler avec chaleur de tous ces gens qu’il désirait protéger. De ses pop-greens conçus spécifiquement pour soulager toute une population en temps de crise. Ses actes trahissaient sa bonté. Même si ce monstre était son véritable visage, il n’effaçait pas ses actes. Ses décisions. Ses bienfaits. Mais un monstre reste un monstre, n’est-ce pas ? Alors pourquoi désirais-je tant m’accrocher à lui et le garder près de moi ?

Peut-être étais-je inconsciente ou folle. Comment, autrement, pourrais-je désirer me perdre en lui sans même me soucier de tout le sang qu’il avait fait couler ? Sans me soucier des vies qu’il avait détruites et qu’il détruirait sans doute dans l’avenir ? Comment pouvais-je lui faire confiance alors que tout mon corps tremblait d’une peur sans nom ? Parce que je le voulais. Cette noirceur, cette corruption, cette force si grisante et terrifiante. Tout cela, je le désirais. Toute ma vie j’avais été si sage, si obéissante. J’avais marié celui qu’on avait choisi pour moi, j’avais étudié la médecine comme tout le reste de ma famille avant moi et ainsi de suite. Cette vie, je m’étais évertuée à la détruire, à lui marcher dessus et à la broyer à chaque occasion qui m’étais présentée. J’avais abandonné ma famille, quitté Ironfall, trompé mon mari et maintenant retenir Ghetis ne serait qu’une nouvelle mauvaise décision dans cette même lignée. Depuis que j’avais été maudite par le Gura Gura no mi, rien n’était épargné. Je détruisais tout sur mon passage, réduisant cette ancienne vie aux cendres pour devenir maîtresse de cette destinée tordue et illogique. Cela pouvait-il vraiment être considéré comme de l’amour ? Ou n’avais-je été qu’une égoïste s’étant amourachée simplement pour profiter de lui afin de dérailler ce qu’il restait du parcours de ma vie ?

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3

Dans la psyché de cette femme, il n’était qu’une version édulcorée de l’Archer, une belle version. Celle dont on oubliait la part d’ombre. Ghetis n’était pas un homme mauvais, mais il fallait accepter le fait qu’il ait causé le malheur d’autrui.

Penelope Ainsley avait découvert les beaux aspects de Ghetis et aujourd’hui en découvrait les mauvais. Il se révélait à elle sous un nouveau visage. Le visage du maudit, celui du démon, celui du Serpent Noir.

Non pas l’Amiral Kuohebi, mais bien le « Kurohebi » uniquement.

Que représentait la Rose face au Serpent, existait-elle réellement ? Représentait-elle un obstacle ? Une aide ? Ou le néant ?
Bien souvent un visage souriant cachait un être triste et Ghetis n’y faisait pas exception. Il se couvrait d’un masque de bonheur, mais la moindre faille l’ébranlait et réveillait ses démons intérieurs. La différence étant que cette fois-ci, il ne parvenait plus à contenir la chose. Une sorte de haine naissait en lui, une envie d’éradiquer la criminalité afin d’être enfin tranquille.

Il pensait qu’être Amiral lui offrirait une situation stable, il pensait qu’être Lieutenant-Général lui offrirait la tranquillité, mais il se fourvoyait… Qu’importe sa position, le problème de la criminalité resterait le sien, d’autres vies seraient sacrifiées sous ses yeux et il serait impuissant face à cela.

Lui, le dieu du ciel, le maître de l’arène, le Bouddha du Kenbun Shoku No Haki….

- Des larmes… Marmonna le brun….

Les yeux de la demoiselle laissant quelques gouttes perler avant de rouler jusqu’aux mains du maudit. Elle pleurait, à cause de lui ? Non, il ne voulait pas la blesser, il ne voulait pas la briser, c’est pour cela qu’il n’avait pas été violent physiquement…

Son visage couvert par les ténèbres, son aura impétueuse, tout cela n’était que le fruit de sa peine mêlée à sa haine. Néanmoins, il ne voulait point la faire pleurer, il tenait à elle, oui….

Ce visage noir, ce démon évident, cette incarnation même de ce qu’on imaginait comme le « diable », le « malin », « the devil »… Cet homme qui était « un serpent » représentait ce qu’était un humain marqué par ses décisions trop franches…

Alors sans qu’il ne le contrôle, sans qu’il ne le sente, le démon commença…


Il commença à pleurer.

- Non, non, ne pleure pas Penelope, s’il te plaît ne pleure pas je t’en prie, je ne veux pas te faire de mal, j’ai besoin de toi. La voix chancelante, l’air inquiet, Ghetis allant sécher les larmes de la demoiselle avant de la regarder avec les mêmes larmes…

- Je… Je…

Dans cette pièce, telle une accalmie, le temps sembla s’arrêter, le pouvoir royal s’estompa et c’est dans un silence pesant que le brun prit la demoiselle dans ses bras, la serrant contre lui. Laissant une sorte de calme s’instaurer, son visage encore ébène, c’est pourtant plein de larmes que sa voix s’exprima pleinement.

Hijiri No Nouhau.

