Aujourd’hui, c’était un jour spécial pour Deirdre, un jour où elle pouvait s’occuper d’elle-même, un jour où elle n’avait rien à faire. Au départ, c’était difficile pour elle de trouver une occupation, il faut dire qu’elle n’a pas l’habitude d’avoir du temps pour elle. Étrangement, elle s’était retrouvée ce jour là sur l’île de Toroa, l’île qui l’avait vu naître et où elle avait tant souffert. Malgré tout, après un temps de délibération assez long, elle se décida à entrer en ville, essayant d’étouffer ce sentiment de malaise qu’elle sentait au fond de son être. La rouquine estimait que la petite fille qui s’était faite abusée par sa famille sur ces terres n’existait plus mais ses vieilles blessures ne pouvaient pas lui mentir… Pourtant, elle préférait l’ignorer.

Armée d’une toile et de son matériel de peinture, elle s’était mise en tête de peindre. L’agent du Cipher Pol n’arrivait pas à se décider sur un endroit intéressant, elle passa une bonne partie de la matinée à errer sur l’île avant de se retrouver devant son ancienne demeure, là où tout s’était passé. Comme guidée par le destin, elle décida de s’installer là, de sortir son pinceau et ses couleurs de peintures. Elle fit un premier trait de la couleur noir très violent sur sa toile avant de commencer à vraiment se défouler, du rouge par-là, du bleu foncé par ici, beaucoup de noir, énormément de noir. Au bout de quelques heures de boulot, même plutôt de défoulement, elle finit par se retrouver avec une œuvre très abstraite et assez sombre.

Un peu perdue, elle resta un moment à contempler son œuvre et ses alentours. Elle se sentait vide mais dans le bon sens, comme si elle avait réussi à extérioriser quelque chose qu’elle avait gardé en elle pendant longtemps. Elle décida de s’installer sous un arbre et de juste se relaxer, laissant la brise se poser sur son visage, il fallait bien atteindre que la peinture sèche un minimum avant qu’elle ne puisse s’en aller. Elle fixait son ancienne maison, se remémorant tous ces moments horribles, surtout celui où son père l’a tout simplement vendue, comme une moins que rien. Elle sentait la colère remonter en elle mais elle s’était décidée à l’ignorer aujourd’hui encore, tout cela n’était qu’après tout qu’un sentiment passager et ressentir des choses ce n’est qu’un fardeau qu’elle n’était pas prête à reprendre.

En milieu d’après-midi, elle se décida à se relever, son estomac gargouillant et la faim la titillant. Elle recouvrit sa toile, n’étant pas prête à se balader avec son œuvre exposée à tous, c’est quelque chose de très personnel pour elle et la peinture était assez sèche pour ne pas souffrir du voile qui la couvrait. Son chef d’œuvre sous le bras, elle descendit à nouveau vers la ville, à la recherche de nourriture surtout. Sur son chemin, elle remarqua des enfants qui avaient l’air d’être des petites enflures, elle les entendit parler, fièrement, de leurs petites magouilles. Ils venaient de racketter un enfant. Elle s’arrêta net et se retourna vers eux, le regard dur, des particules de poussière s’échappant de sa main libre pour récupérer sous leurs yeux l’argent qu’ils venaient de voler.

« Vous devriez avoir HONTE ! » Elle leur avait lâché tout en récupérant l’argent, hors d’elle. Elle ne supporte pas qu’on touche aux enfants, ce sont des choses qui font beaucoup trop écho à son passé.

Surpris au départ, les gamins se jetèrent sur elle pour récupérer leur argent mais ils finirent tous par passer au travers d’elle et de sa poussière, ils finirent tous sur le sol après leur essai sauf un qu’elle prit par la gorge d’une main, rangeant la bourse dans sa poche de l’autre avant de lui mettre une grosse gifle qui l’envoya valser un peu plus loin dans la rue. Les voyous se mirent à hurler, effrayés et l’un d’eux étant blessé et à la limite des larmes, ils prirent la fuite.

Au loin, on pouvait apercevoir un homme à la chevelure rouge avec un petit garçon en guise de guide, ils avaient fini par trouver les voyous avant ses copains et ils partaient dans leur direction, criant à propos d’une folle qui leur aurait volé leur argent.