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Jeu 23 Juin - 21:03
Temps mort
Qu’est-ce que j’ai fait pour Nighty Town ?
Tu te fous de moi ? Hein ?
T’arrives à peine et t’es déjà à raviver le sujet, qu’est-ce que j’ai fait pour Nighty Town, hein ? Tu le vois pas, je m’y balade, c’est que c’est chez moi désormais.
Ah c’est moi le malade ? Tu lances la discussion que t’es déjà là à cracher ton seum. C’est que t’avais quelque-chose contre moi, donc pourquoi tu me balades ?
Tu compliques tout, comme d’habitude, rien ne va bien, tout est pas mal. Je te dis que t’as le seum, je te l’écris, même, ça restera dans mes archives, donc ne me dis pas qu’il n’y a rien.
Je vais faire un tour, j’en ai assez. Je vois ce que tu fais, ce que tu trames, en me cachant ici dans cette ville obscure. Je comprends ce que tu fais, en m’isolant du monde, me forçant à errer, à arpenter ces ruelles familières dénuées de toute présence.
Un jardin secret, petit coin de paradis, un lieu où je ne saurais récidiver. C’est ce que tu crois…
Je sais que je suis celui qui parle d’amour, de nous construire un toit. Tu sais, j’ai essayé de panser nos plaies mais tu ne fais que de me saigner.
Tu vois mon problème, tu l’as compris, tu l’identifies bien.
Notre amour ressort aussi rarement que l’argenterie d’un vaisselier en porcelaine. J’en ai besoin, que tu me le dises, un signe, une confirmation pour apaiser mes peines. Non, t’en as pas envie, alors tu me brouilles une semaine avant que ma haine s’en mêle… D’accord, ce n’est pas désagréable mais tous mes torts sommeillent et se réveillent dans un immense mal-être.
Je saigne, je suffoque, je me noie, seul face aux ténèbres de l'Eden.
C’est qu’à force de me faire prétendre que j’ai un cœur de pierre, je coule.
Et je reste bloqué toute la journée dans mon crâne, cet espace clos, une cité intérieure, prison nébuleuse.
Tu me demandes ce que je fais : que dalle.
Je suis devant une gouttière de larmes, toujours la même haine qu’à l’époque, je suis toujours intenable.
Trois ans de relation pour être bazardé ainsi. Tu sais, mais mon souhait est toujours le même. Je suis prêt à changer, je te jure.
Ma folie aimerait embrasser l’accalmie, mais l’ego veut se voiler la face. Par moi-même je suis pris en tenaille, je me chuchote que tout est faisable. Mais tout ça, tu le sais : chacun de mes souffles, de mes pas et de mes mots te sont dédiés. J’écris toujours, même quand j’ai l’esprit pris dans une chape de plomb divine. Je me chuchote que tout est encore possible, que ce que j’écris est réalisé ou va l’être sous peu. Puis toi, là, tu me cris : « personne ne va te lire, tu ne fais que de nous nuire ».
Que tu crois.
Moi, je n’ai besoin que d’une chose, un seul mot pour aller mieux…
Ton approbation m’empêcherait de vriller, si seulement je l’avais. Je te laisse donc entrevoir une promesse, un avenir similaire, légèrement différent, un peu mieux que ce qu’on ne m’a jamais donné, que ce que je n’ai jamais obtenu. Des visions qui s’empilent en promesses de politiques, des paroles que l’on dit uniquement pour se rassurer. Demain ça ira mieux, oui, demain j’arrête tout. On le sait bien, je changerai quand le confort de la paresse sera plus hideux que l’effort des sommets.
Alors je me le demande, qui va lire ça ?
S’il s’agit-là de l’histoire de ma vie, ce con de monologue que je m’efforce à écrire pour retranscrire mes états, retranscrire mes histoires, remettre en contexte l’ensemble de mes choix, de mes actions, je dois me poser une sombre question. C’est aberrant, peut-être, mais si personne ne lit ces textes : finalement, est-ce que ma vie continue ?