Par son haki de l’observation, le brun avait pour habitude de « crier » aux oreilles des personnes autour de lui, ne leur laissant qu’un brouhaha assourdissant et perturbant. Cependant, cette fois-ci, la chose fut très différente. Sa voix était douce, calme, posée, tout en étant omniprésente. Il l’avait fait de façon inconsciente, mais l’Archer offrait à Penelope l’occasion de l’entendre, de ressentir sa tristesse, de comprendre sa haine, mais aussi percevoir ses peurs.

- J’ai toujours pris les vies d’autrui sans me questionner. Je jugeais ma cause juste. Mais, si mes hommes peuvent être éliminé en un instant, alors que leur cause est louable… Comment savoir qui est mauvais. Comment savoir si ma cause est noble ou non… Peut-être que je ne vois pas la noblesse de leur cause… Pourquoi subitement mon esprit me demande de les haïr, d’haïr les criminels. Je suis peut-être réellement le mauvais, la personne qu’on ne peut aimer, car il crée en vérité le mal. Mon comportement pourrait causer le malheur de mes enfants, de mon peuple…

C’était ce sentiment étrange.
Impuissance, face au besoin de protéger les siens.
Perturbé, face à la possibilité que sa cause ne soit pas plus honnête qu’une autre.
Inquiet, d’être une mauvaise personne, d’être un fléau pour sa famille.

Ce calme, cette douceur mêlée à la tristesse, elle saisissait l’atmosphère avec prestance.

La Couronne

J’étais encore sous le choc lorsque la pression exercée par l’aura de la bête se résorba. Il n'avait fallu que quelques larmes pour faire redescendre Ghetis sur terre et le faire se sentir coupable. Le faire pleurer à son tour en s'excusant, en me disant avoir besoin de moi. Si j'avais été juste un peu plus jeune, un peu plus bête ou plus naïve peut-être, j'aurais bu ses paroles comme de l'eau. Sans doute aurais-je même été touchée par sa douleur, sa tristesse maintenant omniprésente dans la pièce. J'aurais rationalisé la chose, me serais dit qu'après tout c'était ma faute puisque j'étais celle ayant insisté pour qu'il s'ouvre à moi. J'aurais été désolée pour Ghetis, je l'aurais serré dans mes bras pour le réconforter tel un gamin maladroit qui venait d'abîmer son jouet par mégarde et je lui aurais dit que tout irait bien. Qu'il ne m'avait pas perdu, que tout était pardonné et oublié. Mais je n'étais pas une adolescente, je ne l'étais plus depuis très, très longtemps.

J'eu besoin d'un court moment pour me recomposer, me calmer et tenter d'essuyer mes propres larmes. Il me fallait me détacher de la situation, ne pas laisser mes sentiments pour cet homme m'aveugler et me faire accepter sa conduite. Tout comme je l'avais fait pour Sakuga, je me devais de le tenir en plus haute estime que ça, d'attendre plus de lui justement parce que je l'aimais tant et que je croyais en lui du plus profond de mon coeur. Je n'avais peut-être jamais conquis d'île, on ne tremblait pas face à mon nom sur la moitié des mers de ce monde, mais il y avait une chose que moi et moi seule savais faire. Je possédais un pouvoir qui n'appartenait à personne d'autre et qui me permettait de me tenir droite et fière face aux hommes les plus puissants que je connaissais sans timidité aucune. Telle était ma force et, selon moi, la raison pour laquelle Ghetis avait tant besoin de moi.

La Clairvoyance, n'est-ce pas, Sakuga ?

« Ghetis... On appelle ça avoir de l'empathie. Réaliser que ta cause n'est pas plus juste que celle d'un autre c'est important, c'est vital. Si tu t'y accroches et que tu apprends à accepter cette douleur et cette incertitude, tu en seras un meilleur homme et un meilleur leader. Ce n'est pas les criminels qu'il faut maudire, mais bien leurs circonstances. Comme toi ces gens ont des familles pour qui ils feraient tout et, quand la vie ne leur offre pas d'autres alternatives, ils préfèrent devenir destructeurs et vengeurs plutôt que de rester impuissants. Et je sais que tu sais tout ça, parce que tu as fait la même chose. Tu as préféré rejoindre le Gouvernement Mondial pour te venger plutôt que de rester un anonyme de peu de moyens, incapable de se battre pour ce qui comptait le plus à ses yeux. Si tu veux éradiquer ces menaces alors il te faut offrir un espoir à ces malfrats. Un logis, de la nourriture, de l'éducation ou même des soins médicaux, de la sécurité. C'est ce qui gardera la plupart des gens sur le droit chemin. Mais ça aussi, au fond de toi, tu le sais déjà. Tu n'aurais pas passé tant de temps et investi tous ces efforts dans tes pop greens si ce n'était pas le cas. Ces choses que tu fais pour prendre soin d'autrui, cette douleur et cette tristesse que tu ressens maintenant, c'est la preuve que tu es bon, que tu as une conscience et que tu es capable de mieux. Ceci étant dit… »

J’eu besoin de faire une pause, de respirer à nouveau profondément. J’aurais pu prétendre que cet intermède permettrait aussi à Ghetis d’intégrer mes paroles, mais cela aurait été mentir. C’était pour moi, pour m’ancrer et me faire violence pour poser mes limites et les imposer avec toute la force dont j’étais capable, quelques soient les conséquences. Il n’y avait qu’ainsi que ce que nous partagions, peu importe de quoi il s’agissait, puisse vraiment s’épanouir sainement dans le respect de tous les partis impliqués. Accepter ce qui m’avait été imposé avait été la source de presque toute la douleur de ma vie, de toutes les choses que j’avais fuis par le passé. Aussi difficile que ce soit, ou justement parce que c’était difficile, il fallait que j’y arrive.

