-J’en fais mon affaire oui. Il nous faut trouver un endroit plus tranquille… Une cave devrait faire l’affaire. On va les ligoter le temps d’en trouver une pour ne pas avoir à trop les surveiller… Enfin oui le tiens est tombé dans les pommes, il faudra que tu le porte, répondit le nobliau en liant les mains de son prisonnier avec une petite corde.

Aggaddon se mit ensuite à observer le quartier, puis déambula quelques dizaines de seconde avec l’homme qu’il maintenait en joug malgré tout. Rapidement, il vit des barreaux dans la base d’une demeure ainsi qu’une trappe en diagonale qui était maintenu fermé par un cadenas. Rangeant son pistolet à silex pour dégainer sa rapière, le Médixès paria sur le fait que le gel devait avoir abimer le mécanisme et avait dû couvrir en partie le système. Il essaya dans un premier temps de briser de frapper le cadenas pour le briser, mais en arriva à racler le bord de la tige relier au support avant d’enfoncer la pointe de sa lame violemment dans la serrure et de tourner sa rapière. Ayant dégager une partie de la couche qui avait figé la chose, le cadenas vrombit puis s’ouvrit. Le faisant tomber sur le sol, le mathématicien poussa son prisonnier dans la tape et se dernier chuta tête la première vers le bas, se rattrapant tout juste avec une roulade. Aggaddon, de son côté, descendit tranquillement l’échelle avant de pointer à nouveau sa proie avec son pistolet.

-Assis-toi sur cette chaise, indiqua le futur marquis d’un signe de tête tandis qu’Akira pourrait descendre à son tour dans l’antre où l’interrogatoire aurait lieu.

L’homme assis, le polymathe dénoua ses liens et attacha chacun de ses poignets aux accoudoirs de la chaise avant de faire de même aux chevilles. Prenant sa rapière, le Médixès observa soudainement le décor à la recherche de potentiels outils. Il vit alors, accroché à un des murs, une pince réglable à double crémaillère, un marteau, une scie ainsi qu’un tournevis. Souriant à pleine dent, l’homme vint s’emparer du matériel et se plaça devant sa proie.

-Bon et bien commençons…

Il était tentant d’user directement des outils, mais le nobliau préférait commencer en « douceur » histoire que le prisonnier soit encore à même de parler. La lame fine de sa rapière vint passer sous un premier ongle du malheureux qui ne tarda pas à hurler, surtout quand son bourreau fit un effet de levier pour faire sauter l’ongle qui rejoignit le sol.

-Si j’étais toi, je commencerais à dire tout ce que je sais sur les trafics, le marché noir… tout ce qui est illégales que tu connais.

-Mais si je parle ils vont me tuer ! beugla-t-il.

Comme tu veux ! La lame s’insinua entre la chair et un second ongle, râpant lentement la peau sous le chant de la douleur. D’un coup sec, la jonction céda et la chose virevolta pour rejoindre à son tour le sol tandis que le prisonnier tentait de lutter.

-Tu bouge trop, je vais être obliger de te calmer, déclara avec calme et sérénité le futur marquis qui empoigna la pince sous le regard circonspect du torturé.

D’une main, Aggaddon maintenait la bouche grande ouverte et la pince vint saisir une des dents tandis que le regard du malheureux s’affolait.

-Je tiens à préciser que je ne suis pas dentiste. Ça va être charcuté et la douleur sera bien pire que pour les dents de sagesse « mon p’tit gars ».

C’est dans un véritable carnage que le Médixès se mit à l’œuvre, devant s’y reprendre à dix fois avant qu’enfin la dent ne sorte complétement de la gencive, épuisant ainsi progressivement toute résistance du criminel qui n’avait plus la foi de se débattre maintenant que la douleur était légèrement retombé suite à cet arrachage.

-Parle et je m’arrêterais là !

La chaise était renversée sur le sol, l’homme toujours ligoté à celle-ci. Le Médixès était en train de nettoyer les outils pour les remettre à leur place. Il avait interrogé le second sans que ce dernier sache pour le premier, ceci afin de vérifier les informations qu’avait fini par cracher l’homme qui y avait laissé une dent. Maintenant, les événements étaient certains et il allait pouvoir libérer les deux malandrins qui ne manqueraient pas d’y réfléchir à deux fois avant de replonger dans la criminalité, d’autant plus s’ils échouaient à la tâche qui leur avait été confié en premier lieu par leur employeur. Silencieux, Aggaddon souhaitait finir son rangement, en sifflotant, avant de relâcher les deux canailles. Ces derniers l’observaient avec crainte et mépris à la fois, un étrange cocktail. Le savant s’avança finalement vers eux et trancha leurs liens d’un coup de rapière.