Si toi-même ne me lit plus, qu’est-ce que je suis voué à devenir ?
Je suis là, perdu, paralysé dans une brume épaisse, parfois des flashs me font penser à toi. D’autres fois je me vois dans le corps d’un autre, dans un environnement quasi-similaire. Est-ce là mon successeur ? Est-ce là celui avec lequel t’as décidé de continuer le périple ?
Est-ce ça, ce que l’on appelle refaire sa vie ?
Peut-être qu’il est mieux que moi, oui. Peut-être qu’il est plus fiable que moi.
Pragmatique plus qu’émotionnel. Froid plus qu’impulsif.
Peut-être qu’il a su distancer la folie qui t’accompagne, cette maladie que tu nous transmets tous.
Peut-être qu’il est immunisé à ta toxicité, le sang en antidote. Ça serait là le seul qui pourrait te survivre au long terme.
C’est louche.
Quelqu’un de meilleur que moi ?
Je sens mes épaules se hausser sous la lourde atmosphère dans laquelle tu me tiens captif. Je vais relire ces mots avant de continuer, les réécrire afin de bien percuter.
Quelqu’un de meilleur que moi ?
As-tu conscience seulement de ce que je suis ? Des investissements que j’ai fait, de mon évolution jusqu’alors, de ma légende en devenir, en es-tu bien au courant ?
Je suis le meilleur de ma génération. Les autres sont infernaux. Les autres sont…
C’est louche.
J’ai douté. Peut-être qu’un d’eux est plus intéressant que moi, je le conçois, mais il n’a rien à faire dans cette discussion. Sa liberté contredit nos chaînes.
Je suis le meilleur pour toi.
Tout autre choix est une erreur, plus qu’un pari risqué.
Combien de temps te faudra-t-il pour t’en rendre compte ? Me balancer dans les limbes causera ta perte, ton ennui éternel.
Tu sauras quoi faire, pourtant, tu pourras définir un plan avec des objectifs, des étapes et des moyens d’évaluer ta progression. Tu sauras le faire et le feras, aucun doute là-dessus, et, malgré tout, tu t’arrêteras là. Tu resteras dans la spéculation, la théorie, sans jamais oser passer à la pratique.
Car sans moi tu te lasseras. Tu le verras bien. Sans moi, tu subiras le temps plutôt que de le tuer. C’est que mes défauts font le rythme de tes journées.
Trouver quelqu’un de plus parfait rendra ton quotidien terne, monotone.
Repense bien à moi lorsque tu seras devant cette page blanche. Demande-toi comment j’aurais fait pour la grimer de mon humeur.
Ce nouvel élu, dis-moi qu’il trouvera réponse à cette question. J’en doute. Sera-t-il aussi passionnant dans ce qu’il te dira ?
Tu doutes.
Tu penses avoir réalisé le bon choix, pris les bonnes mesures pour parachever notre unique objectif. Tu te rendras bien compte qu’il n’est pas atteignable, le temps fera son devoir. Alors, à ce moment, tu t’intéresseras plus à la profondeur de celui qui t’accompagne pour enfin déchanter.
Le temps te rappellera à l’ordre si je ne suis plus là pour le faire. Puis il te tuera, puisqu'il nous tue tous, lui, le seul vrai tue-l'amour.
Ce n’était pas moi qu’il fallait mettre en suspens. Mais je te remercie, car d’ici je pourrais voir ta déchéance en restant dans l’inaction.
Puis au dernier moment, lorsque tu me comprendras enfin, je figerais ton expression. Ce moment où tu repenseras à ce que tu as laissé derrière toi, où tu te rendras compte de ton erreur, où tu feras le constat que ton malheur vient de toi-même. Cet instant sera figé éternellement, c’est là ma dernière volonté, mon dernier souhait.
C’est que je ne demande que ça, oui.
Je demande un…
Temps mort.
_________________ Membre du club officiel des "Victimes d'Erwin le vicieux"