« Ce que tu viens de faire était totalement irrespectueux et inapproprié, Ghetis Archer. Crois-tu vraiment que cette petite démonstration, que cette intimidation était nécessaire ? Me crois-tu naïve et stupide au point d’être aveugle à qui tu es ? Tu crois qu’on ne m’a jamais dit que tu étais capable, et même coupable, de génocide ?! Tu crois que je ne sais pas ce qu’il faut être capable de faire pour devenir Amiral ? As-tu vraiment si peu de considération pour mon intelligence et ma capacité à juger du caractère d’autrui ? Si tu as tant besoin de moi, si je compte tant que ça alors plus jamais tu n’useras de ta force pour m’intimider, me tester ou me faire taire, tu m’entends ? Tu vaux beaucoup, beaucoup mieux que ça. Tu n’es pas de ceux qui font le mal autour d’eux et s’excusent en pleurant pour que l’on pardonne et que l’on oublie. Tu n’es pas un gamin irresponsable. Tu te tiens droit, tu admets tes fautes et tu en assumes les conséquences pour ne jamais refaire la même erreur une seconde fois. Tu es un homme d’action, de preuves concrètes qui ferait tout pour protéger les siens. Impulsif parfois, qui ne sait pas faire dans la demi-mesure certes, mais toujours responsable et dévoué quoi qu’on en dise. C’est ça le Ghetis que moi je connais. Celui que je respecte et que j’admire, celui dont je prendrai la défense jusqu’à mon dernier souffle car son cœur est plus bon et plus aimant que ce que tous aiment prétendre, toi y compris. C’est lui…. Le Ghetis que j’aime. »

Je déglutis, ayant soudainement peur d’en avoir trop fait, trop dit. Mon regard se détournait, mon courage fondait aussi rapidement qu’il était apparu et je ressentais le besoin d’adoucir ma position.

« Enfin… je suis contente, même honorée et que t’ouvres à moi. C’est normal d’être dévasté après avoir autant perdu et je veux être là pour toi, ça je le pense toujours. Simplement… Même de toi il y a des choses que je ne peux pas accepter, tu comprends ? »

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3

De l’empathie ? En avait-il jamais eu pour d’autres personnes que ses proches ? Pas vraiment. La vie d’autrui lui importait peu, mais depuis la guerre de Marineford, il avait appris à apprécier chacun de ses soldats, ce qui en devenait problématique pour son bien-être. Il en venait à regretter l’époque où il venait d’entrer dans la Marine, l’époque où il n’était qu’un paria qu’on préférait avoir en allié plutôt qu’en ennemi.

Les criminels faisaient en réalité le même choix que lui, à la différence qu’ils ne rejoignaient pas le gouvernement, mais un autre organisme. Offrir un logis aux criminels, leur offrir de l’espoir ? Comment ça ? Elle ne voulait quand même pas qu’il s’occupe bien des criminels ? Non, peut-être qu’il fallait simplement offrir un cadre parfait à son peuple pour que jamais il ne songe à devenir des hors-la-loi, c’était ça l’ultime réalité.

Cette femme, cette Ainsley, elle avait cet impact qui effrayait tant le brun, il ne voulait pas qu’on puisse le sonder, c’est pour cette raison même qu’il réclama à ce qu’on puisse sceller toute forme d’hypnose sur son être. Néanmoins, Penelope agissait d’une façon que même cette barrière ne pouvait contrer… Le naturel.

Alors il écouta la jeune femme parler, jusqu’à ce qu’elle en vienne à le réprimander… Il n’avait pas cherché à l’intimider en vérité. Elle avait voulu voir, alors il lui avait montré qui il était, rien de plus. Cherchait-il à lui faire peur ? Pas vraiment. Il avait laissé s’exprimer sa personne dans la plus grande et malsaine liberté.

Génocide ? C’était donc de cela qu’on qualifiait ses actes ? L’Archer se posa un instant en pesant le poids de ce mot. Lui n’appelait pas cela ainsi. Il appelait ça la « guerre ». Il s’agissait là du tumulte naturel d’une nation face à une autre. Lorsque deux pays entre en guerre, parle-t-on de génocide à chaque fois que l’un d’eux gagne ? Il n’en était pas certain.

Néanmoins, cela venait probablement du fait que, pour faire la guerre, Ghetis ne prenait aucune pincette, comme le soulignait la Rose.

Le Ghetis qu’elle aime ?

Comment ça aimer. De quoi parlait-elle ? D’amour ? D’affection ? D’attache ? De sentiments ?

Il ne savait pas ce qu’elle ressentait pour lui, ni même ce que lui ressentait pour elle en vérité !