-Vous êtes libres, se contenta-t-il de commenter.

Les deux hommes se précipitèrent vers l’extérieur et le nobliau sortit à leur suite avant de refermer la cave et se présenter devant Akira pour faire le récapitulatif de ce qu’il avait appris.

-Ils ont été engagé par un certain René « La Musarde » pour le compte d’un Gunther vivant sur une autre île de North Blue, Iron Fall, à qui ils devaient envoyé des « spécimens » pouvant faire office d’esclave ou d’ouvrier dévoué. Ils sont payés un million, soit cinq cents mille chacun, pour chaque tête rapportée et ils se sont engagés à en ramener un par semaine. Ils sont en retards et craignent de se faire tuer s’ils ne trouvent pas rapidement quelqu’un à donner. Voilà pour le résumé. Ils ne sont que de passage dans le coin en vérité car ils font la tournée des villes pour pas que la Marine repère qu’ils kidnappent des gens.

Restait à savoir si avec ces informations en poche Akira et Aggaddon en aurait finit avec Micqueot et pourraient tâcher de passer à la suite.

-Bien. Il ne nous reste plus qu’à savoir où se trouve Iron Fall pour être en mesure de se rendre là-bas… Je ne pensais pas qu’il serait en mesure de courir vu l’état de leurs jambes, remarqua le nobliau en observant les deux silhouettes s’éloigner tant bien que mal et disparaître au coin d’une rue. Mais qu’est-ce que tu racontes ? Moi ? Les laisser partir pour demander de l’aide ? Qu’est ce que tu vas imaginer ?

C’est alors qu’une explosion retentit, envoyant dans les airs quelques membres ainsi que de la peau calciné et des os.

-Ils n’ont pas remarquer que j’avais glissé une bombe dans leur blessure les pauvres, fit-il avec un air faussement désolé. J’ai leur point de rendez-vous avec ce fameux René si tu veux. Il devrait arriver sur l’île d’ici trois heures et les attendre sous le vieux chêne qui se trouve à l’arrière de l’auberge du Gland Perdu. Il y a une petite cour à cet endroit si j’ai bien compris ce qu’il essayait de me dire quand je lui tranchais les parties intimes. En tout cas, si on le prend par surprise on pourra peut-être le maîtriser sans trop de difficulté, mais il aurait peut-être des hommes de main avec lui… Dans tous les cas, si tu veux te bagarrer, tu devrais y trouver une occasion sérieuse. Moi je m’occuperais de le rattraper s’il tente de fuir… et de lui soutirer les informations qu’il peut avoir. On en a déjà pas mal mais nous trouverons peut-être une opportunité nouvelle comme un point d’entrée, une ouverture dans les défenses pour s’immiscer sur place…

Le polymathe observa les lieux.

-Tu voudrais faire quoi pour patienter ?

Le Médixès repensait à ses objectifs et se demandait s’il n’allait pas perdre trop de temps avec ces aventures qui certes lui permettrait de trouver des alliés mais l’éloignerait de son attaque du Marquisat. Il avait hâte d’en arriver à tuer son frère ainé, celui qui avait hérité de tout, et des troupes étaient nécessaire pour mener l’opération à bien mais si cela prenait plusieurs années cela pourrait nuire à ses projets futurs pour l’humanité… Aggaddon ramena son regard sur le Cornu. Pouvait-il le manipuler pour le détourner d’Iron Fall et lui faire croire qu’il s’agissait de Nortis ? Si le Suzuran pensait qu’Akothopis était Gunther, il ferait tout pour aller mettre un terme à l’existence de la fratrie. Il n’y trouverait pas de Raki mais il n’y avait aucune garantie que le combattant parvienne à survivre à un assaut désespéré face aux fortifications et aux soldats aux ordres de l’actuel marquis. Non, cette idée ne mènerait à rien. Cet assaut suicide serait inutile. Autant les ajoutés à sa liste d’allié pour une véritable opération comme il l’a concevait .

-Ah tu n’as pas entendu ? Ils viennent d’exploser, fit remarquer l’originaire de Nortis.

Pour le reste, le nobliau écouta ce que sa nouvelle connaissance, qu’il chercherait à exploiter au mieux plus tard pour exterminer ce qu’il restait de sa famille, pensait et hocha la tête positivement à l’évocation de pièges.

-Oui, on peut préparer quelques surprises pour recevoir correctement ce monsieur. Alors n’attendons pas et allons-y.