- L’empathie… C’est sans doute cela. Dans ce cas, il faut que je continue à faire grandir le royaume du ciel afin que son peuple soit heureux et que ce modèle soit perpétré partout.
Il vint à desserrer son étreinte, son visage noirâtre regardant la demoiselle, les larmes s’estompant, tandis que peu à peu, le haki semblait quitter sa peau.

- Je ne pleure pas pour que tu me pardonnes, mais uniquement car je n’aime pas blesser les miens. Ce que tu es. L’idée de faire du mal à ceux que j’aime me révulse…

Doucement le visage perdait ses ténèbres.
- Même si j’y ai été obligé par le passé. J’ose croire que cela n’arrivera plus. De même, je n’ai pas cherché à t’intimider, ni même à m’imposer à toi. Je t’ai simplement montré mon être, sous un jour que tu ne connaissais pas jusqu’à aujourd’hui. Tous les amiraux ne sont pas ainsi, je dirais même qu’aucun des quatre amiraux, n’a un potentiel destructeur semblable.

Les ténèbres restèrent alors, elle avait cessé de s’estomper…. Ses yeux, son nez, sa bouche avait repris leur teinte normale, mais le contour restait noir.
Il n’était probablement pas le meilleur des amiraux, Aokiji et Haiirokumo étant de véritables monstres de puissance, mais il était sûr d’être le seul capable d’happer un pays dans l’enfer.

- Il m’arrivait de rêver à ma vie si j’avais eu un enfant de mon sang, de ma chair. Puis, mon passé me revenait en songes, il revenait me rappeler que j’avais été banni, que j’étais une sorte de monstre. Néanmoins, je craignais la solitude, le manque de mon frère me faisait souffrir, tout comme le manque de ma famille. C’est pour cette raison que j’ai décidé de créer moi-même ma famille. Elle viendrait de mon cœur, car ma chair n’en serait point digne.

Il laissa alors son regard se perdre dans celui de sa promise…

- Malheureusement, aujourd’hui je me suis attaché à un peuple, une nation immense, à mes soldats… Pour beaucoup je suis un père et je me revendique comme tel, mais aujourd’hui, n’est-ce pas là un fardeau que d’être mon enfant ? Que d’être un citoyen de mon peuple ?

La crainte de la solitude l’avait poussé à chercher de la compagnie.
La honte de son engeance, s’il venait à donner la vie. Elle le poussa à choisir une famille issue de son cœur.
Cependant, ce cœur désormais ouvert devenait un fardeau.
Ainsi, Ghetis Archer voguait…

De peur d’être seul….
A peur d’être père.

La Couronne

Agrandir le royaume du ciel pour que son modèle soit adapté partout… J’étais presque tentée de soupirer, mais au moins les bonnes intentions y étaient, aussi indirectes que soient ses méthodes. Toujours est-il que je fus heureuse de voir ses traits réapparaître graduellement, les ténèbres cédant la place à ce visage que j’admirais chaque fois que j’en avais l’occasion. Il expliqua ne pas pleurer pour implorer mon pardon, mais bien car ses actes lui avaient causé une douleur certaine également à lui qui détestait blesser les siens. Je lui offris un sourire attristé, essuyant à mon tour ses joues maintenant humides de quelques larmes.

« D’accord, je comprends mieux. Merci. »

Maintenant qu’il retournait lentement à la normale, je pouvais enfin me détendre et, graduellement, m’installer dans cette nouvelle atmosphère qui me poussait à continuer à m’adoucir. Quant à savoir si les autres amiraux étaient capables de choses de ce genre, je ne pus m’empêcher de croire qu’il n’avait pas compris ce que je voulais dire. S’ils recevaient les ordres nécessaires, ils seraient comme toi. Tu n’es pas spécial, tu n’es pas plus dangereux ou plus destructeur qu’eux. Une pensée que je gardai néanmoins pour moi-même, ne désirant pas en rajouter plus encore. Même, il avait choisi de continuer à parler, de continuer à se confier et à s’exprimer malgré que je me sois braquée contre lui. Heureuse qu’il le fasse, mes doigts allèrent trouver les siens pour s’y entrelacer alors que mon regard verdoyant sondait le sien.

Le sujet de ces prochaines confessions était d’ordre plus personnel, d’autant plus sensible. Il lui était arrivé de désirer avoir un enfant, une réelle progéniture issue de sa chair et de son sang. Mais, encore et toujours, les remords revenaient le hanter. L’empêcher de concrétiser ce souhait pour plutôt se rabattre sur une famille de cœur. En ses yeux vairons, je pouvais lire sa douleur, ses émotions, sa vulnérabilité. Je déglutis pour ne pas me remettre à pleurer. Malgré ma petite bravade de plus tôt, je ne pouvais pas lui en vouloir. J’en étais incapable. Mon cœur me demandait de l’enlacer, de le protéger et de le bercer jusqu’à ce que toutes ses peurs et tous ses doutes s’endorment tendrement dans la nuit. Malheureusement il s’était attaché, malheureusement il avait peur. Était-il un fardeau que d’être son enfant ? De faire partie de son peuple ?