Le binôme pourrait ainsi se mettre en route en suivant les instructions fournit par les deux torturés pour retrouver assez facilement le lieu de rendez-vous. Le Médixès s’attarda à utiliser ses notions d’ingénieries pour bricoler deux ou trois pièges pour surprendre l’ennemi. Un piège à loup classique caché dans un buisson pour commencer, un pistolet accroché à la paroi du mur caché par les poubelles et dont la gâchette serait activée une fois le fin câble tendu rompu par un pied et enfin une bouteille de vin devant tombé du chêne une fois que le nobliau tirerait sur la corde pour la faire tomber sur la tête de la personne qui se trouverait sous la branche. Tout était prêt et Aggaddon indiqua à Akira de se cacher, à partir d’une dizaine de minutes avant l’heure prévu, en attendant l’arrivé de leurs cibles. Sinon, les pièges se montreraient bien moins efficace et cela laissait le temps d’évaluer la situation.

Commandant René l’Horloger, Lieutenant Eddy Kiningstone

-Parle-moins fort Eddy. Je ne te ferai pas partager davantage mes combines sinon.

-Bien chef.

René la Musarde était en réalité un commandant de la Marine fricotant avec le milieu hors-la-loi. S'en chargeant généralement hors de ses heures de service afin d'être discret et de ne pas se faire attraper par ses supérieurs, Eddy Kiningstone l'avait surpris il y a deux semaines et avait accepter de se taire si l'Horloger l'impliquait dans ses affaires. Les deux hommes ne se satisfaisaient pas de leurs salaires et n'avaient pas suffisamment d'éthique pour qu'être impliquer dans un réseau d'esclavagisme ne les gênent. Cependant, le commandant était stressé. Devoir traiter avec les idiots qu'il avait chargé d'enlever des gens tout en étant dans sa tenue de la Marine ne le rassurait pas du tout. Il s'exposait grandement et craignait que quelqu'un le voit. Cependant, le colonel, qui était déjà sur leur dos, avait été clair et René et Eddy ne pouvaient se permettre de disparaître sur l'île ou de passer en civil, le risque étant la mise à pieds pour défection. Ils allaient se contenter de patrouiller en se faisant discret pour faire sembler d'essayer d'obtenir des informations sur des primés.

-C'est ici le point de rendez-vous. J'espère qu'ils ne vont pas trainer. On va avoir besoin de temps pour embarquer un esclave dans une caisse sans se faire repérer par le colonel, pesta René avant que son pied n'actionne le second mécanisme du Médixès.

Une balle fila droit dans l'épaule du commandant tandis qu'Aggaddon lâcha la corde et sa bouteille vint s'écraser sur le crâne d'Eddy.

-Maintenant, avait lancé le noble à Akira en sortant de son buisson pour attraper Eddy, sauter, refermer ses jambes autour du coup de l'homme chancelant pour ensuite l'emporter avec le poids de son corps pour le jeter sur le piège à ours qui se refermerait bientôt sur le bras du lieutenant corrompu.

Se relevant dans un mouvement circulaire avec ses pieds après s’être rattrapé en roulade, le noble à la tenue de soie observa sa cible plongée vers le piège à ours qui se referma sur son bras qui fut pratiquement arraché. Un sourire au coin des lèvres, Aggaddon dégaina sa lame et la plongea dans la jambe de sa proie le temps que cette dernière ne se dégage. Le lieutenant hurla mais usa de l’environnement pour se tracter sur ses deux pieds. Sortant deux petites dagues, il effectua des mouvements latéraux et vint bloquer la lame de la longue épée du Médixès entre ses propres pointes d’acier. Tirant d’un coup sec vers lui, il décocha un coup de boule à son assaillant. L’originaire de Nortis se prit l’attaque en plein dans le nez et grogna avant de se reculer en dégageant son arme fétiche d’un coup sec. Bien décider à ne pas laisser l’adversaire prendre le dessus, l’agile escrimeur effectua un saut pour venir poser ses deux pieds sur l’arbre, se servant donc de lui pour rebondir et passer au-dessus de l’ennemi. D’un geste bref et vif, le savant fit volteface pour mener sa lame droit sur son opposant qui vit son bras entaillé tandis que l’épéiste dansant continua de tournoyer sur lui-même pour finalement revenir face au lieutenant mais avec sa rapière abaissé. Eddy plongea vers l’avant et plante chacune de ses dagues dans l’une des cuisses de son antagoniste. Surmontant la douleur en serrant les dents, le polymathe leva le genou pour envoyer celui-ci droit dans la face du gouvernemental corrompu qui tomba à la renverse, assez étourdit par ce choc. Levant son arme, Aggaddon la planta dans l’épaule de sa victime et posa chacun de ses pieds sur l’une des mains de sa cible pour que ce dernier lâche ses couteaux.

-Tu vas parler si tu ne veux pas souffrir. Qu’est ce que tu sais sur ce trafic et sur Ironfall ? demanda l’originaire de Nortis tout en dirigeant son regard vers Akira pour découvrir comment le duel se déroulait de leur côté.