« Si seulement tu pouvais te voir comme je te vois... Dès le début, dès que tu as choisi de porter ce masque par remords pour avoir fauché les vies de tes camarades, tu as toujours eu une part de lumière en toi. Cet éclat de bonté s’est ensuite manifesté sous la forme d’un amour fraternel et, maintenant, sous les traits de ton inquiétude et de ta douleur pour les tiens. Et je vais le dire encore, c’est une bonne chose. Ces émotions, ces peurs, c’est ce qui prouve que tu as ce qu’il faut pour être un bon père. Tu dois les écouter et, surtout, tu dois les laisser te guider. Si tu crois manquer à tes devoirs envers n’importe lequel de tes êtres chers, tu peux le leur demander. Leur tendre la main et accepter d’admettre que, même si tu fais de ton mieux, tu ne peux pas tout savoir et tu ne peux pas tout faire parfaitement du premier coup. Le simple fait d’essayer, d’admettre tes failles et d’écouter ce qu’ils ont à te dire fera de toi une personne qu’ils pourront respecter et aimer avec tout leur cœur. »

Avec affection et douceur, j’utilisai ma main libre pour glisser l’une de ses longues mèches d’ébène derrière son oreille. Je ne pu d’ailleurs pas m’empêcher de lui caresser la joue de mon pouce, d’admirer ses traits et de me sentir encore un peu plus émotive en réalisant à quel point il devait me faire confiance pour se mettre ainsi à nu et me poser ces questions.

« Je ne peux pas parler pour eux, évidemment, mais je peux parler pour moi quand je dis que tu n’es pas un fardeau. Tu es une source d’inspiration, le porteur d’un étendard en lequel nombre d’hommes et de femmes croient et pour lequel ils sont prêts à risquer, et à donner, leur vie. Tant et aussi longtemps que tu ressentiras ces émotions pour eux et qu’elles te guideront, tu seras un excellent père. J’en suis convaincue. Tu es digne d’être père, Ghetis. »

Tombée de rideau, fin de la scène. C'est que je m'étais dépassée sur ce coup-là et que j'étais fière de mon petit monologue alors bon, j'aurais aimé que ça se termine comme ça. Malheureusement, la vie étant ce qu'elle est, c'est plutôt le moment que choisirent mes affreuses migraines pour revenir en force. Serrant les dents, et me sentant soudainement chancelante, je pressai une main contre ma tête, mes doigts s'enfonçant entre mes mèches rosées. Fermant les yeux et me détournant de Ghetis, je faisais de mon mieux pour me conserver une contenance et ne pas l'inquiéter. Au moins ma détresse était bien moindre que la dernière fois. Plutôt qu'une cacophonie déstabilisante, c'est cette fois une douceur, un calme et une mélancolie profonde que je ressentais en vagues d'émotions qui faisaient rouler à flot les larmes sur mes joues. Pire encore, voilà qu'une autre interruption se présentait sous la forme de la sonnerie d'un escargophone. Sans doute était-ce à cause de ma malédiction... Non, pas le Gura, l'autre. Celle qui m'empêche de dire des trucs classes plus de cinq minutes sans que quelque chose comme ça se produise.

« C'est rien, juste une migraine... Tu devrais sans doute répondre, ça pourrait être important. »

@feat Best Boi Ghetis

Petite utilisation du haki de l'observation au présent dans un rp multi ?

Il était assez vrai que l’Archer avait cette tendance à orienter les choses vers ce qu’il connaissait ce qu’il comprenait, une tendance assez normale en soi, afin d’appréhender les choses de façon simple. Pour l’instant il n’était pas encore capable d’offrir un havre de paix au monde entier et en avait conscience. C’était pour cette raison précise qu’il fermait l’idée de la Ainsley à son royaume uniquement. Il tenterait de s’ouvrir au monde à force.

Doucement les ténèbres de son visage vinrent à tomber entièrement, faisant de lui le Ghetis que la Rose connaissait depuis toujours. Cette femme était sans doute sa nouvelle conscience. Caligula avait eu sur lui l’effet d’une limitation à sa noirceur, tandis que Penelope serait l’ouverture à sa lumière. Elle voyait en lui un bon père et cela le réconfortait. Assez ironiquement le père destructeur rencontrait la mère déserteuse dans une étrange harmonie. Il devait apprendre à écouter ses émotions afin d’être un homme meilleur et cela, elle le lui apprendrait.

Le contact de sa main en sa chevelure ébène le rendait de suite plus fort, tandis que celle sur la joue le rendait plus calme, alors elle pourrait sentir une chose assez étonnante pour son haki de l’observation naissant. Elle ne souffrirait pas de migraine, mais percevrait uniquement la voix apaisée de l’Archer. Tel en était l’avancée.

Alors les mains du Vairon iraient sécher les larmes de sa promise, apaisant ses pleurs. Prenant conscience de ce fait, du fait que son haki de l’observation s’était libéré de façon assez différente il dirait.

- Penelope ? L’entends-tu ? Ma voix… Elle prétextait une migraine et lui ne pouvait que supposer qu’il s’agissait peut-être de l’impact de son mantra sur elle.

- Apaisée, adoucie par ta présence et tes mots ?

C’était peut-être cela le véritable « monde du bouddha », le véritable « Daibutsu Seken ». Pour une fois la voix de Ghetis ne criait pas sa présence, mais accompagnait.

La sonnerie de l’escargophone ne le stoppa point, le brun prenant le temps d’aller caresser la chevelure de la colonelle.

- Dis-moi… La Rêverie approche, mais j’aimerais prendre une semaine pour penser à autre chose, vivre autrement. Accepterais-tu de partir avec moi durant cette semaine ? Nous pourrions visiter quelques îles et passer plus qu’une journée ensemble pour une fois.

Un sourire presque gêné le prenant avant qu’il ne lui offre une précision.

- Enfin, pas cette semaine-ci, il faut que tu te reposes je suppose, mais la suivante. Des vacances disons.

Etait-ce une sorte de « lune de miel » ? Peut-être. Pour une fois les deux pourraient réellement profiter de moments privilégiés et se découvrir plus en détail.

La Couronne

« Je ne sais pas si je peux vraiment dire que je l’entends, c’est plus… Oui je le ressens. Enfin, c’est difficile de faire la différence entre ça et la façon dont tu me fais habituellement me sentir, mais… oui je crois que je l’entends. C’est parce que je suis en train d’éveiller mon haki de l’observation, c’est ça ? Il ne l’a pas dit clairement, mais c’est vrai qu’il m’a félicité d’avoir franchi une nouvelle étape me rapprochant de vous deux. »

Il ? Sakuga, celui qui était présent lorsque cette nouvelle capacité s’était manifestée en moi pour la toute première fois. J’étais presque gênée en y repensant et me félicitais intérieurement que Ghetis n’ait pas appris les circonstances dans lesquelles j’avais eu besoin d’un plâtre pour ma jambe. Quoi que… Il ne savait pas non plus que j’étais dans l’équipage de Sakuga, si ? Considérant le fait qu’ils se connaissaient tous deux, et qu’il se demanderait sans doute à qui je faisais référence, il serait peut-être temps de le mentionner, juste comme ça. Erh, je n’en avais pas non plus envie tant que ça. Mes moments passés avec Ghetis étaient si rares, toujours si éloignés dans le temps, je n’avais pas envie d’en perdre un seul instant pour parler de l’ange. L’Amiral semblait d’ailleurs d’un avis similaire puisqu’il me proposa de passer du temps avec lui, pour de vrai. Toute une semaine, juste lui et moi, avant que ne débute la Rêverie. J’esquissai un sourire complice pour lui répondre, bien évidemment charmée par l’idée.

« Un petit moment de rêve à deux avant la Rêverie officielle en somme ? On part quand ? »

Pas cette semaine, malheureusement. J’esquissai une moue un peu déçue alors qu’il me rappelait que je devais me reposer. Mais je n’en avais pas enviiiie ! Il me tardait de m’endormir dans ses bras et de m’y réveiller sans ressentir l’urgence de cacher les preuves et de retourner à la vie normale. Peut-être pourrais-je même cuisiner avec lui ou encore brosser sa longue chevelure d’ébène et y faire quelques petites tresses ici et là pour voir combien de temps il mettrait à les remarquer. Puis si nous voyagions incognito… Peut-être pourrais-je même marcher main dans la main avec lui dans un marché bondé sans me soucier des regards indiscrets qui pourraient s’indigner de découvrir qu’un Amiral de la Marine avait lui aussi le droit d’avoir une vie amoureuse.

« Si tu savais à quel point j’ai hâte de créer de nouveaux souvenirs à tes côtés. Tu me fais visiter les Îles Célestes ou est-ce qu’on va ailleurs ? Imagine, découvrir de nouveaux endroits ensemble là où personne ne nous connaît, juste toi et moi. On pourrait se fondre dans la masse des gens qui habitent là et passer inaperçu. Enfin, j’aimerais aussi beaucoup découvrir les Îles Célestes, je sais que c’est un endroit qui compte beaucoup pour toi. Qu’est-ce que tu avais en tête ? »

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Il ?
Ghetis ne comprenait pas vraiment de qui la demoiselle parlait en mentionnant ce « il », mais il voyait là que la demoiselle semblait s’être effectivement éveillée au haki de l’observation. Qu’elle ressente sa voix était une chose assez étonnante. Penelope semblait évoluer à une grande vitesse. Le brun comprenait petit à petit son attachement pour cette femme, qui évoluait si rapidement, tout comme lui avait dû le faire.

Voyager avec elle lui permettrait de la découvrir davantage, de voir sa personnalité plus en profondeur et surtout d’apprendre à la connaître, connaître son visage empli de joie ou d’étonnement. Caresser sagement son visage endormi après un réveil délicat.

Il aurait aimé partir avec elle, faire ses affaires et s’en aller immédiatement. Malheureusement, il devait continuer sa visite, remercier les soldats, prendre le temps de réfléchir et grandir. De plus, il était préférable qu’elle soit en bonne santé avant de partir et sa jambe n’était pas dans un état optimal pour ce genre de chose. Il ne savait pas encore où il voudrait aller avec elle, mais le monde était vaste.