Le Suzuran n’avait peut-être pas prit la victoire aussi rapidement, après tout le Médixès et le lieutenant étaient les deux combattants les plus faibles ici et un affrontement au sommet entre le forban et René durerait peut-être plus longtemps.

Les deux protagonistes de cette aventure visant à aider un dénommé Raki, avec qui les deux hommes formeraient les bases de Paradise quelques temps plus tard, étaient parvenu à éliminer les deux officiers corrompus et véreux de la Marine qui pouvait décidément compter sur autant de serviteur de la Justice que de personne abusant de leur position. Cependant, la victoire ne suffisait pas car c’était des informations dont avaient besoin le binôme. Est-ce que ces malandrins allaient se décider à le leur accorder ou le Médixès allait-il devoir passer à la torture pour faire cracher le morceau à ces bougres ?

-Bien d’accord on va parler, lâcha Eddy.

-Parle pour toi, c’est hors de question, réplique René.

-Soit pas con. On est foutu s’ils parlent. Tu préfère continués ces petites affaires ou leur donné ce qu’ils veulent.

-Putain ! Mais dites-pas que c’est de moi que vous savez tout ça… Je vais vous donner le nom de la personne à qui je dois amener les esclaves ainsi que l’endroit d’Ironfall où je dois les débarquer, pesta le commandant qui passait à table. C’est Martrudio. Il bosse directement pour Gunther et il est assez généreux lorsque l’on ramène des spécimens assez rare… Comme des cornus, lâcha l’horloger en lorgnant sur le Suzuran. Je vais vous montrez sur une carte à quelle crique je débarque… Je descends, il me paye et je lui donne les esclaves. Ensuite il me donne la date du prochain rendez-vous et je me casse. Mon petit trafic se limite à ça, avoua René en colère contre lui-même de devoir s’exposer ainsi, sachant qu’Eddy, disposant de toutes les infos, pourraient le trahir à l’avenir.

Il se releva et sortit un carnet avec des brouillons de cartes de diverses îles de North Blue où il savait qu’il allait se rendre de temps à autres. Arrivant sur la page d’Ironfall, il entoura la crique susnommée à Akira et referma le livre.

-C’est bon ? Vous nous laissez nous casser ?

Un sourire machiavélique se dessina sur les lèvres du Médixès en découvrant comment l’un avait réussi à convaincre l’autre de parler. Il n’avait pas besoin de faire l’argumentaire pour que les choses tournent bien. Trop simple ? Peut-être. Mais ils devaient certainement trop craindre pour leur poste comme l’avait mentionné le lieutenant à haute voix. Les informations pouvaient sembler maigre, mais en vérité sachant la quantité de choses que l’on ne dévoilait pas à des sous-traitants ou des hommes de mains c’était amplement suffisant et intéressant. Une piste dont le Suzuran et le Médixès pourraient certainement tirer beaucoup. De plus, le mathématicien avait réfléchi à la situation et décida de laisser les deux gradés filés. Certes en soit ils pouvaient ne pas respecter leurs paroles et préparés leurs revanches en couvrant leurs arrières pour incriminés le binôme, néanmoins si deux officiers disparaissaient sur Micqueot une enquête serait ouverte par leur supérieur et cela pourrait à terme mettre particulièrement en danger tout autant Akira que le polymathe lui-même. Sa décision de laisser la vie aux deux hommes était donc prise, néanmoins il fallait malgré tout leur faire suffisamment peur pour avoir un minimum confiance sur l’absence de dénonciation de leur part. Après tout, vu qu’ils avaient livrés les informations eux même sans que le Médixès n’ait à forcé davantage qu’à demander au plus faible ce qu’il savait sur le trafic et sur Ironfall leur mental ne devait pas être si résistant que cela.

-Je vais vous laissé en vie pour aujourd’hui… Mais je vous ai à l’œil. Si jamais vous tentez quoi que ce soit, je vous retrouverai comme je vous ai trouvé aujourd’hui et cette fois-ci ce sera la fin définitive de vos carrières voir de vos vies. Réfléchissez bien à cela et aux conséquences de vos actes si jamais vous cherchiez à nous prendre pour cible ou à replongé dans un trafic.

René grogna tandis qu’Eddy avala bruyamment sa salive. Les membres de la Marine corrompus se relevèrent ensuite et disparurent rapidement dans la cité tandis que le Médixès se retourner vers Akira.

-J’ai quelques affaires à terminer en ville… Je vous retrouverai au port alors. Bonne chance, se contenta-t-il d’ajouter avant de disparaître en sautant vers un toit pour enchaîner quelques acrobaties et ainsi se déplacer de maison en maison en direction de sa destination.

Oui… Quelques affaires à régler…