- Les îles célestes ? Eh bien disons que j’imaginais quelque chose de différent. Il y a beaucoup d’îles que je n’ai pas encore visitées et j’aimerais beaucoup m’y rendre. Ce serait le moment parfait pour y passer quelques jours, découvrir de nouvelles choses. Mais… Je suppose qu’on pourra finir par une escale sur la mer céleste. Dit-il en feignant un léger sourire avant de répondre à son escargophone.

Ainsi il put discuter avec Sakuga Keigo, cette personne avec qui il n’avait plus parlé depuis des lustres. Il ne l’avait écouté qu’une fois : lorsque Ghetis lui accorda un droit de passage par Jaya.
Le plus surprenant fut, sans aucun doute, le fait qu’il s’excusa… Le blond s’excusait pour le mal fait à La Couronne ? Pour la fracture qu’avait laissée sa désertion et pourtant, même face à cela Ghetis ne savait point comment réagir. Comment pouvait-il passer l’éponge ? Comment pouvait-il oublier l’impact de cette trahison ? Il ne le pouvait pas.

Il n’avait pas de rancœur envers lui, mais il n’avait pas pour autant envie de revenir à d’excellents liens avec lui. S’ils pouvaient avoir une relation cordiale, cela suffirait largement au Vairon.
Le hasard avait voulu que Penelope appartienne à son groupe et cela amusait presque le brun, la vie se moquait de lui, mais le brun appréciait cela. Il y voyait une sorte de « test ». Le monde lui montrait que l’amour arrivait parfois par des chemins insoupçonnés. Même s’il ne s’en rendait pas compte, ce lien était en vérité une bonne chose, il complexifiait leur relation, tout en lui donnant plus de force. En effet, cette situation à l’aspect défavorable, ne pourrait que rendre leur relation plus forte.

Alors sans y réfléchir davantage, le brun décida de se concentrer sur Penelope, parce qu’au final, Sakuga appartenait à un passé vieux de plus de sept à huit mois. La vie de l’Archer avait considérablement changé durant cette période, le passant de militaire à véritable « roi du ciel » et politicien. Alors quand bien même ces excuses ne pouvaient qu’être synonymes d’un avenir propice, le brun n’y pensait pas réellement. Sakuga profitait peut-être de ces propos pour créer une ouverture à sa religion ou s’attirer les bonnes grâces d’un amiral. Tout comme il était possible que le blond le fasse de bon cœur. En vérité, la réelle raison de ces excuses n’était pas importante.

Tout ce qui comptait désormais, c’était de s’occuper de son peuple, s’occuper de ses soldats et ensuite profiter de quelques vacances avec cette femme pour qui il éprouvait des sentiments grandissant.

Alors, d’un geste léger il embrassa le front de la rose et dit avec un simple sourire :

- Alors comme ça tu m’aimes et tu l’assumes ? Il faudra qu’on en reparle…

Le brun la serrant affectueusement dans ses bras après ce geste.

- Mais nous ferons cela quand tu iras mieux. Guéris vite et nous pourrons commencer ces vacances.

Desserrant son étreinte, l’Archer semblait plus calme, plus apaisé, ses pas se tournant vers la porte pour abandonner la demoiselle dans cette chambre l’air de rien.

Il appréciait cette situation, mais avait besoin de s’en défaire, il lui fallait un instant de calme, un moment de réflexion pour lui-même. Désormais Ghetis devait remettre ses idées au clair et réfléchir à la façon dont il mènerait sa vie dans les prochains jours…

Mais avant cela, il continuerait à remercier ses hommes.

La Couronne

Après ma brève bévue de début d’appel, j’avais décidé de me faire discrète et de simplement attendre qu’ils aient terminé. Le sujet était vite devenu sérieux une fois les excuses de Sakuga faites et j’avais l’impression d’assister à une conversation aux tenants et aux aboutissants bien au-delà de ce que mon grade m’autorisait à gérer ou même à connaître. Quoi que je n’étais plus un simple Lieutenant maintenant… Ce qui n’empêchait pas qu’ils appartiennent tous deux à l’Amirauté à présent. J’avais encore beaucoup de chemin à faire et, lorsque l’appel fut conclu, j’offris un sourire gêné au grand brun qui gratifia mon front d’un baiser. Alors comme ça tu m’aimes et tu l’assumes ? Il faudra qu’on en reparle… Je passai au rouge, détournant le regard tout en cherchant à en faire de même avec le sujet de conversation.

« En attendant je pense qu’il est plus important de se concentrer sur ce qui vient de se passer. Ça ne doit pas être un si gros fardeau que ça d’être ton fils vu que celui-ci, aussi borné qu’il soit, a choisi de te tendre la main en t’offrant des excuses. Je dis ça je dis rien. »

Vint alors une étreinte en laquelle je me blottis volontiers, déposant un baiser sur sa joue avant d’enfouir mon visage contre son cou comme pour y trouver du réconfort. Je devais aller mieux, oui. Une fois remise sur pied, il serait toujours temps de parler de tout ce que nous venions d’aborder à l’improviste. Lorsque ses bras me libérèrent, c’est avec douceur que je croisai le regard dépareillé de Ghetis pour le rassurer de quelques mots.

« T’inquiètes, je connais un très bon médecin qui veille sur moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. À bientôt Ghetis, prends soin de toi également. »

Et, presque aussi rapidement qu’il était arrivé, l’Amiral Kurohebi avait quitté ma chambre, amenant avec lui cette aura de calme et de paix qui laissa un vide immense dans la pièce en se retirant. Je soupirai profondément en me calant dans mes oreillers, plaquant les mains contre mon visage pour me cacher entre mes doigts devenus tremblants. Tant de choses venaient de se passer. J’avais prononcé tant de mots que j’en avais le vertige à présent. Alors comme ça tu m’aimes et tu l’assumes ? Je déglutis. Maintenant que le stress retombait, qu’il n’était plus là enrobé de ténèbres à me poser ce qui ressemblait à un ultimatum émotionnel, j’ignorais si j’étais simplement épuisée ou si, de manière plus malsaine, je ne regrettais pas déjà certaines des choses qui avaient été dites. Qui étais-je donc pour lui offrir le titre de bon père ? Je ne savais même pas m’occuper de ma propre fille et j’osais sortir des grands discours de ce genre sur ce qui séparait les bons parents des mauvais ?

Pire, j’avais l’impression de l’entendre encore mentionner les Cruz, cette famille ayant couru à sa perte en participant à l’assaut d’Isopu avec Unite. Des gens que Ghetis connaissait et dont le décès avait engendré une peine profonde pour le serpent noir. Pourquoi n’avais-je rien dit ? Pourquoi n’avais-je pas avoué que j’étais celle les ayant envoyés à l’abattoir ? Combien de temps faudrait-il avant qu’il ne jette un œil aux rapports et qu’un bout de papier lui cède cette vérité que je n’avais pas été fichue de lui partager moi-même ? Peut-être était-ce pour cela que ses propres faits de guerre me paraissaient moins graves puisque, à présent, j’avais moi aussi commencé à faire la collection de squelettes dans mes placards. Mes propres mains n’étaient plus immaculées et, plutôt que d’exprimer ce poids et de le partager avec lui, j’avais fait mine d’être de bonne humeur et j’avais choisi de lui offrir un passe-droit pour toutes les décisions douteuses qu’il avait pu prendre dans sa vie. Si je te pardonne tout, si je ne m’offense de rien alors peut-être… Peut-être que tu me pardonneras aussi. Peut-être que tu ne m’en voudras pas d’être une meurtrière et une mauvaise mère si j’arrive à nous convaincre tous les deux que nous n’avons rien fait de mal.

Un sanglot me secoua les épaules et je me repliai pratiquement en deux, cherchant à étouffer toutes ces émotions, tous ces non-dits qui devraient attendre patiemment leur heure, si jamais elle venait. Je n’avais rien dit non plus sur le journal de Sakuga, sagement caché dans le tiroir de ma table de chevet, fermée à clé. Le Cipher Pol 1, mon entretien avec Kisa Mojoni, rien de tout ça n’avait quitté mes lèvres. Mais pouvait-on réellement me blâmer ? Il ignorait jusqu’alors mon implication avec l’équipage du Paladin alors aurait-il été vraiment pertinent de lui partager mes hésitations professionnelles ? J’avais choisi de prendre soin de lui, de le rassurer et de le valider pour préserver le statut quo. Il y avait de quoi être dégoutée de moi-même. Avais-je simplement eu peur de perdre un amant ? Avais-je balbutié tout ce que je croyais devoir dire pour apaiser les choses et ne pas franchir un point de non-retour ? Aurais-je, dans ce processus, avoué des sentiments qui n’étaient pas aussi développés que ce que j’avais laissé croire volontairement ?

Mais l’idée de le perdre, l’idée de l’envoyer promener et de ne plus jamais être enlacée par lui… Cette douleur-là était bien réelle. L’envie de me blottir contre lui, d’échapper au reste du monde en sa compagnie et de ne plus penser à rien, l’était tout autant. Je ricanai amèrement en me rappelant ce que j’avais fait… Belle imbécile que j’étais, criant son nom jusqu’à ce qu’il m’entende et qu’il vienne me voir. Ça, c’était sincère aussi, non ? Puis je n’avais pas non plus menti en disant avoir pensé à lui presque chaque jour, en disant qu’il m’importait plus que tout.


Mes dents s’enfoncèrent dans ma lèvre inférieure et je respirai à nouveau, profondément, yeux douloureusement clos. Et qu’avais-je répondu à cela ? J’avais parlé du Ghetis que j’aimais. Oh et ne mentionnons même pas ce que j’avais dit à Sakuga. Imagine s’il ne savait pas déjà que je l’aime ?! Ce mot, cette importance, cette force des sentiments je l’avais agitée à droite et à gauche avec tant de conviction. Et, maintenant qu’il était parti, j’en prenais véritablement conscience. Je me repassais chacun des moments de cette conversation en boucle, découvrant mes propres émotions après les avoir pratiquement criées sur tous les toits. J’aurais dû le célébrer, en être heureuse et en pleine extase d’enfin aimer vraiment un homme pour la première fois de ma vie.

« Et pourtant je suis terrorisée… »

@feat Best Boi Ghetis Enjoy <3